how close | Diamond + Bunny (terminé)

diamond n'est pas du genre à care pour une autre personne que lui-même. à quelques exceptions près. et son colocataire en fait parti.
il a l'habitude de le voir disparaître — lui-même ne reste jamais dans le territoire occupé par les pirates bien longtemps, trop occupé à crapahuter un peu partout avec son sourire de petit merdeux et ses doigts agiles.
mais la journée s'était éternisée, sans que personne n'arrive à l'informer quant à l'endroit où il se trouvait.
peut-être que ça l'avait
i n q u i é t é
(sauf qu'il préférerait vivre une seconde tempête que de l'admettre, thank you very much),
peut-être que son soulagement à son retour était tellement omniprésent qu'on aurait pu le voir de l'espace, mais il s'était estompé bien rapidement suite à la réponse half-assed de bunny lorsqu'il lui avait demandé où il était passé.
alors diamond s'était fermé la gueule,
se glissant sur la banquette après l'avoir observé sombrer dans les bras de morphée bien plus rapidement que d'habitude.
(et s'il s'était littéralement placardé au dos de l'autre, ça ne regardait que lui)

c'est le soleil qui le réveille.
ça le fait gigoter mollement, pour chercher à se cacher des rayons qui dépassent les rebords des portières.
note à lui-même, trouver un moyen de faire la grasse mat' après l'apocalypse quand on a pas ou peu dormi parce que son imbécile de coloc' a décidé de s'éclipser sans rien dire.
le train de pensées le fait rire, éclat enroué par le sommeil, mais qui suffit à officiellement l'empêcher de grappiller quelques minutes de sommeil.
y'a bunny qui dort toujours et qui semble pas spécialement prêt à ouvrir l'oeil — ça le fait rouler des yeux, partagé entre l'agacement et appréhension.

s'extirpant des tréfonds du matelas improvisé de ce bon vieux charlie, il doit se trouver des skills d'acrobate pour se caler à l'avant, fouillant dans les provisions qui traînent dans le coffre à gants.
autant passer le temps en grignotant, il est déterminé à ne pas le laisser filer entre les doigts à nouveau.
diamond mâche distraitement une vieille barre granola, quand la belle au bois dormant particulièrement moqueuse de si bon matin décide d'enfin de gracier le monde de sa présence.

— t'inquiètes, si tu ronflais trop fort, je t'aurais étouffé avec mon oreiller.
y'a rien de plus faux, mais il lui retourne son sourire avec l'insolence qui lui colle perpétuellement à la peau.

— et si je boudais, j'serais pas ici.
parce que tant qu'à être dramatique,
il aurait pu se casser et crécher dans une autre voiture.

— bien dormi ?

pour une rare fois dans son existence, diamond attend patiemment.
vu la tête qu'il tire, bunny semble avoir capté qu'à cette heure, il aurait déjà décampé pour emmerder le reste des pirates par sa présence.
sauf que ce n'est pas le cas aujourd'hui, qu'il est toujours là - les cernes plus présentes que d'ordinaire, et des questions plein le crâne lorsqu'il lui fait face.
si ça lui avait échappé la veille, les ecchymoses qui parsèment son corps lui sautent désormais aux yeux. y'a son regard qui saute d'un point violacé à un autre et il ne peut s'empêcher de pincer les lèvres.
le craquement beaucoup trop sonore qui résonne dans l'habitacle de charlie lui fait hausser un sourcil.

— ravi de l'entendre ?
il tente de conserver un ton égal, de pas avoir l'air trop inquiet, mais il fait un piètre job — ça exsude de chacun des ses pores de peau et même s'il esquisse un rictus, on aurait plutôt dit qu'il venait de croquer un citron.
et il reste figé quand bunny se redresse, ne peut s'empêcher de fixer ses mains, ses doigts, lorsqu'il s'appuie sur ceux-ci.
c'est le quotidien du groupe de chercher la merde, c'est pas la première fois qu'il revient amoché, mais c'est la première fois qu'il ne s'attendait pas à le voir ainsi.
et cet enfoiré à le culot d'ouvrir la bouche pour quémander à manger.

