(end) (tw) purge fatale (⁂) cursed & sweetie

D’un coup de frein sec, le chauffeur évite l’inéluctable. Si quelques gravats ont pu être expulsés hors de la route avec ce dérapage qui n’est absolument pas calculé, il n’a heureusement pas éjecté le corps le plus lourd et l’a vu à temps. Sortant de sa voiture en quatrième vitesse — mais peut-être pas autant que celle précédemment affichée sur le compteur — le coupable se rue vers la personne qu’il a manqué inconsciemment d’accidenter. Les excuses se ruent, elles aussi. S’il n’a pas claqué la portière, ses excuses, si.
En dépit de cette attitude effarée et inquiète pour la victime, les justifications n’y feront rien et n’amèneront à aucune rédemption, puisque c’était tout bonnement irresponsable de sa part de rouler à une allure pareille. Déjà pour son propre bien, puis pour celui des autres.

Mais ce n’est pas comme s’il cherchait, désormais, à se préserver. Et certainement pas plus les autres puisqu’il s’en fiche réellement, son destin pour lui, est condamné désormais. Tout le monde se fiche bien de lui alors pourquoi penser ses excuses ?
Alors, non, il n’a pas tant de disculpations pour justifier une attitude aussi dangereuse. Ce comportement n’est là que pour se justifier à lui-même sa présence chez eux, les pirates, mais aussi se rassurer de son autorité. Car oui, qu’importe les prétextes, la vérité c’est qu’il pense en avoir bien le droit. Si on le défend d’agir ainsi, il s’en donnera insolemment le droit.
Ce type n’avait, en vérité, rien à faire là. C’est une zone d’un seul droit.

Qu’est-ce qu’il fait là, lui ?
Sa tête lui dit bien quelque chose, quand Sweetie tente de le redresser après l’élan de la future collision. Sa tête de chauve ne lui rappelle même que trop bien d’ennuyeux souvenirs.
La main prêtée pour soulever l’autre se rétracte lentement. Parce qu’avec Cursed, exercer son droit n’est définitivement pas possible. Avec lui, c’est juste la loi du plus fort.

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »

Cursed était sur les nerfs. Depuis qu'il s'était fait reprendre par Phaner en personne, comme un adolescent pris en train de fumer du cannabis, il ne supportait pas les interactions sociales. Il avait laissé Jupiter repartir comme si de rien n'était, plutôt que l'adolescente le voit exploser sous la colère. Parce qu'elle était là, toujours, malgré le calme dont il essayait de se vêtir. C'était comme une bombe ; il en percevait le tic-tac insupportable, accompagné des sons fantômes. Il en respirait l'odeur, et il la ressentait dans sa poitrine. Alors Cursed évitait de rester trop longtemps auprès des enfants, lui qui habituellement allait leur raconter des histoires. L'ancien militaire devenait fou, tout doucement.

Quand Cursed fermait les yeux, il revoyait la figure de Phaner, et il sentait ses nerfs se glacer. Il aurait dû lui envoyer son poing dans la gueule, il en était persuadé. Et qu'importe qu'on tente de le persuader qu'il avait mal agit, et qu'Arthur voulait améliorer les relations entre les Chevaliers et les Green. Qu'importe Silverfish, et les balles qu'il lui fournissait. Pour lui, les Green n'avaient pas à mettre un pied sur son territoire. Et c'était machinalement qu'il se dirigeait vers les Pirates. Depuis qu'ils étaient venus à Blackwood, l'an dernier, c'était le bordel. Alors Shaun avait trouvé un parfait responsable, et dans sa tête, il imaginait mille plans pour tous les éradiquer.

Cursed marchait d'un pas silencieux, son arme était cachée sous le pan de sa veste. Ses rangers étaient pleins de poussière, et il avait droit à la repousse claire - insupportable - de ses cheveux sur le sommet de son crâne. L'on aurait dit que l'univers entier voulait le faire craquer. Alors très bien ! Il n'avait que trois balles dans son beretta 92, mais il ne craignait pas d'affronter les pirates seul. Après tout, il était un ancien ranger, un membre des forces spéciales, et il valait dix militaires lambdas. Des fumiers bourrés la plupart du temps ? Ce n'était que du menu fretin.

Ses pensées se logeaient férocement, le plan était déjà établi : aujourd'hui, Shaun arracherait la tête de Bones.

Et ce fut là qu'un son plus insupportable que les autres perça le cours de ses réflexions. Un moteur, puis les roues crissant sur le sol. Cursed se retourna à temps, il esquiva de justesse la voiture. Son coeur se fracassa contre sa poitrine, et le coup d'adrénaline n'arrangea pas le mouvement d'humeur. Aussitôt, il tapa de toutes ses forces dans le capot de la voiture en beuglant :

« MAIS T'ES UN PUTAIN DE DÉBILE ! »

Puis un coup de pied dans le phare — c'était gratuit. La tête rentrée dans les épaules, Cursed renifla en se dirigeant vers le côté conducteur. Il était prêt à lui faire la morale, quand il le reconnu aussitôt. Cursed sentit une décharge de rage pure bouleverser tout son être. Un véritable électrochoc déclenchant l'orage dans sa voix :

« Aah... mais ça faisait longtemps ma mignonne, Cursed sourit, je t'ai manqué ? Alors cette fois-ci aussi tu vas te dégonfler ? »

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Inéluctablement, ça se déroule comme il l’aurait prédit, avec ce type. Et comme il prédit depuis déjà quelques mois, ça ne se déroule jamais comme lui l’entend. Les espoirs plus ruinés encore que le phare qu’on détruit sans crier gare, Sweetie assiste bêtement à toute la colère qu’on souhaite lui desservir.

Pas maintenant. Il en a assez de réparer ce qui ne va pas chez les autres. C’est bien leur problème. Ce type est beaucoup trop dérangé pour qu’il s’en occupe.
Oubliant toute la culpabilité qui aurait pu lui être relayé, c’est effectivement diamétralement différent avec ce gars-là. Cursed n’est qu’une boule de colère qui cherche les altercations pour régler ses problèmes. Non, Sweetie n’a pas le temps de jouer avec lui. C’est à peine s’il le considère, pour autant oublier l’incident dont il était responsable mais surtout, pour lever un sourcil d’étonnement.

Qu’est-ce que j’ai à fuir, exactement ?

Ce n’est certainement pas comme s’il l’impressionnait, pour qu’il se mette à regarder ailleurs, plutôt que son interlocuteur. Il n’a pas peur d’un coup. Il l’évitera, qu’il se dit.
Plus nonchalant qu’à l’habitude, Lukas se rassied simplement au côté chauffeur, ne souhaitant pas plus s’attarder ici. Puis, il enclenche le moteur, de sorte à ne pas entendre ce qu’on pourrait lui dire. Il ne prend certainement pas en compte les signes qui indiquent que l’autre souhaite se battre. Il les ignore comme il l’ignore, lui. Seules les paroles de l’espion comptent.

Désolé, j’ai pas envie de sortir ou même me battre avec une ordure dans ton genre. Regarde, il y en a plein d’autres, de tes copains, les déchets, ici. Bonne journée.

Ça va au-delà de l’ignorance pour qu’il se mette ensuite à le dévisager au travers de ses lunettes de soleil qu’il rabaisse afin de lui offrir enfin le bleu de ses yeux. C’est la seule attention qu’il donne avant de vouloir boucler sa ceinture pour, effectivement, comme l’a prédit l’autre, se dégonfler.

