Holly water - Ft. Némo

RESUME :

Depuis toujours, nager te procure un bien fou. C’est un remède, chaque fois que tu sens l’eau submerger ton corps, c’est comme une étreinte mouillée et réconfortante qui t’emporte jusqu’aux profondeurs des eaux sombres. Tes gestes te semblaient si fluides, si gracieux, si puissants, tes muscles qui se réveillent dans une danse brutale mais précise. Tu t’en souviens encore, de ton corps, dans l’eau, qui s’élançait jusqu’à la surface dans un envol sensationnel, la rapidité au bout des nageoires humaines. Et la foule qui t’acclame alors que tu ressors du bassin, l’euphorie qui dégouline au même rythme que les gouttes qui traversent ta silhouette svelte.

Une chose qui te plaisait particulièrement avec le territoire des greens était justement cette proximité avec l’eau. Les lacs clairs et l’environnement paisible qui les accompagnait t’avaient séduit dès le début. Durant les premiers mois, alors que tes insomnies étouffaient tes nuits, il t’était arrivé de te glisser dans l'obscurité pour te délecter de la fraîcheur de l’eau, en tête à tête avec les étoiles. Alors quand Pollywog t’a parlé d’une expédition sous-marine en pleine nuit, l’excitation et l’inquiétude s’en sont mêlés. Tu ne pouvais décemment pas laisser un jeune garçon de son âge entreprendre une telle aventure sans surveillance. Et, tu ne le dirais pas tout haut, mais tu étais tout aussi curieux que lui à l’idée de découvrir ce qu'abritent les profondeurs de ce lac. Il fallait dire que, bien que tu fasses bonne figure devant ta communauté, tu n’étais clairement pas le plus pieux d’entre eux.

Le têtard s’élance sans t’attendre, tu le regardes avec l’air attendri, comme un sentiment fraternel que te procure l’excitation du garçon. Un rire léger t’échappe, tu presses un peu le pas face à son empressement. « J’arrive, j’arrive ! ». Ça va te faire du bien. Pollywog, il a pas idée d’à quel point. Tu souris tendrement au garçon en arrivant à sa hauteur, tes doigts délicats caressent brièvement le haut de sa tête. « T’es content ? Par contre, on va éviter de raconter ça à ton père, sinon ce sont mes bras qu’il risque d’arracher. ». Tu te permets une note d’humour, te sentant assez à l’aise avec Polly pour le faire.

Tu déshabilles en même temps que lui, prenant soin de plier tes vêtements après les avoir retirés, ainsi que ceux de Polly abandonnés sur le sol. Tu ajustes légèrement ton maillot avant d’enfiler à ton tour une paire de lunettes de plongée, domptant tes mèches ondulées pour éviter qu’elles t’aveuglent. Tu sors également de ta sacoche une lampe utilisée pour les explorations sous-marine retrouvée durant une de tes rares chasses au trésor. « J’ai ça, pour qu’on voit bien les recoins sombres ! ». Tu commences lentement à rentrer dans l’eau froide, les poils qui s'hérissent légèrement mais le sourire qui s’élargit. Dis donc, Nemo, c’est que tu as l’air tout heureux de pouvoir nager ! « Ça serait bien qu’on trouve des petits trucs sympas pour les ramener aux autres. ». Tu pourras te la péter en paradant avec tes trouvailles, ouais.

Recap:

RESUME :

Quand Pollywog te parle de son père, ça te rappelle ta propre relation avec le tien. Tu sais ce que ça fait de perdre une mère et tu sais encore plus ce que ça fait, d’avoir un père impuissant à la charge. Et tu la reconnais bien, cette colère qui lui fait pincer les lèvres, difficile à contenir mais douloureuse à exprimer. Tu l’as tellement détesté, ton père. Avec sa passivité, avec ses regards muets, tu l’as tellement détesté. Quand ta mère est morte, il a pleuré. L’amour de sa vie était parti pour toujours, il n’avait jamais essayé de la récupérer et voilà qu’à présent, c’était devenu impossible. Et tu t’es souvent demandé s’il aurait pu y faire quelque chose, s’il aurait pu la sauver. ((Si toi, tu aurais pu la sauver)).

