Forsaken se levait aux aurores. Dès que le soleil pointait le bout de ses rayons dorés, ses deux yeux sombres s'ouvraient sur le monde. Il était de ceux qui n'avaient pas besoin de boire de longues gorgées de café pour se réveiller, il était opérationnel dès les premiers battements de paupières. Le froid ne lui faisait pas peur, et la forêt lui était plus accueillante que le confort de l'hôtel. Il justifiait son attrait pour la caféine pour le mal qu'il se donnait à dormir presque à la bonne étoile. L'abri qu'il avait bâti au seuil de la forêt était gorgé par l'humidité, déjà dans le maigre habitacle, les herbes avaient poussés. Alors voilà que Forsaken se préparait ; une brève toilette — on se lavait le visage dans la rivière —, vérifier que rien n'avait été volé. Il dormait avec sa carabine étendue le long de son corps, l'oreille à l'affût du moindre bruit inconnu. La plupart du temps, il se fait réveiller par le vent trop fois, ou par les animaux nocturnes trop bavards.
Dans tous les cas, il était tôt le matin, lorsque Forsaken s'extirpait de son ermitage avec sa défiance habituelle. Il faisait le tour des habitations, il se dirigeait vers les commerçants qu'il protégeait et se renseignait sur les dangers. Il ne s'étendait jamais sur ce qu'ils pouvaient ressentir, ça ne l'inquiétait pas plus que les regards de mépris qu'on lui accordait - souvent, il pensait que ses origines en étaient la cause. Alors il déambulait dans les rues dévastées de la ville, le soleil dressé derrière sa silhouette longiligne et sombre. Il portait toujours les mêmes vêtements, un pull à col roulé noir troué à divers endroits, le même pantalon qu'il avait eu lors de son meurtre, et ses bottes. Il était impossible de le convaincre de prendre d'autres habits, il considérait qu'il n'en avait pas besoin. Il avait une tenue de rechange, des vêtements d'hiver et un t-shirt gris pour l'été, mais c'était rare de le voir autrement avec cet attirail de croque-mort.
Et ses habitudes étaient gravées dans le marbre, et son regard servait la direction de ses pas. Forsaken n'était pas un homme d'intuition, mais il savait remarque les fausses notes de sa routine réglée comme du papier à musique. C'était peut-être parce qu'il vit l'ombre se projeter sur le sol qu'il s'arrêta, dans une ruine qui n'était pas censée être habitée aussi tôt le matin. Il tenta de lire les inscriptions qu'il percevait depuis la devanture, puis il entra quand l'ombre affirma une silhouette. Alors Forsaken attrapa sa carabine, il entra dans le bâtiment en pointant la silhouette. Le soleil projetait des ombres hasardeuses dans le Two Whales Diner, agrandissant celle du comptoir et des tables. Et ce fut par là que Forsaken se dirigea - vers le comptoir - parce qu'il estimait que c'était le meilleur endroit où se dissimuler. Ses pas étaient le plus silencieux possible, il savait que sa venue ne serait pas appréciée.
Et c'est là qu'il vit, la touffe de cheveux roux et le regard d'un enfant perdu. Il baissa sa carabine, et il fixa l'adolescent dans son mutisme oppressant.
Forsaken fait sa ronde, il passe devant le Diner, il voit une ombre et rentre avec sa carabine. Quand il voit que ce n'est "que" Lifa, il l'abaisse, mais ne dit rien.
Little Fang
can i borrow a hug ?
Il gère les stocks (des fois)
Momotarou Mikoshiba (Free!)
Little Fang
Lun 13 Sep - 18:59
Jeunesse désenchantée
ft. pseudo
HRP •• Ok ça faisait super longtemps que j'avais pas écouté cette musique mais ça m'a mit dans un mood trop bien ! Mais du coup voilààààà ! Fang a la gueule de bois et est de manière générale triste et énervé contre le monde à cette période là donc bonne chance !
Allongé sur le comptoir Little Fang suit des yeux l'ascension d'une fourmi sur sa main, il ne sait pas trop depuis combien de temps il est là à la regarder et il n'en a pas grand chose à faire. Ce qu'il sait c'est qu'il a dû passer une sacrée soirée pour n'avoir aucun souvenir d'être monté sur ce comptoir ou même d'être entré dans le Diner. Vu les cadavres de bouteilles sur le sol et le comptoir il n'était pas seul non plus. Sa main retombe sur son ventre et il soupire, fatigué. Il faudrait peut-être qu'il bouge. Mais il a beau se dire ça, l'impression qu'il va vomir toute ses tripes au moindre mouvement l'empêche d'agir. Ses yeux se ferment, et le monde devient totalement noir lorsqu'il y pose son bras.
Il ne dort pas encore Little Fang, mais il était bien parti pour quand il entend du bruit dans le Diner. Sa première réaction est juste de froncer les sourcils sans bouger plus que ça, mais alors que le bruit se transforme en pas il dégage sa vision et tourne la tête vers leur source. C'est une carabine qui l'accueille, et qu'il continue de fixer jusqu'à ce qu'elle soit mise de côté. Il relève les yeux vers son détenteur et laisse échapper un soupir en voyant la tête de Forsaken. C'est bien sa veine, le mec le moins causeur d'Arcadia Bay. Même un muet serait plus loquace.
