comme une braise sous la cendre ϟ boody mary (end)

comme une braise
sous la cendre

Les derniers rayons du soleil s’étirent sur le désordre ambiant de la décharge. A travers l’une des fenêtres brisées des ateliers, Ecstasy admire la palette de couleurs qui ornent le ciel. L’orange qui se mélange au rose pour se fondre dans les tons encore bleutés qui laisseront bientôt place à l’obscurité. Il ne peut qu’imaginer le spectacle visible de l’extérieur. Seule l’approche de l’hiver est capable de faire don d’une telle lumière et de suspendre pendant un court instant la morosité d’une saison qui accorde plus généralement de la grisaille et de la pluie.

Et le jeune homme se décide enfin à mettre le nez dehors. D’abord réticent à l’idée de quitter son poste de travail, puis finalement résigné alors que la journée touche à sa fin. Assis sur les marches de l’entrée, il se contente de garder les yeux rivés vers l’immensité et d’ignorer le froid qui commence à s’immiscer sous ses vêtements. D’un coin de l’œil, il sent l’effervescence qui s’empare à présent des lieux. Le début des soirées sonne toujours comme libérateur pour les Pirates, l’heure est enfin à la fête et la décadence.

Mais cela ne tire qu’un soupir à Ecstasy. A l’écart comme toujours, il se sent en décalage de ses compagnons, ne parvient pas à ne faire qu’un avec ce groupe qui semble finalement si peu lui correspondre. Il sait pourtant qu’il lui suffirait probablement de céder à la tentation, de faire glisser Hope sous sa langue pour que tout cela change… Mais il se comporte pour l’instant comme le plus cruel des hypocrites, se contentant d’empoisonner les autres, lui qui sait mieux que quiconque les désastres des addictions. Comment en est-il arrivé là ? A être si pitoyable ? Même Bones ne peut plus lui servir constamment d’excuse…

Recroquevillé sur lui-même, ses bras enroulent ses jambes qu’il a ramenées contre lui. Son visage s’est abaissé maintenant que le coucher de soleil a laissé place à la nuit qui s’installe. Sans rien dire, il observe les autres. Il attend encore le bon moment pour se lever, les rejoindre, se fondre dans la masse, et faire passer entre leurs doigts l’Espoir. C’est là bien son rôle. Et malgré toute la détestation que cela peut provoquer, Ecstasy ne peut s’empêcher de continuer. Pour exister, pour se sentir utile. Pour rendre fier aussi. Car il y a Cheshire aussi qu’il ne doit pas décevoir, cette famille bancale qu’il s’est construit dans les ateliers avec les autres chimistes. C’est mieux que rien n’est-ce pas ? Alors autant faire ce qu’il peut pour la garder précieusement, tant qu’on voudra encore de lui, tant qu’il ne craquera pas pour se laisser aller à ses vieux démons.

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Comme une braise sous la cendre « I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I've got fire in my soul
Rise up, ting ting, like glitter
I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I've got fire in my soul
Rise up, ting ting, like glitter »

( Barns Courtney → Glitter and Gold )
Bloody Mary observa le mauve - nuance de roi - sur sa peau de porcelaine. Lorsqu'il examinait ce visage, qu'Icare avait teinté de pourpre, il ressentait un profond dégoût lui remonter dans la gorge. Les jours étaient passés, pourtant, l'angoisse baignait au fond de ses tripes. De l'extérieur, lae jouvenceaurelle restait égal à ce qu'iel était depuis toujours ; une grande silhouette, un gigantesque pantin désarticulé, fantasque, et dont les frasques alimentaient la vie au sein de la décharge. Un oeil habitué à la belle aura remarqué les changements de tenues ; iel se dissimulait sous un affreux sweat noir, et une écharpe aux couleurs criardes. La plupart du temps, Bloody Mary mettait la capuche sur son crâne, il arrangeait ses boucles rousses de telles manières à cacher les bleus. Son oeil droit, néanmoins, d'un bleu délavé comme le gauche, rougeoyait. Les vaisseaux sanguins pulsaient, en autant de serpents écarlates, en constellations rouges dans la toile blanche de cet oeil. Lorsqu'on lui demandait ce qui lui était arrivé, Bloody Mary répliquait qu'il s'agissait des marques d'une baise violente.

Et l'on croyait, un peu, beaucoup, passionnément Bloody Mary,
Il était rare qu'on remette en cause, les paroles de Terry.
On se disait qu'il y avait un fond de vérité, non ?
C'était habituel de lae voir déchaîner autant de passions.

Depuis cette nuit, le bout de ses doigts n'arrêtait pas de trembler. Depuis cette nuit, il s'alimentait péniblement, et l'idée de boire remuait les angoisses. Quand Bloody Mary détacha ses pupilles de poupée du miroir de poche, et qu'elle épia les pirates, elle sentit la peur gronder aux fonds de ses entrailles. Tu seras en sécurité nulle part, ils seront toujours là pour te blesser , se rappelle-t-elle alors dans son silence, conscient du caractère fatidique de sa situation. L'écharpe était une nouvelle mode ! C'était ce qu'ils racontaient, sans remarquer les plaques d'eczéma dans son cou, sans voir l'énergie que Bloody Mary mettait à conserver son masque.

Iel boit peut-être un peu moins que d'habitude,
Son sommeil est parsemé par les inquiétudes,
Iel se réveille, en transe, toute la nuit durant.
Iel voit ces visages, partout, qui sont autant
De fantômes que de démons.

Souris petite mésange, c'est toi, qui les as laissés arracher tes jolies ailes, une par une. Terrence enfonça les poings dans ses poches, il est temps de porter son rôle sur scène ; celui de Bloody Mary, celui du chaos qui vit que pour lui-même, et savoure la douleur d'autrui au fond de ses bouteilles. Qui baise, chante, danse, s'élance, comme si l'univers entier lui appartenait. Du garçon libre, à la fille qu'ils cherchent à posséder pour une nuit, ou pour toute la vie.

Et dans les euphories des pirates, à éclairer la fête par sa voix et sa présence, Bloody Mary le remarque, Ecstasy. Le favori de Cheshire — son chat — si elle se souvient bien, l'ange abîmé par la corruption. Et elle sourit, Bloody Mary ; le chaos se rappelle du pari passé avec la luxure. Alors Bloody Mary inspire, iel se façonne son masque, l'acteurice est plurielle. Un peu de douceur dans ce bordel, voilà qu'elle se ramène vers Ecstasy. Il pourrait se voir en lui.

À l'époque de l'innocence,
Où il marchait, Terrence
Dans les froides rues de Dublin,
S'accrochant au lendemain.

Alors Bloody Mary se poste devant Ecstasy, iel pourrait lui demander Hope, un aller simple vers un paradis halluciné et mystifié, mais elle en connait les dangers. Iel sortit les mains de ses poches, elle baisse un peu l'écharpe, et dévoile un sourire tendre.

« Allez, fais-moi danser. »

Et elle lui présente ses doigts, dont le bout continue de trembler. Et elle fiche sur lui, son regard abîmé, impénétrable, donne la sensation que rien n'a d'importance.

