[END] [NC18] It's a date // Sweetie

Une courte mèche s’immisce dans le cadre de son visage. Il la balaie mais sans s’en préoccuper, contrairement à l’accoutumée. Elle n’est pas la seule, finalement, à épuiser ce portrait immaculé. Ayant assez souffert, il ne peut pas forcément tout panser.
Bien plus fatigué, bien plus hésitant, c’est timidement qu’il avance vers l’homme qui se trouve dos à lui et ne peut décidément pas déjà le distinguer. Se rapprochant lestement vers son objectif, il lui attribue une main sur l’épaule. De cette manière, le nouvel arrivé s’assure qu’il parle bien à la bonne personne mais surtout manifeste une présence qu’il tente de jouer comme rassurante.



Une fois assis, face à lui, il a bien confirmation qu’il s’agit de Bambi.
Il confirme son côté consolateur en ornant ses lèvres d’un doux sourire, fidèle à son surnom, comme l’a relevé le destinataire de ses lettres. Mais est-ce bien suffisant pour camoufler toute la peine qui envahit son visage ? Ses cernes débordent et si Bambi l’a déjà rencontré auparavant, il pourrait remarquer que l’homme face à lui n’est pas aussi seyant qu’à l’habitude, encore moins seyant que les légendes qu’on bâtit autour de lui.
Quelque chose cloche, c’est certain et Sweetie n’est pas aussi bête pour ne pas le sentir. S’il appuyait son regard jusque-là, dans les yeux de Bambi, il détourne les siens, scrutant le verre à ses côtés. Quelle ironie de voir que quelqu’un a fait plus d’efforts que lui, pour bien se présenter. Il ne se sent pas autant à son aise qu’il l’aurait cru. Ça ne se passe comme habituellement.



Ses fossettes apparaissent une nouvelle fois mais pas pour les mêmes raisons. Il semblerait qu’il veuille dédommager ses torts, liés à son apparence plus modeste que normalement, par ces deux subterfuges.

La calligraphie de Bambi est agréable à lire. Elle est loin d’être commune. Peu de personnes suivraient le cours de cette écriture extravagante ou de ses pensées. Peu de personnes oseraient agir de la même manière que Bambi. Son interlocuteur est hébété par cette audace : Très peu de personnes lui ont demandé son prénom jusqu’alors. Il papillonne des yeux, d’abord, d’étonnement, puis finalement, de plaisir. Il apprécie son excentricité.



Il ne lui retourne pas la question puisqu’il pense qu’il aurait bien d’autres occasions de lui demander son prénom. Lui aussi tente de flirter avec l’audace plutôt que juste lui renvoyer bêtement la question.



Il lui offre un sourire sincère et promis. D’ailleurs, il essaye de ne pas rompre la plupart de ses promesses. Avant que Bambi ne se lève pour aller récupérer quelque chose au bar, l’autre homme dépose délicatement sa main contre la sienne. Marque d’audace mais surtout de possessivité, il bloque Bambi dans son élan et compte bien montrer qu’il peut prendre les devants. Il presse sur sa main avant de se redresser.



Il lui adresse un clin d’œil à double signification. Contrairement à lui, il n’a pas besoin de demander ce qu’il peut lui offrir, ou plutôt il ne daigne pas le faire. Il se contente de lui ramener une bière, deux minutes plus tard. Ce n’est pas la boisson parfaite. Il aurait bien prévu un cocktail spécial pour, lui aussi, faire parler son inspiration. Mais les conditions actuelles ne permettent pas d’engager de bons mixologues. Une bière, au moins, pour éviter de passer trop de temps sur ce détail. Il commence à saisir que Bambi est plutôt pressé.



