Anya Forger (dessin de Mum♥♥♥) // Rue Penelope (IRL)
T-rex
Mer 22 Avr - 12:50
mauvaise onde
7h00. Clameur distordue qui s’élève à l’unisson et la tire de son sommeil pour la faire glisser vers des songes plus cruels. Relents de choses familières ; roulée en boule sous les couvertures confortables, elle flaire l’odeur de la mousse à raser bon marché sur la barbe-qui-pique comme avant, soudainement blottie là tout contre lui, accrochée à la chaleur oubliée d’une étreinte facile, arrivée presque par inadvertance. Pas de court-circuit, pas de recul, seulement la joie pleine et entière du visage connu qui comble le manque des semaines passées, les balayant comme si elles n’avaient été qu’une triste folie. Et cette étreinte elle dure une éternité trop courte ; déjà le rythme de la chanson reprend de plus belle, et l’allégresse du moment transcende le corps minuscule.
Elle bondit du lit, enfile ses petites bottes moelleuses et chaudes, puis se dandine de gauche, de droite, saute et tourne, virevolte et flotte au bout des bras à grand renfort de rires et d’éclats de voix, avec ce papa mort revenu comme avant. Elle a quitté sa chambre de fortune et elle le suit dans les couloirs, pas si silencieux, happée par la sarabande surnaturelle à l’orée du jour naissant.
7h05 Silence. Plus que les souvenirs pour danser et rêver. Car ce n’était que ça, n’est-ce pas ? Une fadaise étrange de l’esprit, la vision contre-nature d’une réalité révolue ; et pourtant, elle glousse la jolie tête brune en s’élançant à la poursuite de ce papa d’avant, prenant pour argent comptant les trois minutes ayant précédées cette seconde de décision. Elle est pas assez mûre T-rex, pas assez solide, pas assez grande, un peu bête même. Peut-être que ça l’arrange parfois, car elle est aussi vive et têtue. Et dans l’effervescence générale, elle se faufile au dehors en chassant les ombres, persuadée d’être sur la bonne voie, persuadée qu’il l’attendrait juste un peu plus loin, à l’ombre d’une ruine ou d’un arbre, caché là pour jouer et rire encore ; persuadée qu’il y aurait encore un câlin-qui-pique de papa, pas mort.
Et elle s’éloigne en riant, et elle l’appelle avec sa voix fluette toujours joyeuse ; elle va de cachettes en cachettes, braillant des “papa” à qui mieux mieux, bercée par l’odeur de la mousse à raser qu’elle a l’impression de sentir toujours sur elle. Et plus elle s’éloigne de Blackwell, plus les rires se suspendent dans l’air frais du petit matin. Il ne reste que les “papa” un peu grognons et renfrognés, mais pas tristes ; surtout pas. Elle a atteint la grande place où le soleil se réfléchit dans le verre des lampions fatigués et où les visages sur les photos vous scrutent en silence. L'endroit lui semble désert, mais s'il y a d'autres curieux, c'est surtout qu'elle ne les remarque pas, trop absorbée par sa quête, jetant un coups d’oeil derrière les gravats, soulevant une bâche, et toujours en appelant : “papa”.
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Mer 22 Avr - 17:10
❝ — mauvaise onde.