Quand Manx regarde son fils, ça te rappelle le même regard que t’a lancé ton père, la dernière fois. Tristesse infinie, sentiment d’impuissance, la déception qui se reflète dans les prunelles du garçon et qui lui empoisonne le cœur. Son bras fantôme a rejoint l’au-delà, sa main éternellement dans celle de son âme soeur. Et quand tu y penses, peut-être que Cali a raison. Peut être que c’est déjà trop tard et qu’ils sont heureux, tous les deux, au paradis. ((Sans toi)).

La solitude, c’est un sentiment que tu connais bien et que tu crains encore aujourd’hui. Et tu espères, quelque part, que ta présence le réconfortera, Polly. Il s’élance le premier, le plus courageux, l’eau jusqu’à la taille alors que tu y trempes à peine tes pieds. La sensation de gèle te parcoure le corps, ça te fait du bien, ça te revigore. Tu t’enfonces doucement, sans précipitation, tu profites de cette montée en puissance, un soupir de plaisir qui t’échappe sans te retenir.

Le jeune adolescent est déjà trempé alors que l’eau t’arrive à peine aux reins. Tes mains survolent la surface claire, jouent avec l’essence du lac alors que les rêves de Jack ricochent sur la plaque aqueuse. « Oui, tu pourras peut-être aussi offrir un truc à ton amoureuse … ou ton amoureux, d’ailleurs. ». Tu dis ça sans arrière pensées, tout naturellement, alors que les lunettes de plongée se plaque tout autour de tes yeux pour les protéger.

Tu te glisses dans les profondeurs à ton tour, éclaireur marin, tu guides les mouvements du têtard. Ta nage est gracieuse et puissante, silencieuse, seules les bulles d’air s’échappent en pointillé de tes lèvres. Tous les deux, vous vous enfoncez un peu plus dans les profondeurs, tes phalanges frôlent le fond du lac du bout des doigts, le regard qui défriche l’espace.

Quelque chose semble attirer ton attention, ça brille légèrement quand le rayon de ta lampe le traverse. Tu le cales au creux de ta main et fais ensuite un signe à Pollywog pour remonter à la surface. L’oxygène retrouve rapidement tes poumons alors que tu dégages la poussière humide de ce qui semble être un bouton de manchette. Quand le garçon remonte à la surface, tu brandis ton trésor. « C’est pas mal comme trouvaille pour une première fouille, non ? ». Te voilà déjà pressé de replonger, Nemo.

Recap:

RESUME :

La question de Polly suit ton corps jusque dans les profondeurs du lac, la réponse laissée en suspens à la surface. Qu’est-ce que tu pouvais bien dire face à l’innocence de ce môme ? Que les gens ne cessent de t’abandonner, encore et encore ? Que, quoi que tu fasses, que tu aimes passionnément, à la folie ou pas du tout, ils finissent tous par te laisser seul, brisé et les cendres de myocarde déjà froides ? Que les hommes t’ont menti en face par peur de leurs femmes, que les hommes t’ont approché, convoité et lâchement délaissé ? Que les femmes ne t’ont jamais suffisamment aimé pour supporter tes humeurs, pour supporter ton amour, qu’elles ont fini par l'avoir en horreur ? Tu pouvais pas lui faire, pas à lui. Tu ne pouvais pas briser ses rêves d’amour en étalant toutes tes romances moisies.

Penelope, tu ne pouvais pas lui en vouloir, vous n’étiez que deux adolescents curieux, tu ne sais même pas ce qu’elle avait pu te trouver à l’époque. Peut être était-ce ton allure en slip de bain qui l’avait charmé ? Tu ne le sauras jamais. Daphné, elle t’a aimé autant que toi et c’était peut être ça, le problème. L’obsession entraîne la jalousie et, petit à petit, avant même que vous commenciez à grandir, c’était déjà fini. Tu aurais pu blâmer son frère, elle aurait pû blâmer ta défunte mère, le fait est que vous êtes restés doux-amères. Puis, il y a eu Jonathan, avec ses regards ardents et ses sourires malicieux. Il a transporté ton coeur, il a transpercé ton coeur, et il ne restait de toi plus que des larmes et des os. Finalement, la tempête n’a fait qu'ensevelir ces trésors maudits au don de l’eau.

