Tous les maux {Cursed & Mum}

Tous les maux

Ft. @Mum ; @Cursed

La chaleur doucement commence à taper entre les murs du château et à travers les carreaux, à mesure que les mois avancent lentement et que l’été approche. Il y aurait de quoi se réjouir, les gamins qui s’amusent comme s’il s’agissait d’un énième été on ne peut plus banal, les plus jeunes dehors à profiter du soleil, le froid de l’hiver est bien loin désormais et les préoccupations bien différentes.

Et il se contente de regarder droit devant lui - que faire d’autre après tout - après avoir vainement tenté de regarder sa montre à son poignet gauche pour voir depuis combien de temps il se trouve coincé ici. Derrière la porte, il entend encore les gamins chahuter, leurs pas résonnent et leur voix pulsent, alors qu’il soupire simplement en fixant la porte à espérer qu’un miracle ne finisse par se produire. Il regarde un peu le plafond, un peu les murs également, le tableau de la salle, les fenêtres derrière lui sans qu’il ne puisse se retourner. Il soupire à nouveau, comme il sait si bien le faire, avant de recommencer à fixer la porte sans grand intéressement dans le fond de son regard.

Pourquoi a-t-il accepté déjà ?
Pour leur faire plaisir ?
Quelle idée stupide.

Enfin les gongs commencent à bouger et à s’ouvrir, et alors qu’il s’attend à voir des gamins hauts comme trois pommes, c’est plutôt la grande silhouette de Mum qui passe à travers, avec encore et toujours les voix des gamins derrière. Et une fois dans la salle, avant que tu n’aies pu dire un premier mot, la porte se referme derrière toi et la clé se tourne dans la serrure depuis l’extérieur. Bravo à toi également, vous voilà deux à être piégé dans cette salle par des enfants d’à peine dix ans.

Et il te regarde.
L’air un poil blasé peut-être.

- Je peux expliquer, commence-t-il.

Lui est assis sur une chaise, les mains liés dans le dos - son poignet gauche s’est à peine remis des blessures, toujours douloureux et probablement le restera-t-il encore un moment. Et encore et toujours dans ses cheveux un peu trop longs ces espèces de tresses faites par Ness, ainsi que quelques unes supplémentaires dans la barbe.

- Alors... On jouait aux gendarmes et au voleur. J’étais le voleur. Et j’étais pas très compliqué à attraper, qu’il explique, en regardant autour de lui à la recherche de sa jambe en métal. D’ailleurs, ils ont embarqué ma canne, c’est problématique... Bref, Shaun a dû leur montrer comment faire des nœuds parce que... Impossible de les défaire, et il tire dessus comme pour te le montrer. J’étais plutôt enthousiaste, du moins jusqu’à ce que je me rende compte qu’ils comptaient me laisser moisir là.

Combien de temps était-il coincé là ? Bonne question, il n’avait pas réussi à regarder sa montre. En tout cas, facilement un quart d’heure qu’il attendait qu’un miracle ne finisse par se produire.

- Hm, un petit peu d’aide ?

Résumé:

Peut-être qu’il savait ce qui allait se passer.
Après tout, ce ne serait pas la première fois— il reconnaît les chuchotements, les rires, les clés cachées dans les mains, les excuses qui pourraient tenir la route. Mais Mum a

juste fait semblant.

Comme toujours.

Ça les fait rire et ça leur fait plaisir.
Alors, retrouvons-nous enfermés une nouvelle fois.

Ça fera passer l’après-midi.

Mum n’est pas surpris lorsque la porte se referme derrière lui et que le cliquetis de la clé prouve qu’il avait bien compris leur petit jeu. Il est plus surpris de te voir là, attaché à une chaise, comme un criminel. Ah, ce petit piège est peut-être plus que ce qu’il n’avait imaginé ?
Tu t’expliques et pour être honnête— Mum connaissait déjà les raisons.

Il joue au même jeu.

⠀⠀⠀Il s’étonne aussi— qu’ils n’aient pas profité de tes entraves pour dessiner sur tes joues, à l’image des siennes, deux gros cœurs rouges sous chaque œil.
Il a tout de même le réflexe d’enclencher la poignée de la porte mais bien évidemment, celle-ci ne bouge pas. Les yeux se font toujours un peu fatigués, toujours les paupières un peu lourdes et les gestes un peu lents, les pas se font un par un dans la salle de classe.

Les rayons du soleil lui font mal aux yeux.
Ce n’est pas grave.

« Ils ont oublié que la dernière fois, je me suis enfui par la fenêtre. »

⠀⠀⠀C’est tout ce qu’il dit, alors qu’il te contourne, se rapproche des vitres. Lance un regard dehors, observe ceux qui s’amusent dans l’herbe trop haute et dans la lumière du soleil. Mum ouvre l’une des fenêtres, un peu d’air frais ne fera pas de mal. On étouffe un peu, ici.
Puis, il t’observe, toi et tes tresses. Tes poignets entravés.

(Il espère qu’ils ne t’ont pas fait mal—.)

Ah, si c’est Cursed qui leur a appris à faire des nœuds, peut-être qu’il ne pourra pas t’aider, tu sais.
Alors, il prend une chaise et il s’installe en face de toi.
⠀⠀⠀⠀⠀⠀Croise les bras.

Un petit sourire. « Il s’avère que je suis gendarme. » (C’est faux.)

Peut-être qu’il devrait au moins essayer de te libérer.
⠀⠀⠀Mais toi, tu ne pourras pas t’enfuir par la fenêtre, n’est-ce pas ?

« Alors, qu’est-ce que tu as volé ? »

Ah, on pourrait se construire tout un plan. Tu attends ici, libéré de tes liens, tandis que Mum passe par la fenêtre et récupère la clé pour venir te sauver. Mais il a comme l’impression— que les enfants ne le laisseront pas faire et de toute manière, arrivera-t-il à défaire les nœuds ?
⠀⠀⠀En vérité— sans doute, oui. Même si c’est Cursed qui leur a montré, ils restent des enfants, après tout. (Ne jamais les sous-estimer, cependant.)

Pourtant, avant même que tu n’aies le temps de répondre, Mum entend la clé dans la serrure et pense pendant juste une seconde— que les enfants ont changé d’avis, peut-être ? Mais en voyant le troisième invité rentrer et se faire enfermer de la même manière que lui il y a à peine deux minutes, Mum comprend qu’ils vont rester ici pendant un moment.

Et après Cursed, ce sera qui d’autre ?

Sommes-nous au complet ou bien devrions-nous attendre d’autres invités ?

« Et toi, tu es voleur ou gendarme ? » qu’il demande alors à Cursed.

Sans se douter une seule seconde,

de la suite des événements.

tous les maux.

Résumé:

The Pt and Kettle
RumjacksclickAlmace, Mum & Cursed
xxx« Lids a rattlin' belchin' steam
Life ain't nothin but a fevered dream
'You're a lowly villain'
'You're a terrible liar'
'But we're both here cookin' on the same old fire'»Cursed n'avait de douceur et de patience que pour les enfants.
Aveuc eux, il oubliait l'odeur de la poudre. Et pendant quelques minutes, sa tête n'était emplie que de rires et de cris. Les pieds qu'on tape sur le sol, alors qu'on file à la vitesse de la lumière. Les semelles couinant dans les couloirs, lorsqu'on prend un virage ; ça ressemblait aux récréations dans les écoles. Quand Cursed était avec les enfants, il cachait son arme et les balles dans des endroits différents — jamais deux fois de suite dans la même cachette —, et il oubliait d'être un soldat pour devenir un père.
Comme il l'aurait dû l'être.
Comme ceux qui auraient dû le rester.

Alors Cursed jouait le jeu ; il était le voleur. Mais Cursed savait que s'il s'y mettait vraiment, les enfants n'auraient pas la moindre chance de l'attraper. Alors il se cachait dans les recoins, et en surprenait pour les attaquer de chatouilles, les soulever et les reposer au sol dans des éclats de rire rauques.
Mais Cursed n'avait pas de rire, depuis un moment.

Ca s'étrangle dans sa gorge, comme si sa voix se collait à sa trachée, et restait coincée. Au final, il se laissa faussement menotter et conduire dans la prison de fortune. Il faisait mine de se débattre, mais pas trop, alors que les petites mains le poussaient vers la pièce. On lui ouvre, on le pousse dedans.
Et le temps que Cursed comprenne...
Un regard sur Almace, en piteux état, et Mum.

C'est juste assez pour que les enfants referment derrière lui, et qu'il se retourne. À son tour d'essayer d'ouvrir, il serra la mâchoire et il gronda avant de soupirer. Là, il fit de nouveau volte-face, et il fixa Almace, Mum. La fenêtre.

Depuis ce qu'il s'était passé avec Phaner, il n'avait plus envie de voir les adultes du château.
Ils ne comprendront jamais.

Cursed considéra la fenêtre, et contrairement à Mum, il n'envisageait pas de les inclure dans l'équation. Alors il se contenta d'encore soupirer, les mains dans les poches.

« Voleur. »

Répondit-il, en faisant claquer sa langue contre son palet. Cursed avança, il se débarrassa de sa lourde veste militaire, puis il alla regarder par la fenêtre. Soudain, il n'était plus le même homme ; il semblait avoir changé de personnalité à l'instant où les enfants avaient refermé la porte. Il s'accouda à la fenêtre, il regarda en bas, tout en tapotant son pied contre le sol.

« Ils apprennent vite, les mômes. »

Ajouta-t-il. Une partie de lui était attendrie de voir que ses enseignements portaient leurs fruits. Une autre était agacée de se retrouver avec Mum, et Almace.

Le suicide d'Almace lui restait en mémoire, et quand il le voyait ainsi, il n'avait qu'une seule envie : lui écraser ses phalanges dans la mâchoire. Mais il n'était pas fou, il risquait de le casser s'il passait à l'acte. Et cela n'avancerait rien, au contraire. On allait encore lui reprocher des trucs.
Cursed grogna entre ses dents.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Toux les maux

Ft. @Mum ; @Cursed

Par la fenêtre ?

Il regarde bien par la fenêtre, ou du moins il essaye sans y parvenir, mais il n’est pas vraiment sûr qu’il va réussir à te suivre, la jambe en vrac qui le lance en permanence pour lui rappeler sa bonne présence et puis il y a son dos également, qui commence doucement à souffrir de l’âge qui avance et de ses mauvaises positions des années durant.

Et donc tu es gendarme, dis-tu ?

- Merde.

