Darcy pensait rarement à sa vie d’avant la tempête, trop de choses qu’elle ne pouvait plus faire, trop de personnes qui avaient disparues et de changements drastiques qui avaient bouleversés sa vie. Comment garder la tête haute si on est plus capable de penser aux bonnes choses de la vie? BabyDoll ne savait pas trop comment gérer tous ses doutes, toutes ses appréhensions et avait décidé de ne plus penser à l’avant et seulement à comment survivre dans l’après.
BabyDoll n’avait pas dormi cette nuit-là, une autre nuit blanche à bricoler et rafistoler des trucs jusqu’aux petites heures du jour et c’est alors que s’est produit un évènement qu’elle avait voulu mettre sur le compte de l’extrême fatigue. Pourquoi donc ses radios s’étaient mises à fonctionner tout à coup? Pourquoi celle qu’elle était en train de remonter pouvait diffuser alors qu’elle ne pouvait pas être en état de marche?
Cette chanson…
Elle l’a reconnaissait. Sa mère avait toujours été une grande fan de Frank Sinatra et avait réussi à dénicher tous ses albums vinyl, rares artéfacts qu’il lui restait de ses parents. Le tourne-disques était encore hors d’usage, mais la plupart des albums avaient été retrouvés en plutôt bonne condition, considérant le zèle avec lequel Viola Murgatroyd prenait soin de ses trésors.
C’était quel album déjà...
Trop de souvenirs qui remontaient à la surface, les déjeuners avec les parents dans la véranda avec la musique flottante dans les airs et tant d’autre petits moments remplis de bonheur qu’elle ne revivra plus jamais. Elle était supposé être là pour le dîner le jour de la catastrophe, mais elle s’était disputée avec son père et s’était enfuie rejoindre le Vortex Club pour une fête parmi d’autre. Le dernier souvenir qu’elle a d’eux, c’était la mine furieuse de son père et les yeux déçus de sa mère. Si elle était restée, peut-être qu’elle ne serait plus là aujourd’hui, mais elle aurait quitté ce monde avec les sourire de ses parents l’accompagnant au paradis.
Elle cherchait parmi les vynil rescapés avec des mouvements de plus en plus erratiques, soudainement désireuse de se souvenir, de se plonger dans la nostalgie des jours perdus, mais c’est alors qu’une main s’est posée sur la sienne. Levant la tête pour voir à qui elle appartenait et c’est presque un cri de surprise qui sorti de sa gorge.
Maman!
Trop de larmes accumulées, trop de regrets réprimés et trop de faux sourires à cracher, BabyDoll essayait de prendre cette aparition de sa mère dans ses bras, ne sachant pas trop si c’était de l’air ou une personne bien vivante entre ses bras.
Je suis tellement désolée maman, si j’avais su ce qui se serait passé, je voulais pas promis, j’aimerais tellement pouvoir revenir en arrière…
Les larmes coulaient à flots et le désespoir que Darcy essayait de réprimer avait débordé après tous ces mois de silence. Elle continuait de s’excuser, faire des suppliques à Dieu de changer les choses et de marchander pour la vie de ses parents avec lui, comme si le deuil qu’elle avait mit en pause s’était soudainement remis en route. la chanson continue de résonner dans l’ancien garage, comme un rappel que le temps n’est pas éternel et que sa mère pourrait disparaître aussi vite qu’elle est arrivée.
Je vous aime tellement, ne pars pas s’il te plait maman, me laisse pas toute seule s’il te plait, S’IL TE PLAIT!
Elle essaie de continuer, mais sa gorge ne veut pas coopérer et quand finalement la chanson se termine, BabyDoll est à nouveau seule. Après le vacarme de la musique vient le silence presque assourdissant de la nuit qui enveloppait à nouveau Arcadia Bay, un silence lui rappelant qu’elle était seule, qu’elle n’avait plus personne et que ses larmes étaient tout ce qu’elle avait comme compagnie durant son moment de détresse. Elle est supposée être plus forte que cela, être plus pimpante que cela, mais elle n’y arrivait pas et pour le reste de cette journée Darcy est restée enfermée dans son garage, menaçant toute intrusion par un tournevis dans l’oeil en sommant qu’on la laisse seule…
seule jusqu'à ce qu'elle soit capable de pouvoir dire à nouveau qu'elle allait bien.