undercover - oneshot - 07 octobre

Pour crier, il n’y a pas d’enseignes.
Les sermons d'avant ne règnent.
Ils ne sont plus, les espaces où les larmes baignent.
Aujourd’hui, les plaies ne saignent plus...
Elles ont pris le temps de cicatriser,
Et même si la peau est plus dure,
Même si les temps ne sont plus sûrs
Elle ne se sent plus capable d’avancer.

A reculons, elle a cherché,
En vain…

Ses lèvres suspendues dans un long silence,
Elle se résout progressivement à une évidence…
Pourquoi continue-t-elle de lutter ?
Pourquoi continue-t-elle de se battre ?
Son visage exprime toujours cette douleur couleur acariâtre.

Jessie aussi aurait du y passer,
Jessie ne se contente plus que d’y penser :
La mort a dû l'embrasser.
La mort, la revoie encore.
La mort, a pris leurs corps.
La mort fait partie du décor.

Elle est la reine d’un royaume isolé,
D’un système solaire délabré.
Tout tombe en ruine,
Puisque les frontières sont si fines…
Il n’y a plus que Jupiter,
Et ce large trou noir qui continue de la dévorer,
Il n’y a plus guerres,
Seulement des larmes qu’elle n’arrive plus à pleurer.
Il n’y a plus que la terre,
Et la marque qui continue de l’obséder.

Elle est la seule porteuse de leur mémoire.
Leur corps, sont restés coincés, trop tard.
Jupiter n’est plus sa source de lumière,
Elle rend les armes, ses genoux tombent à terre.
Seule, elle se sent seule à devoir encore les porter,
Mais Jessie n’a plus la force de lutter…

Ses ongles, des doigts, les bras,
S’enfoncent dans le sable, toujours plus bas.
Ils dévorent le sable, le sol, pas à pas.
Elle ne sait pas combien de temps ça va durer.
Est ce des heures ? Des minutes ?
Depuis qu’elle s’est enfermée dans cette ville,
Elle a arrêté de compter…


Si elle a été la reine, elle n’est plus personne,
Elle passe pour une gamine, pauvre petite conne.

Ce bus, ces personnes, avec qui elle a érigé son royaume,
Ces personnes avec qui elle a pu partagé le podium,
Ne l’ont jamais fait se sentir aussi seule, depuis qu’ils sont partis.
Cependant, elle souffle une fin, puisqu’ils l’ont laissée mourir ici.

Non, elle ne s’est jamais sentie aussi éloignée des autres,
Non, elle ne s’est jamais sentie aussi perdue,
Mais peut importe, pour les autres, elle reste une simple inconnue.
Elle n’a plus aucune lumière, c’est la fin d’une guerre pour Jupiter.

Le trou formé, les bras souillés de sable humide,
Elle dépose la veste, comme un simple cadavre.
Elle cherche à la cacher, comme si elle était devenue fétide.
Mais de sa paix intérieure elle cherche le havre.
Puis le sable, de nouveau vient se reposer sur le tissu,
Elle est venue enterrée une part de son passé,
Elle est venue oubliée une fois de plus qui elle était.
Puisqu’ici, les règles ne sont plus les siennes,
Puisqu’ici, elle a la gorge coupée : une vraie reine.

Une fois le sable totalement déposé,
Elle s’éloigne de la scène, sans se retourner,
Essuie le sable sur ses bras, sur ses mains, sur la marque.
Elle se mouille un peu, la mer, l’eau salée, purificatrice de ses péchés.
Ce sont des années idéalisés qui s’envolent, enterrée dans un lieu maudit,
Dans ce lieu qu’elle veut fuir, dans ce cauchemar interdit.

Au loin, elle regarde dans le ciel tourner les oiseaux,
Mais elle n'a pas besoin de se faire becter,
A l'intérieur, elle a déjà assez saigné.
Elle a déjà subit ses propres maux.

Jessie repart comme elle est venue,
La tête droite, le bras tendu.
Sans larmes, sans cri,
La jeune fille d’avant elle n’est plus.