Héritage Détourné - Ft. Bambibou - 15 Mars

Dans les rues sales, il y a ce minois désœuvré. Les restes de la carcasse de la ville qu’elle a tant aimé. Son ancien travail inachevé, les projets injustes appliqués par les politiques qui ont causé la mort de tant de personnes, et la bêtise humaine de ceux qui n’ont su résister. Depuis son retour dans les rues de la cité, elle ne sait plus combien de temps elle est passée dans les rues principales, les grandes artères pour tout redimensionner… Elle n’a pas les compter les heures où dans la nuit, éclairée par la bougie les petits traits elle ancrait. Maintenant c’est les petites veines qu’elle doit recenser. Cependant, il y en a tant, qu’il est dur de les compter… Les anciennes adresses sont-elles toujours d’actualité ? Peut-on dire de même pour les logements ? Sont ils habitables ou à disqualifier ?

Il y a peu de temps, elle a retrouvé une personne qu’elle aimait… Elle ne sait pas ce qu’il adviendra d’elle à l’avenir, car elle n’a déjà plus de nouvelles, et ça ne peut pas finir… Alors, elle se contente de s’en ravir. Elle ne sait pas, que même si elle attendra des mois, Jules ne reviendra pas. Parmi les greens, Metailurini ne fera pas vraiment les cents pas. Elle continuera d’attendre, un message, son retour, quelque chose comme ça, sans jamais la revoir, pendant encore des mois.

Edison a sur elle, son équipement habituel. Son habillement qui remonte jusqu’à ses mains, ce soir au milieu de l’ancien rêve contemporain. Ses feuilles de papiers toutes accrochées au même support. Un crayon qui commence à s’user, des outils de mesures diverses et les anciens écrits touristiques trouvés à l’aide de son allié. Elle n’aurait jamais cru rester avec lui. Elle Si elle l’a contactée, par le passé, c’était seulement par intérêt. Elle ne sait pas pourquoi il est resté, et il a tenu à l’accompagner, Bambi… Alors elle se contente de le saluer.



Doivent-il s’accoutumer et faire semblant de demander si ça va, alors qu’il n’y aucun intérêt ? Après tout, elle restera dans le déni, et lui dira simplement que oui.

Edison… N’a jamais compris pourquoi les gens tenaient à l’accompagner si ce n’est pas pour la protéger du danger. Le danger est partout, surtout depuis que les événements surnaturels ont pris le pas. Ceci-dit, Edison ne s’y intéresse pas  totalement. Le travail passe avant. Alors pourquoi vient-il éprouver son travail ? Ce sont ses moments. En réalité, elle n’avait pas vraiment besoin d’aide pour repérer toutes les artères bouchées, les rues crucifiées par les bâtiments écroulés.

Les gens partent si vite qu’il ne vaut mieux pas s’y attacher. Il ne vaut mieux pas être déçu ou bien même entaché par un autre sentiment… Cela empêche d’obtenir de bons résultats, de se prendre dans ses sentiments. Bien que la présence tardive de Jules dans la vie la rend un peu plus douce que durant le reste de cette nouvelle vie.

Plaisir ? Edison ne comprend pas non plus pourquoi est ce un plaisir. Aimes t-il la voir travailler ? Ils ne sont pas si proches que ça, alors elle a du mal à savoir pourquoi.Ses yeux dorés en sa direction semblent sceptiques, ils se posent beaucoup de questions, mais avec ses propres pensées sont en oppositions. Elle n’a pas le temps de s’occuper de ce pensent les gens…

Elle regarde son sourire pendant quelques secondes avant d’apercevoir le petit animal qui gambade à leurs côtés. Sa tête est soudainement ornée d’une réponse assurée. C’est une promenade pour son petit chien, tandis que lui est handicapé. La cartographe espère qu’elle ne sera ralentie…



Body ne s’inquiète pas vraiment pour Bambi, plutôt pour son avancée… C’est son propre corps qui doit tenir le choc. Il est déjà abîmé et depuis sa sortie de l’hôpital, elle a perdu poids. Ses jambes ont pris un peu de muscles, mais le gras n’est plus présent depuis le temps… Elle a commencé à se sous nourrir, mais elle arrive encore à bien dormir la nuit. Elle saute des repas, quand le moral n’est pas là, quand il n’y a pas de résultat. Et Edison, ça ne l’inquiète pas tant que ça… Un peu quand elle se sent partir, quand elle se sent tombée.

