[FB - Mi Octobre] Spleen et Nicotine [Pv : Sweetie/Terminé]

Depuis l’enlèvement, peu de missions lui sont attribuées. Il ne sait dire si le lieutenant est lassé de lui, après avoir passé plusieurs voire trop d’heures ensemble dans la même pièce, ou si au contraire, il préfère le ménager. Mais ce n’est pas quelque chose qu’on apprécie, d’être laissé de côté. Seules occupations lorsqu’il ne boit pas : Exécuter cent pompes et autres exercices, lire cent pages du même roman emprunté déjà lu au moins trois fois, puis exécuter les cent pas. Or, cette fois, il n’atteint pas ce nombre. On lui fait obstacle, même dans cette routine barbante. Mais la réaction et la rencontre ont de quoi le faire sursauter. Il ne s’attend pas à ça.



Pourtant, sa stupéfaction laisse place à la gêne qui contorsionne son visage. Les rumeurs au sujet de son absentéisme s’avèrent donc vraies. Pour autant, il refuse bien de croire que Bloody Mary a pu être la victime consentante d’une telle attaque. En tout cas, pour rester aussi amoché encore, il doit même ne pas consentir à se soigner. Mais pour quelles raisons ?



Les mains dans les poches, il a un peu de mal à aborder le sujet tant il est gêné mais il tente de sourire timidement et péniblement, pour dédramatiser la chose. Après tout, ça ne le regarde pas tant que ça. Si ce n’est que les blessures apparentes et non dissimulées lui brûlent déjà la vue. Néanmoins, il a bien compris, lors de leur dernier moment ensemble, que Bloody Mary ne souhaite la bienveillance de quelqu’un.



Lukas n’est, de toute évidence, pas une personne bienveillante. Il ne le fait ni dans l’intérêt de Bloody Mary et encore celui de Rage. Il a bien entendu créé ce mensonge de toutes pièces mais ça reste assez crédible. Il le fait parce que ça lui crève les yeux et ça le crève, à cet opportuniste, de ne pas se saisir de cette situation parfaite pour prouver ses talents et jouer, justement, la personne bienveillante.
Bloody Mary ne sera pas laissé de côté, à son tour.

C’est toujours pareil avec lui. Quand bien même il croit la plupart de ses mensonges, Bloody Mary a le don de savoir les retourner à son avantage. Et présentement, Sweetie est très surpris du ton acerbe qu’il garde à son encontre alors que, jusque-là, il pensait au moins avoir établi un lien cordial. Il ignorait donc beaucoup de choses de Bloody Mary, pour ne pas imaginer que le nom de Rage le ferait autant sortir de ses gonds. Ravalant donc son idée, il enterre donc la mention.



La dernière parole chuchotée pour poursuivre sur cette affaire mensongère mais surtout pour détendre une ambiance pour le moins délétère, actuellement. Il tente de la rafistoler du mieux qu’il peut, avec un rire certainement non partagé. La complicité entre les deux pirates n’existe toujours pas et pourtant, Lukas essaye de la construire de jour en jour, plaçant les mots et événements qu’il rattache à Bloody Mary.



Il ne se rappelle pas de tout, non. Il éprouve un profond désintérêt pour de banales discussions. Mais comment ne pas se rappeler de cette attitude froide qu’a adopté Bloody Mary dans les bois, qui se trouve peut-être même à l’orée de celle actuelle ?
Le britannique est quelqu’un de prudent et ne force pas la main. Il présente la sienne, à son vis-à-vis, libre de la prendre ou non. Toutefois, il insistera plus sur les soins.

Et même si elle ne fait que l’effleurer, sa grande paume reste là, à l’accueillir. Même si la compagnie ne vient pas, quelque part, la patience de cette main n’est que la bonne métaphore de sa trop grande insistance. Et finalement, cet effleurement sur le bout de ses doigts le fait tout de même tressaillir subtilement d’excitation. C’est la première fois que Bloody Mary est à deux doigts d’accepter un geste de sa part. Puis il se ravise. L’échec n’est pas total, Sweetie continue de sourire mais range la main. Même si ce dernier manque d’empathie, il voit bien que l’autre n’est pas à l’aise. Probablement à cause de ces ricanements dans le dos. À cet effet, le brun ne peut s’empêcher de claquer sa langue contre son palais.

