Comme un air de polaroid • Leon

Enfermé. Il craint. Il craint bien de ne plus pouvoir sortir d’ici, une crainte qu’il cache derrière ses sourires éternels et son regard malicieux. Son visage est emprunt d’une bonne humeur qui ne semble jamais défaillir, bien que l’on puisse voir dans le fond de ses yeux cette nostalgie de sa vie d’avant. Une vie qui parfois peut lui paraître floue et irréelle mais qu’il aimerait pourtant tant retrouver. C’est le portrait bien triste d’un homme qui masque sa détresse par des rires et des sourires, par des bons mots et des plaisanteries. Mais il n’est plus que l’ombre de lui-même, l’ombre d’un homme bienheureux dans une vie qui a finalement éclaté en morceaux. C’est cette nostalgie qui désormais le pousse à parfois regarder l’horizon, une question au fond de la gorge. Quand va-t-il pouvoir sortir ? Va-t-il seulement pouvoir sortir ? Il se sent ici enfermé comme un canari dans une cage dorée. L’âme baroudeur, il craint aujourd’hui de ne plus jamais revoir l’extérieur. Et pourtant, il ne cesse de sourire. Un optimisme patiné de patience, qu’il porte dans son cœur comme une bouffée d’air frais face à cette atmosphère étouffante d’incompréhension.

Il n’est au final qu’un homme perdu dans la masse parmi tant d’autres, qui tente de garder l’esprit clair et la tête hors de l’eau. Il tient auprès de lui des restes de cette vie aimée, d’une simple photographie à ce lourd appareil qui est la preuve tant de son goût du voyage que de sa curiosité sans borne et de son amour infini pour la nature. L’œil dans le viseur et des heures à rester immobile, il renvoie ici l’image d’un calme et d’une sérénité doublé de persévérance et de perfectionnisme, bien à l’opposé de cet autre lui. L’autre lui hors du monde de la photographie, animé de sourires et d’excentrisme, tant dans ses paroles que dans sa manière d’être. Il a bien ce flux de paroles non-réfléchies, parfois vexantes parfois blessantes, et une franchise parfois naïve parfois vicieuse, bien capable d’appuyer là où ça fait mal si jamais l’envie lui en prend. Il est de ceux qui quelques fois ont vécu le rejet, pour un baiser volé à un autre homme ou pour une peau plus foncée que celle de ses camarades. Et face à cela, il adopte un comportement ambivalent, coincé entre l’indifférence et la colère, entre l’envie de laisser couler et l’envie de révolte.

Il peut en cela sembler bien lâche mais désormais, tous ces problèmes lui semblent bien loin. Tous dans la même galère, n’est-ce pas ? Seul sans vraiment l’être, balloté dans un monde dont le fonctionnement lui échappe, partout et nulle part à la fois. On pourrait penser qu’il recherche la solitude et probablement aura-t-on raison de penser de la sorte. Il peut sembler parfois animé de fierté et d’arrogance, lui qui peine à accepter la défaite et l’erreur. Il aura malgré tout perdu depuis la tempête, un vilain coup sur la tête et depuis des difficultés pour se concentrer. Il oublie encore, beaucoup de choses. Les noms, les visages, les rencontres, les mots, les paroles. Alors il note, il note ce qu’il vit, les évènements qu’il juge importants et tout ce dont il se rappelle de sa vie d’avant. Dans l’espoir, qu’un jour, elle finisse par lui revenir.