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »

Oh. Cursed n'allait pas le louper.
Il ne s'inquiétait jamais, lorsqu'il était face à un adversaire plus grand que lui, loin de là. Il était certain de ses capacités, après tout l'armée l'avait dressé pour réagir face à toutes les situations possibles. Hésiter, c'était perdre. La différence entre Sweetie et Cursed, c'était que si Cursed décidait de se battre, ce serait pour faire mal. Éliminer.

Son sourire ne disparaissait pas de ses lèvres minces, au contraire ; les joues creusées, les cernes apparents, donnaient au soldat Shaun Bailey des allures de squelette. Si bien qu'il redressait la tête vers le pirate, les pieds bien ancrés au sol. Il n'avait pas l'intention de bouger, et surtout : il ne le laisserait pas le fuir. Voilà pourquoi Cursed interpréta l'action de Sweetie comme une preuve supplémentaire de sa lâcheté, il ne comprit pas la remarque, mais le voir retourner à sa voiture lui indiquait qu'il avait raison. L'autre le craignait.

Alors Cursed refusa de lui donner une seconde de plus, et il bondit devant la voiture. Il claqua ses grandes paumes cornées et tatouées sur le capot. Il cherchait sciemment la confrontation, il avait besoin de se défouler. Sweetie et sa chance légendaire, lorsqu'il ne devait pas s'occuper de pirates libidineux et de drama queens, se retrouvaient face au chevalier le moins avenant de la ville.

« C'est marrant comment une princesse dans ton genre méprise les siens. »

Vibra-t-il d'une voix suffisamment forte pour être entendu. L'odeur du sable et du sang bouchait ses narines, l'Afghanistan était un fantôme qui le hanterait toujours. Puis, Cursed sauta souplement sur le capot. Son poids fit grincer le métal, et accroupi, il se maintenait dans une position précaire. En vérité, il ne craignait jamais d'être blessé, et le coup d'adrénaline que ses retrouvailles avec Sweetie venaient de provoquer alimentait encore et toujours la colère qu'il muselait depuis des jours.

« Roule pour voir, mais moi, je vais pas bouger. »

Les mains à plat, il se voyait déjà fracasser la vitre du véhicule avec les points. Encore, encore, jusqu'à ce que ses phalanges saignent et que les éclats se logent dans sa chair. Cursed redevenait le connard qu'il avait été adolescent.

« Allez ma jolie, montre-moi que t'en as dans le froc. Tes muscles, c'est que de la gonflette. »
Cursed émit un sifflement, digne d'un serpent, en fixant Sweetie à travers la vitre. Il ne le supportait pas. Il avait décidé qu'il ne l'aimait pas, simplement parce qu'il était un pirate. Alors il lui trouvait tous les défauts du monde.

« Sors de ta caisse, prouve que t'as des couilles. »

Ajouta Cursed en tapotant la vitre.

Cursed s'en fichait, il n'y avait pas d'enfants chevalier à l'horizon pour voir son véritable visage. Ni même Arthur, Mum ou Almace. Il pouvait redevenir le chien de l'armée qu'il n'avait jamais cessé d'être, au fond ; Cursed était un berger allemand, et cette fois-ci, on avait lâché la laisse sans les ordres. Autant mordre.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Pas une seconde, cette attitude devrait l’étonner mais il se surprend à sursauter lorsque on s’écrase lourdement contre le métal de la carrosserie. Partant de cet ahurissement, ses prunelles ne peuvent que se redresser vers les autres, rencontrant un regard combattif qu’il n’ose pas dévier. Il n’a pas peur et il essaye d’en convaincre l’autre, même si ce n’est certainement pas ça qui le fera fuir.

Je t’ai dit que je l’ai pas fait exprès. Je vais pas volontairement t’accidenter. Qu’est-ce que tu peux être con.

Se massant les tempes devant autant de persistance, il s’avère être tout aussi têtu pour ne pas obéir à des ordres que de toute façon, aucune autorité n’a prononcé. Cursed ne représente rien pour lui donc il n’a strictement rien à lui prouver et le répéter, ça ne l’amuse pas, à tel point qu’il roule des yeux.

Sweetie ne veut pas provoquer la bagarre, ce pourquoi il reste ainsi, bras croisés, dans son siège, à regarder la stupidité rire fièrement mais surtout ridiculement au pare-brise. Juste un moucheron qu’il n’aurait qu’à essuyer avec les essuie-glaces. Il échange ce sourire mais pas d’une bonne manière, pensant être plus malin que ce vaurien. Pourquoi son sens de la violence ne l’a pas envoyé chez les pirates, parmi les « siens » ?
Ce pauvre crétin n’a effectivement pas si tort : il méprise bien du monde et lui en fait partie pour qu’il continue à se montrer aussi arrogant. S’il ne veut rien engendrer, il est pourtant sacrément provoquant, ainsi passif.

Je ne sortirai pas. C’est toi qui devrais venir, pour que je t’emmène à l’hôpital. T’as disjoncté.

Nargueur, le brun ne donne pas les réponses qu’on attend et se montre étrangement mais surtout faussement doux, comme pour répondre de manière hypocrite au surnom qu’on lui a donné. Mais encore une fois, il n’en a rien faire, de si Cursed est blessé. Surtout que cet abruti lui a défoncé à deux reprises son bolide donc pourquoi devrait-il s’enquérir de sa santé ? Après tout, c’est depuis un moment, qu’on aurait dû s’en inquiéter, de la santé d’un débile pareil. Ce n’est pas l’accident qui lui a retourné le cerveau. Il devrait déjà être à l’hôpital depuis une paire d’années et y rester.

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »

HRP : TW, insultes homophobes ::):

Oh.
Il y avait des sujets sensibles chez Cursed. L'un d'entre eux, c'était la psychophobie. Lorsqu'on lui disait qu'il était « fou », ou « malade », qu'il devait « aller se faire soigner », ça lui rappelait toutes les fois sa petite amie lui demandait s'il avait pris ses médicaments. Toutes les fois où les antis-dépresseurs et les anxiolytiques avaient muselé ses émotions, fait de lui un légume juste bon à hocher doucement la tête. Ça lui rappela la crise de rage, et les phalanges s'écrasant contre la bagnole, quand on lui avait dit que ce n'était pas la peine de revenir voir si on avait retrouvé son cadavre. Ça serrait son estomac, ça lui retournait le coeur, et ça faisait battre l'animal en lui. Alors qu'il entendait Sweetie proférer ça, Cursed roula des épaules.
Fils de pute de pirate.

Pensa-t-il, sans le dire. Son regard était suffisant pour témoigner du dégoût qu'il ressentait face au beau gosse discount. Plus que tout, Cursed se voyait lui déformer sa sale petite gueule de premier de la classe. Ça se voyait que ce type-là, il n'était pas né dans un tas d'ordures. Il n'avait jamais connu un centième de ce que lui avait subit — la violence, les abus, la guerre. Cursed passa sa langue sur ses dents, la tête penchée sur le côté. Il se caressa le bout du nez avec l'index, avant de faire rouler sa tête et de répliquer d'un majeur dressé. Il cracha ensuite sur sa vitre.
Comme il aurait aimé lui cracher sur la gueule, directement.
Dieu qu'il avait besoin de se défouler.

Frapper.
Saigner.
Blesser.

Dieu qu'il en avait marre d'être le gentil chien de garde des chevaliers. Il n'en pouvait plus de la situation, et il se rendait compte qu'aucun d'entre eux ne pourrait comprendre ce qu'il traversait. Il savait, Shaun, qu'il n'y avait rien de normal à son comportement.