( t-rex )
on ne sait plus quand ça commence, on ne sait plus comment non plus on sait que la nuit a été courte et qu'on avait déjà les yeux grands ouverts quand on a entendu quand le cœur s'est mis à battre un peu plus fort (quand on a repris vie) on sait qu'on a cru à un songe éveillé, à une hallucination provoquée par la nuit blanche et les heures creuses et les fonds d'alcool qu'on s'est enfilés pendant des heures
mais elle était là et elle riait, on l'aurait juré elle a dit romeo et j'ai soufflé olympe elle esquissait des pas qu'on connaissait par cœur et je me suis approché – elle fredonnait et quand j'ai été assez près pour l'entendre elle m'a pris le bras et m'a fait prisonnier et c'était comme avoir quatorze ans de nouveau on se souvient avoir dansé sur des niaiseries du même genre on se souvient qu'on a tiré des plans sur la comète sur les bandes-sons adolescentes un peu vieillottes elle sentait encore son café de six heures et demie et son shampoing de six heures cinquante-deux et elle riait comme un minuit quarante-sept avec trois verres de vin sifflés un peu trop vite depuis minuit dix-huit
et on a ri on a ri on a ri sur trois minutes vingt-trois on s'est refait cent promesses qu'on a murmurées en baragouinant on a perdu la raison sur trois minutes vingt-trois et un et deux et trois, et vingt-et-un et vingt-deux et vingt-trois elle tournoie et du bout des doigts je la retiens pour qu'elle me revienne (à vingt-quatre elle n'est plus là)
et on reste immobile, le souffle court et la main en suspens et on ne comprend pas je deviens fou, c'est ça ? on regarde tout autour mais rien n'a changé et elle n'est plus là l'obscurité toujours la même le gris toujours le même le toit effondré toujours le même le silence toujours pareil (et pourtant l'inspiration tremblante on se persuade qu'on le sent toujours son parfum de café son parfum de grenade son parfum de matin son parfum sucré et on s'y rattrape on s'y raccroche comme un dératé)
on jette un regard qui assassine à la radio et et et putain on frappe dans un truc on a failli heurter la radio mais fallait pas, fallait pas (quand est-ce qu'on en retrouvera ?) alors on a frappé l'étagère le poing serré mais peut-être pas assez (on geint quand la douleur heurte des phalanges au poignet et on se maudit, un peu, et on maudit le ciel aussi)
on peut pas rester là on peut pas rester on sent les yeux qui brûlent et la gorge qui se serre et on peut pas rester là alors on sort on claque la porte on traîne les rues (faut respirer) olympe olympe olympe le mot sur les lèvres est silencieux on dirait une prière
et on échoue là où elles échouent toutes les litanies des désemparés – sur la place des souvenirs qu'on a presque déblayée pour l'aménager parce que les morts ne peuvent plus parler mais que c'est les vivants qu'il faut réparer (c'est bien pour les vivants qu'on érige des autels et qu'on allume des bougies pour se croire moins impuissant dans nos deuils qu'on ne l'est vraiment) et si olympe n'est pas morte (rien qu'à l'autre bout du monde et sans savoir ce qu'il advient de moi) elle n'est pas là non plus alors c'est peut-être pour ça que j'y trouve du sens ce matin – du sens à ces bougies que la nuit a soufflées
olympe olympe olympe on essuie d'un revers de la main enragé les larmes qui ont tracé leurs sillons salés sur les joues les mâchoires crispées et on regarde autour de soi pour constater qu'on n'est pas seul quelques autres à l'air hagard et dépossédé, les coups d’œil inquiets qui larmoient et on ne comprend pas est-ce que, est-ce que, est-ce que et on n'ose pas interrompre on n'ose pas demander est-ce que c'est seulement possible est-ce que c'est seulement plausible
et puis une voix dépasse une voix déchire ça appelle papa et c'est comme agacé on cherche du regard pour la miniature dans les ombres des autels la retrouver – une p'tite portion qui se met la tête à l'envers pour regarder sous les bâches et on se demande si elle irait pas regarder tant qu'à faire sous les cailloux et on ne sait pas pourquoi ça nous brûle ça nous déchire est-ce que, est-ce que, est-ce que et on serre les poings putain d'arcadia bay les marmots tu pouvais pas les épargner ?
et comme personne ne le fait c'est moi qui m'approche – on essaie de se redresser et d'avoir l'air moins tourmenté on essaie de faire croire qu'on n'a pas pleuré et on se penche au dessus de la gamine en dessinant un sourire (un sourire d'adulte inquiet mais on espère qu'elle comprenne pas encore trop les subtilités)
bonjour toi.
les enfants je sais pas trop leur parler – j'ai jamais été grand frère ni parent, et papa c'est pas une ambition (j'serais un père des plus ratés) alors on essaie, un peu maladroit (on croit en la bienveillance de la mioche pour pas qu'elle nous trouve trop badaud)
il est pas un peu tôt pour traîner toute seule ?