Logique. Alors il va rester ici un instant, à se demander si c’est pas un jeu des enfants encore - on fait interroger le voleur par le gendarme, quitte à continuer dans le jeu - mais pourtant tu t’es bien fait enfermé ici, il a entendu la clef dans la serrure. Ah tant pis, si tu veux continuer à jouer alors il va continuer. Qu’est-ce qu’il a volé, tu demandes mais il hausse les épaules, ils n’ont pas vraiment parlé de tout ceci avec les gosses, juste occupés à jouer et à le trouver bien rapidement, à l’attraper sans qu’il n’oppose réelle résistance car après tout il n’est pas plus apte à courir dans tout le château qu’à s’enfuir par la fenêtre ouverte.

- Ma canne, probablement, répond-il donc en soufflant. Vu qu’ils me l’ont prise.

Et enfin arrive la troisième et dernière personne, Cursed à son tour se fait enfermer - le visage fermé sans que l’on puisse se douter que quelques secondes plus tôt il s’amusait comme un gamin avec ces dits-gosses avant d’atterrir ici en leur compagnie. Voleur également, Almace n’en a pas le souvenir. Un coup des mômes, apparemment.

- Ce sera qui le prochain à se faire enfermer ? demande-t-il ironiquement, un rictus mauvais sur les traits. Arthur ?

Il rejette la tête en arrière, comprenant bien assez vite que tu comptes tout autant le délivrer que Mum. Ah, alors c’est ainsi, il va rester dans cette position des heures durant ? Bonne punition, peut-être. Mais il a déjà bien assez subi depuis qu’il est rentré. Alors il souffle du nez en regardant le plafond sans rien dire de plus, et tape des doigts contre le bois de sa chaise. Quelques bruits qui brisent le silence qui s’étalent soudainement.

- Vous n’en avez jamais parlé, n’est-ce pas ?
Ou l’avez-vous fait derrière mon dos ?
Comme d’autres ? Comme beaucoup ?

Il exprime ses questions à voix-haute. Ses craintes, également.
Ah ils ne vous en voudrait pas, il pense. Compliqué, il se dit car ce serait probablement -légitime.

Résumé:

Cursed, tu n’amènes pas avec toi la même chaleur que le soleil. C’est même plutôt le contraire. La salle semble s’assombrir à ton arrivée.

⠀⠀⠀⠀⠀Comme pour prévenir de l’orage qui gronde.
Gronde dans nos cœurs, vibre dans la cage thoracique. Comme un concert où le son est trop fort. Comme ses palpitations un peu douloureuses, parfois.

Que va-t-il se passer, tu crois ?

Deux voleurs contre un gendarme, ce n’est pas juste. (Mais ce n’est plus le moment de jouer, Mum.) (Il l’a bien remarqué.) (Il l’a tout de suite remarqué.) (Comment l’ambiance a changé.)
⠀⠀⠀(Comment l’air s’est refroidit.)

(Que va-t-il se passer, tu crois ?)

« En effet. »

Ils apprennent vite, en effet.

Et nous, nous sommes les seuls idiots qui n’apprenons jamais de nos erreurs. Les seuls qui se cachent derrière les faux-semblants et les masques qui changent de couleur tous les jours. En espérant que ça, les enfants, ils ne l’imiteront pas, comme tout le reste.
Espérons que nos mensonges passent pour un peu de sincérité.
⠀⠀⠀Et si nos sourires ne sont pas vrais, quelle différence ?

Personne ne sourit pour de vrai.

Il y a toujours une raison derrière. Quelle qu’elle soit.

Quelles sont les vôtres ?

(~~Mum a peur de savoir.~~)

Le silence sous la langue, il décroise les bras finalement,

se lève et contourne la chaise.

⠀⠀⠀S’accroupit à hauteur de tes poignets, Almace, pour en défaire les liens. Tu vois, ce n’était pas si compliqué que ça. Mum ne veut pas s’y attarder (parce qu’il y pense) (il pense à ce que tu as fait) (tu vois, c’est si difficile pour lui de l’évoquer ou de l’imaginer, qu’il n’arrive même pas à penser au mot) (au mot qui définit ton geste) (par faiblesse d’esprit peut-être) (sûrement), les gestes sont un peu nerveux, un peu tâchés de fatigue, mais la corde se dénoue au même moment que tu brises le silence.

Alors, on va parler de ça.
Mum ne veut pas.
Il n’a pas envie.
Il ne veut pas.
Il n’a pas envie.
Il ne veut pas.
Il n’a pas envie.

S’il te plaît, ne le force pas à parler de ça.

Sa gorge est encore nouée.

Qu’est-ce que tu veux qu’il te dise, Almace ? Bien sûr qu’on en a parlé lorsque tu n’étais pas là. Tu vois, le problème de ta formulation, derrière ton dos, ça sonne si négatif. Ça sonne comme si on t’avait insulté, dénigré, moqué. Ce n’est pas le cas.
En fait, non, Mum, lui, il n’en a pas vraiment parlé derrière ton dos.

Simplement parce qu’il n’a pas trouvé les mots.
Il n’a pas trouvé à qui parler non plus.

Que veux-tu savoir, Almace ?
Qu’il t’a pleuré comme si tu étais déjà parti ?

C’est le cas.
~~Et il recommencera.~~

« Je ne parle pas dans le dos des gens. »

C’est fatigant de parler.

Et Mum n’a plus rien à dire.

« Quand j’ai quelque chose à dire, je le dis en face. »

Et il se rassied.
En face de toi.
Almace.

tous les maux.

Résumé:

The Pt and Kettle
RumjacksclickAlmace, Mum & Cursed
xxx« Lids a rattlin' belchin' steam
Life ain't nothin but a fevered dream
'You're a lowly villain'
'You're a terrible liar'
'But we're both here cookin' on the same old fire'»Cursed se tendit aussitôt, quand Almace parla. Ses doigts se resserrèrent sur le rebord de la fenêtre, sa mâchoire se contracta et la douleur l'élança jusque dans les dents. Elles grincèrent d'ailleurs, tant il les serrait pour retenir la bouffée de rage qui lui éclata à la gueule. Ses jointures blanchirent, et bientôt, tout son dos se contracta. Il rentra la tête dans les épaules, et il se voyait, là, exploser la porte et les murs à la seule force de ses poings. Cela faisait longtemps que Cursed n'avait pas laissé éclater sa colère. Almace venait de littéralement balancer une allumette dans un bidon d'essence, et plus les secondes s'écoulèrent, plus Shaun la ressentait.
Shaun remuait les lèvres, sans rien dire, il ronchonnait dans son coin. Il avait besoin de bouger, de dégager l'énergie en trop qu'il contenait. Il se voyait donner des coups de pied dans le mur, enfoncer son poing dans la fenêtre. Et Mum en rajouta une couche.

Et c'est là qu'il fit volte-face.

Cursed les regarda tous les deux, chacun leur tour. Puis il tonna d'une voix ferme, comme s'il donnait des ordres :

« Mais ferme ta gueule. »

Il fixait Mum, mais c'était Almace qui était visé. Il le pointa ensuite du doigt, nouveau coup d'oeil sur chacun des deux, il ajouta :

« Évidemment qu'on va parler dans ton dos ! Putain ! »

Coup de pied au sol, le plancher gémit sous sa force.

« Je vais pas te rappeler ce que tu as fait ! Tu crois quoi ? Qu'on va faire comme si de rien n'était ! Ah mais ça... »

Les bras au-dessus de la tête, il ferma et rouvrit les poings, plusieurs fois. Il inspira, puis il se frotta les yeux.

« C'est plutôt la tactique de Mum, hein. Faire comme si tout allait bien, alors qu'on sait tous ce que tu as fait. Sérieux. »

Cursed avala sa salive, ça faisait mal dans son oesophage. Il soufflait comme un taureau enragé, prêt à encorner la première personne devant lui. Cursed recula, les mains sur le rebord de la fenêtre, et il cracha un autre « putain ». Et plusieurs, avec son pied tapant toujours contre le plancher.

« Tu crois que j'étais pas là ? Quand Arthur t'a trouvé ? Tu crois que c'est qui hein, qui était dans la bagnole avec toi ? »

Instant de calme. Cursed se tourna vers Mum, il releva légèrement le menton et plissa les yeux sur Darell. Darell savait, et Darell se souvenait ; l'arme vide, pointée sur la tempe. Mais Cursed n'y pensait pas forcément.

« Et toi, t'es persuadé qu'on croit tous tes mensonges ? A sourire comme si de rien n'était passé ? Alors vous préférez faire comme ça, hein : prétendre que c'est jamais arrivé. PUTAIN ! »

Cursed se retourna et tapa dans le mur. Ses phalanges craquèrent sous la violence du poing, il balança un autre « PUTAIN DE TA MERE », en secouant sa main. Au moins, la douleur ankylosent la rage. Mais ça ne durait jamais vraiment longtemps.

Surtout sans les médicaments.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Tous les maux

Ft. @Mum ; @Cursed

Ses mots sont un caillou dans la mare, et tout s’arrête et tout se stoppe, le silence les envahit encore plus qu’auparavant. Almace, peut-être qu’il en a juste marre des non-dits, des secrets, des vérités masquées. Faire comme si tout allait bien, tout était bien, alors que l’on est tous en train de lentement sombrer dans cette folie latente que cette ville applique sur nos esprits. Almace, il y a encore parfois un peu d’Etham en lui, profondément caché dans le fond de sa poitrine mais qui se réveille de temps à autre, comme sortant d’une longue dysthymie.

Les mains qui se délient, en même temps que l’esprit et la parole.

- Vous n’en avez jamais parlé, n’est-ce pas ?
Ou l’avez-vous fait derrière mon dos ?
Comme d’autres ? Comme beaucoup ?

Ah oui, alors on va parler de ça. Almace, il est fatigué, d’être en colère contre le monde entier ou contre lui-même, alors maintenant on arrête tout. On se regarde. On se parle. Aux autres ou à soi-même. Qu’est-ce que ça changera désormais ? Rien, plus rien. Le temps s’écoule doucement. Et il continuera à s’écouler ensuite.

Mum, tu dis que tu ne parles pas dans le dos des gens et pourtant te voilà qui s’assoies en face de lui. Il te regarde et souffle doucement par les narines, les mains déliées venues se poser sur ses genoux. Il voudrait bien te croire,un instant seulement parce que tu es ainsi - tu parles peu des choses qui te tracassent ou qui te hantent, c’est dans ta nature comme c’est dans la sienne, un peu trop de ressemblances, trop peu de différences.