Il rattrape sa main, qu'il caresse puisqu’il a délaissé, tout en buvant sa bière, qu’il déguste, lentement. Contrairement à Bambi, Sweetie se retrouve être beaucoup plus patient et joue de cette qualité pour narguer les tressaillements apparents du jeune homme. Si ce dernier arrive à exaucer assez rapidement les désirs secrets de Sweetie, lui ne fait qu’augmenter le désir plutôt que le réaliser.

Sa paume encore superposée sur le dos de la main partenaire, il la quitte lentement, ses longs doigts glissant car plus timides. Son regard se renfrogne de nouveau, face à la question. Il suppose qu’on le questionne sur le groupe auquel il appartient. Bien sûr que Sweetie n’avouera aucun mot sur sa réelle condition mais finalement, révéler qu’il est en quelque sorte un malfrat est-il une bonne idée pour séduire quelqu’un ?
Ravalant des mots trop francs, il tente de les choisir au mieux avec quelques maladresses.



Jusqu’au bout, c’est inadapté. Il apprécie le bon temps qu’il passe avec Bambi. Et pourtant, le regard fatigué mais envieux laisse aussi entendre que la biche ne pourrait être qu’un jouet. Il en contredirait presque sa volonté de passer du temps à se connaître. Il saute même des paliers, passant de la main à la cuisse qu’il s’amuse à visiter du mieux qu’il peut, doigts pianotant difficilement dessus, cachés par la table pour deux. Il les saute, ces paliers, puisqu’il esquive finalement la question qu’on lui proposer et vient à s’intéresser à lui, pour éviter un sujet peut-être tabou.



Sachant pertinemment que Bambi ait éprouvé de manière épistolaire ses désirs, Lukas suppose que qu’importe la relation, il doit effectivement éprouver une certaine solitude sur laquelle il décide de jouer ; bien qu’il appuie peut-être trop fort sur cette corde avec son indélicatesse qui se prolonge.



Ses paupières papillonnent et le dévorent des yeux. Néanmoins, il n’a volontairement pas précisé cette partie de l’anatomie dans sa phrase. Il attise encore la flamme comme il laisse à penser qu’il brûle toujours les étapes.
Sweetie est pour autant bien trop patient. Il se laisse désirer pour mieux apprécier le pas qu’accomplira son rencard. Cette fois-ci, il risque de lui offrir plus qu’un verre. Du moins, c’est ce qu’il imagine puisqu’après tout, Bambi peut mal prendre le fait d’avoir été malhabilement qualifié de passe-temps.

Il ne se dégage pas de la douce étreinte imposée par son voisin mais plutôt de l’atmosphère instaurée. C’est d’un regard bien différent que, oui, Bambi scrute l’autre homme. Ce dernier ne sait pas déterminer de quel regard il s’agit mais il comprend assez rapidement que quelque chose ne semble pas fonctionner. De ce fait, Lukas se ravise, la main fuyant la cuisse qu’il a plus que frôler, et finit par se dissimuler derrière son verre, derrière des questions laissées en suspens.



En revanche, son regard ne s’enfuit pas. Il ne s’excuse pas de ces travers, que ce soit l’oubli de ce prénom ou ce geste audacieux. Il n’interroge pas, pose la question indirectement. Sweetie a l’habitude de fuir mais dégage cette aura de grande confiance puisqu’il n’agit pas, en apparence, comme un poltron. Derrière cette mousse portée à ses lèvres, on devine pourtant assez bien le sourire qu’il transparaît. Après tout, il s’extirpe mais ne lâche pas pour autant Bambi des yeux, encore une fois. Il n’abandonne pas non plus et prend juste du recul. Prendre du recul pour que, paradoxalement, le blond le regarde de plus près et remarque qu’il ne peut être rangé comme les autres.



Dépité, il en roule même des yeux. Pourtant, Bambi est bien l’une des premières personnes à le ranger parmi les Pirates et il devrait s’en sentir flatté, lui qui désire être inclus.

Son pied passant sur l’autre cuisse, il adopte une position excentrique mais elle est si originale qu’elle laisse apparaître l’assurance voire l’outrecuidance dont il fait preuve.



