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[01/11] we should be dancing in the sun (bloody mary)

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Monsieur Loyal
typical boomer
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Métier gérant de la fête foraine
Avatar hisoka, hunterxhunter + pablo schreiber
Monsieur Loyal
Monsieur Loyal
Lun 2 Nov - 22:50
La nuit avait été longue -interminable ! On entendait encore la musique, trop forte, de toutes les attractions de la fête foraine bien après l'apogée de la lune, et même les plus petits avaient encore le droit d'hurler face aux histoires qu'on osait leur raconter.
Loyal, comme tous les autres, n'avait pas beaucoup dormi.
Mais le camp n'attendait pas, et alors fallu-t-il se lever quelques heures à peine après avoir rangé, nettoyé, s'être démaquillé, s'effondrer. C'est normal -il fallait bien ça, pour Halloween. Après tout, il s'agit de la fête préférée de Loyal.
Ici aussi, on l'appelle aussi Monsieur Loyal. Plus souvent Monsieur que Loyal, mais peu lui importait. Il dit bonjour comme s'il s'agissait de l'aurore, une tasse de café dans la main, alors qu'il vient à peine d'être 11 heures.
Il mangera plus tard -d'abord, il va aider, et prendre des nouvelles, et s'assurer que tout fonctionne. Serah n'est pas loin -elle ne l'est jamais. Peut-être qu'elle devrait l'être, loin. Quoi ? Non. Qu'est-ce que c'était, ça ? Ca n'appartenait pas à Loyal. Ca n'est pas à lui, non. Comment est-ce qu'il pourrait faire, sans Serah ?
Son téléphone sonne. C'est un message, et Loyal sourit. Il sourit, parce que c'est Leith, et que dans un mois, il revoit Lizzie. Et Lizzie, sa filleule, ça fait bien trop longtemps qu'il ne l'a pas vue.
Au moment de répondre, il hésite. Pourquoi ne pas partir de suite ? Plier bagage, directement vers le sud, gagner un peu avec quelques tours sur la route ?
Il tape oui, on se revoit très bientôt. J'ai hâte. Dis à Lizzie qu'elle prépare ses meilleurs puzzles. C'est étrange. Il a mal au cœur. Ah, c'est probablement l'impatience (non, lui dit son cerveau), c'est l'envie (pas du tout, lui dit ses tripes), c'est juste un bas passager (si tu savais, lui dit le futur).
Il se racle la gorge, avale son café, part travailler.
Les nuages sont de sorties et Loyal est protégé sous son haut-de-forme au ruban jaune. On ne peut pas rater Loyal : si son pantalon est noir, sa veste de costume est constellée de sequins jaunes -ils chantent à chaque mouvement, envoient des rayons de soleil dans toutes les directions. Sa taille, exacerbée par ce chapeau immanquable, le rend encore plus mystique que son teint pâle, ses sourcils parfaitement épilés, le rose sur ses lèvres et le mascara dans ses cils.
Dans ses poches, dans son chapeau, dans ses mains se cachent des milliards de tours.
Et, toute l'après-midi durant, il amuse les flâneurs -ceux qui sont venus pour rire- avec ses jeux de cartes, avec sa rapidité, avec sa magie.
Loyal se déplace ; il bouge partout, se rappelle de tous, continue de manège en manège pour s'assurer que tout va bien.
Et il tombe sur toi.
Si tu savais -il n'arrive pas à s'infliger la perte de ta vue. Comme une fascination, une évidence, quelque chose à faire. Il ne perd pas de temps, s'avance jusqu'à l'autre explosion de couleurs dans cette foule devenue fade. C'est quelque chose qui n'a pas de sens ; les yeux sont voraces, confus, désolés. Mais Loyal se reprend et Loyal sait le faire, alors il tend ses belles cartes -celles au liseré doré, et où les figures sont des œuvres d'art. Mademoiselle, il s'incline, un peu, son bras gauche contre le corps. Artifices. Cela vous tenterait-il de voir un tour de magie ? Sa stature est à nouveau droite, et pourtant même lui doit lever les yeux. Ah. Peut-être était-ce pour ça que tu as tant capturé son regard. Pas pour tes cheveux roux, pas pour tes yeux océans, pas pour tes jambes interminables ni pour cette impression crève-cœur que quelque chose nous échappe.
Mais Loyal est un homme patient : il ne doute pas de comprendre un jour le mystère qui vous entoure.
Il sourit.
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Bloody Mary
Le Chaos en talons hauts
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Bloody Mary
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Mar 3 Nov - 0:42
we should be dancing in the sun « Welcome to our wicked little fascinations
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(  Circus Contraption → Wicked Fascinations )


Cacophonie de couleurs, peinture de sons, autant de teintes que de chansons. Chantalle était immense, géante parmi les enfants ; c'est un monument érigé sur des talons de dix centimètres. Elle s'était dit au petit matin de prendre le train, s'en aller, parce que la belle s'est vite lassée. Son téléphone, elle avait regardé, et elle avait vu passer une photo de la fête foraine, et elle y était allée. Un coup de tête, une idée qui reste, s'entête, tourne, s'arrête. Et Chantalle s'était apprêtée, avec tous les artifices que l'on prête aux femmes ; un trait d'eye-liner soulignant ses yeux bleus, un rouge vif pour la bouche. Fredda disait que s'habiller, c'était se créer un personnage, laisser son soi au placard pour se révéler sur scène. Elle pensait : Terrence disparait sous le fond de teint, et le parfum.

En réalité, Terrence prenait un autre nom, et dévoilait un million de pétales dissimulant toutes les épines de son coeur. Elle avait soigné la tenue, son allure, et la gigantesque demoiselle se détachait de la foule. Un pull cannelle un peu large — seule touche de couleur dans ses choix — rentrée dans une jupe de laine évasée et noire, donnant la vague impression de hanches. Les cuissardes en daim allongeaient davantage ses jambes — déjà interminables et graciles. Béret glissé sur le côté de sa chevelure de feu, une écharpe enroulée autour de son cou, et des gants ; c'est une silhouette fragile de film noire. Mais fatale est Chantalle, toujours.

Pourtant, l'enfant existe encore ! Pour quelques minutes seulement, ou la journée entière ? Ses yeux ne savent pas où s'arrêter, ses yeux ne savent pas où regarder. Elle tourne la tête, elle admire, les attractions, les costumes, les couleurs et elle écoute. Les petits qui courent, excités, les mains sales de sucrerie, les parents qui grondent, mais se font attendrir. C'est que les petiots, ils ont plus d'un tour dans leur sac ! Elle voit les restes de fatigue sur les employés, et s'amuse, rêvasse de Dublin. Elle se doute qu'Halloween les a lessivé, presque laissé pour morts. À Dublin, c'était l'occasion pour les monstres comme elles de sortir, revendiquer leurs existences, se jouer des mortels — à charge de revanche.

Et une voix vient la tirer de sa songerie. Elle fronce les sourcils, elle fait volteface à l'homme qui se baisse, la salue, et lui tend les cartes. Ce mademoiselle qui résonne flotte dans l'air, tandis que son univers se restreint à cet inconnu chamarré. Ce mademoiselle qui persiste, lance des papillons au creux de son ventre, enclenche l'euphorie et donne un peu de chaleur à ses joues. Chantalle est silencieuse, elle dévisage le monsieur, remarque le regard qu'il fiche sur elle.

Et c'est une vague impression,
De connaître ce ton, cette façon
D'analyser, de porter attention,
A tous les détails, affamé, assoiffé,
De gens, d'histoires, de curiosité.

Et c'est assez pour la déstabiliser, Chantalle roula des épaules, elle baissa ses yeux sur lui, et elle finit par lui sourire. Sincère, avec toujours la joie, le plaisir, de ce mademoiselle faisant un meilleur bien que tous les parfums de luxe avec lesquels on pensait l'acheter, la posséder. Et lui, la dépossède ; une seconde, de son masque de porcelaine.

« Je... »

Remarque les traits tirés, illuminés pourtant par toutes les couleurs du magicien, du blanc au ruban, du rose au sequin . Elle hocha la tête alors, accepte, et son regard se porte sur les cartes, intéressé.

« Bonjour, se reprit-elle d'une voix suave, comme si ses hésitations d'un instant appartenaient à une autre personne. Pourquoi pas ? Que dois-je faire... ? »

Elle l'épie, lui aussi, derrière son rideau de cils de biche, derrière ses pupilles de poupées. Des mains jusqu'au regard doré, de la bouche jusqu'aux doigts qui renferment les cartes, du chapeau, au costume parsemé de centaines de sequins, qui ressemblent à autant d'yeux ouverts en miroir sur l'univers.

Et elle attend, charmeuse ou charmée, fascinée ou amusée.


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Monsieur Loyal
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Mar 3 Nov - 23:28
La fête foraine est un capharnaüm : qu'importe où l'on regarde, les lumières clignotes, volant la vedette au soleil encore haut ; les musiques se déroulent, invitent au rire et à la danse ; les odeurs chaudes de sucreries et autres snacks ne laissent personne tranquille et on entend, toujours trop près au goût de tous, les cris de ceux qui ont tenté les pires attractions. Aucun sens n'était épargné, et tel état l'objectif. Il fallait pouvoir se détacher de la terre et de cette mondanité, laisser les fantaisies et les rêves fondre dans la douceur des barbapapa, vaincre ses peurs les plus terribles tout en-haut d'une roue gigantesque.
Et toi, pour quoi étais-tu venue ? Loyal avait remarqué les cuissardes aux talons affolants, et se doutait que la jupe n'était pas vraiment une tenue choisie pour monter dans des manèges. A vrai dire, vu le sens aigu de l'esthétique -jusqu'à l'inclinaison du chapeau sur tes cheveux brillants-, Loyal opta directement pour cette option. Lui-même avait tendance à oublier qu'ici, le temps n'était pas pareil, et que les gens brillaient un peu différemment. La magie n'existe pas pareillement en-dehors des limites de cet univers bien à part.
Il n'aurait pas été étonné de voir une pomme d'amour pendre entre tes doigts, les couleurs assorties à ses ongles incarnats -et l'afflux de sang qui fait surface sur ses joues.
Il se passe quelque chose. Loyal le voit bien, que tu es étonnée, mais que ce n'est pas habituel. Tu changes trop rapidement d'assurance pour que cette dernière, encore sur ton visage, ne soit pas naturelle. Être prise par surprise, ce n'est pas dans tes habitudes.
Le sourire de Loyal s'élargit encore plus, parce qu'il était là précisément pour désemparer ses interlocuteurs. Pour faire croire que tout est possible, pour que les cerveaux ne comprennent rien, pour qu'on les débranchent juste pour tourner sur les battements de cœur qui s'emballent.
Ah ! Rien de plus simple, mademoiselle. D'abord --permettez-moi de vous montrer mes cartes, pour vous prouver toute ma bonne foi. Ses doigts s'affairent et étalent le paquet de carte en un merveilleux éventail -on les voit toutes, les cinquante deux. Il les retourne pour en montrer le dos, espace quelques cartes pour montrer l'ampleur des motifs qui ne montrent pas l'identité de la carte. Cette face, commune à tous les bouts de papiers, n'est qu'un entrelac délicats de fils d'or. Il tourne à nouveau le jeu, montre à nouveau les figures et autres valeurs. Voyez, rien de bien spécial dans ce jeu de carte. Si vous voulez, prenez donc une carte pour regarder de plus près ! Mais si vous êtes déjà convaincue, alors je vous demande d'en montrer une du doigt. Pas besoin de me le cacher, puisque je sais déjà quelle carte vous allez choisir. Un sourire s'allonge à nouveau sur le visage de Loyal. C'est un tour assez simple, mais il est convaincu de son impact -il attend. Il veut voir tes tics comportementaux, explorer tes réactions, mais surtout te voir t'amuser.
Les cartes sur le bout des doigts, le choix fatidique ne devrait pas tarder. Les prunelles de Loyal ne quittent pas les tiennes.
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Mer 4 Nov - 0:54
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C'est qu'il semble satisfait, remarque-t-elle, et ce mademoiselle revient dans l'air. Un nuage d'euphorie, doux, sucré, l'enveloppe ; elle pourrait en devenir accro. Mais non. Voilà que Chantalle, la paire de gants dans une main, penche la tête sur le côté. Si Monsieur l'épie, elle le détaille en retour, si ce n'est plus. Son oeil est celui d'un chat, dont la pupille se contracte, prête à sauter sur sa proie — les cartes. Un instant, elle pense à refuser ; l'émotion - vague - que bientôt pour Chantalle, ce sera terminée. Et que le rêve que Monsieur tend à faire exister finira par chuter.

Absurde, comme sentiment, non ?
Alors pourquoi, a-t-elle l'impression
Que ce visage maquillé, un peu fatigué,
Que Halloween a maintenu éveillé,
Ne le lui est pas inconnu, Monsieur,
N'est pas de ces fantômes malheureux
Qu'on oublie.

Elle croise les bras sur sa poitrine, elle s'appuie sur l'une de ses hanches, et elle contemple. Le paquet de cartes qui s'ouvrent devant cette figure de marbre, les sequins qui avalent les lumières et les renvoient. Elle se demande s'ils s'illuminent si fort pour attirer son attention ? Mais tous les deux, à bien des manières, sont des êtres d'artifices. Le magicien par ses tours et ses jolies paroles, Chantalle par ses sourires, et son auréole.

Cependant, juste pour lui, elle consent
A la garder, un peu plus longtemps.
Juste pour lui, elle se fera l'ange,
Qui joue le jeu, en battant ses ailes de mésange.