Il en avait parfaitement conscience.
Il savait qu'il se foutrait en l'air, si Arthur le virait des chevaliers.
Peut-être que c'était ce qu'il voulait au fond.
Le doigt qui appuie sur la gâchette, devant Mum.
Putain, pourquoi s'était-il raté - encore.

Alors Cursed se laissa glisser sur le côté, il répondit à la provocation de Sweetie et il tenta de forcer sa portière en ignorant si oui ou non, l'autre avait eu la présence d'esprit de mettre la sécurité. Et dans tous les cas, il s'en foutait ; il pourrait toujours la faire sauter avec son beretta 92.

« Sors de ton trou, la tapette. »

Grogna-t-il de sa voix rauque, la main posée sur la vitre. Est-ce que Sweetie allait appuyer sur l'accélérateur ? Ou bien, est-ce qu'il allait le confronter ? Ça le ferait chier, Cursed que le pirate prenne la fuite. Il n'avait pas envie de ça. Lui, il avait envie de se battre.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

L’attitude est devenue même plus laide que le discours mais il s’en doutait, qu’au bout d’un moment, il ne pourrait plus reculer. Même, Sweetie devrait foncer, comme l’autre le lui réclamait presque. Lorsque le crachat atterrit sur son pare-brise, c’est presque comme s’il hésite à enclencher moteur et accélérateur en même temps. Mais contrairement à l’autre homme, il mange la colère avant qu’elle ne l’engloutisse, l’éructant en un joli sourire. Car oui, Lukas est une personne bien plus élégante.

Il est capable d’agir avec bienséance malgré la violence puisque pourvu d’autant d’élégance. Resté ici n’arrangera rien mais répondre aux coups qu’on veut faire pleuvoir non plus alors il doit y mettre un terme. Ce n’est pas son mince sourire qu’il décroche mais les sécurités, à savoir sa ceinture et le verrou de la portière, qu’il finit par claquer derrière lui.

Je n’ai pas de quoi faire un constat. Qu’est-ce que tu veux alors ?

En dépit d’un faciès aussi angélique, toutes les parties savent à quel point le grand brun se fiche complètement de lui, les bras ainsi croisés et adossé contre la portière, à en dévisager de bas en haut Cursed. La dégaine bien nonchalante, ça ne lui évitera pas un coup alors le garçon plein d’humour finit par gagner l’autre côté du véhicule, au niveau de la porte côté passager.

Tu n’es pas le flic ou le justicier d’Arcadia Bay. Si tu crois que tes insultes, ta morve ou même te battre y changera quelque chose, tu te fourres le doigt dans l’œil.

Détaillant encore l’autre homme en proie à l’ire, maintenant à son opposé, il le chambre encore. Cursed n’a pas les clés de la victoire. Il ne détient pas la voiture. Et qu’importe les coups, l’espion pourrait encore rouler avec. Et qu’importe si Sweetie ne peut regagner la place du conducteur, l’environnement lui est favorable. S’il ne peut fuir dans son bolide, il peut très bien le faire autrement.

Dis voir, Cursed, tu t’ennuies pour être aussi méchant ? Tu veux qu’on joue ensemble, comme tu le fais avec les chevaliers, c’est ça ? Alors, dis-moi, si on jouait au gendarme et au voleur, tu serais content ?

Sans se départir de son rire cristallin, celui qui se prend pour un enfant chevalier finit par projeter ses ricanements en arrière et prendre la fuite, laissant Cursed seul avec la voiture. De toute façon, ce n’est pas ça qui l’intéresse et le prévisible fuyard sait pertinemment qu’il vient d’engager une course-poursuite. Au moins, sa dérobade s’est faite avec une si belle transition qu’elle reste aussi élégante qu’un fin voleur s’échappant d’une bijouterie.

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »

Cursed avait suivi le petit numéro de Sweetie, à la fois curieux et amusé.

Puis, quand le pirate décida de prendre la fuite, l'ancien militaire eut un rire sec. Il se coinça dans sa gorge, il roula des yeux, avant de sortir de la voiture à sa suite. Il le regarda s'éloigner avant de finalement se contenter de sortir son arme.

Cursed ignorait que Sweetie était un espion des Green, cela ne lui venait même pas en tête. Et Sweetie ignorait probablement que c'était l'un des siens, qui lui fournissait des armes. Du moins, les balles dont il chargeait son beretta 92. Il fit craquer sa nuque.

D'un geste, Shaun défit le cran de sécurité, et il visa la silhouette élancée de Sweetie à travers les ruines. Il plissa les yeux, puis il tira un premier coup. Le bruit de détonation crissa dans ses oreilles, le son partait après le coup, alors il tira une seconde fois pour être sûr. Ses tympans se bouchèrent, quelques secondes, le son perdura dans son crâne et il ne resta que ça. Il ne l'avait pas touché, seulement raté, ou bien avait-il choisi de rouler des mécaniques et ne pas le toucher — lui prouver que c'était sa vie qu'il avait entre ses mains. L'odeur de la poudre resta dans son nez, elle camoufla les autres - sa sueur, celle du cuir de la voiture, le parfum de Sweetie. Alors il avança d'un pas calme jusqu'aux ruines, dans lesquelles il avait vu sa proie se faufiler.

Cursed gonfla la poitrine.

La chasse était ouverte, l'adrénaline lui donna des frissons dans tous les petits cheveux de son crâne chauve. Et il savoura, cette énergie retrouvée, cet amour du combat éteint.

Le sang sur ses mains.

Les enfants en train de hurler.

Son chef, dans l'oreillette ; ça grésille, et il lui ordonne de tous les achever.

Cursed était un surhomme, malgré sa taille et son poids. Le 75e régiment de Rangers se dressait au-dessus d'un humain ; il valait cinq militaires à lui seul. On l'oubliait, mais l'entraînement qu'il avait reçu ne dépendait pas que de la forme physique. Cela n'était que dix pour cent, le reste se jouait à son mental. Et là, Sweetie lui avait donné son amour de jeunesse ; les champs de bataille, sa vie mise en danger quand on saute en parachute, le regard qu'on échange avec l'homme qu'on tue d'une balle dans la bouche.

Oui.

Parfois on s'amuse pour tuer quelqu'un.

Alors Cursed pénétra dans les ruines. Au moindre son, il tire ; il ne réfléchit pas vraiment, et il ne fait qu'obéir à ses instincts. Son coeur battait vite contre sa poitrine, mais d'un rythme régulier se répercutant dans ses tempes. Alors Cursed choisit de réellement jouer.

Il fait attention.
Son pas devient silencieux.
C'est celui d'un homme entraîné.
Il aurait pu, il le sait.
Se rendre dans la maison de Ben Laden, avec les siens.
Sans émettre un son.
Pas même celui de sa respiration.
Tuer sa femme et son fils.
Il le sait qu'il aurait pu.
Après tout...
Il l'avait déjà fait.
Rentrer chez les gens, sans un bruit.
Les abattre sans un cri.
Juste avec le sang qui s'étale au mur.

Et dans sa chasse, Shaun Bailey, éclaireur du 75e régiment de Rangers, il ne voit pas le ciel qui se couvre.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Respirer, déjà. Non, même ça, c'est une mauvaise idée. Parmi toutes les idées pour en réchapper, tout lui traverse. Seulement, faut-il encore s'en tenir à la plus probable de fonctionner. Contrairement à un jeu plus classique, il n'y a pas de seconde manche.

