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La rousse de l'infortune [X/11/2020], ft Bloody Mary [terminé]

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Scarf
scaraffe d'eau (pour boire)
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Métier Libraire et historien.
Avatar Dismas, Darkest Dungeon
Scarf
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Ven 20 Nov - 20:15
Oui.
La nuit à bien des inconvénients pour les créatures à vie diurne, mais Scarf était de ces bêtes qui savent se faire à tout environnement pour ne jamais se voir piégé en l'un deux. En l'occurrence, il se faisait lézard, et sinuait entre les carcasses désolées de foyers autrefois chaleureux, discret et intraçable, devenant une simple ombre que l'on ne saurait qu'entr'apercevoir. Il marchait certes bien rapidement pour une ombre, mais c'était parce que l'appel de la chaleur du chez soi tant chère à tout un chacun lui donnait une énergie infinie. Cependant, il avait pour idée de passer le reste de la soirée seul pour fuir la mauvaise compagnie, et voilà que celle-ci même l'attendait devant sa porte.

Une mémoire musculaire puissante et acquise le faisait chercher avec rapidité son coutelas. Bien des fois cette vigilance extrême s'était révélée trop excessive, mais il s'y accrochait stupidement, préférant être un fou de village plutôt qu'une victime sans nom. L'obscurité avait cela de désagréable qu'elle l'empêchait de distinguer nettement quiconque se tenait là, mais aussi l'amabilité de dissimuler Tavish tant qu'il suivait les zones d'ombres entrecroisées. Par malheur, celle-ci ne se faisait pas si insondables alors qu'il approchait avec une lenteur exaspérante de son foyer. Alors lui vint peut-être l'idée que crapahuter pour entrer en son propre domaine était ridicule, alors il émergeait des ténèbres, lame toujours en main. Quitta à être à découvert, il prenait le temps de dévisager l'adversité, du moins tant qu'on ne lui rendait pas son regard perçant et indiscret.

Et il la reconnaissait! La taille colossale d'abord, les reflets capillaires roux ensuite. Il ne parvenait cependant toujours pas à se rappeler ni du nom de la personne, ni de ce qu'il avait bien pu lui faire pour que sa mémoire l'associe à tant d'énergies négatives. Il comprenait néanmoins qu'il pouvait blâmer la flasque en faux argent dans sa poche pour toutes ses lacunes mémorielles. Un calcul se faisait cependant rapidement dans sa tête, aussi il croyait être tombé dans un guet-apens, alors il prenait le temps de refermer son manteau pour ne pas être entravé par la suite. S'il devait perdre ou mourir, il le ferait avec dignité, et non sans rendre le premier coup. Au fur et à masure qu'il approchait, il tentait d'affronter les abysses ténébreuses des recoins pour y trouver quelque gamin revanchard tapi, mais n'y parvenait à son grand dam pas. Quelque chose de bon et doux lui soufflait dans l'oreille qu'il n'était peut-être pas en danger, mais le bon est aussi le faible alors il ignorait pour l'instant la remarque pourtant pertinente de son subconscient. N'étant cependant pas mauvais pour autant, il pouvait au moins tenter de calmer le jeu avant même que les règles en soient établies, faisant refléter sur sa lame la lueur de brasiers mourants disséminés ici et là.

"Je suppose que vous n'êtes pas posté ici par hasard. Dites donc et faites ce que vous avez à faire, et dire. Soyez cependant tous avertis, le premier et possiblement le deuxième à s'approcher ne seront plus jamais réveillés, et par aucun soleil."
Mon vingt-quatrième texte sur ce fofo :
Codage par Libella sur Graphiorum je laisse la pub parce que c'est des gentils gens.
Bloody Mary
Le Chaos en talons hauts
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Métier Gros Bras (spaghettis)
Avatar Julian Devorak/Sackloth and Ashe/Ilja Van Vuuren (irl) - Vava de Nugget/Luci/Icare ♥
Bloody Mary
Bloody Mary
Ven 20 Nov - 23:04
La Rousse de l'Infortune « Tell me what you tryna hide
And what you runnin' from inside
'Cause I got a surprise
We might not make it to the mornin'
So go on and tell me now »

( Grandson → Dirty )

Bloody Mary était une créature de plein de passions,
Si l'on aimait porter à sa nature féminine les émotions,
C'était mal le juger, sa féminité s'exprimait plus par manipulation
Que par les états d'âme, ces maladies de coeur, ces sensations
Qui en vérité, transpirait dans la recherche de masculinité,
Exacerbée, refoulée, ravalée, expérimentée par toute la dualité
Non pas de son genre, mais de ses genres.
Iel se faisait la maîtresse, l'amant, de bien des sorts.
Maléfices ou artifices ?
Son cauchemar n'était pas tant de se confondre dans l'un,
S'épanouir dans l'autre, son cauchemar c'était les vices
Que l'on prête à une forme plutôt qu'à l'autre, et serein
Iel avait fait un grand pas. Et ce grand pas méritait une fête.

Et c'était avec une idée précise en tête qu'iel marchait dans les bras nocturnes de la ville. Bien sûr, pour le plan qui se tissait dans son cerveau, iel aurait pu voir l'une de ses nombreuses aventures — Bambi —, néanmoins, leur dernière entrevue était bien trop trouble pour qu'il se permette d'arriver comme un cheveu dans la soupe à sa boutique. Septembre était passé, la dysphorie pas vraiment, l'automne s'était essoufflée dans le froid de l'hiver. Les bleus n'avaient pas disparu de son visage angélique et effronté, il lae maquillait d'une autre façon. L'oeil gauche toujours rougeoyant, le mauve le parait de nuance, en rajoutait au charme, ou bien le rendait plus diable encore. Ange déchu, maculé malgré ellui des nuances du roi, Bloody Mary portait son sac comme une croix.

Pour une fois, c'était la sobriété de sa tenue qui s'était invitée. Après tout, Bloody Mary se donnait le genre dont on voulait le prêter. Scarf, Diogène, l'Écharpe Rouge avait malmené sa dysphorie, au point de le briser — un temps, iel se relève toujours. Quand bien même iel lui tenait rigueur — sa rancoeur était son arme la plus féroce —, l'idée qui ne sortait pas de son crâne était plus importante que la colère (il en valait le coup, bien plus que toute cette apocalypse - que Dieu lui cache ses intentions, les plus nobles, les plus vertueuses sont celles qui dérangent la mésange de sang et de feu). Dira-t-elle que c'était une passion du moment, qui reste, tourne, tourbillonne dans son cerveau. Jamais la vérité ne sortira de ses lèvres ! Pas même face à ce vieux sage, dont iel va devoir se faire grimace ; Bloody Mary avait le mensonge dans les veines, le vin résolvait les peines. Personne ne saurait.

Le chaos avait un but, et c'était effrayant,
Quoique que pour ellui, c'était exaltant,
Comme pour résoudre, lutter contre l'agression,
Dont iel ne se relèverait pas, il y avait une scission
Dans sa poitrine, une lourdeur, une langueur,
Qui rappelle tous les souvenirs, autant de fleurs
Qui s'épanouissent et broient ses entrailles,
Parce que Bloody Mary fait toujours, comme si rien ne vaille
La peine de lui donner, cette angoisse, cette persistance,
Qui dit : petite mésange, devrais-tu mettre fin à ton existence ?
Pourquoi exacerber la masculinité, quand son essence
Même dans la racine du mot, c'était la féminité ? Aaah... Terrence !
Tu oublies, souvent, que Chantalle ce n'est pas qu'un souvenir d'enfance...

Et Chantalle résiste un peu plus, chaque jour, un papillon aux ailes de fers, qui prendra encore son envol, dans cette carcasse d'os et de chair. L'on aura dépossédé Bloody Mary de ce qu'iel était, bien des fois, mais bien des fois, l'on se sera leurré. Icare avait été démystifié, à trop chercher le Diable, il avait brûlé ses ailes. Et Scarf ? Oh... elle sent, l'angoisse lui tordre les boyaux, elle sent sa gorge de scier sous la peur, elle s'arrête. Le bout de ses doigts tremble, elle inspire et ferme les yeux, son corps se balance légèrement. Mais Bloody Mary se reprend ; elle s'est promis, autrefois, qu'elle refuserait de leur donner ses excuses.

(son droit d'exister, pour toutes ses aspérités)

Et quand Bloody Mary s'arrête devant la demeure du singe aviné, elle tremble encore. Iel a envie de vomir, iel est sobre, c'est sans doute pour ça. Un sweat sur le dos, il frappe à la porte ; son sac est lourd sur son dos, sa tête rentrée dans ses épaules. Il est impossible de voir, de comprendre qu'il s'agit de la même personne que Scarf avait rencontrée en septembre. Il avait troqué la robe pull rouge contre des vêtements larges, sa haute silhouette paraissait inconfortable dans ces habits masculins. Sous le sweat, l'on voit les bords d'une chemise à carreau bleu dépasser, sous la capuche, des boucles trop longues — pour un mec dira-t-on — de feu follet, qui dansent contre son cou.

« Diogène ? C'est moi... Bloody Mary... Je suis seul. »

Même sa voix a changé, surprenant grave pour un être si étrange. Sa posture n'est pas non plus la même, l'on pourrait le confondre avec n'importe quel wesh des cités. Il rentre les mains dans les manches du sweat, et il se racle la gorge. Bloody Mary sent ses jambes se dérober sous son poids, il veut fuir, il veut disparaître.

Ne jamais exister.
Pourtant, son courage, c'est une autre arme affutée.

« J'ai besoin de te parler, c'est urgent. »

D'un ton sec, non pas grinçant ; c'est un ordre, non pas impérial, mais militaire.

« J'ai... de l'alcool, si tu veux. »

Bloody Mary a peur, mais ça se sent pas. Ni dans son ton, ni dans son comportement. Bloody Mary porte autant de masques qu'il y a d'êtres humains sur terre ; celui de Scarf est encore maladroit.


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Sam 21 Nov - 19:45
Oui.
Il se retint de rire avec une immense difficulté quand il remarquait que l'interlocutrice l'appelait Diogène. Croyant sur parole quelqu'un en qui il n'avait pourtant aucune confiance, il ouvrait la damnée porte, gardant cependant la lame au poing par précaution. Peut-être la mention d'un alcool à partager avait influencé son geste de manière plus que prononcée, la gnôle étant vouée à devenir une denrée précieuse bien rapidement si personne ne trouvait le moyen d'en produire. La main toujours sur la poignée, il tentait de percevoir par delà les apparences le véritable état spirituel et mental de Mary, et n'y parvenait certes pas, alors il restait planté dans l'encadrement de la porte, prêt à la refermer avec violence comme pour sceller son habitat et le faire inviolable.

"Très peu veulent me parler, et ceux-là n'apportent que rarement de la positivité avec eux. Ma foi, ils n'apportent jamais de boisson non plus, peut-être saurais-je faire une exception aujourd'hui."

Sa dernière phrase le frappait lui-même. Depuis quand était-il devenu aussi froid? Il avait toujours été distant, mais se voulait serviable. Ô détresse, le climat environnant l'atteignait plus qu'il ne voulait bien l'admettre. Soupirant lourdement, il rangeait la dague avant de la vicier par accident, bien qu'une envie maline ne se retournait à l'arrière de son crâne, l'incitait à enfin faire comprendre aux pirates qu'il avait décidé de ne pas être un adversaire négociant. Surmontant ses envies bestiales, il ouvrait grand la gueule de son espace intime, décoré de mille et un artéfacts hétéroclites qu'il aurait préféré savoir cachés de tous. Des roches sur lesquels il avait concentré ses yeux pendant tant d'heures, des sculptures de bois malmenées par le temps, et un arsenal plutôt complet d'outils divers traînant hasardeusement sur un établi. Le même établi cependant, présentait en son centre plusieurs pièces entretenue avec un soin époustouflant, disposées comme pour constituer une platine à silex. Incertain de si le diable roux avait eu le temps d'apercevoir son plan de travail en rentrant, il le couvrait vite d'un drap, le prenant sur l'un des trois fils qui tenaient son linge comme pour défier la gravité. Ayant couvert toute ouverture de deux couches de rideaux, Scarf pouvait se féliciter d'avoir un chez soi thermiquement agréable, mais prenait tout de même le temps d'embraser un amas de feuilles et de branches, peut-être pour chauffer le sol. Savoir son sanctuaire souillé par la présence d'une entité sentiente étrangère, mais il avait décidé de s'infliger cette peine, alors il l'endurait sans se montrer désagréable. Jetant nerveusement un coup d'œil vers un tapis littéralement cloué au sol pour voiler la cachette de son Magnum Opus, il se tournait enfin vers l'invitée.