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Spoiler:

comme une braise
sous la cendre

Il est de ces êtres qu’Ecstasy n’ose approcher. Pas même en rêve. De ces personnes qu’il admire de loin, incapable de leur adresser ne serait-ce qu’un mot, de crainte de finir en poussières. Leur aura, leur charisme, tout chez eux irradie de ce quelque chose qui éblouit la pauvre créature qu’il est. Et impossible pour lui d’exister en leur présence. Au fond, il les jalouse, les envie. Aimerait tellement leur ressembler, juste un tout petit peu, et pouvoir évoluer parmi les plus grands. Un désir égoïste de voir les autres se protester devant lui. Que ce soit lui enfin l’objet de tous les désirs.

Mais il est réduit à n’être que lui. Une starlette en déchéance dont on se moque. Un garçon fragile qui se laisse briser à la moindre occasion. Et qui n’a trouvé refuge que dans les solutions faciles. Tout ça pour quoi au final ? Affligeant spectacle qu’il donne désormais…

Alors pourquoi Bloody Mary s’est-il approché ? Pourquoi est-il descendu des cieux pour s’intéresser à un vulgaire mortel comme lui ? A vrai dire, il ne le connait pas vraiment Bloody Mary. Son nom au moins. Sa réputation un peu… Mais il suffit d’un regard vers lui pour se sentir ridicule. Son assurance et sa beauté l’écrasent à chacun de ses pas. Et Ecstasy ne comprend pas pourquoi ces pas l’ont amené jusqu’à lui.

Ses yeux se sont relevés vers ce visage qui va l’irradier en un rien de temps. Il sent que les mots trébuchent sur ses lèvres et qu’il sera bien incapable de répondre quoique ce soit d’intelligent. Il va paraître plus stupide que jamais. Et ses joues qui chauffent pour ne rien arranger. Le rouge qui vient habiller sa peau pour trahir son trouble et sa gêne devant cette invitation qu’il ne comprend pas. Parce qu’Ecstasy ne comprend jamais rien de toute façon.

Et cet idiot ignore les doigts tendus vers lui. Son regard s’est accroché là il ne fallait sûrement pas. A cet œil tuméfié. A cette peau bleutée. Et c’est plus fort que lui, il parle sans réfléchir.

« Tu t’es blessé ? Est-ce que ça va ?? »

Et il voudrait ravaler ses paroles, ravaler cette inquiétude impolie. Et empêcher Bloody Mary de le dédaigner pour s’être ainsi permis de le questionner. Mais le mal est fait et le voilà qui s’embourbe un peu plus dans sa maladresse. Même quand Ecstasy atteint le fond, il ne peut s’empêcher de continuer à creuser inlassablement.

« P-pardon, je-je voulais pas… »

Ses doigts froids sont finalement venus attraper la main tendue, sans même qu’il ne s’en soit véritablement rendu compte. Très certainement un réflexe pour l’empêcher de fuir. Il se sent bien bête désormais assis là, le bras tendu, sa prise serrée mais pourtant si incertaine.

« Si ça te fait mal, je peux… Je peux peut-être te trouver quelque chose. »

Et peut-être ainsi empêcher le courroux du divin Blood Mary. Ecstasy le mortel a ce seul vulgaire avantage : l’accès privilégié à la plus grande pharmacie de la ville dévastée.

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Rise up, ting ting, like glitter
I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I've got fire in my soul
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( Barns Courtney → Glitter and Gold )
Ah... les questions, les inquiétudes, voilà Bloody Mary renvoyé à sa solitude. Iel plissa le front sur Ecstasy, la main toujours tendue vers lui, iel ne démontre pas d'émotion. Si ce n'était l'orage, furtif, dans ses pupilles, des cieux délavés, braqués sur sa proie. Iel ravale vite les émotions, un battement de cils, c'est ce qu'il lui suffit pour se reprendre. Ah... quelle erreur, Ecstasy, lae renvoyer à l'horreur de son visage, à l'ombrage des angoisses, qui explosent dans ses entrailles. C'est remuer le couteau dans la plaie, raviver les braises ardentes des effrois, ramener le souvenir froid de l'agression. Voilà qu'Ecstasy s'excuse, et Bloody Mary sourit.

Parce que c'est un monstre d'apparence,
Iel ne montre ce qu'il veut, Terrence.
L'on ne sait jamais, vraiment, ce qu'il pense,
Ce qu'il dissimule, derrière ses sourires de connivence.

Et Ecstasy attrapa la main, sans trop savoir quoi faire, visiblement ! Le bout de ses doigts tremblait dans sa paume, Bloody Mary se crispa, pourtant, cette fois-ci, c'est bien ellui qui a invité au contact. Il ne lui en veut pas, mais il ne peut pas empêcher la peur lui tirailler le cerveau. Elle se rapproche, assez pour que le garçon puisse entendre :

« Ne t'en fais pas, c'est rien d'irrécupérable. »

Les nuances de mauve — couleur de roi, sa favorite — ne sont rien, comparées aux teintes chamarrées dans son esprit. Bloody Mary saisit alors Ecstasy, et d'une poigne ferme, elle le releva vers lui. Sa taille immense, accompagnée de son sourire indéchiffrable, la rendait fatale.

Peut-être que ça fait du bien, au fond,
Qu'on s'inquiète, ça donne l'impression,
Vaine et ridicule, qu'elle a de l'importance.

Bloody Mary contracta la mâchoire, elle relâcha la main d'Ecstasy. Sous les boucles de feu, son oeil rougeoie, un éclat incandescent, qui se mêle au bleu. Iel gratta son cou, sous l'écharpe. Un peu de douceur, un peu d'attention, rassurer ; voilà la ligne de conduite que Bloody Mary se dicte. En quelques secondes, elle semble comprendre ce dont Ectasy a besoin — trouver sa place, l'acceptation —, et en une poignée d'autres, son caractère se transforme. Le tyran se fait ange, la créature fantasque se fait tendre. Le chaos est chaos pour sa capacité à changer, constamment, déroulant ses humeurs comme un tapis d'honneur.

Sans être jamais, vraiment, lui-même.

(Ce n'est pas ce qui est demandé, ici.)

Bloody Mary s'étire alors, elle recule d'un pas de distance. Le sweat révèle un bout de ventre, un autre bleu, avant qu'elle ne roule les épaules. Ecstasy ressemble à un chiot apeuré, dans son regard, elle lit les doutes, les craintes de ne jamais se trouver. Elle pencha la tête sur le côté, les mèches glissent dans son cou.

« Ecstasy, c'est ça ? »

Bloody Mary fait semblant, par ici, il n'y a pas un nom qu'il n'oublie. Il les connait tous, ces visages, il l'a déjà vu traîner aux côtés de Cheshires. Il lui était familier pour une autre raison, mais elle ne sait plus trop pourquoi.

« Viens, on va s'amuser. Tu sais danser ? »

Lance-t-il en reculant encore, il lui fait signe de lae suivre. Où ? Bloody Mary elle-même ne sait pas trop, elle veut juste s'arrêter de penser.

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Sans un mot, Ecstasy reste pendu à ses lèvres. Au châtiment que Bloody Mary va lui infliger pour son imprudence. Mais rien ne vient. Bien au contraire. Il balaie ses inquiétudes, le rassure en quelques mots et ne s’attarde pas plus longtemps sur cette peau ecchymosée. Même si Ecstasy voudrait savoir… Qui a pu le blesser ainsi ? Et pour quelles raisons ? C’est inévitable que de se poser ce genre de questions. Mais le jeune garçon le sait bien, il n’aura probablement jamais les réponses. Qui serait-il pour bénéficier d’un tel honneur ?