Ne pas s’inquiéter des autres, Edison sait le faire. A vrai dire, elle ne s’occupait plus de grand monde. Jules avait disparu depuis déjà un bon moment, et cela rimait bien à trop de tourment. Les hommes, les femmes, les gens, lui font perdre peut-être un peu trop son temps. Alors, elle hausse les épaules, et continue de vouloir avancer, de se confondre dans son travail sans jamais trouver le besoin de s’arrêter. Il est plus facile de regarder quelque chose de flou, d’abstrait plutôt que d’admirer ce corps qui semble peu à peu crever.

Au fond, elle est déjà morte Body depuis que de l’hôpital elle est sortie. Les premiers mois furent compliqués, à aller à la piscine pour regarder les regards curieux, son regard dégoutté devant les miroirs qu’elle a finit par fuir pour ne plus se voir. Elle ne se lave plus qu’à l’eau chaude, chauffé sur un vieux poêle dans son hangar, au feu de bois. Elle mange moins, pour consacrer plus de temps à sa seule conviction : son emploi. Sûrement, parce qu’elle considère qu’il ne lui reste plus que ça.

Quand Bambi lui pose la question des passages dangereux, la femme plisse les yeux.

- Je le ferai si j’en ai besoin. Fais attention à ton chiot dans ce cas, tu ne pourras pas le sauver s’il tente de se coincer quelque part dans ton état.

Bien sur, si le chiot se coince il n’est pas sous sa responsabilité, mais c’est bien Bambi qui a décidé de le mener ici. A t-il bien réfléchi ? C’est la question que se pose notre corps par le passé endolori. Le pire étant la dernière phrase de l’homme. Compte t-il vraiment l’embêter s’il n’a pas son bout de bois ? Edison n’est pas bien sûr de comprendre, elle commence simplement à secouer son visage de gauche à droite pour commencer à marcher. Ils sont dans un anciens lotissement avec de nombreux petits immeubles et des chemins qui semblent sans fins. Les toits sont arrachés, les murs sont perforés parfois… Il y a des passages qui s’offrent là. Une ancienne carte de la ville dans ses mains, Body inscrit dessus les changements, les fluctuations, les évolutions premières qu’elle peut remarquer. En réalité, plus grand chose n’est habitable ici on dirait.

Cela ne lui fait rien, elle ne vivait pas ici… Elle n’est jamais retournée où elle vivait autrefois. Il ne vaut mieux pas voir, ne pas se morfondre dans les beaux espoirs.

Body n’a pas le temps avec les jérémiades. Les sentiments, les ressentis, c’est source de trouble et ça la gêne. Pas de rancune, toujours la même rengaine. Elle n’a pas besoin d’être traversée par la peine. Elle n’a pas besoin de prendre les tourments qui rendront sa participation vaine. C’est ce qu’elle pense en jetant un coup d’œil à sa blessure. Il ne doit pas la déranger, il ne doit pas la ralentir. Ni même ce chiot, qui risque d’être un peu capricieux. Si Edison a toujours préféré les chats, c’est peut-être pour cela. Les chiens demandent trop d’attention, ils collent toujours trop, à foison. Ils abîment les objets régulièrement, alors que les chats ont ce côté plus indépendant.

Avait-il besoin de vraiment le mener ? Ce n’était sûrement qu’une excuse pour montrer son joli animal non décédé. Où est le chat d’Edison ? Elle ne l’a pas vraiment cherché. Il est sûrement mort à l’heure qu’il est. Comme les autres, comme elle, comme sa famille, comme tout ceux qui ont été victime du même accident. Elle n’a pas cherché, parce que le monde quand elle s’est levé avait déjà bien changé. Les noms ont été effacé pour des étiquettes ne reflétant qu’une part infime de la réalité et du passé. Elle n’a pas cherché les proches qui ont arrêté d’attendre qu’elle se relève des morts, qu’elle change de bord.

Elle ne croit pas l’animal qui de toute façon ne répond pas. Elle ne croit qu’en l’être humain s’il arrive à faire plier correctement son travail, à manier son destin de ses mains. Edison aimerait croire en autre chose, mais la vie lui a montré que tout ne tient qu’à un fil, et tout ce qui est instable peut la mener à sa perte : à la fin. Elle ne fait pas attention à cette gentillesse, à la tendresse qu’il échange avec le petit animal poilu pour continuer son train-train. Si bien que le petit chien la rejoint… Ce n’est pas désagréable, mais elle n’en ressent pas pour autant un réel besoin. Ses yeux ambrés suivent le petit animal qui la dépasse un peu plus loin pour les guider sur l’unique chemin.

- Blessures et terrain ne feront pas bon chemin.