"Puisque vous êtes parvenue à vous montrer assez mature pour ravaler votre fierté et venir me consulter, je suppose qu'il serait juste de vous rendre ce respect, et j'admet même avoir oublié pourquoi je vous portait si peu d'estime. Que me voulez-vous donc?"

Prenant une casserole et versant une eau dont la clarté aurait été plus que questionnable si plus de lumière avait permis de la juger, il allait chercher quelques herbes qu'il avait cueillies ici et là dans une bourse, tout en invitant la pirate à s'asseoir sur un tabouret taillé grossièrement dans un jeune tronc de chêne, qu'il avait pris la peine d'honorer. Revenant avec calme pour plonger les feuilles multiformes dans sa marmite de fortune, il mettait malgré son amabilité apparente quelques règles à plat.

"Je vous ai cependant laissé pénétrer en mon domaine et j'attend que vous en respectiez les lois. Je tiens à garder cet endroit immaculé, et si vous venez avec des augures mauvais, prenez le temps de les rendre écoutables et videz vous de l'émotion qui les accompagnent. Je serai plus indulgent si vous exprimez l'enthousiasme, cette énergie là je sais mieux réprimer. Sur ce, je vous assure être tout ouïe."

Ne parvenant toujours pas à fixer les yeux de la succube, certainement non par pudeur mais pour des raisons inconnues, il s'asseyait à ses côtés plutôt que face à elle. C'était là aussi une manière de signifier son pacifisme, les guerres purement sociétales n'avaient de place que dans son esprit, et il ne pouvait pas les laisser entacher son foyer sans risquer la folie d'ici peu.
Mon vingt-cinquième texte sur ce fofo :
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Bloody Mary
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Sam 21 Nov - 20:51
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( Grandson → Dirty )

Eh bien. Scarf était d'une meilleure humeur que la dernière fois ; Bloody Mary se demanda s'il ne mettait pas de l'eau dans son vin, en zieutant sur l'alcool qu'iel avait apporté. Ou bien, son allure générale se pliant à la conformité le mettait plus à l'aise ? Dans tous les cas, iel haussa un sourcil, vaguement amusé, avant de rentrer lorsqu'il fut invité. Oh... et au cas où on se posait la question, iel était sobre ; fait rare, si rare qu'iel ne se rappelait plus de la dernière fois où c'était arrivé. Il fallait le souligner ! D'habitude, il buvait jusqu'à tout effacer. Les douleurs, les rancoeurs, les peurs. Depuis peu ? La nausée qui tapait constamment son crâne, qui relevait son estomac à la seule idée de boire ou de manger, c'était ce qui la retenait dans ses vices.

Scarf a beau montrer une figure plus accueillante,
Bloody Mary restait sur ses gardes, c'est que l'effroi
Ne le quittait plus, ah... petite mésange savante,
Quel est ce froid que l'on sent en toi ?

(Marcia danse sur du satin, elle danse, danse, danse, s'élance avec ses jambes, qui sont des couperets aiguisés)

Lae grand·e roux·sse enleva sa capuche une fois à l'intérieur. D'un battement de cil, iel observa la pièce dans son ensemble, il remarqua l'établi, l'empressement avec lequel l'Écharpe Rouge le dissimula, il haussa l'autre sourcil sans le moindre commentaire. Ses boucles tombaient en chaos devant les taches mauves, et nerveusement, il planta ses ongles dans les plaques d'eczéma que l'écharpe cachait.

Quel est ce froid que l'on sent en toi ?
Quel est cette lourdeur, accablé d'effroi
Qui ne quitte pas ton estomac ?
Jamais nulle part, tu te sentiras
En sécurité.

Bloody Mary conserva le silence, il resta planté en plein milieu du foyer de Scarf sans bouger, perdu dans ses pensées. Il avait envie de répliquer que ce n'était pas une question de maturité, ravaler sa fierté parce qu'il avait un truc à demander - d'autant plus qu'il l'avait annoncé. Il avait peut-être des plaisanteries à balancer, enchaîner les répliques bien trouvées avec Scarf. Peut-être y avait-il de tout ça, peut-être n'y avait rien ; au final, le fait était là. Le bout de ses doigts continuait de trembler, le geste pour faire glisser son à sac dos de son épaule au sol était maladroit.

Bloody Mary détestait cette émotion.
(La peur, qui taraude, tambourine, lui répète que ...)
(La peur qui reste, persiste, lui répète qu'ils...)

Le jeune homme avala sa salive, il fixa Scarf puis il vint prendre place à la table de fortune. Il l'écouta lui donner les règles, hochant simplement la tête, en signe d'écoute. Le sac entre ses jambes, il sortit une à une les bouteilles, ramenées depuis chez les pirates, une seule venait de sa réserve personnelle. Il s'agissait d'un rhum ambré, à l'étiquette un peu décollée, sur laquelle l'on voyait un poulpe ouvrir des yeux ahuris sur son public. Lorsque Scarf prit place à côté, Bloody Mary qui allait poser la bouteille en question sur la table, s'arrêta. Puis, elle se reprend, agit comme si de rien n'était.

(Faire semblant que ça n'est qu'un rêve)
(Faire croire que rien n'est arrivé)
(Mais tu sais la peur, jamais ne fait trêve)
(Tu la sens, n'est-ce pas ? Serrer
Si fort tes tripes que t'as la nausée)

Bloody Mary avala sa salive, il gonfla la poitrine, et replaça correctement son écharpe pour cacher les marques. Ses pupilles délavées s'éparpillèrent encore dans ce décor, tandis qu'iel cherchait les mots, les phrases se tissent dans son crâne, maladroitement. Marcia danse danse danse sur du satin, comme toi autrefois à Dublin.

« Eh bien, commença-t-elle d'une voix enrouée, songeant : tu te souviens pas, vraiment pas ? Tu te fous de moi ? Alors qu'elle dit en réalité : tu tiens des chroniques, c'est-ce que tu m'avais dit, pas de sourire, pas de jeu de séduction, il pense : tu as fait bien plus de mal que tu ne le verras jamais, mais soit, j'ai l'habitude. Il continue : je dois les recopier... pas toutes, en fait, seulement celles qui mentionnent les évènements étranges de la ville. J'en ai vécu certains moi-même, vider toute mon émotion ? Songea-t-elle avec amertume, tu me répéteras que je l'ai cherché. Personne ne saura, vous n'avez pas besoin de savoir. Il ajoute : ce n'est pas pour moi, mais... je vais essayer de répertorier toutes... ces choses dans un carnet... avec des photos. En gros, c'est de l'archivage. »

Bloody Mary épia les réactions de Scarf, iel s'en veut aussitôt d'avoir précis que ce n'était pas pour ellui, puisqu'iel ne comptera pas dévoiler son identité.


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Dim 22 Nov - 20:14
Oui.
Avait-il vraiment mentionné son travail d'historien contemporain, ou profitait-on de l'existence de ses excès de boisson réguliers pour leur prêter des fautes qu'il n'avait pas commises? La méfiance naturelle de Tavish faisait sonner une assourdissante alarme au plus profond de sa psyché, tant et si bien que même son corps se raidissait, mais il rattrapait sa gestuelle instinctive en prétendant avoir relevé le dos pour servir le thé à peine bouillant dans deux verres sans même proposer ou demander l'avis de l'altérité, un véritable sacrilège dont il était prêt à prendre le blâme. Des pensées négatives l'obnubilaient et tournaient cruellement dans sa tête, cependant. Il doutait très franchement d'avoir admis lui-même qu'il s'était confessé, et se demandait alors qui des rares personnes étant au fait de ses activités avait divulgué l'information. Le pire étant que puisqu'il avait confiance en chacun de ceux-là, il devait admettre soit de s'être trahi lui-même, soit de devoir se débarrasser d'un collaborateur, aucune des issues ne lui convenait en somme. Préférant se pencher plutôt sur la boisson chaude que su la bouteille trop pleine pour ne pas finir saoul en sa propre demeure, il buvait en silence pour laisser Mary terminer. Encore plus que la première phrase, et c'était un exploit en réalité, une autre l'intriguait.

"Vous prétendez ne pas le faire pour vous-même -ce qui est, soit dit en passant, une absurdité, mais je m'égare-, alors je me demande naturellement qui est ce non-moi de votre entourage qui demande un tel travail. J'admet faire difficilement confiance aux personnes et que c'est un défaut, mais je ne puis raisonnablement pas partager mes connaissances avec quelqu'un qui ne veut pas même jouer franc-jeu, en étant qui plus est invité chez moi."

Il reposait son verre à moitié sale, peut-être à moitié propre, et inspirait profondément un air encore assez pur pour être sain. Comme pour appuyer ses propos, il ajoutait de manière distraite mais non désintéressée:

"Dans mes chroniques se trouvent des histoires quotidiennes que beaucoup ont déjà oubliées. Et dans ces histoires, certaines parlent de dettes, de services et de faveurs à rendre. Comprenez-vous seulement quelle valeur prendront mes écrits quand tous ne pourront pas même se rappeler des évènements que j'immortalise? Comprenez bien, petite chose, que mes chroniques prendront une valeur réelle et tangible d'ici quelques temps si l'ont reste coincés comme des rats, et dès lors que chacun aura oublié de quoi est fait le passé, je serai le seul à pouvoir le raconter comme je l'entend. Ne vous méprenez pas, je ne cherche pas à prendre quelque pouvoir de cette manière, mais il est impossible d'exclure que vous et d'autres ne le vouliez."

Le fait que l'existence d'un tel ouvrage était connue parmi certains de ses ennemis était gravissime en soi, mais il faisait confiance à ses précautions et à sa corpulence pour prévenir toute utilisation mauvaise de son travail. Ne pouvant pas même regarder pensivement par les fenêtres couvertes, il admirait ses doigts, qu'il faisait danser tranquillement devant lui, examinant avec une fausse attention ses phalanges certes pas encore rougies.

"Je peux vous laisser les lire, peut-être, mais il faudra d'abord me dire ce que je veux savoir, et ne pas mentir. Et avant même de tenter d'abuser de ma très mince crédulité, prenez le temps de comprendre tel avertissement: je ne pardonne pas l'hypocrisie, et aucune loi autre que la loi naturelle n'a d'effet en ces ruines de ville."
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Bloody Mary
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Dim 22 Nov - 20:52
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Bloody Mary se crispa, la tension dans l'atmosphère réveillait les angoisses, tous ses sens s'affûtaient. Il posa ses mains jointes sur la table, son index tapotait ses phalanges en rythme avec une chanson traînant dans sa tête. Oh... bien sûr, il s'était attendu à toute la défiance de Scarf - il était bien placé pour savoir ce que ça valait —, et il s'était préparé. Voilà pourquoi, autant de bouteilles, autant d'alcool et le rhum ambré. Il avala sa salive, puis il contracta la mâchoire, en faisant grincer ses dents les unes contre les autres.

Le danger est là, partout,
Autour, à l'intérieur, c'est un tout
Qui te ronge, petite mésange,
On t'arrache, les plumes une par une.

Terrence darda ses yeux sur le thé, il observa la fumée s'élever depuis le liquide ; il apprécie le geste, mais il ne dit rien. Il a besoin de plus de temps que d'habitude pour parler, pour que sa langue se délie. Ses pensées sont autant de chevaux sauvages, dont la course lui brise la raison, la fatigue, le bouffe. Il sent que Scarf est tendu, et il réfléchit déjà à une fuite. Au final, iel posa les coudes sur la table, elle fourra son visage dans les mains, puis iel prit une inspiration.

Sourit, Bloody Mary, ainsi va la vie.
Tu sais que tout n'est fait que de compromis.
Mais pour une fois que tu montres un peu de vertu,
Tu préfères le silence, le secret, et ça te tue
Petit à petit.

Elle se reprit, elle garda paupières closes. Puis elle se remit à gratter les plaques d'eczéma, la situation l'épuisait, et elle aurait préféré tout claquer, abandonner, si ce n'était que cette idée ne la quitterait pas.