Il est si minuscule face l’incandescence de cet homme. Cela le frappe d’autant plus maintenant qu’il est sur ses deux pieds. D’ailleurs… à quel moment s’est-il relevé ? Tellement hypnotisé qu’il ne s’est pas rendu compte que Bloody l’a tiré vers lui, de cette main si vite emprisonnée, si vite libérée. Et cette proximité l’embarrasse. Il est plus facile de baisser le visage, de regarder le sol plutôt que d’affronter le regard perçant de quelqu’un capable de tout déchiffrer.

Un hochement de tête pour confirmer ce surnom si bien connu. Il sait bien qu’il ne passe pas complètement inaperçu et que sa réputation le précède. Le petit prince déchu de la télévision, le dealer d’espoir, le Pirate trop pur. Ecstasy, le garçon pas si innocent que ça, qui a succombé à l’invitation de Bones. Qui a troqué son âme au Diable. Qu’on moque et qu’on juge à présent. Une image bien loin d’être glorieuse. Mais personne ici n’est blanc comme neige, Bloody Mary le premier. A la différence que l’un d’eux est plus prompt à écraser quiconque se dresse à travers de son chemin.

« Danser ? »

Le garçon écarquille les yeux. C’est la deuxième fois que Bloody lance cette étrange invitation. Ecstasy n’avait rien vu de sérieux à la première proposition mais il semblerait que cela ne soit pas une simple plaisanterie.

« Euh, c’est que… »

Sourire gêné, rire nerveux. Non, il ne sait pas danser. Quoique… peut-être que si. Après tout, comment savoir quand les seuls souvenirs de son corps qui se déhanche sont brouillés par poudre et pilules ? Car il en a passé des soirées dans les night-clubs les plus en vogue du moment, à se montrer, à s’amuser, à vibrer jusqu’au bout de la nuit. Mais toujours accompagné de ses plus fidèles amies au fond de sa poche.

« Pas vraiment. »

Finit-il par avouer en toute honnêteté. Pourtant, ses pas ont suivi ceux de Bloody Mary. Aimanté par cette proposition insensée, conscient de la catastrophe imminente.

« Tu m’apprends ? »

Demande naïve, pas tout à fait innocente. Peut-on lui en vouloir de vouloir garder encore un peu l’exclusivité de l’attention de cet homme ? Pour une fois qu’un des siens lui tend la main, Ecstasy veut tout faire pour s’y accrocher.

« Mais t’es sûr que… que ça t’embête pas d’être vu avec moi ? Enfin je… »

Des doutes qui résonnent dans son cœur, des peurs qui ne peuvent s’empêcher de courir dans sa poitrine alors qu’il craint les regards qui peuvent s’attarder sur lui, sur eux. Les Pirates jugent plus rapidement que quiconque et ne perdent guère de temps pour attiser les conflits lorsqu’une occasion trop belle se présente.

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( Barns Courtney → Glitter and Gold )
Bloody Mary avait la danse dans les veines, les chansons dans les poumons, la vie baigne dans les entrailles. Alors... quand Ecstasy lui dit qu'il ne sait pas danser, iel bat des cils, et penche la tête sur le côté. Comment cela est-il possible ? Il n'y a pas besoin de bien danser, pour s'élancer sur la scène - l'univers est à ses pieds. Sa remarque lui tire une moue, iel le distance un peu, contrarié ? Pas vraiment, difficile à discerner dans ses yeux bleus, ce qui tient du jeu ou de la sincérité.

Et Ecstasy, il demande, à Bloody Mary,
S'il ne craint pas qu'on le voit avec lui.
Et cela, arrache un ricanement à Terry.
Parce que des deux, la réputation alourdie,
Ce n'est pas Ecstasy qui la porte, mais lui.

Bloody Mary fit rouler ses pupilles de poupée vers les cieux, il hausse les épaules. Il le sent, dans l'attitude d'Ecstasy, il voit comment celui-ci le perçoit. Il contemple l'admiration qu'il nourrit en lui, le genre qu'il lui prête. Et voilà qu'il s'adapte, le chaos s'étire, grand, affamé, vers le garçon faussement innocent. Il le reprend par le poignet, sa main est grande, glacée, et le bout des doigts tremble — toujours.

Et c'est avec charme, cependant, que Bloody Mary les glisse dans le cou d'Ecstasy. Ses yeux se fixent dans les siens, et là, oh, il comprend. Il voit tout ce que Cheshire a contemplé dans cette âme épuisée, éprouvée ; c'est troublant, certaines choses font écho à son coeur.

« Je pense que de nous deux, celui qui a la plus mauvaise réputation, c'est moi. »

Le sourire est amer, sarcastique, tandis que Bloody Mary emporte Ecstasy loin de la mélancolie. Il l'a vu, répondre à son charme, et pour l'instant, il cherche à tromper les angoisses. Il va devenir un fantasme, le rêve d'une nuit froide, qu'importe ce qu'Ecstasy cherchera auprès de lui, il se pliera à ses volontés. Ses doigts se lient aux siens, sa main fait poser la sienne contre sa taille. Bloody Mary est gigantesque, mais incroyablement fin, c'est une allumette qu'on brise et ploie facilement.

Du moins, c'est ce que bien souvent, on croit.
La vérité, c'est qu'il est rarement la proie,
Bien au contraire, Ecstasy, tu le vois ?
N'est-ce pas ? Que ses yeux dévorent tout de toi.

Vorace en détail, affamé d'amour plastifié au charme du Diable. Il est bien innocent ce garçon, bien fragile, et ça lui rappelle, son adolescence. Lorsqu'on a les rêves pleins à la tête, qu'on fuit la faim dans les rues de Dublin. Et comme les fées, dont les pauvres hommes perdus foulent les cercles de leurs pas, Bloody Mary entraîna Ecstasy dans la danse. Il sait bouger, tout en souplesse et lascivité, il sait oublier le regard qu'on porte sur eux. Il peut s'en nourrir, certes, mais pour l'instant, il a le coeur en fête. Et ses yeux, désespérés, qui se perdent dans ceux de son partenaire, ils ne lâchent rien. Ils s'encrent en lui, ils ne décident de voir que lui. Ecstasy est une lueur blanche dans l'univers coloré des pirates.

Oh. Il en est un amoureux.
Pour l'instant, s'il le veut.
Demain, il aura oublié,
Si d'ici là, il n'est pas tué

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Spoiler:

comme une braise
sous la cendre

Un frisson lui parcoure l’échine. Et Ecstasy ne sait pas ce qui l’a ainsi provoqué. Les doigts de Bloody glissés dans sa nuque peut-être. Ou bien la réponse qu’il lui adresse sur sa réputation tout aussi peu reluisante. Ou alors… ou alors toute autre chose. Un mauvais pressentiment ? Un petit quelque chose qui lui glisse à l’oreille de faire attention ? Mais le garçon ne voit rien de dangereux dans le sourire de l’homme qui lui fait face, et encore moins dans une invitation à danser. Parce qu’il ne sait pas voir au-delà, il ne sait pas déchiffrer les non-dits, les arrières pensés. Les yeux océans d’Ecstasy n’ont jamais été capables de discerner la part d’ombre que chacun possède. Celle-ci ne se révèle à lui que lorsqu’il est mis face à l’évidence et qu’on l’assène de coups violents dans le cœur.