C’est quelque chose qu’il peut comprendre, d’être sensible au monde, puisqu’il l’est lui-même aussi. En revanche, l’espion peine à comprendre pourquoi ce poids affecte autant les gestes de Bloody Mary. Pourquoi s’être, par exemple, rétracté d’avoir prononcé son prénom.



Il ne sait dire si c’est ce dont l’autre a besoin, lui qui semble fuir la compagnie en permanence. Mais il doute que ça puisse lui faire du mal. Après tout, en excluant l’accident, leur rencontre, dans sa globalité, ne sait pas si mal passé, même s’il faut, bien sûr, également écarté de légères anicroches qu’ils ont pu rapidement contourner. Pour sa part, l’être optimiste ne retient de cette expérience que les résultats qui se sont révélés concluants.



La main bandée, les réparations et il en passe. Encore une fois, il prend un certain plaisir à rappeler les références employées par l’irlandais, la dernière fois, de sorte à amener de plus en plus de pièces à cette fictive complicité en laquelle il aspire.

En dépit du cruel manque de rondeur, c’est bien là et bien assez pour emporter sa fougue. Il en serait même tenté de prendre l’autre par le bras, au vu de son énergie, mais au risque de tout gâcher. D’autant plus que si elle est chaudement recouverte, cette partie doit également souffrir. Alors lorsqu’on tente d’un peu le provoquer et de casser cet enthousiasme, sa témérité se met à grandement rire.



Et pourtant il grimace énormément, pour le vêtement oversize ou pour les blessures ou pour les deux, c’est difficile à dire. Son esprit écrasant ne peut s’empêcher de faire des commentaires aussi cassants qui n’auraient pas dû avoir lieu pour confirmer la confiance. Après tout, Bloody Mary a montré une certaine susceptibilité vis-à-vis des commentaires entendus ici et là. En comparaison, Sweetie se reprend. Il n’est pas comme eux. Il est censé se montrer gentil et garder un sourire chaleureux capable de toucher quiconque.



Et quel kit de survie qu’il ramène après avoir fait l’aller-retour entre sa voiture et celle de Bloody Mary. De manière un peu trop brutale, il dépose une énorme caisse à outils contenant cosmétiques et les promis premiers soins à terre, avant de pénétrer dans la voiture. Même si le lourd bruit de la mallette a déjà dû sonner l’alarme, d’une quelconque manière, il alerte Bloody Mary de son retour et qu’il faudrait bouger la voiture hors de la vue de quiconque, quitte à sortir de la décharge finalement.

Accompagné d’un sifflement, il participe à la comédie qui se joue devant ses yeux. Néanmoins, il y a de tout, sauf de quoi rire. La carcasse assise sur celle d’une voiture est tatouée d’un nombre incalculable de coups. À vrai dire, il ne sait vraiment par où commencer. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer de tels coups sur son corps ? Personne n’est bête. Tout le monde le sait, à partir du moment qu’on l’a sous son nez.



Ce n’est pas une question puisque même sans diagnostic, il sait ce qu’il s’est passé. Ça n’en est pas une puisque si Bloody Mary n’en a parlé à personne et qu’il était si peu enclin à se faire soigner, c’est que ça ne mérite pas d’être ramené sur le tapis. Sweetie n’explore pas plus la question mais examine plutôt le corps qu’il a devant lui. À vrai dire, il aurait préféré poser ses doigts sur le corps meurtri, de manière à mieux l’examiner mais il a bien trop peur de lui faire mal. Pour autant, il sera bien obligé d’en arriver là. Pour le moment, il se contente de décharger plusieurs bouteilles d’eau, normalement destinées au nettoyage de son visage. Il vide une petite quantité d’une première pour se laver les mains, l’air lassé.



