All the other real ones that I destroy [PV : Sweetie/début septembre/Terminé]

C’est bien normal, après tout, d’éviter certains sujets épineux. Le scepticisme dans ce regard qui glisse de la droite vers la gauche, le pauvre héritier s’interroge si l’autre est réellement bien placé pour lui tenir ce genre de grief.
Mais qu’importe, il s’en tient à ces roulements d’yeux et finit par les poser pour écouter les lèvres babillardes raconter un récit tout de même assez dense mais pas forcément riche : Il se fiche bien que la majorité de rouquins se trouvent en Irlande ou bien qu’on retrouve principalement les kangourous en Australie.
Mais qu’importe, il s’en tient à ces simples faits en hochant hypocritement la tête. Après tout, il le fait même tout du long du discours du fameux irlandais ; même bien trop pour ne pas distinguer les quelques maladresses que Bloody Mary ne voudrait pas laisser paraître dans le rôle qu’il a joué, lors de leurs premières heures ensemble. Même s’il finit par le démentir, une énième fois.



Il se veut plus sarcastique. Tout est évident et il a effectivement compris qu’il ne fallait pas le prendre pour la princesse qu’il a prétendu être. Même s’il n’est pas forcément intéressé par ces informations au point de ne pas percevoir un toc ou une étourderie, l’arrogant garçon est resté un tant soit peu attentif, que ce soit tout à l’heure ou maintenant : Assez pour fuir le commentaire sur le stéréotype qu’il représente. À vrai dire, Sweetie n’a pas pu s’empêcher d’y penser lorsqu’il l’a rencontré. Or il pensait que c’était bien plus assumé que ça.
Pour sa part, il ne se fait pas attendre pour assumer ce qu’il a accompli.



Pause. Pour le coup, l’échec est survenu aussi brutalement que rapidement dans cette liste d’exploits. Mais c’est comme si rien n’est survenu puisqu’en dépit de ce mauvais dérapage, Sweetie ne baisse pas les bras, rehausse les manches de son T-shirt et poursuit comme si de rien n’était ; comme si travailler était la suite des choses à cette échange. Il revisse au lieu de dévisser, son maigre coffre à secrets.

C’est la meilleure fuite qu’il trouve. Il aurait bien dit que dévoiler de tout en bloc était assez pitoyable et toujours aussi synthétique que se lancer des questions à tour de rôle mais cette attaque lui aurait risqué encore plus qu’on lui pose des questions à propos de ce sujet, en particulier.
De toute manière, si Mary vient à le questionner sur ce propos, il usera du mensonge. Après tout, il ne le connaît et sait encore moins qu’elle est aussi à Arcadia Bay.

Les mots sont beaucoup plus nombreux. Ils se mélangent. Il n’y a presqu’aucun lien entre eux. Ce n’est pas sûr qu’il retienne tout puisqu’en réalité, qu’est-ce qu’il s’en fout. Paradoxal quand on insiste pour qu’une personne soit aussi bavarde et au final, on finit par s’ennuyer de ce qu’elle dit. En réalité, c’est presque comme une bande son tandis qu’il répare le tout.
Mais peut-être que Bloody Mary y est aussi pour quelque chose. Après tout, les informations qu’il lui tend n’ont rien à voir avec ce que Sweetie réclame intérieurement : Avoir accès à des informations personnelles sur l’autre dans le seul but de pouvoir se délivrer avec confiance. Mais peut-on sonder quelqu’un quand on n’avoue pas de vive voix cette requête ? Or, il n’y a pas plus honteux que de réclamer de cette manière. Il se moquait de cette manière d’échanger des questions pour mieux se connaître ; demander de devenir « intime », c’est encore pire. Il ravale donc cette revendication et se rattrape sur ce qu’il peut : Les premiers mots de Bloody Mary lorsqu’il a repris la parole.



Et avec ce sourire peiné sur les lèvres, c’est comme s’il t’appelait, lui, encore princesse, qui te correspond probablement beaucoup moins. Il tente de te conforter et veut percevoir toutes tes peines pour les consoler alors qu’il n’est pas capable d’entendre tout sur tes lèvres. Comment peut-il prétendre vouloir écouter ton cœur ?

Il essaye d’être, à cet effet, plus précautionneux que d’autres. Puisque d’autres ne le sont pas. Il imagine, puisqu’après tout, c’est son cas. Il n’apprécie pas qu’on l’appelle Sweetie, lui. Il n’apprécie qu’on lui rappelle ces « fâcheux » épisodes qui font sa risée.



Parce que ce n’est pas son cas mais ça serait bien trop honteux de l’admettre, ce pourquoi, comme une autruche, il replonge dans le cambouis lorsqu’on lui tend l’instrument dont il a besoin. Bloody Mary l’assiste, effectivement, mais non pas pour ce qu’il croit. Il l’assiste, l’accompagne à se sentir moins seul. C’est ce qu’il voudrait. Sweetie double d’œillades suspicieuses lorsqu’il rencontre, chaque fois, le regard de son collègue.