Le principe du jeu a bien été intégré, pas l'esprit de jeu. Ce n'est pas comme ça qu'il voyait les choses.
Bien que Cursed soit dangereux, jamais il n'aurait envisagé qu'il puisse détenir une arme, surtout chargée. Qu'il puisse détenir un revolver ne le surprend pas mais le commun des survivants ne possède pas de quoi en charger un. S'il le savait, bien entendu que Sweetie n'aurait pas autant cherché la provocation comme meilleur moyen de répondre mais directement la fuite. Peut-être même qu'il aurait été plus vigilant.

La panique accélère son cœur comme ses regrets, se dépliant, comme une banderole, en trop grand nombre. Les larges mains capables de maintenir son crâne sont en revanche incapables de calmer l'alerte. Ça recommence. Rage a déjà fait ça. Mais maintenant c'est contre lui et il sait que la réalité n'hésite pas à tirer. Cursed a même déjà tirer trop de fois. Inutilement ou alors de manière à crever les pneus pour éviter toute véloce fuite.

La meilleure des choses à faire est donc de s'enfuir mais plus calmement. Difficile lorsque tous les membres de l'espion tremblent. Il tient debout mais est peut-être juste capable de raser les murs. C'est de toute façon ce qu'il y a de mieux à faire pour ne pas alerter le chasseur.

Toutefois, Sweetie n'a aucune idée d'où est-ce qu'il se trouve. Hormis un flingue gardé dans la boîte à gants et qui ne tire qu'à blanc, il n'a rien d'autre pour attaquer ou même défendre. Il doit reprendre l'avantage.
Timidement, il emprunte un escalier faisant rouler plusieurs pierres, de manière à accéder jusqu'au tout de la bâtisse. De cette manière, il peut peut-être surplomber son assaillant et l'apercevoir avant lui. Pour l'instant, aucun signe. L'aurait-il assez fui ?

Ne reprenant pas pour autant son aise, le brun reste caché derrière un mur et ne fait que regarder depuis une meurtrière son prochain meurtre. Il doit fuir et ne pas rester ici.

Dans un puissant élan et bond, Sweetie finit par gagner un bâtiment à moins d'un mètre sur lequel il a réussi à se réceptionner. S'il saute de toit en toit, il peut lui échapper.

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »

Le coeur battait dans sa poitrine, il en ressentait les tressautements avec une certaine intensité. La gorge nouée dans l'attente, le soldat Shaun Bailey était à l'affût de tout — ou presque. Ses oreilles bourdonnaient, il ne lui était pas aisé de comprendre ce qu'il se passait, de dissocier ce que son cerveau croyait percevoir de la réalité. Alors dans le silence le plus total, il braquait son arme sur des ombres, des restes, des adversaires invisibles. Puis, il la rangeait en grognant, agacé. Au-dessus de lui, l'orage avançait ; il gagnait, centimètre par centimètre, le ciel. C'était une armée romaine à lui seul, et bientôt, il déchaînera son tonnerre. Cursed n'y portait pas attention, il était concentré sur son objectif.

Alors sa silhouette se déplaçait dans les ruines, ses yeux fouillaient le moindre recoin à la recherche de la silhouette élancée. Cursed continuait de se déplacer, rapide, il n'avait pas de difficulté à avancer dans les décombres. Ses chaussures étaient certes abîmées, sa veste pesait lourd sur ses épaules, mais il était calme. Il était souple, un lynx évoluant dans son environnement naturel, alors qu'il rentrait et sortait dans les ruines. Ses paumes pleines de cornes crissaient quand il grimpait. Il prenait son temps, conscient que cela en serait fini pour Sweetie lorsqu'il le retrouverait. Il vérifiait les traces de son passage, cherchait à interpréter si les cheveux accrochés à un bout de barbelés étaient les siens, ou des poils d'animaux. Ou encore si le sang sur le sol était frais, humain ou autre.

La chasse se poursuivait, le soldat Shaun Bailey se souvenait. De comment on rentre dans un village, malgré la surveillance, comment on repère les gens armés, les civils qui sont là et qu'il faudra froidement éliminer afin d'éviter d'alerter les autres. Les enfants en train de hurler dans les bras froids de leurs mères, les frères et les pères qui débarquent face à l'armée, désespérés. Ils oubliaient souvent, les Américains, ce pour quoi les chiens de guerre comme Cursed se battaient, tout ce qu'ils avaient sacrifié pour eux, toutes les vies abattues pour que les leurs soient encadrés par la paix. Sweetie était ingrat, à le traiter ainsi ; il ne savait pas ce que son confort d'autrefois avait coûté.
Shaun ne le connaissait pas assez pour savoir qu'il n'était pas d'ici. Et de toute façon, c'était du pareil au même ; l'occident rasait des populations entières, fournissait en arme leurs ennemis pour le profit. Puis avec ces mêmes armes, on prétextait exécuter des dictateurs.

Les gens dans le confort de leur vie, ils étaient égoïstes et inconscients. Incapable de remettre en cause leur mode de vie. Après tout, un enfant n'ayant rien connu ne peux pas concevoir le malheur. Quand on lui dit oui au moindre caprice, comment peut-il ressentir de la compassion pour autrui ? Cursed inspira, et il décida de changer son angle d'attaque. Il avait deux solutions pour débusquer sa proie : soit Sweetie était caché dans les ruines, soit il était ailleurs.

Un bruit l'alerta, et par réflexe, Shaun tira en sa direction. La balle rentra dans un mur, et il grinça des dents ; il venait de la gâcher pour rien.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

TW : idées suicidaires :

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »

Cursed entendit un son.
Loin, très loin, et il se retourna en braquant son arme sur le vide.
Silence.

Silence dans ce paysage délabré, les ruines semblaient murmurer sous son chemin, tandis qu'il cherchait encore sa proie. Il ne devait pas être bien loin, et Cursed savait que la petite avance qu'il lui avait donnée finissait par creuser l'écart. Tant pis. La chasse n'en devenait que plus amusante, alors il décida de se diriger vers la source de bruit. Sa silhouette trapue et musclée s'enfonçait dans les ombres des bâtiments, son pas silencieux était en harmonie avec ce rien, ce vide, emplissant tout l'espace.

Il y avait toujours ce silence, autrefois. Celui qui précède le vomi des balles, le bruit de la gâchette, et des crânes en train d'exploser. Une fois, Cursed avait ramassé l'éclat d'un os, et il l'avait gardé dans sa poche pendant des jours. Relique d'une victime innocente. Alors il avait fini par enterrer son tribut dans le désert, avant qu'on se doute qu'il trimballait avec lui des morceaux de crâne humain. Il en avait eu besoin, comme un rite de passage, afin de passer à autre chose. Il se rappelait encore du regard lancé, pas le temps de supplier.

Le coup part.

Cursed inspira, puis il continua de marcher en direction du bruit. Un autre suivit, ce fut celui des gravats qui chutent au sol. Mais lorsqu'il releva la tête, il ne vit pas Sweetie, juste le ciel sombre. Ah. Oui. La météoa abandonnait derrière ses pas la clarté de son ciel, et le voilà couvert maintenant. Cursed marcha encore, toujours. Il ne savait plus trop si Sweetie était dans le coin, alors il réfléchit. Vite. Son esprit élançait les plans, il échafaudait les situations. Si Sweetie était dans le coin, Cursed pouvait le piéger. S'il cherchait à fuir, soit il revenait à sa voiture, soit il allait en direction des pirates.
Cursed pouvait toujours faire des pièges aux différents points d'entrées et de sortie, mais cela lui prendrait trop de temps, et il n'avait pas forcément le matériel nécessaire. Il ne devait que se reposer sur son ouïe, mais l'hypervigilance traduisait des sons n'existant pas vraiment. Il soupira. Cursed se mordit la lèvre inférieure, puis il reprit son chemin. Il chercha les traces de passages de Sweetie, il nota les pas dans le sol - il écouta son instinct. Alors il rentra enfin dans le bâtiment, sans se doute qu'au dernier étage, sa proie avait hésité à se laisser tomber.