Elle hausse les épaules et se contente de le croire. Bien sur, au fond de ses pensées résonnent l’idée qu’il finira par se blesser, ou que quelque chose de négatif va arriver. La loi de Murphy est une constante qu’elle préférerait éviter. Sur son support et son ancienne carte, elle met des couleurs sur les routes qui continuent de vivre, d’exister, tandis que les autres finiront par en prendre une autre. Enfin, les nouvelles voies auront une troisième couleur tandis qu’elle devra baliser un peu le terrain pour arriver à ne pas se tromper.

L’autre commence à prouver son utilité. Un ancien de la cité ? Elle n’est pas la seule à avoir œuvrer pour cette cité dans le passé ? Le littéraire et l’urbaniste s’allient enfin pour trouver un juste milieu ? Elle se tait et commence à colorier la voie.

- Bien. La voie semble totalement inutilisable en effet. Impraticable et je pense que même de l’autre côté de la voie, la voie n’est pas empruntable. Quand nous auront fait le tour, nous irons vérifier.

Ses doigts fins commencent à appuyer sur la couleur pour l’appliquer sur la partie concernée.

- D’après ce que je me souviens… C’était une zone urbanisée avec une vocation commerciale. En tout cas, l’ancienne carte n’indique pas de commerces. Elle doit être trop ancienne pour garder en mémoire les derniers aménagements du quartier.

Elle ne pose pas plus de questions que cela. Le passé est peut-être bien où il est et elle n’a l’envie d’y songer, d’y tomber. A quoi cela servirait ? Pourquoi faudrait il s’ouvrir ce qu’ils étaient ? Il est plus gratifiant d’être valoriser.
Alors elle continue le trajet et hachure les bâtiments qui se sont effondrés. Sa tête se tourne sur le côté pour remarquer qu’une seconde voie a été dévasté. Elle réitère les mêmes actions pour mieux réunir toutes les informations sur son projet. N'est ce pas satisfaisant que de s'avoir qu'enfin ils peuvent avancer ? L'expérience semble fonctionner, "travailler à deux" n'est pas si horrible, du moins pour l'instant elle peut le supporter.

Body écoute les paroles de Bambi, mais c’est sans intérêt.

Un sourcil se dresse tandis que l’autre est immobilisé. Elle n’est pas intéressée par ce que faisait de petits inconnus dans un café. Ses yeux passe alors sur le petit chien qui est toujours à leur côté. Edison regrette : elle pense sûrement qu’il va s’arrêter à chaque endroit pour raconter la vie du quartier, mais elle n’en à que faire ? Pourquoi ne s’exprime t’il pas sur le papier pour intéresser des lecteurs, ils seront attirés par ces histoires d’antan qui suivent un destin tragiques suite à la tempête : ce sont des comorbidités. Elle se demande comment fait-il pour survivre dans la réalité s’il est toujours plongé dans un monde qu’il ne pourra jamais toucher ? Edison ne comprend pas vraiment cela, elle phase sur la dernière phrase avant de prendre une décision.

- C’est du gâchis. Nous devrions aller voir si cette archive est totalement détruite ou si des documents ont été sauvegardés.

Elle le ramène à la réalité.
Ils ne sont pas ici pour batifoler pour un univers passé, une page d’un livre arrachée.
Ils ne peuvent que réécrire le futur en s’immergeant d’un présent concret.

- Je pense que le bâtiment n’est plus là.

Déjà partie, et peu de temps arrivée après, il n’a plus rien qu’un hommage au passé. La brune n’est pas satisfaite du spectacle qui s’affiche devant ses yeux. Elle n’oserait pas s’aventurer dans les décombres pour fouiller les bouts de papiers qui sont sûrement illisibles depuis la mauvaise conservation de ces derniers. Elle se mord la lèvre et gratte sa nuque.

- Continuons. Il faut repartir.

La carte est mise à jour : plus de ratures que de souvenirs.

Body, c’est un corps vide, et plein à la fois.
Body, c’est le corps qui est tombé autrefois.

Pourquoi la nomme t’on Body comme ça ?

Lorsqu’elle a été retrouvé pour aller à l’hôpital… Tout le monde a oublié au fil des mois, son nom, son identité. Elle n’était plus qu’un corps sans âme, dont on n’attend plus de ce dernier le réveil.

Madame Stone, Madame Stone… Edison. Stone.
Puis, dans la pierre a été gravé le corps… Comment va le corps ? Tu t’es occupé du corps ? Le corps n’est pas encore mort ? Le corps. Body. The body. The corpse. Le cadavre ambulant, pour ses plaies, pour son côté peu rassurant. Peut-être qu’elle n’aurait pas du se réveiller, peut-être qu’elle n’aurait pas du revenir. Néanmoins, elle n’a jamais pu tout contrôler. Elle a commencé ce qu’elle doit finir.

