All the other real ones that I destroy [PV : Sweetie/début septembre/Terminé]

Un retour en arrière bien trop brusque. C’est exactement les mêmes questions que tout à l’heure, à peu de choses les mêmes gestes armés et leurs cibles. Il s’en rend pourtant bien compte, de ces similitudes, mais ne réagit pas de la même manière parce qu’il ne s’agit, d’abord, pas du même contexte, forcément. Il y a une évolution, ou plutôt, il y a eu une chute.
Au fond, Lukas s’engloutit cette fois-ci dans ce traquenard, beaucoup moins prudent et, effectivement, choit dans un profond puits. Au fond, pourtant, son dos rencontre la toile d’un trampoline qui le fait rebondir, avec vivacité, à pleine puissance. Si tout à l’heure, c’était la même chose, il chutait, la lumière s’éloignait pourtant. Au cours de sa seconde cascade, grâce au rebond, il peut la retrouver.

Il a une motivation à laisser davantage Bloody Mary pénétrer sa zone d’inconfort, par rapport à tout à l’heure. Oh, il n’apprécie pas que sa main soit celle qui est maintenant couverte mais c’est peu de choses, comparé à l’alcool, qui l’emprisonne, finalement, dans ce rôle qui ne le convient pas tant que ça.



C’est donc un retour en arrière pour une seconde chance, peut-être ? Bien que son sourire tente d’envoûter, par la même occasion, son vis-à-vis, il reste cette fois plus sérieux que tout à l’heure.



Enfin à moitié. Mais au moins, il ne qualifie plus Bloody Mary de princesse et l’estime mieux que cela. Alors, lorsque ce dernier lui pose une question comme s’il était, encore une fois, potentielle victime, Sweetie ne comprend pas. Il ne comprend ni la question, ni pourquoi il recule. Encore moins ce sourire coquin et toute cette sérénade physique qui le déstabilisent davantage.
Parle-t-il de rapports ou de conflits ? Finalement, Sweetie a beau s’être vu accordé un nouveau tremplin, il ne sait pas vraiment sur quel pied danser pour plaire. Doit-il jouer la téméraire séduction ou la prudent innocence ? La preuve de son incertitude se retrouve dans ses paroles.



Et oui, c’est bien une tentative de fuite.
Tu parles d’un retour-arrière, il est toujours aussi peu à l’aise si bien que ses mains s’accrochent aux pare-chocs.

L’ambiguïté monte d’un cran, encore. Elle ne fait que s’escalader. L’autre homme se montre, à présent, désintéressé. Il est vrai que Sweetie a lui-même jugé le détail sur ses prouesses physiques inutile. En revanche, il ne s’est pas attendu à ce que ça soit balayé aussi vite par le plus curieux. Et pourtant, il contraste ce détachement en admettant, presque, qu’il peut bien lui offrir n’importe quel traitement luxurieux.
Son sourcil droit se cambre d’interrogation, une fois que Bloody Mary ne le regarde plus. Il jongle entre curiosité et ennui. Bien qu’il ait encore assez de patience pour tolérer cette oscillation, il juge important de l’interroger afin de mieux s’adapter.



À son tour, il croise les bras et incline la tête, de manière à chercher Bloody Mary du regard alors que ce dernier fixe d’autres horizons. Il expire bruyamment, comme pour ramener l’attention vers lui, qu’il est humain.



La révélation de Sweetie est radicalement fausse puisqu’il se ment à lui-même. Relations sexuelles ou non, Lukas reste une personne profondément égoïste et abuse involontairement des gens. Son but est de constamment ramener l’attention à lui, d’être remarqué. Bloody Mary n’est peut-être pas un outil et bien une personne, c’est vrai. Mais cette personne est l’ouvrier qui bâtit et érige l’ego de Lukas en statue.



La parfaite preuve de cette recherche d’attention se profile.
Sweetie ne cherche pas longtemps à s’intéresser à l’autre pirate. Il le provoque plutôt en duel d’attention. Il souhaite à ce que Bloody Mary lui revienne, de lui-même.