Telle une marionnette, il se laisse ainsi faire. Des doigts qui s’entremêlent, une présence qui se fait plus proche, la chaleur d’un corps qui se lie au sien. Un minuscule pantin dont Bloody Mary manipule les fils invisibles. Et il se laisse porter, oublie même les regards. Danse-t-il bien ? Probablement pas. Mais il s’en fiche. Car c’est léger, qu’il ne réfléchit même pas où il pose véritablement ses pieds, il suffit simplement de suivre les mouvements aériens de l’autre. Et tant pis pour le ridicule, tant pis pour les jugements. Pourvu que ça puisse durer toute la nuit. Et un sourire s’étire sur ses lèvres. Sourire de douceur, de reconnaissance. De bonheur aussi ? Il ne sait pas très bien. Mais là, à cet instant, il a l’impression que tout va bien. Et c’est si rare.

« Merci. »

Qu’il dit finalement, alors que ses yeux pétillent toujours plus de vie et que son visage continue à rayonner à travers la nuit sombre. Il en oublie même cette proximité qui aurait dû tant le gêner. Celle-ci paraît si normale à cet instant, une évidence presque. Et il ne se souvient pas avoir jamais dansé ainsi, il regretterait même de ne l’avoir jamais fait jusque-là.

« Dis-moi… » la danse a fait chauffer sa peau autant que son audace, et son regard se lève pour se plonger dans celui qui l’accompagne « Avant Bloody Mary… on t’appelait comment ? »

Oh le désir de connaitre son véritable prénom. Espérer tirer une confidence. Croire qu’on peut ainsi se rapprocher de quelqu’un aussi facilement. C’est futile. Dangereux aussi. Car la vie d’avant la tempête doit parfois rester enterrée. Et pourquoi Ecstasy aurait-il l’honneur qu’on lui révèle un tel secret ? Après tout, c’est bien la première fois qu’il échange ainsi avec lui… Bien trop peu pour mériter cette révélation.

« D-désolé, c’était peut-être malpoli de ma part… »

Les doigts se sont crispés sur les vêtements de Bloody, le visage s’est baissé, mais le corps ne s’est pas éloigné. Au contraire, il aimerait pouvoir se réfugier contre sa présence imposante et féline. Y trouver un brin de répit dans cette folie.

Résumé:

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( Barns Courtney → Glitter and Gold )
Bloody Mary battit des cils, la question le surprend, mais iel n'en dit rien pour l'instant. Iel se recule d'un pas, iel reprend l'espace perdu au cours de la danse. Ainsi va la vie, iel vient et s'en va, comme les mouvements des vagues sur la plage. Iel ne partage pas longtemps ls chaleur, ce reste de braises dans son coeur. Iel préfère fuir les contacts, faire taire les angoisses, et nier l'affection qu'iel pourrait ressentir. Iel hausse les épaules, et iel réfléchit à la question. Des allumettes qui craquent, le feu illumine ses pupilles, tandis que Bloody Mary colle sa bouche contre le bâton de nicotine. Iel présente son paquet à Ecstasy, en silence.

On lui prêtait de nombreux noms,
Certains étaient des titres de chansons.
Certains étaient des fantômes,
La plupart forment comme un dôme.
Un genre de prison.

Bloody Mary expira la fumée de cigarette par les narines, et iel se remet à danser sans tenir compte de l'audace. Ce n'est pas que l'interrogation le dérange, c'est qu'iel ne parvient pas à réellement donner de réponses. Pour l'instant, une seule personne connait ce Terrence, qui sonne comme existence, errance, innocence, enfance, comme un coeur rance. Iel lève les bras, iel danse et se déhanche, avant de répondre de sa voix de velours :

« On m'a appelé Terry, mais aussi la folasse, la cage aux folles, et tout ce qui aurait de près ou de loin un rapport avec l'anatomie de vélo, Bloody Mary est un monstre de cynisme, les insultes sur ses genres et ses orientations ne lae touchent plus depuis longtemps. On m'a dit aussi que j'étais le taré, le roux, l'Irlandais, et iel sourit, bien sûr, iel se joue un peu d'Ecstasy ; ce n'est pas son prénom que le jeune homme lui a demandé, mais comment on l'appelait. Donc tu peux me choisir un surnom si tu veux, qu'il oubliera sans doute quand l'alcool aura quitté ses veines, mais j'aime bien Bloody Mary. »

Et Bloody Mary sourit. Iel ne le dira pas pourquoi iel apprécie ce surnom, ce n'est pas tant pour le cocktail, ce n'est pas tant pour la légende sur le miroir, ni pour la reine anglaise.

C'est un surnom que l'on craint,
lls l'ont appris à leur dépend,
Que sa colère s'enflamme d'un rien.
Que Bloody Mary n'est pas innocent.

S'ils savaient seulement !

Bloody Mary revient vers Ecstasy, iel le fixe de ses yeux impénétrables. Il n'y a pas de mépris, juste de la férocité, et iel donne la sensation un instant, qu'iel pourrait le dévorer d'une seule bouchée. La proie est bien souvent le véritable chasseur.

« Et toi ? Comment tu préfères être appelé ? »

La question est formulée différemment, Terrence sait que les gens n'aiment pas souvent son prénom. Parfois, elle hait le sien jusqu'à ce que la bouffe dans les tripes. D'autres fois, elle le supporte dans le silence. Mais au fond, il en était attaché pour tout ce qu'il représentait. C'était un deadname ; il était parfait pour un cadavre animé par les flammes.

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Spoiler:

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De la musique dans les oreilles, des corps qui dansent, de l’alcool qui passe sûrement entre les lèvres… et de la fumée de cigarette qui s’incruste dans les poumons. Ecstasy fait non de la tête. Pas de nicotine pour lui. Il y a des odeurs, des sensations qui le ramènent trop en arrière, là où il ne veut plus retourner. Vers ses vieux démons et vers les enfers. Il y a cette promesse qu’il tient à tenir. Tant bien que mal. Sa sobriété tient à un fil et il sait bien qu’il suffirait de trois fois rien pour que tout se brise. Alors non, pas de cigarette pour lui. Et il se contente de sourire faiblement, comme s’il lui fallait compenser ce refus imposé à Bloody.

Il n’ose pas reprendre les pas de danse. A la place, il reste là, immobile face à l’autre, le regard accroché à ce corps qui suit des mouvements parfaitement fluides. Ses mains trouvent refuge dans les poches de son sweat et Ecstasy se sent de trop, pas à sa place contrairement à ce Pirate dont la vie semble l’avoir destiné à être ici à cet instant précis.

« Tu es Irlandais ? »

La question stupide est lâchée sans qu’il ne prenne le temps d’y réfléchir. Il aurait pu rebondir sur tous ces surnoms affreux, il aurait pu s’offusquer de la méchanceté de ceux que Terry a pu croiser. Mais non, Ecstasy s’émerveille simplement sur les origines lointaines du danseur.

