La chance pour alliée | ft. Crow

La survie, chaque jour apportait son petit lot de surprise mais aussi d’imprévus. De petite ou grande taille, surmontable ou des plus horribles, l’adversité pouvant prendre tant de formes des plus remarquables aux plus insipides. Tu n’avais jamais eu à te plaindre en termes de survie de par ton accord avec l’association des commerçants, un échange juste et équitable de bons procédés. Tout ceci n’empêchait que parfois tu te devais toi-même de partir en quête en les tréfonds d’Arcadia Bay pour pouvoir palier à tes propres besoins. Des quêtes parfois fructueuses, parfois proches d’un énième échec cuisant là où tu n’appréciais être redevable des Greens pour certains biens. Avoir une dette n’ayant jamais été dans ce genre de contexte une chose appréciable, une chose qui permettait de vivre librement sans se soucier d’une quelconque épée de Damoclès. Tu en avais fini une nouvelle fois par quitter les zones sûres de la ville pour rejoindre cette fois-ci un terrain relativement proche mais des plus improbables en termes de survie. Les immeubles abandonnés, un tas de briques et de ciments qui parfois tenait miraculeusement mais qui disposait malgré tout d’une multitude de ressources qui n’attendaient qu’à être cueillis.

Ce n’était pas la première fois que tu y mettais les pieds or il y avait toujours cette certaine appréhension qui t’enlaçait doucement mais sûrement, qui venait te choyer de façon horrifique à l’approche de cet endroit. L’appréhension de finir enseveli sous des débris, une éventuelle fin bien insipide et idiote. Équipé d’une simple corde et de divers objets improvisés afin d’escalader éventuellement certains endroits ou faire sauter des verrous, tu avais entamé ton aventure en vadrouillant dans la rue. Le plus complexe était déjà de trouver une bâtisse dans un état acceptable et qui semblait n’avoir été pillée. Chose qui n’était pas des plus aisées, tu laissais toujours en ce genre de tâches tes deux chiennes à ton foyer de fortune, ne souhaitant voir ces deux belles bêtes tuées par un tragique aléa du destin. C’est en des gestes des plus méticuleux que tu ouvrais donc parfois la porte d’un immeuble, jugeant l’intérêt de l’exploré par ce que tu pouvais voir au rez de chaussé afin de ne perdre plus longtemps ton temps. On ne comptait plus le nombre de fois où tu touchais du bois, espérant d’ailleurs ne tomber sur un quelconque pion de Bones. Tu avais toujours été plus ou moins enclin à partager un trésor avec les autres communautés mais avec ces déchets de la société, ton choix était catégorique.

Tu ne tardas à quitter une énième habitation, insatisfait de tes trouvailles comme quoi cela pouvait relever du défi de trouver des piles et d’autres babioles à l’époque des batteries au lithium. Tu ne tardas à avoir donc une vision des plus étranges, tout sauf commune en certains de ses aspects. Décrivant de haut en bas un autre humain qui semblait encore loin, tu te demandais qui était assez téméraire ou idiot pour se balader en ces endroits alors que tu étais capable de doucement distinguer une canne. Tu te demandais si tu rêvais ou non, médisant à souhait vis-à-vis de ce qui s’offrait à tes yeux. Tu ne comprenais à quel moment une personne saine d’esprit était enclin à s’aventurer en ces lieux avec une canne. Si cet individu avait réellement des difficultés motrices, tu ne comprenais le pourquoi du comment qui était capable d’expliquer sa présence.

« - Putin le con qu’est ce qu’il branle ici celui-ci… »

Une phrase murmurée à toi-même qui en disait long au fur et à mesure que tu voyais la silhouette se rapprocher pouvant bien mieux décrire ses divers traits. Il était sans doute plus jeune que toi mais fallait avoué qu’il semblait en moins bon état, il ressemblait à un puzzle sur lequel on avait forcé l’emboitement de certaines pièces vu la façon dont il s’appuyait sur sa canne. Pas des plus glorieux mais au moins il était capable de marcher, il y avait pire situation. Tu élevas finalement la voix alors qu’il n’était plus loin en un tact légendaire qui te convenait parfaitement.

« - Je peux savoir ce qu’une personne handicapée fait ici ? Hormis vouloir raccourcir son espérance de vie ou encore vouloir définitivement se débarrasser de sa patte folle ? »

Tu ne faisais jamais les choses à moitié quoi que tu aurais pu remplacer le terme de personne handicapée par celui de débris mais tu avais encore un semblant de savoir vivre. La vie en société, c’était nécessaire et tu respectais cela malgré tout même si parfois des formulations t’échappaient.