Il est gaucher, végétarien et adore les ananas // Il est myope-astigmate // Sans ses lunettes, il vit dans un flou artistique // L’un de ses colliers a pour pendentif un astrolabe cuivré, il a toujours été fasciné par ces instruments // Ses tatouages blancs sont très récents, il s’agissait à la base de tatouages noir qui ont été recouverts d’encre blanche il y a peu // Ils finiront par redevenir noir dans quelques années // C’est un gros fan de Pokémon depuis les premières générations, bien qu’il ait décroché vers ses 13/14 ans // Il s’y est remis il y a peu, avec les remakes des premières générations sur Switch // Il est tombé dans la photographie animalière à ses onze ans // Il vous dira en rigolant que c’est grâce au jeu Pokémon Snap // C’est probablement à moitié vrai d’ailleurs // Il a toujours eu un sens de l’orientation assez hasardeux // Il s’est déjà perdu en forêt à douze ans pendant plusieurs heures // Il s’agissait de la forêt d’Ashdown où il était allé pique-niquer avec ses parents // D’après ses dires, c’est parce qu’il voulait prendre en photo une famille de renards // Son hôtel détruit, il a réussi à y récupérer quelques affaires // Depuis la tempête, il a trouvé un box de garage pour dormir, qu’il a aménagé du mieux qu’il pouvait avec des meubles récupérés çà-et-là : un matelas à même le sol, un bureau et une chaise, un carton qui lui sert de table de chevet // Si son téléphone n’a pas survécu à la tempête, il a réussi à conserver son appareil photo intact // Depuis, il en prend infiniment soin et il le fait recharger dès qu’il le peut // En parlant d’appareil photo, il possède un Nikon D750 avec un objectif Nikkor Z 24-70mm et un autre Nikkor 200-500mm // Ce dernier objectif étant assez imposant, il le porte le plus souvent dans son sac à dos, alors qu’il garde son boitier et le premier objectif autour du cou pour rester à l’affut // Il avait un compte Instagram plutôt actif avant // Mais plus maintenant du coup // Il a appris la photographie en autodidacte et a fait des études journalisme // D’ailleurs, il lui arrive encore de brandir sa carte de presse comme s’il s’agissait d’un totem d’immunité // Il a un style vestimentaire plutôt excentrique // Adepte des nœuds papillon, des bretelles et des chaussettes aux motifs de flamants roses // Il est parfaitement incapable de jurer avec crédibilité // Il possède quelques tics de langage // Il a également un très fort accent anglais // Il fume la pipe // La sienne est une réplique de celle de Gandalf // Il sait faire des ronds de fumée mais les bateaux sont encore hors de sa portée // Lorsqu’il ne trouve pas de tabac à pipe, il se rabat sur les cigarettes // Il a un vélo qui n’est pas vraiment le sien // Il le louait avant la tempête et comme personne ne le lui a réclamé, c’est devenu le sien par la force des choses. 

1Arcadia Bay, c’était un point d’ancrage. Depuis quelques semaines, hébergé dans un hôtel désormais détruit. Il ne faisait qu’y loger, la ville était le départ et l’arrivée de ses journées, durant lesquelles il explorait les côtes de l’Oregon.

2Avant il avait la chance de vivre de sa passion. Photojournaliste animalier. Une vie remplie de voyage et de nombreux tampons sur son passeport. Il travaillait pour le magazine Outdoor Photography, il réalisait un dossier sur la faune sauvage des côtes de l’Oregon.

3Quelques dégâts lui aura fait la tempête, pas nombreux, il considère être chanceux. Un choc sur la tempe gauche, on appelle ça une contusion. Adieu le verre gauche de ses lunettes, mais ça, c’est encore le moins grave. Une partie de sa mémoire s’est également envolée, sur le coup il avait oublié jusqu’à son prénom. Si la plupart de ses souvenirs sont revenus, certains restent encore cachés dans l’ombre. Comme des mots évidents coincés sur le bout de la langue. Depuis le choc, il peine à se concentrer, a régulièrement des trous de mémoire, des nausées, des vertiges. Une épilepsie s’est également déclarée, lui qui jusque-là n’en avait jamais fait. Enfin et surtout, tous ses proches sont restés dehors, à l’extérieur, en Angleterre pour la plupart. Collègues, amis, famille. Ils doivent me penser mort, songe-t-il parfois avec amertume.

4La tempête, il l’a oubliée. Retrouvé sur la plage, deux jours plus tard. Perdu, incapable de se souvenir ou de parler. La parole, il l’aura entièrement recouvrée une semaine après mais avant cela, il était tout juste capable bafouiller quelques sons ou morceaux de mots. Si l’on regarde dans son appareil photo, on comprend qu’il était tout simplement sur la plage, occupé à prendre en photo des macareux huppés perchés sur les falaises.