Ah ! Si seulement.

Cursed lui aurait prêté son arme pour en finir. La chute aurait été douloureuse à voir, et peut-être aurait-il agonisé avant de s'éteindre. Une balle, voire deux — pour sûr, toujours appuyer deux fois -, aurait fait l'affaire. Il le savait que trop bien, lui-même avait braqué son beretta 92 sur son crâne.
Mais il n'y avait pas eu de balles à ce moment-là.
Satanée tempête.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Du temps ou de chance, il n’a rien à disposition. Simplement en demandant, il pouvait obtenir ce qu’il désirait auparavant. Lukas regarde ses mains qui n’ont rien d’autre, maintenant, à lui offrir que les égratignures d’une énième chute et les cicatrices de toutes les précédentes. Il ne peut réussir à rien, sans rien. Et ce, depuis des mois, sans rien, il n’arrive à rien. Mais il fait comme si les défaites existaient encore moins que ses chances de survivre.
Aujourd’hui pourtant, il ne peut plus foncer dans le mur puisqu’il l’a atteint.

Désormais face au danger qu'il fuyait jusque-là, il ne peut donc absolument plus reculer maintenant qu'il a été chamboulé. Avant de rencontrer derechef l'arme qui le vise depuis le départ, sa maladresse lui a fait connaître un énième accident. Plus violent, plus bruyant mais pas aussi mortel ; tout ce qu'il ne souhaitait pas. D'escaliers en ruines, il descend puis s'accidente sur une marche fragile qui finit par céder et le livrer. Sa plainte est langoureuse. Bien sûr qu'il a de quoi avoir le dos amoché mais c'est surtout sa fuite qui s'en retrouve endolorie. Il ne peut juste pas fuir. Ces bâtiments sont un piège et le moindre coup résonne en écho dans le dédale de bâtiments.

Il les entend se rapprocher alors que ses pas sont bien ralentis. Il ne peut pas avancer comme il peut difficilement faire machine arrière. Regretter sert peut-être encore moins que fuir, ce pourquoi il en reste à son option de prédilection. Les escaliers n’étant plus praticables, il tente de se hisser d’un bond pour remonter. Même avec toute l’agilité qu’on lui connaît, la tentative est désespérée. Sweetie est déjà un homme à terre et continue encore de tomber, confirmant une bonne fois pour toutes à Cursed sa présence : L’étage du dessus. Se cacher ne servirait à rien, Sweetie n’est pas idiot.

Peut-être doit-il être encore plus visible que ça pour être imprévisible.
Les ressources lui manquent. Les efforts s’amenuisent. Il pourrait avoir une chance optimiste de s’en sortir physiquement face à l’autre mais pas armé. Mais il a déjà failli y passer alors lorsque l’arme pourrait se braquer contre lui ou tout autre attaque, il fonce dessus pour tenter de surprendre avant de s’écarter brutalement du champ du tireur pour esquiver. Mais c’est la seule chose dont Sweetie est capable puisqu’après avoir aperçu son exploit galvanisant et rempli d’adrénaline.
Mais il ne voit pas d’angle d’attaque et file. On connaît maintenant sa stratégie : Ne jamais attaquer.

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »

La chasse reprenait.

Et le soldat Shaun Bailey sentait des frissons courir le long de sa nuque. Il savait que Sweetie ne tiendrait pas aussi longtemps que lui, il avait l'impression que la panique gagnait peu à peu sa proie. Et c'était ce qu'il fallait ; un humain dans une situation de stresse ne prenait pas les bonnes décisions. Lui, c'était une habitude ; les moments anxiogènes, où l'on voit des amis tomber dans le sable pour ne jamais se relever. Lorsqu'on se retrouve avec des armes pointées sur sa tempe, et des voix hurlant partout sans qu'on ne comprenne tout. Il se souvenait encore, des entraînements, où il plongeait en plein hiver dans l'eau gelée pour tester sa férocité. Les types plus balaises que lui, aussi grands que larges, finissant par éclater en sanglots parce que c'était trop dur.

L'armée avait réveillé ce que Cursed avait de pire en lui. Et à cet instant, le pirate excitait les mauvais penchants du chasseur. Alors Sweetie l'avait vu esquiver, l'odeur de la poudre s'écrasait dans ses narines, tandis qu'il songeait qu'il ne la détestait pas. C'était quand son parfum se mélangeait à celui du sang et du sable que ça le rendait fou. Mais là, ils n'étaient pas dans le désert, et ce ne serait qu'une question de temps avant que le sang se pointe. Alors Cursed courut à la suite de Sweetie, l'arme encore dégainée. Il devait lui rester deux balles. Mais il n'avait pas envie de les gâcher, cette fois-ci ; il attendrait qu'il soit à merci pour l'exécuter, purement et simplement.

Cursed s'élança alors, sans s'essouffler, bien au contraire. Il gagnerait le concours d'endurance, alors il pistait Sweetie, comme un berger allemand flairant la piste des fuyards. Le bruit de ses pas grondait contre le sol, l'environnement n'était pas contre lui ; les obstacles ne l'arrêtaient pas. Il ne faisait même pas un mètre soixante-cinq, il n'avait pas à se soucier des poutres affaissées ni de la végétation. Pas besoin de baisser la tête, alors peu à peu, il rattrape Sweetie.
Deux mètres, tout au plus.

Shaun savait bien que s'il prenait la peine de tirer dessus, il perdrait quelques secondes à ajuster sa visée et à appuyer sur la gâchette. Et il restait deux balles. Que deux balles. Alors grossièrement, il rangea son arme, et gonfla les muscles. Souadain, il ressemblait davantage au loup qui s'apprête à bondir sur un lapin qu'à un homme. Derrière Sweetie il voyait le virage du couloir, l'étroitesse des ruines, et il ne savait pas encore où ça allait les mener.

Cul-de-sac.

Sweetie se retrouvait face à un mur, et Cursed savait que c'en était fini pour lui. Il n'attendit pas, il bondit sur le pirate et le fit tomber au sol. C'est là qu'il aurait dû l'entendre, ce grondement sourd, le roulement des pierres et du bois qui se plaint sous sa propre chute.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

TW : plus soft (mais quand même):

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »

Quand le plancher céda, Cursed en fut le premier surpris. Enfin, du coup qui lui arriva dans le ventre, et de la force avec laquelle le pirate s'était dégagé. Il roula sur le côté, et par réflexe, il cacha son visage entre ses bras en ramenant ses genoux contre sa poitrine. Le bruit explosa dans ses tympans, et bientôt, il ne resta dans sa tête qu'un son aigu et insupportable. La poussière fut renvoyée en raz-de-marée contre son visage, l'odeur de méprenait à celle du sable. Et l'espace d'un instant, Shaun crut qu'il était retourné au front ; ça avait le même effet — ou presque —, quand une mine n’explosait pas loin. Il manquait les cadavres, et les chaussures perdues. Le silence d'après était toujours angoissant.

Cursed se crispa, il se tapa le front contre le sol, avant d'être ramené à la réalité. Le silence fut coupé par le bruit des planches qui dégringolèrent, par le bois en train de geindre sous la puissance de la chute. Il se répéta qu'il devait se redresser, et agir. Se redresser et agir. La situation l'exigeait. Alors Cursed cligna des yeux, il se releva doucement ; la paume sur le sol d'abord, avant d'ériger sa carcasse. Enfin sur ses deux jambes, il constata les dégâts. Il avait de la poussière dans les yeux, ses mains et ses vêtements en étaient sales, ça pénétrait ses poumons alors il cacha son nez avec son t-shirt.