Mon brave, ca faisait bien longtemps que tu n’avais entendu une telle formulation. Tu avais beau sondé au plus profond de ton esprit même les chevaliers n’utilisaient ce genre de termes. Au moins tu étais convaincu d’avoir un pirate sous les yeux, jamais Bones aurait recueilli une personne sûrement difficilement apte au combat, tu te demandais déjà comment il allait faire si une de ces bâtisses autour de vous déciderait de s’écrouler sur lui. Courir ne devait pas être un acte réalisable vu son état, une réflexion qui te faisait te demander comment la sélection naturelle n’avait pas encore opérée son rôle sur ce pauvre fou. Tu arquas un sourcil des plus inquisiteurs cependant lorsqu’il évoqua le fait d’être explorateur, y a des groupes qui étaient tellement à la ramasse qu’on nommait un estropié explorateur ? Arthur n’était pas idiote, en tant que pompier elle devait savoir à quel point une bonne forme physique était nécessaire pour ce rôle après venant de la part des Greens… Dieu reconnaîtra les siens comme les fanatiques religieux disaient.

Les paroles s’enchaînant, tu avais la désagréable impression qu’on te prenait pour un idiot ou alors que le bougre n’était pas des plus futés, un gentil imbécile heureux qui savait. Il s’était perdu, à quel moment un explorateur pouvait il se perdre même si tu pouvais l’accordé l’absence parfois de plaques murales pour indiquer les rues dérangeait depuis la tempête. Il restait des repaires ou alors même il était possible d’en construire. Le plus édifiant n’arriva qu’ensuite malgré tout, il venait de te demander indirectement si tu n’étais pas un pirate. Il était logique de se questionner mais heureusement il s’agissait d’une nouvelle rencontre, en un tout autre contexte ta fierté aurait été plus que largement écorchée. Soupirant longuement alors que tu ne cessais de te demander sur quel animal tu venais de tomber, il fallait de nouveau briser le silence.

« - Oui tout à fait je suis un pirate qui pille tout, ta canne fera une merveilleuse addition à mon butin. »

Roulant des yeux alors que tu avais croisé tes bras sous ton buste tu ne perdis un instant pour clarifier le tout.

« - J’étais lieutenant de police avant la tempête ca répond à ta question. Qu’est ce qui me dit en retour que tu es vraiment explorateur, une personne estropiée chargée d’explorer des lieux instables et dangereux ? C’est qui qui aurait eu cette idée, tu es vagabond ? Chevalier ? Green ? »

Un tact légendaire encore une fois, tu ne machais point tes mots même si dans un sens c’était pour son bien, y avait déjà eu assez de morts avec la tempête alors coller ce genre d’hommes à la tâche d’explorateur… Non tu avais beau chercher tu ne trouvais point.

« - Bref tu cherches quoi toi si tu es vraiment explorateur ? Autant s’épargner des recherches inutiles ou fouiller plus rapidement les divers immeubles à deux j’ai pas toute ma journée. »

Tu espérais juste que le malheur ne le fasse mourir en ta compagnie, tu avais déjà assez de morts sur la conscience entre tes années à l’armée et cet apocalypse qui s’était déchainé sur Arcadia Bay. Il y avait des vies que tu n’avais pu sauver dans l’immédiat après la tempête lorsque le chaos était le plus total alors un infirme inconscient, très peu pour toi.  

Tu lui avais déjà tourné le dos t’approchant de l’entrée d’un nouvel immeuble, observant du mieux que tu pouvais les murs afin de déceler certaines failles qui auraient pu te décourager d’y entrer. Peut être qu’à défaut d’être débrouillard en situations de mort imminente il allait pouvoir te dire ce qu’un bâtiment abritait éventuellement ou non. Si le bourge avait été nommé explorateur il devait bien savoir faire un truc de ses dix doigts ou de sa matière grise quoi qu’il n’avait plus vraiment ses dix doigts… Tu avais beau chercher en parallèle, tu ne cessais de penser que le fait qu’il soit explorateur était des plus absurdes. Tu avais l’impression d’être pris pour un con ou alors d’être encore une fois tombé avec une blague vivante, y avait pas à dire même après l’apocalypse tu avais l’impression que le destin voulait toujours se moquer de toi. D’ailleurs tu en avais oublié une chose vitale…

« - Tu t’appelles comment j’y songe ? »

À quel nom répondait cette mauvaise farce sur pattes.

Que ca soit bas ou non tu n’en avais pas grand-chose à faire, tu savais au moins que de par cette réponse tu étais tombé sur une petite nature. Il n’avait pas faire la guerre du Golfe le petit, il n’avait jamais été chez les marines avec ce fameux tout premier jour à la caserne où l’instructeur vous rabaisse plus bas que terre. Tu avais un blanc bec qui se voyait outré pour n’importe quelle parole mais bon il fallait avouer que les marines entre eux, les instructeurs et tout le corps militaire était assez vache, voir profondément débile mais cela ce n’était pas une nouvelle sur certains aspects de l’armée. Il y avait du bon mais parfois ça volait très bas avec les blagues, le running gag étant toujours le même sur des thématiques comme le sexe le fait d’avoir une moitié. Là n’était pas la question cependant tu fus étonné malgré tout d’entendre qu’il était vraiment explorateur pour les Greens. Au moins le bougre se rendait utile mais tu te demandais s’il n’y avait pas travail plus adapté à son handicap car là c’était comme demandé à un chien de vivre dans la mer, il va survivre un temps et nager mais ca sera pas concluant… Ma foi tant qu’il n’y passait pas avec toi à côté.