Paupières closes car confiantes, il replonge dans son verre.
Bien entendu qu’il penche pour une réponse plutôt que l’autre, pour qu’il profile encore ce superbe et suffisant sourire sur ses lèvres. Cependant, Sweetie laisse à penser, dans ce quitte ou double, qu’il donne le choix à Bambi.

La conversation platonique se clôture sur ces mots. D’une traite, il finit lui aussi sa bière et laisse la cannette. Tout compte fait, ils l’ont rapidement épuisé et n’ont pas autant de temps qu’ils en ont convenu, de prime à bord. L’autre homme tourne même la veste à cette promesse ; cardigan sur lequel vient se reposer la longueur d’un bras. Le repos se conclut par une paume contre l’épaule située à l’opposée. Il la tapote, comme pour le rassurer de quelque chose. Peut-être le fiasco qui lui serre de voiture.



Et pour lui en donner la preuve, il monte et enclenche le moteur. D’habitude, il aurait justement fait hurler la voiture mais il se dit qu’après tout, c’est un truc de pirates qu’il a dû justement adopter pour s’inclure. Il déglutit et pose les mains sur le volant avant de fixer à nouveau Eli. Il observe la longue coiffure bien peignée qu’il a déjà complimenté des yeux tout à l’heure. La voiture au toit pourtant ouvert crée une espèce d’intimité entre eux qui pousse Sweetie à enrouler une des mèches à disposition autour de son index. Ses cheveux, pour sa part, sont inhabituellement décoiffés, ce qui ne lui plaît guère mais il vient y apporter une sorte d’excuse taquine.



Il ne conclut pas sa phrase. Une autre voiture passe, probablement de pirates. Il regarde donc de l’autre côté, plutôt que la personne face à lui. Il rit jaune et reprend le volant.



Un petit malaise supplémentaire s’installe entre eux et Sweetie finit par lancer un CD de rock dans le lecteur de la radio. Un son assez lourd pour ne pas entendre la gêne qui plane, le temps du trajet. Aujourd’hui il n’est, oh non, pas si pirate, puisque manquant d’audace. Et en dépit de son arrogance, il n’est donc plus trop non plus Lukas aujourd’hui ; ce pourquoi il n’a pas fait les premiers pas. Et il ne le fait toujours pas pour sortir de la voiture. Une fois arrivés, il attend encore que Bambi le fasse, pour les mener jusque dans la librairie.

Les avances qu’on lui accorde ne sont pas forcément à son goût. Il n’en attend pas autant, en matière d’énième premier pas. Pour autant, ça ne le rebute pas non plus puisqu’il accueille assez aimablement le chemin qu’on lui trace et la main qu’on lui offre. L’entame jouée, Sweetie se permet d’être plus confiant et, avant d’épier que personne ne se trouve aux alentours, dehors, entrelace ses doigts entre ceux d’Eli.

Bambi soulève un constat absurde : C’est évident que la maladresse de Sweetie le conduira à se faire mal. Il trébuche dans une petite pile de livres mais courbe juste le dos plutôt que totalement chuter ; non pas pour réparer le tort. Il rit jaune et se masse la nuque.



D’un sourire peiné, il joue les inquiets alors que ça ne dérange que lui. Ça le dérange que Bambi ne puisse pas le voir se faire du faux mouron. Dans sa veste en cuir, il cherche, bricole et finit par trouver son portable. Pour une fois qu’il sert à autre chose que prendre des photos, il active la lampe torche juste entre eux, laissant son sourire encore plus illuminer leur rapprochement.



