focus on me!!

Pour Focus, tout est performance.
Le spectacle ne s’arrête pas au tracé blanc du stade, ni au plancher du gymnase. Il faut mettre à nu sa force. Briser les egos avec ses piques. Faire mine de ne pas avoir de cœur, si ce n’est le cœur à rire aux dépends d’autrui. Cacher son dégoût. Encourager les têtes d’affiche et élargir les plaies de ceux qui rampent. Ravaler sa bile. Coller un sourire poisseux sur ses horreurs.

Elle aurait pu être une bonne fille. Défendre ses pairs face aux crocs des cadors. Prendre des coups à la place des plus faibles. Faire un croche-patte aux plus forts ; mais elle est devenue leur cerbère, le fiel sur la langue. Madelyn a taillé son verbe et son sens du sarcasme sur les lames de leur mépris. Généreuse en mauvais mots pour les cibles faciles : celles qui transgressent, même inconsciemment, les règles arbitraires établies par son clan. Les trop maigres, les trop gros, les trop féminins, les trop masculines, les trop foncés, les bizarres, les estropiés. Les défendre, même un peu, serait trahir. Alors elle s’est tue, et a enfilé l’uniforme des harceleurs.

Et Madelyn elle-même a bien failli se retrouver écrasée. Trop redneck pour que la ruche qui ne compte que des reines daigne l’accueillir. Le porte-monnaie trop modeste, les codes trébuchants. Mais sa ressource et son audace ont su la guider pour qu’elle s’y infiltre et y prenne sa place. Jusqu’à se glisser tout en haut haut, élevée au poste de voltigeuse – littéral sommet de la pyramide. Maintenue par des acolytes en qui elle n’a jamais vraiment eu confiance. Focus est contradictoire : tantôt suiveuse, tantôt initiatrice. Toujours dans un même but : ne pas être attaquée ; ne pas être laissée sur le bas-côté ; ne pas finir comme cette fille prostrée, qui se fige à chacune de ses apparitions. Ne pas être projetée dans le camp des faibles. Elle écrase les autres de crainte d’être écrasée. Focus ne croit plus aux belles amitiés, aux romances désintéressées.

Tout est performance.

Et pourtant, Focus a déjà éprouvé de la sincérité, du regret, parfois. Une forme d’affection pour celles avec qui elle s’est liée, ces amitiés toxiques qui ont empoisonné sa vision du monde. Impression de partager leur intimité, tout en étant distanciée. Au sommet de la pyramide, certes ; mais jamais vraiment intégrée. Et pourtant, il y a ce quelque chose qui lui pince le myocarde. Quelque chose en elle qui se fêle un instant, quand elle sert sa soupe vipérine à ses victimes. Mais elle l’enfouit, morale en berne, sous un ciment de mépris. Celui qu’elle fait peser sur les autres, comme sur elle-même.


A deux frères, Ethan (23 ans) et Martin (21 ans) / S’énerve quand on lui rappelle ses origines sociales / Ne se souvient pas de son père, et fait comme si cela ne la touchait pas / Sa mère, Agnes, n’en parle jamais / Elle est aide-soignante à l’hôpital de Salem / Madelyn a souvent été dure avec elle / C’est sa tante, Maureen, qui lui a offert son premier appareil photo quand elle était petite / Elle préfère les panoramas et les objets laissés à l’abandon, mais ses camarades ont tôt fait de la forcer à prendre des selfies et des photos de groupe / Ce qui n’est pas si désagréable, finalement.

A un petit côté casse-cou / Voltigeuse de son équipe de cheerleaders, elle aurait pu être capitaine / S’entraîne à marcher au ralenti comme les pom-pom girls dans les films (mais l’effet de groupe manquant, elle a plutôt une drôle d’allure) / Pour entretenir sa forme physique, elle court tous les matins dans les escaliers de la Tour de la foi (objectif : atteindre le sommet sans être au bord de la tachycardie) /  Avait tendance à planifier ses repas ; c’est désormais impossible, mais elle a tendance à jouer les pseudo-nutritionnistes auprès des autres Chevaliers.

Protestante évangéliste, elle se rend aux sermons mais les écoute d’une oreille / Dieu n’a de place que dans son langage, et parfois dans ses pensées / Se questionne beaucoup sur sa sexualité depuis la Tempête / Est déjà sortie (et plus si affinités) avec des garçons « parce qu’il le fallait bien », parce qu’ils étaient beaux, pas bizarres et avec un minimum de conversation / A bien intériorisé le fait que sans joli garçon au bras, sans relations romantiques et sexuelles, elle ne pouvait être perçue comme « normale » / Dans les faits, elle n’a pas toujours été fidèle / Ne sait pas trop ce qu’elle fera après Blackwell / Ni même quand elle sera sortie (on finira bien par sortir, non ?).