Maintes fois l'a-t-il rendu si spécial mais à croire que ça ne suffit jamais. Ses commissures sont en permanence insatisfaites. Elles se flétrissent le temps de quelques secondes mais fleurissent une fois l'opposition marquée.
Il est spécial mais…



Mais il n’est pas exceptionnel.
Après tout, tu devrais bien le savoir. Le dicton dit bien que personne n’est parfait, bien que tu cherches à l’être. Non, en réalité, c’est plutôt l’image que tu renvoies. Toi, ce que tu cherches c’est être parfaitement dans les critères de quelqu’un. Tu cherches à éradiquer le moindre défaut que quelqu’un pourrait te reprocher.
Incorrigible égocentrique, il rectifie pourtant ses faux pas.



C'est raconté si rapidement. Ce n'est pas intéressant. Ce qui est intéressant, c'est comment on le voit maintenant. (Et certainement pas son accent qui est risible.)
En guise de récompense, tout de même, il se voit donc attribuer la bouteille qu’il convoitait tant. Pourtant, il a l’air de renfrogner une grimace, lorsqu’il dérobe le contenant qui lui est offert. Il aurait volontiers frotté le goulot de ses mains, sans cesse impeccablement lavées, mais des traces de goudron se sont incrustées.



C’est certes, en partie, pour ses maniaqueries qu’il demande une autre bouteille, mais aussi parce qu’il ne tolère vraiment pas l’alcool. Son arrogance a beau le rendre aveugle, il n’est pas à ce point déraisonnable.
C’est vrai que cette demande pourrait le décrédibiliser mais les caprices du britannique sont tout de même prioritaires sur le reste. Et puis, de toute manière, Bloody Mary ne comprendra pas les deux raisons mais une seule : Soit son côté exigeant, soit sa faible constitution.

L’ouverture du coffre a stratégiquement lieu. Ouvrant le sésame vers le trésor convoité du Pirate, son opposant ferme pourtant aussitôt un autre coffre lorsqu’il est bien trop obnubilé à admirer le pactole que contient la première caisse. Peu expert, il ne peut lire à l’œil nul quel alcool pourrait lui aller donc scrute chaque degré avant de jeter son dévolu sur une simple bière. Contrairement au rouquin, le Ken articulé n’assume pas son alcoolisme et refuse d’être vu, par quiconque, pirate ou pas, en train de boire au goulot d’une grande bouteille à une heure aussi peu recommandable, en plus. De la même manière, il n’abimerait pas son étincelante dentition pour une médiocre canette. Sa force lui permet déjà de rouler des mécaniques, c’est suffisant.



Il défie l’autre du regard, tout en ingurgitant une gorgée d’amertume. C’est une autre information qu’il n’a pas demandée mais lui délivre tout de même, contrairement à Bloody Mary qui se montre profondément pingre en révélations.



Son regard roule comme il fait rouler autour de deux doigts comme on tournerait une simple cigarette. Un peu de liquide s’échappe, pourtant, de par sa maladresse, au sol. Il décide donc de fermer le coffre à bouteilles qui lui sert de guéridon mais aussi d’énième siège. Suspendu plus haut, les mains de part et d’autre, il toise Bloody Mary, l’inspecte.



Parlerait-il des rumeurs autour de lui ? Pourtant Bloody Mary a acquiescé avec lui lorsqu’il parlait d’elles, en guise de premier sujet tout à l’heure. Il doit y avoir autre chose.

Vraisemblablement, la réponse qu’attend Sweetie ne semble pas émaner des autres lèvres. Lui reposer des questions serait-il donc utile, à ce stade ? De toute manière, ça lui importe peu, en effet, que Bloody Mary souhaite se confier ou non. Haussant franchement les épaules, le britannique s’octroie, à la place, simplement une seconde goulée de bière dans le gosier.



C’est tout sauf naturel en vérité. Ça lui rappelle un peu la conversation qu’il a entretenu avec Capharnaüm, de manière à confronter leurs points communs. Ce n’est pas engageant. Ce n’est pas comme ça que ça devrait se passer. S’il a vraiment envie de savoir quelque chose sur l’autre, il lui demandera en temps et en heure, surtout s’il n’est pas enclin à se confier.



La formulation n’est pas joliment présentée mais c’est avec une certaine bienveillance qu’il est motivé à la prononcer. Il ne comprend pas forcément cette introversion alors que d’un autre côté, physiquement, le jeune homme est prêt à s’offrir. Mais ça ne le regarde absolument pas. Ou plutôt, ça ne l’intéresse pas.