La seconde remontée s’accompagne d’un second trésor, tu le regardes longuement, le bout des doigts qui le caresse en silence. La tempête en a ramené d’autres, des bricoles, des amourettes sans avenirs, sans commencement même, dans ta vie. Des visages oubliés, changés, des regards ancrés dans ton esprit qui ont momentanément semé le trouble dans ton cœur meurtri. Des rencontres miraculeuses, silhouettes baignées dans la lumière, des ombres tracées dans les notes de musiques désaccordées. Et finalement, ce n’était que des fantômes malicieux, des mirages, des illusions que tu as à peine effleurer des doigts sans jamais sentir leurs chairs sous tes phalanges. Parce que qui voudrait de toi ? Tu n’étais qu’un bout de ferraille oublié au fond de la mer.

« Ah, j’ai un piercing, cette fois ! Pas sûre qu’il soit prudent de le l’essayer. En tous cas, pas avant de l’avoir désinfecté, ça c’est sûr. ». A savoir à quelle partie du corps il était accroché, ce bijou rouillé. « Et toi, t’as trouvé quelque chose ? J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de petits bijoux. Peut être qu’on trouvera quelque chose de joli, après tout. ». Pollywog, tu lui adresses des sourires emplis d’une sincérité secrète. C’était parfois plus facile d’être toi-même avec lui. Toi qui n’étais qu’un adulte au cœur d'enfant meurtri.

Recap:

RESUME :

La curiosité au bout des cils, tu glisses jusqu'à son niveau pour observer sa trouvaille. Tes yeux dévorent le bijou avec intérêt, un sourire se forme légèrement entre tes joues. « C’est une belle pêche, ça, Polly’ ! Oui, je suis sûre que sur une chaînette, ça ira très bien. Et qui sait, peut être qu’avec le temps, tu pourras la mettre à tes doigts. ». Après tout, Pollywog, il était encore en pleine croissance. Il deviendrait plus grand, plus épais, ses mains gagneront en force, en volume, elles remplaceront ses doigts fins d’enfant curieux. Tes prunelles reviennent sur ton propre trésor, ton engouement est mitigé. Tu affiches une moue perplexe en observant ton anneau. « Je ne sais pas si je le porterai, tu sais. Il m’a l’air en trop mauvais état. Après, on peut toujours essayer de le retaper. ». T’avais beau avoir les oreilles percées, tu mettais pas n’importe quel bout de ferraille dans tes trous. Et avant que Pollywog replonge, tu lui adresse malicieusement une promesse sans fondements. « Si tu veux, et si j’arrive à trouver le matériel nécessaire, je te percerai les oreilles. ». Au moins, avec toi, l’ado’ aurait la certitude d’éviter les infections tellement tu es méticuleux.

Et vous replongez ensemble, encore plus profondément. La lumière de ta lampe se colle au fond du lac, dévore sous son halo des galets et autres algues en tous genres, pourchasse les poissons timides qui se réfugient dans les terriers sous-marin. Tu t’avances doucement, prudemment, tes doigts frôlent le gravier et rencontrent un objet aussi fin qu’une aiguille. Tu remontes alors à la surface, redressant tes lunettes sur ton front pour mieux observer ta trouvaille. « Qu’est-ce que nous avons l-AH !». C’est un contact inattendu qui t’arrache un petit cri de surprise, tes mains s’accrochent directement à tes hanches. Lorsque tu te retournes, tu te retrouves nez à nez avec la malice en personne, son regard rusé finit par t’arracher un sourire, tu lui réponds par une vague légère provoquée par les paumes de tes mains. « Dis donc, toi ! ». Ton ton est léger, tu brandis ton arrête de poisson sans conviction. « Pas grand-chose non plus. Je te propose qu’on fasse une petite pause et après, on ira chercher plus loin encore. Ça te va ? »

Tu commences doucement à revenir vers la bordure du lac, retirant délicatement tes lunettes de tes cheveux. L’air agresse ton épiderme humide et la sensation te semble proche d’une nostalgie extatique. La sortie du grand bassin, l’odeur du chlore qui inonde la piscine, la chaleur réconfortante des acclamations du public. Rien que le fait de nager te manque à chaque fois que tu sors de l’eau, et recommencer te donner envie d’y rester à jamais. Tu pousses un soupire satisfait en prenant place sur une petite roche. Un rapide coup d'œil sur tes trésors, tu les ranges précieusement dans ta sacoche. Tu poses ensuite tes yeux sur ton compagnon de natation. « Alors, jusqu’ici, satisfait de cette expédition sous-marine ? Tu avais raison, ça fait du bien. ». T’en avais besoin.

