(22/04) Now that I found you stay.

Son rire glisse dans ton oreille, il rebondit dans chaque partie de ton cerveau, il confère à nouveau des ailes à la tempête de ton cœur. Ses mains s'enroulent autour de tes doigts, tirant férocement sur ton bras, pour t'arracher à l'étreinte de Morphée. Dans le lointain, si loin, il te semble entendre de la musique, mais ton espace résonne soudain si violemment de son rire que tu n'y prêtes même pas attention. Comme c'est dans tes habitudes, tu ronchonnes, parce qu'elle n'a pas idée de te réveiller à des heures pas possibles comme ça, mais tes bras se serrent autour de ses hanches juvéniles et tu la tires contre toi.
La fraîcheur de ses boucles sombres cascadent sur ton visage alors qu'elle rit de plus belle et tu n'as pas le cœur de râler d'avantage. Elle sent la jeunesse, l'innocence, la joie, elle se tortille pour échapper à tes doigts taquins qui chatouillent ses hanches. Son poids est insignifiant sur toi, il te semble que tu pourrais encore en supporter une dizaine comme elle. Tu n'as pas le courage d'ouvrir les yeux malgré tout, encore trop ensommeillé, mais ton sourire parle pour toi, tiré jusqu'à brûler le coin de ta bouche malhabile.
« Arrête ! T'es tout sale ! » Sa voix enferme ton esprit dans une bulle de bonheur, elle pourrait même être le fruit de tes propres entrailles que tu ne l'en aimerais pas plus, elle est déjà porteuse du même sang que le tien, et c'est simplement la seule merveille du monde, les sept autres peuvent aller se rhabiller. Pourtant, tu ne la vois toujours pas, paresseux au possible, tes yeux refusant toujours de se séparer de leur fatigue habituelle, tu te contentes donc de profiter de sentir ses épaules trembler des derniers échos de ses rires juvéniles.
« Ah t'es la pire sœur de la terre, qui réveille son merveilleux frère si tôt le matin, je parie que même le soleil est pas levé. » Tu la serres contre toi, et elle rit à nouveau, étouffant un petit souffle offusqué à tes propos, vous avez toujours été taquins l'un envers l'autre. Une mèche de ses cheveux chatouille le bas de ton menton et tu te contentes de souffler d'une façon exagérée sur le filet de douceur, lui arrachant une nouvelle protestation amusée.
« N'importe quoi. Si t'ouvres pas les yeux, ce s'ra trop tard, tu sais? » Cette fois, c'est toi qui ris, à gorge déployée, secouant la tête comme pour lui signifier sa bêtise. « Qu'est-ce que – Tu ouvres quand même un œil paresseux – tu d...?! Liz ?! »  Déjà, pourtant, son sourire radieux s'efface, à peine né sur ta rétine, et déjà arraché à elle. Tu ne l'as aperçue qu'une seconde. Tes bras sont vides. Les rayons du soleil sont froids. La musique s'est éteinte. Et elle avec. Encore.
Ton corps se tend, se recroqueville et la douleur se fait si intense... Un hurlement t'échappe, puis s'étrangle, un sanglot, une larme, la douleur. Tu t'agrippes au volant, y claque violemment ton front, tes épaules se secouent, tes yeux abreuvent le cuir du volant. Tu as eu une chance, une seule de la revoir, cette chanson... Ton regard embué se porte sur l'autoradio bien fonctionnel il y avait seulement quelques minutes et ta main suit peu après, les coups se succèdent, les plaintes aussi, comme une litanie, comme s'il suffisait de cela pour la ramener. Finalement, l'objet proteste avant de s'extirper de sa place, impossible à retaper. Comme elle. Comme ce moment qui t'a filé entre les doigts. Comme toi.