« Honnêtement, je ne sais pas si l'on sera encore là, si des gens seront encore là, après nous. Je suis plus pessimiste que toi sur cette question, soupira Bloody Mary en remettant de l'ordre dans ses boucles rousses. Et la personne en question ne m'envoie pas, je n'ai... son regard fuit, s'arrête sur le drap qui cache l'établi, intrigué. Je veux juste les faits, en échange, tu as tes boissons, les histoires bizarres que j'ai pu voir moi-même. Tu peux me relire si tu veux, je te demande juste de ne pas écrire à ma place dans mon carnet. »

Bloody Mary roula les omoplates, iel rattrapa son sac à dos, et en sortit le cahier en question. S'il avait pu choisir, il en aurait pris un plus beau, de ceux qui invitent les écrivains en herbe à en sélectionner les couvertures avec soin, dans les papeteries. Si ce n'était la couverture rigide pour supporter les voyages, le cahier était simple, sans lignes.

« Je compte aussi prendre des photos, je ne pourrais pas les imprimer, mais elles resteront sur une carte mémoire, un truc du genre, iel n'était pas doué·e avec la technologie. Bref, c'est un cadeau, la personne ne le saura pas jusqu'à ce que je lui remette ça... Et en vérité, je ne sais même pas si je... enfin... si je lui rendrais ça. Si j'aurais le cran. »

Bloody Mary tourna la tête sur le côté, iel cacha son nez dans son écharpe, les mains lissaient encore et encore la couverture du carnet. Le bout de ses doigts n'arrêtait pas de trembler.

« Et si t'es intéressé par les légendes, les mythes, je viens d'un pays où l'on draine autant de contes que de whisky. »


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Lun 23 Nov - 18:36
Oui.
Le pessimisme était l'un de ces troubles que l'invitée aurait dû laisser à l'entrée sans qu'il ne puisse manquer à quiconque, mais Tavish était assez patient pour ne pas le faire remarquer et prendre sur lui. Reconnaître l'Ordre des choses, quel que soit le nom et les pouvoirs qu'on lui prête en réalité, comme volonté supérieure à la conscience humaine, avait cela de bénéfique que l'on ne s'inquiétait jamais de l'avenir. De manière très epictètienne, Tavish ne pouvait mentalement pas craindre l'incertitude future puisqu'elle ne dépendait pas de ses actes tant qu'elle n'était pas identifiée.

Pour ce qui était du marché, il semblait jusque là honnête, et ce tant et si bien que le libraire cherchait avec une ferveur inutile où pouvait se cacher le piège dans l'affaire. Il fut tiré de ses réflexions par le regard fuyant de Mary, qui venait se poser avec indiscrétion sur le plan de travail recouvert. Là encore, l'indulgent porteur d'écharpe ne faisait pas de remarque. Il surveillait même cette dernière, qui préférait alors s'étendre sur sa table de chevet plutôt qu'autour de son cou. Ah! La traîtresse ne voulait plus cacher son visage ce soir.

Le mal-être de son interlocuteur était cependant étrange. Une infinité de petits signes criants parvenaient aux yeux et oreilles de Tavish, qui se demandait bien ce qu'il avait pu faire pour provoquer un tel désarroi. N'y trouvant pas d'explciation, il fixait le carnet pour ne pas regarder ailleurs. Tout ce qui était évoqué du projet était trop vague pour lui, et la finalité même était admise comme incertaine. Quand bien même il aurait préféré embrayer de suite sur un échange de contes folkloriques, il ressentait un devoir moral, le même qui peut-être causerait sa perte en d'autres circonstances.

"Tu refuses de me dire quoi que ce soit de concret et c'est dommageable, mais soit. Si j'ai un droit de regard sur ce qui est volé à mes chroniques, le marché me convient." Ayant clairement signifié par son ton que ce n'était pas le propos principal, il se raclait bruyamment la gorge pour attaquer le cœur de ses inquiétudes. "Mais il faut que toi-même tu saches avec quoi tu tente de jouer. Je ne te demande pas de penser et voir comme moi en un instant, mais écoutes au moins l'avertissement. Le "évènements étranges" et les "histoire bizarres" sont des manifestations surnaturelles, je présume, et il serait préférable que tu t'en écartes. Quelque chose à blessé ou enragé l'Ordre des choses, et il nous châtie en se distordant pour devenir chaos: aucune règle que nous avions établie ne peut être valide face au surnaturel, et nous ne pouvons donc pas le comprendre, puisque nous ne pouvons pas avec un esprit logique définir de nouvelles lois pour exprimer l'illogique. Ainsi je te préviens: nous ne pouvons pas même comprendre ces manifestations, et le réflexe naturel de toute vie face à l'inconnu est de craindre son potentiel de danger. Il te faut retourner à ta nature réelle, gamine: crains l'inexplicable, et ce peu importe comment il se présente. Si le juste devient le faux, l'inoffensif peut être le mortel."

Il regrettait presque instantanément d'avoir parlé. Tavish prenait conscience qu'il exprimaient des idées vagues à quelqu'un qui n'avait pas même entrepris l'idée de concevoir le monde comme lui, et son baratin était en somme probablement incompréhensible. Alors il soupirait à son tour, et finissait d'une traite son thé. Il ne faisait que ça, ces derniers temps, tenter d'aider son prochain en parlant une langue différente. Peut-être le monde n'avait plus besoin de lui, peut-être n'avait-il plus besoin des humains, de son humanité.
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Lun 23 Nov - 20:42
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« Ce... ce n'est pas ça, gronda Bloody Mary en gardant l'écharpe contre son nez. »

Néanmoins, il s'interrompit vite, écoutant Scarf et les mises en garde qu'il prenait soin de mettre en valeur. Iel n'en pensait pas grand-chose en réalité, depuis la tempête, iel avait pris une certaine distance émotionnelle avec ces choses étranges. Malheureusement pour elle, les évènements surnaturels s'accrochaient à ses fripes, comme un enfant dans les jupons de sa mère. Il haussa les épaules, il fixa le thé, prenant encore quelques secondes pour répondre. Iel enroula ses doigts autour de la tasse, et plissa le front quand Scarf conclu d'un « gamine ».

Et ça lui rappela, ce rêve étrange
Comme un souvenir de ce qu'elle était,
Au plus profond de ses entrailles, elle pourrissait
Et malgré tout, elle se débattait, la mésange.

Surtout, ça lui rappela Icare, la rage émanant depuis tout son être. La violence des mots — des lames chauffées à blanc —, l'impact de ce « assume d'être un homme, connard de tantouze », bien plus violents que les coups au visage et sur la poitrine. L'inconfort était palpable ; elle n'était plus assez douée pour dissimuler ses émotions. Bloody Mary inspira, et elle proposa :

« Je peux aussi ajouter ton nom, dire que ça vient de toi, et j'ajouterai moi-même ce que j'ai pu constater de mes propres yeux. Il y a eu cette fleur, par exemple. »

Bloody Mary raconta, le mystère autour de la giroflée de Mahon, et par souci de discrétion, les détails n'iront pas en profondeur. Si Scarf lui demande de répéter, elle le fait, d'une voix claire, quoique son accent revient se glisser entre les syllabes, plus prononcées qu'à l'accoutumée. Bloody Mary marqua une pause, ses pupilles délavées figées sur le thé.

Iel ne sait plus, où se situe la réalité,
Si c'était qu'un rêve, le retour des dualités,
Si c'était l'innocence, un instant retrouvé
Pour se perdre dans la magie, dévoilée,
Ce n'était qu'une impression, réprouvée,
Un instant, fragile, comme les ailes de papillons
Et pourtant, cela mourrait dans sa mémoire, ce sillon
Hasardeux, qui se tasse, s'efface, peu à peu.

Et il ne reste dans sa poitrine, les soupirs de l'euphorie, qui l'avaient nourrie, l'avaient fait rougir et sourire, comme jamais ça n'était arrivé ? Peut-être. Bloody Mary oublie, et ne sait plus. Elle attend, elle observe, son environnement s'enfonce dans le malaise de son existence, et au final, c'est son histoire qui commence :

« Peut-être que si j'écris ton nom, Diogène, cette personne viendra te voir. Dans tous les cas, comme je disais : mon pays adore autant les contes que le Whisky. Je suis irlandais, ah... »

Ce « ah » qui se mute dans un soupir d'agonie, ce « ah » qui reste dans l'air, suspendu entre ses lèvres. Iel baissa l'écharpe, dévoile le mauve sur sa peau — nuance de roi, sa couleur préférée -, puis sourit avec douceur.

« Le masculin ou le féminin, qu'importe, mais j'apprécie le geste, Bloody Mary se racla la gorge et inspire, la mélancolie reste, autant que les plaques sur son épiderme. L'Irlande, donc, rappela-t-elle, je crois que le surnaturel de cette ville ne m'atteint pas, parce que je viens de là-bas. Je m'explique, quand j'étais enfant, ma mère, ma grand-mère me racontaient tout un tas d'histoires, malgré le christianisme, on a conservé pas mal de légendes celtes. Par exemple... voyons voir... le Gruagach, en irlandais gaélique, précisa-t-il en faisant attention à détacher les syllabes, Gruagach vient de gruaig, les cheveux hirsutes. En Irlande, un Gruagach, c'est une espèce de gobelin, ou une personne hirsute, peu raffinée. »

Bloody Mary repensa à Almace, le vieux type poilu qui l'avait frappé de sa canne, à la poitrine.

« Dans des faits moins merveilleux, je peux te parler de Bloody Mary, non pas le cocktail, ni de la légende urbaine, mais de Mary Tudor, la vraie Marie la Sanglante. »

Marie la Sanguinaire était peut-être moins sexy que le Gruagach, mais c'était une proposition qu'iel trouvait amusante.


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Mar 24 Nov - 2:09
Oui.
Comme attendu, presque même convenue, ses avertissement partaient se perdre dans le néant de la compréhension. Pourquoi prenait-il seulement le temps de les formuler? Il avait cette impression d'être un oracle, prévoyant les désastres mais moqué par les aveuglés du présent, mais qui par un excès de bonté tentait à chaque fois de revenir sauver leurs âmes incrédules. Pour la première fois cependant, un levier mental venait de se bloquer dans son esprit. Au diable les sourds, il garderait ses clairvoyantes fulgurances pour lui-même, et reviendra plus tard seulement contempler la misère qu'il avait prédite, mais puisqu'il est bon, il ne ressentira ni mépris ni tristesse: il constatera, et se félicitera d'avoir vu juste. Que ceux qui étaient prévenus ne viennent pas implorer son pardon et son aide, que ceux qui ne l'avaient pas étés blâment les premiers, ainsi il devait en être. Mais ce haussement d'épaule, pas même dédaigneux ni mal intentionné, il était certain de se le graver quelque part dans la mémoire pour ne jamais le dénaturer, parce que c'était le symptôme répétitif des nouvelles jeunesses inconscientes: ne pas même contredire, juste ignorer, parce que l'on se croit plus intelligent que ses prédécesseurs.

Mais par chance Tavish restait encore d'un calme olympien, alors aucune dent n'allait partir se perdre dans un recoin de la pièce. Bien que la transition fut amère à cause de sa nature même, il parvint à recentrer son esprit sur la question de son nom. Naturellement, et au delà de la dimension égoïste de la chose, il était primordial que Mary cite sa source pour ne pas se voir accusée d'affabuler, et Scarf savait que l'exhaustivité seule de son travail le rendait indéniablement authentique et vrai, peut-être même plus encore que l'honnêteté inattaquable de l'auteur. Il attendait cependant que son interlocuteur ait fini de parler pour se lever et partir chercher sous le cache-flingue, sans l'enlever intégralement, un marteau dont la tête permettait aussi de retirer les clous. Puisqu'ils étaient bien partis pour collaborer, il n'avait plus rien à dissimuler (sinon l'arme), alors il se mettait tranquillement à retirer les clous camouflés par l'épais maillage d'une tapisserie au sol.

"Il serait bien sûr préférable que je sois cité, cela donnerait déjà un crédit supérieur à mes écrits. C'est sot, mais je jure que c'est ainsi que fonctionne le réseau d'informations maintenant: la source la plus citée devient la plus crédible, c'est même comme ça que fonctionnent les algorithmes de recherche internet. Enfin..." Il s'interrompait pour soulever une dalle de ciment, qui était franchement voyante si l'on déplaçait son couvert de fortune après l'avoir décloué. Du peu profond creux qui s'étendait devant lui, Scarf retirait plusieurs classeurs banals à couverture rigides, presque tous remplis intégralement de feuilles à petits carreaux dont le bleu de l'encre finissait par devenir la couleur principale, et il venait alors les exposer délicatement sur la table, ainsi que sur une extension de fortune faite de sa table de chevet dont il avait chassé l'écharpe, rougi par l'effort.

