Help Me Find My Way // Boomrang

Présentement, il est l’heure de s’occuper du potager. Chaleur brûlant les ongles, vêtements collant sur la peau pour se fusionner au corps dans cette température incendiaire, transpiration coulant le long de la nuque comme une rivière cherchant un océan. Tu halètes après t’être relevé une dix-huitième fois d’affilée sans reprendre ton souffle. Il faut dire aussi que tu prends le temps de récolter les nouveaux arrivés dans les légumes : laitue, tomates, carottes, tout ce qui semble bon à cueillir, tu t’en occupes. Donc oui, en mixant la tâche de quasi arracher les légumes et le Soleil cuisant, tu as un peu de difficulté à apprécier ta responsabilité aujourd’hui. Tes sourcils sont froncés, tes gestes sont raides, ton esprit n’est pas d’humeur à croiser le regard des autres. Tu veux avancer le plus possible afin d’accéder à la prochaine étape de ton rôle au potager.

Au vingt-troisième redressement de genoux, on t’annonce que tu en as assez fait et que le panier est bien rempli. Aussitôt, cela ramène un petit sourire sur ton visage enfantin. Tu essuies du revers de la main les gouttelettes que ton front suinte, tu bois deux gorgées timides d’eau et tu hoche de la tête à la personne qui t’a donné cette bonne nouvelle. Tu empoignes solidement des deux mains le panier et tu te retiens de gambader jusqu’à l’intérieur de Blackwell (histoire de ne pas faire tomber les légumes au sol). Certes, il n’y a pas nécessairement de climatisation dans le château, mais on est beaucoup au frais là-dedans qu’au gros Soleil plombant. Ta mission est désormais de te rendre à la salle de stockage, là où la plupart des récoltes sont laissées afin de pouvoir les utiliser pendant les futurs repas. Tu vas devoir déposer les légumes, les compter, puis les écrire au stylo sur un bout de papier qui est déposé sur la table. Ainsi, les nombreuses âmes cuisinières parmi les Knights pourront savoir ce qu’elles peuvent préparer comme recette sans négliger les autres.

Reprenant un regain d’énergie, tu défiles tranquillement dans les couloirs, bien heureux de constater que vous avez vraiment sauvé le potager depuis qu’un éléphant y est passé. Tu te retiens de baver à l’idée d’une salade grecque ou de sandwichs délectables. Tu remues frénétiquement la tête et au même instant, on t’interpelle. Tu te retournes intrigué, ne reconnaissant pas la voix, puis tu figes. C’est quasi un miracle que tu n’aies pas fait tombé ton panier. Et même qu’actuellement, toute la scène est un miracle à tes yeux.
Devant toi se dresse une personne que tu as tellement regardé de loin. Que tu as tellement regardé à la dérobée sans qu’elle ne t’ait jamais remarqué. Une personne qui déborde de… beauté ? Oui, cette personne est belle. Très belle même. Peu importe l’angle que tu la croises ou que tu l’aperçois, tes joues deviennent automatiquement rouges et tu ne peux plus la quitter des yeux. Et présentement, ce n’est pas une exception, même que tu sens que tu deviens un homard devant cette personne. Ta bouche s’ouvre par elle-même sans émettre un son. Ton cœur semble vouloir exploser dans ton torse, voire fuir jusque dans ton ventre, là où des papillons volent doucement.

La personne ayant une voix avec des tonalités masculines se penche un peu en ta direction et te demande de l’aider à retrouver son chemin. Tu ne portes même pas attention au sourire raidi de la personne, tu es trop absorbé par son aura au complet. Tu prends un moment avant d’analyser complètement sa requête. Soudain, tu sursautes sur place, te disant que tu as peut-être l’air bien bête devant cet homme. Tu serres les poignées de ton panier et tu as les yeux brillants. Tu rétorques au meilleur de tes capacités :

- Rrrright now, I hhhhave do go do e itchen! No, not itchen, s-s-s-sorage! Yyyou cccan come witt me an I will kide you! Arr you o-o-ok wit dat?

Traduction:

Tu lui donnes ton plus beau sourire, comme si tu étais sur ton trente-et-un, tout fier d’avoir donné des bonnes prononciations qu’il pourrait comprendre. Aussi, tu caches ton désir intense qu’il réponde par l’affirmative. Tu te dis que c’est une chance inouïe que d’avoir l’attention de cette personne, alors tu ne veux vraiment pas manquer ton coup.

HS: