Ça finit toujours pareil •• Batman [FB]

Ça finit toujours pareil
Je connais trop bien ce film

Depuis combien de jour on marche Riley. Je sais plus.
Depuis combien de temps on cherche Riley, sans trouver.
Combien de temps encore, est ce que l’on va continuer comme ça ?
J’en peux plus.
J’en peux plus de cette odeur de mort.
J’en peux plus de ton dos que je vois s’enfoncer à travers les décombres.
Te voir relever les morceaux de tout, de rien, en espérant un miracle.
Les miracles j’y crois pas Riley.
L’espoir il a disparu avant la tempête.
Et l’espoir de le retrouver me terrifie.
J’ai peur que tu balances de toutes tes forces une tôle de plus, la tôle de trop.
Écarter des pierres plus grosse que toi et que se soit lui en dessous.
Avec plus rien de lui à l'intérieur.
Juste une carcasse vide.
Un morceau de nous en moins.
Riley arrête.
Arrête.
Arrête.
Bordel.
Arrête toi.
Putain.

« J'arrête. »

Toi tu le feras jamais, pas vrai ?
J’ai jamais eut assez d'énergie pour te suivre.
Tu le sais bien.
Alors c'est mes jambes qui se stoppent.
Ca refuse dans le corps, de faire un pas de plus.
Le cœur a dit non.

« J’abandonne Riley. »

La voix tremble autant que les mains enfoncés dans les poches pour que tu ne les vois pas.
Mes yeux sont aussi creusés que les tiens.
Mais on a jamais été les mêmes Riley.
Là où tu t'entêtes et fonce droits devant.
Toujours un peu dans le tas.
Moi je n’ai toujours fait que baisser les bras.
Riley me force pas.
Me force pas à le découvrir inerte.
Je pourrais pas.

I was bruised and battered,
I couldn't tell what I felt.

Les cheveux sales en bataille, les muscles tendus qui soulèvent les gravas. Ses bras brûlent, brulent, brûlent sous l'effort. Ça fait mal. Ça fait du bien. Elle a les mains meurtries par le béton, Riley, quand elle sent Arsène s'arrêter quelques mètres derrière. Toutes ses alarmes s'allument en même temps. C'est comme un feu d'artifice tous les jours dans l'hémisphère droit de son cerveau depuis la tempête. Arsène a besoin de moi. Elle a déjà le sac-à-dos ouvert quand elle se retourne, les mains tendues vers sa sœur. Elle lui offre sa bouteille d'eau hépar (on fait ce qu'on peut pour survivre à l’apocalypse :rip:

), un paquet d'oréo et.

« J'arrête. »

À quelques pas d'Arsène, le pan de mur qui s'est écroulé là ressemble à s'y méprendre au leur. C'est le temps de deux secondes, elle voit la main de son père qui dépasse. Elle entend le faible gémissement. Elle sent l'odeur de la poussière et les poings serrés d'Arsène sur son bras qui les tirent au dehors. Deux secondes et puis, aussi soudainement que c'est venu, il n'y a plus rien sous le tas de gravas. Ses muscles se bandent quand même, elle doit vérifier. Elle doit...

« J'abandonne Riley. »

Ses yeux sont sur Arsène. Focus, Patterson. Elle ne comprend pas. Alors elle répond factuellement, d'une voix sûre, fiable. Ses mains sont déjà en train d'ouvrir le paquet de gâteaux pour Arsène. Tu vas faire de l'hypoglycémie. Mange.

« Tu abandonnes. »

Parce que, sérieusement, qu'est-ce que c'est bien censé vouloir dire. J'abandonne Riley. Ça n'a pas de sens. Parce que ça a toujours été eux contre le reste du monde. Parce qu'ils ne peuvent pas exister individuellement. Parce que de la même façon qu'ils ont toujours su, Riley sent que Rowan est en vie. Et plus que tout, parce qu'Arsène ne peut pas abandonner Riley.

« Tu abandonnes quoi ? »

Il est là, pourtant, ce petit accroc. Ça a changé. Quand ? Ça a cessé d'être facile. Quand ? Elle sert trop fort, et le paquet d'oréo crisse comme un vieux déambulateur. Les mains d'Arsène tirent sur l'accroc. Arrête Arsène, on n'a pas besoin de tout déchirer.

Et elle est terrifiée, Riley. Parce que ce qu'elle a vraiment voulu dire, la question-qui-n'a-pas-de-sens, c'est tu m'abandonnes moi ? Et pour la première fois de sa vie, elle n'est pas certaine de la réponse d'Arsène.

Spoiler:

Ça finit toujours pareil
Je connais trop bien ce film

J’en peux plus Riley.
J’en peux plus de tout ça.
J’en peux plus de tout ces morceaux que tu soulèves.
J’en peux plus Riley.
J’en peux plus de toi.
J’en peux plus de moi.
Et de lui qui n’est pas là.

Tu joues les grandes. Les mères, les soeurs, les sauveurs. T’assumes pour deux, pour trois, pour quinzes, un tas de rôle qui ne te vont pas. Tu luttes, tu tombes. Tu te relèves. Tu tiens debout. Tu tiens debout et ça fait mal.
Mal de te voir écorchés.
Mal de sentir le bout de tes doigts en sang quand tu creuses les décombres.
Mal de voir que tu refuses la faiblesse et tous les maux du coeur.
Alors qu’elle croule sous les siens.

Tu fais mal Riley.
Parce que tu serais prete a tout porter pour deux.

Tu répètes et c’est le corps qui se crispe. Dans ta bouche on comprend le sens des mots que l’on vient de prononcer. Déforme les silences de ces respirations suspendu. Entend la page du livre que l’on est entrain de déchirer. Flottements entre les phrases comme si vous étiez deux à vouloir en vérifier le sens. C’est toi qui demandes les précisions. Et ces vos coeurs en suspension.

La syllabe en trop, celle qui retourne le crâne en une fraction de seconde. La question qui attrape et ne laisse s'échapper. Réclame plus amples explications.

On le retrouvera pas Riley.

« C’est fini Riley ...J’veux pas continuer à retourner tous les putains de cailloux de cette ville... Ca rimes a rien ! T’espere quoi ? On d’ja fait tout les endroits ou ils auraient put se trouver ! On a marché dans Arcadia pendant une putain de semaine. En long en large et en travers. Tu crois qu’on va soulever un PUTAIN DE MORCEAU DE BARAQUE ET QUE MIRACLE IL SERA LA ET VA NOUS FAIRE COUCOU, SALUT LES FILLES VOUS M'AVEZ MANQUÉ ? »

A chaque centimètre de la ville que tu brasses, c’est les tremblements qui se font plus dur a contrôler. L’entaille sur cette âme que vous partagiez a trois qu’elle voit progresser.
Continue pas, continue pas a chercher.
Il n'y aura rien de bon à l'arriver.

« IL EST SÛREMENT CREVER ROWAN. CREVER COMME PAPA. CREVER COMME LA PLUPART DES GENS DE CETTE VILLE DE MERDE. »

Crever.
Crever.
Crever.
Alors qu’elle est là.
Qu’a choisir, ce n'était pas Rowan, le triplé Patterson que l’on aurait dû sacrifier.

Elle s'essouffle Riley. Elle crache toutes les peurs.
Elle a jamais été très forte pour s'exprimer Riley.
La force pas a continuer.
On ne veut pas te dire toutes ces horreurs que les démons ont murmurés.

» Attention v'la la tarée! [finit]
» ça finit mal sur le trottoir ☵ Luci
» Batman ?
» C'est l'heure du dudududuel ϟ Batman