Doucement, sans un bruit, Cursed se rapprocha du bord. L'adrénaline lui faisait oublier la douleur au ventre, et c'était le soldat aux commandes. Il observa le corps en dessous, il se demanda s'il était mort. Une chute pareille, un coup dans la nuque, et ça pouvait être mortel. Non, il avait la sensation que Sweetie avait tout simplement abandonnée.

« PUTAIN ! »

Gronda Cursed, en essayant de respirer, et en cherchant une solution. Réfléchis.

Tu n'es pas au front.
Réfléchis.
Tu as merdé, Shaun.
Tu n'es pas au front.
Un civil est peut-être mort.
Et c'est de ta faute.
C'est un pirate.
Ils méritent tous de crever.
Arrête, la plupart sont paumés.
J'aurais dû être là au château.
J'aurais buté Bones.
Il est mort.
Tu as tué un civil.
Tu as oublié ? Pourquoi tu es partit en Afghanistan ?
Pourquoi tu t'es battu ?
Putain de merde.
Tu as tué un civil.

Cursed se rapprocha, méfiant ; il ne voulait pas tomber. Il estimait les dégâts, et il jugeait que se mettre en danger, c'était risquer deux vies plutôt qu'une. Mais il n'était pas du genre à abandonner froidement quelqu'un.

« TU FAIS CHIER CONNARD ! »

Cursed se frotta le visage, avec ses paumes pleines de poussière. Oui. Alors quand il se rendit compte qu'il venait de s'en mettre plein au visage, il balança une nouvelle volée d'insultes, et il tapa son pied au sol. Le plancher couina, il recula aussitôt. Il abandonna alors sa veste au sol, il devait trouver une solution

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

TW : idées suicidaires :

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »

Il ne bouge pas.
Cursed se passa la main sur le visage, il recula d'un pas. Il gonfla la poitrine, puis il décida qu'il devait vérifier par lui-même. Ses mains tremblaient, alors il essayait de prendre le dessous sur les insécurités qu'il ressentait. Il savait ce qu'il devait faire, et il devait fermer la porte à clef aux pensées noires. Elles l'envahissaient, des raz-de-marée de mots et d'idées — le suicide revenait, si Sweetie savait seulement ce qui lui était passé par la tête, Cursed avait même appuyé sur la gâchette —, et les secondes qui s'écoulent.

Il savait, Shaun que plus il attendrait, plus l'état de Sweetie se dégraderaient. Qu'est-ce qu'il avait fait ?
Et durant l'attaque des pirates, l'an dernier, tu aurais tiré, soldat ?
On sait tous que oui.
Ils savent tous de quoi tu es capable.

Tu le lui avais dit, non ? Attention, moi, j'suis un fou dans ma tête. Durant les moments de rage, avant de reprendre les médicaments. C'était comme endormir les émotions, s'enfoncer dans un brouillard réconfortant, mais sans être là réellement.

Cursed tapa contre le mur, il secoua la tête, puis il s'absenta. Il fouilla les ruines, en rapportant là où se trouvait la veste, tout ce qu'il avait sous la main. Le but était de descendre sans danger — ou moindre — pour récupérer Sweetie, vérifier qu'il respirait encore. Des planches, plus ou moins solides, pas de corde. Il n'avait aucun doute sur sa capacité à porter Sweetie — sur le front, il avait été entraîné à porter son propre sac d'environ trente kilogrammes, ainsi que ses compagnons, on sous-estimait sa force —, mais restait un autre souci : si Sweetie était inconscient, comment allait-il le remonter ?

Cursed ne pensa pas à aller chercher de l'aide. Il se disait qu'il pouvait réussir seul.
Cursed vérifia le plancher, puis avec ce qu'il avait trouvé, il fabriqua un pont de fortune. Quand tout fut prêt, il posa un pied sur le bois, avec méfiance. Il le sentait souple sous sa chaussure. En sueur, les chaînes en travers de la poitrine et en débardeur, il souffla comme un boeuf. Puis il descendit. Doucement, avec précaution, en posant les mains sur la planche, malgré les échardes. Il se retrouva en bas, il bondit souplement sur le dernier mètre et il s'avança vers Sweetie.
Là, Cursed examina le pirate, en plissant les yeux. Il se rapprocha en silence, toujours armé, et il vérifia d'abord son pouls.

« En vie. »

Déclara-t-il, il soupira et il se frotta les yeux avec le pouce et majeur. Nouveau secouement de la tête.

« T'es blessé ? »

Et il le fixa, attentif. Il ne le bougea pas — pas encore —, c'était dangereux — combien de fois avait-il vu des blessures s'aggraver, parce qu'on avait déplacé un corps. C'était d'ailleurs un truc qui l'agaçait fort dans les films, les erreurs comme ça qui donnaient de fausses idées aux gens.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

TW ; idées suicidaires:

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »
Cursed soupira, profondément, et il roula des yeux. Il en avait plus qu'assez de ce petit con - la taille, c'était dans la tête -, et il aurait pu lui coller une balle pour le faire taire. En vérité, c'était même l'idée de départ, et elle tournait en boucle, toujours, en boucle. Mais voilà, désormais que l'animal était acculé, blessé, et qu'il prenait conscience de ses actes, le goût du sang était devenu âpre. La question resta dans le silence, elle s'étendit dans son cerveau, et il haussa les épaules. Bien sûr qu'il était doué, évidemment. Ce n'était pas n'importe quel plouc de seconde zone qui arrivait à sa place, bien au contraire. Alors Cursed avoua :

« J'étais dans le 75e régiment des rangers, on a tué Ben Laden. Et j'ai fait l'Afghanistan. »

Ce « on » n'était pas Cursed, mais une partie de la légende qu'on racontait. Cursed ne détailla pas plus ; Sweetie avait deviné. Il avait tué plus de personnes dans sa vie que Sweetie n'avait croisé de pauvres dans la sienne. Il le fixa par ailleurs, à travers ses cils clairs, en se demandant comment il allait le rapatrier en haut.

« Alors crois-moi, gamin, ce n'est pas toi et tes quatre-vingt-dix kilos de gonflette qui vont me battre. »

Cursed soupira, il se rapprocha, jusqu'à s'accroupir devant Sweetie. Il prenait un air écoeuré, jusqu'à étaler dans leurs échanges de regard les relents de sa masculinité toxique. Toujours se prouver qu'il était le plus fort, même face à un homme qu'il avait blessé, et qu'il savait en position de faiblesse. Il ne comprenait pas son geste, et il se rendait compte qu'il avait mal, là où Sweetie l'avait frappé. Une part de lui était persuadée qu'il aurait eu le réflexe de s'en sortir, voire d'empêcher la chute du bellâtre.

« Tu vas devoir me laisser regarder. »

Vibra Cursed, et il n'acceptait pas de refus. Il reprenait peu à peu ses esprits, l'adrénaline se calmait.
Il avait failli buter un civil.

UN CIVIL.

Et pire que tout, la chute de Sweetie aurait pu l'achever, lui rompre la nuque, et qu'est-ce qu'il aurait fait d'un cadavre ? Il l'aurait brûlé ? Enterré ? Non, brûler, afin d'éviter que les rats viennent manger les restes. Éviter les infections.

« Je vais pas savoir te ramener en haut sur ce bout de planche, c'est déjà pas fameux avec mon poids. »

Cursed haussa les épaules.