c'est pas une heure pour les enfants (c'est pas une heure pour les sentiments)
tu viens de blackwell ?
parce qu'il faudrait peut-être t'y ramener (ce serait plus sûr et puis là-bas ils doivent s'inquiéter)
mais on attend quand même que la gamine donne son avis, les inquiétudes en points d'interrogation est-ce que, est-ce que, est-ce que et si oui est-ce qu'on pourrait pas soigner un peu les bleus avant de la remettre aux siens on sait jamais on préfère demander
(et le cœur en détresse, lui il se tait)
T-rex
Bénie par Josiane
Fluffly marshmallow
Anya Forger (dessin de Mum♥♥♥) // Rue Penelope (IRL)
T-rex
Jeu 23 Avr - 2:26
mauvaise onde C’est rare de la voir afficher une moue si contrite, sourcils froncés à l’extrême et lèvres pincées, la circonspection contrariée en étendard contre la tristesse écrasante d’un deuil contre nature. Elle souffle fort par ses narines retroussées, solennelle dans le déni terrible, la joie toujours sous les côtes. Quelque chose lui échappe, oui ; mais quoi ? Il a toujours été plus malin qu’elle, papa. Elle s’arrête une seconde, et réfléchit stratégie, guettant les alentours d’un oeil faussement expert.
Et elle ne s’y attend pas à cette voix qui s’élève soudain à deux pas de là. Un sursaut plus tard et elle fait front à celui qui l’interpelle. Les traits poupons passent à la surprise circonspecte avant de se fendre d’un sourire franc et solaire. Elle est polie et toujours bien élevée ; “Bonjour !” apostrophe-t-elle aussi, trop radieuse dans un moment pareil. T-rex le détaille un peu, et elle ne voit pas le sourire fabriqué ou les larmes qui ont coulé, elle sent juste la douceur dans les gestes et la prévenance dans les mots. Elle laisse la maladresse l’effleurer comme si elle n’était qu’un alizé paresseux, puis, naïve ou inconsciente, elle l’étiquette gentil. La môme le fixe avec intérêt, avant d’avorter un petit rire en lui répondant tout de go : “Bah non ! j’suis pas toute seule, je joue avec mon papa.”. Elle hausse les épaules devant l’évidence même.
Puis elle opine fièrement du chef, parce que Blackwell c’est bien le nom de sa maison à présent. “Et toi tu viens d’où ?” La question lui monte au cerveau en même temps qu’elle l’énonce. “Et t’es tout seul ?” “Et tu t’appelles comment ?” “T’aime les dinosaures ?” “T’es un pirate ?” des questions comme des battements de cœur, de la curiosité pas déguisée, l’envie de savoir au fond des yeux et au coin des lèvres. Et tant qu’elle questionne et qu’elle s’intéresse, l’esprit fragile oublie sa quête sordide ; un temps. T-rex est fermement plantée là devant lui, trop lumineuse, trop joyeuse. Elle est presque écœurante de bonne humeur, cette minuscule petite fille, vaillante et fière. Pas décontenancée par l’imprévu de la situation, elle est même ravie, et quoiqu’elle en pense, inconsciemment, peut-être un petit peu soulagée aussi que quelqu’un ait enfin interrompu le jeu morbide de ce papa, bien mort.
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Dim 26 Avr - 7:56
❝ — mauvaise onde.
( t-rex )
Elle joue avec son papa.
Le sourire se crispe un peu, on le sent se ternir et on regarde autour de soi comme pour se prêter au jeu – et on espère sincèrement que papa va surgir, rire un trouvée ! dans l'air frais du matin d'avril et que tout rentrera dans l'ordre, qu'on ne verra plus dans la scène qu'un quelque chose de tendre, une bulle de douceur attendrissante qui nous fera oublier comme le quotidien nous a tué qu'on verra autre chose que l'image déchirante d'une gamine que les (dés)illusions n'ont pas épargnée.