Ses sourires tempérés n’ont rien de sage et ne font qu’agiter, remettre tout en doute. Et pourtant, il se montre comme l’adjuvant bienveillant, à autant s’appliquer sur la réparation et s’inquiéter pour l’autre. Mais la seule chose qu’il répare, c’est sa propre estime qui s’étiole au fur à mesure de leur discussion : Lui qui espérer trouver un partenaire de solitude. Lui qui espérer qu’on ne le charrie pas sur sa fiancée non plus.

Ses charmantes fossettes ne disparaissent pas. Ses lippes restent même éternellement figées dans une délicate courbe, comme s’il s’en tient aux seules réponses indirectes qu’il a perçu. Il n’entend pas ce que contredit Bloody Mary et préfère garder un sourire de déni plutôt que goûter à l’insatisfaction. Ce n’est donc plus des choses qu’il relève, des choses dans lesquelles il souhaite se plonger. Alors que Bloody Mary répond à ses questions, peut-être par quelques raccourcis, lui les contourne superbement et fait comme si elles n’avaient jamais existé en travers de son chemin. Pourtant la chute est bien réelle, bien visible : Sweetie ne fait qu’éviter de nombreux sujets, plus ils s’accumulent. Cette stratégie de pioche, qui gratte finalement contre chaque paroi potentiellement friable chez Bloody Mary, se retourne malheureusement contre lui. À la place, il fait donc mine de serrer un boulon plus fort pour ne pas comprendre la question à laquelle, de toute manière, il connaît déjà la fin. Bien sûr, il ne peut toutes les éviter de cette manière.



Piètre excuse mais Bloody Mary doit bien le reconnaître : Le principal problème, actuellement, c’est la voiture. Pas de savoir si son collègue préfère la sauce bolognaise ou carbonara. Quoiqu’il aurait même préféré ce genre d’interrogatoire à la con.
De ce fait, il sélectionne les questions les plus favorables à son image : Une seule.



Pour le cas de Rage, c’est ce qui tient le plus de la réalité. Lorsqu’il extrapole aux pirates, il fait abus d’euphémisme. Bien sûr que ce ne doit pas être de si mauvaises personnes mais ça ne veut pas pour autant dire qu’en globalité, il les apprécie. C’est même plutôt l’inverse. De bons gars, c’est même presque dégradant quand ça claque contre le palais de Sweetie. C’est un peu maladroit d’enchaîner sur celui qui est en face de lui, du coup, mais il tente le coup.



Après avoir détourné la question faisant référence à son surnom, il joue même avec, jusqu’à se demander la signification de son surnom. Ce n’est pas celle-ci et peut-être que Bloody Mary n’est d’ailleurs pas au courant pour que ses rires soient encore autant autorisé alors qu’il ne fait que mentir et se couvrir sous le capot. Il n'est pas prêt à autant en donner. Une question à la fois.

Peut-être que son excuse d’il y a quelques secondes a convaincu Bloody Mary de lui accorder des temps de répit et moins de questions. Au moins, ça lui gratifie le droit de terminer de remplacer le joint de culasse. Il termine en refermant aussi brutalement le capot que la conversation. Sa main reste sur la carrosserie de la voiture, certifiant qu’il est bien l’auteur des réparations.



Ses yeux sont rieurs mais en réalité, Sweetie attend bien quelque chose de la part du roux, et pas juste un remerciement. Un remboursement dans le temps que lui imposera et conviendra Sweetie plus tard, avec ce sourire bien trop angélique pour être sincère. Il signe lui-même le pacte en remettant les clés de la voiture à Mary et commence à s’installer dans la sienne. Il ne fait pas plus de commentaires sur le reste. Le pirate ne semble pas vouloir faire de lien (ou en tisser) avec l’autre alors il ne se confiera pas. Du moins, certainement pas aujourd’hui, ce pourquoi il enclenche le moteur mais sans le laisser en plan.



Il insiste assez sur cette dernière et simple phrase. Non pas puisqu’il veut se montrer d’une grande générosité mais plutôt, optimiste, en guise de dernier essai ; peut-être ne sont-ils pas si différents. Si Sweetie avait eu le choix, il ne sait pas s’il aurait rejoint les autres vagabonds. Il ne sait pas s’il aurait supporté la solitude non plus. Mais comme l’irlandais, il se demande si finir espion pour les greens est la meilleure solution. Mais il ne peut pas vraiment faire machine arrière et suit un chemin sinistre, à l’aveugle.



Des mots taquins même si Bloody Mary a avoué s’en foutre. C’est ce qui est justement blessant. Il n’est pas réceptif. Lukas aurait préféré l’inverse. Il aurait aimé qu’on lui prononce ces mots, au fond de lui. Qu’il n’est pas tout seul. Qu’il peut suivre quelqu’un. Qu’on ne le perde pas.