(end) (tw) aveugles aveux (⁂) bloody mary & sweetie

Le rôle de la victime n'est plus assumé par Sweetie mais contre toute attente, Mary. Et pourtant, il le revendique moins qu'un homme à la virilité fragile, comme il pourrait si bien le dire. Au même titre que les hommes qu'il exècre, le pirate ne laisse aucune menace le faire trembler.

Mais là, tu es dégoûté et même ivre. Sweetie n'est pas assez naïf pour ne pas comprendre que ce que tu racontes, c'est quelque chose que tu as vécu. Mais il n'imagine pas combien de fois ça a pu se produire, que ce soit pour toi ou pour une femme. Pour lui, Rage est l'exception. Enfin c'est ce que son déni veut lui faire croire.



C'est à peine crédible. Une personne lambda voudrait bien le croire, même avec un sourire qui paraît pourtant si peu confiant sur le souvenir des larmes. Mais Bloody Mary est une exception, lui aussi. Il ne le croira pas et reste convaincu que tous les hommes sont ainsi. C'est peut-être pour ça que Bloody Mary ne se range finalement pas comme tel.

Alors, Sweetie doit jouer le caméléon pour te satisfaire et que les rapports soient moins houleux entre vous ?

Au conseil, malheureusement, Lukas ne peut pas boire d’eau. Sans vouloir désobéir mais par complicité qui se construit sous les moqueries, il sourit par taquinerie sur la bouteille d'alcool qu'il reprend et dont il boit une gorgée. Parce que Mary, il le préfère peut-être comme ça, à voir tout éclater.
Bloody Mary est le chaos. Il aime être différent et que les choses se passent différemment. Ce n'est pas une princesse en détresse mais plutôt la princesse qui transgresse. Quelque chose d'exceptionnel. Quelque chose qu'il voudrait, en réalité devenir ; un pion hors des cases.



Si le rôle de victime est assumé par Mary, il assume que ça ne lui coûtera donc rien de s'avouer. Il l'a vu dans un état lamentable qu'il ne réalise pas encore. Mais ces aveux, il en a sans doute besoin pour que ça soit si facile à donner.

C'est moins facile d'admettre à demi-mot qu'on peut ennuyer alors le regard qu'il gardait jusque-là dans le vague de brise et finit par tomber. La seule façon qu'il a réussi pour éloigner Rage, c'est ne pas répondre à l'adrénaline et se montrer froussard.
Froussard, même avec le pirate en face, il l'est. Mais trop ennuyeux, pas encore pour qu'il se volatilise. S'il n'arrive pas à chasser le roux, il doit encore trouver un minimum d'intérêt en lui.

En toute honnêteté, c'est impossible pour Lukas de se dire qu'il devrait se montrer délibérément ennuyeux. C'est une de ses nombreuses craintes qu'il ne veut pas voir se réaliser.

À sa prévenance, on répond par de l'offensive. Ce n'est pas comme s'il ne s'y attendait pas alors il sourit simplement et ne tente pas de se justifier plus que ça. Rassurer Marie la sanglante est impossible ; c'est elle qui hante. Se rassurer soi-même, c'est sans doute ce qu'il fait, comme l'autre lui affirme aussi fermement. Mais ça ne lui sert effectivement et malheureusement à rien.

Il n'est pas le meilleur puisque de toute manière, les hommes autant que les femmes sont mauvais. Ils sont capables d'atrocités qu'un enfant bercé dans le luxe ne peut pas comprendre.
Alors quand tu lui parles d'éventrer quelqu'un, ça se lit automatiquement sur son visage qu'il est horrifié par les propos tenus. Au vu de l'esclandre de la dernière fois, ce n'est toujours pas si étonnant. Mais on ne veut pas l'entendre et certainement pas le voir. Il ne veut pas revoir ce que Rage a pu faire ou ce que toi, Bloody Mary, il sait maintenant capable de faire. Les hommes et femmes, dans ce nouveau monde, sont capables de tuer pour des raisons. Il n'existe plus, son monde à part, au-dessus de celui-ci, où on ne voyait pas toute la barbarie de ce monde.



La violence n'est pas le premier réflexe qui vient à Lukas puisque dans son monde, on est respectés et ce genre de problème n'existe pas. Alors désormais, on fait mine qu'ils n'existent toujours pas, ce pourquoi il nie autant les faits, ce pourquoi il ne peut pas tant en parler.
Alors plutôt qu'en parler, oui, ils continuent encore à boire et l'un à servir pour deux. Ils ne sont pas faits pour échanger leurs problèmes parce que chacun ne comprend pas ceux de l'autre, voire les jugent futiles. À tel point que des malentendus peuvent encore facilement se glisser dans leurs conversations.

Certes, il ne faut pas se réduire à la violence mais, on a aussi bien compris qu'un coup de pied dans les couilles, ça reste féminisant.

La fumée, il n'aime pas ça. Ce n'est pas comme s'il ne lui a jamais dit. La toux, alors, répète. L'impertinence du pirate aura tôt fait d'ignorer que ça dérange. Il se fiche déjà bien de déranger l’autre par sa simple présence.
Bloody Mary n'est ni aveugle ni sourd parce qu'il a évidemment bien perçu le sexisme déguisé. Ça ne sert à rien, même, de se déguiser, on raconte.

Quand bien même Lukas ne se reconnaît plus entre tous les manteaux qu’il porte, ce n’est pas avec une formule magique qu’il les retirera si facilement. Et, dans le fond, pourquoi est-ce qu’avec toi, il te permettrait de voir vraiment qui il est ? Tu n’es pas un ami.

Quel ami ?

Même à un ami, il n’offre pas ce privilège ou plutôt cette malédiction parce que ce n’est pas le vrai fond de sa personne qui pourrait plaire à une seule personne ici ou là-bas. Qui on est réellement ? On est tous égoïstes. Nul besoin d’être clairvoyant pour voir que tu fais autant semblant et que toi aussi, les manteaux, tu en as une quantité incalculable dans ta garde-robe. Entre la princesse et le faiseur de morales, certains te vont moins bien que d’autres pour qu’une oreille distraite ne capte pas tout ce que tu voudrais qu’elle entende.



L’incohérence se mêle à ses propos parce que l’alcool n’est toujours pas correctement digéré. La plupart des dits conseils ne sont pas perçus parce que l’alcool s’en fiche. L’alcool sait qu’il ne changera pas et que le garçon brun sombrera avec lui.
Ce qu’il fait de mieux, c’est être justement bien sur tous les rapports et il continue, en tentant de refaire un col de chemise indétectable sous une épaisse veste. Sweetie ne peut que soigner les apparences. Sortir de ses gonds ne l’amène à rien.
Et non, il ne le fera pas. Le portrait de Bloody Mary le déconseille.

Il ne veut pas finir comme lui ou comme eux.



De cette phrase, il y a bien une signification mais tout comme sa personne, il n’a pas forcément envie que ça soit découvert. Ce n’est pas une surprise, tout le monde s’attend à ce qu’il les quitte un jour.

Avec plus de ténacité que le rouquin, il dérobe sans délicatesse la bouteille qu’il finit en toussant après cette grasse gorgée. Puis comme on la jetterait à la mer, la bouteille est projetée une fois terminée. Pas dans l’espoir que quelqu’un trouve le message un jour. Lukas a perdu de son optimisme ; il sait très bien que personne ne le comprend et n’ira le chercher. Et il ose clamer, en se levant silencieusement pour trouver une sortie à cette conversation, que ça lui va bien d’être seul.

Mais Lukas, c’est la personne seule. (Quel ami ?)