Aime bien les animaux, mais de loin / Avait d’assez bons résultats à l’école (parfois en trichant) et défonçait tout le monde en sport / Aimerait se faire pardonner.

1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ? Madelyn a grandi à Salem, Oregon. Pas celle où les sorcières ont brûlé.

2Tu faisais quoi avant la tempête ? Championne des cheerleaders de son lycée, voltigeuse au sommet d’une pyramide de harceleuses notoires. Elle a pris sa décision la plus courageuse : fuir. Tenter de se refaire un nom, à Blackwell, ses vieilles horreurs collées aux semelles.

3 Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ? Coupée de sa mère, de ses frangins et de sa bande, Madelyn ne s’est jamais sentie aussi petite. Ratatinée face à l’immensité, des cicatrices blanchâtres sur les bras, sur les jambes, sur le visage. Son petit monde si loin de sa réalité en suspens, fracassée.

4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ? L’appareil photo autour du cou, elle venait tout juste de débarquer sa valise du car de touristes la menant à Arcadia Bay. Le même qui s’est échoué sur la plage après avoir valdingué sur le macadam. Elle ignore combien de personnes sont restées à l’intérieur.

5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? [ x ] OUI   [  ] NON

6Pourquoi et comment as-tu rejoint les Knights ? Après la tempête, Madelyn a clopiné vers Blackwell – sa destination d’origine. Elle a grimacé devant l’organisation naissante de ces espèces d’idéalistes justiciers. Mais elle les a vite rejoints la bouche en cœur, après avoir constaté que les Pirates étaient des pouilleux accros aux substances illicites, et les Greens des hippies aux idées pas nettes. Et puis, dans une ville inconnue, rejoindre le groupe le mieux installé lui a semblé logique.

7De quelles activités es-tu en charge ? Madelyn court vite et trimballe un appareil photo. La conclusion pour les porteurs d’armure s’est vite faite : la voilà propulsée au rang d’Exploratrice du surnaturel, traquant les phénomènes étranges et les spécimens rares. Elle n’a pas rechigné : cela la tient éloignée de son clan d’énergumènes, tout en lui garantissant une place au sein d’un groupe bien établi.

8Comment se passe ton intégration au sein du groupe ? Plutôt mal. Son rôle, d’une importance relative, ne la dédouane pas des piques acides et des quolibets méchants qu’elle peut lancer à ses camarades. Ses brefs exils les tiennent à l’écart de ses réflexes.

9Que penses-tu des autres groupes qui s'organisent ? Les Pirates sont un amoncellement de déchets qui n’ont que leur wagon déglingué pour atout. Les Greens ? Même came, avec plus de plantes et plus de soleil. Et elle n’aurait jamais pu s’en sortir seule.



Lundi 28 octobre 2019, 18h28

La porte du petit appartement grince en s’ouvrant sur une Madelyn aux traits tirés. Elle se fraie un chemin entre les citrouilles en plastique et les fausses toiles d’araignée disséminées dans le couloir de l’entrée. Loin des décorations clinquantes et gargantuesques des pavillons de banlieue. Chez les Stuart, Halloween est aussi modeste que la famille.

« Je suis rentrée… », fait-elle d’un ton désinvolte.
Pas de réponse.

L’adolescente porte encore son dossard de cheerleader sur le dos, planqué derrière une petite veste en jean. Elle laisse glisser la bandoulière de son sac le long de son bras, jusqu’à le faire tomber sur le parquet dans un bruit sourd. Ses chaussures ôtées, elle pénètre dans le salon. Un télévangéliste braille son sermon dans la télévision cathodique. Une antiquité dont sa mère n’a pas voulu se séparer. Madelyn le singe, proférant en silence des paroles apocalyptiques. Quel abruti. Son sourire moqueur s’affadit quand elle aperçoit les jambes de sa mère suspendues au bras du vieux fauteuil. Une vieillerie au cuir ramolli par le temps, qui semble-t-il a mémorisé la forme du séant de sa génitrice. Madelyn s’approche, le cœur serré, observant sa mère dormir d’un sommeil troublé. Agnes n’a pas enlevé son uniforme d’aide-soignante. Elle semble flotter dedans, pâle créature éthérée aux traits émaciés, couverte d’une fine pellicule de sueur qui glue des mèches de cheveux sombres à son front. Elle n’a pas demandé d’autres horaires à l’hôpital. Elle ne lui a pas répondu. Les poings de Madelyn se crispent, ongles enfoncés dans la moiteur des paumes. Elle inspire, n’écoutant pas la petite voix qui lui susurre de secouer sa propre mère. C’est comme ça depuis des années. Elle entre, et Agnes dort. Elle a l’égoïsme d’être toujours épuisée.

