Depuis quelques temps, tu entends de la musique dès que tu te balades dans les ruines. Ce n’est pas vraiment commun alors, évidemment, tu trouves ça étrange. Qui viendrait jouer d’un instrument en plein milieu de… rien ? Sûrement quelqu’un de complètement fou, non ? A plusieurs reprises, Actéon s’est mis à aboyer comme à chaque fois qu’il voit une nouvelle personne. Non pas qu’il se met en mode « attaque imminente », mais l’hypothèse de pouvoir recevoir des câlins autre que toi, son maître, ça le met en joie. Du coup, dès qu’il entend la musique, il se fait lui aussi entendre et court partout en essayant de découvrir la source de la mélodie… tout comme toi, d’ailleurs.
En faisant attention à ne pas te casser la figure sur les nombreux débris.
Aujourd’hui encore, tu as entendu la musique. Cela fait depuis trop longtemps que tu l’entends. Les Ombres ne font pas de musique… Non ? Manquerait plus que ça… encore un effet mauvais des radiations, tu en es sûr ! Actéon aussi s’impatiente, désireux de savoir qui est la personne… ou la chose, qui fait tout ce tintamarre. Et là, chose unique, Actéon repère une silhouette. Sans attendre, il se carapate en direction de la personne qu’il a entraperçue, disparaissant derrière des débris.
-Actéon !!
Tu t’exclames, te lançant à sa poursuite aussi sec. Durant plusieurs minutes, tu le cherches, appelant son nom à plusieurs reprises. Finalement, tu entends un aboiement et c’est là que tu le vois en train de se faire papouiller par quelqu’un. La personne qui fait de la musique, tu présumes.
-Quelle drôle d’idée de faire de la musique dans un tel endroit. Les radiations te font perdre la tête ?
Tu demandes en regardant la personne en face de toi.
Les pieds dans le vide, le regard vers le ciel, immense, absolu. Sans limite. Perché sur un débris, caché entre les recoins vides des immeubles effondrés, Rain accorde doucement, tendrement son violon.
C'est étrange quand on voit ses mains salles aux ongles cassés manipuler avec douceur et délicatesse un instrument aussi noble que le violon. Et pourtant, il sait précisément ce qu'il fait, quand il tourne les clés, fait vibrer les cordes une à une.
L'instrument sur l'épaule, l'archet qui entame sa danse et la mélodie qui s'élève entre les tours détruites. Rain garde ses yeux dans le ciel, il est apaisé, seul au milieu de nulle part, un léger sourire sur les lèvres. C'est rare et c'est beau.
Mais on entend des pas au loin, des pattes qui s'approchent, des aboiements. Rassuré que la présence ne soit pas humaine, Rain laisse son violon de côté et s'accroupit devant le chien qui arrive pleine balle sur lui. Il le grattouille derrière les oreilles, amusé par son enthousiasme.
- Bah alors, qu'est ce que tu fais là ? Tu t'es perdu ?
La réponse surgit quelques instants plus tard sous la forme d'un adulte aux cheveux longs. Rain se redresse aussitôt, soudainement tendu. Il se recule de quelques pas, méfiant et soudainement agressif.
- Je fais ce que je veux comme je veux et t'as rien à dire là-dessus.
Voix sèche, il est contrarié qu'on l'ait surpris comme ça, agacé qu'on l'ait interrompu.
- Et puis quelle idée aussi de promener son chien ici avec les ombres qui se baladent. Les radiations te font perdre la tête ?
Moqueur, méchant, ironique. La sainte triade du Rain qu'on a dérangé.
Tu rejoins enfin Actéon qui a la fâcheuse tendance à courir après tous les inconnus qu’il voit. Comme si tu ne lui donnais pas assez de papouilles, alors que tu es celui qui l’aime le plus au monde, plus que l’alcool. Tu arrives à la hauteur de celui qui depuis un moment, joue de la musique dans les ruines. Un bien étrange passe-temps, étant donné que ce n’est pas vraiment sécurisé ici. Il pourrait y avoir une poutre métallique qui lui tombe dessus, et ce serait la fin du Mozart en herbe. Une bien triste fin, si vous voulez mon avis. Sans parler des ombres qui peuvent venir le saisir et l’emporter on ne sait où, pour lui faire on ne sait quoi. Pas un concert privé, en tout cas. S’il tient tant à jouer de la musique, pourquoi est-ce qu’il ne viendrait pas chez les Greens ?