« - C’est Steel. »

Pas la peine d’en faire des tonnes, ton surnom en disait long. Tu ne tardas à te retourner vers Crow qui évoquait la nécessité de retrouver du matériel. Chacun ses problèmes dans le sens où tu n’avais pas envie de te montrer curieux sur le pourquoi du comment de récupérer ces objets. Si le tout se trouvait sur ton chemin tant mieux pour lui mais tu n’allais pas la lui tenir tout le long. Tu le voyais être partagé entre son carnet, la rue et le fait qu’il se soit complètement paumé. Tu t’éloignas toi aussi du bâtiment en le voyant agir ainsi te demandant ce qu’il cherchait exactement comme indication. Tu t’approchas dès lors de lui, figé en son dos tentant de déchiffrer les écrits sur son carnet sans la moindre gêne. Dans un sens plus tôt tu arrivais à l’aiguiller, plus tôt tu allais enfin être tranquille et débarrassé de sa personne. Tu n’en étais au point de lui arracher des mains le tout mais tu n’avais pas toute ta journée, le temps était toujours précieux même en cette apocalypse où le seul but c’était de survivre, les divertissements et autres étant secondaires.

« - Bon alors elles disent quoi tes notes, tu cherches quelle rue précisément ? »

Il était perdu, peut être pas autant que tu le pensais mais il était nécessaire de se confronter à la vérité. Tu pouvais concevoir que de par la tempête, ses dégâts il était parfois complexe de se repérer.

« - Car là comment ça part tu es pas sorti de l’auberge. »

Sur ces mots tu observais tantôt les quelques plaques de métal encore présentes qui permettent de connaître le nom d’une quelconque rue. Tu n’aimais pas spécialement les jeux de pistes lorsque des ressources étaient en jeu alors tu espérais que monsieur l’estropié se bouge un peu. Ce n’est pas qu’il était lent selon tes critères mais s’il l’était en réalité, tu le trouvais mou.

« - À moins que tu souhaites encore tourner en rond longtemps. »

Tu n’étais que gentillesse et bienveillance…

Il aimerait bien en finir au plus vite, au moins vous étiez sur la même longueur d’onde sur ce point. Tu n’avais pas plus de temps à perdre, cette chose étant devenue encore plus rare depuis le cataclysme étrangement. Chaque seconde perdue ici c’était un moment de plus où tu laissais le commissariat sans surveillance, où tu ne pouvais chasser ou faire une toute autre activité plus productive dans le cadre de ta survie ou de l’association des commerçants. Tu ressentais cependant une certaine chose en votre interaction, là où tu étais aussi doux que du papier de verre ceci semblait avoir son effet sur ton interlocuteur. Il y avait une certaine raideur, non pas de la tétanie mais une chose proche en chacun de ses actes. Peut être aurais tu y aller avec plus de gentillesse ou au moins un tant soit peu moins de médisance et de neutralité agressive. Il fallait avouer que ceci n’était point en tes bases et encore moins une priorité ou une façon d’agir que tu désirais gommer, améliorer. La pression que tu lui imposais le rendait cependant des plus efficaces, sa recherche avançait à grand pas ou plutôt à petits avec sa canne mais il avançait quand même. Votre collaboration de mauvaise fortune allait pouvoir toucher bientôt à sa fin qui sait.

Le suivant doucement mais sûrement, il semblait avoir trouvé la bonne rue ou tu ne savais quoi un très bon début. Il avait reporté son attention sur les nombres en rapport avec les différents bâtiments. Il devait chercher son petit 1003 là où la numérotation indiquait que vous vous rapprochiez. Il finit par s’arrêter, voilà le lieu qu’il cherchait tant, un immeuble lambda quoi que peut être un peu plus délabré que les autres. Le hasard avait bien fait son choix, l’une des pires bâtisses du coin.

« - Et maintenant ? »

Jaugeant l’entrée, son état, la façade afin de trouver un éventuel accès bien plus facile. Tu fis un premier pas en direction du fameux lieu, t’engouffrant un tout petit peu en l’entrée des lieux. Tu voulais avoir une affirmation de ton interlocuteur pour aller plus. Pour savoir si tu allais encore devoir lui tenir la main, s’il allait être nécessaire de prévoir un cercueil ou deux selon la vétusté des lieux.

« - C’est assez praticable pour toi selon tes mots ou non ? Tu te sens né sous une bonne étoile car vu la gueule de cet immeuble… »

Tu n’avais jamais été du genre à jouer sur ta chance alors concernant la recherche d’un matériel dont tu ignorais l’utilité… Tu ne serais point étonné s’il décidait de rebrousser chemin matin. Tu aurais fait ça sans doute selon la nécessité ou non de sa mission. Risque de ses blesses oui, risquer une blessure majeure et sa vie non. C’était une simple question de bon sens mais beaucoup de personnes n’avaient pas ceci, les pirates par exemple.

« - Ou alors tu n’as pas envie de finir sous quelques bouts de bétons et j’en passe ? »

Tu voulais pas lui forcer la main bien au contraire mais vous n’aviez pas la même mobilité…