"Voilà mes chroniques. Je peux te prêter un volume à la fois, et certainement pas plus. Si jamais un ou plusieurs venaient à disparaître, je saurai qui chercher, compris?"

Il prenait le temps de se rasseoir aussi confortablement que possible, et parvenait à vaincre la tentation de l'ivresse en jetant une main avide sur une bouteille d'eau qui décorait la scène depuis le départ. Il n'avait certes pas grand chose à faire de sa soirée, et écouter des histoires n'est pas une occupation désagréable. Il avait des questions à poser, et qui ne concernaient pas nécessairement le projet d'enquête de la succube, mais elles pouvaient attendre leur tour.

"Je connais l'histoire de la reine Mary Tudor, alors je saurai me contenter de l'histoire du Gruagach. J'avoue cependant ne pas être un fanatiques des petites ou grandes créatures mythiques, j'ai tendance à préférer les épopées aux contes... Mais ne jugeons pas ce qui n'est pas même énoncé."

Son œil déviait malgré lui sur le rhum qui se tenait là, droit et noble. Il ne pouvait tout de même pas l'arracher et les jeter loin de lui, alors il le fermait, et son jumeau avec, pour se détendre. Moins qu'un cadeau, c'était une tentation possiblement vilaine et sournoise.

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Mar 24 Nov - 12:05
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Un crédit supérieur ? Bloody Mary offrit son plus beau regard blasé, celui où elle hausse un sourcil sceptique, mais elle ne dit rien. Par contre, elle pense ! Oh ça oui... Scarf fait preuve de bien plus de vanité qu'il n'en voit. Peut-être cela apportera du crédit au récit pour sa (son ?) lectrice, peut-être pas. Bloody Mary n'en savait rien, il n'était pas dans sa tête, et dans tous les cas, la qualité de l'histoire aura plus d'importance - croit-elle. Elle l'observe bouger, chercher les chroniques, les coudes sur la table. Elle pose la mâchoire dans ses mains, et elle réfléchit.

Peu à peu, il parvient à se détendre,
La tension ne disparait pas pour autant,
Son corps est moins crispé, son regard tendre.
Sans doute parce que le rêve, a laissé en suspend
Des souvenirs plus importants.

Pourtant, Bloody Mary n'arrive plus à remettre le doigt dessus. Ce dont elle se rappelle, c'est de l'inquiétude que le réveil avait provoquée, non pas pour elle. Elle soupire, puis elle se redresse lorsque Scarf revient avec les classeurs, elle propose donc d'une voix plus claire, qui retrouve ses tonalités de chanteuse de cabaret :

« Si je mets quelque chose comme... d'après les travaux de Scarf, dit Diogène à l'écharpe Rouge, ça t'ira ? Et je sais pas ce que c'est un algorithme, mes parents n’avaient pas le fric pour ça. »

Si Scarf se contente de cette citation, Bloody Mary l'écrit sur la première page du carnet. Si cela ne lui plait pas, il ajuste la phrase, la reformule jusqu'à ce que tous les deux soient contentés. Son écriture était studieuse, les lettres tracées avec soin, désuètes. Il hésita un moment sur l'orthographe d'un mot, ses yeux roulèrent vers le plafond, jusqu'à ce qu'il se reprenne. Bloody Mary était perfectionniste.

« Je ne les volerais pas, l'intérêt, c'est d'offrir quelque chose que j'aurais fait de tout, moi-même, elle se pinça la lèvre dans une moue mutine, avant d'ajouter : et j'ai vu ton regard, je ne suis pas aveugle, Diogène, je passerais le message sur le danger de s'approcher de trop près de tout ça. »

Peut-être parce qu'iel était plus soucieux de l'autre qu'iel ne le montrait, peut-être était-ce par une affection, ténue, fragile. Il hocha la tête, et il prit le premier classeur qu'il feuilleta, avant d'entamer une nouvelle histoire, il désigna un paragraphe concernant les baleines.

« Qu'est-ce que tu en penses ? En Irlande, on est classé sanctuaire des baleines et des dauphins, iel haussa les épaules, il reprit : pas de Marie la Sanglante ? Bien, dans ce cas, en rapport avec les baleines, oh... je vais aussi l'ajouter, ça lui fera plai... Bloody Mary se coupa, seul, réaction trop spontanée, iel se racla la gorge, et il continua : Saint Brendan, un des saints moines du christianisme irlandais aurait pris la mer avec ses frères, ils cherchaient le Paradis, et tout en parlant, Bloody Mary recopiait les notes de Scarf : ils décident de s'amarrer sur une espèce d'île, un peu étrange, pour cause : elle est ronde, et sans végétation. Ils s'installent donc, ils allument leur feu, et mangent... mais voilà que le sol se met à onduler, et s'éloigne du navire. Saint-Brendan était resté à bord, il aide en catastrophe les autres moines à regagner le bateau, et c'est là qu'ils comprennent leur erreur : ce n'était pas un ilot, mais un gigantesque poisson de mer, Bloody Mary marqua une pause, et sourit : la légende se poursuit, chaque année, Saint-Brendan et ses frères revinrent sur le dos de la baleine, qu'ils ont nommée Jasconius pour y faire une messe, avant de revenir à leurs bateaux. Saint-Brendan ressemble à un héros d'épopée, mais on a peu d'infos tangibles sur lui. »

Lae jouvenceaurelle s'arrêta là, iel regarda Scarf, avant de revenir à ses notes. Avant d'oublier, iel écrit à côté : Saint-Brendan, afin d'y revenir plus tard, et d'ajouter une partie de son savoir dans le carnet, quand bien même cela ne concernait pas Arcadia Bay.


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Mer 25 Nov - 19:30
Oui.
Ne pas avoir la moindre idée de ce que pouvait être un algorithme était plutôt rare, et surtout parmi les nouvelles générations. Scarf pouvait au moins se féliciter de ne pas être l'être le plus à la ramasse en ce qui concernait les nouvelles technologies. Cela le faisait déjà moins se sentir comme un vieux con pendant quelques instants, mais on le ramenait à sa condition d'ancien aigri bien vite en évoquant les avertissements formulés. Mary annonçait vouloir "passer le message", et c'était presque assez pour le faire fulminer de rage. Tout ce qu'il s'était dit plus tôt était confirmé, ses mises en gardes étaient de fait ignorées de manière magistrale, seulement "passées" pour être très logiquement oubliées en une fraction de seconde. De très peu cette fois-ci, il parvint à se retenir de chasser ce qui ressemblait de plus en plus à un intrus en réalité. Ce statut était cependant vite oublié, alors que Scarf zieutait avec un désir grandissant le rhum, véritable et cruel moqueur, se riant de ses soifs, ainsi que de ses choix qui l'empêchaient de les combler.

Il attendait patiemment la fin de l'histoire du fortuné Saint Brendan, et ne parvenait même pas à y trouver un sens ou une signification profonde. Était-ce vraiment juste l'histoire d'un homme qui a sauvé ses compères alors qu'ils déjeunaient sur une baleine? Deux idées contraires se frappaient vaillamment dans l'esprit du pauvre Tavish dévasté par le conflit. Une histoire aussi loufoque ne pouvait simplement pas être gratuite et devait avoir une signification profonde, certainement, mais cette étrangeté insensée faisait également qu'il était purement impossible d'y donner un quelconque sens. Ô désarroi spirituel, deux vérités contraires se faisaient trop évidentes pour que leur nature soit réelle, mais laquelle était fausse? Mais s'il était impossible de le déterminer, ne fallait-il pas admettre que les deux étaient fausses par sécurité? Encore un problème hélas! Si deux affirmations contraires sont fausses, il faut réécrire les lois de la logique même. Tavish parvenait cependant à fuir cette interrogation obsessionnelle et aliénante en prenant le peu de capacités mentales qui s'étaient tapis au fond de sa mémoire, comme pour fuir la tempête de pensées violentes d'incompréhension, pour formuler sa réponse quant au sujet des baleines volantes.

"Que dire de ces monstres... L'eau est par essence la force d'égalisation et de stabilité de de l'égal: Tout relief terrestre est voué à être détruit puis aplati par les forces aquatiques en circulation, et quand tout est plat, l'eau liquide ne déplace rien qu'elle ne replace. Les baleines l'ont fuit ici, et en réalité je ne sais pas ce que cela signifie. Peut-être le cycle de l'eau est perturbé, et elles le fuiraient? On pourrait alors interpréter que notre terre, et même nos constructions qui en dépassent, sont figées, glacées dans leur relief et dans le temps. Alors faudrait-il interpréter que notre pauvre environnement est lui-même devenu intangible face à la nature, ne subissant plus ses forces sur la durée, et que seule l'activité biologique ou encore plus de surnaturel peut le défigurer désormais. Je n'en suis pas convaincu, mais c'est une explication qui se tient à mon sens."

Encore une fois, ses mots étaient peut-être exprimés dans un langage trop codé pour qu'il ne soit pas le seul à les comprendre. Regrettant bien vite de les avoir prononcés, il revenait débattre de choses plus concrètes.

"Mais qu'en sais-je, ces sujets-là doivent rester dans les esprits de chacun et leurs interprétations, personnelles. Maintenant, il est une chose que je ne parviens certes pas à comprendre. J'ai sans aucun doute possible déjà annoncé à vous ou l'un de vos amis pirates que je vous abhorraient et vous considéraient comme ennemis, et je suis certain que vous le saviez. Vous qui convoitiez mes chroniques, pourquoi êtes-vous venu seul et désarmé les demander poliment? Ne pouviez vous pas simplement venir avec quatre ou plus de vos petits camarades pour me passer à tabac et les dérober? C'est pourtant là votre démarche habituelle, et il est certain que je ne verrais rien à l'avenir que vous ne pourriez voir."

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Mer 25 Nov - 22:08
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Bloody Mary nota les explications de Scarf sur les baleines, iel se découvrait un nouvel intérêt. Iel commence à se poser des questions, mais il était loin de réfléchir aussi loin que son comparse, ou bien elle observait la chose sous un autre angle. Son écriture était léchée, un coude sur la table afin de maintenir la joue avec son poing, lae jouveanveaurelle fini par demander :

« Pourquoi est-ce qu'elles fuiraient... dans le ciel ? Comment font-elles pour y survivre, d'ailleurs ? Qu'est-ce qu'elles peuvent trouver à manger ? Ce n'est pas leur environnement habituel, à moins que ce ciel-ci soit composé d'eau, ou qu'elles n'en aient plus besoin pour y survivre. Enfin bon... »

Terrence haussa les épaules, comme s'iel mettait fin à ses propres réflexions, sans doute naïves, sans doute trop pragmatiques pour un esprit tel que celui de Scarf. Si Scarf cherchait un message, lui, s'interrogeait autrement. Dans tous les cas, iel abandonna cette idée, une fois qu'elle fut tracée dans son carnet. Un sourire au coin, iel ajouta néanmoins :

« Saint-Brendan a réellement existé, il a ses propres épopées, mais on en a gardé peu de traces. Quant à savoir, si ce déjeuner sur une baleine est vrai... j'en sais rien. Je vois mal un animal pareil rester tranquille, aussi longtemps. »

Interprétation quelque peu candide. Bloody Mary rangea une boucle rousse derrière son oreille, puis elle se débarrassa du sweat. Elle le plia soigneusement, et elle le rangea contre son sac à dos. Cependant, iel garda l'écharpe autour de son cou, et tandis que Scarf reprenait son monologue — Bloody Mary se demandait à quel point cet homme-là appréciait s'entendre -, elle remettait de l'ordre dans ses cheveux.

Voilà que l'Écharpe Rouge lui tire une grimace,
Non pas mauvaise, celle-ci n'est même pas une farce.
Elle songe que c'est bien la première question
Qu'il pose avec pertinence, mais il ne fait pas attention
Aux détails, c'est sans doute-là une forme de malédiction.

Bloody Mary haussa les épaules, avant de répondre, il se redressa et glissa les mains dans les poches de son jeans. Froncement de sourcils, sceptique, il bredouilla :

« Je suis... toujours armé... normalement... merde... où est-ce qu'il... »

Ah... lui qui se détendait, peu à peu, le voilà qui se crispe, rentre la tête dans les épaules. Elle doit se rendre à l'évidence ; le cutter qu'elle conservait n'est plus sur elle. Bloody Mary ouvrit la bouche, il fixa la tasse de thé, tandis que les souvenirs de cette nuit-là reviennent. Ils clignotent dans son crâne, Icare qui déchire sa chemise, l'insulte, frappe son visage et sa poitrine. Le cutter au sol, son poignard, le sachet de Hope dont l'ancien militaire ne s'était pas débarrassé.