Il soupire bruyamment. Effectivement long pour lui mais pour Bloody Mary également qui n’appréciera sans doute pas la douleur de l’antiseptique. Pour le moment, il ne décharge la forte odeur de cet alcool mais confie une grande bouteille d’eau à Bloody Mary. S’il peut se dédouaner de la plupart des dommages qu’il s’apprête à infliger, il ne s’en prive pas. Pour autant, il doit bien l’alerter.



Bras croisés, Sweetie attend que Bloody Mary se charge de ce qu’on lui a demandé. Pour autant, il tente de rire afin de dédramatiser la situation. Prolonger un peu plus l’ambiance que l’autre a volontairement instauré et qui s’avère, de toute manière, une bonne stérilisation, à son goût, à toute maladresse.

C’était à sans douter, qu’il ne voudrait pas qu’on applique le même châtiment à ses jambes. Il se lamente dans un souffle d’être face à quelqu’un d’aussi difficile et peu réceptif. Ce n’est pas une mince affaire, qu’il s’est dégoté là. Mais finalement, n’est-ce pas ce qu’il cherche ? Même peut-être plus que la récompense, au fond. Et il n’y a pas tant de mal à l’admettre.



Profitant peut-être du manque de différence qu’ils ont d’habitude, Lukas se permet d’être plus proche frontalement de l’autre, le dardant d’un regard ardent, orné d’un sourire malicieux. Une tête bien trop satisfaite qui manquerait de se prendre une gifle tellement la distance est courte mais c’est peut-être bien la preuve qu’il est prêt à relever le challenge. Pour autant, il s’empresse de se munir d’un paquet de compresses et du désinfectant qu’il applique peut-être un peu trop généreusement et attaque les narines d’un imprudent.

En réalité, Lukas est une personne plutôt tactile et le seul obstacle entre lui et Bloody Mary sont ses blessures suintantes qu’il ne veut davantage fragiliser. Commençant doucement, il lui attrape le poignet, l’entourant d’un anneau de doigts. Il le tourne de manière à l’examiner. C’est la première fois qu’il le touche mais en retour, il est également touché.



Vraiment, cette comparaison avec les autres le fatigue. Ça ne le lâchera pas. Contrairement à d’autres mecs comme Rage, il n’a pas une franche réputation de queutard. Enfin, du moins, il pense que non. Depuis quand la drague est confondue avec le sexe ? Bien qu’il soit légèrement énervé, face à Bloody Mary, il n’éprouve pas de l’animosité. De toute manière, Capharnaüm lui a bien appris à répliquer avec taquinerie à ce genre de propos.



Il insiste sur le dernier point, d’un autre doigt en l’air. Il a bien peur d’être justement mépris s’il ne le précise pas, et aggraver une fausse réputation. Son rire est donc plus piquant, peut-être moins, cela dit, que la compresse qui s’écrase et brûle l’une des innombrables plaies. Dans ce contexte, son rire serait presque machiavélique mais en réalité, l’indélicatesse de Bloody Mary lui a octroyé la possibilité d’être un peu moins doux et plus audacieux.

La réponse semble satisfaire son besoin. Si elle le ravit ? Sweetie suppose qu’elle lui convient, oui, pour être appeler par un surnom qu’il déprécie assez maintenant. Ça le fait plus que sourciller, voire serrer les dents d’entendre ça mais il estime que c’est une belle revanche lancée. Pour autant, celui qui tique le plus, c’est peut-être Bloody Mary. Le désinfectant le dérangerait même plus que sa révélation.



De la tête, il désigne la pince à épiler qu’il a déposé sur le capot de la voiture. En somme, c’est un travail bien méticuleux que s’accapare le brun. Pourquoi autant d’efforts en définitive ? Pimenter le défi, sans doute.



Mais finalement aussi pour combler l’ennui. Il a beau s’être plaint du temps que ça prendrait, à nettoyer, débarrasser, désinfecter, passer du baume, bander : Ça tue le temps et donne une occupation qu’il n’a pas parce qu’après tout, il considère réellement son voisin comme une attraction. Sans vraiment s’en rendre compte, la compagnie de Bloody Mary le fait sourire alors qu’il se prépare à désinfecter une des autres entailles. Sa compagnie le rend peut-être un peu joueur et même une contrainte pareille n’empêche pas un ton amusé, doublé d’une moue d’enfant qui supplie d’être épargnée.