5Sa vie d'avant, il ferait bien évidemment tout pour la retrouver et pour ne plus la quitter.

6Depuis, il s’est reconverti livreur à vélo. S’il garde toujours avec lui son appareil photo, il a bien conscience qu’en période d’apocalypse, la photographie animalière n’est pas des plus utiles. Ainsi, il a décidé d’aider les marchands à faire du troc, entre eux ou avec des clients. Mais il ne connaît pas bien la ville et il peine à se retrouver sur une carte. Un sens de l’orientation médiocre, depuis toujours. On ne peut pas vraiment dire qu’il soit un livreur efficace.

7Il n’a rejoint personne, encore bien trop perdu, paumé, mal à l’aise. Il ne se sent à sa place nulle part parmi eux.

8Des autres groupes, il préfère rester à l’écart. Les Chevaliers sont encore ceux avec lesquels il a le plus de contacts, pour lesquels il a le plus de sympathie, ne serait-ce que parce qu’ils recueillent et prennent soin de enfants perdus. Il entretient avec les Greens une relation binaire. D’un côté, il les admire pour leur sens de l’organisation et leurs convictions. De l’autre, le côté sectaire le refroidit un peu et il préfère les laisser seuls comme ils semblent le souhaiter. Au final, il les évite le plus possible. Avec les Pirates, tout se passe pour le mieux le temps qu’on ne lui cherche pas des noises. Il fait parfois commerce avec eux pour obtenir du tabac à pipe.


Elle est simple cette photographie, avec ses airs de polaroid et son ton sépia vieilli, sa lumière peut-être un peu trop surexposée et son cadre décalé. Une ambiance sereine et tranquille se dégage de la scène qui y est dévoilée. Une femme d’environ trente ans, aux long cheveux cuivrés et aux yeux vert d’eau, tend devant elle l’appareil photo. Un rire désormais figé sur l’image traverse ses traits, dévoilant au passage des fossettes creusées dans ses joues et des dents du bonheur. Les couleurs de la photo sont loin de rendre justice aux nombreuses tâches de rousseur qui floconnent son visage et ses épaules. A ses côtés, un homme à la peau mate et aux longs cheveux noirs négligemment attachés en arrière l’embrasse sur la tempe, un sourire moqueur sur ses lèvres et des pattes d’oie légères dans le coin de ses yeux plissés de malice. C’est lui qui a fait basculer la femme lorsque la photo a été prise, donnant à l’image ce cadre décalé. Entre les deux adultes se tient une petite fille d’à peine deux ans. Elle fixe ses parents de ses yeux étrangement similaires à ceux de sa mère, un air curieux sur le visage. Sur le haut de son crâne, ses cheveux noirs sont coiffés de deux palmiers, accentuant encore ses traits enfantins et ses joues rondes.

Assis sur un muret au milieu des ruines, Leon regarde cette photographie d’un air absent et nostalgique. L’une de ses jambes se balance doucement d’avant en arrière, lui imprimant alors un lent mouvement de balancier. Parfois, leurs rires et leurs voix émergent dans sa mémoire et dans ses rêves, sans qu’il n’arrive pourtant à les saisir. Il retourne l’image. A l’arrière, quelques mots ont été inscrits grâce à un feutre noir indélébile, des lettres rondes et une écriture dite féminine. “Nanor“, est-il écrit là où se trouve le visage de la femme et “Mimi“ à l’endroit où se trouve celui de la fillette. Des surnoms. C’est tout ce dont il parvient à se rappeler d’elles.

Wesh salut

Ce beau fofo m'a attiré l’œil et ça fait plus un mois que je vous stalke. Si j'avais pu, je serais venu bien avant mais mon mémoire de fin d'étude, il me disait que je devais plutôt bosser donc me voilà seulement Bon en vrai, je l'ai pas encore fini mais comme il me reste pas grand-chose à faire, je me suis ramené quand même, quel étudiant indigne

J'espère que mon bébou vous plaira mais sachez que je vous ai déjà tous stalkés et que je vous aime déjà