wonderful night (ft. Akhilleús)

wonderful night | octobre 2019

Enfin, après une année à constamment bouger, une année à être fatigué de ne pas avoir un toit en permanence au-dessus de sa tête, il se posait. Et il espérait de manière définitive. Oh c’était une aventure et il n’était pas seul, mais évidemment que ça jouait sur le moral et surtout, leur relation. Ils avaient besoin de stabilité et Arcadia Bay était la réponse à leur problème. Du moins, semblait l'être. Achilles était incapable de l’expliquer, il avait juste su au moment où la voiture avait dépassé le panneau. Peut-être qu’il se trompait complètement mais si il n’essayait pas, jamais il ne saura. Alors ils s'étaient arrêtés dans cette ville de l'Oregon, sans réellement savoir quoi faire après. Depuis le début, tout n’avait été qu'improvisation de toute façon et ils s’en étaient toujours sortis. Pourquoi est-ce que ça serait différent cette fois ?

Voilà donc quelques jours qu’ils étaient installés dans un hôtel du centre ville et ils avaient passé une majeure partie de ce temps à se reposer et à manger des chips devant les quelques émissions que leur offrait la petite télé de leur chambre. Avoir un lit et de l’eau chaude était agréable mais rester enfermer était vite devenu étouffant, alors Achilles avait par proposé qu’ils partent en exploration. Ou du moins, qu’ils passent une soirée à l’extérieur, quelque chose qui ressemble à un date, pas à du camping. Il ne se souvenait plus de la dernière fois qu’il avait passé du temps avec David, sans que l’angoisse prenne le dessus parce qu’il y avait encore un problème avec la voiture ou parce qu’ils étaient incapable de trouver un endroit pour dormir ce soir-là. Et pour la première fois depuis un moment, cette boule au ventre avait disparu. Alors il voulait en profiter.

Le soir commençait à pointer le bout de son nez quand la plage apparut devant eux. Sa main dans celle de David, il s’empressa de le tirer avec lui sur le sable. Il grimaça quand il sentit les grains se glisser dans ses baskets et il se sépara du brun juste le temps d'enlever chaussures et chaussettes pour laisser ses orteils s'enfoncer dans le sable, observant avec des yeux d'enfants le début du coucher de soleil. Il était facile d'oublier qu'il n'avait que dix-neuf ans, même lui l'oubliait parfois. Mais pas ce soir, il pouvait se comporter comme les ados de son âge et oublier ses problèmes d’adulte. Un baiser sur la tempe de son copain et il soupira :

— On peut rester ici toute notre vie ?

@Akhilleús

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résumé:

Pour la première fois depuis longtemps, David s'était autorisé à fermer les yeux. Guidé par la main chaude d'Achilles dans la sienne, et le savant marcher devant lui, il avait accepté de comme s'endormir debout, uniquement balloté par le mouvement régulier et automate imposé par son petit-ami. Lui-même mettait un pied devant l'autre pour garder le rythme de leur avancée mais durant ces courtes secondes où il avait fermé les yeux, et où ne s'étendait à sa vue qu'une surface unie de beige foncé, David songea qu'il s'agissait là de la première fois depuis longtemps qu'il concevait tout à fait le bonheur.

L'odeur du sel marin l'exalta et il rouvrit finalement les paupières. Eclairci soudain par cette fin de soleil et même ébloui par la plage orangée, il revint soudain au niveau d'Achilles et ôta même le premier ses chaussures et ses chaussettes ; les prenant à la main, il glissa aussitôt à nouveau son autre main dans la sienne, et il serra ses doigts. David ne regardait que la mer, et comme s'il ne l'avait jamais vue ; pourtant il la connaissait bien mais il ne l'avait jamais vue si scintillante, si joliment auréolée de rose, et cette vue le ravissait tant qu'il songea que peut-être avant il n'avait jamais vraiment vu la mer, qu'une simple imitation de la mer, et que peut-être qu'il y avait encore mille choses dans la vie qu'Achilles et lui avaient à découvrir vraiment. Cette seule pensée l'émut beaucoup et il ressentit le besoin puissant de regarder Achilles pour l'admirer au couchant.