« Tu vas me mater longtemps sans rien dire ? »
Son ton est amer, l'alcool fait partir sa voix dans les graves et ce sont ses effets qui lui permettent aussi d'être plus irrité qu'apeuré dans cette situation. Il ne se relève pas et tourne ses yeux vers le plafond, si il tend le bras, est-ce que la fourmi sera encore là ? Un soupir, encore. Il sait très bien qu'il est censé se casser de là, que le silence de l'autre veut juste dire qu'il n'est pas le bienvenu ici. Sa carabine aussi est un bon indice. Mais vraiment il n'emmerde personne ici. Y a plus personne qui travaille au Diner si ? Vu la couche de poussière ça l'étonnerait. Ça met les gens mal à l'aise que rien n'est changé ici il paraît, lui il s'en fout il aime bien, le seul truc qui le met mal à l'aise tout de suite c'est Forsaken.
« Je te préviens je bouge pas. »
Cette fois il ne va pas s'enfuir. Il faut bien qu'il s'impose de temps en temps, et il a bien grandit depuis la dernière fois qu'ils se sont vus. Il aime croire que ce n'est plus un enfant que Forsaken a devant lui. Et en soi ce n'est pas totalement faux. Ce que Forsaken voit devant lui c'est un adolescent qui a fait tout les mauvais choix, avec un sacré mal de tête, un corps qui a grandit beaucoup trop vite pour que son cerveau s'y adapte et une volonté de s'imposer toute nouvellement trouvée.
Forsaken
Emo des bois
Protecteur des commerçants
Aphelios de LoL
Forsaken
Sam 9 Oct - 23:29
Jeunesse Désenchantée
Little Fang sembla comprendre ce que Forsaken ne disait jamais, et alors que son mutisme s'étendait, il le fixait sans froncer un sourcil. Il vérifia que le cran de sécurité était bien mis, puis il le cala contre sa cuisse. Là, Forsaken jugeait ce qu'il constatait ; une jeunesse fragmentée, morcelée, entre la drogue et l'alcool, échouée en plein milieu d'un bar abandonné. Il le connaissait, ce gamin, il les connaissait pratiquement tous. Il n'y avait pas un visage dont il ne se rappelait pas ; tout était archivé, classé, complété. Noah. Noah qui le défiait et l'avait eu —, ah... c'est qu'il se faisait bientôt vieux —, capable de lui échapper parce qu'il avait sous-estimé ses capacités. Forsaken ne recommencerait plus, et il s'en méfiait désormais. Et à cet instant précis, Noah le défiait. Bien évidemment, Forsaken et sa rigidité morale, Forsaken qui avait oublié son coeur et son âme en forêt, il aurait pu en rester là. Mais voilà qu'il estimait Little Fang comme un délinquant.
Forsaken fit un pas.
L'homme constata les dégâts, le lieu semblait presque habité, grâce à l'épave humaine et rousse à ses pieds. C'était comme si la respiration du garçon habitait ce qui en restait, comme si les plats n'attendaient que le retour de leurs clients, et pourtant ! Ce bout de vie étalé sur le carrelage, cette flamboyance prête à s'éteindre, elle sonnait incroyablement faux. Forsaken plissa les yeux, et il estima que la présence de Little Fang ici était une anomalie dans le tableau éthéré que le diner formait. Ce n'était pas un endroit pour les vivants.
Forsaken ne comprenait pas cet enfant ; lui-même avait oublié d'en être un. Le comptoir les séparait, une ligne entre deux univers. Et pourtant, Forsaken n'avait qu'à le contourner pour pénétrer dans celui du gamin, un pas, et c'était suffisant. Toutefois, il restait là, sans répondre, juste avec son mépris et ses cicatrices. Il ne voulait pas bouger, le môme, et Forsaken n'aurait aucune hésitation à l'attraper lui-même et à le mettre dehors.
Alors Forsaken soupira. S'ils avaient été dans le monde d'avant, il l'aurait jeté en cellule de dégrisement. Mais il n'y avait plus réellement de police, et les pirates buvaient plus qu'ils ne vivaient. Triste constat. Il n'avait pas envie de veiller sur ce gamin.
Il ne savait pas comment faire, son esprit n'était pas programmé pour ça. Alors Forsaken se rapprocha, il franchit la ligne invisible, et ses bottes claquèrent au sol jusqu'au gamin. Là, il s'accroupit, et il s'estima trop gentil de prévenir Little Fang :
« Je vais compter jusqu'à trois. »
Il étendit sa grande main abîmée entre eux, et il compta en baissant l'index, puis le majeur, d'une voix rauque et douce pourtant. Forsaken se demanda alors comment son père aurait réagit, s'il l'avait un jour trouvé ainsi.