— on dit s'il te plaît.
qu'il souffle, l'exaspération mêlée à un certain soulagement.
parce que s'il arrive à être un smartass, ça veut dire que tout va bien.
diamond étend le bras, lui cale le granola entamé entre les dents avec toute la délicatesse du monde, c'est-à-dire aucune.

dans son immense générosité, il lui laisse la barre, fouillant de nouveau dans le coffre pour en récupérer une seconde.
c'est un soupir désabusé qui lui échappe, en tandem avec le bruissement de l'emballage qu'il déchire, lorsque bunny cite l'évidence.
no shit sherlock, qu'il a envie de rétorquer, j'suis pas aveugle, mais il préfère étouffer ses mots sur une bouchée, les yeux obstinément fixés sur le pare-brise. sa question, a le mérite de la désarçonné, l'espace d'une seconde, avant qu'il n'hausse les épaules sans grande conviction.
parce que si ça répondait bien à l'une de ses interrogations, ça n'éclaircissait pas les autres, notamment le manque de communication- le fil de ses pensées est interrompu par la bravade de son  coloc' et ça lui arrache un ricanement, à diamond.

— quarante ? sûr que c'est pas un p'tit coup sur la tête qui t'as fait voir en double ? vingt j'y crois un peu plus, t'vois.
y'a de nouveau son shit eating grin signature qui lui fend le visage,
parce que c'est plus facile de retomber dans leurs habitudes que d'avoir un réel heart-to-heart.
sauf qu'il ne se voile pas la face, diamond, ça l'agace plus qu'il n'aimerait l'admettre, mais ça l'emmerderait plus encore de ne pas savoir pourquoi.
il se contorsionne pour lui faire face, troquant son expression rieuse pour un air sérieux.

— j'me demandais juste pourquoi t'avais rien dit.
c'est dit rapidement, comme un aveu soufflé sur un coup de tête qu'il n'assumerait qu'à moitié.
ça ne serait pas si loin de la vérité, s'il n'y avait pas pensé pendant une bonne partie de la nuit.

ah, bones bones bones,
sacrosaint et grand manitou de la bande.
fair enough, il sait admettre quand un combat est perdu d'avance — surtout qu'il n'a pas spécialement envie d'aller jouer les veuves colocataires éplorés auprès du chef pour connaître les déboire de l'autre moitié du binôme.
donc il ne peut que se satisfaire que de cette réponse, puis bon, ça a le mérite d'alléger la tension de ses épaule et de lui faire terminer le granola sans avoir l’impression d’avoir un chat dans la gorge.

— alright, gardez vos secrets des hautes sphères pour vous, lieutenant.
faux dédain qui suinte de ses mots,
parce qu'il en absolument rien à foutre de ce qui se passe plus haut.
y'a que lui qui compte,
lui et une poignée de gens
lui et bunny, visiblement.

puis il se l'ouvre de nouveau,
(ça lui fait rouler des yeux si fort que ça en devient douloureux)
ruine le calme qui régnait jusque-là en un clin d'oeil,
(mais il ne lui en veut pas, c'est familier après-tout)
et diamond ne peut que rire face au spectacle, infiniment soulagé.
ça ne l'empêche toutefois pas d'attraper son oreiller pour l'éclater contre le visage de l'autre, au diable les hématomes, il l'a bien mérité.

— bunny- il appuie un peu, pour la forme, la ferme, par pitié.
bon, c'était pas parce qu'il était en train de ronfler, mais c’est quand même de l'air qui sort de sa bouche après tout, mais sa menace a bien été mise à exécution
close enough, à son humble avis.

réfléchir un coup d'avance n'est pas son fort, à diamond.
il l'observe se débattre avec un air satisfait sur le visage, qui se mue rapidement en surprise lorsqu'il libère ses bras. fuck-
il s'empresse de lâcher l'oreiller pour tenter d'échapper à la poigne de bunny, mais sa main l'attrape malgré tout par l'épaule — y'a une exclamation outrée qui se perd, et même un juron fleuri, quand il se retrouve coincé contre le matelas.

— là, tout de suite, je regrette de ne pas avoir appuyé plus fort.
c'est grommelé sans mordant,
les lèvres tordues en mine boudeuse et le menton relevé.
remuant pour la forme, ce n'est qu'à sa question qu'il s'arrête enfin de bouger sous lui, tellement offensé que sa bouche forme un "o" parfait.
bunny, bien trop satisfait de lui-même, ne lui laisse pas le temps de lui rétorquer quoi que ce soit qu'il ouvre la portière pour sortir du véhicule.
diamond ne peut que le fixer, la tête à l'envers, et son air pétulant toujours en place.