Ses yeux se plissent — légèrement —, aussi bien attirés par les liserés dorés des cartes que par le magicien. Elle fixe son regard dans le sien ; elle aussi, elle analyse, cherchant des réponses jusqu'à oublier son âme d'enfant. L'invitation semble la détendre, et c'est volontiers qu'elle choisit une carte, au hasard. Elle la tourne, la retourne, elle en admire les contours, le sens — qui lui échappe, ceci dit. Elle s'attarde, comme si la carte lui révélait les secrets de son maître. En vérité, Chantalle a l'amour des jolies choses, les dorures, les parures, la simplicité dans la beauté, ce que sont les gens. Elle la lui rend d'un geste délicat ; elle a fait attention à ne pas l'abîmer.

« Ah oui ? Réplique-t-elle dans un sourire de fée, et là, son comportement change. Elle penche d'abord la tête sur le côté, examine l'éventail de cartes, et l'homme face à elle. Et elle attend, cherche, fouille, peut-être crée-t-elle une impatience chez le commerçant, peut-être soulève-t-elle autant d'interrogations qu'elle n'apporte de réponse. Vous êtes bien sûr de vous, ajoute-t-elle, taquine, avant de ranger les mains dans son dos, et de se pencher en avant ; de fatal, Chantalle passe à l'enfant qu'on apprivoise. Voyons voir... reprend-elle, en dressant l'index vers l'ensemble de cartes. »

Et c'est là que le spectacle commence, visiblement, elle se prend au jeu. Des cartes ? Peut-être pas. Elle lève un oeil sur Monsieur, alors qu'elle approche l'index d'une carte, elle retient les réactions, et tente de ne pas être déconcentrée par les sequins, par la parade de couleurs du magicien. C'est qu'au fond, Chantalle est une pie, attirée par tout ce qui brille. Si elle baisse une seconde l'oeil sur les breloques, elle le relève vite. Elle a le dos bien droit — comme une fille bien éduquée —, son index  va de carte en carte, fait mine de s'arrêter, et défi le magicien. Ses boucles d'oreilles dansent dans ses cheveux de feu.

« Mais qu'est-ce qui me prouve que vous savez laquelle je vais choisir ? »

Et Chantalle lui sourit, se redresse, fait rouler ses pupilles de poupée, et finalement, elle désigne une carte. Non pas au centre du paquet, mais à son extrémité, à sa droite ; l'avant-dernière. Puis, sagement, elle entrelace ses doigts dans son dos.

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Monsieur Loyal
Monsieur Loyal
Jeu 5 Nov - 21:58
Loyal ne prenait jamais à la légère les gens qui, comme toi, pouvait se penser plus malin que lui. Après tout, c'était son métier ! sa vie, si l'on était bien honnêtes ; ses doigts habiles arriveraient à t'hypnotiser s'il(s) le voulai(en)t, mais avant ça, il préférait te donner tord. Oh, il trouvait ça admirable, et ne prenait jamais rien pour acquis, ce qui expliquait sa présence dans ces allées bondées.
Après tout, il ne savait jamais qui était en face de lui, n'est-ce pas ?
Il acquiesce à ta question rhétorique, laisse les étoiles de malice dans ses yeux tisser leurs cosmos. Ah, les cartes sont inspectées, décortiquées, pourtant rien n'est trouvé -et pour cause : il n'y a rien de bien particulier à observer, pour le moment, si ce n'est ta personne. Loyal note, le changement de posture. Les mains innocentées, en arrière, puis l'index accusateur, le dos aussi droit que ses jambes ; des yeux qui n'arrêtent de se faire distraire, tantôt par le brillant des cartes, tantôt par les étincelles qui se trouvent tout autour. Ah ! il faut bien l'avouer, Loyal triche un peu. C'est pour ajouter à la féérie.
Loyal considérera avoir réussi son tour si tu oublies d'essayer de deviner la logique derrière sa magie.
Nous y venons, nous y venons ! Ne sautons pas les étapes, mh ? Léger silence, de quoi laisser l'idée infuser. De toutes manières, c'était à lui de décider. Le 4 de coeur ! Une carte de caractère. De mauvaises augures, a-t-il appris, sans jamais qu'il n'arrive à décider s'il y croit ou non. Le temps donnera raison au papier, au plus grand dam du magicien.
Il tire la carte unique hors du paquet de carte -on voit l'espace laissé vide, et le fin amas de papier entre ses doigts. Il la retourne, dans un sens, dans l'autre : rien à dire, c'est bel et bien quatre cœurs qui s'affichent. Très bien ! Nous allons mettre cette carte de côté, juste ici, dans ma poche de costume, au-dessus de mon propre cœur. Il tapote sa poitrine, et ses sequins brillent de milles feux. Voulez-vous le faire ? Vous pouvez inspecter ma poche si vous le souhaitez, tout ici est fait en toute bonne foi, mademoiselle ! Et pour prouver que la carte ne bougera pas, veuillez la faire dépasser, du côté des chiffres. Comme ça, on la verra tout le temps. La carte encore au bout des doigts, en l'air, comme la frontière séparant vos deux univers.
Loyal n'a jamais arrêté de sourire.
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Ven 6 Nov - 1:30
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Une petite moue sur le visage, signe d'impatience ou de contrariété — les deux souvent, sont mélangés —, Chantalle se prête au jeu. Un peu, juste un peu, songe-t-elle, sans même se rendre compte que le magicien capte son attention, avec son costume, ses jolies cartes — son charisme —, ce mademoiselle, ses intentions. Lorsqu'elle se concentre, son regard ne se dérobe pas du sien. S'il est tout en sourire et numéro, Chantalle est sérieuse dans son rôle. Le quatre coeurs ? Une carte de caractère ? La remarque lui rend un sourire, et elle réplique, un peu fière :

« Ah oui ? Et pourquoi ça ? »

Elle n'en connait pas les symboles, trop pragmatique, mais le magicien suffit à l'intriguer. Peut-être était-ce l'impression — qui se dissipe, en nuage de fumée —, peut-être était-ce le personnage qui se tenait-là. Si Loyal n'avait pas été Loyal, Chantalle ne lui aurait guère donné de son temps. Elle ne sait plus, si c'est les mots, les mademoiselle qui rassurent, papillonnent, s'encrent dans son épiderme, ou si c'est lui.

Elle se sent bien.

Malgré son air, le sourire persiste, dans le regard, au coin des lèvres ; il se fait discret. Lorsque le magicien lui montre la carte, la tourne, la retourne, tout en froissement de papier, ses yeux suivent, refusent de se raccrocher aux sequins. C'est comme une fête, autour d'eux, qui bat son plein. En permanence, tout en bruit et en couleurs, tout en charme et en artifice. Comme à Dublin.

Ses pupilles se rétractent, suivent la main qu'il tape sur sa poitrine. C'est qu'ils continuent de briller, à luire dans tous les sens, ces minuscules miroirs dorés. Et voilà qu'elle se perd, un instant, dans les reflets dont ils s'abreuvent, avant de fixer le magicien.

« Mh... ? »

Un peu songeuse, Chantalle ramène une mèche de cheveux derrière son oreille ; les bijoux qui y sont suspendus étincèlent en retour. Elle reprend la carte, elle l'examine, apprécie — encore — le travail des illustrations. Puis elle fait un pas, en sa direction, constate que le haut-de-forme la dépasse, et se penche de nouveau.

« Dîtes-moi, Monsieur le Magicien, quel serait votre carte, à vous ? »

Son écharpe noire dévoile un bout de cou, de la peau en porcelaine, de l'épiderme de poupée (brisée). Elle inspecte, vérifie la bonne foi qu'il lui promet, l'index tapote la poche. Le contact est léger, en aile de papillon — c'est lui qui l'a invité. Et son doigt s'arrête, le rouge de ses ongles en contraste avec les sequins d'or. C'est qu'elle l'a pris au mot, l'index crochète la poche, les yeux à demi-clos, elle se décide — enfin —, et se pince la lèvre la lèvre inférieure. Elle ne se joue pas de lui, elle joue avec lui ; sous ce ciel un peu gris, sa gigantesque silhouette est presque en équilibre, lorsqu'elle vient glisser la carte dans la poche. Avec précaution, afin de ne pas l'abîmer ; elle la met comme il faut, comme il le lui a dit. Presque sage.

Et elle se détache, aussitôt, Chantalle. Elle le fixe, d'un charme fatal, qui cache la douceur de sa poitrine, et l'amertume de sa bouche. Ici, elle a le sentiment que le temps passe différemment — ou c'est lui ?

Et les mains à nouveau dans le dos,
Elle se tient droite, comme une enfant.
Son regard vaut bien plus que mille mots.
Au magicien, elle semble dire : et maintenant ?


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Sam 7 Nov - 19:29
Tu trépignes -c'est fait exprès. Loyal laisse les secondes s'évaporer en pleine conscience ; sa théâtralité à lui n'a pour objectif que de laisser le tablier s'écouler jusqu'au dernier grain et oh, lorsque viendra le dénouement, l'apothéose, l'apogée, (l'apocalypse) tu peux le croire, tu sera heureuse de ces impatiences.
Quand la fameuse se pavane dans les airs, quand elle quitte ses doigts pour les tiens, il livre le message. Le 4 de cœur est une carte funeste ! De bien mauvais augures. Elle annonce une trahison, qui touche sentimentalement parlant, déchire le cœur. Croyez-vous en les cartes, pour tant en demander ? Un éclat de malice se rajoute à son regard déjà plein d'étoiles.
Il sent le contact, léger, à travers le tissu. La distance réduite ne l'émeut pas, il garde le même air suffisant, sûr de lui, heureux, et pourtant ! cette proximité vient en ajouter à cette sensation dans son ventre, à cette lourde impression qu'il y a tant de choses qu'il ignore mais qu'il devrait savoir.
Ses iris s'attardent sur la peau blanche, liliale, puis sur les cheveux de feu, digne d'Hadès, Lilith et tous les autres enfers qui existent. Il souffle sa réponse avant que tu ne t'extirpe, avant que ton charme ne soit brisé, avant d'enlever à ses entrailles cette chaleur familière mais inconnue. Ma carte est le Joker, sans aucun doute. Et tu t'en vas, tu s'enfuis -sur ce terrain-là, c'était toi qui faisais ta magie, toi qui menait la danse.
Mais il s'agissait encore du tour de Loyal. Vous pouvez m'appeler Monsieur Loyal. C'est un titre qui me convient mieux. Et les cartes volent dans l'air. Il les fait passer d'une main à l'autre à la simple force de ses phalanges ; les pressions forment, entre ses dix doigts, une danse improvisée, magnifique, qui dure pour quelques secondes. Sa dextérité est évidente, on voit bien les cartes bouger mais malheureusement pour toi, il est déjà bien trop tard. Sa diversion a fonctionné à merveille, comme il s'en doutait déjà -même encore mieux qu'il ne l'aurait jamais rêvé, parce que pendant un instant, tu as totalement oublié l'existence du paquet de carte entre ses mains.
Il arrêta de jouer avec, les empila toutes dans sa main gauche. Son sourire avait redoublé, puisqu'il était désormais certains d'avoir réussi son coup. Désormais, si vous voulez bien vous donner la peine, ma chère ... La main de droite accompagna ses mots, désignant le paquet aux cartes inconnues. Libre à vous de choisir celle qui vous plaira le plus. Ca sera de toutes manières un 4 de cœur, comme toutes les cartes du paquet. Pour la forme, il les présenta tout de même en éventail. Ca te donnera l'impression de choix, de liberté, de pouvoir encore choisir ton destin.
Mais il était trop tard.
Pas seulement pour la pauvre petite carte.
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Sam 7 Nov - 21:11
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Une carte funeste ? Ainsi donc... Chantalle darda les yeux sur le magicien, plus froide, sans doute était-elle vexée d'être associé au malheur. Ce n'était pas faute de savoir, pourtant, qu'elle était un aigle noir, un oiseau de mauvais augure. Oh... la prédiction la fait songer à quelqu'un en particulier ; un visage du passé, un regard associé aux souvenirs défendus, gardé à double tour dans son coeur. Une personne qui l'avait trahit.

Et dont elle s'était vengée.

Chantalle resta droite, digne, fière dans toute sa hauteur. Elle remet correctement son écharpe ; pense-t-il qu'elle ne l'a pas vu ? Rien ne lui échappe — c'est ce qu'elle croit. Et elle répliqua :

« Ah oui ? Et dans ce cas, à quel coeur pensez-vous ? Son sourire retrouvé, elle laisse un silence, avant de rajouter : si j'y crois ? Voyons... c'est à vous de me le dire, c'est à votre tour de jouer : votre avis ? »

Elle est curieuse de sa réponse, c'est que le magicien l'amuse. Dans ses mots, dans sa voix, et ses gestes, elle y retrouve un plaisir familier. Celui de la conversation et de la légèreté, des moments passés, de ceux qu'elle voudrait retrouver.

Et pourtant, c'est bien la première fois qu'elle le voit.
Ce magicien, haut en couleur, large dans sa foi,
Envers ses tours, envers ses regards, envers elle.
Et Chantalle, au Joker, elle reste une jouvencelle.