Sa condescendance double sa gentillesse.
N’ayant besoin de remonter ses manches, le travail s’avère complexe puisque toute la machinerie fume encore. C’est à peine visible mais il n’en faut pas plus à l’ancien mécanicien pour comprendre que le joint de culasse est complètement foutu. Hâtivement il procède : Fermeture agacée du capot, frein à main machinalement abaissé, il se poste à présent vers l’arrière de la voiture, la main sur le front.

L’épaule contre la fenêtre arrière, prêt à effectivement amener manuellement l’engin vers sa prochaine destination, son optimisme est bien risible. Il ne pense pas pouvoir amener ce bolide en panne seul jusqu’à un point B, si ? Ou alors croit-il vraiment que l’autre pourrait lever le moindre petit doigt pour la faire avancer ? C’est encore moins probable vu l’ennui que semble porter Bloody Mary sur le visage lorsqu’il a mentionné vouloir changer de campement. Il n’est même pas motivé à lui répondre visiblement. Était-il même disposé à l’écouter pour ne pas lui répondre, en fait ?



Insouciant mais pas forcément naïf, Sweetie ne s’adonne pas à s’assujettir, pour le moment, à une encombrante locomotion du tas de ferraille. Après tout, ce n’est pas sa voiture donc pourquoi fait-il tout ce travail ?



Une attaque bien condescendante et elle est d’autant plus piquante puisque Sweetie en rit, les bras croisés. Si l’autre ne veut rien, lui non plus alors.



Le prince sauveur se transforme en prince capricieux et pleurniche que ses petits besoins royaux ne soient pas remplis. Il n’est aucune question de s’amuser et détourne simplement le regard lorsque Bloody Mary lui pose une telle question, l’ignorant. Belle revanche sachant que lui n’a apporté une question pour quelque chose de bien plus utile. Il la détourne aussi puisque l’autre pirate manquerait de lui jeter sa fumée méphitique au visage.

Toutefois, Lukas a beau réclamer satiété face à ses exigences, Bloody Mary tape encore plus fort des pieds pour, probablement, exprimer une impatience que même l’antipathique semble avoir discerner. Mais, non, Lukas n’est pas capable de répondre à ses besoins à lui. Il ne maîtrise que les siens.

Bien sûr qu’ils sont tous gamins et qu’il le savait déjà bien avant même de les intégrer. Mais c’est bien la première fois qu’il expérimente et doit supporter de tels enfantillages. Accompagné d’une telle plainte, il croirait bien que l’homme face à lui s’apprêterait à rajeunir considérablement son visage d’une moue boudeuse. Dans son cas, Lukas ne peut s’empêcher de se pincer l’arête du nez et remuer négativement la tête. Combien de fois devra-t-il le dire ? C’est ça, la pédagogie pour les gosses : Se répéter sans arrêt ?



Il a hésité à conclure sa phrase. Pourquoi est-ce qu’il continue encore à penser à elle alors qu’il y a déjà deux mois, il apprenait que leur rupture était maintenant un commun accord ? Bloody Mary le fait réagir n’importe comment et lui fait dire n’importe quoi. Pour sa part, l’autre pirate lui balance des compliments insensés. En tout cas, Sweetie ne les prend pas forcément correctement au premier abord puisqu’il affiche, le temps d’une poignée de secondes, une grimace interloquée avant de le remercier. Après tout, oui, c’est sans doute un style plus approprié et apprécié des pirates mais il refuserait de l’adopter aussi souvent ; bien trop capricieux en termes de style vestimentaire.

Pour autant, lorsque Bloody Mary lui procure une nouvelle pièce, il ne fait pas autant la fine bouche, convenant que ce haut est probablement bien plus seyant que des guenilles ; quoique ça ne l’empêche pas non plus de faire des commentaires, tirant sur un T-shirt un brin plus large qu’il ne l’espérait. Après tout, c’est une taille trop commune et non sur mesure, à quoi s’attendait-il ?



Au vu des agissements suggestifs, il fait pourtant assez rapidement le parallèle. Effectivement, aucun remerciement n’a été échangé mais plutôt un clin d’œil. Repliant rapidement et inutilement ses lambeaux, il les tend pourtant à Bloody Mary.



L’imagination de Sweetie déborde sans doute mais il suppose que cette petite référence permettra enfin à Bloody Mary de se révéler, peut-être d’avoir plus confiance dans cet échange, sans doute.
Il est vraiment naïf.
Il suppose que grâce à cet artefact, Bloody Mary puisse enfin considérer qu’il n’est pas déprécié. Il suppose qu’il pourra, lui aussi, être apprécié, ainsi.