L’adolescente tourne les talons, en quête d’un verre d’eau fraîche dans la cuisine. Elle attrape le vieux gobelet couvert d’autocollants en forme de pamplemousse, celui qu’elle a offert à Agnes en primaire. Puis se fige en voyant l’enveloppe sur la petite table. Blackwell. Ses petites mains abîmées déchirent le papier sans ménagement pour en tirer la lettre. Elle étouffe un cri de joie. Enfin ! La possibilité de quitter ce taudis sans rejoindre ses frangins à Portland. Sans se coltiner davantage ce groupe doux-amer auquel elle s’est agglutinée.

Tout l’étouffe.
Elle suffoque.

Son verre d’eau à la main, Madelyn passe à nouveau devant sa mère assoupie pour se terrer dans sa chambre. Enfoncée dans son lit, elle laisse défiler sur son téléphone la conversation des « Bad Btchz ».

– Matez-moi ça ! –

« Ça », c’est cette pauvre fille un peu rondouillarde qui se vautre dans une flaque. Une camarade de classe. Une autre membre du groupe privé poste une capture d’écran de sa chute, alors que son t-shirt remonte pour révéler ses poignées d’amour. Madelyn se fend d’un emoji dégoûté. Et une autre de renchérir :

– Dégueulasse. –

Ses lèvres se craquèlent dans un sourire entendu. Elle jette son portable à ses côtés, fixant le plafond, gangrenée peu à peu par ses prétextes fallacieux.

Allons. Ce n’est qu’une boutade.
De l’humour. Voire du second degré.
Et puis, c’est tout de même un peu vrai.
Ça ne peut pas faire de mal.
Non… ?

Mardi 29 octobre 2019, 7h30

Sa main vient couper le tintement de son téléphone. Elle ouvre les yeux. Jette un coup d’œil à l’écran : les moqueries d’hier ont déjà été oubliées. Sa caste se lasse vite de ses boucs émissaires ; elle en trouvera un autre dans la journée. Madelyn fait craquer ses vertèbres dans un étirement, puis sort d’un pas lourd de sa chambre. Elle regarde le fauteuil devant la télévision ; Agnes n’est plus là. Madelyn a cru l’entendre sortir, en pleine nuit. Pour le travail, paraît-il. Elle espérerait presque que sa mère se trouve un amant ; qu’elle ait autre chose à faire de sa vie que de se fracasser pour les autres.

L’adolescente se glisse dans la cuisine en se frottant les yeux. Puis se raidit, comme la veille, devant la petite table de la cuisine. Une petite enveloppe, à la place de celle de Blackwell, posée contre le paquet de céréales. Madelyn en extirpe avec douceur une lettre. Elle reconnaît l’écriture nerveuse d’Agnes.

Ma petite Maddie,
(Je sais que tu n’aimes pas ce surnom, mais essaie de faire avec)
Ton admission à Blackwell me remplit de joie ! Je suis désolée de ne pas avoir pu te féliciter correctement. Tu trouveras un cadeau avec cette lettre. J’ai pensé que ça te ferait plaisir de découvrir Arcadia Bay avant la rentrée.
Je ne suis pas très douée avec les mots, alors je vais m’arrêter là.
J’espère que tu te feras des amis et que tu t’amuseras bien à Blackwell.
Bisous.
Maman.

Promis je suis plus gentille que mon personnage. Si si c'est vrai  
Et du coup bijour Moi c'est Khendra, j'ai 23 ans et j'ai douze années de RP dans les doigts !
Avec ma chérie on a vu votre forum y a quelques temps et hop, nous voilà ! Je me suis souvenue que j'avais déjà été sur des forums de Batman et que c'était chouette  
Hâte d'écrire avec vous les bébous !  
(PS : c'est cool de pouvoir arrêter l'effet sur la bannière ! même s'il est très joli évidemment )