« Rassure-moi, tu penses pouvoir te lever ? »

Il aurait beau laver ses mains, le sang ne partirait jamais. Il resterait dans sa peau, sous ses ongles, il rendrait ses paumes rouges, et quand bien même il parviendrait à les rendre blanche
L'odeur persisterait

Dans son nez

Cursed respirait le sable chaud et la poudre, la pourriture d'un corps au soleil. Les humeurs humaines lorsqu'ils se rendent compte que la balle va finir dans leurs fronts.
Il restait un chien de l'armée.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Même si elle ne couvre qu’une ligne, l’histoire qu’on lui conte ne l’intéresse pas. Mais tout de même, on comprend qu’il est capable de tuer sans broncher pour avoir été dans un régiment aussi spécial. Alors qu’est-ce qui l’aurait empêché de le tuer, lui, si soudainement ?
Concernant cette interrogation, les réponses lacunaires ne lui permettent pas de soulever la moindre hypothèse sur cette brutale armistice.
Ça ne l’intéresse pas. Ce type ne l’intéresse pas. Ce sont ses problèmes et il n’en a pas besoin en plus. Il aurait même préféré supprimer tous les problèmes puisque Sweetie ne supporte aucune responsabilité, à commencer par celle qu’on essaye de lui attribuer.

Sois rassuré, Rambo, je n’ai jamais prévu de te battre. Surtout quand l’autre est armé…

Son rire étouffé dans une situation si critique, les douleurs le calment bien assez vite. On procède toujours par la dédramatisation qu’affronter responsabilités et conséquences. Tout cela est irréel.
Véhément, il nie les faits. Il n’a jamais été l’instigateur de cette chasse à l’homme, se dit-il, même s’il a été le premier à causer l’accident, pas l’incident et la course-poursuite. Cursed est en tort et il le sait.
Même s’il sourit, son regard dirigé vers le militaire est on ne peut plus sérieux. Il n’y est pour rien.

S’il cherche à gagner, ce n’est pas dans des combats pareils. Mais bien sûr qu’il l’aurait battu, sinon. Lukas ne se réduit qu’à ce genre de trivialités que lorsqu’on l’y pousse. Comme durant cet épisode au bar entre vous. De toute façon, il était bien trop ivre pour prendre de la hauteur. Aujourd’hui, il ne chercherait pas à participer à de telles bassesses.

Le monde est si bas pour lui, pourquoi ne lui as-tu pas accordé de la hauteur ?
C’est le ciel qu’il mérite.
Est-ce que c’est parce que tu as pitié de lui que tu finis par changer d’avis ?

Ça ne l’intéresse pas. Ce type ne l’intéresse pas. Ce sont ses problèmes.
Mais pas quand ses problèmes sont lui. Sweetie n’est pas un problème et certainement pas un fardeau ou pire un « gamin » à plaindre pour qu’on en vienne à décider de lui porter secours.
Brutalement, il rejette toute aide, balayant une quelconque main s’approchant de lui. Son sérieux reste intact mais se retrouve brassé avec une bonne dose de méfiance.

En revanche, est-ce que je peux vraiment faire confiance à un type qui voulait me tuer il y a, à peine, quatre minutes ? Réfléchis.

Ses lippes ne se défont pas d’une gaieté mais simplement parce qu’il sait qu’il a raison.
Un tueur est un tueur et a toujours tort.

Lourdement, l’accidenté finit par se relever avec lenteur mais ne peut que grimacer face à des côtes probablement fêlées et une colonne vertébrale contrainte à être voûtée.
Il préfère encore crever qu’être pris autant en pitié.

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »
Cursed sourit en coin, et cela amplifiait les angles de son visage. Les joues se creusaient, ses lèvres se pinçaient, et le froncement de ses sourcils donnait à ses yeux d'acier un air animal. Au moins, l'autre bellâtre lui avait fait souffler du nez. L'humour était une bonne manière de dédramatiser la situation, même si Shaun était loin de se douter des pensées qui traversaient le pirate. Et s'il avait su, qu'aurait-il fait ? Aurait-il avoué qu'en Novembre, il avait tenté de mettre fin à ses jours ? Pour qui serait la dernière balle ? Pour lui ? Pour Bones ?

Dans tous les cas, Cursed ne broncha pas ; Sweetie avait raison, et il n'avait pas d'arguments à lui donner. Il haussa les épaules, avant de se redresser de toute sa taille. Il fit rouler ses épaules, puis il observa les décombres. La planche était humide, et tirer quelqu'un qui ne voulait pas être sauvé, c'était dangereux. Pragmatique, Cursed songeait qu'il valait mieux un seul mort plutôt que de deux.

« Je n'ai jamais dit que tu devais me faire confiance. »

Cursed plissa le front, il fouilla dans ses poches. Il en sortit la dernière cigarette qu'il restait de son paquet, et des allumettes. Il en fit craquer une lentement, avant de porter la flamme sur son bâton de mort. La bouffée de nicotine lui arracha un soupir de bien-être ; si ce n'était pas l'Ombre qui tuerait Cursed, ce serait probablement un cancer.

« Et... c'est compliqué, j'ai déconné. »

Mais Cursed ne s'excuserait pas, quoiqu'il avait honte de ce qu'il avait manqué de faire. Les pirates, ils le rendaient dingue ; Sweetie avait eu un aperçu de ce dont il était capable.

« Tu sais que si je te laisse là, tu vas crever. »

Ajouta l'ancien militaire, encore une fois, il était loin de se douter de ce qui se passait dans la tête du pirate. Il s'accroupit non loin de Sweetie, un coude sur la cuisse, alors que la cigarette faisait des allées retours vers sa bouche, et que la fumée emplissait l'air. Il la contemplait, voler au-dessus de sa tête, ses yeux cernés suivaient le chemin qu'elle traçait. Combien de temps ça allait durer ? Combien de temps avant la prochaine crise ? Un jour.

Cursed le savait.
Il se rendrait devant devant Bones.
Et il ne reviendrait pas.

Est-ce que Sweetie valait le coup d'être sauvé ? C'était un pirate, et Cursed ne se remettait pas de l'attaque de Blackwell. Pourtant, ses mains avaient tenu une arme sur lui, et elles avaient failli mettre fin à la vie d'un simple civil. Et quand il observait l'autre, il songeait qu'il sentait un peu trop bon pour être un pirate digne de ce nom. Les pensées se mélangeaient, la fatigue les rendait incohérentes. Ses pensées mitraillaient le peu de cohérence qu'il lui restait, sa raison pouvait se faire abattre à tout moment.

« T'étais là, durant Blackwell ? »

Demanda alors Cursed en scrutant Sweetie.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Crever, tu ne crois pas si bien dire. Serais-tu son croque-mort ?

Les lèvres maquillées d'une macabre ironie à la mention de sa potentielle mort, il parfait un fard ses paupières pour les clore dans la béatitude d'un repos qu'il voudrait plus éternel que celui auquel on l'a condamné. Même si la bulle temporelle échappe à une unité de mesure, nul ne parle d'une vraie pause dans cet univers si particulier.
Le temps arrêté, c'est même pire.

L'homme doit, si ce n'est pas du travail, toujours cogiter pour savoir comment agir.
Il faut réfléchir. Il faut prétendre. Inlassablement et désespérément parce que le temps n'existe plus pour interrompre les interactions entre les humains. Il n'y a aucune pause entre eux.
Oisillon nourri à l'oisiveté, c'est d'une pause dont il aurait besoin, oui.

Non, j'y étais pas. Je me fiche de vos batailles avec les pirates. Je ne suis pas… comme eux. Point.