Son esprit est jubile, laissant penser qu’il pourrait profiter de ce moment pour être sadique, mais Sweetie maintient sa promesse et attend seulement que les yeux de Bloody Mary soit posé sur la compresse pour l’appliquer délicatement autour des pourtours de la plaie.
Pour autant, ce n’est peut-être pas ce qui inquiétera le plus le pirate puisque Lukas resserre sa prise sur le poignet, sa main l’agrippant pleinement. Même, au vu de la largeur du poignet, son pouce déborde dans la paume. Un début de complicité que n’est certainement pas prêt à entamer l’autre.

Ce n’est pas à la première attaque qu’il va se mettre à déguerpir. À la première réclamation, ses doigts ne se défont pas de ce poignet. C’est sans doute un gémissement parmi un autre. S’il n’accorde pas d’attention, encore moins de regard, il continue de délicatement frotter, décélérant cependant, peut-être. Ce n’est que lorsque l’autre aboie vraiment qu’il finit par relever la tête, lâcher le bout de coton en dehors de la lésion, dans laquelle il se mettait pourtant à tracer un lent chemin. La patience de Lukas prend le dessus. Ça l’agace. Il ne le montre pas. Enfin pas tout de suite. Il répète, au besoin. Pour autant, il ne choisit jamais les bons mots, comme s’ils sont toujours trempés de la colère restante.



Au deuxième rappel, il note la main proche d’une autre. Ce n’est pas par gêne, mais par respect, qu’il la relâche. Mais jamais Sweetie ne s’excuse. En aucun cas, il ne fait mal. Il ne veut pas le mal de quelqu’un. Toutefois, une voix plus grave que la sienne se déraille. Ça ne plaît pas à Sweetie. Ce n’est pas contre le blessé mais il finit par capoter. Ça ne va pas dans son sens alors il fronce les sourcils et finit par baisser la tête, à son tour.



Pourquoi encore maintenant il fait le parallèle avec elle ? Il renforce sa ride du lion davantage, tapant dans le pare-chocs de la voiture et plonge les mains dans ses poches. Il n’y a aucun lien entre une entaille vieille de quelques jours et une lourde fracture. Il n’y est pour rien mais s’en veut terriblement, dans les deux situations. Il finit par se mordre la lèvre. Il n’avouera pas être empreint à certaines émotions, il préfère dénoncer celles des autres.



Tournant les talons et laissant tout le matériel sur place, il shoote dans un tas de feuilles mortes comme il shooterait dans un maudit ballon qui revient sans cesse. La seule chose dont Sweetie veut réellement fuir, ce n’est pas les doutes qu’on a sur lui mais plutôt ce qu’on ne sait pas encore.

À aucun moment il ne regarde en arrière lorsqu’il s’éloigne. La culpabilité qu’il ressent ne doit se propager ailleurs que dans ses tripes. Elle ne doit pas transparaître, ce pourquoi il s’éloigne, aussi loin que possible, pour uniquement cinq ou dix minutes, mais de sorte à être forcément seul en tout cas. Ce n’est pas quelque chose qu’il ressent souvent mais peut-être qui le hante, de manière permanente et sous-jacente.
Quand bien même il soupire, ça ne suffit pas. Quand bien même les lignes et tours qu’il fait entre et autour de rails abandonnés proches de la décharge, ça ne suffit pas. Il a beau avoir cet esprit de défi dont il se vante, il s’est finalement disqualifié lui-même de la compétition. L’obstacle, ce serait lui-même ? Pour autant, il a tendance à se dépasser, du moins, c’est ce qu’il croit. Ou faut-il dépasser cette image qu’il veut tant renvoyer ? Faut-il arrêter de faire croire que tout va bien ?

