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but when I die alone, I'll be on time [ft. Mum] (end)

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Ashley
vagabond
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Métier Eboueur
Avatar Benedict - Violet Evergarden [Merci Mum, Sylvie et Toba <3]
Ashley
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Jeu 25 Fév - 21:55
but when I die alone, I'll be on time


Il ne savait pas ce qui l'avait guidé ici. C'est faux. Non, à vrai dire, il ne venait jamais dans cette partie là de la ville. Trop lourde, anxiogène, il se sentait poisseux, crade, comme si là, à cet endroit précis, jamais ailleurs, des particules s'accrochaient, sales, gluantes, comme s'il contractait une maladie, comme s'il devenait la maladie. Alors il ne venait pas (tu mens). Rejet de la veuve éplorée, des amis éplorés, des collègues éplorés (pourquoi varier l'adjectif quand la même horreur venait tordre les visages ?) ; ne pas se confronter au malheur, le plus insidieux, pas celui qui sanglote mais celui qui soupire, las, celui qui n'a plus les larmes, celui qui a l'habitude.
Arrête.

Il n'avait aucune raison de venir. Encore moins à une heure pareille, alors qu'il aurait dû être en train de dormir, chez lui. C'était presque honteux de sa part de s'être assis là. Pourquoi s'être assis, d'ailleurs, lui qui avait atterri ici par hasard ? Il devrait repartir. Il n'était pas de ceux qui avaient fourni l'effort (celui de trouver un souvenir, de l'abandonner là, au milieu de tant d'autres) ; détenait-il vraiment le droit de recueillement ? Si quelqu'un passait, il baisserait sans doute la tête, par respect, pour éviter de se trahir, aussi, un peu. De toutes les fois où je suis venu, il n'y avait personne.

Le ciel aussi avait décidé qu'Ashley n'avait rien à faire là. Il se sentait enfermé dans un froid désagréable et sec, qui le toisait de toute sa hauteur (on aurait presque pu le voir froncer les sourcils). Les nuages étaient sombres, presque menaçants ; seul le vent se faisait silencieux (pour combien de temps encore ?), laissant place à l'écoute et à la contemplation. Il était à la fois tard et tôt, et si le soleil s'était levé, il se faisait bien discret, à l'abri, dans sa cachette.
Le vagabond ferma les yeux. Ôta sa veste, comme par défi (mais surtout parce que, il fallait l'admettre, elle ne le protégeait pas de grand chose), et la posa à côté de lui. Se laissa tomber en arrière. Inspira, pour compenser ce souffle coupé par le choc de son dos contre le sol (il aurait pu relever l'odeur d'humus qui flottait autour de lui, s'il avait su que ça portait un nom ; au lieu de cela, il ne parvint à identifier que celle de la fumée d'une bougie récemment allumée). Puis posa ses mains sur sa poitrine, dans l'espoir qu'elles arrêtent de s'entortiller, se démêler, s'entrechoquer, s'égratigner.

Quand il se réveilla d'un somme sans rêve, il ne comprit pas où son toit était passé, ni pourquoi des brins d'herbe semblaient lui effleurer les oreilles. A la manière d'une personne en pleine gueule de bois, il laissa affluer les questions, dans un élan de stress principalement déclenché par son instinct de survie. Je suis où. Qu'est-ce que j'ai foutu. Il est quelle heure.
Cette scène lui rappelait ironiquement celle qui s'était déroulée environ huit ans plus tôt, dans l'appartement de cette femme qui allait devenir la mère de sa fille. Comme pour faire écho au passé, il tourna la tête, d'un côté puis de l'autre ; mais personne n'avait partagé son repos, cette fois. Il constata également, avec un début de sourire, qu'il était habillé. C'est déjà ça.
En vérité, il était même plus habillé qu'auparavant, puisque la veste qu'il avait étendue près de lui le couvrait désormais. L'avait-il agrippée, par réflexe, dans son sommeil ?

Il se releva, et la vision de l'autel eut l'effet d'un flash-back. Il le balaya du regard : la bougie qu'il avait humée était désormais éteinte, et une interrogation lui revint. Combien de temps avait-il dormi ? Les nuages n'étaient pas partis, sans doute irrités de ne pas avoir réussi à faire fuir le vagabond ; ils le punissaient désormais en l'empêchant d'observer le soleil. Ça ne l'aurait de toute manière pas avancé à grand chose, lui qui confondait est et ouest.
Après quelques clignements, les yeux clairs d'Ashley se posèrent sur une silhouette (qui n'était pas présente lors de son endormissement, il en était certain) ; grande, longiligne, ornée d'un bonnet rouge (un bonnet rouge?), se tenant dos à lui, le contraignant ainsi à faire un effort, dès le réveil, pour la reconnaître – car il était sûr de l'avoir déjà vue, cette silhouette. Quelques longues secondes se perdirent ainsi dans cette recherche, et quand enfin la connexion se fit, les mots se précipitèrent, aucun n'osant vraiment sortir.

« Mum ? »

Celui-là était prudent (car, il le savait, il n'existait pas qu'un grand blond à bonnet dans tout Arcadia, et il peinait à accorder toute sa confiance à sa vision encore floue). Il se racla la gorge pour en chasser – sans succès – la voix du matin, et poursuivit, à son grand dam, tout aussi pâteusement, sans réellement songer au manque de pertinence de ses propos.

« Qu'est-ce que tu fous là ? »



Résumé:
Mum
Mère d'une grande famille
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Mum
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Jeu 4 Mar - 19:33


but when i die alone, i'll be on time.
Il y a ses jours.
Ses matins.
Où l’on déserte le château. On laisse des mots aux nounous, à la table ronde, on prépare les départs.
C’était prévu. Ce ne sont pas ses fugues qu’il tente de dissimuler, ce ne sont pas ses fuites qu’il cache sous d’autres excuses auxquels il ne croit même pas.
Non, c’est plus important. C’est bien plus important.

Car il n’y a pas que chez les chevaliers, qu’il faut prendre des nouvelles.
Ses frontières ne s’arrêtent pas au château.
Il faut s’assurer qu’ils vont tous bien. Qu’ils n’ont besoin de rien. Qu’ils dorment en sécurité. Qu’ils n’ont pas disparu, eux aussi.
Il y a tant de lettres dans le sac. Mum ne les a pas compté. Il ne les compte jamais. Il vérifie simplement les noms avant de partir, il vérifie les adresses (celles que l’on invente parfois), il vérifie qu’il n’a rien oublié. Il n’a plus l’habitude de se lever si tôt alors parfois (souvent), les gestes sont brouillons, les pensées aussi, la lumière du jour fait mal et l’esprit est ailleurs.
Trop ailleurs.
Tant qu’il n’a l’air que d’un fantôme qui flotte dans les rues d’Arcadia.

Il connaît les chemins à éviter.
Ceux qu’il ne doit pas prendre, pas parce qu’ils sont dangereux— mais pour les souvenirs qu’ils gardent.
Il en a évité, des rues, pendant déjà ce qui lui semble être une éternité.
Mais Mum renoue petit à petit, avec cette ville qui était la sienne. Avec les visages oubliés. (Tellement coincé dans ce passé qu’il n’arrive plus à en supporter les détails).

Pourtant parfois, avant de s’occuper de nos vivants, ne faudrait-il pas s’occuper de nos morts ?

Alors Mum a vu les bougies, au loin.
Il y va si peu. Assez pour que ses passages devant les autels peuvent se compter sur les doigts d’une main.
Il ne sait pas pourquoi ce matin, il y est allé.
Il s’est dit que ça faisait longtemps.
Qu’il ne pouvait pas repousser, indéfiniment.
Qu’elles ont le droit aussi.
Qu’il n’a plus le droit de l’ignorer.
Qu’il doit être
fort.
Même si ça fait
mal mal mal si mal.

Le vent et le froid ont soufflé les flammes.
Toutes ses bougies à moitié éteintes. (Sans savoir pourquoi, il a un pincement au cœur.) (Non, il sait très bien pourquoi.) (Il veut juste ne pas y penser.) (S’il n’y pense pas, alors tout va bien.)
En s’approchant, il t’a vu, là.
Comme un reflet de lui-même, quand il s’endort comme toi, au milieu de nulle part. Le monde entier comme matelas au confort variable. Sans une inquiétude pour notre réalité qui devient si sombre.
Tu dois avoir froid.
Tu vas tomber malade.
C’est d’un geste si naturel, qu’il t’a couvert avec ta veste échouée là. Comme ses pères qui bordent leur enfant à l'heure de la sieste. Peut-être que ça vient de là. Peut-être que ce n’est que du bon sens. (Mum ne veut pas y réfléchir.)

Et les bougies qui s’éteignent. Il a sorti un briquet, et une par une, il les a rallumées.
Ravivé les flammes qui brûlent la rétine.
Les fantômes qui habitent la cire.
Différents prénoms en tête. Au fond, il se demande, pour qui toutes ses bougies ont été allumées.
Des personnes qu’il connai(ssai)t, peut-être. Des inconnus, aussi.
Peu importe. Ils y ont tous le droit.

Il n’a pas pris de bougies, pour elles.
Il ne comptait pas venir jusqu’ici, il n’y a pas pensé. Alors, peut-être, est-ce pour cela qu’il rallume toutes ses bougies. Pour penser aux autres et éviter de penser à elles.
Adresser des prières sans savoir si elles vont les atteindre.
Se brûler les doigts pour éclaircir ses pensées.

Il s’est tourné vers toi, sans hésiter, quand ce surnom a résonné dans le silence.
L’ombre d’un sourire amical sur les lèvres. Qu’est-ce qu’il fout, ah— en toute honnêteté, même lui, il ne sait pas vraiment.

Alors il répond juste, sincèrement. « Je rallume les bougies. »

(Rallume les fantômes, rallume les souvenirs.)

« Et toi ? Bien dormi ? »

Ce n’est pas le plus confortable, ici. Il le sait, Mum. Trop bien.
Pas le plus sécurisé, non plus. Malheureusement.
(Les lettres sont font plus lourdes, dans le sac, dans la peur qu’elles restent à jamais sans réponse.)