En dépit d’un grand nombre qui est désormais confirmé, l’autre pirate ne semble pas non plus oublier les détails importants sur ses conquêtes, bien qu’il ait besoin d’un temps de réflexion. Des détails que Sweetie ne comprend pas forcément. C’est bien la première fois qu’il entend une telle expression. Sa propre expression la relève, puisqu’il développe sur ses traits un air sceptique. Or, il l’efface bien assez vite. Il ne préfère pas lui demander ce que signifie ce terme. Il est censé le savoir.



Un rire retenu pour terminer discrètement cette discussion que Lukas ne maîtrise pas, il enchaîne directement sur l’autre sujet embrayé, bien que ce dernier n’emballe pas, bien évidemment, Bloody Mary. Lukas finit donc par soupirer, mains posées contre ses hanches. Avec cet enthousiasme, ils ne risquent pas d’aller bien loin et il lui fait clairement remarquer en le provoquant ; en ignorant certaines volontés de Bloody Mary volontairement.



Naïf, il commence finalement à comprendre que ce nouveau surnom est contre lui et est ironique. Il ne le prend pas si mal. Il préfère cette appellation encore que Sweetie. Néanmoins, il n’hésite pas à railler en retour son collègue, administrant un clin d’œil au passage. Et pourtant, il répond divinement bien à ce surnom tout trouvé puisqu’il décide de prendre les choses en main en faisant signe à Bloody Mary de le suivre, vers une prochaine destination.

Ça le saoulait bien cette histoire de panne. Autant, c’était, il y a plus d’une heure, une bonne histoire pour se rapprocher, autant, ça devient, maintenant, vraiment une plaie : Autant l’histoire que Bloody Mary. Il n’avouerait pas ce dernier point, bien entendu, mais l’entendre derrière son dos, extérioriser l’alcool qu’il trimballe et boit encore, par la chanson, l’agace plus qu’outre mesure. Il roule des yeux.

Au vu de son addiction, il n’a pas de commentaire à faire sur l’alcoolisme criard de son collègue mais plus sur son incompétence. Décidément, il n’a pas su lui déterminer un autre garage dans les environs afin de leur éviter trente minutes interminables à pied et encore moins se rendre utile, une fois arrivés.
Même pas n’effleure-t-il la possibilité, en guise de récompense, de repriser la chemise pour la lui rendre. Et malgré cela, Sweetie prend tout de même la peine de lui répondre, se retournant enfin vers lui après ce long périple.



Ce n’était pas comme si l’autre peut vraiment faire quelque chose en cette situation. Il l’a uniquement amené pour le guider vers un bon garage, pas faire demi-tour. Et même ça, il en semble incapable. Alors il le laisse planter là, alors qu’il fouille dans l’espèce boutique délabrée qui s’avère être pourtant être un trésor conséquent d’outils qu’il dérobe, ni plus ni moins, et concentre le tout dans une boîte à outils.
Semble-t-il que le tout appartienne à quelqu’un. Il s’en fiche bien. Il pourrait bien les revendre à l’autre ferrailleur, si ça se trouve.
Il remet quelques outils qui ne passaient pas dans la mallette qu’il porte, entre les mains de Bloody Mary. Il ne lui fait pas plus de commentaires puisque la suite du plan se profile dans sa tête ; à commencer par se rendre à sa voiture pour éviter une autre balade ennuyeuse, avant que ses plans ne soient contrecarrés par une tierce personne, s’étant finalement recouverte par la carrure imposante de Bloody Mary. Sweetie la remarque donc seulement maintenant. Dans un espoir, il lance à ce dernier avant même de s’adresser à l’autre personne.



Après tout, le rôle du vrai pirate était bien de surveiller les alentours donc si elle était un réel problème, il l’aurait signalé, non ?

La réponse à sa question reste en suspens, ou en tout cas implicite. Il semblerait donc que non, les deux ne se connaissant pas, mais il reste dubitatif devant l’échange entre les deux autres hommes, vite écourté. Il arque un sourcil en direction de l’intrus puis, en direction de son acolyte. Mais les regards du roux et du brun ne se croisent pas puisque le premier prend une toute autre direction, à savoir, la fuite. Lukas acquiesce à cette évasion et le précède. Petit et premier pincement quand même. Peut-être même plus froid que l’attitude du roux, Sweetie lance des œillades de haut en bas pour juger cet intrus, resté là, avant de rejoindre l’autre individu. Il s’empresse de le rejoindre à sa hauteur. Il n’est pas le toutou.

