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[Flashback 20 août 2020] Memento Mori • Solo

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Noel
Gandalf 2.0
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Métier Livreur en carton
Avatar OC par Hatteeho - IRL Dev Patel
Noel
Noel
Lun 11 Jan - 22:05
Memento Mori
Peut-être que certains souvenirs auraient dû rester cacher.
Peut-être. Certains.

La tête en vrac et l’esprit qui vrille, encore un peu d’alcool dans les membres et le fond des yeux, la démarche peu assurée de cette fin de soirée. Horrible. Il a bien fallu quitter le bowling, et se retrouver à errer dans les rues, le visage entre les mains et les images qui dansent encore derrière les paupières dès lors qu’elles se ferment. Et les images se mélangent, se mélangent à d’autres, plus anciennes, plus violentes, ça arrache le cœur et les tripes, ça donne envie de vomir rien qu’à les voir défiler dans le fond de l’esprit.

La fille est morte.
Il en est persuadé.
Au fond de lui.

Il n’y avait qu’à voir ses blessures, il n’y avait qu’à voir son état. Qui aurait pu s’y attendre, à cette attaque aussi violente au milieu de la foule ? Elle était des Greens - il croit, il n’en est plus si sûr désormais. Il ne la connaissait pas, mais qu’importe, la voir partir suffit à le marquer au fer rouge dans le fond de son esprit. Et il a croisé le regard de Capucine aussi. Ça aussi, ça l’a marqué au fer rouge.

La fille est morte.
Il secoue la tête.

Il n’y a personnes autour de lui, seul dans les rues désertes et l’on entend parfois murmurer quelques phrases - à moins qu’il ne fasse que les imaginer. Seul dans les rues désertes, ne pas craquer, ne pas craquer là et maintenant et pourtant sa vision se réduit et se floute, ses pas tanguent et sa posture s’affaisse, le stress le bouffe et le dévore maintenant qu’est retombée l’adrénaline de l’agression. Encore les souvenirs se mélangent et refont surface, les images se superposent, l’agression, les blessures, la mort.

La mort qui guette.
La mort qui hante.

Et finalement il s’assoit. A même le sol, car la crise est trop soudaine, elle le surveille de loin mais se rapproche peu à peu, en silence et sans le prévenir.

Mais il sait, il sent qu’elle arrive.
Et que soudainement.
Elle lui tombe dessus.

*****

- Tu fais chier avec ton portable.

C’est un sourire qui s’élargit et sous ses yeux s’étale le petit écran du téléphone - encore flou dans ce souvenir, peu de temps avant qu’il ne s’éteigne définitivement. Il tourne les yeux, détourne le regard de la plage qui s’étend devant lui - les oiseaux ne sont pas loin, il les a vu mais il a l’esprit bien trop ailleurs pour vraiment les remarquer. Il range son téléphone dans sa poche arrière sans un mot de plus, juste ce foutu sourire euphorique sur ses lèvres, et il rehausse son appareil photo autour de son cou.

Tintin a raison.
Ils sont là pour travailler.

- Tu peux pas te concentrer trois secondes ?
- Non, tu le sais très bien.

Et il lâche un rire moqueur, rire gras de celui qui se fiche bien de ce que l’on peut penser de lui. Il s’amuse de l’air bourru qu’il voit se peindre sur le visage de celui qui l’accompagne, il le sait feint cet air et puis Leon, depuis trois jours, ne peut s’empêcher de balancer sa bonne humeur dans le visage de tout ceux qu’il croise. Tintin n’a pas fait exception, et il le voit dans le fond de ses yeux.

Tintin c’est un collègue.
Un ami.
Un frère.

Tintin, c’est le parrain de sa fille, ami de longue date - l’université, voilà dix ans déjà - et collègue journaliste pour l’
Outdoor Photography. Car ils travaillent toujours en duo, l’un écrit le dossier et l’autre gère les photos. C’est Tintin qui écrit le dossier, Leon voilà bien longtemps qu’il n’a pas contribué à un article autrement que par ses photographies. Après tout, il a été embauché pour ses clichés, non ?