Il serait bien accueilli, rien de mieux que de travailler en musique ! Quand il te voit, Actéon aboie et remue la queue, revenant déjà vers toi pour te faire la fête. Il a beau s’éloigner, chaque fois que tu arrives, il accoure à nouveau. Vous n’êtes pas meilleurs-amis pour rien. Tu arques un sourcil aux mots acerbes du vagabond, comme tu le supposes. Faut être seul depuis un bon bout de temps pour être assez fou pour jouer dans un tel endroit. Tu ne t’offusques même pas de la réaction de mini Beethoven, en fait, ça te fait surtout rire. Tu ne t’empêches même pas d’éclater de rire, attisant les aboiements joyeux de ton fidèle compagnon.
-Tu es un marrant, toi ! Je ne pensais pas que Chopin avait une telle répartie, haha !
Oui, tu comptes faire tous les musiciens célèbres que tu connais. Ah, ça s’arrête-là.
-Ah oui, peut-être que les radiations me font perdre la tête. Ca ne m’étonnerait pas, si tu veux mon avis. A force de se balader sans combinaisons, on va mal tourner ! Mais pour moi, c’est l’alcool qui s’est chargé de me faire perdre la tête, il a été plus rapide !!
Tu t’exclames avec ce même air ahuri que tu as, à chaque fois que tu parles. Tu penches finalement la tête sur le côté, observant le violon.
-C’est dingue qu’il soit encore en bon état avec la tempête qui est passée, tu dois en prendre drôlement soin. Tu fais des soirées dansantes, à tout hasard ?
À peine l'intrus s'est-il montré que déjà on a envie de lui cracher au visage. Il a l'air simple d'esprit, beaucoup trop détendu et surtout, il pose sur Rain un regard bien trop paternaliste. Il a cette attitude de l'adulte qui sait tout, celui qui tapote le crâne des enfants avec un sourire faussement bienveillant. Ceux qui disent savoir mieux que tout le monde, parce qu'après tout, eux sont grands.
Des imbéciles méprisants.
C'est décidé, Rain ne l'aime pas. En plus, il l'a dérangé, rien ne va.
Son rire l'insupporte et une grimace de dégout se peint sans honte sur le visage du vagabond. Il va lui faire bouffer son Chopin avec des poils de chien. Sale traitre, quelle idée d'être aussi adorable et de trainer derrière soi des cas pareils.
Rain lève les yeux au ciel, l'alcool que mentionne l'autre abruti n'a du qu'accentuer une intelligence déjà basse de plafond. Il suit son regard et planque le violon derrière son dos.
- T'as jamais pensé à te taire ? J'ai l'impression que plus tu parles, plus ce que tu dis devient profondément idiot. Ferme la et tu garderas peut-être suffisamment de neurones pour t'occuper de ton clébard !
Et on plaint ledit clébard du maître qu'il est contraint de supporter.
- Rain a décidé qu'il n'aimait pas Neoephe et le lui fait bien comprendre pardon il est méchant
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Dim 27 Déc - 22:08
Du tintamarre dans les ruines
Tu débites, encore et encore, sans t’arrêter. Tu voles le temps des gens Neoephe, tu les saoules et les force à rester parce qu’ils sont trop polis pour te tourner le dos ou te dire de la fermer. On ne peut pas dire que tu as toujours été comme ça, bien que tu étais déjà quelqu’un qui aimait prendre la parole.Mais lorsque tu avais encore un toit, et un travail stable, tu n’avais pas pour habitude de parler durant des heures tel un comédien en pleine tirade ennuyante.
C’est surtout quand tu as commencé à être sdf que tu t’es mis à papoter encore et encore… Une manière de faire rire les autres, ou même de les faire rire afin d’attiser leur affection et pouvoir avoir une petite pièce. C’est dingue tous les efforts que tu devais mettre pour avoir une simple petite pièce. Et puis, il y avait Actéon qui t’accompagnait partout et que tu préférais nourrir avant toi, quitte à mourir de faim. Tu ne remarques bien évidemment pas la colère dans le regard de ce musicien du dimanche que tu agaces.