Et par là, le brun sous-entend également qu’ils n’ont pas besoin d’aller plus loin, finalement. Ils sont proches d’une étagère. Après avoir posé son téléphone contre l’écran sur une table à proximité, il amène Bambi à reculer jusqu’à cette bibliothèque, ses mains sur chacune des joues. Ses lèvres se rapprochent de celles de l’autre homme mais il n’a pas fermé les paupières. Cet instant dure assez longtemps pour laisser croire que Sweetie fait preuve d’une douceur incroyable mais d'une patience irritante. Mais Lukas s’amuse, les commissures très sobrement relevées, à démêler l’élégante coiffure qu’il tient prisonnière. Il s’amuse à laisser ses griffes chatouiller les joues de son vis-à-vis. Il s’amuse à tirailler et garder captive sa boîte crânienne sous cette cage de doigts. Il n’inflige pourtant aucune pression, sauf au bout de peut-être trois précieuses minutes où ses lèvres atteignent enfin celles de l’autre, lestement mais sans préavis. Sa douceur se témoigne dans sa lenteur, pas dans le consensus, hélas. Il provoque l’union, sa langue enfonçant la cavité à sa disposition, empêchant Bambi d’apporter le moindre désaccord.

Une lourde pression naît donc entre les deux hommes. À la manière d’un aimant, elle les attire puisque Sweetie ne peut s’empêcher d’affermir le baiser qu’il décerne à l’aide ses mains. Elles vont même jusqu’à aller plus bas, dans cette nuque non dégagée, lui donnant même plus d’appui, mais donnant en retour, plus de fil à retordre à Bambi à se défaire de cette emprise. Ce dernier repousse l’attraction que Sweetie impose. À bout de souffle, il y parvient plusieurs secondes plus tard, qu’à vrai dire, lui seul a peut-être comptées. Son visage, par la seule lueur diffuse présente, semble horrifié et la remarque en témoigne. C’est ce même commentaire qui se met enfin à stupéfaire l’autre homme, qui ne s’attendait pas à cela. L’intimité créée par le milieu, il n’aurait pas cru que ça pourrait déplaire, d’aller plus en profondeur. Non, encore une fois, il a échoué. Le rappel de ce maudit jour lui a prouvé : Il ne doit certainement pas tout contrôler et écouter plus l’autre. Il abaisse la tête, déçu de devoir se plier à cette leçon mais également, d’avoir ainsi frustré l’autre. D’un visage désolé, pour autant, s’échappe rarement des excuses. Il demande déjà une seconde chance, se mordant la lèvre et regardant ailleurs.



Le sourire qu’il lui lance timidement n’est pas si sincère. Ce n’est pas qu’il compte rompre cette promesse qu’il pourrait tenir mais il est sûr, pour lui, qu’il ne peut y retrouver du plaisir. Pourtant, c’est un peu le but de ce rendez-vous. Mais il en trouve d’autres, des intérêts, comme, finalement, se montrer plus doux, différent des autres pirates ou tout simplement plaire, en dépit de cette apparence plus désordonnée.

Il passe sa main dans ses cheveux, un peu pour les recoiffer mais aussi songer à cette proposition qu’il propose. D’un pas, il recule, pour laisser l’autre respirer. Il rompt la pression et tend sa main, sans presser ; signe d’un contrat. Bambi n’a qu’à accepter cette main ou non pour la poursuite et les mener.

Battant à toute allure, ce n'est pas un rythme normal qui cogne sa poitrine. Ce n'est pas une situation saine pour lui. Bien que motivé pour certaines raisons, il regrette tout de même, un moment, cette délégation, se mordant la lèvre avant qu'on y accède. Fuyant le regard et le contexte, la main qui vient caresser son visage le ramène au bon sens et l'empêche de pouvoir exécuter un des plans qu'il ébauche beaucoup trop rapidement dans son esprit pour être réalisable mais surtout raisonnable.

La pomme d'Adam remontant, à la manière de cette main, mais redescend bien vite. Il ravale ses justifications. Il est pris au piège, entre Bambi, cette étagère et ce défi qu'on lui lance. Ce n'est pas qu'il ne s'en sent pas capable puisque l'espion pense, malgré son manque de cohésion pourtant, pouvoir s'adapter. Or, il lui fait du temps, pour ainsi se livrer.