Cursed, toi tu décides de t’énerver. A raison probablement, alors il ne dit rien et laisse évacuer. Frapper les murs et te péter les phalanges, ce ne sera jamais pire que ce qu’il a fait lui, alors un doigt cassé contre un poignet en lambeau, il a déjà choisi. Tu frappes le mur comme si tu le frappais lui, c’est juste que la douleur physique n’est pas si présente, si ce n’est un pincement douloureux dans le fond de la poitrine.

- On peut plus. Faire comme si rien n’était arrivé. Ou comme si rien n’allait se passer.

Almace, en vérité il a peur de crever aussi tôt, il a peur de crever comme ça. Alors il a essayé. Ce n’est pas la maladie qui l’emporterait, il a voulu gagner face à elle qui le bouffe depuis déjà bien trop longtemps. Mais désormais, il est juste fatigué. De lutter. De mentir. De faire comme si.

Tu le sais, toi, Shaun.
Arthur aussi.

Et peu à peu la nouvelle va se répandre, comme les fils invisibles d’une marionnette, comme l’eau qui s’insinue partout. Peut-être que tu es déjà au courant, Mum. Dans ce cas, désolé. Il aurait voulu te le dire lui-même.

- Je sais que tu étais dans la voiture. Arthur me l’a dit.

Il a toujours été en retrait. Parce qu’il ne voulait pas que vous vous attachiez, parce qu’il ne voulait pas vous blesser. Il voulait partir sans regret, sans larme, sans personne pour le pleurer. Mais il s’est foiré, n’est-ce pas ? Et ainsi, il va vous déchirer, encore plus que tout le reste.

- Mum. Ça va rien changer. C’est juste me donner... quelques mois de sursit. Mais, ça va rien changer, la finalité sera la même.

Et il ravale ses excuses.
Parce que ça ne changerait rien.
N’est-ce pas ?

- Après tout, je suis déjà mort.

Résumé:

L’air stagne.

Il devient étouffant de respirer. Il fait lourd comme avant un orage.
Mais celui-ci finit par éclater. Ravage l’espace par les mots cinglants. Tu as toujours été ainsi, Cursed, à ne pas savoir te contenir lorsque tu es contrarié.

Qu’est-ce qui te contrarie, aujourd’hui ?

⠀⠀⠀Discutons un peu. Ce n’est pas notre fort.

Faisons semblant plutôt.

Vous n’avez par l’air d’avoir envie de faire semblant, pourtant.
Mum s’y raccroche, encore, tant qu’il le peut encore parce que ce sont ses dernières forces, parce qu’il ne sait faire que ça. Il ne sait pas parler, vous ne comprenez pas, il ne sait pas faire autre chose que faire semblant parce que c’est juste

plus simple,

et moins douloureux.

(Il le pense sincèrement.) (Mais il sait aussi qu’au fond, c’est faux.) (Tellement faux.)

Et Mum

reste silencieux.

Il attend que ça passe, comme toujours.

⠀⠀⠀Les yeux fermés un instant pour ne pas voir ce qu’il se passe sous ses yeux. C’est comme si ça n’existait pas, n’est-ce pas ? Il t’entend bien, Cursed, ta violence et tes mots. Ça résonne dans cette coquille vide et Mum— n’aime pas les tons que tu prends mais seulement parce qu’il a juste peur

que tu finisses par te blesser.

Par regarder à nouveau cette arme et diriger la colère vers toi (une bonne fois pour toutes).

« Non. Je sais que personne n’y croit. Mais tout le monde fait semblant, sinon ça ferait longtemps qu’on me l’aurait fait remarquer. »

C’est la vérité, Cursed. Que tu le veuilles ou non.
Ça a toujours été ainsi. Tu ne te demandes pas, toi, pourquoi personne n’est jamais venu le voir pour lui demander si ça allait alors que ça se voyait à des kilomètres que ça ne va pas ? On fait tous semblant.
⠀⠀⠀Parce que c’est bien plus facile.
Qu’est-ce que tu voulais qu’il fasse d’autre, Cursed ? Qu’il pleure, tous les jours, et qu’il ne sorte jamais des draps et des oreillers ? Qu’il ne fasse aucun effort, que ce soit pour les enfants ou pour les chevaliers, qu’il reste isolé dans un coin à se remémorer sans cesse tout ce qu’il a perdu ? Ce n’est pas l’envie qui manque, tu sais.

Et tu penses que c’est ce que l’on veut tous ?

Mum veut juste

ne penser à rien. Oublier qu'il existe.

Faire semblant, ça lui va.

Il ne comprend pas pourquoi, soudainement, ça ne vous va plus.

C’est étrange, non ? Mum a comme l’impression que vous lui

cachez quelque chose.

⠀⠀⠀Mais toi, Almace, il y a toujours ce secret que tu lui as caché, depuis si longtemps. Est-ce que tu t’en souviens ? Honnêtement, Mum a perdu la plupart des souvenirs de cette nuit, mais il n’a toujours pas oublié les mots que tu as prononcé.

Les mêmes qu’aujourd’hui.
Échos d’une sincérité non assumée.

Et Mum

a peur

de ce qui est en train d’arriver.

Il est terrorisé parce que doucement, il comprend,
⠀⠀⠀que l’on est en train de prendre un tournant et que

la discussion ne va pas s’arrêter juste ici.

Il comprend

la gravité de la situation.

Et ses mains se rejoignent, nerveusement, lie les doigts ensemble.
Le regard qui alterne entre les deux autres protagonistes. Un silence qui s’allonge, jusqu’à finalement baisser les yeux, la gorge nouée.

« Je… ne suis pas sûr de comprendre. »

Il comprendra bien vite, cependant.

Il fait juste semblant.

tous les maux.

Résumé:

The Pt and Kettle
RumjacksclickAlmace, Mum & Cursed
xxx« Lids a rattlin' belchin' steam
Life ain't nothin but a fevered dream
'You're a lowly villain'
'You're a terrible liar'
'But we're both here cookin' on the same old fire'»Quand Almace reprend la parole, et déclara qu'ils ne pouvaient plus faire semblant, Cursed leva le doigt. L'on aurait pu croire qu'il réclamait la parole comme à l'école, alors qu'en vérité il était sur le point de dire quelque chose et qu'il venait de s'interrompre. Le doigt se baissa, son bras retomba le long de sa cuisse, et il fit grincer ses jointures. C'était une cocotte-minute, Cursed, et il détestait être dans cet état. Dans sa poitrine, c'était la tempête, un maelström de colère et de tristesse dont il ne parvenait pas à découvrir le fond. Dans ces élans émotifs, il peinait à comprendre ses émotions. Elles se bousculaient les unes dans les autres ; ça lui donnait l'impression d'être en plein coeur d'un concert de Death Metal, et de se retrouver poussé par les autres, entraîné dans un pogo qu'il ne voulait pas. Alors il s'agitait, il retenait la rage autant qu'il le pouvait, en ayant bien conscience qu'elle éclaterait.

Cursed avait besoin de sortir, s'isoler.
Pour éviter aux autres de voir ça.

Afin d'éviter que les enfants assistent à ce qu'il avait de pire en lui.

Almance reprit, jusqu'à clouer son temps d'un « je suis déjà mort ». Cursed leva les mains au-dessus de sa tête. De nouveau, il veut dire quelque chose, mais il se retient. Et il se rappela alors.

Son regard s'arrêta sur Almace, froid, avant de se retourner sur Mum. Silence.

Ah oui ? Tu ne comprends pas, Mum ? Songea-t-il, avec un ricanement mauvais ; il s'étrangla dans sa gorge, comme une mauvaise toux dont on n’arrivait pas à se débarrasser. Cursed fit la moue, un demi-sourire fendit son visage émacié, et il se contenta d'applaudir.

« Bravo. »

C'était mesquin. Le bruit que produisaient ses mains était sec, il sonnait faux dans cette pièce à l'air saturé. Il ne s'en rendait pas compte, mais il était en sueur. Ses chaînes cliquetaient au milieu de son torse, alors qu'au final, il lança un énième regard vers Almace.

Ses mains bras retombèrent, il ouvrit la bouche, mais de nouveau, aucun son n'en sortit.
Son regard disait :
Je n'ai pas oublié.

S'il ne l'avait pas noté dans l'une de ses nombreuses lettres, écrites probablement à une morte, il ne s'en serait jamais souvenu.

Il avait porté ce fardeau, dans le plus grand des silences. Lui aussi, il avait fait semblant de ne pas savoir. Et Almace avait joué le jeu : faire comme si tous les deux n'était pas au courant. Alors Cursed se contenta de s'assoir, le dos appuyé sous la fenêtre. Un genou replié pour maintenir son coude, la jambe en L. Il fixa Almace, haussement d'épaules.

Il désigna Almace d'un geste de la main.
Il semblait dire : débrouille-toi mon vieux.

Ah.

Mum.

Personne ne te croit, on sait que tu as compris.
Mais peut-être que tu as besoin de l'entendre de la bouche d'Almace.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Tous les maux

Ft. @Mum : @Cursed

Déjà.
Déjà.
Mort.

Il a la gorge sèche, en prononçant ces mots. Et le regard qui fuit, aucun souvenir de cette nuit-là où il t’a prononcé ces mêmes mots. Juste le lendemain, beaucoup de souvenirs de juste le lendemain. Comme pour toi, Cursed, s’il n’a pas le souvenir de ce jour étrange où il te l’a dit de vive-voix, il se souvient pourtant parfaitement bien du lendemain. Et dans le fond, avec probablement un poil de lâcheté, il se met à espérer.

Espérer oublier ce jour, également.
Et ne se souvenir que du lendemain.

Lorsque tu applaudis Cursed, il essaye de ne pas comprendre - la pique. Et pourtant ça pince encore un peu, dans le fond de sa poitrine. Maintenant il ne peut plus faire demi-tour, il ne peut plus se défiler comme il aimait le faire jusque là. Et il voudrait s’excuser. Mais ça ne servirait à rien. N’est-ce pas ?

- ...

Il inspire, et voudrait soudainement tout arrêter. Là, maintenant. Partir, faire demi-tour, marche-arrière, oubliez-le, oubliez ses mots, oubliez ses dires, oubliez ses paroles, oubliez ces lendemains.

Il est lâche, tellement lâche.

- Je suis malade.

Le silence qui s’étale. Ça y est, ça y est, c’est dit. Et on se doute, étrangement, qu’il ne s’agit pas d’un simple rhume, d’une crève et de trente-huit de fièvre. C’est grave, tellement plus grave. Et invisible.