Pas de commentaire sur cet incident ou il ne sait comment l’appeler. Ça n’a aucune espèce d’importance. Il ne fait ni critique, ni remerciement puisqu’il estime que son collègue a joué le bon rôle. Il ne lui a pas remis le restant des outils et les porte tous, donc. Bloody Mary a bien joué son rôle de tourelle. L’ancien mécanicien se contente juste d’expliquer la suite de son plan.



Ils ont déjà marché depuis cinq bonnes minutes. Sweetie indique uniquement la bifurcation à prendre. Néanmoins, c’est aussi une manière de crever le silence qui pèse entre eux et qui le gêne puisqu’il en a dégluti plusieurs fois. Leurs perles bleutées ne se sont pas recroisées, depuis le vol à la station essence. C’est une manière pour Sweetie de recréer le contact mais sans trop le forcer. Du moins, jusqu’à ce qu’il s’interpose devant le chemin de son partenaire, avec un sourire mi-séduisant, mi-idiot.



Il sera, bien sûr, le conducteur. Tout aussi naturellement, Sweetie ne peut s’empêcher d’afficher ce sourire éclatant pour rendre éloquente une conversation pourtant effroyablement fausse en amitiés. Il ne juge pas Bloody Mary comme un allié, non, plus comme quelqu’un qu’il doit accompagner : Et ce, quand bien même lui, a pourtant dû dépendre du roux pour aller chercher, en cachette, une mallette à outils dans une vieille remise de station-service.
C’est une sorte de répondant à la remarque que le pirate lui a faite, tout à l’heure, sur sa conduite digne d’un chauffard. Mais Sweetie est terriblement maladroit. Ce n’est vraiment pas le bon moment pour placer une telle attaque. Enfin, c’est peut-être aussi ce qu’il a cherché : Sweetie n’est pas le toutou, il ne veut certainement pas être guidé et rester, en dépit de l’ironie de ce surnom, « l’homme de la situation ».

Ils semblent mener une même chorégraphie mais les deux danseurs ne sont pas en rythme : Alors que l’autre avance de quelques pas, celui qui s’est immiscé dans la trajectoire du premier finit par reculer du même nombre de pas. Ça n’empêche pas pour autant Bloody Mary de venir déposer des mots dangereux et puant encore d’alcool, au creux de son oreille. Puis, avant que l’autre ballerine ne réplique, le plus grand l’envoie valser. Sweetie n’a pas le temps de glisser le moindre mot. Il n’aime, pourtant, pas subir des menaces, même sous-entendues. Il le poursuit, puis digère.

À sa suite, Lukas ne peut se permettre de vraiment lui répondre. Bien qu’il soit maladroit socialement, il a toujours bien intégré qu’il ne peut retirer de bénéfices dans une conversation qui ne convoque pas de face à face. Il attend donc d’être de retour à sa voiture, avec Bloody Mary à nouveau comme co-pilote.



Il emploie une toute autre stratégie que son collègue. Son regard a beau être inquiet, c’est du jeu. Ils se fiche de son bien-être puisqu’après tout, après que l’autre homme est bouclé sa ceinture, il a refermé encore plus le piège en fermant les portes de l’intérieur. Il joue simplement sur le fait qu’au fond, il est peut-être plus à l’aise socialement que l’autre. Il questionne sa manière d’agir. Pourquoi avoir fait fuir aussi méchamment l’autre type s’il ne posait pas de soucis ? Pourquoi lui avoir tendu ces menaces à l’oreille ?
Sweetie est conscient qu’il ne peut pas manipuler un type pareil mais il cherche à comprendre et instaurer un climat serein (quoiqu’en vérité, toxique). Pourquoi l’autre gros bras lui a tenu ces mots et a assuré avec tant de fermeté ne pas avoir peur ? Il ne semblait pas jouer la comédie pour autant, à moins qu’il soit aussi doué que lui. Pour quelqu’un d’aussi menteur, une mise au point s’impose.



La sincérité s’arrête ici jusqu’à ce qu’il délivre un maigre sourire rassurant avant d’enclencher la première.
Bloody Mary n’a pas besoin d’être rassuré.
Il ne lui laisse donc pas l’occasion de fuir cette interaction et poursuit leur route : Du moins, la route que Sweetie trace pour eux, pensant vraiment bâtir ce type de relation où il peut jouer le plus responsable et protecteur.