« Est-ce que ça veut dire que… que j’peux t’appeler Mary ? »

Et espérer ainsi avoir l’honneur de l’appeler un peu différemment. L’illusion d’un privilège. Et dissimuler ce terme trop sanglant. C’est si facile de se mettre des œillères. Ecstasy préfère simplement croire qu’il y a une histoire de soirées trop alcoolisées derrière ce surnom. Et il ne souhaite en retenir que la douceur des quatre petites dernières lettres. Pourtant, la beauté sanguinaire est bien sous ses yeux. Mais il est bien trop stupide pour s’y attarder réellement. Il se contente de se plonger dans ces yeux féroces qui se sont rapprochés. Et la réponse à la question que Bloody vient de lui retourner est sans détour.

« Caleb. Je préfère qu’on m’appelle Caleb. »

Ses joues rougissent à nouveau face à un tel aveu. Mais il est fier d’avoir lâché ce qu’il avait sur le cœur, d’avoir eu le courage d’être honnête. A-t-il raison de faire confiance à Mary en lui avouant pareille faiblesse, en désavouant le surnom qui marque son appartenance aux Pirates ? Trop tard pour y songer, il a fait ce choix par instinct, hypnotisé par cet homme sans même qu’il ne s’en rende compte.

« Mais Ecstasy c’est bien aussi… »

Ce qu’on appelle… se rattraper aux branches. Mais au fond, si le choix lui était réellement offert, alors peut-être tout simplement qu’il se rebaptiserait d’une nouvelle identité, une identité ne le reliant ni au passé ni aux erreurs. Une toute nouvelle page blanche, une seconde chance comme on en accorde jamais.

Résumé:

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Rise up, ting ting, like glitter »

( Barns Courtney → Glitter and Gold )
Bloody Mary croyait que l'accent et les cheveux roux étaient une réponse suffisante, oh... et sans oublier son répertoire. Alors Ecstasy balance ça, sans se douter de l'évidence, et il se contente d'un hochement de tête. Il sourit en coin, note l'emploi du masculin, et décide de rester ainsi. Autour d'eux, la musique tambourine, les voix des autres se perdent dans les chansons. Et le feu, plus loin, semble vouloir se dresser jusqu'au ciel pour y apporter toutes ses nuances. Terrence soupire discrètement, mélancolique, avant de raccrocher son attention sur son comparse.

« Tu peux m'appeler Mary, oui. »

Lui confirme-t-il avec douceur, Ecstasy semble avancer en tâtonnant, inquiet de son courroux, ou bien cherche-t-il à capter ses faveurs ? Pourtant, il n'est pas de ceux capables d'attiser sa rage.

Ils sont nombreux, à avoir ravivé le feu.
Oh... c'est que leurs désirs sonnent creux,
Face au chaos, ils ont presque tout essayé,
Sans se douter de ce qu'ils ont réveillé.

Mais Ecstasy n'est pas de ceux-là, il n'est que douceur et naïveté, les rêves ne semblent pas être morts dans sa jolie tête. Bloody Mary lui envie presque cette part d'innocence, et sait pourtant ! Que c'est ce qui finira par le perdre. Il ne cache pas d'épines sous sa délicatesse, il n'est pas féroce, et s'il se retrouve ici, c'est bien malgré lui. Ah... s'il savait que Bloody Mary ne se sent jamais à sa place, elle aussi. Qu'elle a la sensation d'être une anomalie, et qu'on le lui rappelle sans cesse — c'est ce que crient les bleus sur sa peau, c'est ce que son oeil rougeoyant veut pleurer.

« Enchanté, Caleb. »

Lance Mary avec un autre sourire. Ecstasy, c'est une étiquette, collée par tous les autres pirates. Un truc qui semble le gratter, et ne pas lui convenir. Il se mouille les lèvres, il se rapproche, puis il demande sans s'intéresser aux limites de Caleb :

« Pourquoi Ecstasy ? »

Oh... si Bloody Mary était venu plus tôt aux États-Unis, il aurait certainement entendu parler de Caleb et de la télé-réalité. En vérité, il n'aimait pas passer son temps derrière un écran, et préférait lorsque la lumière était braquée sur lui (Chantalle). S'il avait eu connaissance de ce bout de passé, iel n'aurait pas jugé, et se serait demandé comment on peut grandir sainement dans ces conditions. Il aurait évalué toutes les failles, il aurait approché de plus près la détresse d'Ecstasy.

Ce n'est qu'une douce ironie, n'est-ce pas, Terry ?
Ecstasy a eu tout ce que tu voulais, quand toi, petit,
Tu te battais avec tes frères pour le dernier cookie.
Et pourtant, Caleb pense que tu brilles, scintille !
Un joyau dont la lumière va de tous les côtés,
Et tu sais pourtant que c'est pour mieux leurrer,
Plus tu brilles, plus les ténèbres arrivent, plus tu vrilles,

Plus à l'intérieur, tu pourris.

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Spoiler:

comme une braise
sous la cendre

Mary, Mary, Mary… Ca roule sous sa langue, c’est si doux à ses oreilles. Oui, cela lui va à la perfection, quand bien même il ne connait absolument rien de lui. Car c’est bien là la première fois qu’Ecstasy parle à cet homme et les rumeurs qui ont pu venir jusqu’à lui auparavant n’avaient pourtant rien de très flatteur. Mais voilà, des rumeurs, rien que des rumeurs. Cela prouve encore une fois qu’il n’est pas bon de se baser sur des « on dit », Ecstasy le sait mieux que quiconque, lui-même qui en a été victime par le biais d’écrans interposés. Alors pas de Bloody, juste Mary. Et toutes les histoires sur son compte sont enfouis au fin fond des oubliettes.

« Enchanté Mary. »

Oh qu’il sourit. Des présentations ont rarement été aussi délicieuses que celles-ci. Il en oublierait presque tout le reste… Mais le « tout le reste » se rappelle rapidement à lui. Pourquoi Ecstasy ?

Ah.

Mince…

Et le regard se baisse. L’air lui manque. Mais le corps reste immobile. Il ne tremble même pas malgré la proximité que Mary lui impose. Parce que ça n’a rien de menaçant, il le sait bien. Il s’agit juste de… curiosité. N’est-ce pas ? Et après tout, avec un surnom pareil, peut-on véritablement le lui reprocher?

« Hum… parce que… parce que je travaille aux ateliers. Tu sais, les chimistes ? »

Bien sûr qu’il sait, les Pirates ne sont peut-être pas les plus intelligents mais ils n’ignorent rien de leur organisation, ni de tout ce qui s’y trame. Encore moins lorsque cela concerne Hope, leur petit trésor.

« Je m’y connais un peu en médicaments, en pilule, tout ça… donc euh tu vois ? C’est Ecstasy qui est ressorti. »

Ni un mensonge, ni une vérité. Mais ses addictions, sa désintoxication, il en a toujours fait un jardin secret un peu honteux… Et il est reconnaissant que Bones n’ait pas fait fuiter sciemment tout ce qu’il peut savoir sur sa personne. Mais jusqu’à quand ? Ecstasy l’ignore et ne préfère pas y penser. En attendant, une pointe de culpabilité le tiraille de ne pouvoir être parfaitement honnête avec Mary.

« Pas franchement de quoi être fier… »

Et la panique qui le saisit d’en avoir aussi trop dit. Ou tout du moins, de ne pas avoir dit ce qu’il fallait.