- Une leucémie. On me l’a diagnostiqué juste avant... il secoue sa main autour de sa tête - et nous vous regarde pas, aucun de vous. Avant tout ça. Et il laisse mollement retomber sa main sur sa cuisse, inspire et expire lentement. Pas soignable, pas ici. J’étais censé aller à Portland mais je me suis retrouvé bloqué ici finalement. Alors, elle fait juste ce qu’elle sait faire de mieux : me tuer à petit feu.

Aucun regard, à aucun de vous.
Juste les yeux figés sur le sol et ses chaussures.

- Et elle s’aggrave. Il doit me rester... six ou sept mois ? Neuf ou dix peut-être, je sais pas vraiment. Un an, si j’ai beaucoup de chance.

Et dieu sait qu’ici, on n’a jamais eu beaucoup de chance. Il ne fut jamais celui qui disparaît. Pourquoi donc ? Si le destin existe, si un entité supérieure gouverne... Alors ce sont simplement de sacrés connards.

- Je voulais juste gagner... je voulais juste gagner contre elle.

Et il a la voix
qui se brise.

Spoiler:

S’il vous plaît,

restons silencieux encore un instant.

Ne dites rien.
Ne parlez pas.

Ne pouvons-nous pas rester ainsi juste un peu plus longtemps ?

Mum a peur d’entendre la suite. Mum a peur des mots qui franchiront tes lèvres. Mum a peur de ce que tu es sur le point d’annoncer parce que

ça semble être insurmontable.

Aucune solution.
Un problème insolvable.

Restons silencieux, juste encore un peu…

Ne parle pas.
Ne parle pas.
Ne parle pas.
Ne parle pas.

⠀⠀⠀S’il te plaît.
Mais tu parles, Almace. Et Mum n’a pas envie de t’écouter. Mais il est obligé, n’est-ce pas ? Il doit faire l’effort. Il doit affronter, pour une fois, ce qui l’angoisse. Il doit se tenir droit et fort face à ses peurs. Tu ne trouves pas ça étrange, toi ?
⠀⠀⠀⠀⠀⠀Tu lui fais peur.
Depuis si longtemps déjà, tu lui fais peur.

Aujourd’hui, plus que jamais.

Tu es malade.
Tu es déjà mort.

En fait, ça semble

tellement évident.

Tes mains qui tremblent.
Le poids sur tes épaules qui semblent grandir de jours en jours.
Tes assiettes jamais vides.
⠀⠀⠀Et tu es déjà mort, tu l’avais dit.

Tu l’avais dit.
Tu l’avais dit.
Tu l’avais vraiment dit.

Il y a

juste une respiration.

Les poings qui se serrent. Le regard se baisse. La gorge nouée si fort que ça fait mal.
⠀⠀⠀La bouche s’ouvre mais aucun son ne sort. Qu’est-ce qu’il est censé dire ? Qu’est-ce qu’il est censé dire, Etham ? Qu’est-ce que tu veux qu’il te dise ? Comment est-ce qu’on est censé réagir, lorsque l’on nous annonce qu’un proche n’a plus que quelques mois à vivre, et qu’on ne pourra rien faire pour retarder l’échéance ?
Qu’est-ce qu’on est censé faire ?

À part attendre ?

C’est tout ce que nous faisons, ici.
Attendre.

Mum est malade d’attendre.
Mum ne veut plus.

Il lance un regard à Cursed. Et toi, tu sais ce qu’il est censé dire ? Qu’est-ce que tu lui as dit, toi, à Almace, quand il te l’a dit ? Ça se voit à des kilomètres que tu es au courant. Pourquoi tu n’as rien dit, non plus. (Non, il sait très bien pourquoi. Il aurait fait pareil. Il aurait tellement fait pareil.)

C’est comme un coup de massue sur la tête.
⠀⠀⠀Mum entend son cœur battre dans ses oreilles. Métronome qui témoigne du temps qui passe parce qu’il reste silencieux—
le temps que

l’information monte au cerveau.

Tu vas mourir.
Tu vas mourir.
Tu

⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀vas

⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀mourir———.

Et Mum ne peut rien faire.

Il ne peut rien faire. Incapable. Impuissant.
C’est horrible. Tu vas mourir et nous, on va juste te regarder. C’est horrible, c’est horrible, c’est horrible. Mum ne veut même pas l’imaginer. Il ne peut pas. Ça va passer si vite. Le temps passe toujours trop vite et Mum est toujours trop en retard et
tu
tu—

« Non. »

Mum s’est levé. Le grincement de la chaise accompagne les mouvements.

Il n’arrive pas à te regarder.

Il fronce les sourcils, les mains agitées et

trop de pensées dans la tête.

Non. Tu ne peux pas mourir comme ça. Si vite. Sans solution.
⠀⠀⠀Ne dites pas qu’on doit tous mourir de quelque chose. C’est une phrase tellement stupide et Mum la déteste. Tu crois que c’est comme ça qu’il aimerait que tu partes, juste parce qu’il faut bien mourir de quelque chose ? Tu crois qu’il aurait accepté qu’il y ait une balle dans l’arme de Shaun, juste parce qu’il faut bien mourir de quelque chose ? Tu crois qu’il a perdu ~~Maeve et Ruth~~ du jour au lendemain, juste parce qu’il faut bien mourir de quelque chose ?
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀Ne lui faites pas l’affront de lui dire ça.
Il pourrait le supplier.

Ne faites pas ça.
Ne faites pas ça.

« Non… »

Ne fais pas ça…

Les mains se perdent un instant sur le visage, cachent la lumière du jour, cachent la vérité qu’il ne veut pas regarder, cachent les morceaux qui tombent un par un. Les doigts reviennent couverts de couleurs. Comme toujours.
Et la vue se brouille, dans cet océan près à déborder.

Aucun autre mot n’a la force de sortir.

L’impression qu’un bout du monde est en train de s’écrouler.
Il tente d’effacer les premières larmes mais c’est trop,

c’est trop.

Finalement, on va arrêter de faire semblant.

tous les maux.

Résumé:

Prayer and Thoughts
GrandsonclickAlmace, Mum & Cursed
xxx« No thoughts, no prayers
Can bring back what's no longer there
The silent are damned
The body count is on your heads »Cursed était lassé de ce petit-jeu, où tout le monde fait mine de bien aller. Il est fatigué de rester inactif, et de voir Phaner prendre doucement le contrôle de la ville — il aurait dû lui envoyer ses phalanges dans le nez, l'occasion a été manquée. Il aurait dû être là, quand les pirates ont frappé ; une année s'était écoulée, et lui, il s'en voulait encore. Protéger les chevaliers était sa mission, et il aurait donné sa vie mille fois pour que les enfants puissent dormir, sereins.

Pour qu'ils rêvent aux beaux lendemains.
Loin des cauchemars, si loin.

Mais Cursed était épuisé. Oh... Il n'avait jamais été doué avec ses émotions, et souvent, il ne parvenait pas à comprendre ce qu'il ressentait réellement. La colère recouvrait tout, c'était sa solution. Être furieux, rester un chien enragé que l'armée avait dressé. Quand Alamace parle, les mots ne lui font rien ; il sait, Shaun, il sait depuis longtemps. Et peut-être que depuis le jour où ils s'étaient confrontés, il avait commencé son deuil. Ah. Il aimerait dire qu'ils pourraient trouver une solution, mais il a toujours été préparé au pire. C'est ainsi. Quand il sortait faire ses rondes, il pensait à l'éventualité de ne jamais revenir. Lorsqu'il regardait les chevaliers, il se préparait à devoir enterrer leurs corps.

C'était ainsi.
Ce n'était pas du pessimisme, c'était une façon d'encaisser si le pire arrivait.
Pour ne pas s'écrouler.
Mum parle.
Ou il essaye. Cursed se redressa alors, sans un mot.

La colère était encore sourde, mais soudain, il sentait ce vent de calme revenir se loger dans sa nuque. Les dog tag pendaient en travers de sa poitrine ; peut-être qu'Almace et Mum ne savaient pas pourquoi, il continuait de les porter. Ce n'était pas un fardeau ni un trophée ; c'était au cas où. Et un jour, il savait qu'il devrait les léguer (il pense à Fortnite, et la veste laissée quand il vient se réfugier contre lui la nuit).

Cursed marcha à la hauteur de Mum, il se contenta d'une tape dans le dos ; c'était presque une caresse, un geste si peu perceptible, d'une douceur si rare qu'on se demande si c'est bien réel. Ses yeux se reposèrent sur Almace, et il comprenait, Cursed.

La culpabilité du survivant.

Il la ressentait depuis toujours, depuis qu'il s'était relevé dans le sable. Du sang partout sur lui.
Des cadavres partout autour de lui.

Peut-être que son vécu le rendait insensible, ou peut-être qu'après la guerre, il voyait la vie autrement. Il se posta devant Almace, il le fixa, silencieux d'abord. Il cherchait les mots, les bons, cette fois-ci. Au final, Shaun décida de montrer sa sincérité. Rappeler d'abord ce qu'il a été, ce qu'il sera toujours :

« Mon point de vue là-dessus est différent, j'ai été confronté à la mort, constamment, aux bombardements, tout le temps. »

Shaun hausse les épaules. Vous oubliez, peut-être, que la guerre, il l'a traversé. Mais c'est des choses dont il ne veut pas parler.

« Il y a une part de moi qui aimerais te dire qu'on trouvera une solution, mais... Shaun hausse les épaules, il s'éloigne et revient à la fenêtre. Les mains s'enracinent sur le rebord, il regarde en bas. Il se mord la lèvre, puis il ajoute : mais... je me suis préparé au pire, c'est comme ça. Silence, sa voix est rocailleuse, épuisée. On sait jamais, avec cette ville, et tous ces trucs chelous qui se passent, peut-être que la solution est sous notre nez, et qu'on la voit pas. Regardez ! Vous avez entendu Phaner, il y a le surnaturel. On ne doit pas lutter contre ça, et peut-être que tout ce qui se passe ici, ça nous donnera une solution. »

Shaun avala sa salive, il aurait aimé s'accrocher à cet espoir, mais on ne pouvait pas lutter contre les vieux réflexes — la survie, vérifier la sécurité du château, repenser aux pirates. Il se retourna vers Almace, il jeta un regard à Mum, puis il admit :

« Et je suis en colère. Je comprends pourquoi t'as fait ça, Etham. Lui, il n'a pas oublié, les mots sont restés, à lui rappeler ce jour que tu as oublié. Il a écrit ton nom. Il l'a gardé. J'aurais fait la même chose, il avait fait la même chose pour des raisons différentes. C'est ta vie, c'est tes choix, mais tu n'as pas à affronter ça seul. On est là, tout le monde est là. Tu es important pour le château, les enfants, la table ronde, Mum et moi. »

Silence.

