ivre de cendre et de poussière × (angantýr)

Un regard suffit pour comprendre que l’on a face à soi une de ces âmes dont il ne demeure plus qu’une moitié de ce qu’elle a été, l’autre étouffée depuis longtemps sous un goudron d’apathie qui perce par toutes les brèches d’une carcasse bien incertaine de savoir comment elle tient encore debout. Avec ses traits presque trop juvéniles pour son âge, Angantýr a tout de ces oubliés du monde à la foi meurtrie – si tant est qu’elle ait existé un jour – qui semblent ployer sous une croix si palpable qu’on hésiterait presque à s’approcher, de peur d’en sentir le poids sur nos propres épaules.

Les contours abattus de sa silhouette lui confèrent des faux-airs de soumission auxquels il convient de ne pas se fier : sa déférence ne va qu’à la main détenant sa plus précieuse alliée, et avec elle, le point final de ses jours si volonté lui prend de l’en priver.

Quiconque apte à lier entre eux des détails d’apparence insignifiants saura déceler l’aliénation dont il est question, même sans l’évidence des morsures de seringues qui lui parsèment une peau farouchement couverte en toute saison. Non, la trahison viendra de ces yeux fuyants aux pupilles parfois douteusement trop étrécies, de ces mots qui trébuchent et perdent leur sens, de cette triste négligence de l’apparence aux ailes d’une estime en chute libre – ou peut-être simplement des mensonges qui lui bordent les lèvres dès qu’il s’agit de d’assurer la pérennité de sa subsistance.

Il y a eu quelqu’un d’autre avant la dépendance, de ça il a encore conscience. La réalité de ce(lui) qu’il était s’est peu à peu noyée sous une blancheur trompeuse qui l’a refaçonné à son gré, en se rendant indispensable, en régissant ses gestes et ses pensées suivant la longueur de leur séparation. Angantýr se rappelle, quelquefois, d’un temps où il nourrissait encore des désirs bien différents de cette obsession constante de se prémunir contre la demi-mort du manque, où il arpentait ce monde avec la nonchalance qui l’a toujours caractérisé ; il lui arrive de vouloir y retourner, avant d’aussitôt l’oublier.


héroïnomane notoire × en est à un tel niveau d'addiction qu'un arrêt net de sa consommation le tuerait × devenu le toutou des Pirates car ce sont les seuls qui peuvent le fournir × ferait n'importe quoi pour avoir sa dose × estime être beaucoup trop dépendant pour espérer réussir à se détox un jour × plus lucide sur sa situation qu'on pourrait le croire × ne pas trop se fier à ses airs de chien battu × naturellement solitaire × se cherche toujours un coin isolé pour prendre sa dose, comme un animal farouche × jamais aussi loquace que lorsqu'il plane × désillusionné × nourrit une vision plutôt pessimiste du monde × a la confiance rare × très curieux × a tendance à laisser traîner ses oreilles un peu partout × passe son temps libre à farfouiller dans les maisons abandonnées × passe rarement deux nuits au même endroit × a perdu une de ses canines supérieures, mais déteste qu'on le lui rappelle × cliniquement kleptomane × a le don pour piquer les mauvaises choses aux mauvaises personnes × vous a probablement déjà subtilisé quelque chose × ne s'en rend compte qu'après coup × s'il sait que c'est à vous, il viendra vous le rendre (mais pas s'excuser pour autant) × sinon, considérez que c'est perdu × trop imprudent pour que ce ne soit pas soupçonneux × né photophobe × cherche donc toujours à être à l'abri de la lumière × la tempête a aggravé ses symptômes au niveau des yeux, qu'il cache soigneusement sous ses cheveux × s'est dégoté il y a peu un chapeau à très larges bords qui lui rend bien service × pas si perturbé que ça par la disparition de l'électricité et de l'eau courante, pour avoir déjà vécu dehors × estime de soi sous la surface du sol × couvert de griffures auto-infligées, à cause du prurit qui vient avec le rush d'héroïne × ne supporte pas de dévoiler sa peau en grande partie à cause de ça × se révèle un menteur très convaincant quand il s'y décide × a le mal du pays même s'il ne l'avouera pas × tuerait pour une conversation dans sa langue natale.

1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ? Angantýr n'était qu'un pérégrin, arrivé ici au hasard d'heures de marche en bord de route et d'un trajet en car branlant. C'est à peine s'il savait comment les lieux furent baptisés, tant il n'y voyait qu'une étape de quelques jours sur la griseur d'un parcours sans fin.

2Tu faisais quoi avant la tempête ? De la survivance parjure dans de multiples cités trop orgueilleuses pour tolérer qu'on dorme dans leurs rues.

3Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ? Les éclairs, flashes de lumière et autres violentes étincelles de câbles électriques sectionnés ont causé l'aggravation de la photophobie avec laquelle il a vu le jour : d'une lumière trop puissante ou encore trop prolongée peut désormais résulter une cécité temporaire.

4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ? Sa grande carcasse était étendue sur la paillasse d'une des cellules du commissariat, où l'on venait de le mettre en garde à vue pour possession de substance illicite et refus d'obtempérer à un contrôle d'identité.

5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? Celle d'avant la Tempête ? Non. Celle d'avant l'héroïne ? Non plus.

6Exerces-tu un métier ou des activités particulières dans ce nouveau monde ? Rien de notable, si ce n'est être devenu le pantin des Pirates pour mériter ses doses.