Mais bien sûr, tu ne t’en rends pas compte et tu continues de débiter, comme tu débiterais face à n’importe quel vagabond ou autre Green. Tu finis par poser cette question étrange au vagabond, à laquelle il ne va sûrement pas savoir comment répondre. Et il faut dire que tu ne t’attendais pas à une telle réponse. Il cache son instrument dans son dos et tu arques un sourcil, te demandant pourquoi il fait ça. C’est un peu bizarre, non ? Mais tu comprends une fois qu’il t’agresse. Il se dit que tu pourrais te jeter sur lui de colère après de tels mots et risquer de briser son cher violon.
Il te crache son venin au visage sans que tu ne réagisses, tu te contentes de le regarder, les sourcils haussés, comme s’il venait de te voler toute ta répartie. Tu te demandes pourquoi il est si agressif, pourquoi est-ce qu’il ressent le besoin de s’en prendre aux autres, alors que tu ne viens même pas l’embêter, juste discuter avec lui parce que tu aimes la musique qu’il joue. Tu n’aimes pas voir de vagabonds, tu as l’impression qu’ils sont les SDF de ce nouveau monde et tu ne souhaites vraiment ça à personne. La solitude que l’on ressent est trop insoutenable, et si tu n’avais pas eu Actéon à tes côtés, tu serais probablement mort.
-…
Tu ne réponds rien, continuant de le regarder en silence, tandis que tu observes ses traits trembloter sous la colère. Ca ne sert vraiment à rien de s’énerver comme ça, c’est mauvais pour les nerfs. Mais avec le silence pesant, la chose fini par t’amuser et tu éclates de rire, riant de ce rire si semblable à celui d’un aboiement de chien.
-Tu es vraiment drôle !
En fait, tu ne t’énerves pas, tu n’es même pas vexé. Il est impossible de te vexer… Tu es trop à l’aise dans ce bas monde pour avoir un orgueil.
-Ah ça, pour être idiot, je le suis, à n’en point douter ! Le nombre de conneries que j’ai fait lorsque j’étais SDF, ça m’a valu un passage en garde à vue ! Heureusement que les choses ont changé avec la tempête.
Tu te tournes vers Actéon que tu caresses ; Il aboie joyeusement et sautille autour de toi, tandis que tu t’adresses à lui.
-Pas vrai Actéon ?! Le nombre de course-poursuite qu’on a eu ! C’était le bon temps, hein, mon beau !
Tu rigoles encore, ébouriffant les poils de ton meilleur ami. Tu finis par reporter ton attention sur le vagabond et redevient sérieux.
-Tu dois sûrement le savoir, mais c’est dangereux de rester seul. Je ne souhaite vraiment rien à personne. Tu devrais songer à rejoindre un groupe, un jour ou l’autre, tu aurais une famille et tes talents musicaux seraient vraiment appréciés. Je pense notamment aux Pirates, le nombre de fêtes que tu animerais ! Un nouvelle vie s’offrirait à toi !
Tu t’exclames, finissant par t’asseoir sur un morceau de béton brisé.
-La solitude que l’on ressent quand on vagabonde, je la connais et c’est un sentiment vraiment pas jojo ! Et crois-moi, j’en sais quelque chose. Les groupes, ça offre une nouvelle vie, une nouvelle raison de vivre. Je suis de chez les Greens, moi ! Bâtisseur, je construis toutes les maisons que tu veux.
Tu te redresses et tend la main.
-Neoephe, ravi de te rencontrer, mon gars.
Tu lui offres un sourire sincère derrière cette attitude déconcertante. C’est vrai qu’on te prend souvent pour l’abruti de service à ne jamais te vexer. Mais tu préfères t’accoquiner des Hommes plutôt que de te battre avec eux.
-Neo ne prend pas mal la provocation de Rain. -Il s'inquiète même pour lui de le voir errer seul comme ça. Il se présente et espère qu'un jour, il rejoindra lui aussi un groupe.