Résumé & HRP:
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Sam 6 Mar - 16:42
but when I die alone, I'll be on time

Rallumer les bougies. Pour quoi faire ? L'action semblait inutile, comme en témoignait celle qui s'était éteinte, là, pendant ce semblant de sieste qu'il s'était accordé en guise de nuit. Encore quelque chose qu'il ne comprendrait pas – c'est ce qu'il pensait, alors il ne chercha pas plus loin. Il aimait croire qu'il aurait rétorqué avec n'importe qui d'autre, mais avec Mum, c'était différent ; il ne se sentait pas à l'aise, pas assez, pour entrer sur ce terrain là.
Les secondes qui défilaient agissaient comme un fil pendant d'un pull que l'on tirerait pour le découdre ; lentement, le temps déroulait les sensations du vagabond. D'abord la gêne, légère, sur les yeux, qu'il fallut balayer d'un frottement d'index (c'était un miracle qu'Ashley n'ait pas encore développé de conjonctivite) ; ensuite celle, dans la mâchoire, qu'il libéra d'un bâillement long mais silencieux. Avant qu'il ne puisse s'attarder sur l'engourdissement de ses muscles, il entendit la question du chevalier, et toute sa concentration porta désormais sur une éventuelle réponse.

Éventuelle, car elle avait un je-ne-sais-quoi d'étrange, déjà. Et puis car il fallait le temps d'absorber, et Ashley savait les gens impatients (pas Mum), alors il avait l'habitude que le sujet change tandis qu'il s'attelait à décrypter certains propos. Ceux-là étaient empreints d'une ironie qui lui passait furtivement sous le nez, et il s'agaça brièvement en constatant qu'il ne parvenait définitivement pas à la flairer. Malgré tout, il ne garda pas le silence très longtemps.

« Bof. Ça caille. J'ai mal au dos. » Factuel, comme pour éviter de glisser sur un motif qu'il ne maîtriserait pas. « J'me sens con, aussi. » Raté. « J'espère que personne d'autre est passé, on va finir par me prendre pour un abruti, ou un taré », crut-il s'empresser d'ajouter (en réalité, son discours était ralenti et embourbé par le récent réveil), avec toute l'indélicatesse qui était sienne, et sans songer un instant aux autres risques, plus grands que celui d'être ridiculisé. (Pour d'autres, l'insouciance aurait pu être mise sur le dos de la fatigue ; lui était juste irresponsable.)

Puis à nouveau, rien. Un rien qui mettait toujours le blond mal à l'aise, mais qui était usuellement préférable à un discours mal construit dont lui seul avait le secret. Ce rien là, cependant, était différent ; il était lourd, il le gênait – il appelait presque à être comblé (et même si Ashley avait arrêté de maudire son incapacité à tenir une conversation fluide, à cet instant, il voulut se terrer quelque part et ne plus ressortir).
A défaut de trouver quoi dire, il s'étira, bras en arrière et jambes en avant – un peu pour essayer de se détendre, aussi, en forçant ses muscles endoloris à bouger, enfin. Dans cette même lancée, il se leva, enfilant sa veste dans une ultime tentative de remplissage gestuel. Il constata, aussi, que son nez était bouché (il renifla ; cela ne changea rien ; en expirant, il soupira, frustré). Il savait ses voies respiratoires capricieuses, surtout à cette période de l'année, mais il adressa tout de même une prière mentale aux divinités bactériennes de ce monde : faites que ce ne soit pas un rhume (ou bien l'humiliation serait totale).

Son regard vint détailler l'autel, à nouveau. En plus d'avoir soufflé des bougies, le vent avait renversé certaines photos – ou peut-être était-ce le temps ? La pensée fit frissonner le vagabond, qui ne voulait pas se représenter (mais maintenant il n'avait plus le choix) le nombre de personnes qui ne viendraient plus prendre soin de ces choses. Il y avait une contradiction, là, juste devant son nez, lui qui ne voyait pas l'intérêt, lui qui ne comprenait pas, lui qui n'aimait pas cet endroit, ne voulait pas y mettre les pieds, n'était pas concerné, et puis même s'il l'était, rendrait hommage différemment, mieux, pas juste avec une fleur à moitié fanée. Malgré le rejet, au fond, l'envie de ne pas laisser un sac plastique déchiré entraver le sourire de ce type en costard, là, sur le cadre fissuré ; sans doute par culpabilité plus que par réelle compassion. Il s'avança.

« Je sais pas des masses comment ça marche... tout ça. » Il s'arrêta, cette fois pour rassembler ses propres idées. « J'ai pas trop envie d'y toucher. Vu que j'ai rien mis. Mais y'en a qui sont dans un sale état. Y'a quelqu'un qui se charge de nettoyer, ici ? » Peut-être était-il trop flou. « Pour ceux qui peuvent plus, je veux dire. »

Il ne sut pas lui-même si c'était une proposition qu'il venait de faire (une partie de lui espérait que non, car le sentiment d'oppression revenait lentement lui alourdir les épaules). Il esquissa un sourire en songeant qu'il s'agissait probablement là d'une déformation professionnelle de sa part.
D'un geste, il releva le morceau de plastique qu'il avait repéré auparavant, dévoilant le reste de la photo. Ce type avait l'air sévère, un peu, à cause de ses sourcils, et le contraste avec le reste de la composition (pleine journée, couleurs vives) lui donnait l'air presque comique. De peur de frôler l'indécence, Ashley garda ses pensées pour lui ; mais il s'imaginait la vie de cet homme disparu, avant la tempête. Seul un fragment de ces réflexions s'échappa de sa gorge, maladroit.

« Il a quand même vachement une tête de PDG. »

Et comme pour ponctuer ses propos, il éternua.


Résumé:
Mum
Mère d'une grande famille
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Mum
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Mar 9 Mar - 20:32


but when i die alone, i'll be on time.
Ah, Ashley, conforte-toi dans ses sommeils vides et noirs. Conforte-toi dans la douleur laissée par les muscles engourdis et les doigts rougis par le froid.
Mum ne serait pas objectif, s’il te donnait son avis.
Peut-être aussi parce qu’il a deux avis, Mum. Parce qu’il y a les autres et puis il y a lui. Il y a les autres, qu’il encourage toujours à se reposer, à fermer les yeux assez longtemps pour ne plus avoir les épaules si lourdes. À reposer les paupières, puisque ses chevaliers semblent avoir du mal à se laisser guider dans ses sommeils si rassurants.
Et puis, lui. Lui, c’est différent. Lui, il dort tant et il est pourtant toujours autant fatigué. Lui, ce sont ses fuites, ce sont ses fugues, ce sont ses faiblesses.

Alors il est là, à répéter à tout le monde, à quel point il est important de se reposer— sauf à lui. Parce que lui c’est différent.

Et c’est avec sincérité, qu’il t’a simplement dit ; « Il n’y a rien d’idiot à dormir un peu, » parce qu’il ne voit pas vraiment les problèmes, à s’échouer dans ses lieux qui n’ont rien de confortable (il a déjà fait pire).

(Même si maintenant, ce n’est plus pareil.) (Il ne faut pas oublier les nouveaux dangers d’Arcadia Bay.) (Nous ne sommes plus en sécurité, dehors.) (Surtout lorsque nous fermons les yeux et que personne ne nous surveille.) (C’est pour ça, qu’il a attendu que tu te réveilles.) (Et qu’il y a tant de lettres dans son sac.)

Il regarde les flammes qui dansent,
les quelques photos,
les souvenirs laissés là.
Il sent le vide qui se creuse dans son corps, le froid de ses doigts. Il n’a jamais rien mis, lui. Juste quelques bougies après le premier anniversaire et le nouvel an— ce n’est pas
ce n’est pas qu’il oublie c’est juste que—
c’est juste——— que ça le force à se faire à l’idée qu’elles sont parties et ça fait toujours aussi mal.

Et en même temps,
il a peur de ne pas penser assez à elles (il y pense tous les jours). Un peu plus de culpabilité en travers de la gorge. Rien que d’allumer deux bougies suffit à faire plus mal que n’importe quelle flamme (il a déjà essayé, pour voir, si la douleur était comparable).

Alors tu vois, Ashley, il ose t’envier.
Pardon.
Pardon, ils ne l’ont toujours pas retrouvée.
Ils cherchent encore après, tu sais. Aucune raison ne sera assez bonne pour arrêter les recherches.

Le regard coule sur les autels. « Chacun fait comme il veut, je suppose, » il hausse les épaules, presque— détaché de la situation alors que ça lui fait si mal de compter toutes ses bougies. « J’imagine que chacun ne touche qu’à ce qui le concerne. Alors parfois… c’est un peu laissé à l’abandon. »

C’est pour ça que je rallume les bougies.
C’est si douloureux, l’abandon.

Il y a un vague, si vague sourire. (Pour cacher les malaises.) (Mum a du mal à parler des morts, sans savoir si c’est plus compliqué pour lui de parler de ceux qu’il ne connaissait pas plutôt que de ceux qu’il connaissait.)

« Peut-être qu’il était vraiment PDG, qui sait ? »

Mum, il se demande——
comment on aurait imaginé sa vie s’il ne restait de lui, qu’une photo et une bougie éteinte.

Finalement, il a rangé le briquet. S’est installé à côté de toi.

« Si tu veux un conseil. L’herbe, c’est plus confortable. »

(Il a un sourire, sans savoir s’il est sincère ou non.)

« Tu as faim ? »

Il fouille dans le sac, en sort un petit sachet en papier décoré. Il tient dans la paume, il n’y a pas grand-chose, à l’intérieur, juste quelques friandises.
C’était pour la poste, mais il en a assez pour en offrir à d’autres.


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Ashley
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Ashley
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Mer 17 Mar - 18:55
but when I die alone, I'll be on time


Il avait souvent ce sentiment, Ashley, et pas qu'en compagnie de Mum : l'impression d'avoir dit un truc un peu stupide, et de se faire corriger avec bienveillance. On ne contre pas la bienveillance ; alors il fut contraint d'acquiescer et de se sentir con. Non, en effet, avoir dormi n'était pas idiot. Mais avoir dormi là, au milieu de nulle part, sans avoir fait attention, c'est bien un problème, non ?
Il espérait presque un sermon, auquel il pourrait au moins trouver de quoi répliquer : mais c'est le silence qui répondit à ses pensées, et la gêne l'enveloppa. Il ne comprenait pas la douceur, ni l'indifférence.