mais il n'est nulle part, ce papa, bien caché sous une bâche (avec un peu de chance dans une fosse, s'il n'est plus sous les décombres)
et parce qu'on ploie sous la douleur on n'est plus seulement penché, on s'accroupit et on pose un genou à terre — on prend une inspiration, et puis, les questions et on s'étonne, les yeux clignent et on se surprend à rire – et l'on apprend, en une seconde, comme les enfants sont importants comme leur existence est précieuse après les tragédies comme ils savent panser les cœurs rien que parce qu'ils ignorent tout (faut pas penser au jour où ils sauront tout)
Je vis pas loin, mais pas dans un château de princesses et de chevaliers.
blackwell ; je me souviens de l'époque où ce n'était pas un refuge mais une université pleine d'étudiants qui s'échouaient sur les planches des nébuleuses.
Je suis tout seul, je m'appelle Romeo, les dinosaures je les aime bien en images et je suis plutôt team Peter Pan.
on cherche encore autour de soi, un endroit où s'installer – parce qu'un bar n'a rien d'un endroit pour un enfant, et qu'on n'a pas l'audace de lui prendre la main et d'avoir l'air du type bizarre aux yeux des gens (si tant est qu'ils nous prêteraient attention, c'est avant tout une histoire de conscience personnelle).
Tiens, regarde, là-bas. Tu crois qu'ils sont solides les cailloux pour qu'on aille grimper et s'y asseoir ?
des ruines qu'on essaie d'imaginer en chaises confortables, on se redresse et on lui fait signe en soufflant viens là, on va attendre un chevalier pas loin, d'accord ? et puis t'as besoin d'aide pour monter ? et puis on pourrait la porter pour la percher sur la pierre – au sommet du monde (à hauteur de trois pommes).
Et toi, alors ? Comment tu t'appelles ? Et tu as des dinosaures ?
Oui, tu as, parce qu'on part déjà du principe qu'elle les aime (moi j'étais plutôt gros chats grosses pattes, à son âge).
T-rex
Bénie par Josiane
Fluffly marshmallow
Anya Forger (dessin de Mum♥♥♥) // Rue Penelope (IRL)
T-rex
Mar 28 Avr - 0:10
Des princesses ? Elle pouffe en plissant les yeux d’une malice entendue, secouant la tête doucement de gauche et de droite. Ya pas de princesses à Blackwell voyons ; et si c’était le cas, T-rex elle ferait partie des chevaliers qui combattent les dragons pour les protéger, et qui explorent des grottes mystérieuses pour trouver des trésors oubliés.
Elle le trouve rigolo, en tout cas, Romeo. Elle est bien rassurée que ce soit pas un pirate d'ailleurs, et plus ravie encore qu’il apprécie les dinosaures. Pourtant une ombre passe sur le visage rond : “Tout seul ?” souffle-t-elle en écho chagriné. “Tu dois pas beaucoup t’amuser.” constat d’enfant sur prisme étriqué, sans jugement, sans heurt. Mais déjà, le regard repart au galop vers un horizon différent, comme s’il confiait une nouvelle mission à remplir, comme un défi à relever ; bien sûr qu’elle en était capable… A tout le moins, voulait-elle essayer.
Alors, à peine eut-il fini sa phrase, à peine se redressait-il qu’elle prit les devants sans demander son reste. “Ah, d’accord. Je vais voir le caillou alors !” lâche-t-elle en s’éloignant d’un pas ferme et décidé vers le monticule de gravats à l’allure faussement confortable. Puis, avec une application grotesque, elle tâte du bout des bras, tapote un peu dessus pour jauger l’équilibre de l’assise de fortune, et affiche une mine satisfaite tandis qu’il demande si elle a besoin d’aide pour se hisser dessus. Comme par esprit de contradiction, et par fierté puérile, elle secoue la tête : non.
Ce n’est pas si haut. Elle grimpe sur un roc écorché qui lui fait comme une marche, puis s’aplatit le plus possible, coudes en avant, sur le pan horizontal sur lequel elle veut monter. Elle hisse une jambe jusqu’à lui, avec force de grognements risibles, jusqu’à ce qu’elle réussisse à y glisser un pied ; puis ce n’est plus qu’une histoire de levier disgracieux mais efficace, elle pousse sur sa jambe et se tortille vers la hauteur, malhabile peut-être, mais finalement victorieuse. Elle époussette sans conviction son sweat-shirt et se redresse de toute sa -petite- hauteur. Elle est à peine plus grande que son nouvel ami, là-haut, mais tout de même, cela mérite un sourire satisfait. “Eh eh!”