Sans aucun doute, n'est-ce pas ? Elle s'appuie sur une jambe, puis devant les présentations, elle remua les épaules. Monsieur Loyal, un souvenir dans le cerveau, une vague sensation au creux de la poitrine. Elle est un peu perdue, elle ne sait plus s'il s'agit du magicien, ou de l'impression de vivre un rêve dans un monde de verre. Néanmoins, Chantalle sourit plus franchement, et c'est spontanément qu'elle se présente :

« Enchantée, Monsieur Loyal, de cet accent particulier, de ce ton unique, caressant et rauque. Vous pouvez m'appeler Chantalle. »

Oui, elle lui donne l'autorisation de la nommer ainsi. Et vient la suite, elle se reconcentre aussitôt ; c'est un chat prêt à bondir sur sa proie. Ses pupilles de poupée vont du visage de Monsieur Loyal à ses mains, elles suivent comme elles peuvent. Pendant l'espace de quelques secondes, l'on dirait qu'elle retient un battement de coeur, qu'elle se refuse à battre des cils. Si attentive, son visage plongé dans une intension réflexion, elle fronce les sourcils. Elle sent qu'elle a été trompée, elle ne sait pas où — ah ! Que c'est frustrant.

Ma chère.

Chantalle lâche un « mh ? », avant de raccrocher son oeil au sien. Celle qui lui plaira le plus ? Chantalle susurra :

« Allons donc... »

Ses doigts étaient joueurs, fins et graciles, sans se douter que Monsieur Loyal tient là cinquante-deux cartes identiques, elle veut répliquer. Sans se laisser guider par l'intuition, elle cherche précisément. L'index effleure l'ensemble des cartes, comme si elle venait faire gémir toutes les touches d'un piano. Et comme tantôt, sans qu'elle en ait conscience, c'est vers l'avant-dernière à sa droite que son choix se porte.

Le quatre de coeur.

Elle ouvre sa bouche, mais aucun son ne vient heurter les oreilles de Monsieur. Elle se pinça la lèvre inférieure, ennuyée, visiblement, elle retourne la carte ; c'est allé trop vite pour elle. Elle se racle la gorge, puis c'est sur Monsieur Loyal qu'elle raccroche ses yeux. Elle en aurait presque oublié ses sequins, mais c'est dans l'éclat d'or de son iris qu'elle se perd. Elle frissonne.

« Dîtes-moi, cher Monsieur, sa voix est charmeuse, un soupir de sensualité, tout ceci, c'est pour me détourner de vous ? Chantalle désigna les sequins, le chapeau, d'un mouvement du menton, et d'un regard qui l'enveloppe tout entier, elle dévore, affamée de comprendre ce qu'il a tramé. Son pouce caresse le rebord de la carte, elle attend qu'il la lui redemande ou non, et ses yeux cherchent celle dans sa poche. Hum... comment ? »

Une autre réaction spontanée, eh bien, eh bien.
(C'est peut-être là qu'il est, le véritable tour du magicien.)


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Monsieur Loyal
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Sam 7 Nov - 22:34
Le 4 signifiait la mort au Japon. C'était un chiffre qu'il ne fallait mentionner, qu'il a fallu renommer, qu'on évite autant qu'on le peut. La superstition est une chose fascinante -Loyal avait lu bien des livres dessus, avait listé des phobies et autres fossés de l'esprit, sans jamais réussir à décider si lui pouvait y croire. Loyal était ouvert à toutes les possibilités, et se complaisait dans l'attente du dénouement lorsque cela ne le concernait pas -aujourd'hui, ce quatre-là était trop flou pour qu'il puisse, de toutes manières, faire quoi que ce soit pour éventuellement le désamorcer. Tes questions étaient oh bien trouvées, mais Loyal n'avait aucune réponse à donner avec un unique indice. Le vôtre, le mien, les deux -telle est la parole des cartes : jamais très claire. Faut-il pour autant en faire fi ? Tout dépend de votre sagesse. Et, encore, Loyal ne répondit pas, pas vraiment, jamais vraiment.
Enchanté, Chantalle. Il était évident que c'était un nom français, mais que son accent n'était pas de là-bas ; ah, il aurait pu demander, mais avait d'autres choses à terminer en premier. S'il avait les mains libres, peut-être aurait-il poussé le vice jusqu'à mimer un baise-main, en référence à ces rois dont on a coupé les têtes ; à la place, il se contenta d'incliner sa tête, légèrement. Ses yeux étaient voraces.
Choisis donc, Chantalle, qu'importe ! Les doigts qui coulent sur les cartes sont presque sensuels, tant ils sont délicats -si peu appuyés, comme une caresse, un sillage d'adieu, digne d'une impératrice certaine de son armée. Et pourtant ! déjà terrassée, elle n'en sait rien, se complait dans l'illusion de choix quand toutes les routes sont liées à l'échec. Ah, quelle tragédie.
Loyal ne retînt pas un rire face à la curiosité dévorante qui s'exprime expressément, elle aussi royale. Il ne répondra pas. Il est presque certain que tu le sais déjà, et pourtant tu demandes quand même, encore, comme si son avis aurait pu changer après le passages de tes doigts graciles. Dommage.
Et il continue. Les cartes sont ramassées en une colonne inflexible tandis qu'il part chercher la carte sur sa poitrine dans un geste souple, hypnotisant. Rien de nouveau : c'est bel et bien toujours un 4 de cœur. Votre premier choix. Je me suis permis de la marquer avant votre arrivée. Le voilà qui retourne la carte, pour dévoiler un dos non plus noir mais d'un rouge flamboyant. Les lignes d'or coulent toujours sur toute la surface, mais le papier est indiscutablement incarnat, aussi mat que la couleur néant qui s'y trouvait avant. Il place la carte sous toutes les autres. Lorsque vous l'avez choisie, elle a changé toutes les autres cartes pour qu'elles lui ressemblent. Et alors montre-t-il les chiffres des cinquante-et-une cartes entre ses mains -des quatre après des quatre, inlassablement.
Si vous voulez bien laissez votre quatre rejoindre ses comparses, cela serait très aimable à vous. Il serait dommage de les séparer, mh ? Il sourit, et ses paupières se ferment face au succès de son tour. Il attend de nouvelles réactions à observer, à décortiquer, probablement les dernières qu'il obtiendra de toi. A cette pensée, son estomac se tord, comme s'il n'avait pas envie que ce soit le cas. J'espère que vous avez été émerveillée, Chantalle. Et Loyal recommence à jouer avec les cartes.
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Sam 7 Nov - 23:33
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Habile en parole, agile en geste, son petit jeu plein d'adresse lui reste. Chantalle est désarçonnée, tantôt elle rayonne comme une enfant curieuse, tantôt elle papillonne comme une femme fatale. Elle est figée, une seconde, voire deux, avant de se reprendre. Un battement de cil, son masque de porcelaine se glisse entre lui et elle. Le rire de Monsieur Loyal illumine ce ciel morne.

« Hum. »

Chantalle, à sa remarque quant au choix que Loyal lui a prêté, ricane et lui renvoie :

« Le marquer à mon arrivée ? Lorsque vous m'avez abordé ? Chantalle regarda autour d'eux, l'index sur le menton, elle pense à voix haute : mais peut-on parler de choix, lorsque vous m'avez dit que vous sachiez laquelle je prendrais ? »

Une remarque, un jeu d'esprit, une façon de remettre en cause la magie ? Non. Chantalle fait la discussion, elle s'interroge, elle lui vole un peu de son temps — ou bien est-ce lui qui ne veut pas se détacher d'elle. Chacun a son emprise sur l'autre, à bien des manières. Puis, lorsque Monsieur range les cartes, elle se remet à les regarder. Elle admire toujours, leurs beautés, les doigts de Monsieur qui remettent tout en ordre. Lorsqu'il l'invite à ranger la carte, elle fit un pas vers lui. De nouveau, elle la tourne, la retourne de sa main droite.

« Vous avez un joli jeu. »

Elle le complimente, c'est sincère, mais le laisse en suspens au bout de ses lèvres. Parle-t-elle du numéro ou des cartes ? Les gants dans une main, la carte gardée entre l'index et le majeur, elle le regarde à travers ses cils. C'est toute sa personne qu'elle permet d'observer à présent, la magie subsiste encore un peu. Son sourire en coin se parait d'un silence charmant, plein d'une assurance renouvelée. Elle sent que quelque chose se passe.

Ou bien s'est déjà passé,
Qu'est-ce qu'elle en sait ?

Et bout d'un moment, Chantalle consent à lui rendre la carte. Elle fait un pas vers lui, à nouveau, elle se penche un peu. Malgré cela, elle reste plus grande - merci les talons. Les gants dans la main gauche, elle pose l'index sur le haut du paquet, tout en disant :

« Et vous savez, Monsieur Loyal, son pouce se colla au rebord des cartes, souple, je suis habituée au pays des merveilles, quoique le votre... sa voix perdure, coule comme du miel, alors qu'elle frotta son pouce contre les rebords des cartes, elle prend un soin tout particulier à ne pas les abîmer, est bien plaisant, juste différent du mien. Elle sourit, et rendit le Quatre de Coeur à ses soeurs. Moi aussi, je fais de la magie. »

Dublin, c'était un monde de rêve,
Un univers de paillette et de chanson,
Et son abandon, un peu, la crève,
Chantalle doit se faire une raison.

Quelque part, elle songe que c'est fini. Monsieur Loyal la maintient dans une prison de verre, la fête toute en cacophonie de couleurs et en peinture de son, n'existe plus vraiment. Ses yeux se glissent sur lui, elle continue de sourire. Lorsqu'elle va pour marquer la distance, un coup de vent l'étonne, et voilà qu'entre sa main, l'un de ses gants noirs tombe au sol. Son écharpe se love contre son cou, une mèche de feu se glisse en travers de ses yeux, alors que le vent dans ses jambes la fait frémir, un chat un peu taquin qui aime se lover contre ses chevilles.

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Dim 8 Nov - 17:33
L'innocence retrouvée est belle sur ton visage ; elle éclaire tes traits, les rendent encore plus doux qu'ils ne le sont déjà. Ah, tu n'as pas l'air enfant -comment cela serait-il possible ? Non, ça ne vient que flatter la blancheur de ta peau, donner un peu de candeur à ses yeux froids, ajouter de la simplicité à tout ton être sophistiqué.
Ta question est pertinente, vraiment. Qu'est-ce qu'un choix ? En existe-t-il vraiment ? Si Dieu(x) existe(nt), n'importe le(s)quel(s), y a-t-il une volonté ? Et même au-delà des instances supérieures, est-ce que les autres nous donnent le choix ? Tu es bien placée pour le savoir, non ? Alors ? Qu'en dis-tu ? As-tu le choix, là, maintenant ? Comparé à avant ? Comparé au futur ? Comparé à ce que tu aurais pu avoir ?
Croyez-vous au destin, mademoiselle Chantalle ? Loyal répondait à cette réponse avec un haussement d'épaules. Il n'aime pas cette idée de domination, d'impossibilité à agir. Loyal ne pense pas que, de toutes manières, les Hommes sont assez intelligents pour comprendre ce qu'un Absolu voudrait d'eux -alors comment pourrait-il seulement se rendre compte de leurs destins ? Il préfère penser qu'il leur est impossible de savoir, en tant que pauvres humains. Oh, ça lui déplaît, mais Loyal est suffisamment sage pour accepter ce qui le fait frissonner. Il calme ses rages avec des caresses de logique.
Mais là, toi, tu lui donnes presque envie de changer d'avis. Il y a quelque chose, et Loyal est un homme d'instincts, mais pas comme ça. C'est une sensation inconnue, une fenêtre vers le grand large, et Loyal hésite à y plonger. Il saurait comment faire. Ca serait facile, de tourner la poignée, d'accepter un pan d'inexplicable, d'inviter une inconnue bien trop près de son âme.
Le compliment réchauffe son torse. Etrangement, il y met du poids, comme si ça lui importait, et si Loyal n'est jamais du genre à ignorer l'avis de quiconque, ce n'est pas habituel qu'il soit aussi touché par les mots d'une cliente rencontrée il y a cinq minutes.
Il se doute que tu joues sur le double-sens, comme tu as déjà pu le faire auparavant, sous d'autres formes. L'innocence est partie, elle s'est envolée en fumée et il ne reste plus que de flamboyantes flammes. Insaisissables. Evidemment.
Ca se sent, que tu n'as pas l'intention d'en dire bien plus, de dévoiler le mystique qui soudainement t'entoure. La carte est de retour sur sa pile, et soudainement, vous n'avez plus aucune excuse pour continuer de discuter. Il le sait. C'est le juste déroulement des choses. Les gens viennent et s'en vont, les discussions se meurent. Mais te voir reculer d'un pas le rend presque malade. Il n'a pas envie que tu t'enfuies.
Loyal n'arrête pas d'essayer de repousser cette sensation qui lui colle au cœur, mais elle en devient omniprésente. Elle le grignote, en arrière-plan, inlassablement, depuis le début de cette rencontre. C'est un nuisible qui s'installe, encore encore encore, jusqu'à ce qu'il soit impossible de l'ignorer.
C'est à ce moment que le gant tombe.
Comme un signe de ce destin. Loyal se retrouve incapable de le réfuter ; pire, il souhaite l'embrasser de tout son être. Et ça ne lui ressemble absolument pas.
Loyal n'attend pas : il se penche aussi rapidement que le gant tombe, dégringole, lui offre une chance de plus. Il a tant de questions qui lui brûlent les lèvres, ça se voyait avant que le vent ne vienne leur souffler des dires d'une dimension parallèles. Ses yeux brillaient, et il était prêt à demander de quoi tu parles, et de quelle magie tu es le vaisseau.
Mais désormais, il n'avait plus qu'une seule pensée en tête : t'inviter à rester.
Et, alors qu'il tendait le gant qu'il a auparavant dépoussiéré, c'est à lui de s'avancer. C'est la première fois qu'il le fait, après la première rencontre. Le noir tranche avec sa peau liliale, pourtant c'est bien la seule différence, puisque ses doigts sont aussi doux que le cuir.
Et, alors qu'il relève la tête pour t'inviter à reprendre ton pied, il s'arrête. Ses yeux dérivent, là, vers sa droite, et ses sourcils se froncent comme si un mystère venait d'apparaître, juste là, sous ses yeux. Ah, attendez -vous avez quelque chose derrière l'oreille. Puis-je ? Les cartes sont rangée, les doigts s'avancent -s'arrêtent en l'air, attendant l'autorisation.
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Dim 8 Nov - 18:26
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Si Chantalle croyait au destin ?
Ce serait comme donner sa foi,
À quelque chose, à tout, à rien,
À ce Dieu, dont ses sbires font la loi.
(Qui l'ont blessé, autrefois)

À cela, Chantalle hausse les épaules, elle réfléchit, et pourrait s'élancer dans la discussion toute en entière. Il y a quelque chose, et ce ce quelque chose n'est pas seulement dû au magicien lui faisant face. C'est qu'elle pourrait se donner à sa conversation, se laisser aller, un peu.