Cette même indifférence qui semblait se réverbérer dans la voix du Chevalier, et qui faisait écho à l'opinion d'Ashley. Oui, exactement, chacun fait ce qu'il veut ; mais ça ne sonnait plus aussi bien, désormais. Ces propos lui étaient-ils destinés, à lui et à son dégoût de l'endroit ? Ses épaules se crispèrent doucement, sans qu'il n'y fasse réellement attention. C'était comme une musique d'ambiance qui se répétait dans son esprit, un refrain un peu lourd, qu'il n'arrivait pas à nommer (la culpabilité).
Il cligna, plusieurs fois, car c'était là une manière bien discrète pour un homme à peine réveillé de nettoyer son esprit. Et il retourna le sourire de Mum.

Ashley savait qu'il meublait avec du vide. Il n'en avait pas grand chose à faire, de ce PDG (et dire qu'il était triste pour lui aurait été un mensonge ; mal à l'aise, tout au plus) ; mais son rictus s'agrandit quand même un peu à la remarque suivante, pour signifier qu'il avait entendu et compris – bien qu'il n'était pas vraiment sûr que le Knight le voie, puisqu'il n'était plus tout à fait dans son champ de vision. Il dut se retenir de se justifier, craignant de faire croire qu'il n'était pas réceptif à l'humour (mais quand même, je suis venu là par hasard, j'ai pas vraiment réfléchi, en plus j'étais crevé, d'habitude je dors chez moi...).

Et à nouveau, une gêne.

« Oh. Merci. »

Gêne, car il se sentait materné. Comme ces ados qui se comportent comme des enfants et espèrent l'indépendance des adultes, il aurait voulu être sur un pied d'égalité avec ce type, toutes blagues sur leurs tailles respectives mises à part. Mais ce n'était pas le cas. Ashley était celui dont on prenait soin, à qui on donnait des conseils. Le privilégié. Et pas seulement vis-à-vis de la nourriture ou du sommeil. La culpabilité, encore ; amplifiée par sa réponse, qui lui semblait si froide, comparée à sa reconnaissance.

« C'est gentil. »

Un ajout conscient, dont le ton se voulut plus enjoué, maintenant que la surprise était passée. Il prit le temps d'observer l'offre : le sachet était joli, avec des motifs dessinés, et lui faisait penser aux projets de papier kraft qu'il faisait en maternelle. Y repenser balaya les doutes désagréables, et il décida de se complaire dans cette sensation étrange d'être un animal qu'on cherche à apprivoiser.
Il ouvrit le paquet et, les yeux brillants, mima un « oh » du bout des lèvres, extasié devant les couleurs et le sucre. Il n'avait pas mangé de bonbons depuis bien des lustres (du moins c'est ce qu'il lui semblait).

« T'es sûr que je peux ? » bafouilla-t-il comme un réflexe, le cœur (et le cerveau) plus légers.

La question s'avéra presque rhétorique puisqu'il se servit quasi immédiatement ; et, fixant ses pieds, il se mit à appréhender le retour du silence.

« Ca se passe bien ? Chez les Knights ? »

Sa question était honnête – au début. Il se fichait bien des groupes, mais il avait ce besoin d'exprimer de la redevance envers Mum. Pour un tas de raisons.

(Pas vraiment de la redevance, en réalité, et pour très peu de raisons.)

C'était plutôt ce malaise constant qui le poussait à demander, comme il l'avait poussé à faire attention à la façon dont ses mots seraient perçus (lui qui avait arrêté de s'en soucier). C'était le même malaise qui le poussait à repousser une question devenue vide de sens (et en même temps pleine d'un sous-entendu), mais qui venait le démanger à chaque rencontre (une question qui ternissait d'intérêt la précédente, comme pour révéler sa vraie nature, loin de l'homme altruiste qu'il avait peut-être été dans une autre vie).

« Vous avez des nouvelles ? »

Et, muscles tendus, fuir le regard de l'autre, comme s'il n'attendait rien, lui qui attendait tout.


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Mum
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Mum
Mum
Mar 23 Mar - 13:37


but when i die alone, i'll be on time.
On ne sait jamais, ce qu’il y a dans son sac.
Ou dans ses poches. Même Mum n’est pas sûr. Parfois, entre les cigarettes et le briquet, il y a des crayons gras ou des petits jouet en plastique. Parfois, entre les lettres et un talkie éteint, il y a des petits sachets de bonbons décorés des mains des plus petits.

Ce sont des petites surprises qu’il adore sortir de nulle part, elles mettent des étoiles dans les yeux des enfants. Tu n’es pas un enfant mais Mum
adore offrir
offrir offrir offrir jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien
(ne reste plus rien de lui).
C’est une manière de ne plus penser à lui.

« Bien sûr. Si je te l’ai donné, c’est que tu peux, » il t’a sourit en haussant les épaules. « On en a fait beaucoup, hier. Ce sont les enfants qui les ont décoré. »

Il reconnaît celui que tu tiens dans ta main. Celui-ci, c’est lui qui l’a décoré. Pour montrer l’exemple et puis pour s’amuser aussi un peu. (Il a encore de la peinture sèche sur sa peau des doigts, sous les ongles. Il s’est depuis longtemps résigné à arrêter de trouver un moyen de la nettoyer.)

(Ses mains se croisent un peu nerveusement.) « Ça se passe bien. Aussi bien qu’on le peut, » c’est-à-dire que nos chevaliers disparaissent encore un par un et tu sais la table ronde est presque vide, les couloirs se font vides, tout est si vide et on essaie de retrouver un peu de joie avec les enfants, on essaie de ne penser qu’à ça, ça se passe bien avec eux oui mais le reste— le reste fait si mal. « J’espère simplement que l’hiver se fera moins rude. Tu as un endroit où dormir ? »

Il ne dit pas ça parce qu’il t’a trouvé en train de dormir en plein air mais par réelle inquiétude. L’hiver se termine bientôt mais il fait toujours si froid—
Et tu sais, la porte des chevaliers est grande ouverte. Même pour simplement passer une nuit au chaud, ou un peu plus longtemps. Si tu arrives à supporter les enfants.

Et puis alors—
bien sûr. Il sait de quoi tu parles.
C’est évident.
(Mum baisses les yeux un instant.)

« Non. »

Il ne veut pas faire naître de faux espoirs.
Il ne veut pas prononcer des mensonges.

Non. Toujours pas de nouvelles.
Un jour, il espère. Il espère, si fort, si fort, si fort. Tant, qu’il s’en fait mal.
Parce qu’il sait.
Oh, Mum sait. Qu’il sera déçu.
La vérité n’est que cruelle. Il sait, au fond.
Il veut juste ne pas se l’avouer mais il sait très bien que ses espoirs ne sont que futiles.
Ça fait plus d’un an.
Deux hivers.
Elle était est si jeune.
Il sait Mum, que c’est juste impossible pour un enfant de vivre seul aussi longtemps.

Mais il garde les espoirs. Les scénarios plus lumineux. (Il pense toujours au pire— mais il essaie de se raisonner, de s’empêcher d’y réfléchir car sinon il
tombera simplement en morceaux.)
Il se dit, Mum, que peut-être quelqu’un s’occupe d’elle mais ils n’ont toujours pas croisé leur route— la ville est grande après tout.
Ou bien, elle a réussi à se débrouiller, il sait qu’il ne faut pas sous-estimer les enfants.
Ou encore— Arthur l’a sauvé quand elle en était encore capable et il suffit juste d'attendre qu’elle revienne, guérie…

Il se force— tellement— à trouver tant de raisons qu’elle soit toujours vivante.
Mais il y a cette mélodie, dans un coin de la tête
celle qui lui murmure
ce n’est plus possible
il faut abandonner, au bout d’un moment, il faut


accepter
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀la
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀vérité.




« Nous continuons les recherches, » depuis tout ce temps. « Et nous n’avons pas pour projet de les arrêter. »

(Il n’ose pas te dire qu’ils vont parfois à l’hôpital pour vérifier le registre des décès. Juste au cas-où.)

Nous la retrouverons.
Nous n’arrêterons pas tant que nous n’avons pas trouvé un signe qu’elle soit toujours en vie ou bien le contraire.

(Il essaie de sourire, Mum.) « Tout récemment, un de nos chevaliers disparu depuis des mois est réapparu. Sain et sauf, » les circonstances étaient étranges mais ce n’est pas de ça dont il veut parler. « Nous gardons espoir. »

Je garde espoir.
Cet espoir dont il ne voulait pas entendre parler il y a un an, déjà. Mum a appris à être naïf car sinon
sinon il n’arrive pas à se lever le matin.
Sinon il ne fait que dormir.

Alors gardons espoir, Ashley.


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Ashley
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Ashley
Ashley
Sam 27 Mar - 2:42
but when I die alone, I'll be on time

Il en avait du courage, Mum, pour gérer les enfants. Ashley se faisait déjà la remarque à l'époque, face à celui qui était alors l'instit' de sa fille, alors que les portes de l'école s'ouvraient sur un troupeau de gamins prêts à foncer dehors comme autant de moutons s'échapperaient d'une bergerie. Rien que de s'imaginer à sa place, il en avait eu des frissons, et aujourd'hui encore il devait se retenir de demander : comment ?
Il se contenta de manger.

Le vagabond ne douta pas que les chevaliers s'en sortaient bien ; de son point de vue, ils avaient les avantages des Greens, sans les inconvénients. Ça ne devait pas être si mal, là-bas – il replongea la main dans le sachet face à la question suivante, qui le froissait un peu. Oui, bien sûr qu'il avait un endroit où dormir, il n'avait pas l'intention de crever de froid ou d'une pneumonie. Une nouvelle fois, il ne répondit pas.

Il y eut une légère pause, habituelle dans ces conversations ; mais celle-ci avait un goût amer. Ashley savait sa question futile, et s'il ne s'en voulait pas de l'avoir posée (car elle lui aurait brûlé les lèvres et enflé le cœur), il songea que son interlocuteur le lui aurait dit en premier, si la réponse avait été positive. Il semblait évident qu'ils ne pouvaient pas l'avoir trouvée, ou même vue, elle, un bout de sa valise, un de ses jouets, la manche d'une de ses robes.

Pourtant le non était douloureux. C'est toujours la même chose.
Encore un coup à encaisser ; il regarda au loin, comme si cela lui donnait l'air plus détendu, et il hocha la tête, pour exprimer ce qu'il ne pouvait se résoudre à prononcer : je sais, c'est bon, c'est pas grave, ça va, t'en fais pas, tu sais je demande au cas où, c'est l'habitude (parce que dans sa tête, une autre voix lançait en canon je sais que vous cherchez plus, c'est les autres gosses qui vous intéressent, ceux qui sont déjà là, les autres on abandonne, ils se débrouillent, ils avaient qu'à être là avant).