7Pourquoi n'as-tu pas rejoint une communauté de survivants ? Cette ville et toutes les âmes qu'elle compte lui sont de parfaites inconnues. Ajoutons à cela le fait qu'il a tout de l'animal farouche, et qu'un camé inspire rarement une confiance aveugle aux bonnes gens.

8Que penses-tu des groupes qui s'organisent ? Assez peu de choses, en vérité. Il est même plutôt louable de subsister à la lueur d'un objectif commun, quel qu'il soit – tant que cela ne porte pas atteinte à celui des voyous qui le maintiennent en vie.


ᛘ – maðr – humain. Rude arrivée parmi les hommes que de succéder à un aîné promis aux petites heures de la nuit et les ayant finalement trompées. Être tiré du ciel pour pallier à un manque qui n'est jamais survenu, c'est une chose qu'on ne peut ignorer. Ça se ressent, d'abord ; puis ça s'entend dans la bouche d'adultes qui se croient à l'abri des oreilles juvéniles, et enfin ça se constate, avec une gravité qui ronge les os et qui nourrit sans discontinuer la certitude qui s'est établie : on est l'enfant de remplacement.

ᚼ – hagall – grêle. La gangrène a planté ses serres et se répand, implacable. À ce frère qui le prive de son utilité en restant en vie, Angantýr n'a rien de bon à offrir. Toutes les brimades et tous les sabotages du monde ne parviennent ni à atténuer son mal, ni à égratigner leur cible qui ne leur oppose jamais plus qu'un haussement d'épaules fataliste, plein d'une douce indulgence à l'encontre de ce qu'il considère comme des impairs de cadet jaloux.

ᚱ – reið – voyage. Ces méchancetés infantiles se meuvent en éclats d'adolescent perturbé, puis en une rancœur plus adulte, plus contenue, assourdie par les injonctions à l’innocence d’un pays qui refuse à sa jeunesse les catalyseurs de sa colère. Angantýr a le cœur qui lui crie de partir et de tout oublier, de laisser derrière lui ce foyer qui lui donne la nausée. C’est la tête la première qu’il se précipite dans un programme d’échange estudiantin, avide de traverser les océans à la rencontre de ce rêve américain où tout est permis – et où il se découvre suivi par un aîné que toutes les disputes et toutes les menaces du monde ne sauraient décourager, tout attaché qu’il est à veiller sur son cadet et sa désespérante propension à accorder aux plus grands ennuis les traits des meilleures idées.

ᚴ – kaun – ulcère. Les bonnes intentions sont impuissantes face aux ressentiments. Rien, pas la moindre persuasion n’a pu empêcher cet esprit ravagé de poser les pieds sur une pente dont l’étreinte salutaire dissimule une raideur et une noirceur grandissantes. Tout semble inoffensif, au début : quelques dollars suffisent pour inhaler le remède aux vicissitudes de la vie et se sentir la force de conquérir un monde abhorré. Angantýr en était ivre, de cette puissance, le soir où il a offert de partager un peu de cette alliée artificielle avec un aîné qui ne pouvait se résoudre à perdre la face – pour au final y perdre bien davantage : d’abord la conscience, puis la respiration, et enfin l’éclat de sa carnation. Ce soir-là, Angantýr s’est emparé de la place qui lui revenait. Et ça l’a terrifié.

ᛁ – iss – glace. Il a disparu aux yeux du monde, en laissant derrière lui papiers et possessions, sans même savoir ce qu’il est advenu du corps tiède qu’il a abandonné à son triste sort. Son immaculée maîtresse n’en est devenue que plus rude, plus insistante, exigeant désormais de lui consacrer une petite fortune que de menus larcins peinaient à réunir. C’est pour la baigner de tous les atours que l’anonyme qu’il était désormais a trouvé refuge dans des squats et autres fissures urbaines mal famées, sans jamais demeurer trop longtemps au même endroit : la conscience du coupable lui soufflait de changer régulièrement de quartier, puis de ville. Où qu’il aille, toutes ces ruelles de misère lui semblaient bien identiques avec leur béton craquelé et leurs tags fluo qui lui tenaient la main lorsqu’il s’en allait par-delà le voile de la réalité, les narines poudrées et le sourire béat. Il n’y avait dans ces instants privilégiés plus de matelas mités ou de couvertures trouées, plus de sol jonché de cuillères pliées et de seringues usagées — rien qu’une douce torpeur toxique qu’on s’efforçait de faire durer dans l’espoir qu’elle estompe pour de bon les revers qui venaient irrémédiablement la rattraper ; rien qu’une tiède langueur qu’on traînait parfois dans des coins sombres où l’on s’étreignait entre exilés en se promettant, entre deux souffles, de refaire le monde.

Version de la clarté :

Bjr j'ai été baptisée Kaiba apparemment et on peut rester là-dessus comme pseudo parce que ça m'a bien fait rire c'est Rotty qui m'a montré le chemin !

Je vous propose un perso qui a été avorté sans être joué sur un précédent forum, tout remanié pour coller au vôtre, j'espère que vous l'aimerez (parce que moi en tout cas jvm déjà)

J'ai essayé de garder une longueur raisonnable, parce que j'ai toujours tendance à écrire des romans et à un moment j'ai conscience que les fiches longues ça décourage. Et que trop de facts tuent les facts mdr