Si Bambi ne comprend pas Body, elle ne comprend pas bien l’autre aussi. A contrario, elle a tendance à s’en moquer. Peu de gens l’intéressent en réalité. Le blond ne fait pas vraiment parti de ses centres d’intérêts. Comme beaucoup de personne, il n’est qu’un outil. Elle ne cherche pas forcément à se rapprocher de lui.

Les yeux de la femme continuent de noter : ce qui existe encore, ce qui n’existe plus.
Est-elle encore en vie, où à moitié déconstruire comme ce bâti classé en U.  ((Urbanisé))

Ses oreilles écoutent les paroles de lu bibliothécaire. Elle ne comprend pas vraiment ce qui le pousse à se mêler un peu mieux de ses affaires. Elle arrête de marcher et tourne sa tête vers lui.

- Oui, ça me plaît.

Le plaisir, qu’est ce que c’est ? Il ne devrait pas s’attendre à plus de sa part. Ce n’est qu’un mensonge, parce que ça fait longtemps qu’elle est loin de ses émotions. Elle n’arrive pas à s’en approcher, elle n’arrive pas à accepter, elle n’arrive plus à s’écouter. Combien de temps cela fait qu’elle n’a pas rit ? Combien de temps cela fait que de vraies larmes sur ses joues n’ont pas coulée ? Edison… A oublié.

- C’est… Bien j’imagine. Je n’éprouve pas vraiment l’envie de me changer les idées.

Qu’est ce qu’elle pourrait dire de plus ? Sérieusement ? Il a le droit de s’offrir à d’autres passes temps. Après-tout, ce n’est pas elle qui va changer quoi que ce soit à son emploi du temps. Il n’est pas vraiment venu pour l’aider, c’est ce qu’elle en conclu, elle est toujours seule au milieu son laborieux projet, celui qui la dévore depuis maintenant un peu trop longtemps.

- Je…

Edison fronce les sourcils. Parler d’elle même en dehors du travail n’est pas chose aisée. Elle ne comprend même pas l’intérêt. Son visage neutre regarde sur le côté. Ce serait trop égoïste d’exprimer ses sentiments, alors que l’on a tant de choses à faire. Il ne faut pas perdre de temps. Elle essaie de ne pas se comparer, car elle est dure avec elle même et les flatteries ne font pas en elle l’effet d’une étincelle.

- Je suis loin d’être parfaite. Comme tout individu. C’est bien d’avoir conscience de ses défauts, ça permet de travailler dessus et de s’améliorer. Tu devrais lire à ce sujet, si ça t’intéresse. Je pense que je ne suis pas la meilleure personne pour exprimer ce que je ressens.

Ses pas s’enfoncent encore un peu plus dans les vieux bâtiments. Elle s’arrête encore quelques secondes pour noter de nouvelles choses et fronce les sourcils lentement.
Qu’est ce qu’attend Bambi ?
Elle n’est que difforme, Body.
Sa personne n'a pas d'intérêt.

Elle ne répond pas à la première phrase. Les émotions ne l’entravent plus. Elle s’en est éloignée pour se maintenir dans son activité, pour en quelque sorte se protéger. Bien sûr que sur le long terme, ce n’est pas une bonne idée, néanmoins, il est plus simple de tout faire taire plutôt que de ressentir du chagrin. Si elle est heureuse ? Elle n’en sait rien. Elle imagine que oui, que c’est ça son bonheur. Affronter l’imperfection, l’une de ses peurs.

Contrairement à Bambi, Body ne sourit pas. Elle se contente de rester les mains clouées dans les feuilles de papier, dans les crayons, dans les tracés. Si elle ne dit rien, c’est sa manière bête et simple d’aquiesser. Ce n’est pas un manque d’attention, mais elle se sent pas le besoin vocalement de valider. Ca se voit qu’elle est épanouie, elle n’a pas le besoin d’en rajouter.

- Et bien… Nous sommes différents. Je n’aime pas vraiment s'éparpiller. Le temps s’écoule rapidement et il ne faut pas le gaspiller.

Ses yeux dorés lui adressent un curieux regard.
Elle ne le comprend pas, elle se sent dans le brouillard.
Cette amabilité, cette proximité, elle ne l’a jamais quémandée.
Simplement, elle ne sent pas connectée à son corps, à l’homme qui l’appate dehors.

- Peut-être devrais tu te recentrer sur tes priorités. La passion est pourtant vouée à mourir, comme le reste. Un objectif est crée pour être atteint.