C'était fouillis dans la tête du vagabond, plus que d'habitude, et il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas non plus qu'on lui parle de ce type qui était revenu, parce qu'il s'en foutait : ce mec n'est pas Lena, alors quel intérêt.
Mis face à ses propres contradictions, il ramena ses jambes contre son torse, les encercla de ses bras patauds, et reporta son regard (qu'il aurait aimé neutre) sur le chevalier. Il ne voulait pas trop en parler, parce que c'était comme admettre qu'il voulait qu'elle soit là, et aucun parent ne pouvait décemment vouloir son enfant dans de telles conditions, pas vrai ? Mais s'il y avait bien une personne avec qui il n'essayait pas de frauder, de camoufler son espoir en certitude, c'était avec cet homme là, le chercheur de mômes, le distributeur de bonbons.

« Je comprends. Merci. » Il se gratta le nez. « Et oui, j'ai un endroit où dormir. Un abri de jardin. Très cozy, beaucoup de bâches, faudra que je te fasse visiter. »

L'emploi d'un humour plus que moyen était une véritable évidence pour Ashley. Un moyen de couper court aux justifications et à son train de pensées.

« Vous avez besoin d'aide ? Je voudrais pas m'incruster, et je suis pas super doué avec les mômes... » comme si c'était le problème « ...mais, je sais pas, je peux porter des trucs. Ou déblayer un peu. Ou clouer des planches. Je suis doué pour clouer des planches. »

Le blond n'avait pas vraiment envie de mettre les pieds autour de Blackwell, ni même de mettre ses quelques heures de répit au service d'une famille à laquelle il n'appartenait même pas, aussi la proposition sonna-t-elle un peu creuse.
Ses poches vinrent gober ses mains ; dans l'une d'elles, l'esprit moins embrumé qu'auparavant, il put discerner sous ses doigts un petit objet en plastique, lisse, courbé, un peu, qu'il se souvenait avoir récupéré la veille. Il ne croyait pas au destin ; tout ce qu'il savait, c'est qu'il détenait quelque chose qui, de toute façon, ne lui servirait pas.
Il sortit donc de cette poche ce qu'on avait appelé, fut un temps, un hand spinner, resplendissant d'un rouge sobre et rayé par le temps, et le tendit à son interlocuteur.

« Tiens. C'est pas génial, et j'en ai trouvé qu'un, et vous devez déjà avoir pas mal de trucs pour eux. Mais ça peut ptet faire plaisir. »



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Mum
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Dim 4 Avr - 10:04


but when i die alone, i'll be on time.
Il sait très bien, au fond, que ce n’est qu’un voile qu’il se met devant les yeux, Mum.
Qu’il se cache des vérités. Qu’il se cache des vraies résolutions de toutes ses disparitions.
Qu’il tente de s’accrocher à ses lueurs d’espoir lorsque ses yeux se font si sombres. Il sait que ce sont des mensonges qu’il se créé lui-même mais s’il accepte
s’il accepte qu’ils ne reviendront pas
s’il accepte que ça ne sert à rien de chercher après les disparus
s’il accepte qu’ils sont tous partis comme elles,
alors alors alors
Mum n’y arrivera plus.

Mum
⠀⠀⠀⠀ne
⠀⠀⠀⠀⠀⠀pourra plus.
Il sait aussi qu’il laissera tout tomber.

Alors il s’accroche à ses petites lumières, celles qui confortent, celles qui soulagent les pensées angoissées, celles qui arrivent à lui faire dire ils sont encore quelque part, bien cachés. Terrorisé du prochain nom qu’il faudra ajouter à cette liste déjà si longue.
Terrorisé que ce soit un visage qu’il voit trop souvent.
Terrorisé que ce soit toi, peut-être.
(Espérant que ce soit lui, quelque part au fond.)

Il voit (trop bien) les fissures laissées par les disparitions. Celles qui s’étendent chez toi aussi.
Quand tomberons-nous finalement en morceaux ?

« Je suis désolé. »

Ils font de leur mieux, tu sais. Les chevaliers ne sont pas les plus organisés. Et Mum ne peut plus se permettre de passer ses journées dehors, à chercher après tous ses noms perdus, comme avant. Mais il ne veut pas se chercher des excuses.
Nous avons tant de personnes à retrouver.
Et nous y arriverons. Il (n’)y croit (pas).

Mum semble pourtant un peu— surpris par ta proposition.

« Il me semble que nous arrivons à nous débrouiller. Certes nous ne dirons pas non à une paire de mains en plus, mais il n’y a rien d’obligatoire… » il ne veut pas, Mum, que tu penses que ce sont avec des échanges que nous devons fonctionner. « Tu peux toujours passer si tu veux. Mais seulement si tu en as envie. »

Ne te sens pas forcé.
Il ne t’oblige à rien. Mum n’oblige jamais à quoi que ce soit.
Peut-être est-ce là un défaut. Peut-être qu’à force de ne pas vouloir blesser, il fait plus de dégâts que nécessaire. Mum n’en a aucune idée.

(Il y a pourtant un petit sourire aux lèvres.) « Mais il paraît que nous faisons un très bon café, si ça te fait envie. »

C’est faux.
Il est horrible, ce café. (Mais plus rien n’a de goût, de toute manière.)

Il avise le jouet dans tes mains, qui se retrouve bientôt dans les siennes. Il y a comme un élan de nostalgie, lorsqu’il le fait tourner. Il se souvient que————
non il n’a pas envie de se souvenir.

Et le sourire s’est fait un peu plus— vrai. « Eh. Je sais déjà à qui l’offrir, » parce que si c’est un échange, Ashley, sache qu’il n’en veut pas. C’est toujours ça. Encore. Offrir offrir offrir. « Je suis sûr que ça leur plaira. Où est-ce que tu l’as trouvé ? »

Parce que s’il y avait ça quelque part— alors qui sait ce qu’il y avait d’autre aux alentours ?

Il y a juste
un petit silence, un instant.
Avant que Mum ne se tourne vers toi.
Le regard un peu peiné, peut-être ? Il ne sait pas.

« Tu sais, » il marque une pause. Pour trouver ses mots, peut-être. « Je ne demande rien en échange. Tu n’es pas obligé. »

En échange des recherches ou en échange des bonbons, peu importe. Il n’en veut pas. Il n’a jamais fait ça pour demander quoi que ce soit en échange.
Il ne veut pas.


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Dim 11 Avr - 10:48
but when I die alone, I'll be on time

Comment ça, désolé ? Pourquoi donc ? Son interlocuteur n'était pas responsable des disparitions, des événements étranges, de cette bulle infranchissable. Il n'était pas non plus responsable de la manière dont le vagabond se sentait, là, maintenant.
Ces excuses étaient-elles des condoléances ?

Le vide fit écho à ses pensées, et il choisit de se concentrer sur le reste, pas plus glorieux. Il savait ses propositions vides de sens, il se connaissait, lui qui avait l'habitude de marchander ; c'était presque grossier, de faire passer ça pour un échange équivalent – retrouve ma fille, je passerai faire le ménage.
Alors non, ce n'était pas obligatoire, ça n'en avait pas l'air, mais en même temps, que fichaient-ils tous là-bas, ces chevaliers, si ce n'était pas pour payer une forme de dette ?

Derrière l'offre du café, il y eut un truc qui le chiffonna : chez les chevaliers, il fallait toujours recevoir.
En même temps, pourquoi décliner ? Qu'est-ce qui pouvait pousser un mec à la conscience égarée, un rat qui profitait de la moindre occasion (probablement plus un pigeon, en vérité, car Ashley n'avait pas vraiment hérité de l'intelligence du rongeur) à, soudainement, retrouver un semblant de remise en question ? Il ne devrait pas être agacé. Il devrait être content, se sentir presque fier de recevoir une forme de charité.

« Oh, euh, entre deux immeubles, pas loin de Blackwell. » La question avait interrompu son monologue intérieur, alors il bégaya un peu. « Je me demande même si c'est pas un de tes gosses qui l'a perdu par là, il était pas très enfoui. Si t'en veux d'autres vaudra p'tet mieux miser sur le centre commercial. Moi j'en approche pas, l'association me fait un peu flipper. »

Peut-être que c'était la culpabilité, inhabituelle, qui le dérangeait. Peut-être qu'il ne se sentait pas vraiment bien, à l'idée de demander à quelqu'un qui avait tant perdu de, maintenant – pas juste maintenant, en vérité, depuis plusieurs mois, c'était bien pour ça que ça lui pesait autant –, s'occuper de tout (peut-être parce que ce quelqu'un, du jour au lendemain, ça pourrait devenir lui). Peut-être que profiter des cons, c'était une chose, mais que Mum n'en faisait pas partie – et comment se débrouillait-il pour ne pas en faire partie, en se promenant de la sorte, avec ses distributions de bonbons et de café ?

Ses dernières paroles achevèrent d'irriter Ashley, et il croisa le regard de son interlocuteur, qui le décontenançait. Il était donc si facile à lire ?

« Tu peux juste. Accepter. »

Il avait marmonné cela plus durement qu'il ne l'aurait souhaité.

« T'es pas le seul à pouvoir proposer des trucs sans arrière-pensées. » Là-dessus, il se mentait, un peu. « Et puis même si je propose ça en contrepartie, qu'est-ce que ça change ? Tu peux pas m'empêcher de vouloir faire un truc pour vous. » Plus bas, il lâcha : « C'est comme une garantie. »

Voilà, une garantie. Ça avait quelque chose de rassurant – au moins se sentiraient-ils un peu plus coupable, juste un peu, d'être moins investis (et alors ils pourraient continuer ce que lui ne voulait plus faire).

C'était un peu vain, de chercher à changer de sujet maintenant, mais il voulut au moins compléter les paroles qu'il avait négligées un peu plus tôt.

« Donc. Par contre. Si tu veux des jouets, dis-le moi, j'ai deux-trois trucs, surtout des poupées un peu abîmées, mais elles peuvent faire l'affaire, surtout si tu dis qu'elles ont besoin d'aller à l'hôpital, enfin voilà. »

Toujours un peu plus compenser et justifier, parce qu'il savait que personne ne comprenait ses propositions sorties de nulle part.
Essayant de se redonner une apparence nonchalante, il abaissa les épaules en se grattant la main.