Le visage d'ordinaire stoïque de David se brisa soudain d'un sourire large. C'était comme s'il allait se mettre à rire ; d'ailleurs, il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas souri autant. Lorsqu'Achilles lui embrassa la tempe, David passa ses bras autour de sa taille et le serra fort contre lui, dans un geste rare.
D'accord. On a qu'à faire ça. Là-dessus, enfin, il rit pour lui-même. Son étreinte se desserra et il s'écarta juste assez pour obliquer sur Achilles un regard malicieux : Mais j'ai pas envie de penser à ça maintenant. Pour eux au crépuscule point d'avenir, point de souci, point d'hôtel et point de voiture : leur monde désormais ne devait être constitué que de la plage, et David l'y circonscrivait résolument.
Viens dans l'eau avec moi. Non, attends, sa main lâcha soudain la sienne pour qu'il commence à retrousser les bas de son jean et son sourire s'affirma en des airs plus malins, le dernier à l'eau fait la vaisselle ce soir. Go ! A la déloyale, il prit aussitôt son envol et se mit à courir à toute haleine vers l'eau sûrement trop froide pour s'y baigner - Achilles, plus athlétique, le battrait sûrement, mais David pensait ce soir que tout était possible.

wonderful night | octobre 2019

David ne souriait jamais beaucoup et encore moins ces derniers jours, pourtant c’était la chose que Achilles aimait le plus voir au monde. Mais là, main dans la main, à se promener sur la plage, le bonheur était clairement visible sur son visage et Achilles ne s’était jamais senti autant amoureux qu'en ce moment même. Ils allaient être heureux ici, il n’y avait plus de place pour le doute.

Il soupira en sentant David resserrer son étreinte et ferma un instant les yeux pour profiter du moment. Quand le brun s’éloigna de lui, une petite mou se dessina sur son visage, rapidement suivi par de la confusion. Se baigner, maintenant ? Mais il n'eut pas le temps de protester car le brun lâcha sa main et s'élança vers les vagues. Achilles n’attendit pas pour se mettre à courir également, laissant sa paire de basket derrière lui.

— Eh c’est de la triche ! s'écria-t-il, incapable de retenir son fou rire.

Mais David était déjà loin et prêt à gagner. Achilles abandonna son sweat en chemin et se débattit avec son pantalon pour remonter les bas le plus possible, manquant plusieurs fois de trébucher et tomber sur le sable. L’océan se rapprochait dangereusement et David avec. Il aurait pu accélérer et se jeter à l’eau mais il changea sa trajectoire et se rapprocha du brun. Il finit par l’attraper et gloussa :

— Allez, viens avec moi dans l’eau, tricheur !

Ses bras autour de la taille de son copain, il l’entraîna avec lui vers l’océan. L’idée initiale était de ne pas réfléchir et se jeter ensemble dans les vagues mais le froid de l’eau lui mordit les chevilles et il se mit à hésiter. Sans lâcher David, il posa son menton sur son épaule et lui demanda :

— T’es sûr que tu veux te baigner ? Elle est un peu froide, non ?

De nature compétitif, il suffisait que David sous-entende qu'il ait peur pour qu'il en oublie le froid. Mais si lui devait aller à l'eau, ils iraient à deux.