C'est toi, hein ?
Toi.

Qui lui avait conseillé d'écrire ce qu'il ressentait.
Mettre des mots sur les maux, coucher la douleur sur le papier pour la laisser partir.
C'était toi qui lui avait dit de faire ça.
Et depuis, il t'écrit.

Oh pas tout le temps, il y a des fois où le temps est trop flou, où il confond les saisons, où il ne sait plus ce qu'il se passe.

Pardonne-lui, hein ?

Oui. Il sait que tu ne lui en voudras pas.
Parce que ce n'est pas le plus important.

« Bref, on tient à toi, Shaun cacha les mains — elles tremblent tremblent — dans ses poches, et il haussa les épaules. On peut essayer de trouver une solution, mais si on y arrive pas, on peut... »

Les mots se coincent dans la gorge.

Peut-être qu'il n'est pas si fort que ça, au fond.

(Le regard que tu avais, quand il est revenu dans le café)
(Il est resté pendu à tes lèvres, dans l'attente d'un sourire)
(Le soleil passait à travers la vitre, un rayon tombait en travers de ton visage, et c'est là qu'il a remarqué le grain de beauté au-dessus de la clavicule)
(Les défauts de ta peau, qui te rendaient exceptionnelle)
(Tu n'étais pas la plus jolie fille, mais pour lui)
(Tu étais le diamant le plus précieux)

« Faire en sorte que les mois qu'il te reste soient beaux. On te laissera pas partir seul, Etham. »

Les frissons couraient dans sa nuque, et le long de ses bras. Shaun tendit la main vers Etham, il le fixa, et il sourit.

(Et dans tes yeux dansait les nuits de pleine lune)

« Parce que t'es pas seul. On est là. Ça vaudra le coup. Crois-moi. »

(Retourner son arme contre son supérieur)
(Ça a valu le coup)
(Refuser d'obéir, à bout de force, et puiser au fond de soi cette rage)
(C'était la bonne chose à faire)
(Continuer)
(Ne pas flancher)
(Se lever face à l'injustice d'un ordre cruel)
(Oui, ça valait le coup)
(Tourner le dos à l'armée, c'était le bon choix)
(Sans ces mois brouillards, Shaun continuerait de se poser la question)
(Mais il sait, ici, il a une raison d'être)

Comme Etham, Comme Darell.
Alors patiente un peu, tu sais, il se souviendra toujours de votre rencontre.
De ce nom soufflé au bord de tes lèvres que tu mordais sous son regard d'acier.
Lui, il t'a aimé le premier jour de sa vie.
Parce qu'elle a commencé le jour où vous vous êtes rencontrés.

Hélène.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Tous les maux

Ft. @Mum ; @Cursed

Il ne voulait pas ça.
Il ne voulait pas tout ça.
Et pire que tout, il ne voulait pas le silence.
Qui s’alourdit. Qui pèse. Qui l’étouffe.
Il ne voulait pas tout ça.
Il ne voulait pas vous faire subir tout ça.
Almace, il voulait mourir dans l’indifférence la plus totale.
Almace, il voulait mourir sans peur, sans regret.
Mais il a échoué.
Lamentablement échoué.

Et ce non,
le brise plus que tout le reste.

Parce qu’il est la preuve
de tout ce qu’il va laisser
filer entre ses doigts.

Le choc lui donne des vertiges. Parce qu’il sait qu’il va mourir. Et parce qu’il sait, qu’il n’en plus tant envie. Parce qu’il sait qu’il n’a le contrôle sur rien. Pas plus qu’il l’avait auparavant. Pas plus qu’il l’avait lorsque les siens sont commencé à disparaître. Pas plus qu’il l’avait lorsque les pirates ont attaqué le château. Pas plus qu’il l’avait lorsque son frère est mort écrasé sous un toit. Pas plus qu’il l’avait lorsqu’il s’est proposé pour lui donner de la moelle.

Et ça le terrifie, ça l’effraie.
Ça le rassure également.

Ce n’est pas
de sa faute.

N’est-ce pas ?
Il voudrait l’entendre.
Il voudrait le murmurer.
Parce qu’encore, il n’en est pas sûr.

Ce n’est pas de sa faute, n’est-ce pas ? S’il vous laisse ici, maintenant. S’il vous laisse gérer. S’il s’en va, sans savoir vers où. Qu’est-ce que vous direz aux enfants ? Aux autres ? A tout le monde ? Il ne vous abandonne pas, promis. Il ne le supporterait pas. Il ne pourrait pas. Pas maintenant. Plus maintenant. Il voudrait s’excuser, d’être obligé de partir. S’il pouvait faire demi-tour, jamais il n’hésiterait. S’il pouvait ne pas mourir, jamais il n’hésiterait.

Maintenant, il a juste peur.
Peur de mourir.
Peur de vous laisser derrière lui.

Et ses sanglots roulent sur ses joues.
Comme sur les tiennes.
Alors qu’il serre les dents,
comme si ça pouvait les empêcher de couler.
Il ne voulait pas tout ça.
Il voudrait lui-aussi s’accrocher à cet espoir.
Vain.
De compter sur cette ville.
De compter sur ce surnaturel.
Essayer de trouver une solution.

Et au pire
il n’est pas seul.

Ça vaudra le coup.
Il l’espère. Sincèrement, il l’espère.

Alors il te saisit la main et se lève, te serre les doigts entre les siens. Et t’enlace sans piper mot, paupières fermées, poings serrés et ongles qui s’enfoncent dans sa paume. Et à toi, Mum, il tend un bras et t’agrippe l’épaule.

Cursed, tu es le fils qu’il n’a jamais eu.
Mum, tu es le frère qu’il n’a plus.

Et merci pour ça.
Merci pour tout.

Résumé:

Les éclats de soleil illuminent avec trop d’intensité cette salle de classe.
⠀⠀⠀Le verre chauffe et le sol brille de ses couleurs.
Les oiseaux chantent et les enfants crient, le ciel est si bleu que ça en fait mal et les mains sont couvertes de peinture. La journée est trop belle. Beaucoup trop belle pour en pleurer.

C’est toujours ça.

La culpabilité.

⠀⠀⠀Il n’est pas censé avoir le droit de pleurer. Il est censé rester fort, les épaules droites, la tête haute, pour vous tous, pour vous tirer vers le haut, pour nous empêcher de sombrer. Il n’est pas censé pleurer.
Mais il n’y a que lui qui ne se l’autorise pas.

Il n’y a que lui.

C’est stupide.

Mum ne veut pas y penser.
Mum en a juste marre, de forcer les sourires, de ravaler les larmes.
⠀⠀⠀⠀⠀Est-ce qu’il ne peut pas rester un peu au sol, vraiment juste un peu. ~~Goûter à l’abandon, voir ce que ça fait~~, et puis se relever ensuite. Est-ce qu’on peut faire ça.

Est-ce que tu lui en voudras, Almace, de ne pas réussir à trouver la force de parler comme Cursed ? Est-ce que tu lui en voudras, de n’avoir que des sanglots dans la gorge, de ne pas avoir le même espoir ? Est-ce que tu lui en voudras, de son silence, qui pourtant n’a rien de blessant
⠀⠀⠀ou d'accusateur
⠀⠀⠀⠀⠀⠀ou de quoi que ce soit d’autre.

C’est juste ce silence qui remplace tout ce qu’on a à dire.
⠀⠀Parce qu’il en a, des choses à dire, Mum. Mais tout reste coincé dans la gorge.
Il ne sait pas comment former les mots, encore moins les phrases, il ne sait plus parler correctement, il n’y arrive plus depuis si longtemps déjà, il n’arrive juste pas

à s’exprimer.

Pourtant, si tu savais, tout ce qu’il aimerait te dire.

Heureusement que Cursed est là.
Heureusement que lui, il arrive à les prononcer, ces mots.

(~~C’est bien là toutes nos différences.~~)
C’est pourtant dur de vouloir rassurer les autres lorsque soi-même, on ne l’est pas. C’est dur de vouloir transmettre un peu d’espoir lorsque l’on ne croit même pas en ses propres paroles. C’est dur d’essayer de redonner le sourire alors que ce sont les larmes qui roulent.

Tu y crois vraiment, Cursed ?
⠀⠀⠀⠀⠀⠀Mum aimerait. Il aimerait vraiment.
Mais il n’y a que de la misère ici. Cette ville nous l’a déjà tant prouvé. Rien qu’une once de bonheur nous est arrachée des mains avant même qu’on puisse en profiter. Il n’y a rien pour nous, ici.

Rien du tout.

Il ne sait plus vraiment, Mum. Quoi dire ou quoi faire. Il n’a jamais su, en vérité.
Il ne sait pas ce qu’il fait ici ni pourquoi c’est lui qui est censé se tenir aux côtés de notre chef.

Imposteur.
Il n'en a pas le mérite.

Et parfois, au fond il aimerait juste

qu’il n’y ait plus de Mum,

simplement Darell.

Sans ses couleurs sur le visage ni les sourires faux.

Il ne sait pas pourquoi il s’obstine autant.

Il suffit d’un pas et Mum

se rapproche pour partager un peu de chaleur,

juste un peu.
Presque timidement.

Laisser tout tomber et juste arrêter de réfléchir.

Fermer les yeux et se dire que si nous souffrons, alors il faut se souvenir

de ce qu’il restait,
tout au fond de la boîte de Pandore.

« On te sortira d’ici. »

Ce n’est qu’un chuchotement d’une voix brisée.
On te sortira d’ici, Etham. On te sortira de cette bulle.

Il te le promet.

tous les maux.

Résumé:

Prayer and Thoughts
GrandsonclickAlmace, Mum & Cursed
xxx« No thoughts, no prayers
Can bring back what's no longer there
The silent are damned
The body count is on your heads »Cursed redevint Shaun l'espace d'un instant.
Pas le soldat, ni celui qui traînait avec les groupuscules d'extrêmes-droites adolescent. Ni celui qui s'était fait tatouer le symbole de l'infini, accompagné du prénom de sa copine de l'époque sur la poitrine. Ni celui ayant fumé son premier joint à onze ans, dans une ruelle humide, où il entendait les sirènes de police vriller dans ses tympans.

Shaun accueillit le corps d'Almace contre le sien, et malgré leur différence de taille, il ne bougea pas. C'était lui qui le soutenait, du haut de son mètre soixante trois, parce qu'il avait les littéralement les épaules taillées pour porter plus lourd que lui. Oh bien sûr, il écarquilla les yeux, la surprise s'alluma au fond de ses iris, alors qu'il sentait le bras d'Almace se lever. Il vit Mum, il le regarda pour une fois accepter de laisser le masque tomber. Les larmes sous la peinture étaient plus réelles que les sourires faux qu'ils s'échangeaient tous depuis un moment.

