Le mont se dresse, puis la terre pleure. Silverfish

Le soleil ne se lève qu'après l'humain, partira se coucher avant. Silverfish attend sa lueur patiemment, et travaille. Le forgeron ne sait reconnaître de beauté que dans le labeur, la diligence, l'efficace, aimer le reste est le privilège des êtres plats. Lui ne connaît pas la monotonie, se tient aussi haut que les embûches placées avec malice par le destin, s'élance et les dégage en une gifle de marteau, criant dans le vide pour célébrer son triomphe. Il n'en veut jamais au destin, ne sait que le subir, mais est trop pieux pour être abattu.

Sa vie est un pèlerinage, un long chemin silencieux, et il fustige les bienveillants qui lui tendent la soupe. Ceux-là ne marchent pas, ils s'assoient et dans leur immobilité, pourrissent. Ils veulent le nourrir de faiblesse, le voir dormir. Mais il lui reste si peu à parcourir, les roches de sang dormiront quand la volonté s'éteindra.

Tant que ses bras ne l'abandonnent pas, il marchera. Il avance, produit et construit. Son âme est un fourneau, on y brûle des volontés faibles et infécondes, on en tire une énergie brillantissime. Quand le potentiel est assez grand, le marteau s'abat, tabasse le fer, le torture et lui fait vomir des cris. La montagne est forte, grande, noble, plonge des mains avides dans les entrailles de la terre pour en tirer milles métaux, arrache des tripes sanguinolentes, croque l'or comme pour s'assurer que métaux ne peuvent pas mentir sur eux-mêmes, et retourne à ses affaires quand satisfaite.

Le mont argenté est aussi danger: froid, inhospitalier en apparence. Il n'est pas jardin, ne donne rien et ne tend la main que pour prendre. Le colosse abuse de ses techniques, se rend indispensable en gardant jalousement pour lui les secrets du travail des métaux. Jamais son foyer ne sera ouvert aux visiteurs, et seuls les clients sauront peut-être trouver le courage d'en pousser les lourdes portes scellées. À l'abri des lumières pures, dans la chaleur et dans un brouillard de sueur ou d'effort, se produisent cependant des miracles. Un atelier incomplet, des outils inadaptés, des moyens limités, rien ne prévient l'accomplissement glorieux des plans de Vulcain. Tout est dévoré par le cratère fumant: des matériaux de récupération, des vestiges de vies perdues, des ustensiles volés. Mais si le volcan ne donne jamais, il rend. Ah, les effusions de nectar brillant! Il coule la tôle forte, des cadenas lourds, des grillages dont aucune cisaille ne viendrait à bout, des outils dont il promettait que la longévité dépasserait la sienne, chacun peut venir boire au pied du pic sans jamais en voir la crête.

Puis, avant et par dessus tout, il est un géant dont seul l'égo peut égaler la taille de son ombre, alors que le crépuscule illumine d'une lueur mourante son corps vicié. Il abhorre la paresse, et se montre trop prompt à la reconnaître chez les autres. Lui refuse de vivre dans le confort, et ne se reposera pas avant d'avoir satisfait toutes les requêtes dont il est accablé. Alors il se pense grandiose. Il pense mériter des pétales derrière chacun de ses pas, des courbures respectueuses quand il lève une main en signe de salut. Cela s'exprime très notablement dans son rapport à l'altérité. Presque toujours hautain, expéditif, il ne se montrera que très rarement agréable, et jamais s'il est au cœur de plusieurs semaines continues de labeur. Son infaillibilité et sa diligence n'étant jamais félicitée, le monstre fier se sent insulté en toute heure tant il croit mériter des éloges.

Sa résilience met souvent sa vie même en danger, et sa peau torturée le rend bien plus vulnérable qu'il n'y paraîtrait à en voir sa stature digne. Logiquement, son pèlerinage permanent le mène trop souvent à l'hôpital pour qu'on le croie sain d'esprit. Rien d'autre que l'expertise de deux médecins ou plus ne saurait le convaincre de fermer les valves et se déconnecter de ses tâches, prendre le temps de respirer sous le regard bienveillant de la lune.

Il refuse purement et simplement de créer quelconque outil qui ressemblerait par trop à une arme, les circonstances étant plus qu'inadaptées. Il prendra cependant un plaisir sincère à restaurer des objets déjà existants, puisqu'il considérera ne pas porter intégralement la responsabilité morale de leur utilisation. Un individu malintentionné pourrait cependant tirer de lui une hache solide et fiable, s'il se montre assez manipulateur et flatteur.

N'étant pas cliniquement et à proprement parler dément, il montre cependant quelques symptômes du complexe de dieu purement propres à sa personnalité. Parmi ceux-là, sa tendance à toujours trouver le moyen de blâmer les autres où des facteurs imprévisibles pour justifier ses échecs est le plus remarquable.

Ayant une forte constitution et même une certaine masse graisseuse, il est plus que disposé à donner une certaine valeur aux rapports de force physiques. En conséquence, il ne cherche pas tant la bagarre, mais activement la légitime défense.

Peu importe combien il aime le travail et la souffrance auto-infligée, le septième jour est toujours sacré pour et par dessus tout ce qui peut exister. Jamais il ne travaille avant midi ce jour-là, et cherchera toujours un lieu calme et reclus pour prier en silence. C'est tout ce dont il a besoin pour se sentir exister.

Bien ancré à la terre et au matériel, il a cependant eu le temps de trouver un peu de spiritualité dans les écrits saints. L'ancien testament, sa fontaine brillante de sagesse, il y boit goulûment et sans gourmandise, avidement mais par vertu. Le nouveau cependant, lui montrait bien trop de pardon et de joyeusetés pour qu'il puisse y voir un message divin digne d'un être supérieur. À Jésus, il préférera Samson.