« Mais je m’y suis habitué hein ! C-c’est un surnom comme un autre ! Et du coup si genre t’as besoin… si t’as besoin d’une aspirine un jour, tu sais où demander ! »

Ecstasy se dit que cela aurait pu être pire… une aspirine c’est pas si mal. Toujours plus glamour qu’un médicament contre la gastro ou la constipation… Mais franchement, est-ce que Mary en a quelque chose à faire qu’il puisse l’aider pour un malheureux mal de crâne ?

« C-c’est pour ça que tout à l’heure… que j’te disais que je pouvais te trouver un truc. Pour tes blessures. Pour que t’aies moins mal. »

Résumé:

agora

Comme une braise sous la cendre « I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I've got fire in my soul
Rise up, ting ting, like glitter
I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I've got fire in my soul
Rise up, ting ting, like glitter »

( Barns Courtney → Glitter and Gold )
Ecstasy ne savait pas mentir.
C'était une évidence, c'était clair.
Bloody le ressent, jusqu'à ses viscères.
Mais il accepte, l'écoute sans le dire.

Il se contente d'un sourire, un peu plus doux, un peu plus amer. Chacun a ses secrets, et même l'innocence d'Ecstasy a droit à sa part d'ombre. Il y a eu l'hésitation dans le choix des mots, il y a eu les regards, la crainte qui fait trembler la voix, la peur du jugement. Alors Bloody Mary soupire, sourit toujours, et regarde les autres pirates continuer de danser. La mélancolie revient s'échouer en elle, une vague faisant des allées retours, un remous jusqu'au fond des entrailles. La douleur s'éveille, se rendort ; iel ne veut pas l'écouter.

Bloody Mary pense : c'est gentil, Ecstasy.
Bloody Mary songe que le bleu sur le visage,
Ca lui va bien, sa mâchoire est un rivage !
Coloré de rouge, de mauve, et de bleu.
Bloody Mary pense : c'est gentil Ecstasy.
Mais ce qu'il faut, c'est raviver le feu.
Une aspirine ne suffira pas pour le trou dans la poitrine.
Ce qu'il faut c'est fumer, c'est respirer la nicotine.
Faire grandir la tumeur.

[Tu meurs,
un peu plus, chaque jour,
tu pourris de l'intérieur.]

Et tout cela, Bloody Mary le pense, mais iel ne dira jamais rien. Qui pourrait comprendre ce qu'iel ressent ? Quel mec pourrait se rendre suffisamment compte qu'il est un danger ? Que même Ecstasy peut cacher le pire, de ceux qui remettent en cause son existence, de ceux qui frappent plutôt que de

[////////////]

« C'est gentil, admet enfin Bloody Mary en se rapprochant, grand et maigre, grand et vide. Mais t'en fais pas, je ne ressens plus rien. »

Un petit rire, et iel lui tend la main, elle n'impose pas ; elle propose. Elle ne lui en voudra pas s'il refuse de la saisir, elle patiente simplement, cherche à fuir tous les bruits dans sa tête. Quand elle cligne des yeux, elle revoit Icare, qui l'insulte de tarlouze et la frappe.

Elle revoit Fredda, qui dit : ne restez pas seules.
Ne leur faites pas confiance.
Elle les revoit les deux, puis il y a le sol.
La crainte dans le ventre, tu n'as pas le droit à cette existence.

Le bout de ses doigts tremble, mais Bloody Mary garde le silence. Iel est fort, bien plus fort que ça.

« T'as quel âge, au fait ? »

Bloody Mary tente de faire la conversation, faire taire la crainte en elle, apprendre d'Ecstasty. Elle hausse les épaules, puis elle lance :

« Tu traînes souvent avec Cheshire, non ? »

Ah... le chat. Toujours à sourire pour fuir le pire, toujours à faire l'idiot pour se jouer des autres. Ne vois-tu pas, Ecstasy que tu es pris entre deux prédateurs ? Mais vois-tu, Cheshire a essayé de se jouer de la belle aux cheveux de feu. La mante religieuse a fait craquer les os du chat entre ses mandibules, elle aurait pu lui arracher la tête.

Oh, cela n'aurait pas été la première fois.

« Il a voulu me faire prendre Hope. »

Ajoute Bloody Mary, sans dire que c'était Hope qui l'avait sauvé. Oh... Terrence avait essayé le cannabis, l'héroïne, comme un enfant qui veut vérifier si le feu brûle pour de vrai, mais il préférait l'alcool à la drogue. Hope, il avait eu l'occasion de connaître son baiser étrange, embrasser ses bras pour un monde plus beau. Mais ce n'était pas lui qui avait connu son étreinte, loin de là.

Et sans Hope, peut-être qu'Icare l'aurait tué.

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Spoiler:

comme une braise
sous la cendre

Ah si seulement Ecstasy pouvait voir au-delà des mots, s’il était capable de deviner entre les lignes que la réponse de Bloody Mary est bien plus lourde de sens qu’une simple politesse donnée à l’arrachée. S’il n’a plus mal au visage, cela veut-il forcément dire que son être n’est pas pour autant meurtri ? Est-ce la douleur à sa peau qu’il ne sent plus, ou bien est-ce dans le fond de son cœur que c’est désormais le grand vide ? Mais il y a beau y avoir ce sentiment de malaise dans le creux de son ventre, Ecstasy n’est pas capable de comprendre pourquoi. Et il déglutit difficilement, perdu dans ce brouillard et cette main se dévoile telle une sauveuse. Qu’il attrape sans réfléchir. Pour se sauver lui-même mais peut-être pour sauver aussi un peu Mary. Sauver de quoi ? Ca, il ne sait pas. Et ses doigts serrent les siens. S’accrocher, et ne surtout pas lâcher prise.

« 21 ans, pourquoi ? »

Plutôt que de lui retourner la question, il préfère savoir ce que son âge peut bien venir faire là-dedans. Mais la suite est encore plus surprenante. Ses yeux clignent. Cheshire ? Mary connait Cheshire ? C’est un peu stupide au fond qu’il s’interroge ainsi, car au fond il n’y a rien de surprenant à ce qu’ils se connaissent. Entre Pirates c’est même assez évident. Mais la question le prend de court. Et puis… et puis l’inévitable. Hope. Le sens de sa nouvelle vie.

« Oh. »

Que doit-il répondre ? Qu’est-ce que Mary attend de lui ? A nouveau, il se sent bête. Mais rien ne sert de mentir, de faire semblant ou d’esquiver. Pas quand il s’agit de la drogue de l’espoir, pas quand il s’agit de Cheshire.

« On travaille ensemble… sur Hope justement. On… » il hausse vaguement les épaules « on s’entend bien. Enfin je crois ? Du coup on se retrouve souvent ensemble aux ateliers. »

Et finalement, mué par un courage soudain, il profite de sa main nouée à la sienne pour le tirer vers lui. Et l’éloigner de cette piste de danse improvisée, l’éloigner des autres. Juste pour retrouver ses repères. Et s’assurer que… s’assurer que quoi ? Il se le demande bien.

« Désolé mais… ici ce sera plus calme nan ? »

Personne ne les entendra. Et puis, comme ça, il a l’impression d’avoir le privilège de s’approprier Mary. Plus aucun regard sur eux. Une intimité nouvelle où il est plus facile de délier les langues.