Son rire jaune véhicule, quand même, le reste de confiance que lui a octroyé la deuxième chance. Il reste un peu triste que Bambi, désormais dans son lieu et en possession des rênes, ne voit l'autre que comme une occupation, comme il le clame maintenant. Encore une fois : déçu de décevoir et d'avoir fait perdu l'espoir. Lukas ne fait que briser les bouts de réjouissance. Peut-être n'est-il que ce mannequin, en fin de compte, dont on se sert pour en retirer du plaisir ? Mais quelles sont les issues pour lui, s'il se laisse ainsi utiliser ? Peut-être qu'on ne le laissera plus seul, s'il obéit un peu.



Il reste impertinemment immobile, quoique victime de quelques frissons, lorsqu'on nargue ses lèvres d'un peu trop près. Le malaise est tel qu'elles ne peuvent s'empêcher de se contorsionner en un rire discret par le bruit, mais bien visible. Elles ont en tout cas la qualité de leur possesseur : la patience. Fidèle à son engagement, il ne tente donc rien. C’est au tour de Bambi.

Ça l'amusait, de se moquer de l'impatience d'autrui puisqu'il ne l'a, jusqu'alors, jamais partagé. Aujourd'hui il la comprend comme il assume pourquoi celui face à lui s'est montré, précédemment, aussi hâtif. Maintenant qu'il lui a relayé le contrôle, les rôles et les assignations se sont totalement inversés ; les goûts également. La saveur sur ses lippes n'a pas ce côté délicat qu'il vient, normalement, cueillir comme bon lui semble. Elle a un arrière goût frustrant mais persistant, le jeune homme ne resserre que les poings et les yeux et n'entame pas davantage, comme promis.

Avec aigreur, il déshabille son buste. Il doit faire les premiers pas tout n’en retirant rien. L’égoïsme hurle : la seule chose qu'il fait c'est faire plaisir. C'est un sourire hypocrite que la poupée dévoile puisqu'il n'est que ça ; articulé par des ordres et des envies de plaire. Mais lui, rien ne lui plaît. Et pourtant une petite voix non impérieuse tente de l’autre côté.



Multiples sous-entendus là-dedans, à voir lequel tu choisiras de comprendre. Toi qui cherche dans ses prunelles, peux-tu comprendre que dans son rire forcé, il veut tant de choses de ta part. Sa main glisse sur le cardigan. Il est curieux et ne veut pas avancer dans l'inconnu alors que ces lacunes, ce manque d'accès, c'est justement ce qui lui déplait. Donne lui plus : Que tu te déshabilles, que tu lui fasses comprendre qu'il plaît, que tu te balades les soucis et que tu remplaces même peut-être quelqu'un. Il se mord la lèvre. Il veut que tu en fasses tout autant si ce n'est plus. C'est peut-être pour ça qu'il t'offre le contrôle, en réalité.
Définitivement, ce n'est pas un cadeau et Lukas ne sera jamais une personne généreuse.

Ses yeux se portent sur les mains longues et délicates de l'autre homme. Ce qu'il a peut-être le plus apprécié, c'est ces caresses qui flattent ses muscles, maintenant à découvert. Alors si Bambi n'ose pas en faire autant en matière de nudité, ce qu'il aimerait, c'est être cajolé encore mais mieux et plus, le torse maintenant tout destiné à cet usage.
Ce n'est pas un cadeau. Ce n'est pas gratuit. Ses yeux saphir le fixent avec une envie débordante. Fais quelque chose mais fais le bien, Bambi. Ne crois pas qu'en retour et reconnaissance, il donnera de seconde chance.

Il a tout un plan dans sa tête et en vrai directeur, il voudrait que ça se déroule ainsi, sans avoir à le dire avec des mots : Qu'il se déshabille, maintenant à égalité, puis qu'il le caresse comme il l'a fait pour son visage.

