closer | Diamond + Bunny

l'escapade n'avait pas eu l'effet escomptée, et c'était avec un air étrangement maussade qu'il était retourné dans le territoire familier de son groupe.
il n'avait pas besoin de redécouvrir quelconques stupides valeurs qu'il avait sciemment enfouies parce qu'un stupide cowboy le forçait à reconnaître leur existence. il se portait très bien en les ignorant, merci.
diamond n'avait qu'adressé un hochement de tête aux visages familiers, avant de se diriger vers le pick-up d'un pas rapide, ignorant la fête qui battait pourtant son plein pour se réfugier dans le confort de son lit.
c'est avec les rires et les acclamations s'élevant dans la distance qu'il s'était allongé — recroquevillé sous les couvertures et laissant les bruits ambiants étouffer ses pensées parasites jusqu'à ce que le sommeil vienne enfin le revendiquer.

c'est un corps en mouvement qui le tire des bras de morphée, le fait grogner d'inconfort.
encore en train de se débattre avec la somnolence typique du réveil, il note distraitement que sa gorge brûle et qu'il n'est pas confortable, les jambes étrangement à l'étroit.
puis la masse sur son torse se bouge et- tiens, depuis quand bunny dort sur lui ?
ça suffit à enfin lui faire ouvrir l'oeil, se retrouvant ensuite nez à nez avec lui-même.
il cligne des yeux dans l'espoir d'éveiller son cerveau qui est très certainement encore dans les vapes,
(cool)
mais c'est toujours la même vision qui l'accueille,
(d'accord)
et il commence à sérieusement douter de sa santé mentale.
(tout va bien)

diamond lève une main pour la porter à son visage, mais se fige en plein mouvement.
ce n'est pas sa main, qu'il constate quand son regard se fixe sur celle-ci, puis longe son bras et-
en se redressant brusquement, il éjecte son double de son perchoir et dans son agitation, cherche désespérément à voir son reflet dans le miroir-
ce sont deux iris qu'il ne connaît que trop bien qu'il observe dans le rétroviseur.

on pourrait entendre une mouche voler dans le silence qui règne.
cette pensée le fait rire, l'espace d'une seconde, puis une seconde, et une troisième jusqu'à ce  que ce soit un ricanement hystérique qui résonne dans la voiture.
ça y est, cette fichue tempête l'avait rendu fou.

y'a une voix, sa voix, qui lui fait de nouveau mettre les pieds sur terre — son rire s'étrangle dans sa gorge, la vision tellement alien à ses yeux.
et pas qu'aux siens, visiblement.
sauf qu'il ne semble pas avoir perdu son humour, et que si ça l'aurait fait rire en temps normal, ça a surtout le don de l'agacer actuellement.

— écoute, je note pour future référence.
c'est raillé avec plus de mordant que ce qu'il escomptait, mais on l'excusera vu les circonstances plus que particulières.
vraiment, il ne sait pas ce qu'il a fait dans sa vie pour que toutes ces merdes lui tombent sur le coin de la gueule les unes après les autres — ah si, être un gamin détestable, mais méritait-il vraiment une out of body experience ? probablement pas.

et vraiment, est-ce que charlie a toujours été aussi peu spacieux ? ou alors il se découvre un nouveau côté claustrophobe qui n'était absolument pas le bienvenu.
ça le fait bouger nerveusement, puis ramener ses jambes contre lui pour se faire inconsciemment plus petit alors que diamond enfouit son visage dans ses mains.
est-ce qu'il pourrait y avoir une journée où rien d'étrange ne se passe ou c'est trop demandé ?

— j'comprends rien, c'est marmonné entre ses doigts, las après cinq minutes debout, avant qu'un ricanement lui échappe, j'ai pas mis de sorcière en colère pourtant.
rigole, ouais, c'est mieux que de craquer ici et maintenant.

au cliquetis de la portière qui s'ouvre, il avait écarté un doigt, de quoi le (se) fixer sans complètement abaisser ses paumes, l'ébauche d'un sourire reconnaissant aux lèvres.
il n'a pas spécialement envie d'affronter l'extérieur,
ou de croiser qui ce soit, s'il devait être complètement honnête avec lui-même.
au moins, l'air frais suffit à le faire focus sur l'instant présent plutôt que se perdre dans ses pensées toutes plus ridicules les unes que les autres.
c'est pas une sorcière qu'il a croisée, mais un cowboy.
puis il a rien volé, d'abord, même si l'intention y était.

— grand est un understatement bunny, comment tu fais pour ne pas te prendre le coin de la porte en gueule ?
déjà que ça lui est arrivé en temps normal, il préfère ne pas tenter le diable et tant qu'à y être, éviter d'abîmer un corps qui n'est pas le sien.
diamond soupire, pose une main contre l'un de ses genoux alors que l'autre se perd dans ses cheveux trop courts, ça le fait hésiter une seconde.

— j'ai rien volé hier.
il lève enfin les yeux vers lui — le choc s'atténue, ça reste étrange, mais il arrive à concevoir la chose, ils sont deux, après tout.

— j'suis revenu ici et j'me suis couché, rien de spécial.
mais je me suis fait attacher à un lit par le cowboy susmentionné et il m'a fait la morale, vraiment, c'était génial.
et il doute franchement que gaheris se soit découvert des pouvoirs vaudous la nuit précédente pour lui inculquer une leçon, encore plus quand ça concerne son colocataire.
qu'est-ce qu'il aurait à en tirer ? qu'il est petit, misérable, sans scrupules et absolument exécrable ? ah, la bonne blague, il est parfaitement au courant.

— une tombe égyptienne, ah ! j'crois que j'serais maudit pour les quinze prochaines générations.
surtout vu les trucs sur lesquels il poserait les doigts, s'il était laissé à lui-même, après tout, plus ça brille, mieux c'est.
ça a le mérite d'atténuer la panique qui flotte toujours dans son esprit, ou du moins, jusqu'à ce qu'il mentionne toi, acid et te faire passer pour moi. bunny veut le faire sortir, alors qu'il a approximativement un demi-neurone qui n'est pas figé par la terreur.
et ça se traduit sur son visage, à l'observer comme un cerf en plein devant une voiture — il se sentirait presque mal d'afficher ce genre d'expression avec la tête de son coloc ou au contraire, en profiterait s'il n'était pas à deux doigts de s'arracher les cheveux.

diamond connait les trucs douteux dont il est question, l'entièreté du groupe l'est, ce n'est un secret pour personne.
mais avec la nouvelle drogue qui circule, hope, comme on l'appelle, il en vient à se demander si y'a pas un des chimistes qui a trouvé une énième plante étrange pour expérimenter avec celle-ci.
peut-être que ça s'est malencontreusement glissé dans son verre ? mais pourquoi est-ce que lui serait touché, s'il n'a rien pris ?
vraiment, les théories du complot, ça allait vite devenir sa grande passion.
le soucis, c'est qu'il aura beau y réfléchir autant qu'il veut, ça n'empêche pas le fait qu'il doit sortir et qu'il en a absolument pas envie.
il fixe la portière toujours ouverte comme si elle était l'incarnation même de la peste, posant ensuite son regard sur bunny, les sourcils froncés.

— bunny, d'ordinaire, je t'adore, mais là tout de suite, c'est vraiment pas le cas.
c'est soufflé si bas, dénué de tout ce qui fait de diamond, diamond. c'est drôle comme l'anxiété fait ressortir le gamin timide qui manque cruellement d'assurance.
qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour juste avoir à fermer les yeux et que tout rentre dans l'ordre.