« C’est pas vraiment dangereux Hope tu sais ? On fait vraiment attention à ce qu’on fait… et on essaie juste… juste d’aider mais à notre manière ? Et Cheshire est certainement le plus sérieux parmi les chimistes. »

Se défendre et défendre son acolyte. Car Hope est un peu sa raison d’être. Sans Hope, Ecstasy n’aurait probablement jamais trouvé sa place. Mais après tout… cela n’aurait-il pas été préférable ? Qu’il fasse autre chose que jouer les hypocrites chez les Pirates ? Questionner son existence encore et toujours… sans jamais arriver à savoir si ses choix ont été les bons.

Résumé:

agora

Comme une braise sous la cendre « I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I've got fire in my soul
Rise up, ting ting, like glitter
I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I've got fire in my soul
Rise up, ting ting, like glitter »

( Barns Courtney → Glitter and Gold )
Bloody Mary a soudain le bout des doigts qui tremblent.
Juste le bout.
Les extrémités.

Son corps parle trop, son corps hurle et rugit, son corps se souvient. Son esprit, lui, il veut effacer. Toutes les images. Tous les souvenirs, et les morceaux de chansons, qui cognent et cognent ses tempes.

(Quel est ce froid que l'on sent en toi ?)

Ce n'est pas la première fois. Et iel avait fini par se remettre. Tout ce qui ne tue pas rend plus fort.

Ou bien la douleur l'a déjà laissé pour mort.

Quand Ecstasy l'emmène loin, iel relâche aussitôt sa main ; il la cache dans son dos, penche la tête sur le côté, et reprend son masque un peu mutin et joueur. C'est une question de dissimulation, et mettre les mots sur ce qui lui était arrivé, c'était impossible. C'est coincé dans sa gorge, et ça ne sortira jamais. Qu'est-ce qu'un mec cis pourrait comprendre de ce qu'elle a traversé ? Est-ce que si Bloody Mary lui balançait à son joli visage ce qu'elle était, est-ce qu'iel maintiendrait sur lui sa fascination ? Redoublerait-elle ? Ou bien, Ecstasy penserait - sans le dire - qu'il n'est qu'une anomalie ? Un putain de pervers.

Alors Bloody Mary fait comme d'habitude, il sourit.
I(e)l fait disparaître Marie, et reste Bloody.

(Tel est le genre que lui prête Ecstasy)

Les mains liées dans son dos, il hoche la tête, montre qu'il écoute, tandis qu'il se tend un peu. Il se grandit, cache la tension dans les épaules en se tenant plus droit. Le discours sur Cheshire lui donne envie de rire, oh, pauvre enfant. Il n'y a rien de bon en cet homme, c'est comme avec lui ; l'illusion est maintenue pour te perdre. Tu es manipulé. Oh. Bloody Mary pourrait le lui envoyer au visage, cette vérité affutée, mais il ne connait pas assez Ecstasy pour être pris au sérieux.

Et puis, ça le blesserait, non ?
Alors Bloody Mary hausse les épaules, et il répond :

« Je ne sais pas, j'en ai pas pris, et je ne compte pas en prendre, j'ai essayé l'héroïne, le LSD, le popper, et il pense sans ajouter : le GHB, pour ne pas expliquer les circonstances, il reprend : j'ai essayé, mais pas plus. »

Parce qu'il y a qu'à l'alcool qu'il revient toujours, l'euphorie sous l'ivresse n'est pas feinte. Elle est plus réelle que son souffle, elle est plus palpable que ses os. Peut-être qu'avec sa petite confidence, Ecstasy verra une main tenue, une oreille attentive. Dans tous les cas, il glisse la main dans sa poche, il attrape son paquet de cigarettes. Il en glisse une entre ses lèvres, en propose une autre à Ecstasy, et fait craquer une allumette pour raviver le feu.

Sa gorge se contracte, et il soupire profondément la fumée devant lui.

« Je ne veux pas être blessant, annonce-t-il pour demander avec franchise : pourquoi tu es chez les pirates ? Il regarde autour de lui, avant de reposer son attention sur Ecstasy. À moins que tous ceux qui finissent ici fassent partie des marginaux qui n'ont pas de place ailleurs. »

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Spoiler:

comme une braise
sous la cendre

Ca rappelle des souvenirs. De très mauvais souvenirs. Quoique… Le sont-ils réellement, mauvais ? Parce qu’il y aussi cette sensation qui lui revient, ce sentiment de liberté, ce ressenti d’être au-dessus de tout, de flotter et de tout surplomber. D’avoir l’impression que rien ne peut l’atteindre. Et ça, oh ça…que c’est mauvais d’y repenser. De replonger dans cette illusion que la solution à tous ses problèmes se matérialise dans poudres et pilules. Parce qu’il sait qu’une fois que le rideau retombe, les angoisses reprennent de plus belle et ce sont ses yeux qui prennent le risque de se clore à jamais.

« Tu as bien fait de pas… de pas faire plus. Même si Hope, c’est un peu différent… »

Elle est plus belle que jamais l’hypocrisie d’Ecstasy. Lui qui conseille de ne pas sombrer dans cette voie alors qu’il tente simplement de détourner les chemins avec un espoir mensonger. Et avec quels prétextes ? Quelles excuses ? Cela n’a plus aucun sens. Mince… qu’est-ce qu’il fait ici d’abord ? Là avec Bloody ? Chez les Pirates ? A Arcadia ? La deuxième fois qu’il a franchi la ligne, cette deuxième fois où ses paupières ne s’ouvraient plus, son cœur aurait dû arrêter de battre. Les choses auraient été certainement plus simples et censées.

Alors quand la question tombe, elle est plus que légitime. Et Ecstasy regarde bêtement Mary. Pour une fois, son regard ne se baisse pas, ses joues ne rougissent pas. Il reste planté là à ne plus savoir quoi dire et quoi faire, juste à penser qu’il serait mieux au-dessus des nuages.

« Je sais pas. »

S’est-il rendu compte qu’il vient de répondre ? Sa gorge est serrée, ses lèvres sont sèches, et le regard toujours aussi vide. Vide de sens, comme sa vie.

« J’ai jamais appartenu nulle part, alors ici ou ailleurs, quelle différence ? »

Une famille dysfonctionnelle. Un quotidien contrôlé. Une comédie perpétuelle face caméras. Ecstasy reste ce petit garçon à l’enfance volée, à l’adolescence écrasée. Et plus que jamais, il réalise que les seuls moments où le bonheur prenait le contrôle de son âme, c’était simplement quand ses pupilles étaient dilatées et son cerveau embrumé par le cacheton dont il porte désormais le nom.

« Et toi alors ? »

Il n’a pas saisi la subtilité des propos de Mary, peut-être parce qu’il ne le veut pas, ou simplement parce qu’il ne comprend pas. Qu’importe car à ses yeux, la personne face lui n’a absolument rien d’une marginale, il ne voit que le charisme et la sensualité d’un être qu’il ne serait pas capable d’égaler.

Résumé:

agora

Comme une braise sous la cendre « I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I've got fire in my soul
Rise up, ting ting, like glitter
I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I've got fire in my soul
Rise up, ting ting, like glitter »

( Barns Courtney → Glitter and Gold )
Un peu différent ? Ah... Ecstay lui tire un sous-rire.
À peine perceptible, difficile à dire,
Ce qu'il cache, ce qu'il dévoile, le pire ?