La confiance se renoue lorsqu’il appuie sur la pédale d’accélération. Si ça va, s’il n’a peur de rien, Lukas n’a pas non plus peur de reprendre les mauvaises habitudes, à commencer par cette terrible conduite. Ils refont demi-tour sur l’espèce de parking du camp des pirates, manquant presque d’écraser un membre qui leur hurle après, mais ne les poursuit pas bien longtemps. À toute allure, Sweetie semble fuir les problèmes qu’ils ont pu rencontrer. Il est bien conscient qu’ils sont arrivés. Peut-être pas Bloody Mary.



Tenant fermement sa rancune comme son volant, sa main droite glisse, non pas sur la boîte de vitesse mais jusqu’à la boîte à gants. Une fois ouverte, elle dévoile et fait chuter quelques produits presque finis, aux talons de son co-pilote. Il se munit d’un peigne spécifique et pas un autre pour recoiffer sa chevelure trop bousculée par la bourrasque de Septembre, éclatant sur eux, sachant que le toit de la décapotable n’est plus disponible.



Un violent coup de volant pour éviter la voiture d’en face qu’il manque d’accidenter puisqu’il se retrouvait sur la piste gauche. Il reconcentre donc sa conduite avant de se coiffer, passant le peigne dans les mains de son assistant.



En dépit de sa bêtise au volant, il finit tout de même par rire jaune, puis sourire. C’est un large échantillon de peurs qu’il lui propose, il n’a qu’à se servir. C’est une réponse claire qu’il tend au rouquin qu’il fixe désormais plus que la route, bien qu’il ait frôlé un drame routier.



Il ne se veut pas inquisiteur pour autant, ce pourquoi le brun reprend son regard sur la route et leur destination qui se rapproche, puisqu’un point presqu’argenté se détache du décor.



Il laisse ce doute en suspens. Il attend une réponse plutôt positive face à cette remarque et laisse, cette fois, l'occasion au pirate de répondre.

Il est temps de passer à autre chose. D’un claquement de portière, d’une ouverture de coffre puis d’un capot, Sweetie enchaîne les tâches. Bien que puissamment entêté, il sait pertinemment qu’il ne peut rien obtenir de la part de Bloody Mary ce pourquoi il démonte déjà l’accès à la culasse, sans précipitation. Il n’ignore pas non plus Bloody Mary puisqu’il a volontairement garé sa voiture proche de celle à réparer. Un rangement si serré qu’il aurait été susceptible, d’ailleurs, d’encore s’encastrer dans une voiture. Les voitures sont assez proches pour que Bloody Mary lui tende, en fin de compte, les secrets qu’une oreille voisine attend.

D’ailleurs, Bloody Mary pense faire mieux que ça. Si l’autre pensait que l’homme mystérieux se contenterait de rester dans sa voiture (ce, d’ailleurs, pourquoi, aussi, le conducteur a garé sa voiture si près de l’autre), il en sort et s’accoude au toit à moitié défiguré de la décapotable, prêt à s’avouer. Or, ce n’est pas de la manière dont Sweetie le souhaiterait. Plutôt que soupirer, il ne relève juste pas la tête et lui pose une question :



Bien qu’il ne lui accorde presque pas de regard, il ne l’ignore pas. Peut-être est-ce un énième défi ou plutôt une énième provocation. Pour autant, Sweetie pense, au bout d’une minute, ne pas avoir été assez explicite. Ses perles azurées rencontrent de nouveau les autres, un sourire gêné.



Bien qu’il aurait voulu en poser un tas d’autres ou plutôt une, le concernant plus que Mary, finalement : Est-ce que tu m’apprécies ?
Le trentenaire se rassérène, mains contre les hanches, tournevis stable en main et non plus à travailler. Il n’a pas le temps de torturer l’esprit de Bloody Mary. Ça ne le tente même pas. Ce dont il a besoin, c’est quelque chose à sa portée.



Il en rit sincèrement puisqu’il s’agit là d’une taquinerie sur le caractère volubile de Bloody Mary mais elle est finalement doublée d’un compliment. C’est presque même un aveu du désir de former un certain lien, de vouloir écouter mais surtout parler de soi à quelqu’un.