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Dim 18 Avr - 12:59


but when i die alone, i'll be on time.
Mum ne veut pas de ses échanges.
Laisse-le— donner trop de lui jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. Il ne veut pas, penser à ses échanges qui ne sont peut-être pas équilibrés, il ne veut pas penser à ce que toi ou lui devriez mettre dans la balance pour qu’elle ne penche plus d’un côté.
Il ne veut pas, Mum.
Il veut juste—
qu’on ne pense pas à lui.
On ne doit pas penser à lui. C’est comme ça, c’est tout, il n’en a pas besoin. (Si, désespérément.) (Il aimerait parfois juste— ne plus penser à tout ça.) (Qu’on le prenne dans ses bras et qu’on le réconforte.) (Comme un enfant.) (Mais il est un adulte et tant de gens comptent sur lui alors il n’a pas le droit.) (Il ne peut pas.) (Il se le refuse.)

Il faut juste. Ne pas y réfléchir. Voilà tout.

(Et simplement regarder ce jouet qu’il fait tourner encore et encore.) « Ah, peut-être, c’est possible, » il lève les yeux vers toi, un instant. « Il ne faut pas avoir peur d’eux. Mais s’ils pensent que tu viens pour voler les commerces, bien que ce ne soit pas vraiment le cas, il faut sans doute éviter. J’essayerai de m’arranger avec eux, si tu veux. »

C’est qu’il les connaît. Plus ou moins bien.
N’est-ce pas George qu’il allait voir aujourd’hui, le poids des lettres dans son sac ?

Et tu— n’es pas du même avis que lui.
Au fond, peut-être que tu as raison, oui, peut-être qu’il ferait mieux d’accepter, au lieu de repousser toute forme de remerciements. Pourtant, Mum a toujours cette impression de ni les mériter, ni d’avoir le droit de les demander.

Mais Mum—
Mum n’insiste jamais.
Alors comme toujours, il hausse simplement les épaules.

« Si tu veux. »

Accepter.
Éviter les conflits et les avis divergents. Juste rester dans le calme des pensées avant que tout ne s’embrouille. On fera comme tu veux.
On fait toujours comme les autres veulent.
(Ça aussi, c’est sujet à conflits. Il le sait.)

« Ça m’intéresse, des jouets, » il a un sourire, cette fois-ci, plus sincère, « j’ai l’impression que les enfants n’en ont jamais assez. »

(Il observe les flammes des bougies,
sentiment nostalgique,
repose son attention sur le jouet qui tourne tourne tourne.)

« Et s’ils sont abîmés, ce n’est pas grave, on peut toujours les arranger en bricolant un peu. Et les enfants, ils… ne semblent plus aussi exigeants qu’avant, » ou alors, ils ont appris à ne plus le montrer. « Enfin, c’est l’attention qui compte. »

Même si les jouets sont abîmés et les mains sont écorchées, le principal,
c’est de montrer que l’on pense toujours à eux.

Il s’est tourné vers toi, avec un petit sourire. « Merci de penser à eux. »

Il lui semble qu’on ne pense plus qu’à soi, ses jours-ci. C’est normal, après tout, c’est la fin du monde, on pense avant tout à sauver sa peau. Alors, Mum, il apprécie toujours quand on pense aux autres, même si ce ne sont peut-être que des mensonges, au fond.
Peut-être parce qu’il fait partie de ses gens qui sont tout le contraire,
ceux qui font tout pour s’oublier.


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Ashley
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Lun 26 Avr - 21:58
but when I die alone, I'll be on time

Le jouet qui tournait donnait le tournis à Ashley – ce n'était pas pour rien qu'il avait évité les toupies à son époque. Dans sa tête embrumée, c'étaient les mots de son interlocuteur qui faisaient des tours, pour essayer de ne rien oublier ; c'était plus important qu'à l'accoutumée. Ça ne l'empêchait pas de rester silencieux lorsqu'il lui fallait parler – lorsque la proposition sur l'association des commerçants arriva sur le tapis, notamment. Il griffonna dans un coin de sa tête qu'il faudrait y revenir, et presque automatiquement, il repassa en mode écoute.

C'était toujours étrange, de ne pas entendre ses propres émotions miroiter dans les paroles des autres. Le vagabond avait l'habitude d'ennuyer les autres avec son impatience, ce qui lui donnait une raison d'escalader l'échelle de l'énervement. L'évitement du chevalier coupait court à cela – et si cela s'avérait agréable (à ses oreilles, le « si tu veux » sonnait comme un « tu as raison »), c'était ce même sentiment, cette même rengaine, qui revenait lui faire siffler les oreilles : il n'avait pas plus de jugeote qu'un enfant fatigué.

« Ah ça, répondit-il en esquissant, lui aussi, un sourire. Ça se lasse vite. Mais ils doivent bien s'éclater avec les débris, non ? J'ai cru en voir un ou deux en skate, de loin... »

Au moins n'avait-il pas remarqué sa frustration. Ni la gêne sur son visage. Ou peut-être l'ignorait-il, pour ne pas faire de vagues ? Ashley ferait de même, dans ce cas, en taisant ces stupides réflexions (ce n'était pas si grave, si Mum voulait donner, c'était même positif, il suffisait d'en profiter).
La prochaine remarque semblait presque plus triste.

« En tout cas, à leur âge, j'aurais tout donné pour pouvoir passer une nuit à l'école », clama le blond d'un air un peu plus enjoué, essayant tant bien que mal d'instaurer un climat moins austère.

Le souvenir était tout frais ; les plans élaborés par des copains pour se cacher dans un placard ou sous un bureau, les tentatives pour enfouir son oreiller et sa console dans son sac à dos, la déception quand tout le monde abandonnait.
Quand les remerciements interrompirent ses pensées, Ashley eut du mal à comprendre pourquoi. Pourquoi ce « merci » ? Penser à eux ? Les enfants ? Ils n'avaient pourtant pas été sa priorité. Il n'était pas proche d'eux ; il s'était toujours refusé à postuler en tant que nounou ; il n'avait pas que ça à faire, lui. Il le clamerait haut et fort si on lui demandait : ce n'était pas de la générosité. Un manque d'intérêt dans l'industrie du jouet, tout au plus. Mais on ne lui demanda pas.

« Oh. De rien. »

Il s'arrêta un petit instant.

« Tu me disais que tu pourrais t'arranger avec les commerçants... entama-t-il, l'air faussement détaché. Tu les connais si bien que ça ? J'ai jamais réussi à comprendre ce qu'ils font, ça a des airs de mafia... C'est quoi, leur truc, exactement ? »

Après ces dernières minutes relativement pesantes pour le vagabond, l'interrogation était comme une bouffée d'air frais – et après ces derniers mois sans jamais se renseigner, l'information serait la bienvenue.
Un jour, sans doute, saurait-il vraiment se débrouiller seul – aborder les gens, poser des questions, bâtir ses propres avis.
Ce jour n'était pas venu.


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Mum
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Sam 1 Mai - 22:50


but when i die alone, i'll be on time.
Il arrête de faire tourner le jouet, Mum.
Pensif, juste un instant avant de se souvenir qu’il— ne faut pas réfléchir. Non, il ne faut pas penser, tout simplement, il faut juste discuter avec toi. Oublier les flammes des bougies qui dansent autour de nous et le message qu’elles portent.
Oublier le poids de cet endroit.
Il suffit de se concentrer sur toi.
Se souvenir ce qu’on fait là. Ce n’était censé être qu’un petit détour.

(Mais Mum se rend compte qu’il avait besoin de discuter.
Discuter de tout et de rien, comme avant.)

Il a un sourire, Mum. « Ah, eh bien, j’aimerais bien qu’ils évitent de s’éclater avec les débris, c’est un peu dangereux, » mais ils s’enfuient toujours, les enfants, n’est-ce pas ? Ils trouvent toujours le moyen de se retrouver en ville à la seconde où il tourne le dos. « Je crois qu’ils commencent à en avoir marre de dormir à l’école. »

Après tout, tu ne parles que d’une nuit.
Mais pour eux, ça fait combien de nuits, maintenant… ? Mum a peur de compter tous ses jours qui passent. Il a peur du temps qui s’accélère encore et encore et ah— oui c’est vrai ça fait déjà plus d’un an.

Il regarde distraitement le plastique abîmé du jouet dans ses mains.
Ses doigts écorchés, encore.
Et puis toi, enfin, lorsque tu demandes d’un air désintéressé comme si c’était juste pour savoir. Tu sembles pourtant bien intéressé— Mum reconnaît ses lueurs dans tes yeux.
Il sourit, un peu.

« Oui, je les connais bien. Pas tous, évidemment, mais j’en connais quelques-uns, » il pense encore aux lettres qui n’attendent que de rejoindre la poste. « Ça n’a rien d’une mafia. C’est juste… une petite famille, je dirai. Des gens qui se serrent les coudes pour remettre leurs commerces sur pied. Ou juste pour survivre ici. Ils se protègent entre eux pour éviter qu’on s’en prenne à eux. »

Il réfléchit, juste une seconde.
(Une seule seconde—.)

« Dit comme ça, c’est vrai que ça a l’air d’une mafia, » il pouffe un peu, sans vraiment avoir l’énergie d’en rire. « Mais c’est juste pour qu’on soit tous égaux, ici. Éviter que des gens mal-intentionnés viennent pilier les commerces qu’ils mettent tant de temps à monter. Enfin, ils ne s’occupent pas que des commerces, en fait. Ils s’occupent de la piscine aussi, par exemple. »

(Il regarde la cire d’une bougie qui coule, doucement.)

« Disons qu’ils essaient de redonner à cette ville un véritable air de ville, » ses doigts passent sur le plastique abîmé. « C’est pour ça que tu dois faire attention si tu récupères des objets du côté du centre commercial, tu pourrais tomber sur un vrai commerce et être accusé de vol. »

Ce serait dommage, tu ne trouves pas ?
Nous tentons tous de survivre comme nous le pouvons. Certains n’ont pas les bonnes méthodes, d’autres s’en sortent à peine. Et si on commence à y ajouter des malentendus, ça n’en finira pas.
(Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand devrions-nous vivre ainsi ?
Mum est fatigué.)

« Tu devrais aller les voir, pour savoir quelles zones tu peux fouiller sans problème. »

Aussi simple que ça.
Pourquoi tout se compliquer, tout le temps ? 