Recap:

RESUME :

Du repos. De quand date ton dernier moment de répit, Nemo ? Il y avait bien eu ce pique-nique au début du printemps, mais depuis ? Plus rien. Tu t’enfonçais dans le travail, tu te laissais couler sans penser à respirer, volontairement, pour échapper aux tourments. C’est plus fort que toi, tu as besoin de fuir tes pensées, de fuir tes doutes, les petites voix dans ta tête qui te répètent, même deux ans après la tempête, que tu ne vaux pas plus que ça. Infirmier de lycée, c’est pas être médecin. Pourtant, t’as dû apprendre le tas, t’as dû te former seul et accompagné, apprendre de tes expériences et des autres médecins de passage, lire, lire et lire encore, engloutir toutes les connaissances que tu pouvais retenir.

Travailler, ça t’évite de trop réfléchir,
Travailler, ça t’empêche de trop te blesser.

L’enthousiasme de Pollywog est contagieux, il t’arrache un rire doux, plein d’innocence. Tes doigts fins s’aventurent dans tes mèches humides, ils dégagent ton visage. « Oui, si tu veux, pourquoi pas ? Ça peut être marrant. Je vais essayer de nous trouver des lampes frontales, histoire d’avoir les mains libres. ». L’enfant dévoile ses incompréhensions, ton sourire flotte encore contre tes lèvres alors que ton regard se perd sur la surface miroir de l’eau. « Les adultes ont beaucoup de travail. C’est difficile de reconstruire quelque chose qu’on pensait acquis. On doit se dépasser, tous les jours. Et on veut tellement bien faire que parfois, on oublie de se reposer, alors que c’est important, tu as raison. ». Tu pousses un long soupir, les paumes collées au rocher pour mieux étirer ton dos aux muscles finement tracés. Tu sens les gouttes d’eau traverser ta peau dans des trajectoires aléatoires, leurs caresses te hérissent le poil. Et à cet instant, tu peux le dire. ((Tu te sens bien))

Ton regard se perd sur la trouvaille du garçon, un sourire retrousse de nouveau tes lèvres alors que tu étends légèrement tes jambes pour détendre tes muscles. « Tu sais, que ça appartienne à un homme ou à une femme, c’est pas très important. Tant qu’elle te plait et qu’elle te va, tu peux la porter. Ou l’offrir à qui tu veux. Un bijoux est un bijoux, peu importe qui le porte. ». Ton visage se tourne nonchalamment vers le ciel, la nuque qui creuse l’espace entre tes deux épaules, tu sens ta colonne se craquer en silence. Tu fermes les yeux pour profiter d’une brise légère, un rictus malicieux vient étirer ta commissure. « Donc sois sans crainte. Tu pourras aussi l’offrir à ta future amoureuse, ou ton futur amoureux. Si un jour ce genre de choses t’intéresse, évidemment. ».

Tu ouvres doucement les yeux, ton esprit s’égare un instant. Après tout, t’étais comme ça, à son âge. Les études avant les filles, ta mère avant les garçons, tout ça n’avait pas d’importance et il t’arrivait de croire que ça n’en n’aurait jamais. Car le seul exemple de relation amoureuse que tu avais eu enfant était celui du divorce catastrophique de tes parents, une histoire d’amour tendre à la fin amère, comme un goût d’inachevé et de lâcheté. Finalement, ta mère avait raison. C’était mieux de partir avant d’être quitté. Voilà que tu te retrouves comme un con, tous tes amours t’ont laissé de côté et toi, tu peines à recoller les morceaux de ton cœur brisé.

Si seulement tu pouvais à nouveau te sentir entier.