— mon cul de crevette t'emmerde.
il hésite, une seconde, à ne pas bouger juste pour être difficile, mais après quelques secondes de débat entre son côté rationnel et l'envie d'être chiant, il ne peut qu'approuver l'idée.
prenant tout le temps du monde pour se redresser et enfiler une veste qui n'est définitivement pas l'une des siennes vu la taille,
(il n'a pas une once de remord)
il quitte à son tour le pick-up, portant une main à son front pour protéger ses yeux du soleil.
au moins, il fait bon aujourd'hui

— en espérant qu'il nous claque pas entre les doigts comme la dernière fois.
pas que la perspective de marcher pour récupérer de l'essence parce que charlie décide qu'il est maintenant temps d'arrêter de fonctionner le dérange, mais si, un peu quand même.

— bien entendu qu'il est sexy.
c'est lancé par-dessus son épaule avec suffisance, à bunny qui se trouve maintenant à l'avant de la voiture, alors qu'il s'étire pour chasser les courbatures récoltées suite à un séjour dans un espace un peu trop petit.
parce que oui, ça lui arrive, à lui aussi.
et quand chacune de ses articulations produit un craquement satisfaisant, il trottine pour se planter à côté de l'autre, l'observant faire avec le nez plissé. les voitures n'ont jamais été sont fort, et il ne doute pas une seconde que s'il touche à un seul des composants du pick-up, celui-ci signait son arrêt de mort ici et maintenant. même les doigts magiques de son coloc' n'arriverait pas à ressusciter charlie de ce funeste destin.

son sourire, ni narquois, ni moqueur, mais authentique, est facilement communicatif.
on en vient à oublier les soucis qui l'inquiétait il n'y a pas si longtemps, à n'être que deux gamins bienheureux dans un monde en ruines, trop excités à l'idée de déplacer la carcasse de métal capricieuse qui leur sert de logis.
et par on ne sait quel miracle, celle-ci démarre, lui arrache une acclamation exaltée — à force, on en venait à plus trop y croire, mais visiblement, charlie n'est pas encore prêt à rendre l'âme.
ça a beau être pour quelques mètres, ça les abrite du soleil qui ne ferait que taper un peu plus fort au fil des semaines.

— ce serait vraiment génial ! diamond est encore trop extatique, tapote la portière avec affection, comme pour féliciter l'objet inanimé (mais cher à son coeur) pour ses efforts. t'inquiètes charlie, un jour, tu vas voir autre chose que la décharge...
sa main se fige à la mention de lust, alors qu'un rire s'extirpe d'entre ses lèvres, amusé.
il sait très bien ce que ça signifie pour lui ; il est temps de tirer sa révérence pour la nuit.
s'appuyant contre le rebord de la fenêtre, il tourne la tête vers bunny, un rictus mutin lui fend le visage et ses sourcils s'agitent de façon suggestive.

— je vois, je vois.
il jette un coup d'oeil rapide à la banquette arrière, un air pensif sur le visage en observant le matelas et la literie qui a vu des jours meilleurs avant de reporter son attention sur l'autre.

— tant que c'est clean quand j'reviens...

son air espiègle se crispe, la courbe de ses lèvres s'amincit, sans complètement disparaître.
normalement, il ne semble pas aussi grave lorsque lust vient lui rendre visite parce qu'elle a les poches vides. l'énergie qui bourdonnait il y a quelques minutes à peine s'est éteinte, et il voit bien qu'il est fatigué — ne peut que s'attarder de nouveau sur ses blessures et les cernes,
(le contraste lui saute aux yeux)
mais diamond ne relève pas,
(ça lui serre le coeur)
se contente d'hocher la tête.

— honnêtement, depuis la fois où il s'est arrêté de l'autre côté de la décharge... qu'il lâche, d'un ton faussement désappointé. mais tu vas trouver le moyen de me surprendre, comme d'habitude.
il accompagne ses mots d'un clin d'oeil, puis s'incline pour fouiller à tâtons sous son siège dans le but de récupérer le vieux sac dans lequel il conserve ses effets personnels vu la petite escapade en ville qui pointait à l'horizon.
contrairement à la veille, il n'est pas laissé dans le flou, mais c'est une mine soucieuse qui s'est malgré tout taillé une place sur son visage.
je te recapte demain, du coup, hm ?

— yep, à demain, mon doux lapin.
diamond s'est redressé, tout sourire, lorsque la portière s'ouvre, le saluant d'un mouvement de main avant qu'il ne quitte la voiture pour s'enfoncer dans la décharge.
et si c'est un regard inquiet qui s'accroche au dos de bunny jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision,
ça ne regarde que lui.