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Ashley
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Ashley
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Jeu 10 Juin - 0:46
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Ah oui, c'était sans doute dangereux. Ashley s'était juste dit que ça devait être rigolo, et qu'il essaierait bien, s'il n'avait pas peur de passer pour un con. Il s'imaginait bien que pour un gosse, effectivement, c'était pas top (c'était quoi, qu'on pouvait chopper sur des trucs rouillés, déjà ? Le tétanos ? Mieux valait sans doute qu'ils restent jouer à Blackwell). Il se garda bien d'exprimer le léger regret, tapi dans un coin de sa tête, d'avoir cafté, et potentiellement ruiné le fun de quelques marmots.

« Ouais, tu me diras, ils doivent avoir fait le tour. C'est con parce que vous pourriez faire des colonies de vacances et les emmener camper. »

La condition qu'il tairait bien était là aussi que le danger ne soit pas omniprésent ; aller perdre des enfants dans la forêt, ce n'était pas forcément le meilleur des plans.
Il écouta attentivement son interlocuteur sur la question des marchands, hochant la tête comme un élève attentif (ce qu'il n'avait pas été depuis bien longtemps), et il laissa échapper un rire à sa réponse sur les mafias.
Il se méfiait quand même un peu, encore. Les bandes comme ça, ça ne lui avait jamais convenu. Il ne trouvait jamais le moyen de s'y frayer une place, était toujours à la traîne, et de manière générale, ne contribuait pas à grand chose. Il s'imaginait bien que, pour faire partie de l'association des marchands, il fallait en être un ; et qu'aurait-il à vendre, lui ? Ce n'était pas non plus comme s'il avait des services à proposer.

« Ok, ok, je vois à peu près. J'ai p'tet bien raison de pas m'en approcher au final, ajouta-t-il en esquissant un nouveau sourire. J'aime bien la pagaille qu'il y a ici, tout réorganiser comme c'était avant, ça m'angoisse un peu.  Mais je comprends l'idée. Puis j'imagine que ça doit être mieux en terme de gestion des groupes aussi ? L'idée que tout soit pas éparpillé et de savoir à qui s'adresser, je veux dire. » Il fit une pause, fronçant légèrement les sourcils pour montrer qu'il s'était plongé dans une réflexion intense. « Je pense pas leur avoir déjà piqué quoi que ce soit, de toute façon... sinon on m'aurait probablement déjà pété la gueule. »

Avec la dernière remarque de Mum, il comprit qu'il ne serait pas pris par la main et présenté – à vingt-huit ans, il avait sans doute été déraisonnable de penser que cela serait le cas. Il faudrait y aller, oui. Seul. Et leur parler, seul. Comme un grand. Tout seul. (Il n'irait pas.)

« Tu as raison, admit-il en se grattant le bras. J'ai déjà fait la connerie d'aller à la décharge une fois, j'ai pas envie de retenter une expérience dans le genre. »

Il tourna le regard vers le reste de la place, l'air désormais un peu plus intrigué. Tant qu'à faire, il voulait être curieux.

« Mais ce truc d'être 'une petite famille', ça met pas trop le bazar ? » Il posait désormais autant la question pour l'association que pour les chevaliers. « Y'a pas des moments où tu as envie de fonctionner tout seul, dans ton coin ? Surtout vu les responsabilités que tu te tapes. »

Ce n'était pas une invitation à tout plaquer, ni une remarque s'étant voulue spécialement intrusive – même si elle l'était finalement (Ashley étant très doué pour s'imposer sur des sujets qui ne le concernaient pas). Mais il y avait des choses qu'il voulait comprendre ; et cette volonté de rester avec les autres l'intriguait.


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Mum
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Sam 19 Juin - 9:34


but when i die alone, i'll be on time.

N’est-ce pas fatigant, à force, Ashley ?
⠀⠀⠀De se battre pour survivre un jour de plus, sans même savoir de quoi demain sera fait ?
Sans même savoir si ça vaut le coup ? (—non il ne faut pas penser ainsi, ça vaut le coup, il faut s’en persuader, ça vaut le coup.)
Nous nous battons tous, mais pas avec la même force. Nous ne sommes pas égaux, dans cette bulle, et nous ne le serons jamais. Mum l’a rapidement compris mais— qu’est-ce que ça change avec avant ? Avec toutes ses inégalités dans le monde ?

⠀⠀⠀On s’en rend compte, lorsque ça touche rien qu’une petite ville.
A-t-il le droit de se plaindre, Mum, lorsqu’il peut dormir confortablement toute la journée tandis que toi, tu dois te démener dans la poussière et la boue pour espérer trouver de quoi te mettre sous la dent pour ce soir ou, au mieux, demain ? Est-il bien placé pour te conseiller ?
(Et Mum se dit— que ce n’était que de la chance. D’être tombé sur les bonnes personnes après la tempête. Il se dit qu’il aurait pu finir comme toi.
Ou pire— juste une bougie.)

« Oui, ça en rassure certains, » parce qu’il y a les protections, les toits sous lesquels dormir, la nourriture sur la table le soir et tant de choses encore. Qu’en penses-tu Ashley, est-ce que ça vaut le coup pour toi ? Ou est-ce que tu préfères restez seul, dans ce chaos ambiant ? « En dehors de ses groupes qui se forment, les gens sont un peu laissés au dépourvu. Beaucoup nous ont rejoint en novembre mais sont partis ensuite, car ils s’étaient remis sur pieds, » d’autres sont passés dans le camp adverse. « C’est juste une question de choix, d’envies. »

Ce serait idiot de te forcer la main.
Ce n’est pas ce que nous faisons, ici. Les chevaliers proposent leur aide mais ils ne forcent jamais.
Mum ne force jamais.
C’est comme ça.

Et tu vois— ah désolé, Mum ne pourra pas être vraiment honnête, s’il te répond.
⠀⠀⠀Son avis est biaisé parce que Mum, il ne peut pas fonctionner s’il est seul. Mum, il ne peut juste pas respirer correctement sans personne autour de lui. Mum, il adore sa petite famille plus que tout et jamais il ne pourrait les abandonner— parce que ce sera lui qui perdra tout et non eux qui le perdront.
Mum, sans les chevaliers
n’est simplement
rien
rien du tout
rien rien rien.
Et si un jour, il n’y a plus rien au château———— non il ne faut pas y penser.

Pourtant, il arrive quand même à te sourire. « Je suppose qu’à un moment ou à un autre, chacun a besoin d’avoir des moments seul. Mais certains ne sont pas à l’aise à l’idée de se détacher totalement d’un groupe et de vivre totalement seul, c’est… une source d’angoisse. Après tout, certains n’auront pas à s’inquiéter de la nourriture ou des autres vivres. »

Après tout, nous sommes un peu tous égoïstes à notre façon.
Et si cet égoïsme signifie simplement s’installer à table sans lever le petit doigt alors— alors, Mum veut bien l’accepter, parfois.

« Et pour les responsabilités… » peut-être qu’il faudrait arrêter de les fuir, « tout le monde n’a pas forcément de responsabilités, en fait. Enfin, je parle surtout pour les chevaliers. Mais tu sais, chez nous, il y a des chevaliers qui font comme toi, ils cherchent, ils trouvent et puis ils ramènent. Ils n’ont pas de très grandes responsabilités et en échange, ils ont de quoi manger et dormir. »

(Il a un sourire un peu— moqueur, peut-être ? Il n’est pas sûr.)

« Tu imagines si même les enfants avaient des responsabilités ? » ce serait stupide. « Bref, tout ça pour dire que même au sein d’un groupe, chacun fait comme il le sent. Mais si ce n’est pas vraiment ce que tu recherches, personne ne t’en voudra de rester seul. »

Mum ne comprend pas vraiment, en vérité. C’est du blabla, il le sait, c’est un discours bien rôdé mais il— ne comprend pas.
Peut-être parce que ça le terrifie, lui, la solitude.
Ça le bouffe un peu plus chaque jour,
toutes ses disparitions.
L'idée que ça touche sa famille aussi.
L'idée qu'on finira tous par disparaître petit à petit.


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Jeu 24 Juin - 4:46
but when I die alone, I'll be on time

Il n'y avait que très peu de réflexion dans la solitude d'Ashley.
J'aime bien, donc je fais.
C'était ainsi qu'il avait toujours fonctionné. Souvent, « bien aimer » rimait avec « être habitué », et il s'enfermait dans des schémas confortables mais certainement peu optimisés. Pour éviter de se perdre, il condamnait même d'autres chemins de pensée ; ils se font pas chier, à rester collés ?
C'était un peu caricatural. Ça ne le gênait pas. Pas plus que de ne pas profiter des avantages fournis par les groupes (c'était compliqué, pour lui, de voir sur le long terme).

« Je vois. »

Il aurait pu faire partie de ces gens ayant eu besoin d'un temps de convalescence – et alors, serait-il resté, lui, ou parti ? Aurait-il fini par comprendre l'intérêt que tous ces autres y avaient trouvé ?
Ashley n'était pas bien doué pour capter ses propres envies, justement.
Fidèle à lui-même, il se contenta de songer que, de toute façon, il était ce qu'il était.

« C'est un peu vous, la colonie de vacances, finalement », ricana-t-il, un peu fièrement.

Toujours très légèrement, sans aucune volonté de nuire ou d'être cinglant. Il était encore un peu trop tôt pour se demander s'il y avait quelque chose de vexant dans ses paroles (un fait nouvellement décrété, car il aurait juré que quelques minutes seulement auparavant, il se souciait encore d'avoir trop dit, mal dit, dit pour combler le silence, dit par réflexe).

« C'est pourtant pas compliqué, rétorqua le vagabond, presque heureux d'être à l'aise sur un sujet. Moi je fais le con, je prévois pas assez, donc des fois je dois zapper un repas ou deux, mais ça reste plus facile de trouver de la bouffe pour une personne que pour plein. »

Pour le reste, il dut réfléchir ; et pour indiquer qu'il réfléchissait, il passa une main dans ses cheveux et se gratta le crâne.
Cette angoisse d'être seul, il ne la comprenait pas vraiment. Il avait été plus qu'heureux de quitter le domicile familial, à l'époque ; trop de bruit, de partage, de discussions, de gens. Au moins avait-il gagné – et conservé – la liberté de choisir de voir du monde lorsqu'il le souhaitait réellement, plutôt que de s'agacer de l'omniprésence des autres dans son espace.