Les mots de Darell étaient douloureux, coincés dans sa gorge ; Shaun considéra l'épuisement qui le tiraillait. Depuis un moment déjà, combien de temps allaient-ils encore tenir ? Cette famille fragile qu'ils soutenaient autant qu'ils le pouvaient en s'oubliant un peu ? Cursed n'oubliait pas ce qu'il en était, des civils. Et il n'y avait qu'Arthur qui comprenait un peu son point de vue. Lui, il pensait en matière de stratégie et de survie. Et aux enfants.

Quand Mum parlait, Cursed sentait le tiraillement douloureux de sa gorge, et il sentait qu'Almace était en train de pleurer. Lui, il n'y avait que les frissons qui remontaient dans sa nuque, et ses épaules pour témoigner de ses émotions. La colère surplombait le reste, habitué qu'il était à elle ; c'était les mauvais réflexes, et sans les antidépresseurs pour la tempérer, elle fusionnait avec sa tristesse et sa frustration. C'était ce qu'il ressentait comme base, et à partir de là, les sentiments se déclinaient avec les nuances de sa rage.

Cursed inspira, puis il soupira. Il écoutait ce qu'il pouvait, en fermant son esprit aux hallucinations. Dans sa tête, tous les sons étaient exacerbés — reniflement, souffle, crissement de semelle au sol, battement de coeur —, comme si on avait poussé le bouton de la chaîne hi-fi à fond.
Ni les pensées et les prières ne pourraient sauver Almace, Shaun avait besoin de concret. Il allait mener son enquête, vérifier si Phaner n'était juste pas sénile — et boomer —, constater de lui-même si tout ceci était plus vrai.

Et s'ils se rataient ?
Cursed avala sa salive, et il se contenta de répondre :

« Vous savez, ce qui est arrivé, ce qui arrive, ce n'est la faute de personne. C'est juste tombé sur nous. Et on a survécu comme on a pu, on a construit ce qu'on pouvait construire. Alors continuons comme ça, c'est ce qu'on peut faire pour la ville, et les enfants. »

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Tous les maux

Ft. @Mum ; @Cursed

On va te sortir de là.

Ah non. Ne promets rien.
S’il te plaît, ne promets rien.
Ce sera douloureux, si douloureux
parce que cette promesse,
on ne peut la tenir.

Almace, il a le temps qui file entre ses doigts.
Et ses quelques derniers mois, il ne veut pas
les passer à ça.
Chercher, chercher,
une solution qui n’existe pas.

Alors s’il te plaît, ne promets pas.

Il secoue juste la tête, la gorge trop nouée pour parler. Et il t’accueille sans un mot de plus, encore enfoncé dans le creux de ses lèvres. Il a encore les yeux fermés, et les larmes qui coulent et tout qui explose. Comme si tout ce qui s’était accumulé au fil de ces mois, au fil de cette année, se déversait enfin.

Le déni. La culpabilité. La colère.
Quant à lui. Quant à son frère.
Quant à cette famille.

Il a les épaules qui se dénouent.
Et le calme qui l’envahit.
La sérénité. La quiétude.

Ce n’est pas de sa faute.
N’est-ce pas ?

C’est qu’il t’entend dire. Ce n’est de la faute de personne. C’est juste tombé sur nous. Mauvais endroit. Mauvais moment. Alors c’est ainsi. Il peut juste s’éteindre, comme la flamme d’une bougie, comme le souffle du vent. C’est bien. C’est reposant. L’impression d’avoir un poids, qui se détache de ses épaules. Depuis combien de temps d’ailleurs, n’a-t-il pas dormi correctement ? Car la fatigue soudainement lui tombe dessus, ses épaules s’affaissent, son dos se ploie. Il peut compter sur vous, n’est-ce pas ?

Et il se redresse alors.
De toute sa hauteur et de sa jambe arquée.
Cette douleur, elle, ne s’est pas effacée.

- En parlant des enfants... Il inspire difficilement, cherche à moduler sa voix tremblante. Faudrait peut-être aller leur dire qu’ils... qu’ils me rendent ma canne.

Ah, à eux, il ne sent pas encore de leur dire la vérité.
Non pas encore. Pas maintenant.

Résumé:

Est-ce qu’il y croit ?
Mum ne croit plus en rien. Tout espoir est faux, tout espoir reste là un instant et disparaît la seconde d’après. Étincelle qui ne prend jamais feu. Pourtant, il essaie.

Il essaie vraiment.

Parce que— parce que s’il n’espère pas réussir à obtenir un avenir radieux alors

alors
alors—

⠀⠀⠀⠀⠀⠀~~c’est juste la fin.~~

Il souhaiterait de tout son être de croire à une fin heureuse, mais dès qu’il arrive à sourire un peu, tout s’écroule une nouvelle fois autour de lui.

Château de cartes trop fragile.

Est-ce qu’on s’en sortira, un jour. Il doit y croire.
Il doit vraiment y croire. Il doit s’en convaincre.
⠀⠀⠀Sinon, il ne restera que des miettes de lui.

Et les larmes qu’il n’arrive plus à calmer.

En vérité, elles prennent peu à peu un autre sens. Comme si c’était tout ce qu’il n’osait pas pleurer qui sortait enfin. Toutes les couches de tristesse qui s’évacuent une par une. Sans un mot. Sans un son. La goutte d’eau qui a fait déborder ce vase déjà trop plein.

Mum déteste pleurer.

⠀⠀⠀⠀⠀⠀Et il déteste tout autant le sentiment de ne pas avoir le droit de pleurer.
⠀⠀⠀Mais il se l’est imposé tout seul. Stupide.

Est-ce que l’on a mérité de souffrir ainsi ? (Mum se souvient avoir déjà posé la question. Il y a bientôt un an. Il pleurait, aussi, ce jour-là.) (Qu’est-ce qu’elle avait dit, déjà ? Qu’il était fort ?) (Il ne sait plus s’y doit y croire.)

Tu dis que ce n’est pas de notre faute, Cursed.

~~Mum~~ Darell était longtemps persuadé du contraire. Convaincu qu’il avait fait, à un moment ou à un autre, assez de mal pour mériter un tel retour de bâton. Pourtant— pourtant il n’avait rien à se reprocher et il a cherché— tellement cherché quelle aurait pu être la raison.

Mais la raison, c’est que ce n’est pas de notre faute.
Ça ne l’a jamais été.

⠀⠀⠀Personne ne mérite ça, c’est ce qu’elle avait dit aussi.

C’est dur de s’en convaincre, quand on tourne en boucle, quand on se répète sans cesse

et si et si et si et si,

comme si ça pouvait changer quoi que ce soit.

Comme si on pouvait changer quoi que ce soit à ta fatalité, Almace.

Il recule, Mum, doucement.
~~S’enfuit à nouveau.~~ Les paumes qui tentent d’effacer les traces des faiblesses mais qui ne font qu’étaler les couleurs sur ses joues. Se rassied sur la chaise aussi bancale que nos histoires.

Tente un sourire vacillant. « Je… j’irai après, » (il renifle), « je les disputerai un peu. Enfin… Cursed le fera… comme d’habitude. » (Qu’est-ce que tu voudrais vraiment leur dire, Almace ?)

Tente de replacer le masque au bon endroit. Il ne tient pas très bien. Il glisse tout aussi vite.

Même pas capable de croiser vos regards.
Même pas capable de relever la tête.

Il cache son visage dans ses mains, la gorge douloureuse et les yeux qui piquent encore. Essaie encore une fois d’arrêter les larmes mais en fait il

a juste envie de pleurer

encore et encore et peut-être que pour une fois,

⠀⠀⠀⠀⠀⠀ce n’est pas plus mal.
(~~Plutôt que de pleurer tout seul, au beau milieu de la nuit, en dessous des escaliers.~~)

Allez, Mum. Il faut être fort.
Fier. Droit.
Debout pour ceux qui ont du mal à se relever.
Il faut faire un effort, Mum.

Mais il est juste, juste—

« Je suis tellement fatigué. »

Il marmonne derrière ses mains. Si bas qu’il ne sait même pas si on l’a entendu.
⠀⠀Ce genre de fatigue que le sommeil ne répare jamais.
⠀⠀Ce genre de fatigue qui s’accumule un peu plus tous les jours.

Au fond, il se demande, si c’est moins fatigant de faire semblant.

tous les maux.

Résumé:

Prayer and Thoughts
GrandsonclickAlmace, Mum & Cursed
xxx« No thoughts, no prayers
Can bring back what's no longer there
The silent are damned
The body count is on your heads »Les corps se détachèrent des uns et des autres, et Cursed pouvait enfin respirer. Il gonfla la poitrine, il aspira tout l'air dont il était capable, puis avec un sourire, il recula de quelques pas. Il considéra Darell et Etham, la fatigue au fond de leurs yeux, la faiblesse de leurs corps. Il songea alors qu'au front, ils n'auraient pas tenu. Mais qui pouvait se vanter de ça ? Il n'y avait que les barbares pour se redresser de l'horreur, et la banaliser — comme lui banalise la mort, les balles dans sa tête, les billes qu'on roule sur la table. Les bombes qui tombent, ce n'est la faute de personne. Une balle perdue perforant un poumon ? C'était une erreur qu'on pouvait éviter, si on faisait suffisamment attention. Il aurait dû être là.

Plus tôt.

Et il aurait vu, les pirates.

Bones.
Darell n'aurait pas traversé ça.

Arthur non plus.

Mais tout cela, Shaun ne le dira pas — ils sont déjà au courant que son cerveau est cassé, et fonctionne mal.

Parce que le soldat Bailey, ce n'est qu'une carcasse. Tant que le corps est capable de fonctionner, il continuera d'avancer — et son esprit, bientôt, il n'en restera que des fragments, des filaments d'étoiles bousillés sous le grondement de l'orage. Et la rage, elle continue de l'éprouver, quotidiennement.

Bébé, tu as pris tes médicaments ?

Pas depuis deux ans.
Je ne sais plus.
Le temps

ça n'a plus trop de sens.

Ce n'est qu'une cigarette, ça ne peut pas être si mauvais. Ce n'est qu'une cigarette, comme tu as l'habitude d'en prendre. Lorsque tu descends de la caravane, et que tu contemples l'aube, se lever. Le vent qui claque sur tes joues émaciées. Tu contemples un énième matin pour espérer un meilleur lendemain.