Des petits vents discrets descendent les vallées, apportent des nouvelles étranges, intriguent les bons entendeurs. Dans leurs murmures, on entend des histoires de complots, d'ambitions funèbres. Ah, les petites voix serrées racontent alors que le titan des monts tente d'assembler un cercle de "bons croyants", se prépare à faire des vestiges de l'église une cathédrale illustrissime, peut-être même d'imposer une théocratie, pour le bien de tous. Mais la montagne n'aime pas ces vents, ils sont froids, paraît-il. Oh, faites qu'elle n'attrape pas le jeune Zéphyr insolent, pour lui couper le souffle...

1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ?
Il habitait Arcadia Bay, le calme de la région est reposant pour une âme ébouillantée et pressée. Ses ancêtres ayant fui une Allemagne se montrant trop populiste il y a de ça 90 ans, il en garde un patronyme historique qu'il a toujours voulu honorer.

2Tu faisais quoi avant la tempête ?
La montagne est stable, ses activités également. Elle crachait des merveilles métalliques, et le fera encore. La tempête a cependant gravement atteint ses moyens et son intégrité, aussi les miracles se font plus rares.

3Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ?
Trop de vitalité fut perdue pour que le deuil ne puisse devenir qu'une page de son épopée. C'est aujourd'hui une cicatrice qui lui reste, une plaie béante, qu'aucun ne sera fermer. L'homme n'a plus de visage humain, sinon des restes calcinés, et un œil qu'une main terrifiée aura su sauver dans le cœur du désespoir. Le reste a moins été frappé par le courroux des éléments, mais nécessite d'être bandé et soigné.

4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ?
Ah, mais n'est-ce pas déjà compris? Mais soit: le noble forgeron refroidissait quelque fragment d'acier, l'admirait avec l'amour du créateur pour ses enfants, mais le malheur ne frappaient ce jour-là pas que les faibles. Des secousses, du chaos et de l'incompréhension, trop peu de stabilité en somme pour voir tenir debout quelque objet, ni lui, ni le bain d'huile. Il ne doit sa survie qu'à la puissance de ses cris, quelque âme charitable y avait entendu une douleur sincère. Le démiurge ne crie plus, ne pleure plus, il attend et saigne dans sa carapace.  

5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? [X] OUI   [  ] NON

6Pourquoi et comment as-tu rejoint les Greens ?
Si la productivité est le seul langage qu'il comprend, le cadre approprié est donc préféré. La discipline, la rigueur, l'ordre, comment pouvait-il vivre ailleurs? Mais le titan n'est pas que chair, son âme respecte le sol foulé par sa quête.

7De quelles activités es-tu en charge ?
Du fer, de l'acier, du laiton, tout ce qui reconstruit, et durablement, est de valeur. Son cratère fumant avale ces petites choses, ces fragments de terre, et leur donne une forme supérieure. Là est la beauté de la vie: toute forme définit la fonction, et ses mains, puissantes, savent refaçonner.

8Comment se passe ton intégration au sein du groupe ?
Le masqué ne peut que savoir tolérer les siens, mais il se surprend à apprécier leur compagnie également. Ceux-là doivent cependant faire l'effort de dépasser la barrière de son caractère pour espérer atteindre l'essence de son être.

9Que penses-tu des autres groupes qui s'organisent ?
Le chaos, l'indiscipline, les seules valeurs de ceux qui ne sont rien. S'il ne savent pas s'élever en des chaînes glorieuses, ils aplatissent le relief. Ceux-là sont des ennemis, mais il n'est pas exclu de marchander avec leurs esprits inféconds. Le prix cependant, ne sera pas juste , car la montagne ne connaît aucune justice sinon celle de la matière.


Il marche, la terre tremble sous ses pas, la vie se fige puis se terre. Les vers se tordent de crainte, les herbes s'aplatissent de terreur, mais lui les aime. Comme tous les grands, il se fait trop bon pour mépriser les petits. Ses compères, cependant, là est un autre sujet.

Il avait été invité à un entretien, mais déjà sa fierté lui donnait une idée différente des faits. Ce n'était pas tant lui que l'on jugeait à ses yeux, mais bien lui qui jugeait ces petites choses grouillantes. Un titan qui savait reconnaître la beauté des hommes arpentait alors leurs jardins, s'inspirait de leur ferveur. Naturellement, l'heure était propice à l'effort pour beaucoup, et peut-être ces nobles fourmis n'étaient pas tant ouvrières alors que le crépuscule léchait le ciel, mais cette vision savait déjà contenter notre pèlerin. Il sentait des regards l'épier, mais jamais de front. C'était là le talent des petites gens: se faire discrètes, observer sans être vues, mais elles aussi il les aimait; quand ce qui est petit regarde d'en bas, l'admiration ressentie sera un moteur d'excellence. Il en est désormais convaincu: ce lieu a certes plus besoin de lui que lui n'a besoin de ces milles mains, mais il est fertile. Un terreau magnifique, verdoyant et saint. Ce jardin-là, il pouvait y faire pousser l'Éden.

Alors il se retrouvait face à une personne au visage amical. Trop, c'était embarrassant. Viktor n'a pas même besoin de prétendre sourire. Il ne veut pas rendre de comptes aux faibles, et peut de toute manière prétendre que sa défiguration l'en empêche s'il est trop questionné.

Il ne s'assoit pas sur la chaise devant lui. Il est montagne, il est géant. Mais plus que tout, il est certain d'avoir trouvé ici de quoi nourrir son épopée, et resserre déjà ses gants de cuir. Oh, il y a bien du travail à faire.  

Je suis Scarf le gentil :D.