« Tu sais, ici, on n'est jamais vraiment seul, déclara-t-il finalement. La preuve. Je peux même pas taper une sieste tranquille. »

Mais au moins j'ai des bonbons.
A la prochaine phrase du chevalier, Ashley voulut s'insurger – et l'indignation passa bien par son visage, où se haussaient les sourcils et s'écarquillaient les yeux. Pardon ? Il était possible d'être une loque et de manger gratos ?
(S'il prenait l'information avec un trait d'humour, il se demanda quand même sérieusement pourquoi il s'emmerdait encore à dormir dans un cabanon, oubliant presque les réflexions sur la solitudes qu'il s'était faites trente secondes auparavant.)

« Eh ben je vais p'tet venir, finalement... »

Il rendit à Mum son sourire moqueur (celui d'Ashley était peut-être un peu jaune ; cependant, l'idée de faire ce qu'il faisait pour autre chose que lui-même le conforta un peu dans l'idée que, même si ce poste existait, il n'était sans doute pas fait pour lui).

« C'est sympa, comme ambiance. Mais t'as quand même le droit de juger. Moi je me prive pas. »

Tout sourire, il ramena le plat de ses doigts contre ses yeux, les frottant un peu. Ils avaient des airs de Bisounours, les chevaliers, qui ne dérangeaient pas le vagabond le moins du monde – il se disait simplement que tout le monde a le droit de se détendre de temps en temps.

« Et du coup, amena-t-il sur le ton du changement de sujet, qu'est-ce que tu fais là ? »

Un tact toujours légendaire. Il ne voulait pas dire ça comme ça.

« Enfin, tu as prévu de faire quoi, aussi tôt le matin ? »



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Mer 14 Juil - 14:14


but when i die alone, i'll be on time.

Tu vois, Ashley, Mum a souvent tendance à se mettre à la place des autres.
Un peu trop d’empathie. Peut-être est-ce à cause de cela qu’il pardonne trop vite ou bien qu’il pense que tout est de sa faute, souvent. Mais il y a des moments où il n’arrive simplement pas à comprendre.
Il ne te comprend pas.
⠀⠀⠀Qu’y a-t-il  d’intéressant à rester seul et à se mettre en danger presque tous les jours pour une poignée de miettes, Ashley ? Ne serais-tu pas plus confortable ailleurs ? Chez nous, au sein de nos murs ?

Notre porte t’est toujours ouverte, tu sais.
Même juste pour un ou deux soirs. Si jamais tu sens que ça déraille, si jamais tu te sens trop en danger.
⠀⠀⠀Mum ne sait pas comment exprimer ses pensées sans avoir l’impression de te forcer la main, de t’influencer. Mum veut que ça reste un choix, ton choix.

Même s’il ne comprend pas. Ce n’est pas grave. Si tu estimes que c’est ce que tu souhaites, alors il ne peut que laisser tomber. Et tout le monde n’apprécie pas les colonies de vacances dans les murs d’une ancienne école, après tout.
C’est comme ça.
Mais c’est comme ça depuis un an,
juste des occasions manquées,
par peur de s’immiscer là où il ne faut pas.

⠀⠀⠀⠀⠀Mum n’est qu’une occasion manquée.

« Comme quoi, » il sourit, encore, « mais qui sait sur qui d’autre tu peux tomber ? » Sur quoi d’autre aussi. « On peut faire autant de belles rencontres que de mauvaises, lorsque l’on s’endort aux pieds des fantômes. »

Qui sait.
Qui sait quand on entendra à nouveau la musique à la radio et qu’on regardera nos fantômes danser en rythme. Que préfères-tu, Ashley ? Être désespérément seul ou entouré de ses vieilles âmes ?

« Et pourquoi je jugerai ? »

Mum n’aime pas juger.
On ne sait jamais ce qu’il se passe dans la tête des autres ni les bagages qu’ils transportent. Mum n’aime pas parler sans savoir. C’est la meilleure manière de blesser, de créer des malentendus.
⠀⠀⠀Et tout fait déjà si mal, tu sais ? Alors pourquoi en rajouter…

Ta question, elle— lui fait se souvenir qu’il y avait une raison à sa petite sortie.
Bien sûr. Il est bien rare que Mum sorte aussi tôt, dans la fraîcheur du matin et la douceur des rêves à peine terminés. Il se souvient de toutes ses lettres dans son sac et de son détour et ah—
il commence vraiment à juste
perdre la mémoire.
Ce n’est pas bon.
C’est inquiétant.
(Mais il oublie même de s’en inquiéter.)

« Je sortais juste pour poster quelques lettres, j’ai fait un détour, » attiré par la chaleur des bougies et la douleur des souvenirs. « J’ai vu que tu dormais, j’ai préféré attendre que tu te réveilles. On sait jamais. »

Il sourit plus tendrement.
(Comme un papa à son garçon qui a grandit un peu trop vite.)
Tu sais, le danger peut venir d’un peu partout. Des pirates, d’autres vagabonds jaloux et sans pitié, quand ce n’est pas cette ville en elle-même qui tente de nous assassiner.

« Et toi ? À part faire une petite sieste ? »

⠀⠀⠀Mum n’est pas sûr de vouloir connaître la réponse.
Il a juste retourné la question par politesse plutôt que par curiosité. Tu n’es pas obligé de répondre, tu sais, en fait tu ne devrais même pas répondre, tout simplement. Il se doute de la réponse, en vérité.


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Mar 17 Aoû - 15:44
but when I die alone, I'll be on time

Il y eut un geste qui vint parasiter les mains abîmées du paresseux. Comme dans la cour de récré, à l'ancienne, il laissa glisser ses doigts sur le sol, à la recherche d'un bâton ou d'un caillou assez intéressant pour en faire quelque chose (quand on était chanceux, on tombait sur de la craie).
C'était peut-être de là que ça lui venait, sa collectionnite aiguë.
Il faisait ça par réaction, comme un effet secondaire des paroles qu'on lui adressait (ou même du simple fait qu'on s'adressait à lui). En l'occurrence, l'avertissement était plutôt terrifiant, et même s'il se contenterait d'en rire, il jouerait aussi un peu avec la poussière, juste comme ça.

« C'est une manière de le dire, sourit-il en cherchant ses mots. Un peu flippante, comme manière de le dire, d'ailleurs- »

Il s'arrêta automatiquement, comme piqué par l'idée que c'était peut-être vexant, ce qu'il racontait ;

« Mais je vois ce que tu veux dire, hein... On va dire que je fais attention. » Non, vraiment pas. « Enfin non. J'ai de la chance. »

Un large et stupide sourire vint illuminer son visage, comme pour conclure ce vaste ptdr t'inquiète je gère - qui n'avait probablement jamais été aussi faux.

« Oh, euh, parce que je fais quand même pas mal moins de choses que vous, entama-t-il, presque surpris de devoir s'expliquer. Je suis tout seul, je glande rien, enfin je fais des trucs, mais c'est pas à mon échelle que ça va changer grand chose, et je vous laisse vous démerder, enfin vous oui mais pas que, j'aurais pu aller voir les brocolis et tenter un truc, puis même les pirates ils contribuent probablement plus au retapage de cette ville que moi, »

et il voulut continuer dans sa lancée, mais le souffle lui manquait – maladroitement, il prit une plus grande inspiration qu'à l'accoutumée. Ah. C'était beaucoup pour ne pas dire grand chose (pour ne même pas savoir où il allait).
Fallait-il ajouter quelque chose ?
Attendre une réponse ?
Il ne savait pas vraiment où reprendre. De toute façon, son interlocuteur devait bien avoir compris l'idée.

Des lettres ?

Depuis quand était-il postier, Mum ?
(Non, la tempête n'avait pas eu lieu depuis suffisamment longtemps pour que l'on puisse imaginer que quelqu'un qui poste des lettres travaille à la Poste ; mais c'était bien le propre d'Ashley, de se planter sur des choses simples comme celles-ci.)
L'information le faisait plus tiquer que l'attention du chevalier.

« Attends, tu bosses pour l'autre là ? Le mec, euh, là, celui qui fait les colis et les lettres, enfin les livraisons... »

Et puis la suite atteignit sa maigre masse de cellules grises.

« Ah, merci. C'est gentil. »

La vérité, c'est qu'il ne captait pas bien la tendresse. Il se disait, comme pour se prouver qu'il n'était pas idiot, que ça se serait peut-être aussi bien passé si le chevalier ne s'était pas arrêté. (Ça aurait évité une conversation un peu gênante.)
Ashley préférait ne pas penser aux « peut-être » - aux éventualités (un ours sorti de la forêt pour le bouffer, ou un truc un peu moins naturel, également sorti pour... le bouffer... ?) - c'était plus simple comme ça. Si quelque chose venait décidait de mettre fin à son parcours, comment diable pourrait-il l'en empêcher ?
(Ne pas dormir dans des endroits exposés serait un bon début.)

« Moi ? Pas grand chose, du coup. J'arrivais pas à dormir, donc je me suis baladé. Y'avait personne ici. »

Du coup, c'était bien, pour siester.
Ashley ne détestait pas le « smalltalk » comme d'autres, mais à cet instant, il avait l'impression de décevoir, avec le peu d'informations qu'il avait à partager. Il voulait pouvoir rebondir sur des éléments de conversation, comme d'autres faisaient si bien, mais c'était compliqué.

« J'espère que je ne t'ai pas trop retardé, du coup ? Je peux t'aider aussi, pour les lettres, si tu veux. En, euh, dédommagement. »

Toujours la même rengaine. (J'ai pas peur de déranger, ça va pas la tête, mais euh quand même, dans le doute, je peux te cirer les pompes et t'offrir un manoir avec vue sur la mer ?)


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Lun 23 Aoû - 19:38


but when i die alone, i'll be on time.
Il y a ses mélodies qu’il ne veut pas entendre.
De ceux qui ne se pensent pas assez. Ceux qui n’arrivent pas à voir leur valeur. Ceux qui ne se voient pas briller, dans le miroir. (Mum en fait partie.) Mum n’apprécie pas ça, quand l’on prononce des insultes à son propre égard, lorsque l’on cache le manque de confiance en soi derrière des
mais c’est la vérité,
⠀⠀⠀ce n’est pas que je n’ai pas confiance, ce sont les faits, c’est juste la vérité.

Tu sais.
Mum sait reconnaître les signes.
Après tout, il suit les mêmes schémas.

« Et alors ? »

Et alors, Ashley ?
Et alors, qu’est-ce que ça change, si toi tu ne changes rien ? Qu’est-ce que ça change, si à la fin de la journée, tu n’as pas fait la moitié de ce que certains chevaliers font ? Qu’est-ce que ça change, si tu survis, comme les autres ?
Ça ne change strictement rien, tu sais. Qu’est-ce qui nous attend, à la fin de la journée, à part la lune et ses étoiles ? À part le sommeil qui marque le début d’un nouveau jour ? À part les répétitions des dates et des saisons ?