- Tu prends les macareux et on rentre. Ils annoncent du mauvais temps.
- Je m’en fous du mauvais temps, moi.

Regard blasé de la part de Tintin.

- Oui, patron !

Il secoue la tête, Leon rigole. Encore et toujours.
Car s’il ne le fait plus, qui le fera ? Et il cale son œil droit dans le creux de l’objectif - les deux verres sont intacts encore - alors qu’il prend une série de clichés rapide, les oiseaux nichent dans le creux des falaises et on les voit parfaitement de la plage où il est ainsi posté depuis le début de la journée. Et finalement il trouve, cette photographie qui lui plaît tant au milieu de celle qui finiront abandonnées sur son disque dur - des ratées parmi tant d’autres, c’est principalement de cela que se compose la photographie animalière. C’est celle d’un couple d’oiseaux, l’un des deux est allé pêcher et ramène le butin à la maison alors que l’autre fignole le nid où seront logés les futurs œufs.

Leon a sa photo de carte postale.
Et tout va bien.
Mais le temps s’obscurcit.

*****

Il se réveille à même le sol, son crâne a cogné le bitume et il a encore un goût ferreux dans le fond de la gorge - il s’est mordu la langue. Des courbatures dans tous les membres, une fatigue qui lui tombe dessus en plus de cette déprime lourde et froide. Le sol est froid malgré la période de l’année et la chaleur de la nuit, il voudrait bien pleurer sur le béton du trottoir, personne encore ne l’y voit et personne ne passe.

Et peut-être le fait-il.
Il reste longtemps assis ici.

On est bien seul, parfois. Mais sa solitude lui tombe dessus, l’assomme à son tour et le fauche alors que doucement il se remettait sur pied. Oh, il avait tout auparavant, il savourait sa vie et tout ce qu’il faisait. Et tout est parti maintenant. Disparu. Envolé. Par les vents de la tempête.

*****

Il se réveille à même le sol, son crâne a cogné un rocher et sa vue est floue, il tâtonne et cherche quelques secondes avant de retrouver sa précieuse paire de lunettes sans laquelle il ne voit rien. Il la remet devant son regard malade, du sang croûté lui macule la face mais miraculeusement, tout semble aller bien. Le verre gauche est pété, songe-t-il mais tant pis, il pourra toujours retrouver sa paire de secours en Angleterre. Il regarde autour de lui, débris et gravats ont envahi la plage où il se trouvait à peine quelques secondes plus tôt, il s’est réfugié à flan de falaise pour les éviter.

Mais pour lui, tout est flou.
Ces quelques minutes passées.

- ... Martin ?

Il l’appelle Martin, une fois, deux fois. Sans réponse de sa part, alors la panique commence à lui tordre les tripes et à lui vriller la tête et les idées. Oh il voudrait bien être optimiste, Leon, c’est qu’il a toujours été optimiste, toute sa vie durant à ne pas se préoccuper des malheurs et des moqueries, à toujours imaginer le meilleur de son esprit hyperactif. Mais il le voit Martin, à seulement quelques mètres de lui.

Inerte.
Déchiré.
Désarticulé.
Affaissé.
Affalé.
Immobile.
Brisé.

Mort.
Mort, mort, mort.

Et c’est à cette vision, que se bloquent les mots dans sa gorge, que s’effacent les souvenirs de sa vie. Comme s’ils étaient trop durs à supporter, à vivre, à revivre. C’est à cette vision que tout s’envole. Et qu’il se recroqueville. Perdu ici.


*****

Il frappe à la porte de la petite maison endormie.
Encore épuisé. Encore endolori.
Et il attend qu’on lui ouvre.

- Je peux venir pour cette nuit ? Mon garage est trop loin pour moi, là...

Il ne remet pas son masque sur son visage cette fois.
Il n’en a plus la force.
 
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