You're just too good to be true I can't take my eyes off you
me, myself and I
Tu t’étais endormie avec ton talkie walkie entre les mains après avoir veillé jusqu’à bien trop tard, avec la seule chose qui te permettait rester connectée avec ces personnes qui avaient une place particulière dans ta vie depuis si longtemps, mais aussi pour ces nouvelles personnes. En boule dans ton petit lit qui avait prit l’humidité de cette journée qui ne faisait que commencer. Tu t’étais accommodée à ça mais tu ne pouvais t’empêcher de détester cette sensation. Qui aimait vraiment ça ? Tu restais en boule avec ton talkie walkie contre ton coeur, comme les enfants avec leurs doudous. C’était un moyen de te dire que tu n’étais pas seule malgré le vide de cette pièce dans laquelle tu vivais. La seule chose que tu regrettais amèrement c’était une pièce bien isolée pour ne pas te réveiller parfois frigorifiée.
Tu l’avais pourtant bien éteint pour conserver sa batterie, mais pourtant elle commençait à grésiller. Contre toi. Sept heure du matin. Tu grognais parce que tu aurais aimé dormir davantage, si bien dans tes rêves. Mais cette musique qui se fait entendre en avait décidé autrement. Étrangement, dans un coin de ta tête, tu la connaissais cette musique. Tu te relevais mollement, sans réelle conviction, encore à moitié allongée. Un sentiment étrange te retournais l’estomac. Il y avait cette odeur que tu connaissais bien avant que celle du brûlé ne te fasse grimacer. Tu te levais et tu revisualisais ta chambre, avant la tempête. Quelle horrible sensation. La boule au ventre et la gorge serrée, tu avançais avec peine jusqu’à la cuisine. Pour y découvrir avec surprise ton père à avoir raté son essai culinaire. Tu avais l’impression de manquer d’air alors que tu le voyais là, tu avais l’impression que ton coeur allait lâcher dans ta poitrine. Tu l’avais pourtant vu il y a quelques mois sous les décombres de la maison. Impossible. Et pourtant il était bien là, comme si rien ne s’était passé. Une minute cinquante neuf. “Papa ?” Il avait toujours ce sourire bienveillant alors qu’il se tournait vers toi. “Je voulais essayer de faire des lambas mais j’ai raté.” Tu n’avais pas attendu la fin pour te jeter dans ses bras. Tu voulais le sentir encore une fois. “C’est pas grave, je suis sûre qu’ils sont bons tout de même.” Deux minutes cinquante trois. Il embrassait ton front avant de ranger le chaos qu’il avait semé dans la cuisine. “Maman n’est pas là ce matin, on peut profiter d’un peu de temps entre nous.” Bon débarras, tu ne voulais pas de celle là. Ne pas gâcher cet instant alors que tu sentais que quelque chose n’allait pas. C’était bien trop beau pour être vrai. “Dis papa, même si je t’ai pas tout dit, tu m’aimes quand même ?” Il se retournait vers toi avec cet air que tu connaissais si bien. Me regarde pas comme ça. Tu savais très bien ce qu’il allait dire, tu voulais juste l’entendre. Entendre ce que tu n’avais pas pu avoir à cause de l’université, après t’être renfermée. Trois minutes cinquante sept. Le voilà disparu. Et toi, tu étais de retour dans ta pièce miteuse. Mais lui n’avait rien eu le temps de dire.
Tu restais sur une question en suspens, tu n’avais pas eu les mots pour te dire ce que tu savais déjà. Tu voulais l’entendre dire qu’il t’aimait, peu importe ce que tu avais pu lui cacher. T’avais pas envie de pleurer, les larmes elles se sont asséchées depuis le temps. Tu n’avais pas pleuré depuis si longtemps Tempest. Mais définitivement, ça n’était pas aujourd’hui que tu allais pleurer. T’avais juste de la colère à revendre. De la haine à déverser mais personne sur qui rejeter la faute. Ça te bouffais, t’avais juste envie de crier et détruire ce qui était à ta portée. Tu t’es laissée emporter dans le flot d’émotions. De l’amour il y en avait mais ça n’a pas duré. Éternellement frustrée. Oh Tempest, ça grondait en toi encore une fois. Tu renversais les meubles délabrés à ta portée. Jetais ces pauvres objets ramassés qui tombaient sous ta main. “Va te faire voir Arcadia Bay ! Va bien te faire voir !” Et tu hurlais à t’en casser la voix. Tu hurlais jusqu’à ne plus avoir d’air dans les poumons. Tu détestais réellement ce trou à rats. Crie autant que tu le veux. Tu savais que ça ne le ramènerais pas. Tu restais là, au milieu de ta pièce, le regard dans le vide. Tu ne voulais constater les dégats de ton temper tantrum. Tu détestais déjà cette journée.