Qu’est-ce que ça change, Ashley ?

« Tu ne dois rien à personne, » surtout toi, solitaire. Aucun supérieur ne te demande des comptes. « Et il n’y a rien qui te force à faire plus que d’autres. Nous faisons tous ce que nous pouvons et si on ne peut pas faire plus, tant pis. Nous devons nous préserver, après tout. Alors oui, peut-être qu’on fait plus que toi, mais on est plusieurs et toi tu es seul. C’est logique. »

Il t’a sourit, doucement.
Se voulant rassurant.
⠀⠀⠀Tu n’as pas à penser comme ça, d’accord ? Il ne veut pas.
Parce que c’est une porte grande ouverte vers des pensées qui se feront plus sombres.

Douceur sur les lèvres. « Tu devrais penser l’inverse. Être fier de toi pour chaque petite chose que tu accomplis. Non ? »

(Mum, il sait comme c’est dur.
⠀⠀⠀De ne pas paraître de trop. De se demander ce qu’on fout encore là. D’être rongé de culpabilité à l’idée de se reposer. Il sait comme ça fait mal aussi.)

Il fronce les sourcils, une seconde.

« George ? », (il comprend que ses mots aient pu porter à confusion). « Non, ce sont juste des lettres pour prendre des nouvelles. Je vais juste les déposer à la poste. »

S’il s’est levé tôt, tu sais,
⠀⠀⠀⠀⠀⠀c’est pour que les enfants ne remarquent pas qu’il est parti.
Mum ne se lève jamais aussi tôt. Ça se sent dans les paroles un peu lentes et les gestes confus. Dans les yeux qui se traînent dans le vague et les sourires fatigués. Mum est fatigué. Il l’est toujours, qu’il se lève tôt ou tard.
(Qu’il ne se lève pas du tout aussi.)

Il secoue la tête.
De la même manière qu’avec les enfants, quand ils grimpent dans son lit et qu’ils demandent s’ils l’ont réveillé.

« Tu ne m’as pas retardé. J’ai le temps. »

On a tout notre temps, tu sais.

Mais finalement, Mum décide de se relever. S’étirer un peu. Épousseter son manteau et redresser son bonnet. Il commence à faire froid. Et la fatigue pèse lourd sur les épaules. Il dit qu’il a le temps, Mum— mais les batteries s’épuisent toujours trop vite et il sait que ce n’est plus vraiment une bonne idée d’aller dormir au pied des arbres ou caché dans les buissons.
⠀⠀⠀Il t’a tendu la main, pour que tu te redresses aussi.
⠀⠀⠀Sauf si tu souhaites rester ici un peu plus longtemps.

« Mais tu peux m’accompagner jusqu’à la poste, si tu veux. »

Seulement si tu veux.
Mum
ne force jamais.


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Mar 31 Aoû - 3:28
but when I die alone, I'll be on time

Ashley se définissait par les choses qu'il ne faisait pas.
C'était ça, le problème.

Il était de ceux qui n'ont ni rôle, ni but, qui errent comme des âmes en peine. C'était vérifiable en cet instant ; il ne travaillait pas. Il n'explorait pas. Dire qu'il discutait, ce serait oublier qu'il n'était capable de répondre qu'à l'évident ; le mis en avant ; que toutes les subtilités du langage (corporel ou parlé) seraient à jamais perdues dans les méandres du rien. Le rien, un monde auquel il appartenait.
C'était ça, le problème.

Si Ashley faisait réellement ce qu'il pouvait, il accomplirait deux fois plus que ce qu'il avait produit en toute une vie. La préservation, c'était son état naturel. Et il était bien d'accord avec Mum, au fond ; il n'allait certainement pas se forcer à faire plus – plus que ce qu'il ne faisait déjà, car il n'était même pas certain d'en être à un stade où il méritait de se comparer aux autres.
C'était ça, le problème.

Voilà ce qu'il aurait dit, Ashley, s'il n'avait pas été Ashley.
Mais passé le sursaut interne de la question presque rhétorique et l'écoute des arguments – de bons arguments, pourtant rejetés par son esprit comme un virus par son système immunitaire –, il se contenta de s'armer d'un léger rire gêné.

« Oui, c'est vrai. »

C'était tout.

« Eh, je suis déjà fier d'arriver à dormir en extérieur, chaque chose en son temps ! »

S'il avait eu une bière en main, il l'aurait levée en adressant au lève-tôt un regard de plaisantin ; il aurait même pu boire une gorgée juste après, pour combler le silence avec une excuse.

« C'est juste qu'il y a des choses qui comptent pour plus de personnes que pour soi. »

Au lieu de ça, il laissa échapper ce bout de non-sens, découpé au cutter dans des pensées qui se mélangeaient naturellement.
La bienveillance, il ne serait pas capable de la placer sur une carte.

« AH OUI, George, oui, lui ! »

Heureusement que les distractions – comme ce simple oubli de nom – lui permettaient d'éviter de répondre.
Il hocha vivement la tête. Aller poster des lettres, un art qu'il n'avait que peu pratiqué (prendre des nouvelles de qui ?) - il n'était déjà pas bien fan de l'envoi de messages, quand le réseau marchait encore. L'effort était trop grand, là où ne rien dire lui apportait le plus grand des repos.

« T'as pas une colonie à gérer ? »

Quand est-ce que ça se réveille, un mioche, à Blackwell ?
Ashley les imaginait déjà dévaler les escaliers, dessiner sur les murs et se jeter de la purée à la figure.
Ashley n'avait pas une très bonne notion du temps.
(Ou bien vivait-il dans une comédie familiale du milieu des années 2000 ?)
C'est sans doute à cause de cela qu'il ne fit qu'à moitié attention aux mouvements de l'autre – et eut un demi sursaut en se tournant pour ne voir que des jambes, là où se tenait cinq secondes auparavant une personne entière.
La main tendue, il ne la remarqua qu'en dernier, alors que déjà il se cherchait des excuses pour esquiver la proposition – proposition qu'il avait lui-même faite – mais ce n'était pas la première fois, et ce ne serait pas la dernière.
(Sans doute ne mettrait-il que quelques heures à oublier qu'il voulait nettoyer l'endroit, ou apporter des jouets et des livres aux enfants.)

« Ah, mais, j'ai un rendez-vous ?? »

Un talent d'acteur indéniable.

« Ça m'était complètement sorti de l'esprit... »

Se frotter un peu le crâne, prendre un air désolé, et agir précipitamment.
Par-fait.

« Je suis désolé... La prochaine fois, on pourra faire ça ! Enfin. Si on se retrouve... à... cette heure-ci ? »

Après avoir bien vite sauté sur ses jambes – et lâchement esquivé l'aide du chevalier –, il avait regardé le ciel, tentant de faire croire qu'il était capable de deviner l'heure qu'il était grâce à la position du soleil.
(Ça avait foiré.)

« En tout cas, bon courage ! »

Désormais conscient qu'il avait mis le vent le plus royal à son interlocuteur, il lui attrapa tout de même la main pour la lui serrer, sans plus réfléchir. Superbe rattrapage (non).
Et après un moment qui aurait pu durer quelques secondes comme quelques minutes – rapport à la notion du temps, toujours –, sans être bien certain de quand est-ce que c'est poli exactement de se barrer après avoir dit au revoir, il tourna les talons, la tête fourmillant de questions sur l'image affreuse qu'il devait renvoyer.


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Dim 5 Sep - 21:25


but when i die alone, i'll be on time.
Est-ce que tu te vexerais, Ashley,
⠀⠀⠀si Mum t’avouait que
tu mens encore moins bien que les enfants ?

Tu aurais pu inventer toutes les excuses du monde, Mum aurait réussi à voir au travers. En fait, tu sais, il aurait préféré que tu lui dises la vérité ; que tu n’as simplement pas envie ou que tu te sens de trop pour l’accompagner encore un peu de temps. Mum l’aurait accepté.
⠀⠀⠀Je n’ai pas envie est une excuse totalement acceptable.
Pourquoi faire quelque chose que tu n’as pas envie de faire ?

Il te sourit, cependant.
Amusé par ce petit jeu. Il ne te connaît pas très bien, en vérité, mais Mum il—
remarque tant de détails.
Rien qu’à la manière dont tu te tiens. À la façon dont tu serres faussement sa main pour ne pas paraître malpoli.

Tu sembles manquer cruellement de confiance en toi, Ashley.
Tu te penses feignant, mais ici, peu importe qui, nous ne pouvons pas l’être. Survivre est déjà fatigant. Tous les feignants sont déjà morts, Ashley. Arcadia n’est pas sympathique avec ses habitants, elle ne leur donne pas tout ce qu’ils veulent en un claquement de doigts. Elle ne pardonne pas, Arcadia. Ceux qui restaient les bras croisés n’ont gagné qu’une fin plus rapide. Il n’y a plus que nous. Ceux qui s’accrochent à la vie à la force de leurs bras malnutris. Ouvre les yeux, Ashley.
Il y a déjà tant, que tu fais, tous les jours.

Pourquoi n’arrives-tu pas à le voir ?

« Je ne te retiens pas, alors, » le sourire est doux, bienveillant— il ne laisse en aucun cas paraître qu’il sait que tu lui mens. Mum ne gagnerait rien à te le faire remarquer, tu sembles déjà bien assez mal à l’aise. « Peut-être, un jour. Mais je me lève plus tard, en général. »

Ça sous-entend que tu le verras rarement, trop rarement à cette heure-ci. C’est tellement exceptionnel, tu sais, ça se compte sur les doigts d’une main. La dernière fois, c’est au début de novembre. Mais c’était différent— il n’avait pas vraiment dormi. Mum ne sait même pas comment il arrive à fonctionner actuellement.
⠀⠀⠀⠀⠀⠀Il ne se pose pas la question, simplement.

« Bon courage à toi aussi. Prends soin de toi. »

Tu sais où me trouver, il aurait voulu te dire.
Mais il sait que tu n’aurais pas osé.

Prends soin de toi, Ashley. Ne sois pas aussi dur avec toi-même.
Le monde l’est déjà trop.

Et Mum a repris sa route, dans le froid, dans la fatigue qui marche avec lui. En se disant, que la prochaine fois,
une lettre te sera destinée à toi aussi.


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