Recap:

RESUME :

Tu y penses, d’un coup, comme un douloureux rappel qui soulève tant d’autres questions. Avant tout ça, qu’est-ce que tu faisais pour t’amuser, Berlioz ? Qu’est-ce que tu faisais pour lâcher prise ? Pour décompresser, pour oublier le travail et fuir la réalité ? Il y avait bien le piano mais les touches abîmées de ton synthé finissaient irrémédiablement par te plonger dans une nostalgie sans nom. Il fut un temps où tu trouvais du réconfort dans les bras de Jonathan, du plaisir dans vos conversations nocturnes et de l’excitation dans vos rendez-vous secrets. Mais il n’était plus là et le revoir ne ferait qu’empirer l’amertume qui colle à ta langue en repensant à vous. Finalement, nager était ta seule distraction, activité que tu ne pouvais te permettre de faire qu’à des moments isolés, à l’abri de la pression du quotidien.

« Parfois, on n'a pas trop le choix, malheureusement. Mais ça me fait plaisir de nager avec toi. J’aime vraiment ça. ». Mis de côté ta gloire de lycéen, les éloges, l’âge doré et la jeunesse oubliée, tu aimais nager parce que tu te sentais libre. Comme si, sous l’eau, tu pouvais enfin respirer. « T’inquiète pas, va. Tu es ma dose d’éclate quotidienne, c’est suffisant, haha ! ». Car les gens ne voient en toi qu’un médecin, qu’un larbin, là où Pollywog voit un humain

Il parle de sa soeur, étrange inconnue qui ponctue bon nombre de vos conversations sans que tu parviennes à retenir son nom. Au vue des étoiles qui se formaient dans les iris du garçon, elle devait être un modèle pour lui. Une grande gueule, de ce que tu en retiens, malicieuse comme son frère probablement, peut-être un peu plus même. Elle ne semblait pas coller aux profils typiques des Greens, il devait l’avoir revu en dehors du territoire. Mais ton attention ne s'étend pas plus loin, déjà assez généreuse pour être aller plus loin que le bout de ton nez.

Tu te contentes d’hausser les épaules en souriant, presque embarrassé de ne pas pouvoir confirmer ou contredire ses dires. « Haha, si elle est comme toi, je suis sûre que je m’entendrais bien avec elle. ». Pas que tu t’en souciais, mais tu appréciais Pollywog comme un frère, ça t’arrangerait que sa vraie soeur t’apprécie aussi. L’essentiel, finalement, c’est que l’adolescent sente que sa famille n’est pas totalement partie en lambeau. Le reste, ce n'était que détails et futilités.

Mais voilà que le sujet des amourettes retombent mollement sur le tapis. Tu hausses un sourcil à l’affirmation du garçon. Il fallait dire que ta famille se comptait sur les doigts d’une main blessée et ton manque d’intérêt concernant les labels t’avait épargné d’un quelconque coming-out gênant. Après tout, tu pouvais aimer qui tu voulais, l’essentiel est qu’on t’aime en retour.

Les conquêtes de Pollywog t’arrachent un sourire. Treize ans et déjà le tombeur de ces dames, c’est pas toi qui pourrait vanter de tels exploits. Il fallait dire que tu étais plutôt du genre introverti, enfant. Ton premier vrai baiser, il est arrivé tardivement. Avec qui déjà ? Peut-être la fille de la voisine, ou alors un mec de l’équipe de natation, tu ne t’en souviens pas. Avec le temps, ce genre d’événement perd de son importance. Ils ne restent que des bribes de coeur brisé d’adolescents et d’amour sans retour.

Les rougeurs de tes joues se confondent avec ton rire amer, la question du garçon amène des réponses émiettées. « Oh, euh, moi ? Eh bien … Je ne pense pas avoir autant de succès que toi, mon cher Pollywog. Je suis le genre de personnes dont on se lasse facilement, il semblerait. ». Un amour trop fragile pour que Penelope t’aime bien longtemps, Daphné a préféré son frère, Johnatan a préféré sa femme. Et finalement, Poe et Sokar, qui étaient parvenus à t’arracher des papillons dans le ventre, avaient disparu aussitôt qu’ils étaient venus. Il faut croire que tu ne peux pas échapper à la solitude.

Cette fois, c’est un rire amusé qui secoue ta silhouette, le regard intrigué qui s’accroche à la face de cupidon. « Quelqu’un qui me plairait, hein ? Je suis bien curieux de savoir quel genre de personne tu imagines qui serait mon idéal. ». Il fallait dire qu’à ce stade, tes exigences ne volaient pas bien haut, alors peut-être aurait-il la chance de trouver la chaussure manquante à ton pied nu.

Recap:

RESUME :