Ses yeux ont cet éclat affolé de l'animal sauvage, acculé par l'homme qui l'a chassé. Ils cherchent d'un battement de cils, une issue ; le bout de ses doigts tremble d'autant plus fort, que Bloody Mary sent la panique lui broyer la gorge. Elle reste silencieuse, elle fouille dans son crâne, se rappelle ce qu'elle fait ici. Puis, elle prend une gorgée de thé, et ses mains serrent la tasse, en continuant de trembloter.

Inspire, Bloody Mary, tu sais la vie
Ce n'est rien qu'une suite de compromis,
Tu sais y faire, allez, la mésange, souris.
Quel est ce froid que l'on sent en toi, Terry ?

Et Terrence tente de se reprendre, il enfouit aussi profondément que possible les souvenirs illuminés, l'angoisse qui lui tord le ventre lui rappelle qu'il ne sera jamais en sécurité. Nulle part. Il ferme les yeux, il soupire, et quand il repose son regard sur Scarf, il répond enfin :

« J'étais censé être armé, mais on dirait que j'ai perdu le cutter, c'est pas contre toi, l'arme... j'veux dire... je l'ai sur moi, d'habitude. Bloody Mary a la voix rauque, épuisée, elle continue : je t'ai dit que je ne voulais pas voler ton travail, tu seras cité comme source principale, comme crédit, si tu préfères. Et franchement, Diogène, tu vois mes camarades pirates faire ça pour de la lecture ? Mon supérieur direct est plus occupé à essayer de me baiser, et à boire, qu'à connecter ses deux neurones, Bloody Mary marqua une pause, il cherchait à dissimuler la vérité — la sincérité du cadeau — derrière ses remarques salaces, en sachant que Scarf le gronderait, il reprit : je ne suis pas naturellement violent, ni mauvais, Diogène, je pourrais te présenter ça sous un autre angle, mais je ne veux pas que tu t'interroges davantage sur l'identité de la personne concernée par ce cadeau, iel sourit avec douceur : ça t'étonne que pour une fois, je peux être quelqu'un de bien ? »

Une petite remarque, un peu amère, mais la vérité encore cachée. Bloody Mary aurait pu encourager Scarf à se demander, quel être humain à Arcadia Bay méritait autant d'efforts de sa part pour une telle entreprise... Mais iel en avait déjà trop dit, à son goût.


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Jeu 26 Nov - 21:14
Oui.
Il avait certes parlé longtemps, mais les questions si matérialistes de l'altérité lui tournaient inlassablement dans la tête. Ces pauvres interrogations sincères, qui venaient le frapper comme mille fouets vicieux, lui rappelaient à quel point il était inutile de partager ses élans spirituels avec le commun des mortels. Tous les humains résonnaient aujourd'hui de manière trop terre-à-terre, trop physique, rien ne pouvait leur faire considérer même que le fantastique pouvait exister en dehors de leurs histoires et de leurs fictions. Peut-être était-ce là en réalité le mal du siècle. On nourrissait tant les hommes de fantaisies et de magie par les images, que leur restait-il à imaginer, et au delà même, à comprendre? Il ne parvint certes pas cette fois-ci à se retenir de prendre sa tête entre ses lourdes paluches. Le message était clair, mais ne pouvait pas être tant violent si l'on y posait pas des mots en plus.

Il gardait sa trogne, bien au chaud. Dans cet abri de fortune, il pouvait au moins retrouver des ressources de calme pour reprendre la conversation sur des bases saines, puis revenait à la réalité pour découvrir que la pirate avait perdu son arme. Un mélange puissant de pitié et d'incompréhension, presque en égale proportion, vint le saisir. Avait-il vraiment autre chose qu'une pauvre, jeune âme perdue en face de lui? N'y avait-il pas moyen de la refaçonner en quelque chose de constructif, de vivant? Ces pensées étaient cependant vite dissipées alors que son interlocuteur esquivait la question en prétendant que personne n'aurait voulu lui venir en aide.

Scarf n'y croyait pas. Pas une seconde, et ne pouvait envisager la possibilité que ce soit vrai. Cependant, l'honnêteté est le fardeau des braves qui ne craignent pas les conséquence que la vérité entraîne à sa diction, alors il tolérait le mensonge pour ne pas terrifier l'invitée. La question finale cependant, méritait une franchise particulièrement intolérante.

"Oui, cela m'étonne, et de manière conséquente. Vous n'avez certainement pas intégré le groupe des pirates par hasard, et avez mérité votre place là bas à n'en point douter. Pour cela, il ne faut faire preuve d'aucune morale, vous devez tout de même le savoir. Nous pourrions certes débattre des notions de bien et de mal, mais je sais lesquelles vous employez en réalité. Pourquoi être quelqu'un de "bien" maintenant? Voilà ce qui m'étonne, et qui mérite des explications claires, à mon sens."

Son ton s'était bien aggravé, ses sourcils avait pris le temps de se froncer. Il gardait une posture neutre et inoffensive, mais dans sa voix se terraient des menaces étranges, se prétendant dangereuses mais sans pouvoir entraîner de sanctions. S'il avait pu tolérer la mythomanie une fois, il n'était pas non plus de ceux qui l'aiment par confort, et encore moins de ceux qui adorent celle des autres par vanité.
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Ven 27 Nov - 1:25
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« J'ai intégré les pirates pour survivre. »

Répliqua Bloody Mary en croisant les bras, iel afficha son air le plus boudeur ; adorable ou agaçant, c'était au vieux singe de le décider. Elle se renfrogna bel et bien, pourtant ! Son regard se porta de nouveau vers l'atelier, et elle écouta ses commentaires. Au final, elle poussa un soupir. La curiosité de Scarf lui faisait apprécier l'histoire sous le mauvais angle, oh... pas que cela le gêne le moins du monde. Après tout, avec Terrence, tout n'est qu'une question d'apparence.

Iel ne dévoile ce qu'il veut bien dévoiler,
D'apparence et d'apparat, il est cachotier.
Il peut faire croire qu'il vivait dans le luxe,
Il peut inventer des contes, un peu fantasques
Où il enjolive la vie qu'il a mené, toutes ces frasques
Qu'il transforme en aventures, en amour, en amants
Pour ne pas dire la vérité : qu'on a tué l'enfant.

Pire.
On l'a

[...]

Bloody Mary finit par soupirer. Dans sa chemise à carreaux d'un bleu vif, avec son écharpe, il faisait un drôle d'énergumène. Plus étrange que drôle, sans doute ; tout était une question de points de vue. À Diogène, iel pourrait raconter la vérité, il saurait son secret bien gardé. Néanmoins ? Hors de question. Cela était bien trop précieux pour ellui, bien trop... gênant. Bizarre, n'est-ce pas ? Pour une personne qui se fiche de ce que l'on pense, aime déchaîner les passions et alimenter l'animosité d'autrui — n'est-ce pas, Bambi ? —, de garder les élans de bontés de son âme, comme une honte.

«Tu connais déjà la réponse, Diogène, non seulement je n'avais pas d'intérêt à t'attaquer, mais il s'agit d'un cadeau. Et un cadeau, ça ne se vole pas, ça ne s'arrache pas. C'est quelque chose que l'on bâtit. »

Bloody Mart posa les coudes sur la table, iel examina les notes, et il poussa le carnet vers Scarf. Il lui donne la possibilité de relire ce qu'il a recopié, la remarque sur Saint-Brendan, et toutes les histoires fabuleuses dans lesquelles il aurait préféré grandir. Son profil se dessine dans la semi-obscurité ; iel retrouve un peu d'innocence, de simplicité avec ses boucles de feu, et le mauve sur sa peau.

« Et je sais tous les efforts que tu mets à protéger tes chroniques, je ne suis pas assez malin pour connaître leurs valeurs, mais je vois celles qu'elles ont pour toi, reprit la jouvencelle avec une voix plus douce. Et quant aux pirates, à moins que Bones y trouve un intérêt particulier, je ne crois pas que ça serait ce qu'ils voleraient, s'ils venaient chez toi. Au pire des cas, ils ignoreront les chroniques pour en faire un feu de camp, dans le meilleur, ils ne les verraient même pas. Il s'agit de survivre pour l'instant, ils ne bâtissent rien. »

La dernière remarque était amère, mais Bloody Mary n'avait pas envie de se lancer sur ce sujet. Oh... certes, elle aurait pu être plus franche, la mésange ! Parler d'ellui, un peu plus que de mesure, mais ça l'angoissait autant que de recroiser Icare dans les rues. Bloody Mary était sincère, un peu, mais iel cachait les terreurs, les peurs qui l'empêchaient de dormir parmi « les siens ». Et même chez les pirates, le Chaos n'y trouvait pas sa place.

Et Bloody Mary se rappela, de Dublin,
De ces soirées à contempler Fredda et ses soeurs,
A danser, sur la scène à chanter, pleine de châleurs
Où elles alimentaient les rêves, ces espoirs vains.
Des premières chaussures à talons qu'on lui a prêtées,
Des mois à travailler dur pour les porter,
A sentir la plante de ses pieds s'arracher, la douleur !
(Ah... par pitié, tiens toi plus tranquille)
Et enfin, ce petit matin, où Fredda, et son grand coeur
Lui avait offert, la fameuse paire de Louboutins.
Des talons gigantesques pour une anomalie
(Tu attendais le soir ? Il descends, le voici)
Telle qu'elle — et lui — faisant de Terry
Cette Chantalle, veuve rousse, femme fatale,
Qui pour ce premier soir, affronte la scène, devant les uns

Elle est...
Toujours.

[...]

Anomalie.

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Dim 29 Nov - 2:48
Oui.
Encore et toujours, il ne parvenait pas à reconnaître une quelconque lueur d'honnêteté dans les paroles de la pirate. Le fait est cependant, qu'il n'y voyaient pas nécessairement de mensonge ni de tromperie. C'était des réponses vagues, des portes de sorties trop faciles et grossières pour être fines et inaperçues. L'offense n'était pas aussi grave qu'une tentative de manipulation, mais commençait avec le reste à l'excéder. Il fallait aussi mentionner les petits gestes de langage propres à la société des menteurs: ça, ça puis un "on" général qui se ferait dans le subconscient d'un idiot un "on" personnel.

En réalité, il prétendait seulement de lire attentivement le contenu du carnet. C'était en somme une synthèse bien trop modeste pour contenir un lot suffisant d'informations capitales, d'autant plus que celles-là étaient dispersées erratiquement dans les chroniques, empêchant quiconque de les retrouver sans les chercher, sinon en y perdant des heures et des ressources mentales incroyables. Mais s'il y avait quelqu'un qui pouvait bien vouloir trouver ces petits trésors d'histoire, c'était le chef des pirates en personne. Que ce soit pour les exploiter à leur juste valeur, ou les faire disparaître à tout jamais.

"Voilà un sujet intéressant, que vous évoquez comme pour vous soulager, puis voulez laisser mourir. Si Bones apprenait que tel ouvrage existait, m'est avis qu'il le ferait détruire. Le présent n'est exclusivement que le trône de la conscience, et le futur ne peut éclore que sur les ruines figées d'un passé déterré. Lui ne veut pas futur, et là est la vérité, qu'importe l'estime que vous lui portez. C'est un idiot, nourri de mort et qui prétend vouloir le chaos. Ah, mais que comprend-il vraiment de l'Ordre et du désordre?"

Il prenait le temps d'inspirer longuement avant de continuer. En temps normal, il aurait gardé pour lui des constats dont la véracité était trop nocive à son sens pour être exprimée, mais Mary avait été tant cachottière et secrète qu'il ne pouvait pas se résoudre à penser qu'il était en présence d'un camarade à intérêt commun.

"Vous aimez le mot survivre, n'est-ce pas? Les rejoindre pour survivre, survivre en leur sein... C'est si beau, et si stupide. Vous, et j'entend par là les pirates avec vous personne incluse, ne savez pas même ce qu'est vivre. Vous ne "survivez" aucunement, vous persistez à vous terrer dans un état morbide et bâtard, rampant entre la vie et la mort sans jamais franchir aucune limite. Vous avez des plaisirs éphémères, des intérêt futiles, et vos âmes gerbent des marées de nihilisme. Vos choix de mots sont particulièrement amusants cependant, et laissez donc les anciens vous apprendre: il n'est que ce qui vit qui sait bâtir, et il devient alors créateur. Bâtir "ça", c'est déjà lui insuffler une vie, se faire la force supérieure régissant de son existence, devenir un démiurge grandiose. Vous abhorrez les bâtisseurs, parce qu'ils pensent à la vie, et que vous sentez le cadavre. Si vous cependant, la personne, comprenez qu'il y a plus de beauté dans la création que dans le néant de volonté, alors peut-être devriez vous faire preuve d'humilité et admettre vous être trompée dans vos choix d'alliés."