Impatient, ce n’est pas souvent qu’on le définit comme tel. Ce n’est même pas souvent qu’il montre, aux yeux du monde (l’intimité en faisait partie), cette impatience. À l’inverse, il préfère révéler une image bien plus imperturbable et maître de soi. En l’occurrence, il n’est pas maître de la situation. Il ne transpose pas cette image habituelle et commet la maladresse de révéler cette pétulance dont on l’accuse. Lorsqu’on lui pointe du doigt, Lukas grimace son sourire, coupable.
Ça ne sert à rien de lui dissimuler puisque c’est visible. Il s’apprête à confirmer mais on lui dérobe la réponse du bout des lèvres, pourtant crispées. Peuvent-elles te plaire ainsi ?

En tout cas, ce que tu lui fais lui plaît. C’est ce qu’il attendait et on a répondu à ses attentes. Finalement, les lèvres qu’on embrasse sont conquises par un faible soupir de satisfaction. Ses attentes sont même dépassées. Comme prévu, l’autre n’est pas aussi patient et n’utilise pas que ses mains pour flatter le corps de son amant, de quoi le ravir.
Ce que tu lui as fait lui plaisait, jusque-là. Tout va pourtant dans la vitesse.
L’endurance de Sweetie n’est pas satisfaite, elle qui apprécie le long plaisir.
La maîtrise de Sweetie est réduite à néant, lorsqu’il lui prononce cet ordre.
Devoir suivre quelqu’un, ça lui déplaît foncièrement. Il a besoin d’une liberté qu’il s’est lui-même bridé. Il a besoin de défier. Cet ordre, il va le contourner.

Bizarrement, la grande main du brun se pose délicatement contre le torse de l’autre homme et l’amène à se pousser, de pas en pas, jusqu’à le faire rencontrer une table. Il l’invite à se poser sur elle, sa main derrière son dos. Or, contrairement à la fois précédente, il est un minimum plus vigilant : ce n’est pas forcé ; Bambi peut répliquer.



Il ne peut, en revanche, pas répliquer là-dessus. La taquinerie jetée dans le creux de son oreille, il lui mordille avec tendresse et possession ; fidèle à lui-même, le prédateur prend du terrain. Il s’est pourtant promis de te laisser les rennes. Il te laisse cet espoir.



Il lui a déjà dit : il veut qu’il le touche et l’égoïste ne l’a déjà pas assez fait. Il a contourné et quand bien même Bambi clame ses désirs, qu’il espère les plus intimes, possessif comme il est, Lukas est assez fourbe pour encore les détourner en sa faveur.

Dévorant l’oreille à sa portée plutôt que la nourrir de cajoleries, c’est à Bambi que revient le droit d’alimenter leur rapport d’ordres, comme convenu. Plus attentif qu’à l’accoutumée, la tête brune se redresse, surprise de tous les mots, tremblotants plus par l’inquiétude qu’un dit froid. La multiplicité de phrases aussi insistantes ne devrait pas l’étonner ; après tout, il les a lui-même réclamées. Et pourtant, les grandes prunelles bleues détaillent avec stupéfaction le visage qui lui impose de se tourner vers lui.

Il n’aime pas cet encagement de sa mâchoire. D’autant plus que ça manque cruellement de fermeté. Le sourire se froisse chez les deux hommes. Il n’aime pas ça. Avec vivacité, il fera oublier (oui) cet instant en posant avec tenue ses lèvres sur celles de l’autre, forçant la cavité buccale. Mais plus d’inquiétude, Bambi, il a compris la leçon. Même si ta tête est finalement la plus prisonnière des deux, il ne te garde pas physiquement sous son emprise. Il a d’autres stratégies.



Ne pense qu’à moi.
Non, il répète.