Tu l’entends mais tu ne l’écoutes pas. Tu souris à la moindre bêtise alors qu’elle ne t’atteint pas. C’est vraiment ce que souhaite Bloody Mary, que Sweetie se mette à l’écouter plutôt qu’à n’en faire qu’à sa tête ? Écouter, écouter… Il en est bien rassasié.
Il sature quand l’autre lui donne tel ordre lorsqu’il revient. Ce n’est vraiment pas ce qu’il aime : Ça n’a rien d’un défi. Le regard du beau garçon n’est plus brûlant, juste froid quand on lui assène cet ordre. Lui non plus, n’est plus d’humeur. Est-ce une excuse ? Il n’ira pas témoigner ainsi sa faiblesse comme l’autre le fait. Il n’est plus ou plutôt redevient la personne désintéressée qu’il est.



Son regard bleuté ne croise pas l’autre. Il se focalise sur la cible qu’il désigne d’un hochement de tête. Pourquoi continue-t-il alors qu’il serait si détaché ? Il n’a pas abandonné son objectif, en réalité. Ce qui peut lui faire plaisir, le faire un peu plus vibrer actuellement, c’est la réalisation de son challenge, la seule vérité avouée. Quant à Bloody Mary, il se fiche s’il aille vraiment bien. Ce ne sont que des résultats : Si tout se passe bien, l’expérience est un succès. Dans le cas contraire, il y en aura d’autres, des tests, des challenges, pour saisir la victoire.
Il l’écoute, il a bien compris l’ordre. Mais il ne l’entend. Qui parle ? C’est un mode automatique, une défense contre ceux qui veulent s’imposer contre lui. Non, ça ne devrait pas lui rappeler son ex-fiancée, mais plutôt ses parents. Bloody Mary a décidé de se ranger parmi ces personnes : Celles qui le regardent, mais seulement pour décider de ce qu’il doit faire.

Ne crois pas que ça sera si facile. T’as bien fait le difficile, c’est à son tour maintenant.
Purement concentré sur ce qu’il est en train de faire, ce n’est que du silence ou de multiples grognements entre l’un et l’autre qui fusent dans cette conversation morte. Du moins, l’un sent bien que l’autre veut reprendre la conversation pour briser la glace. Du dernier, aucune réponse ne vient.
On te l’a dit, il ne t’entend plus. Alors c’est pour ça, que tu tentes la langue du corps : Tu t’approches de lui ; tes griffes glissent. Mais ça ne sera pas la réaction que tu attends, quand tes doigts frôlent son corps.



Si son sourire a disparu depuis quelques minutes, son mécontentement est bien visible, sourcils scandalisés froissant son air robotique. T’as au moins gagné ça.
Il ne peut tolérer cette situation bien que pour autant, Bloody Mary tente d’être prévenant lui aussi, en l’avertissant. Dans le cas où Sweetie n’avait pas été prévenu, sa réaction aurait sans doute été plus virulente. Il le voit légèrement glisser du capot. Ses yeux roulent, ça va le handicaper lui aussi s’il n’accepte pas ce marché pourtant équitable.



Mais s’il n’est guère d’accord avec ce rapprochement, c’est probablement puisque Sweetie ne digère pas le refus qu’il a essuyé alors qu’il apporte beaucoup en retour. Le marché n’est, tout compte fait, pas aussi probe, à ses yeux, alors que lui est encore obligé de tendre la main pour se voir recevoir chaque membre à soigner.
C’est même avec rogne qu’il arrache le bandage à mains nues pour entourer le bras du patient qui n’a rien demandé.



C’est une vraie leçon de morale qu’il enchaîne ; traitement qu’il détesterait se voir infliger. Il en a déjà assez bouffé, de ça. Tellement qu’il vomit les bonnes tenues qu’on lui a inculqué à la gueule de l’autre. Calico mais ses parents, notamment. Il ne veut revoir aucune de ces personnes. Il ne veut pas que Bloody Mary se transforme en une de ces personnes. Il préfère encore la devenir.