Il en avait bien plus à dire, mais c'était déjà trop de violence pour une âme aussi jeune et perdue.
Mon trente-deuxième texte sur ce fofo :
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Bloody Mary
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Dim 29 Nov - 14:49
La Rousse de l'Infortune « Tell me what you tryna hide
And what you runnin' from inside
'Cause I got a surprise
We might not make it to the mornin'
So go on and tell me now »

( Grandson → Dirty )

Et Bloody Mary eut un soupir silencieux.
Iel se referma, soudain ! Plus de sourire,
Plus de jolie phrases, plus de poésie, pire !
Le voilà, en phase, avec son coeur malheureux.

L'agacement remonta dans sa gorge, sa mâchoire se contracta sous la pression. S'il n'avait pas été sobre, peut-être aurait-il éclaté, et qu'il se serait aventuré sur la discussion. Il ne songeait qu'à son but, qu'au cadeau, et il maintenait l'illusion chaotique, tant bien que mal. Oh... elle avait envie de hurler, et de renverser la table, frapper Scarf. Cependant, Bloody Mary était une créature pragmatique, malgré l'aspect chaotique qu'on lui prêtait. Il se contenta de répliquer d'abord :

« Tu ne connais pas Bones, tu ne sais pas ce qu'il aurait en tête, et moi non plus. »

Scarf était plein de mépris, rempli de vanité, derrière son écharpe, et ça commençait à le saouler. Oh ! C'est que la personne devait avoir de la valeur, pour que Bloody Mary prenne autant sur ellui. Il ferma les yeux, il inspira ; Scarf avait réveillé les angoisses.

Marcia danse sur du satin
Ses jambes sont des couperets aiguisés
Elle danse, elle danse, s'élance à Dublin,
Et sur scène, de sourire, est elle est forcée.
Quel est ce froid que l'on sent en toi, Terry ?

Et ses doigts qui s'enfouissent sous son écharpe, s'enfoncent dans sa peau. Tout son corps le démange soudain, l'eczéma apparait, rouge jusqu'à sa mâchoire. Pourtant, Bloody Mary continue de gratter, le bruit était insupportable, iel laissa de belles lignes écarlates sur sa peau si blanche. Elle aurait pu lui dire, qu'à force de fuir le regard des gens, Scarf ne voyait pas la vérité. Elle aurait pu lui reprocher, lui renvoyer abruptement ce qu'elle pensait de son mépris, et de sa vanité. Mais Bloody Mary sait que ce n'est pas que lui, personne ne comprendrait, personne ne voyait, tous les signes. Dissimulés sous ses sourires, son air fantasque, et son charme.

Alors Bloody Mary a le coeur lourd, c'est une enclume dans sa poitrine. Ses ongles continuent de gratter sa peau, jusqu'à ce que la douleur devienne horrible, et que le rouge devienne plus intense que ses cheveux de flammes. Elle répondit simplement, avec la voix enrouée et mélancolique :

« Tu es plein de préjugés, c'est ce qui t'empêche de tout voir. »

Elle leva la main, signe de paix ; elle ne voulait pas débattre.

« Et c'est facile à dire pour toi, lorsque le simple fait d'être ce que je suis me met en danger. Je suis une anomalie pour la société. Je serais en sécurité nulle part, et ça sera toujours comme ça. Je me protège comme je peux. »

Bloody Mary ferma les paupières, la nausée le reprenait. Le simple fait d'énoncer ces mots rappelaient Icare, les remarques homophobes et transphobes, la sensation de ne pas avoir le droit de vivre parmi eux - les hommes. Marcia danse sur du satin ses jambes sont des couperets aiguisées et Terrence sent le poids du clochard sur son corps il n'a que seize ans il a froid faim et soif et il sent le corps plus lourd que lui les mains parcourir sa peau comme si chaque centimètre était une terre à conquérir. Les grandes folles comme toi, je sais les faire crier.

Les coudes sur la table, Bloody Mary se mura dans son silence. Le visage entre ses mains, dont le bout des doigts se remet à trembler, il préfère l'obscurité à la lumière. Au moins, dans le noir, tous les chats sont gris, et lui donnent l'illusion de dissimuler, tous les fardeaux qu'il a traînés dans sa vie.

Quel est ce froid que l'on sent en toi, Terry ?
C'était ce qu'autrefois, Fredda lui avait dit.
Ce froid que l'on sent, à travers les sourires, à travers lui,
Ce n'est que la poitrine creuse de la mésange,
Dont on a arraché les plumes, une par une, l'ange
Que l'on a corrompu, dont on a volé l'innocence.
Quel est ce froid que l'on sent en toi, Terrence ?
C'est ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont pris, ce qu'ils ont laissé de toi.

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Dim 29 Nov - 23:47
Bon Scarf est méchant la, âmes sensibles lisez quand même c'est un peu drôle D:
Elle avait manifesté le fait de ne pas désirer plus converser, et de toute manière s'était encore braquée pour protéger sa bulle de puérilité. Cependant, se voir accusé d'être empli de préjugé était une attaque qu'il prenait bien trop personnellement pour la laisser filer et prétendre ne pas être atteint, car la vérité partielle devait certainement faire trop mal à une bête se voulant de sagesse.

"Que sais-tu de moi, impertinent enfant? Rien, et moins que ça! Je vous juge tous par vos actions et mon regard se fait nouveau de jour en jour, qui de nous deux exactement suit une pensée monolithique par peur? Qui!? Et comprends-bien, geignarde, que je suis en danger au moins autant que vous autres gosses. Je subit vos ondes, votre chaos, vous tachez mon esprit et mes chroniques, vous souillez mon âme de par votre présence seule. La différence profonde entre nous, c'est que j'ai appris à subir et évacuer l'assaut, tu t'accroche à tes bourreaux comme un chien à un maître violent."

Encore, il aurait pu s'arrêter là, et c'était certes plus raisonnable, mais se faire manquer de respect après avoir fait preuve d'hospitalité était insupportable pour quiconque donnait autant de valeur spirituelle à son foyer que le mystique. Au diable les manières, le vouvoiement, certaines choses devaient être dites crûment.

"Rien de ce que je ne dit n'est facile à dire en réalité, je n'évoque pas les évidences. Seulement, tu ne sais pas penser autrement qu'à l'émotionnelle et donc à l'instant présent. "J'ai froid, je suis en danger", un jour peut-être faudra-t-il penser à ce que tu veux devenir plutôt que t'apitoyer sur ton sort. Hélas, cela demande des efforts, peut-être trop pour une génération aussi détachée de la réalité et déracinée.

Scarf se levait avec hâte. Il n'avait plus à parler d'égal à égal avec son interlocuteur, et encore moins ne devait s'asseoir à la même table. Ah, lui qui s'était promis de ne pas subir la négativité d'autrui en son sanctuaire ne pouvait malheureusement s'en prendre qu'à lui-même. Alors il s'humiliait intérieurement encore, riait de sa propre naïveté, se moquait de sa gentillesse autocide. Cela le confortait au moins dans son interprétation des sociétés: il n'y avait rien de récupérable chez les pirates, sinon Fotià.

Il partait vers sa salle de bain improvisée, et aspergeait son visage d'eau de pluie, comme pour le laver du venin qu'il venait de cracher. Revenant dans la salle centrale, il croisait les bras, et quand bien même il allégeait son ton pour ne pas être désagréable, il avait des messages à passer.

"Tu ne veux pas parler plus du sujet, alors ainsi soit-il: je me tais. Maintenant, j'en ramène un autre sur le tapis. Tu n'es plus la bienvenue en mon havre. Je te répondrai certes si tu y viens encore, mais dès le moment où tu le quitteras, je ne tolérerai plus que tu n'y poses un pied. Je t'ai donné une chance, et pas même du respect ne m'a été rendu. Profites-donc de ton séjour pour sentir la douce fragrance des énergies positives, apprécier et désirer leur caresse, tu en auras besoin.

Il se taisait enfin, le monstre vindicateur. Tout avait été dit à son sens, mais pour ne pas observer indiscrètement Mary copier le reste de ses écrits, il attrapait rapidement le dernier des classeurs pour en tirer une page incomplète. Le silence revenait peut-être, et c'était sûrement ce qui manquait à ces pirates de malheur.
Mon trente-troisième texte sur ce fofo :D:
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Lun 30 Nov - 0:14
La Rousse de l'Infortune « I see a line of cars
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( The Rolling Stones → Paint it Black )

Et ça recommença.
Cette fois-ci, iel s'y était attendu.
Il eut seulement, une grande lassitude,
Ce sentiment horrible, cette habitude,
D'être l'anomalie, Scarf lui rappela
Qu'iel n'avait pas sa place, à son insu.

Terrence ne bougea pas, il n'avait pas envie de parler ni de répondre ; il avait conscience que c'était inutile. Les hommes finiraient par le dégoûter, pour leurs actes, pour leurs paroles. Pourquoi se forçait-il à subir encore ? Marcia qui danse sur du satin, ses jambes sont des couperets aiguisés, elle danse, elle danse, ses chaussures martèlent son crâne. Icare qui l'étrangle, l'insulte, le frappe au visage et sur le torse. Icare qui rappelle tous les démons enfouis, tous les mythes oubliés. Il s'était confondu avec les souvenirs, il avait rendu vivants les cadavres cachés sous les paillettes. Bloody Mary était de rage, mais il se contenta d'attendre le silence.

Les mots lui écorchent les lèvres,
Elle pourrait mettre fin à la trève,
C'est que ça brûle au fond de la gorge.

Et Bloody Mary se ferma, plus de retour possible. Scarf était jeté dans la catégorie habituelle, les hommes qui blessent, jugent, ne voient rien et se terrent face à l'inconnu. Elle s'était vu, prendre la bouteille de rhum et lui éclater au visage, jusqu'à ce que ses tessons finissent dans sa bouche. Les fantasmes de violence revenaient, en ouragan, et pourtant, Bloody Mary n'exprimait plus d'émotions. Seul le bout de ses doigts tremblait, et quand Scarf prit le classeur, iel se redressa.

Iel se demande, un instant, si ça vaut la peine de faire tout ça.

Ce quelque chose avait des goûts d'épines, à quoi bon ? Donner sa chance aux autres, ça n'apportait rien. Elle prit son carnet, les feuilles, et mécaniquement, elle recopia les chroniques. Elle se concentrait pour ne pas faire de fautes ; là où elle aurait pu partager avec Scarf, les légendes d'Irlande, elle se contenta d'un conte silencieux. Le stylo frottait contre le papier, les lettres se traçaient joliment, un peu désuètes. Le passage sur le cimetière de Totems aurait pu être une jolie histoire à raconter ; elle le réserva à la bonne personne — cette fois-ci.

Qu'il lui parle de souffrance, lorsqu'il saura ce que c'est d'être, une poupée.
Qu'il lui parle de vivre, lorsqu'il aura à affronter la famine, et le froid,
Qu'il lui parle d'avenir, le jour où il devra affronter ce qu'elle avait affronté.
Comme tous les autres, il ne fait que remettre son existence en cause, cet effroi
De toujours être une anomalie, c'était ce qui lui donnait envie de se foutre en l'air.

Mais Bloody Mary était tenace, la peur, on fini par s'y habituer. Le chaos était le chaos, car il avait la capacité à changer, à se transformer pour s'adapter. Bloody Mary se renferme, si ce n'est que sa voix, douce et frêle, qui s'élève lorsqu'elle fredonne une chanson, autrefois entendu dans les bras de ce vieux Georges.

« I see a red door
And I want it painted black
No colors anymore
I want them to turn black

I see the girls walk by
Dressed in their summer clothes
I have to turn my head
Until my darkness goes ♪
 »
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Lun 30 Nov - 21:33
Bon Scarf est gentil la, âmes insensibles lisez quand même c'est un peu drôle D:
La culpabilité était un sentiment qui était en temps normal inconnu, parce qu'il pensait toujours à prendre des décisions qu'il pensait pouvoir ne jamais regretter. Mais vint ébranler ses convictions une mélodie. Il la connaissait, et trop bien. Pire encore, elle touchait à son enfance: le repère immortel de la bienveillance naturelle de tous les hommes. Ses traits perdaient en fureur, sa raison se faisait plus limpide, son visage plus fatigué. Il réalisait que peut-être il avait été trop dur, peut-être jeunesse doit se passer, peut-être il ne doit pas tenter de prévenir chez les autres des erreurs de sa propre vie. Posant sa feuille à peine plus remplie, il passait une main lourde sur ses cheveux. Lui aussi en somme, n'avait aucune envie de partager ses secrets intimes. Ses chroniques, son savoir, sa philosophie et son mysticisme peut-être, mais se vendre lui-même? Jamais.