C'est l'ironie qu'il sent à travers tous ses muscles. Il ne sait pas ce qu'ils voient, ceux qui sont épris par l'Espoir. Il ne veut pas explorer cet univers, où toutes les choses sont normales - ce serait prendre le risque de la voir danser, sourire, la percevoir chanter sur scène.

Tu sais, elle.
(Toi.)

Ce fantôme d'un passé qu'il ne veut pas oublier. Alors Bloody Mary laisse Ecstasy se confier, il se doute que sa peine est plus grande que ce qu'il démontre ; il le sent à travers sa voix, ses regards. Les silences racontent plus d'histoires que les tirades ; ils n'ont aucune comédie. Il se demande si le petit ne veut pas écouter, ou s'il préfère faire comme si ses mots n'avaient pas de sens. Et il retient son amertume, il retient toutes les pensées qui le traversent, et font secouer sa cruauté, la réveille.

Ah oui, vraiment ?
Dis Ecstasy, c'est qui que tu bernes avec ton hypocrise ?
C'est Bloody Mary ?
Ah non... ça non...
C'est toi.

Et Terrence abandonne son silence dans un soupir fatigué, elle laisse le temps à ses idées de marcher. Pas à pas, il faut choisir les mots, ne pas trop en dévoiler. Ils sont tous un danger. Tous. Pour Bloody Mary, Ecstasy rentre parfaitement dans les cas, et pourtant, iel est lae mieux placer pour comprendre ce sentiment. Celui qui gratte, démange, souffle que l'on est qu'une imposture, un mensonge taillé de toute pièce. Bloody Mary peut comprendre.

Oui, elle peut.
Et elles sont là toutes les nuances.
Il peut, mais iel ne le fait pas.

Iel se renferme, encore encore, garde dans ses entrailles les angoisses et les interrogations. C'est que de l'extérieur, iel tient bien son rôle ; il a le goût du chaos que l'on prête aux pirates, et il boit pour les laisser l'approcher, pour parvenir à les serrer dans ses bras sans vouloir tous

les tuer
Bloody Mary hausse les épaules.
Il pourrait le dire.
Moi aussi, je sais ce que ça fait.
Il pourrait le dire.

Mais les mots restent cloués dans sa bouche, ils refusent de sortir ; c'est mieux ainsi.
Est-ce que tu comprendrais ? Toi qui préfères la drogue dont tu empruntes le nom, toi qui t'abandonnes aux rêves, et penses au suicide comme un avenir plutôt que comme une fin ?

Non.

Hé, Ecstasy, ça fait quoi de vivre sans peur ? De pouvoir baisser sa garde ? De ne pas penser que le mec avec qui te couche ne se retournera pas au dernier moment, et ne cherchera pas à te faire du mal ? De ne pas justifier ton existence, de ne pas devoir expliquer ce que tu es.
De ne même pas te poser cette question.
Qu'est-ce que je suis ?
(Une anomalie)
Femme ou homme ? Les deux souvent, parfois l'un ou l'autre, et quelques fois, on est rien.
I(e)l sait ce que tu vois, ce que tu veux voir, alors i(e)l fini par donner ce que tu demandes. Il sourit en coin, puis il explique d'un ton peu fatigué :

« C'était presque du hasard, ma rencontre avec les pirates. »

Se faire traiter de [///], le frapper avec une clef à molette, l'attacher, et l'oublier.

« Mais je ne suis pas chez moi. »

On garde les monstres avec les monstres, on se réunit avec ses soeurs Drag Queen le jour du nouvel an, et on boit
Et on pense que la vie est bien comme ça.
Soudain, on se retrouve dans cette ville pourrie. Ce serait facile, d'en parler, non ?
Non.

« Au moins, je tue le temps. »

Dis Ecstasy, quels sont les mots que tu veux entendre ? Quel masque veux-tu ?

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Spoiler:

comme une braise
sous la cendre

Un hasard. Il n’y a pas de hasard ici pourtant. Ou il n’y en a plus. Balayé le hasard avec la tempête. Les Pirates - et Bones plus particulièrement - ne connaissent plus ce mot. Ecstasy le sait mieux qui quiconque car il se souvient encore de ce jour où le leader au visage dissimulé l’avait approché. Ca n’avait rien d’une coïncidence, absolument rien. Alors que cache Mary ? Une histoire violente comme il y en a beaucoup dans leurs rangs ? C’est de coutume à présent de gagner sa place ici en usant de ses poings plus que de sa cervelle. Et les ecchymoses de Bloody n’en donnent-ils pas la direction ? Mais Ecstasy doute, comme toujours… Doute de savoir ce qui est vrai, ce qui est faux. Doute de demander. En a-t-il le droit ? Non… il se sent si peu légitime.

Et il réalise durement la distance qui les sépare tous les deux. Les silences, les secrets, l’inconnu. Ce n’est pas parce que Mary s’est approché qu’il l’a pour autant laissé entrer dans son monde. Ecstasy gravite autour, à l’extérieur. Et il a beau l’admirer, l’effleurer de ses doigts, il ne restera qu’un étranger. Difficile d’encaisser la vérité. Mais pour une fois, n’est-ce pas plus raisonnable que de se laisser bercer dans un rêve qui ne deviendra jamais réalité ?

« J’espère qu’un jour tu retrouveras ton chez-toi. Où que ce soit. »

Peut-être est-il temps que ses pas le mènent aussi autre part. Tout sauf ici. Tout sauf là où il n’appartient pas. Oui mais où ? Avoir les moyens de ses ambitions, ça lui manque cruellement à Ecstasy… Et cette situation l’emprisonne toujours plus, les fers se resserrent toujours plus autour de ses poignets, et même s’ils ne marquent pas sa peau, c’est son cœur qui souffre de cette prison.

« Et peut-être qu’un jour j’arriverais aussi à trouver le mien. »

Ou peut-être pas. L’avenir est incertain, son futur plus que jamais compromis.

Et toutes ses pensées l’accablent. Ecstasy aimerait pouvoir les balayer, rebondir sur autre chose et oublier qu’il est une anomalie. Avant, il arrivait si bien à faire semblant, à faire bonne figure, à sourire et à divertir. Avant, tout était factice, tout devait paraître si joli pour passer à l’écran. Mais avant, il y avait des pilules dans le fond de sa poche.

« J’suis désolé mais je vais devoir t’abandonner, j’suis complètement claqué, je crois que j’vais aller dormir… »

Le sommeil, sa seule échappatoire pour faire taire les murmures qu’il n’en peut plus d’entendre. Et pourtant, il aurait aimé continuer à partager ce temps avec Mary, se baigner encore dans sa lumière. Sa poitrine se serre. Mais le courage l’entraine tout autant. Alors Ecstasy se hisse sur la pointe des pieds. Ses lèvres se déposent délicatement sur sa joue, au coin de sa bouche qu’il n’oserait ô grand jamais embrasser.

« Bonne nuit Mary. »

Ses joues sont de feu, mais son sourire est doux. Un éclat de fierté et de gêne dans les yeux. Fier d’avoir eu l’audace de lui voler ce simple baiser. Et tout aussi gêné d’avoir osé le faire.

« Passe quand tu veux me voir aux ateliers… »

Un murmure avant de se retourner. Prêt à s’enfoncer dans l’obscurité de la décharge pour y retrouver sa voiture de fortune. Elle paraît si loin cette vie où il vivait dans une villa aux innombrables chambres et au luxe surdimensionnée…

Résumé:

agora

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