Aucune insulte ne le transcende réellement, habitué à encaisser des propos qui le dérangent plus que ça. Il reste complètement stoïque, attendant toujours le bras qu’il réclame de la main. Son visage ne se défait même pas d’un souffle d’exaspération, ce qui n’est pas forcément bon signe. Rien ne l’atteint, transformé en poupée articulée. Il ignore ces paroles qu’il juge bien inutiles, surtout servies sous un gratin d’injures. C’est peut-être la forme de mépris la plus cinglante qu’emploie Sweetie face à l’affront.



Volontairement, il appuie là où ça peut faire mal, même bien plus qu’un simple toucher au bras, puisqu’il n’y a de toute façon plus accès. Effectivement, le britannique garde un calme inquiétant, rembobinant le bandage en trop. Non intéressé par des attaques stériles, il esquive tout regard. Il n’est pas si couard. Même s’il fuit toute attaque physique, laissant l’occasion à Bloody Mary de prendre le recul dont il a besoin, ces paroles sont d’autant plus perçantes, jusqu’à ne pas s’en rendre compte.



En dépit de cette provocation, son arrogante ignorance ne se volatilise pas. Il n’abandonne pas sa mission et s’arme d’une nouvelle compresse imbibée d’antiseptique. Il ne regrette pas ses paroles. Il regrette plutôt la réponse qui pourrait suivre puisque si Bloody Mary ne souhaite pas se soigner, c’est probablement pour cette raison. Et c’est pour ce motif, également, que Sweetie ne lâche pas.



Tout compte fait, il s’arme bien d’une excuse puisque ce que vient de lancer Bloody Mary, c’est justement un duel où l’autre pense avoir toutes les preuves et arguments en sa faveur, ainsi que toutes les qualités, comme il le présente, pour le faire durer.

À ce cirque, il ne paierait plus rien, ça c’est bien certain. Et puis, son prix, il l’a déjà donné : Une explication. Bien qu’il s’apprête à avancer la monnaie, Bloody Mary ne va pas bien loin. Aux oreilles de Sweetie, ça sonne comme une incitation à ce qu’il creuse plus loin. Mais il l’a bien assez dit : il a assez creusé. Et de toute évidence, l’autre donne des réponses injustes à sa place. Très sincèrement, il n’a aucune raison de prendre part à cette dispute qu’il vient à juger unilatérale.

Et par-dessus le marché, Bloody Mary s’inflige lui-même les violents suppléments du conflit. Il ne veut pas débourser le moindre centime pour ce cirque et voilà qu’il se met à jouer au burlesque. À terre, dans d’autres circonstances, l’autre homme l’aurait aidé à se relever. Mains dans les poches, il ne fait rien, si ce n’est avancer et écraser la voiture de son poids. La place de Bloody Mary volée, il n’a tout de même pas écarté son matériel. Encore une fois, il ne lâche pas l’affaire mais uniquement sa curiosité pour la personne : il ne la voit pas. Elle est bien trop bas pour lui et il ne daignerait baisser le regard devant un spectacle aussi affligeant. C’est presque dans un murmure, qu’il tend à une faible lueur d’espoir — son optimisme non pas totalement écarté encore.



Bloody Mary n’existe plus. Son patient n’est plus là. Il ne trouve que d’autres occupations que de s’armer d’une sucette sortie par magie de son jeans et se met à la tourner autour de sa langue comme les secondes s’égrènent. Également, de sa poche arrière dépasse, une fois assis, son roman policier déjà beaucoup trop lu mais beaucoup plus intéressant que le reste. Après tout, ce livre a plus de choses à dire. Bloody Mary l’a questionné sur ce que lui, pourrait bien lui raconter. Sweetie se pose la même question : Qu’est-ce qu’il peut bien demander à un mystère pareil, dont il ne connaît finalement rien ? Ce n’est pas parce que Sweetie n’a jamais été intéressé par le pirate. Ce serait même faux de penser ça. Mais plutôt qu’il manque d’indices pour poser des questions et s’intéresser à cette enquête. Au bout du compte, Bloody Mary est même plus barbant qu’un crime de roman policier inéluctable.