Reprenant du thé, malheureusement froid maintenant, il prenait le temps d'en servir à son interlocutrice. Se rappelant les mots d'un enfant trop cher, il tentait de parler en termes simples, pour être certain au moins d'être compris maintenant.

"La colère a embrumé ma raison, et je reviens sur mes mots. Tu es et demeurera toujours la bienvenue ici, tant que tu ne me portes pas volontairement d'attaque. Pardon. Vis ta jeunesse comme tu l'entend et jouis-en, tu penseras comme un vieux le jour où tu le seras."

Il sirotait dans sa tasse à motifs ésotériques avant de continuer d'une traite, la gardant entre ses deux mains comme pour les réchauffer, comme si la boisson était encore chaude.

"Je ne te poserai plus de questions, et tu feras comme bon te semble. Mais je veux quand même le fin mot de l'histoire, tôt ou tard, peu importe. Quoi que j'ai pu faire, je ne mérite tout de même pas si peu de confiance désormais."

Ayant fini de parler, il reculait pour peser sur le dossier de son fauteuil, les yeux levés vers le plafond, comme pour y voir la lune. Oh, c'est bien ce qu'on en penserait, mais lui la voyait vraiment. Il repensait à ses années d'incarcération, combien de nuits il avaient passé en voulant admirer le ciel. Peut-être était-ce là le destin de Mary, le sien à visage différent. Subir sa propre inconscience pour en devenir un être meilleur, ou peut-être la rousse n'avait rien à subir pour cela. Il soupirait bruyamment.
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Mar 1 Déc - 0:05
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Sa voix devint un murmure, avant de se taire ; Bloody Mary tourna la tête vers Scarf. D'abord, elle fronça les sourcils, et elle détailla l'expression fuyante de son regard. Sa méfiance parlait avant tout, cependant, elle fut vite coupée par l'élan de rédemption de son vis-à-vis. Oh... elle pourrait le croire, qu'il était bienvenu ici. Elle pourrait se laissait piéger, après tout, ce ne serait pas la première fois. Et cela ramène des élans douloureux dans sa poitrine. Elle garde le silence, elle avise, les paroles, les pauses dans les tons. Le stylo entre ses doigts joue, il se fait caresser, il se fait tapoter contre le carnet. Elle se mouille les lèvres, et une fois que Scarf finit de parler, elle réplique avec des bouts de la chanson. Puis, elle soupira.

« Merci. Pour tes excuses, et de me prêter tes chroniques. C'est important. »

Oh... c'est bien rare lorsqu'il formule des remerciements. En vérité, Bloody Mary ne prend que ce l'on veut bien donner, et il marchande, l'esprit, le corps, jamais son âme. La mésange cache le loup, Scarf a raison de se méfier ; du moins, pas aujourd'hui. Elle dépose le stylo au centre du carnet, les coudes sur la table, elle joint les mains et y colle son menton. Scarf appelle à la communication, elle se doit d'être honnête.

Mais ce n'est pas facile, de parler ?
La première fois, il avait essayé.
Et il s'en était résulté bien des douleurs,
Les affres de la dysphorie, les langueurs.

Pourquoi Scarf faisait-il l'effort de le genrer au féminin ? Sans douter que la question est tellement complexe ! Qu'importe, peut-être qu'il se fiche de ça, et qu'il ne voit pas réellement une fille ni un garçon ; seulement un enfant. Bloody Mary soupire.

« Je pense que le mystère se résoudra, lorsque la personne aura ça entre les mains... je ne peux rien te promettre, je ne serais pas ce qu'elle — ou il — aura en tête, précise Bloody Mary. Et... mh... c'est juste que... je suis gêné. De dire pour qui je suis venu. »

De la gêne, et de la timidité, voilà tout. Bloody Mary précisa :

« Je peux simplement préciser, si ça peut te rassurer qu'il ne s'agit pas d'un pirate. »

C'était la seule information concrète qu'il donnait sur la personne, peut-être que le mystère perdait en épaisseur, ou bien cela en rajoutait une couche. Bloody Mary gonfla la poitrine, puis elle fixa Scarf.

« Et pour la confiance, Diogène, je suis bien incapable de la donner. Je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus. Ce n'est pas contre toi, c'est comme ça avec tout le monde. »

Bloody Mary regarda le thé, puis son hôte, avant de reprendre le stylo.

« Si elle — ou il — ne vient pas te voir... mettons... fin janvier, jusqu'à cette date, tu ne sauras pas. Si elle — ou il — ne vient pas, c'est moi qui viendrais te trouver, et je te donnerais son nom. Entre temps, peut-être que j'aurais le courage de enfin... d'assumer, si tu préfères. Mais je pense que tu le sauras, quand je lui aurai remis les chroniques, d'une façon ou d'une autre. Si je ne suis pas là fin janvier, réclame moi via les pirates, ou utilise une lettre, je te retrouverai à l'endroit de ton choix. Oh... ce n'est pas pour te trahir, mais je ne sais pas de quoi demain sera fait... si je serais encore là. »

Scarf avait raison, Bloody Mary ne bâtissait rien, il ne savait jamais vraiment, si le futur l'attendait. Ou si quelqu'un — si ce n'était elle-même — venait y mettre fin.

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Mer 2 Déc - 0:23
Oui.
Scarf était de ces personnes qui ne doivent presque jamais s'excuser, puisque prenant des décisions toujours rationnelles. Il était alors très indisposé de part le simple fait de les formuler, et encore plus lorsqu'on le remerciait pour son humilité.

Il écoutait tranquillement Bloody Mary déballer ses projections incertaines. Là, il ne pouvait qu'être heureux d'avoir vu clair. La pirate n'avait aucune foutue idée de ce qu'elle pouvait bien devenir d'ici quelques mois, lui avait déjà des plans dessinés et des objectifs fixés. Comment ces pauvres âmes pouvaient seulement prétendre évoluer sans voir un mètre devant leurs propres pas? La question trouvait une réponse rapidement: elles n'évoluaient pas.

Usé, il se levait. On venait même de reformuler devant son nez les avertissements qu'il avait prononcé devant tous les pirates qui avaient eu la chance de discuter avec lui, alors que les autres avait souvent embrassé le bitume. Et quand bien même on partageait au final ses analyses, jamais aucun pirate n'en venait logiquement à ses conclusions, à savoir qu'il était préférable de s'écarter et se faire étranger au groupe d'adolescents stupides et inconscients. Tavish revenait à penser qu'il raisonnait tout simplement trop vite pour ces jeunes-là, qu'il fallait leur laisser le temps de grandir, alors il écartait un rideau pour admirer la lune. Pleine, blanche, immaculée. Il croisait les mains dans son dos, bombait le torse. Il devait saluer l'astre.

"Il est bien des choses que la nuit cache, petite. On ne voit rien, alors on regarde la lune. Tu la vois? Oh, elle éclaire, et c'est noble de sa part non? Mais ça ne l'est pas."

Il se tendait, se rappelait ses propres erreurs. Ah, il avait aimé la lune.

"À trop suivre la petite lueur inatteignable dans les ténèbres, on les pénètre peut-être plus que l'on ne le pense. Et dans les ténèbres, tout et rien peuvent se terrer."

Il la fixe toujours. La défie, tente de l'intimider. Mais la lune est un être curieux: on ne sait lire ce qu'elle pense de ces affaires. Elle joue sur les marées, paraît-il. Ah, cette dame des mers et des eaux, n'était-il pas seulement naturel qu'elle soit baudroie elle-même?

Scarf avait toujours été curieux, presque avide. Un monstre affamé, dévorant des petits fragments de sagesses et les arrachant aux autres, mais jamais il n'avait été trop gourmand. Quand venait des repas qui sortaient des angles morts de sa vision, il les vomissaient et les abandonnaient. On n'apprend jamais rien de bon en se penchant sur les origines cachées du mystérieux; Scarf préférait analyser la manifestation pour ne pas y perdre sa santé mentale et sa raison.
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Mer 2 Déc - 16:10
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Bloody Mary replongea le nez dans ses écrits, mais le mouvement de Scarf l'en sortit presque aussitôt. Iel l'observa se déplacer dans sa demeure, tandis qu'iel attrapait la tasse de thé. En silence, iel détailla son dos, le sommet de son crâne, la silhouette dans son ensemble. Il finit par se lever, à son tour, sans faire un bruit, afin de voir ce que le vieux examinait avec tant d'intérêt. La tasse entre ses doigts, tenue contre la poitrine, il l'écouta, mais il ne sut pas quoi répondre.

Dans les ténèbres, tout et rien peuvent se terrer.
Bloody Mary trouva la formule jolie, et avérée.
Le chaos était destruction, mais il était surtout renaissant.
Cela lui fit repenser à Icare, alors en silence, il se figea, Terrence.

Sa gorge se contracta. C'était comme si le mythe le pourchassait, inlassablement, partout. Pourtant, sortir dans la ville, égal à ellui-même, n'était-ce pas revendiquer l'espace ? Iel refusait de se terrer dans la peur. Après tout, Terry n'était en sécurité nulle part. Même ici. Chaque homme cachait un potentiel agresseur, et la terreur, iel ne l'oubliait jamais. Elle faisait semblant. Iel plongea l'oeil dans la tasse de thé, avant de relever la tête vers la lune.

« Je ferais attention. »

Promit Bloody Mary, avant de reculer d'un pas, se demandant soudain, si son entreprise n'était pas vouée à l'échec. La bonté était une vertu, mais bien des fois, l'on avait arraché des bouts de lui. Il s'était peut-être laissé trop atteint parce qu'il avait vécu, récemment, le rêve, et le reste.

« À t'entendre, on dirait que tu n'as pas envie qu'il m'arrive quelque chose. »

Et un sourire mutin revint sur ses lèvres carmin, la belle ne dit rien, et va reprendre place. Il tourna les pages, puis il retourna à son travail, si seulement, sa voix ne s'élevait pas pour conter :

« Chez les Celtes, la lune est symbole de féminité, elle représente les différents cycles de la vie. Via la lune, c'est Tuatha Dé Dana qu'on honore, c'est la déesse principale, source de vie, auquel les Celtes se vouaient. »

Bloody Mary recopia le passage sur les oiseaux, iel rajouta des notes pour y venir plus tard. Il allait parsemer les chroniques des légendes de son pays, de contes, de faits amusants, dont seuls les conteurs se plairaient à y voir la beauté. Scarf y compris, sans doute. Oh... il n'y avait pas de véritable épopée, elle-même n'y croyait pas. Mais cela lui permettait de laisser une trace, marquer sa présence, en la couchant sur le papier. Bien sûr, il y aurait les photos, et d'ailleurs, Bloody Mary avoua :

« L'histoire de la fleur, ce n'est pas le seul truc étrange que j'ai vécu. Il y avait cette fille, dans ce bar, qui a pris l'apparence de la femme que j'aimais. »

Terrence confondait l'amour et l'attirance ; Fredda avait été sa lune, une lumière forte dans ses ténèbres. Iel reposa les coudes sur la table, la chemise à carreaux en nuance de bleu marquait davantage ses yeux, et sa rousseur. Ses pupilles étaient de glaces, sa chevelure était de feu.

« Ce n'était pas une hallucination, la fille avait les cheveux roses, elle doit avoir mon âge. La femme que j'ai aimée est brune, et... elle est plus âgée. »

Fredda devait approcher les soixante ans, maintenant.


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Scarf
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Scarf
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Jeu 3 Déc - 1:00
Oui.
La féminité n'était certes pas une valeur que Scarf reconnaissait comme importante, aussi les celtes pouvaient se garder leurs interprétations. Il aurait pu esquiver la remarque moqueuse et faussement impertinente précédente, mais il n'allait rien en faire.

L'heure était aux confessions, il paraît.