« Je crois au choix : celui de suivre la route toute tracée, ou bien de la contourner. »

Chantalle l'aurait bien taquiné, Monsieur Loyal, sur leur rencontre. L'interroger : le destin est-il une excuse pour l'aborder ? Mais il y a ce quelque chose, indépendant de leurs volontés. Et puis, avec lui, elle n'avait pas envie d'être cruelle, ou un peu hautaine. D'autant plus lorsqu'il prend le temps de vibrer, ce mademoiselle, à chaque fin de ses jolies phrases, qui la font se détendre un peu plus, comme des caresses tendres. Ce mademoiselle, qui sonne dans sa gorge, avec des notes sucrées, qui ravivent les papillons dans ses entrailles, et au creux de ses reins. C'est touchant.

Sait-il seulement à quel point il la rend euphorique ?

Qu'à chaque fois que ce mot fatidique vole entre eux, elle regarde ailleurs, une seconde, avant de se reprendre. Oh, elle pourrait se remettre à rougir ; si ce n'était le vent ! Reprenons : le gant est tombé, Chantalle commence à se baisser, mais voilà que Monsieur est plus rapide. C'est une occasion en or, elle le voit bien, pour lui de faire perdurer un peu de sa magie, ou de s'abreuver davantage de la sienne. Elle apprécie le geste — dépoussiérer le gant —, cela lui donne la sensation d'être importante, démontre que l'homme-là est prévoyant.

Mais cela ne l'étonne pas.

Chantalle va pour tendre la main vers son gant, mais les yeux de Monsieur l'arrêtent. Elle fronce les sourcils, ne sait pas si c'est elle qu'il regarde, ou bien s'il y a quelque chose pour qu'il fixe ses iris ainsi. C'est assez pour la troubler — un battement de cils —, et alors qu'elle tourne légèrement la tête, Monsieur Loyal reprend. Le charme aurait pu se rompre, et la conversation s'arrêter là.

« Ah ? »

Mais il reprend de plus belle.

Ses doigts se rapprochent des siens, c'est à peine s'ils les effleurent. Elle sourit, et fiche ses yeux dans ceux de Monsieur. Elle pourrait poursuivre les taquineries, questionner ; parlait-il des bijoux à ses oreilles ? Mais son regard — toujours — porté sur la droite l'alerte. Et il a demandé. En réponse au pas vers elle, Chantalle s'avance à son tour, et se penche un peu pour qu'il puisse cueillir le mystère. C'est un premier oui.

Avant de lui donner l'autorisation explicite, elle ramène une mèche de feu en arrière, sa main toujours près de la sienne, au-dessus du gant.

Elle souffle alors :

« Oui, je vous en prie. »

D'un ton poli, tandis que ses pupilles se reposent sur leurs mains qui pourraient se toucher — elle attend, un geste, un mot pour reprendre le gant. La tension dans ses épaules s'est vite envolée, dès qu'elle a décidé d'accepter, en réalité. Elle ne peut pas effacer ce  mauvais réflexe, elle peut simplement faire croire que c'est autre chose. Mais avec lui, il n'a duré qu'une seconde, le temps de son silence, le temps de son consentement. Son coeur bat un peu plus vite.

Et ça, c'est encore plus inhabituel.

Chantalle patiente, sage, curieuse de voir quel autre tour le magicien allait lui jouer.


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Dim 8 Nov - 19:29
L'instant est fragile. Chaud sous la paume, presque familier ; un morceau de verre que l'on façonne à chaque instant. Une seule mauvais inflexion, et le sable en fusion se casse ; une inattention, et plus aucune magie n'existera dans cette bulle qui vous enveloppe. Et les hirondelles iront loger bien plus loin que dans vos chaires -elles iront loin, pour trouver un nouveau paradis où trouver leurs moitiés (pax).
Les mains restent en l'air, incapable de se décider -sont-elles impatientes de se rencontrer, ou bien effrayées ? Qu'attendent-elles d'un contact pareil ? Sauraient-elles se contenter de ça (un presque, un rien), de l'autre ça (une éclipse, un instant) ou sont-elles voraces d'autres idées (des danses millénaires, du cosmos, soleil et lune) ?
Loyal n'est pas certain des choix. Les siens sont dictés par la logique, l'appréciation et la nature humaine ; n'est-ce pas bien mécanique, comme impulsions ? Et pourtant, n'y a-t-il pas parsemé des doutes, n'a-t-il pas été témoin d'écrans brouillés ?
Ah, Chantalle, tout ce que tu fais, et il ne te laisse même pas en profiter plus qu'à la surface.
Et quand les doigts sont si proches, et si loin, et attirés, et repoussés, et surtout tentés, que faudrait-il faire ? Quelle est la route toute tracée, quels sont les choix qui s'en enfuient, Chantalle ?
Est-ce que tu braves le destin en t'approchant ? Ou est-ce que tu acceptes, juste pour une fois, juste pour lui, d'en rester esclave ?
Est-ce que tu laisses une toute petite ouverture en lâchant ces mots ?
Loyal n'attend pas de savoir. Il plonge. Le mouvement est doux ; il commence à l'extrémité de la tempe, coince a son tour quelques boucles de feu derrière cette oreille qu'il frôle à peine, du bout de ses empreintes.
Le moment se suspend.
Les yeux de Loyal se sont perdus entre deux secondes.
Le cou est caché, les boucles pendent, les mèches retombent.
Et lorsque Loyal retire enfin sa main, il s'y trouve un simple morceau de papier.
Oh, je ne savais pas que vous aviez acheté un ticket pour le spectacle de ce soir. Ses pupilles s'échappent ; elles suivent ce qui se trouve entre ses doigts. Il mets la place sur le gant, en fait un lot. Je serais ravi de vous y revoir, mademoiselle. Il n'y a aucune obligation. C'est un test. Loyal veut savoir -si ses entrailles s'arracheront vraiment si elle s'en va, et si tu auras aussi l'impérieuse envie de revenir.
Il tend le duo d'objets, simplement. Il propose, donne ses envies à nues -que tu les accroches comme des trophées si tu le veux, Loyal n'en avait que faire. Il ne désirait que te revoir, toi, cette autre magicienne.
Peut-être lui avais-tu lancé un sort, enchanteresse.
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Dim 8 Nov - 20:47
we should be dancing in the sun « Missed me, missed me, now you've got to kiss me
If you miss me, mister, why do you keep leaving?
If you trick me, mister, I will make you suffer
And they'll get you, mister, put you in the slammer
And forget you, mister, then you'll miss me, won't you?
Won't you miss me? Won't you miss me? Won't you miss me? »

(  The Dresden Dolls → Missed Me )


C'est qu'un souffle que l'on retient, un battement de coeur que l'on suspens, comme les secondes qui s'arrêtent avant minuit. Chantalle relève aussitôt son regard sur le magicien, lorsqu'il saisit l'une de ses mèches rousses ; ce geste signifie beaucoup. Elle épie les expressions de son visage, elle cherche des réponses, là où il n'y a que de la magie, là où le temps est fugace et gémi sous le froissement du papier. Surprise ? Ah ça oui. Encore. Si surprise qu'elle recule la tête pour mieux voir, Loyal et le ticket, son ton un peu taquin, de celui qui sait manier les mots et les gestes. Le ticket présenté en lot avec son gant, elle sait qu'il décortique toutes les émotions qu'il peut lire sur sa figure. Elle pourrait lui en tenir rigueur, elle pourrait lui en vouloir de la tromper, et de l'étreindre dans son monde de merveilles. Au lieu de cela, Chantalle lâche un :

« Oh ! »

Puis elle dévie ses yeux ailleurs, sur les enfants qui courent dans tous les sens, pointent les doigts en direction du magicien. Elle referme le poing sur sa bouche, elle se racle la gorge, délicate, en essayant de retrouver sa contenance de poupée. Mais ses joues de porcelaine sont un peu rouge. Ce n'est pas tant de se faire offrir sa place — Chantalle aime les cadeaux, quoiqu'on est bien incapable d'acheter son affection —, c'est le geste en lui-même, la délicate attention qui lève le voile sur ses intentions. Elle finit par lui rendre un autre sourire, un peu plus fébrile, dans la retenue.

« Je l'ignorais moi-même. »

Avoue-t-elle en se pinçant la lèvre inférieure, avant d'observer la main de Monsieur Loyal, tendue avec son gant, et le ticket. Elle le fait patienter, un peu, et en remettant le gant qui avait survécu à la chute, elle rajoute :

« Et je serais ravie de vous y revoir. »

D'une voix qui tremble, comme la corde d'un violon, tandis que sa main se faufile dans son gant, qu'elle agite le bout de ses doigts. Elle tira sur le rebord, elle étendit ensuite la paume, et elle se mouilla les lèvres — discrètement. Ah... c'est un charme, c'est un instant de fable, un magicien de conte, il lui fait oublier les limites du monde. La magie de Monsieur Loyal allait au-delà de ses petits tours, et de l'univers qu'il a construit. Elle s'égare !

« Merci. »

Et le sourire illumine son timbre, rend les syllabes caressantes, tandis qu'elle ramène la main gantée au-dessus de la sienne. L'index effleura le ticket, elle regarde ce qu'elle fait, elle observe, contemple, sa grande paume blanche qui contraste avec le noir de son étoffe. Le rouge sur ses joues ne s'estompe pas réellement, alors qu'elle cherche, une façon de le remercier, de répliquer à ses sorts qu'il lui lance, élance dans son ventre des milliers de papillons noirs qui prennent leur envole.

« Et pour vous remercier, Monsieur le Magicien... »

Va-t-il la reprendre ? La corriger pour qu'elle lui rende son titre de loyauté ? Mais il y a peut-être, caché là-dedans, un peu de possessivité. Elle se penche alors, tandis que ses doigts gantés s'étendent sur sa main, un instant, pour fredonner près de son oreille, avec pudeur :

« ♪ Missed me, missed me, now you've got to kiss me
If you kiss me, mister, take responsibility
I'm fragile, mister, just like any girl would be
And so misunderstood, so treat me delicately ♪
»

D'un souffle chaud, en détachant chaque syllabe pour les faire claquer dans l'air. Sa voix était un charme, un chant discret, pourtant tout en tentation ; un sort jeté, comme les notes d'un piano, comme le blues du Diable. C'était là le présent qu'elle lui offrait, une réponse sur la magie qu'elle faisait, en regard à celle dont il l'avait enchanté. Chantalle était convaincue qu'elle ne l'oublierait pas.

Elle ne voulait pas oublier.

Et le contact léger, dont elle l'abordait fut un battement d'ailes. Le ticket et son autre gant se retrouvèrent entre ses doigts de velours, elle se redressa et lui offrit un dernier sourire.

Chantalle fit un pas en arrière, le charme
Est-il en train de se rompre, ou bien,
N'en rajoute-t-il pas à ce vague à l'âme ?
Qui reste, fait de Loyal, le véritable magicien ?

Le ticket trouve une place dans son sac, et toute en papillonnement, sa main retrouva la chaleur de son gant.


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Lun 9 Nov - 23:01
Elle est là, la magie. Partout, tout autour -ah, c'est presque comme s'il n'existait plus que ça ! Des étincelles dans les yeux à faire jalouser des feux d'artifices, en espérant qu'elles ne les quittent jamais, et des sourires plus grands que les croissants de lune, et une surprise qui nous donne l'impression que plus rien n'est compliqué ici-bas.
Loyal préfère les joues roses au plâtre des poupées, mais n'est-ce pas être plein d'ego que de le penser ? Oh, au fond, qu'importe : Loyal n'est pas de ceux qui limitent les autres. Ni de ceux qui se limitent eux-mêmes, pas comme ça ; le bout de papier et les mots qui l'accompagnaient prouvaient bien cela.
Vous l'ignoriez tous les deux, oui, que vous aviez un ticket droit vers un autre genre de spectacle.
Mais revenons au présent : tu choisis tes secondes avec délicatesse, comme on déciderait du plus beau des bijoux, de ceux à mettre autour de son cou lorsqu'on voudra s'assurer d'avoir certains yeux sur nous, à dévorer toutes les perles jusqu'aux dernières. Peut-être avait-il un peu de ça dans les pupilles, mais surtout Loyal y avait du bonheur, celui qui débordait de son sourire face à cette confirmation.
Tu viendra, et ça lui libère le cœur.
Tu te rapproches, et le voilà qui bat de plus belle -est-ce que tu le vois ? Lui et sa jugulaire qui tambourine, les tempêtes sous la peau, ces mauvais augures ? Oh il ne voit plus que le rouge de tes cheveux, mais peut-être avait-il soudainement décidé de ne plus voir d'autres couleurs que la tienne, pour se rappeler, pour t'honorer, pour t'espérer, et ce gant qui l'empêche de sentir la douceur de tes doigts, et cette pression qui lui rappelle que tu es encore là, juste là, et son myocarde qui se retient juste pour t'entendre parler oh regarde, constate, ris donc, Chantalle ! C'est bien ton chaos que tu instilles, syllabes par syllabes, et aussi celui d'une autre (mais c'est une histoire pour plus tard, plus tard, plus tard).
Loyal n'oubliera pas.
Comment pourrait-il ?
Et tu t'en vas, aussi vite que tu en étais venue ; mirage ? folie de l'âme ? à peine disparue, Loyal douta de cette vision, de ces sensations, de tout ce qui l'avait fait inhabituellement flancher, tomber, vouloir.
Et Loyal était un homme de peu de péchés, mais tu en avais réveillés certains au quart de tour.
A ce soir, chuchota-t-il dans le vide, comme pour une promesse, comme pour s'assurer que la démence ne l'avait pas emporté, que son cœur allait bien rester accroché.
Il inspira, et le monde tourna à nouveau.