Et maintenant ?

Qui sera là pour prétendre que tout va bien ?

Cursed inspira, il se dirigea vers la fenêtre. Tout va bien. Tout doit aller bien. Les choses iront mieux, entre eux.

(La poudre sur les doigts ne partira pas)
(Il était censé lui rester quatre balle)
(Peut-être en a-t-il plus que deux)
(Où finira la dernière ?)

Cursed inspira, l'air pénétra dans ses poumons, et ça lui fit comme un soupir de libération. Il y avait deux types de crétins ; celui qui ne craint pas la mort, et celui qui la recherche. Et quand il se tourna, qu'il sourit face à Etham et Darell, il se demande qui est qui.

Cursed a cessé de craindre la mort, à force de sentir les cadavres pourrir au soleil.

« T'en fais pas, j'aime avoir le mauvais rôle. »

Lança Cursed, avec un sourire de croque-mort. Il peut être ce qu'ils craignent, il peut être l'encre dont ils ont besoin. Le parent qui fixe les limites, et leur apprend à soigner leurs blessures. Il peut être le conteur dans la nuit, celui qui prévient que les monstres, ce ne sont jamais ceux qu'on croit.

Il peut être le soldat.

Mais par-dessus tout

Il peut rester
L'ami
Le confident

(Le père.)

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Tous les maux

acceptance

Quelque chose s’est arrêté.
Et on revient, à ce drôle d’air,
ce drôle de masque que l’on porte.

Il y eu un avant et il y aura un après.
Et actuellement, il y a un maintenant.
Alors on ne pense plus,
on essaye, on oublie.

Darell, Shaun.
Est-ce que vous m’en voulez ?
De vous l’avoir caché
tout ce temps durant ?
Est-ce que vous m’en voulez ?

Et on remet, bien difficilement le masque sur les traits. La jambe qui tire, alors on se rassoit comme on le peut, soufflant du dos qui pince également. Soudainement, il n’a plus la tête à masquer son âge. Il n’a plus la tête à faire semblant. Ah oui, il faudra bien un jour, que d’autres soient au courant. Pour ne pas le voir partir, sans raison, sans explications. Comme ça. Que diraient-ils ?

Que songerait-il ?

- On est tous fatigués.

C’est un fait.
Une évidence, qui s’étale.
Depuis une année et demi.

- Ne soyez pas trop durs avec eux.

Il sourit. Amusé.

Ce sont des enfants. Encore gamins, qu’ils profitent alors pour nous faire tourner en bourrique. S’amuser de nous. On était cons quand on était jeune. Mais qu’est-ce qu’on s’amusait bien. Et bientôt, je viendrai te rejoindre. Alors s’il vous plaît, ne soyez pas trop durs avec eux. Faites les encore rire un peu, sourire beaucoup. Oublier tout ceci, qui autour de nous se déroule sans que l’on ne puisse rien y faire.

Mais il le sait,
il vous fait confiance.
Aveuglément.

- Vous les protégerez, n’est-ce pas ? Je sais que vous en êtes capable.

Mum, la main sur ton épaule.
Fais en sorte que jamais ils ne se perdent
et que toujours ils reviennent.

Cursed, le regard dans le tien.
Fais en sorte de leur apprendre à se protéger
et à ne pas craindre ce qu’ils ne peuvent voir.

Il sait que vous en êtes capable.

Ft. Mum & Cursed

— gitano;

Résumé:

Au fond, Mum a juste envie

de tomber
s’écraser
ne plus bouger et rester au sol.

C’est plus simple, non ? Respirer un coup et accepter que parfois il faut juste
⠀⠀⠀⠀⠀⠀—baisser les bras.

Est-ce qu’il se l’autorisera, un jour ?

Est-ce qu’il arrêtera de sentir la culpabilité lui retourner le ventre ?

⠀⠀⠀Aucune idée.

Il ne veut pas y penser non plus.

Il ne veut pas penser, tout simplement. Juste fermer les yeux et s’abandonner, étalé sur le carrelage froid et brisé. Poupée de chiffons qui a arrêté de jouer ses petites scènes de théâtre. Coquille vide qui n’a rien de plus qu’un clown qui ne sait même plus rire.

Ne plus bouger.
Finir enraciné.

Ce n’est pas la solution.
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀Il le sait.

Même la plus faible des lumières permet de se guider dans le noir. Même la plus faible des lumières arrive à l’aveugler alors il faut

rester droit.
Arrêter de fuir.⠀⠀⠀

Il se le répète en boucle. Espérant qu’un jour, il arrivera à s’en convaincre.
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀Mais ce n’est pas Mum qu’il faut convaincre.
~~C’est Darell, dissimulé sous toutes ses couches.~~

Almace, qui penses-tu qu’il faudrait réellement protéger ? Les enfants, ou bien—

vous deux ?

Vous protéger
⠀⠀⠀⠀⠀⠀des lames dans les poignets

et

des canons contre les tempes.⠀⠀⠀⠀⠀⠀

Mum protège déjà tant les enfants qu’il en oublie les autres, ~~qu’il en oublie lui-même~~, ne penses-tu pas que nous n’avons pas la bonne cible. Qui s’occupe de nous, finalement. Même nous, on ne le fait pas.

Mais—
mais
il

et si—
⠀⠀⠀regarde comme il s’effondre déjà,
⠀⠀⠀incapable,
⠀⠀⠀crois-tu vraiment qu’il y arrivera ? ~~Trop faible pour la cruauté du monde.~~

Non, il en est capable— ~~il croit~~.

(C’est comme un pansement.
⠀⠀⠀⠀⠀Ça fait mal sur le coup et après plus rien. On s’habitue.)

« Oui… bien sûr. »

Murmuré dans la douleur et les mains qui tremblent encore.
Il sent la chaleur de la tienne sur son épaule. ~~Il trouve qu’il ne la mérite pas.~~ Cherche un instant Cursed du regard, au travers des doigts. La fenêtre ouverte fait oublier l’air étouffant et toute cette tristesse stagnante l’espace d’une seconde. Finalement, est-ce que
tout ne serait pas à sa place.

Comme cela aurait dû l’être depuis le début.

Les couleurs ont coulé mais ce n’est pas grave. On pourra toujours les remplacer après.

Une fois que tout aura séché.

« Je crois, je crois que j’ai besoin d’un moment. »

Ou d’une éternité, peut-être.

(L’impression d’être à bout de souffle.)

Assume enfin qu’il faut arrêter de toujours courir et courir et courir et de jamais se donner un instant pour regarder ses alentours parce que la vérité fait trop mal. Assume enfin que même les plus grands doivent réellement se reposer et non uniquement se perdre dans des rêves sans aucun sens.
Un goût amer dans la gorge.

tous les maux.

Résumé:

Prayer and Thoughts
GrandsonclickAlmace, Mum & Cursed
xxx« No thoughts, no prayers
Can bring back what's no longer there
The silent are damned
The body count is on your heads »

Cursed effleura le rebord de la fenêtre avant d'y poser les coudes, et de se pencher en avant. De là, il contempla ce qui restait du monde sous lui. La ville sans ses enseignes , sans ses voitures stationnées, ou sans ses feux rouges pour contrôler les passants. La ville sans ses odeurs d'essence, ou sans ses bruits qui le réveillaient la nuit. Acardia Bay sans ce goût de normalité, si rassurant, si quotidien, que ça lui éloignait les bruits de la guerre. Pourtant, quand Shaun contemple ce qu'il peut voir de Blackwell, il songe que c'est bien là sa normalité. Et dans celle-ci, il sent qu'Almace mourra, et que Mum sera triste. Ça va, songe-t-il, je suis préparé. Il avait traversé pire, et il préférait voir Almace mourir, entouré, plutôt que fusillé dans le sable sans qu'on puisse l'enterrer, alors que le désert l'avale.

Cursed entendit Almace leur faire promettre qu'ils protégeront les enfants, et Mum accepté le fardeau, comme s'il était déjà condamné. Il perçut l'aveux de faiblesse, soufflé au bord des lèvres, mais il garda le silence pour se perdre dans ses pensées, et dans la contemplation d'Arcadia ravagé. Une nouvelle Arcadie, où Josiane était la nouvelle Fée du Lac, et où Arthur avait les traits d'une femme. Cursed eut un bref sourire, ce merveilleux était plus plaisant que l'amertume de la réalité. Pissenlit avait raison, il faut laisser les morts où ils sont.

Ils ont tant à apprendre des enfants.

Alors Cursed se retourna, les coudes posés contre le rebord de la fenêtre, il regarda Mum et Almace. Et ce fut là qu'il dit :

« Repose-toi, Mum, tu en as besoin, on est là. »

On est là, maintenant, on est là toujours. On sera encore là, après.

Cursed se passa la main sur sa nuque, puis sur son crâne. Il se sentait plus léger, contrairement à Mum, mais il avait le besoin de bouger pour expulser les pensées négatives, et le trop d'énergie que la colère avait fait monter. Il avait envie de balancer à Darell qu'ils lui faisaient voir de toutes les couleurs, mais il décida de le laisser tranquille.

Bébé, tu as pris tes médicaments ? Pas depuis un an.

Mais tu sais, maintenant, ce n'est plus important.

Cursed inspira, et plutôt que d'abandonner Almace et Mum à la noirceur de leur deuil, il amena un autre sujet :

« Je vous ai raconté la fois où on m'a donné le rôle de Pépin le Sapin dans la comédie musicale de l'école ? Non ? Ah ! S'exclama Cursed, en omettant les détails comme celui où il espérait voir ses parents arriver, filmer la scène, aussi ridicule était-il dans son rôle de sapin de la forêt. Où il attendait désespérément, tout en sachant très bien qu'il n'avait pas de parent. Donc je joue Pépin le Sapin, je suis resté pendant quarante minutes debout en ayant envie de faire pipi, le temps a été très long, EXTRÊMEMENT long, pis à un moment, peu avant qu'on aille se faire applaudir, je me suis dépêché pour rejoindre les autres, sauf que ce costume en plus d'être absolument moche n'était pas du temps confortable. Donc, je me casse la gueule sur la scène, en emportant un autre môme avec moi. J'ai fait un domino, franchement, un strike ! »

Mais Cursed mentait, il avait été que deux enfants à tomber. Et celui-ci l'avait insulté en se relevant, alors en réponse, Cursed lui avait mordu le bras.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Tous les maux

Acceptance

Le temps.
On a tous besoin
du temps.

Parce qu’on en manque.
Parce qu’on n’en pas assez.
Parce qu’il s’enfuit trop vite.