Le récit de la fille changeant de forme faisait déborder un vase trop fragile, trop instable. Fixant toujours dehors, ses mains voyaient leurs doigts se frotter avec malaise. Une larme vint presque lui arracher la peau, il déglutissait avec difficulté sa salive. Ce qu'il avait trop longtemps gardé, peut-être était-il temps de le faire sortir. Au diable les règles et les coutumes de son foyer, certaines peurs sont simplement trop lourdes pour être endurées seules. La gorge serrée, la voix déformée, plus qu'une larme se noyait dans ses divagations.

"Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose... parce que tu m'es utile. Ce qu'il se passe, je veux le comprendre, vraiment... Mais j'ai peur, Mary." Tavish ramenait ses mains pour frotter son visage fatigué. Pouvait-on seulement le comprendre, ne devait-il pas porter le fardeau de la sagesse seul? "Ces phénomènes... Nous avons énervé l'Ordre des choses. Et j'en ai peur. Une peur viscérale, instinctive, plus vraie que vos tracas. Le futur me terrifie... Nous avons énervé quelque chose qui nous dépasse, qui dépasse nos sens, notre compréhension, qui dépasse TOUT. Tout ce que nous pensons savoir, et nous sommes condamnés à vivre et mourir dans l'inconnu et l'instable. Je n'ai pas le courage d'y plonger en premier, alors il faut que j'y laisse passer les fous. Mais tu ne comprends même pas ce que je dis, alors pourquoi je parle..."

Il laissait peser le silence pour reprendre le contrôle de son corps. C'était si étrange, de se laisser aller. Il détestait ça. L'exception n'allait pas devenir la règle, il était déjà mentalement prêt à se durcir dans les années qui viennent. Mais il ne voulait plus parler de ses angoisses, et regrettait déjà de les avoir évoquées. Scarf n'avait toujours été en somme, qu'une bête asociale de nature. Combien de malheurs lui auraient été épargnés s'il avait pu vivre seul avec ses démons? Ceux-là, il avait déjà assez de troubles avec pour ne pas subir ceux des autres.

Alors il lui fallait aussi trouver des anges, peut-être. Alors il se décontractait, un peu. Il revenait vers la table de sa salle centrale, le visage aussi neutre qu'auparavant, comme si rien ne l'avait parcouru, rien ne l'avait aidé à s'exprimer. Les émotions sont des choses mauvaises, et il était mieux de ne pas les montrer.

"Toi qui as pu vivre ta jeunesse... Comment sait-on seulement que l'on aime?"
Mon trente-septième texte sur ce fofo :
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Bloody Mary
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Bloody Mary
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Jeu 3 Déc - 23:39
La Rousse de l'Infortune « I see a line of cars
And they're all painted black
With flowers and my love
Both never to come back »

( The Rolling Stones → Paint it Black )

« Tu me sous-estimes, Diogène. »

Ce fut les seuls mots que Bloody Mary prononça, lorsque Scarf lui fit par de ses craintes. Elle arrêta ce qu'elle faisait, de nouveau, les coudes sur la table et les mains jointes, elle le fixa de ses yeux délavés. Quelque part, iel trouvait les paroles du Vieux à l'Écharpe ironiques. Du moins, parce qu'elles lui étaient destinées. Oh... Bloody Mary aurait pu lui détailler, à quel point les faits étranges se produisant à Arcadia Bay ne lui faisaient rien. Ce n'était pas de l'insouciance, oh non. Lorsqu'il décidait que rien ne le touchait, il restait froid. Un bloc de béton, infranchissable ; iel avait enfermé son coeur depuis longtemps, au plus profond de la boîte de Pandore, protégé par des épines acérées. L'émotion de Scarf le touchait, iel était empathique, malgré tout. Il attendit un peu.

Mais sais-tu, ce que ça fait, Diogène ?
De vivre dans la terreur permanente,
Parce que ton existence est une gêne.
Que l'on te prend pour une créature,
Que ton image est pour eux, rémanente,
Un fantasme que l'on veut posséder.
Un corps que l'on voit comme un trophée.
Sais-tu que ta peur, Diogène, c'est ce que Bloody Mary
Connait depuis qu'elle - et lui - est petit ?

Et quelque part, vois-tu, ta remarque la déçoit. Elle le ramène à ce qu'il est, un objet pour beaucoup, un trophée, un outil. La différence, Diogène, c'est que la succube, tu ne la vois pas tentatrice. Tu la considères folle, et tu espères qu'elle tombe dans les pièges qui te terrorisent. Mais sais-tu que le chaos est chaos, non pas parce qu'il est indomptable, mais parce qu'il sait s'adapter ? Bloody Mary aimait la magie, les contes que l'on murmure au coin du feu, de quand il était petit. L'Irlande était le pays des fées, et du Whisky ; Bloody Mary était l'une, et se nourrissait de l'autre.

Et la question, qui survint, lui fait battre des cils.
Bloody Mary ne sait pas, l'amour, vite ça fini.
Pourtant, elle croit avoir la réponse, dans les rêves futiles.

Il ne dit rien, il considère les paroles de Scarf. Oh... jamais il ne dénigre les émotions du Vieux à l'Écharpe, il les a mémorisés - Bloody Mary fait des armes utilisées contre lui, souvent ses nouveaux outils. Il avale sa salive, avant de reprendre une gorgée de thé.

« Je vais te répondre le plus sincèrement que je le peux, commença lae jouveanceaurelle. La femme que j'ai aimée, oh c'est ce que tu crois, gracile mésange, elle avait cinquante-et-un ans quand j'en avais dix-huit. Elle me disait de vivre ma jeunesse, elle remerciait mon amour. Elle m'a dit aussi que ce n'était pas de l'amour, et que je m'en rendrais compte le jour, où ça arrivera. Peut-être que c'en était, et qu'elle sous-estimait sa force, ou bien c'était une admiration sans borne que j'avais pour elle. C'était... quand Bloody Mary mentionne Fredda, ses yeux sont vivants soudain ; ils brillent, il la met sur un piédestal, et s'il acceptait d'être enchaîné, ce serait bien pour cette femme-là. Pourtant, c'était lui c'en était allé. Elle reprend : c'est une personne incroyable, elle est belle, intelligente, et je n'ai jamais vu d'êtres humains avec autant de qualités. Quand elle souriait, il y avait de la lumière dans sa voix. Et elle était sage, elle avait toujours raison, n'était-ce pas elle qui l'avait mis en garde contre lui ? Évidemment ; elle ne s'était pas trompée. Elle m'a dit que je saurais si l'amour était là, quand j'aurais la volonté de construire quelque chose avec quelqu'un, de bâtir un avenir solide. Alors... j'ai cru être amoureux, une fois, mille fois, mais aussitôt que je partage le lit avec la personne, c'est comme si je n'avais plus rien, soudain. Et... »

Puisque c'était le moment des confidences, Bloody Mary prit un peu de temps. La vie animant ses yeux retombe dans l'oubli ; ce sont deux abîmes d'un bleu profond, qui n'accapare plus par leur intensité, mais par l'affliction.

« Et j'ai fini par comprendre, que l'on ne m'aime pas, jamais. On veut me posséder, on veut m'attacher, on me voit comme un trophée, mais jamais on m'aime. Si ta malédiction à toi, c'est de vivre dans la crainte constante de ce quelque chose que l'humanité a énervé, moi, ce sera de n'être qu'un trophée. »

Et Bloody Mary sourit, dissimule la mélancolie. Les paillettes qui cachent le sang caillé, qui recouvrent les bleus au visage, et son âme damnée.



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Scarf
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Scarf
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Sam 5 Déc - 2:32
Oui.
Évidemment que ses mots allaient être perçus comme encore un de ces avertissements vagues, dont on pouvait en somme se moquer des conséquences puisqu'elles n'étaient pas matérialisées clairement. Scarf parlait à des murs, tous le temps, plus que quatre d'entre eux même. L'enfant en réalité ne voyait pas plus de danger dans l'inconnu que dans son quotidien, et quand bien même il était très inapte socialement, Tavish pouvait le percevoir au moins. Mais tout est une question d'ordre de grandeur. Il évoquait des phénomènes pouvant prendre une ampleur spirituelle ou cognitive démesurée, de quoi rendre dément le plus sot et le plus sage. Il parlait cependant de l'infini à ceux qui vivaient trop ancrés dans le réels pour l'imaginer, ceux qui trouvaient l'absolu dans le nombre sans comprendre que l'absolu ne peut que se précéder et suivre lui-même, ceux-là qui raisonnent en faisait le tour d'un maillon d'une chaîne circulaire. Pourquoi perdait-il seulement son temps? Les habitants du maillon étaient heureux, et ce sans lui.

Il était presque rassurant qu'ils parviennent à changer de sujet. C'eut été embarrassant de devoir revenir sur ses craintes. La différence d'âge lui faisait certes comprendre les mots rapportés de la vieille dame, tant il la ressentait lui-même quand bien même l'écart fut moindre. Il était en somme assez d'accord: on ne sait aimer un modèle que de manière viciée. Scarf l'avait déjà compris: on ne peut pas bâtir une relation saine avec une idole. On veut la dévorer et s'asseoir sur son trône vacant, ou on aime avec perversité se complaire dans leur ombre, à être moins qu'elles, comme si reconnaître le supérieur était déjà un acte de bravoure. Le libraire était certain d'avoir mieux analysé le phénomène de l'amour, au moins de manière plus juste, parce qu'il n'avait su le voir que de l'extérieur sans en vivre les influences sur l'esprit. L'amour ne peut se faire sain que si l'on voit l'autre comme une somme de qualité et de défauts, sans mépris démesuré ni fascination excessive, tout en se reconnaissant soi-même comme une somme identique et de valeur égale. Le reste n'est que folie ou manipulation. Nécessairement, cela impliquait qu'il fallait avant de chercher l'autre, se trouver soi-même et sans que le miroir ne soit déformant. Là encore, il fallait fournir un effort: s'apprécier à sa juste valeur. Les humains ont tendance au naturel à se trouver trop inférieurs à des stéréotypes monocapables qui excellent dans leur aspect spécifique, et se révèlent non viable pour le reste. C'était seulement naturel et instinctif, aussi il fallait s'en détacher. La clé est donc de savoir jauger avec justesse ses talents, et reconnaître les abimes sombres de nos âmes. Ces gouffres sans fonds: nos défauts.

Le meurtrier s'en rappelle, de ce puit spirituel. Il l'avait contemplé, maintes et maintes fois, et l'abysse l'avait toujours interpelé avec une voix familière. La sienne. Sa voix interne, qui lui martelait des injonctions terribles. "Psychopathe! Meurtrier! Tu tue sans remords!". Alors Tavish s'était haï lui-même, mais un autre jour, la voix vint d'en haut. "Héros! Tu as défendu un faible par altruisme, sois donc fier et n'attends pas de louanges sinon les miennes!". Ce jour-là, il l'avait compris: la voix interne est un outil de connaissance de soi d'une honnêteté infinie, mais dont il fallait prendre en compte toutes les paroles pour compléter une histoire. Le problème de ces jeunesses-là, c'est qu'elle n'écoutaient cette voix que pour la ressentir dans l'instant, et ne pouvaient donc pas connaître leurs valeurs réelles. Comment pouvaient-ils seulement espérer l'amour alors?

Sa réponse se faisait toujours aussi enrobée de paternalisme indigeste, mais celle-là était de loin la plus bienveillante jusqu'alors. On s'était ouvert à lui, on lui avait apporté un savoir nouveau, et par cette fissure il espérait rendre sa sagesse.

"Avant d'attendre l'amour des autres, ne devrais-tu pas apprendre à t'aimer toi-même? Sans artifice, sans petites retouches: nue devant ton esprit, et sur la durée entière de ta vie. Quand tu sauras ta valeur, tu pourras la marchander auprès des autres âmes seules. J'ai beau être vieux et inexpérimenté, il est des choses que je sais qui ne sont que bon sens, et qu'il est folie de renier: Personne ne te respectera, ni toi ni ta volonté, tant que tu n'auras fait le point avec toi-même de ce que tu es. Deviens ce que tu es, comme disait l'autre... À partir de là, on t'aimera peut-être de manière noble."

Ah, que de conseils qu'il dispensait. Si seulement c'eut été aussi simple, il ne serait peut-être pas seul le soir.

"Et avant qu'il ne te vienne quelque moquerie, je la désarme. Je n'ai pas su me vendre. Je connais ma valeur, sait évaluer celle des autres. Il me manquait la volonté de m'approcher de ces petites âmes libres. Ce problème-là ne sera pas tien, il me semble."
Mon trente-huitième texte sur ce fofo :
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La rousse de l'infortune [X/11/2020], ft Bloody Mary [terminé]
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