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A cet instant, il se fichait de tout. Du poids des jours qui passaient et des obligations sans fin, de la nuit qui venait et de l'eau froide qui alourdissait les bords détrempés de son jean, David n'avait à ce moment-là précis du temps rien à faire. A cette heure de la fin du jour, son visage était ébloui en éclairs d'orange et se fendait d'un sourire d'une légèreté presque étrangère. De la même façon, lorsque Achilles se détourna de sa trajectoire pour le soulever de terre — sans mal, David n'était pas bien lourd — il semblait que cela s'opérait comme une action inévitable et toute naturelle de l'ordre des choses. Pour cette raison, David ne se débattit pas. Il se contentait de rire en s'agrippant à ses bras sans les repousser, ni les accepter tout à fait ; sa résistance n'était que d'apparat. Au contraire, son ton, enchanté, s'éleva dans le ciel comme un cri d'oiseau, et jurait au nez des habitudes :
Quoi ! Achilles, tu as peur ?
Il le regardait avec des yeux ronds, l'air d'exagérément le sous-estimer, mais il ne tardait pas à sourire encore, d'un sourire trop rare et trop singulier pour être faux.
Qu'est-ce que ça peut faire ? On aura froid ce soir de toute façon. Si tu ne veux pas te baigner, repose-moi, j'irai seul. Comme intimant un ordre à un géant inhumain, il claqua légèrement le bras d'Achilles, sans violence mais d'un geste qui veut dire "repose-moi !" aux subordonnés. Lorsque le rouleau d'une vague se détachait du flot et s'élevait plus haut que les autres, l'eau froide venait lui caresser les orteils, et David était alors parcouru d'un frisson de la tête au pied, discret mais inarrêtable comme une électrocution. Il ne regardait que l'horizon, un horizon qui prenait feu doucement et qui était sans fin ; cette vision apocalyptique lui était paradisiaque et signe d'un espoir inexplicable.
Mais je préfèrerais que tu viennes. Ce n'est pas drôle de se geler seul.
Il raffermit sa prise sur les épaules d'Achilles et David reprenait alors un air connu : son sourire était quelque chose de plus fin, comme estompé par le crépuscule, et il appuya son front contre celui d'Achilles dans une union délicate, sans le quitter des yeux. Il le fixait avec une passion stable. S'il te plaît ?

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Un sourcil qui se haussa face à ce sous-entendu et il n'en fallut pas plus à Achilles pour prendre un faux air blessé et s’exclamer :

— Moi ? Avoir peur ? J’ai peur de rien !

Qu'est-ce que ça peut faire ? Il avait envie de lui répondre : attraper une pneumonie et mourir, mais ça voulait dire lui donner raison. Alors Achilles se contenta de marmonner des paroles sans réelles sens, juste parce que derrière son physique déjà impressionnant pour son âge, il restait un grand enfant. Mais ça ne prenait pas avec le brun qui finit par lui demander de le lâcher pour lui montrer que lui était prêt à affronter le froid de l'océan. Achilles ne le fit pas se répéter et le libéra avant de croiser les bras.

Il aurait voulu continuer à râler mais quand David posa ses mains sur ses épaules, son corps fut parcouru de frissons et quand son front se posa sur le sien, son cœur rata un battement. Il était le seul à pouvoir le rendre vulnérable comme ça. Il avait détesté ce sentiment pendant un moment mais plus maintenant, ça le faisait juste sourire. Il en oublia pourquoi il essayait de lui en vouloir et ses mains glissèrent sur la taille de son copain et son visage se rapprocha du sien

— Ok, d’accord mais avant… souffla-t-il.

Et au moment où il allait l’embrasser, une vague plus grosse que les autres trempa entièrement son pantalon et il recula, surpris par la froideur de l'eau.

— J’crois que l’océan veut aussi que je me baigne, marmonna-t-il, à moitié vexé d’avoir été interrompu.

Il déposa quand même un rapide bisou sur les lèvres du brun avant de se débarrasser de son t-shirt, son pantalon étant déjà mouillé. Il le posa à côté de ses baskets, avant de se diriger de nouveau vers les vagues qui semblaient prêtes à l'accueillir. Il ne se retourna que quelques secondes pour faire signe à David de le suivre avant de se jeter à l'eau en criant.

@Akhilleús

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