Loyal était heureux sur scène.
Ca se voyait, c'était une évidence même ; sa grâce naturelle se déversait par tsunami à chacun de ses gestes qui, empruntés par n'importe qui d'autres, n'auraient eu l'air de rien de bien beau, ah ! et son charme transpirait dans chacun de ses mots, il tenait le public au creux de sa main, prenait son temps pour parler, calculait savamment la longueur de ses phrases et toutes les mimiques qui les accompagnaient.
C'était une bonne soirée. Loyal était encore fatigué de sa petite nuit, mais pour rien au monde n'allait-il pas donner toute son âme pour la représentation de ce soir -et celle de demain, et celle d'après, et celle encore d'après ... jusqu'à la fin des temps. Ca semblait si naturel qu'on aurait dit qu'il était né au milieu de cette scène, et qu'il avait donné des rêves dès la première fois qu'il a ouvert la bouche.
Il t'avait vu -comment ne pas te voir ? Les cheveux flammes ne faisaient qu'attirer, encore, encore, son regard en une injustice que Loyal essayait de réparer : il ne voulait privilégier personne, et ce soir était un exercice difficile pour toute l'adrénaline qui coulait dans ses veines.
Mais il était homme de contrôle avant tout envers lui-même, et il retint ses pupilles bien des fois, sans pour autant totalement s'empêcher de regarder là où se trouvait ta silhouette singulière. A chaque retour sur scène, il était impossible de ne pas te laisser une œillade à tes pieds.
Vînt le moment de son tour. Il avait déjà le public sous son charme, c'était évident -ils étaient venus pour avoir des rêves plein les yeux, et ses collègues avaient déjà lancé plein d'étoiles dans leurs cerveaux avides de ce sentiment si plein. Son numéro était plutôt classique et terriblement efficace. Sur scène, son compagnon était un petit lapin en peluche, aussi mignon qu'il était immaculé, un sourire fiché sur sa tête. Lorsqu'on appuyait sur sa patte, il pliait son oreille dans un vacarme ahurissant pour un si petit être. Et voilà que Loyal le mettait dans une boîte noire, seulement pour le faire réapparaître ailleurs, et encore le faire disparaître, et encore encore encore encore -autant de fois qu'il y avait de lueurs dans les yeux des enfants.
A la fin de son tour, il enleva son grand chapeau pour dévoiler le dernier foyer du Monsieur Lapin pour cette soirée. Il l'enleva de son piédestal pour s'incliner avec la peluche ; en relevant le buste, il ne pût s'empêcher un coup d'œil vers ce fameux siège.
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Mar 10 Nov - 0:42
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C'était fière de son effet que Chantalle l'avait quitté, ce Monsieur Loyal aux accents de charme, au souvenir envoutant dont elle ne parvenait pas à se rappeler. Ah... un enfant de l'air, pas moins qu'un rêve, songea-t-elle, tandis qu'elle quitta le magicien, et sa fête. Elle l'abandonna, elle se détourna de ce chemin de couleurs, de nuances, de sucres, et de sons. De joie et de sensibleries, de magie et de diablerie.

Et son retour avait été aussi discret, Chantalle avait réfléchi, un peu longtemps. Oh... certes, elle avait eu hâte de ses retrouvailles, de savourer un nouveau les cadeaux dont le magicien l'avait parsemé, à chaque mademoiselle, à chaque petite attention, que ce soit par les paroles habiles ou les tours pleins d'adresse. Plus elle se rassérénait de cet instant, plus elle se rendait compte de l'ampleur de son tour. Au-delà des froissements des cartes, de leurs illustrations dorées, de ces miroirs ouverts vers son univers, ce n'était pas tant le magicien qu'elle cherchait à cerner.

Chantalle était devenue curieuse de l'homme.

Et Chantalle était un être de réflexion, avant de se porter à l'émotion. Si elle pouvait les rejeter en bloc, elle avait accepté d'accueillir les siennes. Alors oui, Chantalle avait vu sa jugulaire trembler, brièvement, rien ne lui avait échappé, si ce n'était ce « à ce soir » mourant dans l'air. Elle s'en était nourrie, avec plaisir, amusement, bienveillance. Et c'était pour cela, que si l'idée d'arriver en retard pour raviver l'impatience lui avait traversé l'esprit, elle avait changé d'avis. Décidant alors qu'en cadeau, elle lui ferait plaisir et finalement, ce fut avec une petite avance qu'elle prit place.

Chantalle avait été pleine de contradictions, portant ses choix ici et là ; changer de tenue ? Ce serait signifier bien trop pour un simple inconnu. Néanmoins, pleine de ressource, elle s'était décidée à modifier quelque peu ce qu'elle portait avec un seul détail. Le maquillage avait certes était retouchée, un léger parfum jeté dans ses cheveux de feu, le béret remis convenablement sur le côté, rien n'était laissé au hasard. Pas même cette broche accrochée sur son béret noir, d'un mauve aussi doux que le rouge de sa bouche était vif. La broche était là pour signifier sa présence, et quoiqu'il s'agissait d'une simple fleur — une giroflée de Mahon —, elle resplendissait dans la lueur, gracile.

Et tout le spectacle durant, Chantalle admire les tours, ses yeux parcourant la scène vers les artistes, mais aussi vers la foule. Elle contemple les étoiles dans les iris des enfants, autant de lumières qui se braquent sur la scène, elle remarque l'étonnement chez les parents, ceux un peu fatigués, ceux qui sont pleins d'entrain. Ceux qui laissent l'enfant en eux renaître, ceux qui rient, ceux qui profitent, ceux dont les yeux brillent. Et les siens ne sont pas en reste, à chaque apparition de Monsieur Loyal, ils se braquent sur lui. Elle l'observe bouger, elle l'écoute parler, elle admire la manière dont il captive ses spectateurs. Et à chaque fois qu'il la cherche des yeux, elle dissimule à peine son sourire, fuit ses oeillades pour le combler des siennes dès que son attention se tourne ailleurs.

Quand Loyal présente son tour, elle penche la tête sur le côté, écoute le rire et l'étonnement des petits envahir la foule. Elle sait qu'elle a besoin d'un prétexte pour lui reprendre de son temps, peut-être viendra-t-il la voir, peut-être sera-t-il trop occupé, peut-être l'aura-t-il oublié. Toutefois, Chantalle, l'occasion ne manquera-t-elle pas de créer. Elle doit juste trouver quoi.

(Oui, elle veut le revoir.)

Le lapin en peluche disparait, réapparait, et ça lui arrache des sourires sincères. Lorsqu'elle pressent la fin du tour arriver, lorsqu'elle sent la pause dans son souffle, son regard, elle lui prête un autre cadeau.

Juste pour lui, Chantalle lui donne,
Un égard particulier dont elle est la patronne.

Le gant — encore, un personnage à part sur cette scène —, qu'elle retire d'un geste travaillé. D'abord, elle attrape un doigt, puis un autre, dans un papillonnement agile jusqu'à ce que sa peau soit dévoilée. Déshabiller ses ongles écarlates, c'était un art à part entière. Applaudir, sans ses gants, voilà le cadeau qu'elle lui fait. Monsieur Loyal le saura, elle aura fait en sorte de lui jouer son numéro, lorsque de nouveau leurs regards se seront croisés.

C'est juste pour lui.

Un battement de cil, lorsque les tours des autres se suivent, Chantalle se tient plus tranquille. Elle joue de sa présence, modifie ses regards ; c'est qu'ils se fixent dans le sien, à la moindre occasion. Les gants sur ses cuisses, elle attend une nouvelle pause dans son souffle, lorsqu'il fait ses allées et venues sur scène, lorsqu'il cherche à se déconnecter de sa présence. Des gestes simples et discrets, des jambes serrées l'une contre l'autre, dévoilant un peu de peau immaculée, en contraste avec le noir des cuissardes et de la jupe. Des jambes toujours aussi interminables, aussi délicates, qu'elle vient croiser quand elle sait qu'elle sera regardée. S'ensuivent des doigts qui viennent remettre les bords de la jupe, sagement.

(On est une Dame, ou on ne l'est pas.)
D'une fausse innocence, elle se fait l'apparat.
En réponse au magicien sur scène, un peu las,
(Chantalle le voit bien, elle le comprend)
De sa magie à lui, elle se plait à regarder,
À se faire envouter, à être charmée, fascinée,
Par ses tours, ses mots, ces rêves enjolivés,
Qu'il fait naître sur scène, aux autres, mais à elle
(Surtout)
Et c'est à son tour de lui jeter un sort, cruel ?
(C'est à lui de décider.)
Mais son regard sur lui, reste loyal.



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Monsieur Loyal
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Monsieur Loyal
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Sam 28 Nov - 22:55
Loyal ne cherchait qu'à enchanter chacun avec du bonheur, du rire, de la joie. Il n'a jamais cherché à fasciner, ou alors jamais seul, et c'est naturellement pourtant que ce phénomène prenait place. Peut-être était-ce la joliesse de ses mots, ou la passion qu'il avait à les lâcher à la suite comme on déclame un poème. Peut-être était-ce son apparence, et comment le maquillage et ses beaux habits donnaient l'impression d'un mirage sans que l'on ne puisse imaginer l'homme en-dessous. A raison : il n'y avait pas de différence entre Monsieur et Loyal.
Aussi avait-il l'habitude -si on osait le dire de cette manière si pleine d'ego- de gérer l'admiration, et l'innocent jeu du chat et de la souris lui plaisait bien. En réalité, il n'avait pas l'impression qu'il y avait un prédateur parmi eux, ces deux flammes en écho l'une à l'autre, mais peut-être était-ce parce qu'il était la fameuse souris.
Qu'importe. Loyal avait à la fois confiance en toi et en lui -bien plus en lui, évidemment, mais ta présence avait cette réconfortante impression de déjà-vu, chaude et brute et honnête. Sa poitrine ne reste pas indifférente à la cour qui semble se construire ; le gant dévoile des mains aussi blanches que le reste et, oh ! comme il aurait aimé être proche, pouvoir encore en détailler les plis, en apprendre sur leurs usages, entendre le bruit qu'elles produisent et ne laisser à personne d'autre ces félicitations qu'il méritait amplement. Mais son tour était fini, et il fallait laisser la place à d'autre -aussi ne revînt-il qu'à la toute fin, pour quémander une ultime salve d'applaudissements pour tous ceux qui, ce soir, avait rendu les rêves possibles.
Et lorsque tout s'arrête abruptement, quand aucune mécanique sous-entendue n'avait encore lieu d'être, Loyal ne veut pas que tu t'en ailles sans un mot, sans quelques phrases, sans milles palabres soufflées au creux de ton myocarde. Il se dirige vers la sortie, attentif ; sourit à tous, lâche quelques confettis, fait continuer le songe -il attend, mais aucune tête rousse à l'horizon, ni aucune boucle parfaite, encore moins de gants noirs comme la nuit.
Alors que les derniers à se présenter sont sortis, Loyal annonce aux autres qu'il part vérifier que la salle est vide. Les bancs dévoilent leur couleur bois, si ce n'est pour un unique point flamboyant qu'il est difficile de rater. Le chapiteau vide crée une autre ambiance -on croirait que tout est possible, et surtout qu'on est capables de tout. Le rouge, le jaune, le bleu, les couleurs se mélangent dans la lumière dorée des lampes ; la poussière vole, soulevée par tout ce public qui s'en est allé, et la scène vide semble inviter quiconque à s'y rendre.
Loyal s'arrête au bout du rang de bancs. Un sourire pend à ses lèvres, oh ! si honnête, et si simple ; on n'y voit pas ses dents, non, et ses yeux brillants démontrent de la simplicité de son bonheur. Il devrait l'inviter à sortir, et peut-être le fera-t-il en tant qu'homme plutôt qu'en tant que forain. Mais ce n'était pas la question, là, de suite, oh non.
Il s'avança, enjamba les mètres pour se rapprocher. Quand il ne fût qu'à quelques pas -quatre, tout au plus-, il s'arrêta résolument. Son regard était sauvage ; il était heureux de retrouver ces traits sous ses iris. Vous êtes venue. C'était un fait, irrémédiablement, et il aurait pu ajouter vous êtes restée, mais Loyal était trop occupé à savourer son propre rêve pour déjà y penser.
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Dim 29 Nov - 0:24
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Et qu'est-ce que le magicien a décidé ? Chantalle ne saurait le deviner. Ses yeux braqués sur la scène, elle contemple chaque instant, comme si c'était le dernier, et dévore la dernière apparition jusqu'à l'ultime seconde. Le public applaudit, la foule animée par une seule et même âme. Chantalle épia, les gens, les individus, qui forment soudain une masse compacte dont elle ne fait pas partie — dont elle ne fera jamais partie. Les parents, qui comme les enfants, se sont surpris à rêver, oublier les tracas du quotidien, abreuvés du merveilleux. La féérie abaisse son voile, et dévoile la joie du public, mais aussi son égoïsme. Chantalle ne bouge pas de sa place, elle patiente, alors que les corps se redressent, et que les silhouettes prennent la sortie.