Mais on peut toujours le prêter, le laisser s’écouler doucement. Alors il hoche la tête. Le temps, prends donc ce que tu as besoin. Il faudrait peut-être se déconnecter. De tout ça. Un instant, un moment. Oublier, pour mieux revenir. On n’abandonne personne, on prend juste une pause. On reviendra, on le promet.

Sa pause, à lui,
elle va juste durer
plus longtemps qu’il ne l’aurait souhaité.

Il regarde par la fenêtre.
Le vent est frais.
Le soleil est haut.
La vie suit son court.
Qu’il soit ou non présent,
elle le suivra toujours.

Et les histoires, on les racontera toujours n’est-ce pas ? Il compte sur vous, il compte sur toi, Cursed pour raconter l’histoire de Pépin le sapin pour la pièce de l’école. Ça lui semble loin, tellement loin. Tellement proche à la fois. Il n’a pas eu d’enfant. Il n’en aura plus jamais désormais. Mais à cet instant, il se dit, qu’il aurait bien aimé te voir, dans ce costume ridicule. Ils devraient peut-être faire ça, avec les enfants du château. Avec les enfants de la ville.

Avec les enfants, tout simplement.
Alors il sourit.
Oui, ça lui semble être une bonne idée.

- Quand on est rentré au collège avec mon frère, on échangeait nos places pour ne pas avoir à suivre les cours qu’on aimait pas. Il était en 6°B, j’étais en 6°A. J’allais à ses cours d’histoire, il prenait mes cours de maths. Il sourit à ce souvenir. Parfois encore, ils jouaient à ce petit jeu innocent. On a tenu cinq semaines avant de se faire prendre. Je crois que je me souviendrai toujours la tête des profs lorsqu’ils ont compris. Et de la tête de mes parents.

Son sourire -faillit.
Aujourd’hui, ils sont tous -morts.
Aujourd’hui, il n’y a plus que -lui.

Ft. Mum & Cursed

— gitano;

Résumé:

Il faudrait peut-être
⠀⠀⠀fermer les yeux un instant et dormir un peu.

Ah non— en fait non, il faut affronter.

Ne pas oublier.
Ne pas l’oublier.

Affronter la vérité pour une fois parce que le temps qu’il passe à dormir finalement ce sera du temps qu’il passera moins avec toi et tu viens de lui faire comprendre que le temps est précieux, bien trop précieux.
⠀⠀⠀Mais Mum est toujours en retard. Tout le monde a de l’avance sur lui.

Et toi, est-ce que tu seras en avance ?

Mum espère qu’il sera à l’heure, le dernier jour de ton monde.
(Il ne veut pas y penser. Pourquoi est-ce qu’il y pense déjà. Pourquoi est-ce qu’il pense toujours au pire alors que ça fait juste tellement mal et qu’il pourrait juste, tout simplement
ne⠀⠀⠀⠀⠀⠀ pas ⠀⠀⠀⠀⠀⠀penser.)

Il n’écoute plus vraiment, les histoires du passé.

Il n’a pas le courage, aujourd’hui.

⠀⠀⠀Tout fait trop mal— que ce soit le passé ou le présent ou le futur. Il ne veut parler d’aucun d’entre eux. Il ne veut plus que même les souvenirs les plus heureux deviennent douloureux ~~mais c’est déjà trop tard~~.

Sans un mot, il s’est levé.

Les doigts refermés sur le dossier de la chaise. Il a fait l’effort de la lever et de ne pas juste la traîner (pourtant ce n’était pas l’envie qui manquait). Laisse tomber le tout devant une fenêtre qu’il ouvre.

Respire l’air frais.
Regarde en bas.

⠀⠀⠀Sent le soleil sur la peau.
Tout va bien.
Tout va bien.
Tout va bien.
~~Comment est-ce que ça pourrait aller bien.~~

Il
faut

voir

⠀⠀⠀le bon côté des choses,
⠀⠀⠀mais Mum s’obstine à garder les yeux fermés.

Il se rassied sur la chaise, fouille dans les poches un instant avant d’en sortir une cigarette et un briquet. Penché dans l’encadrement de la fenêtre, ce n’est pas très confortable parce que le rebord est net et ça marque la peau des avants-bras et ça fait mal mais
⠀⠀⠀ça l’aide à se rappeler que ce n’est pas un rêve.

Il plisse les yeux face au soleil.

La cigarette coincée entre les lèvres, il tente désespérément de l’allumer et ah— pardon, Almace, il n’a pas vraiment écouté non plus mais maintenant

c’est le silence, seulement coupé par les
⠀⠀⠀⠀⠀⠀clic clic clic ⠀⠀⠀⠀⠀⠀du briquet qui ne veut pas s’allumer.

Encore et encore.

Les mains tremblent mais c’est juste qu’il n’y a plus rien dans ce briquet. ~~Il rend l’âme, lui aussi.~~

Alors, finalement,

l’abandon.

Le regard glisse vers toi, Cursed. Tu as un briquet, non ?

S’il te plaît.
Il en a vraiment besoin.

tous les maux.

Résumé:

The Pt and Kettle
RumjacksclickAlmace, Mum & Cursed
xxx« Lids a rattlin' belchin' steam
Life ain't nothin but a fevered dream
'You're a lowly villain'
'You're a terrible liar'
'But we're both here cookin' on the same old fire'»Est-ce que les mensonges font du bien ? Est-ce qu'ils soulagent un peu, la douleur et la rancoeur que ces trois hommes ressentaient ? Et parmi eux, lequel pensait être le mieux préparé au deuil ? Mum. Les gens meurent, c'est ainsi ; Cursed avait la phrase au bord des lèvres. Il avait des bouffées de chaleur et la fatigue lui donnait la migraine, il absorbait la tension depuis un moment, sans formuler qu'elle s'enracinait en lui. Il le savait que c'était le contrecoup de la colère — vous savez, celle qui n'a pas éclaté, et qui pourtant, tambourine dans son crâne qu'elle existe. Il sait qu'il ne doit pas en vouloir à Almace, mais il n'y arrive pas ; Shaun a simplement la décence de ne pas le dire à haute voix.

Parce qu'il sait pourquoi Etham a fait ça.
Parce qu'il sait qu'il aurait fait la même chose.

Et il s'en serait voulu au moment même où la balle, elle aurait traversé sa tempe — tu sais Mum. Abandonné, ça lui ressemble si fort, si vous saviez ! Depuis le temps, le soldat Shaun Bailey a cessé de croire en lui, et il s'est fait à l'idée qu'il ne serait jamais quelqu'un de bien. C'est ainsi. Vous ne saurez jamais toutes les monstruosités que la guerre lui a faites fai... Non.

Ce qu'il a fait.
Il aurait beau se laver les mains, le sang ne disparaitra pas.
Vous savez pourquoi ses tatouages sont qu'en noir ?
Il ne les a jamais comptés, mais il sait ce qu'ils sont, et il sait surtout pourquoi il n'a jamais mis de couleur sur sa peau.

Cursed, il voit la demande de regard de Mum, et il cherche dans ses poches. Pas de briquet. Des allumettes qui ont pris la poussière, le paquet sent l'humidité. Alors il le lance à Mum, avec l'envie de lui refuser ça. Tu sais Mum, tu as le droit de dire que tu es triste, la cigarette ne fera pas disparaître cette amertume. Mais à cet instant, Cursed te concède ça, et il rit à l'histoire d'Etham.

Cursed aurait aimé avoir un frère.

Shaun sourit, l'on voit les fossettes se creuser au coin de ses joues, et le rire soufflé par le nez qui accompagne sa remarque resplendit :

« P'tain... les profs ont dû se sentir cons. »

L'espace d'un instant, Shaun est beau. Il est dans le contre-jour de la pièce, le soleil auréole son crâne et ses tatouages. Une seconde, il donne l'image d'un homme qui a été aimé, et adoré par sa fiancée.

« Mais t'avises pas à apprendre tes sales coups aux gamins, sinon ils vont encore faire la misère aux nounous. »

Justement.
Apprend-leur, Almace.
Ce sera ton héritage.

Et ça fera de jolies histoires qu'on raconte. Tu sais, les souvenirs qu'on ressasse alors que tout le monde s'assoit en cercle, et qu'il parle de comment il a affronté le Dragon-Tonnerre, et comment il a gagné contre lui. Peut-être que pour toi, il dira que tu es devenu son ami, et qu'il t'a juste ramené chez lui.

Tu sais.
Almace.
Quand tu ne seras plus là.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

Tous les maux

Acceptance

Tu sais, il te voit.
Almace, il te voit.

Assis sur le bord de cette fenêtre, à chercher ce briquet qui ne s’allume pas. Il ne dit rien, Almace. Probablement n’en a-t-il plus la force. Probablement a-t-il décidé de juste -laisser aller. Ne plus en vouloir. A lui, aux autres. A tout le monde.

Passer à autre chose.
Voir comme le monde est beau.
Attendre la mort,
et l’accueillir comme une vieille amie.

- Cons… souffle-t-il avant de laisser percer un sourire. Ah, vous auriez vu leurs tronches… Et celles de nos vieux…

Sourire.
Il ferme les yeux.
Comme pour mieux les voir.

Son frère est parti, à l’instant même où l’on se retrouvait bloqué ici. Sa mère est décédée voilà quelques années d’une insuffisance cardiaque, pour ne pas dire de vieillesse. Son père l’a suivi quelques mois plus tard, la tristesse, a-t-on dit.

A cet instant, Almace se demande,
ce qu’il leur dira,
lorsqu’il les retrouvera.

Ah il aura bien des choses à leur raconter. A leur expliquer. Quand bien même il ne sait pas, s’il pourra les revoir. Almace, il a été élevé dans la tradition protestante; et un moment durant il lui a tourné le dos. La colère, la rancune. Maintenant, une partie de son être se dit qu’ils seraient bien, à cet endroit dont on lui a tant parlé. C’est rassurant, comme idée. Naïf peut-être. Mais rassurant.

Quand bien même il sait.
Qu’il ne les rejoindra pas.

Mais ce n’est pas grave.

- Je compte bien leur apprendre, sourit-il en rouvrant les yeux. Sinon, vous risqueriez de m’oublier trop vite.

A cet instant, Almace se dit enfin
qu’il est prêt à partir.

Ft. Mum & Cursed

— gitano;

Résumé:

» on aurait dit la fin d'un film ⊚ Almace & Cursed (end)
» Tell the truth • Cursed [terminé]
» Attaque en traitre [ft. Cursed]
» sois plus puissant que les ouragans ☆ cursed
» C'est moi le roi du royaume animal | [PV Cursed][FB Août]