jusqu'ici tout va bien [ft. diva × 13/07]

mais l'important ce n'est pas la chute - c'est l'atterrissage.


Le réveil sonna, il était neuf heures et quart.
Dure nuit qui se terminait, le Soleil avait déjà commencé sa course dans le ciel.
L’instant d’une nuit, le matelas était devenu trop mou et le dos d’Ezell criait douleur.
Lorsqu’il se redressa pour s’asseoir au bord de son lit, il se doutait que quelque chose clochait - mais décida de commencer sa journée, il avait reçu des objets à réparer la veille.

Alors que la lumière s’infiltrait par les quelques trous mal isolés de sa maison, il se rendit compte que quelque chose n’allait pas : ses muscles s’étaient affaiblis, il avait perdu énormément de ses muscles. La peau de ses bras était devenue presque élastique, et ridée. Il lâcha un juron en espagnol.
Ezell remis en place ses prothèses en un clac et s’empressa de se lever et d’aller se regarder dans le miroir.

“Hey, j’savais que ces tatouages rendraient bien plus tard.” dit-il en observant minutieusement le bestiaire tatoué sur son bras.
Peut-être que la situation n’était pas si dramatique? Après tout, le futur paraît bien moins effrayant lorsque l’on sait à quoi s’attendre.
Pas réellement conscient de ce qui lui arrivait, il pensait rêver. Oui. Il ne s’était pas encore réellement rendu compte de toutes ces étrangetés qui se produisaient dans la ville - pour lui il s’agissait de son inconscient qui lui jouait des tours.

Pensant alors à un rêve, il décida alors de commencer sa journée comme si rien n’importait et qu’il allait se réveiller prochainement.
Il enfila alors une tenue d’été décontractée, accompagné d’un joli combo de lunettes de soleil et chapeau de vacances de ses parents. Il s’en alla à sa cuisine improvisée pour manger un bol rempli de céréales jusqu’au rebord… à son plus grand regret, étant donné que ses vieilles mâchoires n’avaient plus la même gloire que la veille.

Un long moment s’était passé et il commençait à arriver au fond de son bol, au prix de vilaines douleures musculaires. Il eut un sursaut quand il entendit quelqu’un toquer à la porte.
Quelqu’un venait d’y frapper alors qu’il avait bien affiché la pancarte indiquant la fermeture de son atelier. Il avait horreur de ça. De plus, le sursaut lui a presque décroché le coeur de la poitrine.
Grattant son dos au travers de son débardeur noir, il s’agrippait à la rampe des escaliers et descendit à son atelier. Traînant les pieds alors qu’il avançait il tourna la clé dans la serrure et ouvrit la porte.

“¡Buenos días America! Revenez plus tard s’il vous plaît, je n’suis pas encore réveillé!” lance-t-il d’un ton presque grincheux.
Il plissa les yeux et vit un enfant, très certainement la personne qui avait toqué. Il referma brièvement la porte pour déverrouiller la chaîne de protection et pouvoir ouvrir la porte en grand.
“Hey niño, tu t’es perdu?”

Parfait!
Maintenant qu’Ezell avait pris une quarantaine d’années en une seule nuit, voilà qu’un gamin s’était introduit chez lui.
Ce serait dommage que tout ça ne soit pas un rêve, n’est-ce pas? La surprise qu’il va avoir dans quelques instants…

“Attends une minute…” Et oui. “Diva? Toi aussi, tu as changé! J'me demandais justement, si c'était possible de faire encore moins supportable que toi.” réplique-t-il avec un sourire narquois, tout en plissant les yeux pour le narguer.
Il referma la porte d’entrée et se tourna vers son ami.e - cela lui pris un instant mais il reconnut son visage d’enfant, iel n’avait pas trop changé lors de leur première rencontre.
Il s’assied en bas de l’escalier et se pencha en arrière pour s’adosser contre les marches. Il lâcha un léger râle pour exprimer son embarras.
Rien de grave, non.
Il était juste déçu de lui-même, c’était sûrement le petit-déjeuner le moins healthy qu’il ait mangé depuis des années ; et toute personne qui connaît assez bien Ezell sait que son équilibre alimentaire est une question de vie ou de mort.
Surtout par ces temps-ci où gaspiller de la nourriture n’était pas une option…

“J’suppose que j’dois te babysitter aujourd’hui, lance-t-il à Diva. T’as mangé ce matin? J’ai pas de biberon ni de purée, mais j’dois bien avoir du jus de fruit pour toi. Ramène-toi!”
Il se redressa avec un peu de peine et s’étira avant de remonter. Il était encore loin d’être habitué à ce ‘nouveau’ corps.
Il se demandait également d’où venait cette douleur au dos.
Serait-ce la mort? Ayant atteint cet âge si brusquement, cela commençait à lui faire un peu peur, lui qui avait encore tant d’années devant lui.

Une fois à l’étage, Roswell emmena l’enfant à la cuisine et ouvrit les placards en grand pour qu’il puisse voir leur contenu. En dehors des barres de céréales et autres aliments protéinés peu ragoûtants que l’homme aux cheveux verts mangeait, il restait encore des sucreries, laissées par ses parents. Elles avaient encore quelques semaines devant elles avant leur péremption.
“Dis-moi ce que tu veux et j’te le sers.”