Peu à peu le chapiteau se vide, et Chantalle se trouve un nouveau prétexte. La place près d'elle enfin libre, elle y déposa ses gants ; ils ont gardé la chaleur de ses cuisses. Elle fouilla dans son sac, elle y retrouva son miroir de poche, ainsi que de rouge à lèvres. Coquetterie, ou bien sens du détail exacerbé ? Bien sûr, le rouge de sa bouche est un peu passé, mais cela vaut-il le coup d'en rajouter une couche ? Oui. Pour rester. Se refaire une beauté, avant de s'éclipser, voilà l'occasion qu'elle a trouvée. Sa bouche retrouve son éclat de sang, son sourire de déesse ou de diablesse — c'est à lui de décider, le choix lui appartient. Enfin, Chantalle se releva, sa gigantesque silhouette dans l'univers coloré était une anomalie.

Les mains derrière le dos, droite, elle se perdit dans la contemplation de ce vide, brusque. Son attention se porte sur la scène, où quelques minutes auparavant, le magicien et les siens l'habitaient de leurs vies, pleines. Chantalle avala la salive, elle se perd dans sa mémoire, le spectacle donné ne fait que remonter le souvenir de Dublin.

La nuit qui se fini dans les rires, et le merveilleux,
Les clients qui quittent The Georges, malicieux,
Qui parlent, et parlent ! Encore dans leurs univers,
Pendant que Chantalle ramasse les verres,
Qu'elle sent ses pieds souffrir dans les talons,
Qu'elle se gargarise, de ce qu'elle a laissé, cette impression
De n'être qu'un rêve, pour ceux et celles tombés sous son charme.
Dublin, son foutu pays d'autrefois, elle y a laissé un bout de son âme.

Et la voix de Monsieur Loyal ramena Chantalle dans ce présent, il la rappela soudain à lui. Elle battit des cils, comme la Belle-au-Bois-Dormant qui s'éveille, puis elle se tourna vers lui. L'on dirait qu'il veut s'assurer de sa présence, ce « vous êtes venu », elle se demande s'il est destiné à l'homme ou à la grande créature face à lui. Et elle répond, par un sourire, doux, tendre. Ce sourire-là, oh, il n'est pas donné à n'importe qui ; Chantalle ne voit pas, toute la sincérité qu'elle y a donnée.

« Oui, je suis venue. »

Confirme-t-elle, de sa voix de miel, et c'est comme si de nouveau, un lien étrange se retrouve. Ce quelque chose qu'elle ne définit pas bien, ne sait point s'il s'agit du charme du magicien, ou de ce sentiment réconfortant dont il la remplit. Qu'importe qui est la souris, qu'importe qui est le chat. Dans tous les cas, elle se rapproche, féline, son pied bute contre un déchet laissé par un client. Son front se plisse, s'agace un peu ; elle le connait que trop bien, l'égoïsme des bienheureux, ceux qui ne prennent pas une seconde pour jeter leurs déchets, et oublient le lieu dans lequel, on les a conviés. Sans doute est-ce un indice, puisque ses yeux se ferment à demi et qu'après une seconde d'hésitation, elle se baisse. Sa gigantesque silhouette se replia soudain, du bout des doigts, elle ramasse le gobelet. Puis, elle se redresse, se déplie, et fixe enfin son regard dans ceux de Monsieur.

La mauvaise humeur se dissipe aussitôt, Chantalle penche la tête sur le côté. Mutine, l'on dirait qu'elle l'examine, en profondeur, décortique, le maquillage laissé sur le visage, le chapeau dans lequel le lapin s'était caché. Sa bonne humeur est retrouvée, pourtant ! C'est avec bienveillance qu'elle constate :

« Vous semblez fatigué, Monsieur le Magicien. »

Elle les reconnait, les sourires encore pleins d'adrénaline, d'une soirée qui touche à sa fin. Elle les reconnait, ces yeux qui surveillent, veillent à ce que la nuit se passe bien. C'est l'expérience sur scène qui parle, au même titre que son fugace agacement.


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Mer 30 Déc - 16:48
La phrase resta là, flottante ; était-ce réellement une affirmation ? N'était-il pas, lui aussi, rempli de cette féérie qu'il s'efforçait toujours de donner aux autres ? Oh, tu lui avais dit que tu étais magicienne, et les faits sont là : il n'arrive pas à comprendre quel tour tu utilises ici. Etait-ce ces lèvres carmines, plus brillante encore que toutes les pommes sucrées de la fête foraine ? Ou le sourire qu'elles cachaient si peu timidement, si doucement ?
La tendresse de l'échange semblait si normale qu'il ne s'en rendit pas compte de suite. Lorsque tes pieds s'avancèrent, c'était comme si le soleil revenait d'un hiver rude, et qu'il daignait à nouveau illuminer Monsieur d'une chaleur longue et tranquille. Il faisait pourtant froid, dans ce chapiteau de toile et de tente.
Lui n'avait pas vu cet obstacle à votre réunion, trop absorbé par ces yeux fauves pour glisser sur ce sol si peu digne d'intérêt. Loyal n'arrivait qu'à donner de l'attention à ce sentiment étrange ; celui qui saturait son sixième sens, qui étirait toutes ses certitudes. Il était un homme méfiant, même si on ne s'en rendait jamais compte, mais il avait l'impression d'avoir partagé une fin du monde avec toi. C'était comme si tout avait du sens ; et ça sentait la cigarette, le whisky et la pluie. Mais Loyal ne fume pas, et il ne boit plus vraiment, et les nuages les épargnent ces derniers temps -alors il ne comprend pas.
Lorsque tu te baisse (t'abaisses), il est trop en retard pour réagir convenablement. Il aurait, s'il avait pu, récupéré cet immondice avant tes jolis gants, ceux qui servent pour tout ce qui n'est pas très important. Te revoilà, dépliée et plus grande encore, lui semble-t-il. Ah, il est vrai qu'il a rarement rencontré femme plus haute que lui ; et si cela lui fait quoi que ce soit, c'est sourire (face à toutes les gens qu'il ne connaît pas encore assez). Il tend sa propre main gantée, aussi blanche que le lapin de son tour. C'est à lui de nettoyer les lieux, et peut-être aurait-il esquissé une plaisanterie si tu ne lui avais pas ôté les mots de la bouche. C'est que j'ai voulu bien faire mon travail, lâche-t-il, accompagné de quelques rires. Et que je n'ai pas trop dormi la nuit dernière, surtout. Si la vieillesse ne frappait pas encore à sa porte, sans aucun doute qu'elle se profilait à l'horizon. Loyal en était heureux : il ne demandait qu'à être vieux, tranquille et joyeux. Il voulait tout expliquer à son futur enfant, et le comprendre à son tour, et grandir main dans la main, chacun dans ses changements quotidiens. Il voulait découvrir ce qui lui restait à voir, et construire son héritage.
Il regarda la sirène rousse. Finalement, son hoirie était distribuée à chaque soirée déjà.
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Mer 30 Déc - 18:14
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C'est qu'il est bien contagieux, le bonheur de ce magicien malicieux. Chantalle sourit plus largement encore, en réponse au bonheur lumineux qui déborde de Monsieur. L'agacement s'est dissipé dans un nuage de fumée, et lorsqu'il répond, elle abandonne un petit rire qu'elle cache derrière son poing. Oh ! Il est loin d'être méchant, il signifie simplement qu'elle comprend. Elle sait. Alors quand Loyal étend la main pour récupérer le gobelet, Chantalle penche la tête sur le côté, les boucles dansent en auréole de flammes devant son regard. Elle va pour le lui donner, mais c'est à la dernière seconde qu'elle se retient.

« Oh ! Et vous le faîtes bien, Monsieur. »

Et sa voix est du miel, d'une douceur sucrée qui suppose la tendresse. Le compliment est sincère, sans aucune arrière-pensée. La franchise de Chantalle est souvent affûtée, comme des lames ; elle frappe aussi brutalement ! Mais ici, c'est de la soie, qui coule à travers le coeur. Évidemment qu'elle le pense. Les compliments sont plus rares que ses sourires chaleureux.

(Quelle chance, qu'il a... n'est-ce pas ?)
(Pour l'instant, qu'il savoure d'être là !)
(Bientôt, Monsieur Loyal le regrettera.)
(Il ne sait pas ce qu'il a rencontré.)

Et Chantalle ne sait pas pourquoi il lui est si familier, lui donne l'envie de rester un peu plus longtemps. C'est pour cela qu'elle détaille son gant immaculé, qu'elle s'attarde sur ces doigts qui lui semblent forts, dont elle ne connait pas la douceur, et pourtant ! Elle a la sensation qu'elle sait quelle chaleur ils ont, et combien cette main tendue est rassurante.

(Quelle chance a-t-elle, n'est-ce pas ?)
(De pouvoir savourer cet instant, juste là.)
(Et bientôt, Chantalle saura, et elle verra.)
(Elle comprendra ce qu'elle a rencontré.)

Ses ongles rouges contrastent avec le blanc usé du gobelet, les gants restent abandonnés derrière elle, comme une douce invitation à la suivre jusqu'au bout du monde. Comme une occasion laissée à son intention, afin de lui donner une chance de la rattraper. Chantalle sourit toujours ! Et ses yeux se plantent dans le doré des siens. Elle détaille le magicien, fascinée. Et avant de répondre, avant de décider si elle lui rendra le déchet — elle ne s'émeut pas de la salissure sur ses doigts —, elle rajoute après s'être mouillée les lèvres :

« Halloween vous aura tenu éveillé une grande partie de la nuit, j'imagine ? »

Et Chantalle avance, bien droite, son épaule frôle celle du magicien. Elle bat des cils, ses yeux brillent et s'abreuvent de l'or de son regard. Il est chaud, elle est froide ; pour elle, c'est Loyal qui est le jour, l'aube. Chantalle est sa nuit, le crépuscule. La giroflée de Mahon brille sous les lueurs, d'un mauve profond et étincelant. Sa main libre range une boucle de feu, son sourire au coin refuse de quitter sa bouche, même quand elle continue :

« C'est toujours ainsi avec cette fête, les petits sont déguisés et impatients. Les adultes, quant à eux... elle se penche légèrement, elle se rapproche, mais ils sont trop loin, bien trop loin malgré tout ! Deux planètes sur le point de se rencontrer, et pourtant, il reste l'univers entre elles avant le choc. Ils tombent le masque, et enfin, ils semblent plus heureux... ne trouvez-vous pas ? »

Chantalle est d'humeur généreuse, elle lui laisse ici un fameux indice. Et elle se redresse, le corps tourné de trois quarts, c'est là la chance qu'elle offre. Elle n'a pas encore jeté le gobelet, elle ne lui a pas encore donné ; c'est à Loyal de décider ce qu'il fera.

« Halloween est ma fête favorite pour cela, annonce Chantalle avec nostalgie. »

Et près de Loyal, Chantalle la contemple, la scène. Ce plancher qui se plaint sous les pas des artistes, cet établi pour créer du rêve, où les corps et les mots sont des outils clamés pour le bonheur des plus petits. Cela lui rappelle son foyer, the Georges et Dublin. La douleur d'en être séparée, ce souvenir lui semble plus proche que jamais. Et un instant, elle est mélancolique ; les émotions vont et viennent en elle, avec force et passion. Mais ! Chantalle se reprend, et Chantalle demande :

« Et vous ? »