Effectivement possessif, la main qui corrigeait la trajectoire de son visage se voit déviée et punie par une autre, entrelaçant des doigts entre les creux, l’obligeant à ne plus bouger. Ça pourrait porter à confusion mais Sweetie s’assure de ne pas faire trembler l’autre homme davantage, ainsi.



L’anxiété d’Eli lui prouve bel et bien qu’il doit se fortifier de son habituelle patience, ce pourquoi il reste une belle poignée de secondes dans sa ligne de mire. Or, sa bouche luisante et humide par leur échange passionnel éprouve un désir auquel seul il se soumet. Les ordres, il n’aime pas et ça ne lui suffit pas. Il a besoin de liberté comme il a besoin d’aller plus loin.
Après s’être assuré que la biche ne voit plus en lui un prédateur, il efface sa présence manifeste mais signale qu’il reste omniscient par le toucher :
La main droite reste toujours dans l’autre gauche.
Les baisers papillons cannibales attaquent ses clavicules.
Ses mèches brunes chatouillent le nez de son compagnon.
Son autre main, tout aussi chatouilleuse, s’immisce avec délicatesse sur le bouton de son pectoral gauche.

Finalement, tous les gestes l’enlacent comme demandé. Les ordres sont répondus. La lourde carcasse du pirate s’abandonne contre lui. Il se plaît à effectuer ses tendresses qu’il imagine provocatrices ; ça éveille tout son corps. Il se plaît à se dire qu’il est capable, par la sensualité, d’effectuer les mêmes prouesses sur la chair de l’autre.

Éternel insatisfait quand bien même on lui offre ce qu'on n’est pas si prêt à céder au départ. Mais il ne se rend pas réellement compte parce qu'après tout, il n'a jamais eu besoin de faire grand-chose pour que ça se passe comme il l'entendait. Autant dire que le manque de mots mais surtout le manque d'actions face à ce qu'il entreprend laisse un goût amer.

Elles pourraient en grimacer, ses lèvres, mais elles gardent la face et tentent de rester aussi délicieuses qu'on n'y a pu goûter jusque-là. Même si les dents grincent, elles n'interviennent pas et il ne fait courir, sur ce chemin lisse, que le plat de sa langue.

C'est si plat, comme réaction, alors que lui pensait déjà pouvoir obtenir une quelconque satisfaction. Mais il doit encore faire ses preuves.



Qu'il continue à faire ses preuves pour obtenir vraiment ce qu'il veut. Est-ce que ça va continuer ainsi, avec aussi peu de plaisir alors qu'Eli l'a contacté parce qu'il le qualifiait de beau ?
Après tout, il n'y a peut-être que ça d'intéressant : être beau. Le reste est plat.

Alors Sweetie s'empresse. Si pourtant il s'est mis à imaginer un tas de stratagèmes pour prolonger l'instant, il doute qu'il puisse « continuer » ainsi. Doit-il procéder autrement ?

C'est un chemin plutôt classique et attendu qu'il emprunte lorsque ses lippes se posent délicatement sur un point que l'autre ne pourrait pas ignorer. De la même manière, il embrasse fièvreusement, à tel point que l'autre ne pourrait s'en dégager.

Qu'il ne s'en aille pas, lui non plus. Il ne posera pas les mots comme il n’a pas d’intérêt à le faire. Il est la personne qui doit gérer la situation. « L’homme de la situation » ; il grince encore des dents.

À l'instar de son partenaire, il cherche à le maintenir, à le conquérir, ses grandes mains encageant tout en écartant les cuisses. Il n’échouera pas à retenir quelqu’un. Ce n'est pas lui qui sera bloqué.
Mais rassure-toi, Eli, c’est une cage dorée qu’il veut t’offrir.

Même en descendant ses lèvres autour de sa prise, sa cadence lascive lui permet de remonter le regard et constater si oui ou non, cette fois, ça peut enfin provoquer quelque chose, qu’on lui montre qu’il peut être plus que beau.