À demi-mot, il avoue. Pourquoi à lui ?
Prétendre l'épuise comme il en soupire. S'il ne le révélait pas, sa négation aurait pu être perçue comme un mensonge. C'est trop simple de dire simplement non. C'est trop dur de jouer un rôle. Alors le choix est rapidement fait. Sweetie sélectionne les options de facilité comme laisser mourir son image autant que sa présence. Parce que comme on a déjà pu lui déclarer, hormis être beau à prétendre, en quoi peut-il être utile ?

Tu me sous-estimes. C'est agaçant, tu sais.

Tu sous-estimes sa capacité à prétendre pouvoir bien aller puisque derrière ce sourire un peu trop fat se dissimule tout type de douleur. La chute n'est que minime face aux innombrables autres maux mentaux qui le traversent.
Ainsi il se relève, lassé par la difficulté de tenir encore debout. Lassé de voir le monde se tenir encore devant lui. Lassé de te voir aussi. Il soupire langoureusement ses lamentations.

Et donc c'est à la personne que je fais le moins confiance qui va encore jouer avec ma vie, c'est ça ? Allons bon. Qu’est-ce que tu comptes faire alors ?

D’une œillade et un sourire moqueur, peut-être que le seul goût qu’il retrouve est cet esprit de défi, même si on ne le considère plus comme un challenger. Lui non plus, il ne se considère plus comme tel. Il en a juste assez des autres. À quoi bon concourir avec eux ?
Il veut juste voir de quoi ils sont capables. Est-ce que Cursed est capable de tenir cette promesse de le sauver, à défaut de le tuer ? Puisqu’après tout, non, il ne lui fait effectivement pas confiance. Des paroles en l’air.

Figure It Out
Royal BloodclickSweetie & Cursed
xxx« Nothing better to do
When I'm stuck on you
And still I'm here
Trying to figure it out »
Pas comme eux, mh ? Disait-il ça parce que contrairement à la majorité des pirates, Sweetie se laver et balisait au moindre bouton d'acné fleurissant sur sa mâchoire ? Prétendait-il ça parce qu'il mettait du déodorant et qu'il n'avait jamais fumé de sa vie ? Boire, Shaun en doutait — c'était le point de départ de leur dispute. Alors il soupira, ses épaules s'affaissèrent, et il le fixa en laissant toute sorte de pensées l'envahir. Tu avais donné, Shaun. Tu avais failli tuer un civil. Il y a de la poussière partout. L'air était saturé d'humidité et de sueur. Il peinait à respirer dans cette ambiance chaude et moite, comme si à chaque aspiration, la suie bouchait ses poumons. D'ailleurs, sans s'en rendre compte, Cursed reniflait. Il avait le nez pris.

« Évidemment que je te sous-estimer, joli coeur, répliqua Cursed en se tournant vers la planche. Tu n'aurais jamais tenu l'entraînement que j'ai affronté, il fit volte-face et désigna sa tempe, parce que c'est là que tout se joue. »

Cursed soupira, il se souvenait des corps qu'on avait décrochés. Parce que c'était bien trop dur. De la torture presque. Il marcha en direction de la planche, il appuya dessus et il grimaça. C'est là qu'il remarqua la maigre tentative de Sweetie pour se relever, et il tira une moue — une sorte de sourire avorté en grimace, suivi d'un haussement de sourcils.

« Tu vas devoir me laisser t'inspecter. »

Grogna-t-il, comme si c'était une corvée, quoiqu'il se doutait que le pirate ne souhaiter par être touché par ses mains abîmées, et sales. Son pantalon était devenu blanc et gris, à cause de la chute, et la poussière avait envahi ses chaussures. Il frotta son nez avec ses phalanges, en reniflant pour la troisième fois. En vérité, Cursed n'avait pas de solutions. Il ne savait pas comment il pourrait tirer Sweetie de cet endroit. Et il se sentait responsable de la situation — il avait failli de le tuer.

« Tu n'es pas comme eux ? »

Renchaîna Shaun, en fronçant cette fois-ci les sourcils, et en essayant de déterminer si Sweetie lui mentait. On ne savait jamais avec eux, peut-être que son plan était de l'attirer ici pour l'éliminer — non, stop, arrête et quand bien même, celui mal en point, ce n'est pas toi.

« Le plus judicieux, ça serait que je prévienne le château. Parce que tout seul, et sans rien, je ne sais pas comment je vais pouvoir te remonter. »

Un aveu, comme de faiblesse. Mais c'était pragmatique, Cursed admettait sa défaite. Il n'allait pas tirer Sweetie a la seule force de ses bras, ou sur son dos, alors que la planche se briserait sous ses pieds. Au moins, s'ils étaient plusieurs, non seulement ils pourraient soigner ses blessures, mais en plus, ils ne risquaient pas de les aggraver. Rambo devenait adulte.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Le surnom le fait tiquer quelque peu mais il assume que c'est de bonne guerre. Il ne se formalise pas, voire lui concède. Lorsqu’il désigne sa tempe, l’ancien militaire n’a pas tort. On n’oserait à peine imaginer ce qu’il a pu vivre. Ce simple fragment de péril, d’à peine quelques minutes, on ne pourrait certainement pas le prolonger. Puisqu’avant de connaître le bout du tunnel, il aurait déjà mis un terme.
Cursed ne le sous-estime pas, en effet, puisque Lukas ne pourrait, en effet, tout simplement pas endurer tout ça comme il ne peut plus endurer les instants actuels.
Sa condition le détériore. Son image se détériore.

Je ne suis pas un pirate.

Ni rien, même. Il ne pourrait même pas se déterminer comme un vagabond. Quand bien même il envie leur position, il est assez sensé pour reconnaître ne pas pouvoir vivre de façon si autonome ; surtout si seul. Mais même au sein d’un groupe, il reste seul.
Toutefois, il ne peut leur en vouloir. Dès qu’une main se porte à lui, il est trop fier pour la prendre. Alors bien évidemment que non, il n’accepte pas les conditions de Cursed pour l’aider.

Je ne veux pas des chevaliers pour s’occuper de moi. S’ils sont tous comme toi, je préfère vraiment crever ici si c’est ça. Je déconne pas.

Quand bien même il l’a enfoncé davantage dans des tréfonds, Sweetie n’est pas assez impassible pour ne pas reconnaître avoir déjà pénétré dans ces méandres depuis un bon moment. Tout Arcadia Bay l’a acculé plus loin que ses retranchements. Il voudrait remonter la pente seul mais c’est impossible. Soupir.

Si tu ne sais pas quoi faire, conduis-moi à l’hôpital. C’est normalement un territoire neutre. Pirate ou pas, je suis censé pouvoir y rentrer.

Une lourde insistance sur la vérité ne peut être empêchée. Depuis le temps, Sweetie n’a jamais pu laisser passer un soupçon sur qui il est. Ce n’est pas comme si toute l’identité était maintenant dévoilée mais c’est un poids en moins.
Ce sont des responsabilités en moins et tant pis s’il y a des conséquences, Calico. Il faut bien qu’il puisse vivre plutôt qu’y penser en permanence.

En définitive, Sweetie ne veut pas vivre. Pas s’il est seul. Pour vivre, il doit être transporté par la foule. Peut-être est-ce la raison pour laquelle sa dernière volonté est d’être déposé sur un lit (de mort) ?

» I'll do it anyway feat Cursed
» Tell the truth • Cursed [terminé]
» Tous les maux {Cursed & Mum}
» Attaque en traitre [ft. Cursed]
» sois plus puissant que les ouragans ☆ cursed