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Sam 9 Jan - 19:10
Il prend le compliment avec délicatesse -il le reçoit comme on accepte une fleur, et il ira la poser dans un vase de verre clair. Il la regardera, de temps à autre, jusqu'à ce qu'elle se fane ou qu'on lui apporte d'autres comparses à pétales. Oh, peut-être lui avais-tu donné une de ces fleurs en plastique ? Si belles et éternelles ? S'en souviendra-t-il toujours ? La tempête en a voulu autrement, mais sinon -oh sinon ! aurait-il gardé cette vision au creux de ses mémoires ?
Même ainsi, tu sais, il s'en souviendra -d'une certaine manière, avec les écrits dont il questionnera par la suite la véracité. Qui croire ? Lui-même qui écrit, ou lui-même du présent ? Questions peu commune, et pourtant qui pourrait s'appliquer à tant de choses.
Autant était-il que, ce soir, il apprécie la rivière de miel que tu fais couler pour lui. D'où vient-il ? Es-tu la reine de ces abeilles ? Et alors, était-ce pour Halloween que tu revêtais ces vêtements de mortels, et que tu acceptais de laisser aux autres un peu de ton ambroisie ? Oui. Halloween est une fête qui nous représente, après tout -les costumes, le maquillage, la magie. Les monstres, aurait-il pu dire, ceux qu'on adore pour une nuit et qui nous terrifie pour le reste de la vie. L'aurais-tu cru devin, s'il avait dit ses mots aussi haut qu'il le pensait ? Mais voilà où tout se complique : ce n'est pas parce qu'il le dit, parce qu'il le pense, parce qu'il imagine, qu'il y croit. Loin de là.
Tu avais dit que tu étais artiste, en ton propre genre, en ton propre style. Était-ce donc une de ces nuits où ceux qui te regardaient n'avait plus de mensonges dans les yeux ? Loyal ne peut pas vraiment comprendre ; c'est une bénédiction et une malédiction : son esprit est trop rapide, trop clair pour ne discerner les réalités à sa portée. Les masques, sommes toutes, sont fait pour masquer, et alors ne deviennent-ils pas peau lorsqu'ils sont posés ? Je ne m'intéresse qu'aux enfants en cette soirée. Aurait-il dû dire que les adultes, souvent, lui paraissait trop simples ? Oh, non -il était trop tôt. Après tout, il ne te connaissait que depuis quelques heures, et il n'avait encore pu te prouver que tu étais de ces gens si intéressants qu'il ne comprend plus son propre comportement.
Encore, ce feu entre ses poumons lui coupait les pensées de temps à autre. Dois-je en conclure que vous appréciez les gens honnêtes et heureux ? Visiblement, il s'agissait d'une chose chère à ton cœur. Loyal ne pouvait en déduire plus, vraiment, si ce n'était qu'il s'agissait de plus qu'un attrait pour les costumes. Le voilà donc à son tour terriblement direct : il voulait savoir. Tu lui avais confirmé que la connaissance venait par le questionnement, avec toi.
Je n'ai pas vraiment de fête favorite. Elles m'apportent toutes de la joie. Peut-être cette déclaration n'était pas tout à fait vraie ; tout dépendait de ce que l'on entendait par fête. Il sourit, et ajouta : je dois cependant avouer qu'être témoin de l'imaginaire des enfants me fait particulièrement plaisir. Disait-il que la fantaisie se mourrait à l'âge adulte ? Oh, qui sait.
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Sam 9 Jan - 20:12
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Et plus Chantalle contemplait ces yeux dorés, plus elle souhaitait s'y plonger toute entière dedans. Et au fond d'elle, il y avait ce chant fatal, qui lui soufflait de s'enfuir. Non pas de Monsieur Loyal, mais de cette ville. Partir ! Loin d'ici, recommencer — encore —, porter son parfum ailleurs. Ses lèvres brûlaient ! Le feu dans sa bouche la faisait trembloter, et Chantalle hésitait presque de répondre à cette obsession. Le magicien était-il devenu, bien malgré lui, l'une de ses nouvelles lubies ? Ou bien, c'était ce lien, si étroit, si ténu, qui les reliait, qu'elle refusait de lâcher ? Alors elle s'y accrochait, féroce, les yeux plongés dans les siens, à contempler toutes les expressions de Loyal, à savourer chaque seconde de ce rêve comme si elle finirait par se réveiller. Et au fond, elle craignait que ce soit le cas, elle craignait que la magie ne se brise, et leur donne que l'amertume en réponse à toutes ces étranges impressions. Alors elle bat des cils, se pose mille questions, cherchant à garder le contact aussi longtemps que possible, et savoure sa voix, ses mots. Et les flammes dans sa gorge, elles brûlaient, virulentes, passionnées, elles ne demandaient qu'à sortir pour demander :

Suis-moi jusqu'au bout de l'univers.
Quittons cette ville, brisons le verre,
Ne restons pas là, toi et moi, et souris !
Je te raconterais tout, si tel est le prix.

Et le trouble est palpable, son coeur bat vite. Si elle lui demandait de quitter la ville pour elle, le ferait-il ? Est-ce qu'il plierait bagage avec les siens, mettrait fin à la fête et la suivrait ? Est-ce qu'il abandonnerait pour elle le pragmatisme, et embrasserait le chaos sans hésitation ? Ce serait bien étrange de se plier à l'exigence d'une inconnue. Et pourtant, Chantalle pressent quelque chose pour les sauver, tous, elle devrait lui proposer de sortir de la ville. Lui, les siens ! Et son regard brille de cette lueur farouche, de cette vérité qu'elle frôle.

Mais pourquoi faire ça, hein ?

Parce que se plier à cette crainte, ce n'est pas son genre ; ce n'est rien. Oh c'est que sa bouche a formé ce « vous », elle a failli suivre cette petite voix qui lui dit : partez. Mais ce « vous », presque sensuel, s'est avorté aussitôt et elle s'est écartée. Loyal ne prend pas le gobelet, alors qu'elle s'en va le jeter à la place ; cela lui fait ravaler son égarement, et elle retrouve son sourire. Son pas l'emmène vers la poubelle, elle y abandonne le déchet ; ses jambes la font se retourner d'un geste léger. C'est à peine que sa jupe se lève, et la voilà de nouveau face à lui.

La question la fait pencher la tête, Chantalle y donne du poids, et elle y réfléchit sincèrement. En vérité, elle ne sait pas. Voilà pourquoi elle enchaîne :

« J'apprécie les gens pour ce qu'ils sont : bruts et complexes. »

Puis Chantalle s'évade, elle occupe l'espace du chapiteau, naturellement. Ses yeux ne quittent pas les siens, ses talons claquent à peine sur le sol. Elle se meut dans cet espace, comme s'il lui appartenait, comme si elle savait l'habiter. Mais sur ce terrain, ce n'était pas son âme, ce n'était pas des fragments de coeur qui venaient colorer cet automne. Elle lève un instant l'oeil sur le jaune, puis il revient se poser sur Loyal.

« Vous préférez les enfants à leurs parents ? »

Demande-t-elle à son tour. Pour sa part, elle trouve les adultes ennuyeux, ils viennent avec leurs désirs et leurs préjugés. Ils pointent du doigt les monstres comme elle, et encouragent leurs filles à ne pas suivre le chemin qu'elle ouvre. Et elle continue sa route, elle fait sa propre voie, et s'invite, tout doucement. Ses doigts cherchent le contact de la scène, où les artistes ont donné toute leur énergie pour briller, où ils ont rendu les rêves plus palpables qu'un coeur qui bat. Et Chantalle songe qu'elle pourrait rester là — ne pas partir —, savourer ces instants. Elle a le curieux sentiment qu'avec Monsieur, elle pourrait juste attendre que le temps passe, déroule ses secondes comme un corps qui danse et se déplie. Le moment est doux, et elle s'en satisfait.

(Lui tenir la main)

Chantalle ne sait pas si Loyal est réellement honnête, s'il ne joue pas des mots pour se jouer d'elle — méchamment ? Elle en doute -, ou s'il se montre simplement méfiant, malgré sa curiosité. Alors Chantalle et son parfum empoisonné se tourne d'un coup. Son pied glisse au sol dans un demi-arc de cercle ; là est la première réponse à ses questions. Debout devant la scène, elle se remet à épier Loyal.

« Le pays des merveilles fait de ces enfants-là, des adultes qui croient encore que tout est possible, enchaîne-t-elle, et c'est un mieux. »

Son sourire est discret, un peu amer. Mais n'est-il pas le mieux placer pour savoir ? Le coeur de son travail est le rêve et la joie, donner l'impression aux petites têtes blondes que si l'on croit de toutes ses forces, l'impossible devient soudain possible. C'était ça, la magie, mais la magie s'était troqué le morne du réel contre du merveilleux. Chantalle gonfle la poitrine, elle se baisse un peu, ses doigts glissent sous sa cuissarde et la remonte légèrement. Lorsque Chantalle se redresse, son regard a la lueur farouche du chat. La franchise revient dans une affirmation déguisée en interrogation :

« Vous me dévorez toue entière, avec vos yeux et avec vos questions, non ? »


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Monsieur Loyal
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Monsieur Loyal
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Mer 13 Jan - 10:53
Pourquoi dit-on qu'on veut aller au bout de l'univers ? C'est insensé, tu ne penses pas ? Pourquoi l'univers aurait-il une fin ?
Ne serait-ce pas mieux de directement viser l'infini, de s'absoudre de ces formules dépassées, d'ancrer la rêverie dans la réalité ? Et alors, est-ce que ton discours (celui dans tes pensées, auquel il n'aurait jamais accès) est aussi vrai que tu sembles vouloir le dire ? Est-il extrait de ta chaire, de ton âme ; payerais-tu vraiment le prix pour ne pas le voir détruit ?
Ah ! heureusement, nous n'en sommes pas là, et jamais tu ne saura qu'il t'était déjà impossible de prévenir ce déchirement de cœur. Il semblerait que l'univers ne soit tout de même pas assez grand pour vous enfuir, pour vous découvrir -pas ce soir, en tous cas.
Loyal a déjà vu que tu es éthérée ; jamais trop sur terre, prête à enclencher le prochain pas de danse. Allais-tu chanter ? Était-ce un sortilège, que ce vous qui n'aurait jamais aucune suite ? T'es-tu résignée à le laisser vivre, à ne pas l'enchanter plus que déjà ?
Ou, peut-être, ne voulais-tu vraiment que te débarrasser de ce gobelet écrasé. Loyal n'y croyait pas une seule seconde, mais il ne pouvait pas encore lire dans tes pensées -pourtant ! pourtant, il avait déjà tant l'impression de te connaître. La réponse paraît évidente lorsque les mots se forment dans ta bouche, et le voilà à de nouveau ne pouvoir que te regarder, depuis l'autre bout de la pièce. Bien trop loin, lui semble-t-il, mais il n'en dira rien. Il attendra que tu reviennes pour apaiser cette boule au ventre, l'horrible impression de passer à côté quelque chose -ça grattait à l'intérieur de ses côtes. Pourtant, regarde-toi ! Ce chapiteau n'existe plus que pour toi et Loyal n'est plus Monsieur, il est public. Et, lorsque tu demandes, il répond sans tarder. Ah ! Cela dépend des parents. Un aveux, une confirmation que les plus jeunes tirent toujours de lui une impression agréable, qu'importe leurs défauts. Loyal les appréciait pour toutes les règles qu'ils brisaient en ne sachant pas qu'elles existent. Ils le faisaient sortir de sa propre tête, et cela le rendait plus sage.
Il s'assit sur le banc le plus proche. Le temps était venu au véritable spectacle, il semblait, tant l'arc-de-cercle était délicat et parfait. A son dicton, Loyal ne répondra rien : il voit ça comme une performance, quelque chose à ne pas nier ni encenser, mais à comprendre pour le témoignage qu'elle est. Tous les rêves sont-ils bons ? C'est une question aussi manichéenne qu'impossible à répondre.
Tu en es l'exemple parfait.
Il continue de regarder depuis sa nouvelle place ; ses yeux glissent sur la peau comme le cuir entre tes doigts. La question, à vrai dire, ne le surprend pas vraiment. Tu avais pris l'espace, l'avait nommé en ton nom, décidé que ce qui était sien était dorénavant tien. Et tout, dans ton apparence, criait à l'attention -oh, évidemment, peut-être ne cherchais-tu que la tienne, et que les regards de tous étaient de désobligeants affronts qui rendaient chaque pas plus difficile. Mais Loyal, en cet instant, se décida pour la superficialité de ta présentation, décidant d'aller fouiller plus loin par la suite.
Alors, comme le coupable qu'il était, il répond : suis-je donc aussi lisible qu'un livre ouvert ?
Oh, ne serait-ce le comble de l'ironie ?
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Le Chaos en talons hauts
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Bloody Mary
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Jeu 14 Jan - 14:47
we should be dancing in the sun « Welcome to my nightmare
I think you're gonna like it
I think you're gonna feel like you belong
A nocturnal vacation
Unnecessary sedation
You want to feel at home 'cause you belong »

( Alice Cooper → Welcome to My Nightmare )

Et la réponse lui arrache un sourire, un peu plus vorace que les autres. Chantalle penche la tête sur le côté, ne dit rien, et se contente de contempler l'horizon. Loyal s'est assis, il profite autant qu'elle du plaisir de la conversation, des mystères que l'on veut approcher, de la magie qu'on veut absorber. Et alors Chantalle se déplace, ses doigts coulent sur la scène avec la même délicatesse que sur les cartes. Elle sent toute les aspérités du bois, la poussière, et il n'est pas difficile de voir où ses pensées l'ont emmenée. Oh ! Elles ne sont pas loin, elles sont presque ancrée dans ce présent, où Loyal jouait avec le lapin en peluche, pendant que les enfants riaient. Puis elle s'arrête soudain, elle fait volteface ; elle se tient désormais à l'extrémité de la scène. De ce poste, elle peut observer Loyal de trois-quarts, comme un comédien qui sait où se placer pour jouer.

Pour Chantalle, ce n'est qu'un autre angle lui permettant d'observer le magicien. Son profil presque, qui se découpe dans l'obscurité envahissante du chapiteau. Le rouge de ses cheveux, sa tenue, ses larges épaules. Les mains. Chantalle pourrait les imaginer douces sous le tissu, lisses, mais quand elle agite les doigts contre sa paume, c'est comme si elle voulait vérifier leurs callosités. Le gant avait été un rempart entre eux, pourtant elle sait comment ces mains sont. Des lignes pour autant d'histoires que l'on veut garder pour soi.

Lorsque Chantalle s'assoit à son tour, c'est avec la légèreté d'une plume. Les jambes sont de nouveau croisées, son dos est droit et cambré. Les mains se posent de part et d'autre de ses hanches, et son sourire revient. Peut-être n'a-t-elle pas été si franche, peut-être que c'est elle qui le dévore de ses yeux de poupées. Le spectacle qu'elle est offre ? Ce n'est que son corps, ses jambes interminables, son parfum qui persiste dans l'air. Son silence en dit long sur les mots qu'elle garde dans sa gorge, et elle se surprend à vouloir rester ici, un peu plus longtemps — voir pour la vie. Enfin, Chantalle reprend la parole ; sa voix se fait plus rauque, elle est loin, et elle ne veut pas qu'il rate sa tirade :

« Dans ce cas, le livre est-il ouvert sur la bonne page ? Est-il laissé là pour qu'on le lise ? A-t-il du vrai dedans, ou du faux ? Certaines parties sont-elles déchirées ? L'encre est-elle restée malgré toutes les années ? Avez-vous décidé de le garder ouvert, ou bien aller vous le refermer quand la curiosité sera trop envahissante ? Comment est sa couverture ? Qu'a-t-il d'écrit sur la page que vous avez laissée à mon intention ? Votre amour des enfants, le désamour de certains parents, cette phrase-ci est susurrée, et c'est avec sensualité qu'elle rajoute : qui est le personnage principal ? Oh... que sait-on sur lui ? Et... »

Chantalle se relève, le spectacle continue, mais la comédienne quitte la scène. Le pas est rythmé, calculé, sa démarche volatile la ramène vers lui. La diablesse franchit son espace personnel, elle se penche sur son épaule, les mains derrière le dos, et soupir à son oreille :

« Qu'est-ce qu'il désire ? »

Ses yeux glissent de ses yeux aux gants abandonnés sur le banc. Quand Chantalle se redresse, elle souffle :

« Probablement retrouver le confort de son lit, et gagner le repos du juste ; la récompense à sa jolie prestation. »

Les gants, toujours, Chantalle en a fait sa pantoufle de vair. Un sourire aux lèvres — il ne partira pas —, et une mèche que ses doigts blancs ramènent derrière l'oreille. Les boucles d'or scintillent dans les yeux de Loyal, en écho à ce regard si particulier ; il donne l'impression que malgré sa nature, elle reste une merveille du monde.

« N'oubliez pas le plus important, ce serait malheureux. »

Elle se place dans son crâne en joyau, elle veut rester dans sa tête ; c'est une chanson, un maléfice, un sort jeté. Les gants, toujours ! Ils sont là où elle s'est tenu avant, ils attendent ses mains, ils n'attendent que lui. Chantalle lui offre une dernière oeillade, un ultime sourire — tout ceci n'est qu'artifice. Les mains retrouvent leur place dans son dos, sa démarche sonne en cloche. Les talons claquent, dans un rythme qui n'est pas sans rappeler celui de sa chanson. Missed me, now you've got to kiss me. Bam. Bam. Bam. Elle fredonne, l'air de rien, et s'en va dans le soupir de l'automne.

Dehors, la nuit est noire, le froid fait rougir ses joues, et apporte des diamants à ses cils. Ce soir, Chantalle a la magie en plein dans les pensées. Elle contemple la fête foraine dans ses lumières qui s'éteignent, dans ses fantômes ; la vie la quitte, tout doucement. Cela lui fait un terrible pincement au coeur, sans qu'elle puisse mettre de mot précis là-dessus. De toute façon, son esprit se concentre sur la seule personne de valeur ici : Loyal et ses yeux dorés. Oh. Elle les aime bien, ces yeux-là. Ils sont un écho au feu de ses cheveux, ils sont chauds, quand les siens sont si froids. Et les jolis mots, et la musicalité de sa voix ; ça résonne dans ses oreilles, un délice un peu coupable dont elle aimerait se faire la patronne.

Chantalle se croit maligne, avec son petit tour de sorcellerie. Les rêves dansent dans son coeur, ses oreilles écoutent ; le murmure du vent, les travailleurs qui lui proposent de la raccompagner à la sortie. Mais ce n'est pas ces gens-là, dont elle veut se faire suivre. Ce n'est pas eux qu'elle appelle dans ce silence, ce n'est pas ces visages qu'elle invite à la suivre au bout du monde. C'est peut-être pour ça que mutine, alors que la sortie s'érige devant elle, Chantalle fait la moue. Elle écarquille ses pupilles délavées : Oh... je crois bien que j'ai oublié mes jolis gants noirs dans le chapiteau.

Sans le savoir, le brave est devenu son messager, et il s'en retourne sur les pas de la belle.

Ce n'est pas lui, pourtant, dont elle se languit dans le froid. Sans veste, juste avec ce pull cannelle. Ses cuisses frissonnent, et elle attend. Est-ce que lui aussi a le coeur qui bat un peu plus ? Est-ce que lui voit cette courte absence comme une déchirure ? Voudra-t-il la revoir ? Sera-t-il impatient ? A-t-il déjà récupéré les gants pour la rattraper ? Quel sentiment lui a-t-elle laissé avec son départ ? Elle s'était montrée insaisissable, mais elle avait offert son invitation. Peut-être y aura-t-elle glissé un numéro dans les gants, peut-être aura-t-elle abandonné son parfum, peut-être que Loyal sera frustré d'avoir approché les réponses. Mais elle avait fermé le livre !

Ou bien, il n'y aura rien de tout cela, et son petit numéro n'est que ridicule.

Dans le froid de Novembre, Chantalle se languit. Les frissons détalent sur ses cuisses, et ses mains. Ses yeux contemplent cet endroit, avec nostalgie, avec douleur. Et elle se rappelle alors, combien enfant elle aurait aimé visité une fête foraine.

C'était la première fois qu'elle mettait les pieds dans un tel lieu.
Et quelque part, elle s'était fait une place, avec ses cheveux de feu,
Elle avait encré son mirage, et volage, elle attendait son retour !
Oh... qu'il la rattrape, sinon, elle lui en voudra et fera un mauvais tour.

Chantalle ouvrit alors son sac, elle attrapa son téléphone pour regarder l'heure. Oh... Déjà ? Minuit avançait à grands pas, et Cendrillon attendait le retour de son prince. Elle impose ses règles, elle brise les siennes ; peut-être lui offrira-t-elle ses faveurs pour se réchauffer. Ou à défaut, des histoires.

Mais dans les siennes, les princes sont pires que les sorcières, et les princesses savent se défendre seules.

Qu'il ne la fasse pas trop attendre.

Les secondes s'écoulent en rythme avec ce qu'elle fredonne :

« If you kiss me, mister, take responsibility
I'm fragile, mister, just like any girl would be
And so misunderstood, so treat me delicately ♪
»

Pourtant, ce ne sont pas ces paroles qu'elle a en tête.

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Lun 8 Mar - 23:16
Tous les livres ne se lisent pas, même ceux ouverts. Parfois, ils ne sont pas dans une langue que l'on connait, ou alors parfois on ne sait pas lire. Parfois, les mots sont trop complexes, et parfois ils ne résonnent pas comme il faut. N'est-ce pas étrange ? Combien tu sais lire ses verbes, et ses phrases, et ses gestes ?
L'innocence va aussi bien à tes traits que ces cheveux de feu. Il doute qu'elle ne te vienne aussi naturellement, cependant. Tu joues. C'est évident, quand on voit l'allure de tes déplacements, ou l'attention portée à tes placements, ou ta manière de mouvoir tes pupilles. Non, ce n'est pas que ton corps : c'est une forme de magie aussi. Toi, tu sais capturer l'attention, à brandir les tissus rouges de torero tout en rendant chaque homme quelque chose de plus le temps d'un instant. Ah, feu-follet, fée du feu, sirène des laves ; donnes-tu d'habitude tant d'attention à ceux qui voient tes spectacles ?
Loyal admire. Il ne cache rien de ses yeux-rapaces, et il espère que c'était bien une invitation parce que son regard glisse comme une cascade, le long des jambes interminables. Et puis, maintenant, vous voilà à nouveau égaux, assis chacun sur un côté qui ne leur appartient pas (ou du moins, pas maintenant, pas ici !), à n'avoir de l'autre qu'une image jugée probablement trop lointaine, et quelques pauvres mots séparés par de longues admirations.
Lorsque tu parles, il est évident que tu sais donner de la voix. Les discours, et les chansons, ne te sont pas étrangers ; et voilà donc les questions qui s'enchaînent, et à chaque point d'interrogation, le sourire de Loyal s'étend encore un peu plus. Ah, on dirait presque lui ! lui, qui interroge tout et ne répond de rien, lui qui entend les attentes et n'y répond qu'au moment opportun : voilà. C'est ça. Il voit, encore une fois, une opportunité.
Mais la scène t'appartient encore, alors il te la laisse même quand elle vient à lui. Ce jeu de distance le remue ; la proximité soudaine fait changer la température. Il te regarde un instant, probablement un peu trop ; t'abandonne pour suivre tes yeux. Il a vu les gants, et sait que tu les laisses ici sciemment. Il sait aussi que tu voulais qu'il sache, et alors, à lui d'y répondre. Peut-être le livre désire-t-il répondre aux questions en plusieurs fois. Une invitation à se revoir.
Il est vrai que Loyal est fatigué. Il l'a avoué, et c'est une réalité -peut-être aussi a-t-il hâte de te revoir dans ses rêves. Qu'est-ce que tu y ferais ? Oh, probablement les mêmes choses qu'ici. Ce sourire ne saurait être imité, ni ces fins doigts qui remettent délicatement un peu d'ordre dans le chaos organisé de tes cheveux, cette démarche qui semble toujours guidée par une fête continuelle.
Tu t'en vas, et l'endroit a l'air soudain bien fade : le jaune criant n'a plus rien de chaud, et le vert n'est plus assorti au reste, et le bleu n'a aucun sens. Il manque le blanc de ta peau, et l'océan de tes yeux, et le feu de tes cheveux, et l'or de tes bijoux, et le rythme de tes pas, et les mélodies de tes rires, et le chant de ta voix.
Ah, Loyal. Quelle histoire, hein ? Ca ne lui arrive plus depuis longtemps, ce genre de choses. Ce n'est qu'un homme sur les routes, incapable de rassasier cette curiosité maladive, inapte convaincu de ses propres limites. On ne dirait pas, comme ça, tous les doutes qu'il range en lui. Oh, pas de quoi le plaindre : tout ceci ne concerne que des choses rares, mais aujourd'hui était un de ces diamants que l'on croise parfois. Les gants vont-ils vraiment l'aider à retrouver ce bijou ? Que pourrait-il en tirer ? Un nom ? Une origine ? Et alors, devrait-il lui aussi demander à toutes les jeunes femmes de les essayer, jusqu'à trouver la seule et l'unique ?
Cela sera une énigme pour le lendemain. Loyal reste Monsieur avant tout ; le voilà qui s'affaire. Les déchets sont ramassés, les bancs dépoussiérés, les lumières éteintes. Les gants sont dans ses poches. Dans les coulisses, l'animation s'est arrêtée aussi. Lorsqu'il sort, son souffle créer un nuage ; la fête foraine est si calme qu'on se demande si son nom est bien choisi. L'atmosphère de milieu de nuit est de celle qu'il affectionne particulièrement, même s'il sait que cela rime avec une nuit courte. Arrivera-t-il seulement à dormir ? Son cœur est calme, mais il a l'impression que la hantise de ne pas la retrouver saura le garder éveillé.
Mais voilà qu'on l'apostrophe sur son chemin -ah, quoi ? une femme qui a oublié ses gants ?
Loyal n'aura pas à rêver d'elle pour les prochaines minutes.
Il s'élance, marche vite. Le froid lui mord le visage, alors il imagine ce qu'elle doit ressentir -ah, et sans ses gants ! Il était primordial de les lui rendre ; et peut-être donnerait-il aussi son écharpe, ou son manteau, ou n'importe quel autre apparat de Cendrillon -mais cela ne manquait pas d'originalité ? Allons, il était habitué à de meilleures idées.
Il voit ta silhouette, au loin. Clac, clac. Les mètres se font avaler par ses longues jambes à un rythme de plus en plus pressant. Clac, clac. Il détaille ce qu'il peut, sous la lumière blafarde des lampadaires. Clac, clac. Il voit ton chapeau, la broche capte quelques éclats. Tic, tac. Il cligne des yeux. Tic, tac. Et le monde s'est effondré.
Tic, tac.
Les seules choses encore debout, c'est vous. Cassures dans le paysage.
Fracture au cœur. Le rythme s'accélère. Le corps ne bouge pas. Il n'y a que les yeux qui se meuvent, oh de si peu -quelques centimètres à la fois. Ils regardent à gauche, à droite. Rien n'est plus pareil et, en même temps, n'est-ce pas ainsi depuis longtemps ? L'homme regarde. Que pourrait-il faire d'autres ? Il y a trop de signaux dans son cerveau. Ca va dans tous les sens, il ne peut pas oh s'il le fait, s'il s'exécute, s'il se retourne, il n'y arrivera pas. Il le sait. A gérer tout ça.
Il te voit, devant lui. Il n'a plus vraiment de doute sur ton identité, et pourtant il a l'impression que ce n'est pas toi. Deux réalités s'affrontent dans ses neurones, il ne sait plus qui croire (celle qui se prouve à chaque seconde, ou celle qu'il souhaite de toute son âme ?).
Il te voit, et se détourne. Le geste est violent. Volte-face. Il n'y a plus que son dos à regarder, mais si tu voyais son visage, alors peut-être aurais-tu pu comprendre toute la scène d'horreur qui se passe à l'intérieur. Et, comme le chapiteau, Loyal chute.
Le choc contre ses genoux remontent tout le long de ses os comme la pire des foudres. Ca ne suffit pas à réanimer son cœur. C'est si froid. C'est si froid, et ça suinte d'un sang qui n'est pas le sien. Son torse tombe vers l'avant. Comment parvient-il à mettre ce bras devant lui ? Qu'importe. Arrêtez. Partez. Il ne veut pas de vous, interrogations, questions, énigmes. Laissez-le tranquille. Ne venez pas lui dire ce qu'il sait déjà. Son souffle est rauque. Sa bouche ouverte laisse la salive s'égoutter en même temps qu'il tente de respirer. Il ne peut pas regarder, mais le voilà qui relève la tête.
La nuit est noire et, dans le vide des couleurs, il voit le manque.
Il sait, mais il ne comprend pas encore. Il est ici et ailleurs. Il se regarde de l'extérieur.
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[01/11] we should be dancing in the sun (bloody mary)
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