Puis comme c’était le deal, elle consent à s’asseoir là, laissant ses jambes balancer dans le vide en attendant qu'il la rejoigne aussi. “Moi je m’appelle Charlie ! Mais mon nom de chevalier c’est T-rex. C’est mieux” Elle bombe le torse, parce que ça fait peur, et que ça grandit, selon elle. Inspiration. “Et oui, j’avais pleeeeeein de dinosaures avant” un geste ample des bras pour appuyer le propos. Elle se rappelle toutes les petites figurines de plastique aux couleurs vives et fantaisistes pour certaines. “J’avais un stégosaure, un spinosaure, plusieurs tyrannosaures, et puis… et puis un velociraptor aussi mais sa tête s’est cassée mais sinon j’avais un ankylosaure, un tricératops, un diplodocus et un bébé diplodocus mais il se faisait manger par le spinosaure, et j’avais un brachiosaure aussi.” Nouvelle inspiration avant de manquer d’air. Elle se rappelle qu’il les aime bien en images. “Et j’avais des tas de livres avec des images aussi ! Et tous les dvd de Petit Pied.” Elle fait mine de réfléchir. “Mais maintenant je les ai plus. Mais j’ai quand même mon ami Eight qui m’a offert un brachiosaure, c’est mon jouet préféré maintenant même si les couleurs elles partent et qu’il a l’air vieux.”
Ses yeux ont fait des aller retours entre son interlocuteur et le vague de ses pensées porté plus loin sur l’horizon du jour levant. C’est peut-être un peu dissonant cet aplomb chez une enfant. Elle trépigne d'un ravissement étrange, le même imprenable sourire gravé dans la chair, comme à chaque fois qu’on lui donne une bonne occasion de parler de sa passion - ou d'occulter le reste. “T’as des jouets préférés toi ? Tu fais quoi pour pas t’ennuyer tout seul ?" L'esprit prend des raccourcis et se souvient de quelques notes entendues au réveil. "Ah, t'aimes bien danser ?” Elle sent toujours un peu la mousse à raser bon marché flotter dans l'air et elle se souvient de la mélodie entêtante. "Moi j'ai dansé ce matin" déclare-t-elle guillerette, en balançant ses jambes dans le vide.
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Lun 4 Mai - 4:45
❝ — mauvaise onde.
( t-rex )
On observe la gamine qui escalade, crapahute, redoublant de techniques et d'efforts pour satisfaire sa fierté d'enfant qui veut à tout prix se débrouiller sans les grands. Je la garde à l’œil, l'air de rien – solidement campé, prêt à la retenir à la moindre prise manquée. Mais elle parvient au sommet sans accroc, et je m'approche quand elle crie victoire, de crainte que, dans sa petite extase, elle ne sautille trop près du bord.
Impressionnant !
Et c'est sincère. Je ne me rappelais plus, j'avoue – comme on était intrépide et casse-cou quand on est mômes, comme on a si peu conscience des dangers et des potentiels douleurs qu'on pourrait s'infliger qu'on tente le diable sans même en avoir l'idée. Ç'a quelque chose de... Je ne sais pas. C'est que le cœur se serre et s'apaise tout à la fois, parce qu'on a conscience des saccages de la tragédie dans la vie de ces enfants, mais que leurs rires au milieu des ruines comment y résister ? Ce sont eux qui sauvent les grands déjà gris du silence et de l'ennui – et je pense, sans jamais le formuler, merci d'exister.
Charlie, donc ; T-Rex et je hausse un sourcil – m'esclaffe un peu. Un si grand nom, pour une si petite chose ? Et puis, elle embraye et je comprends d'où lui vient ce surnom – je la fixe et j'ai sans doute l'air un peu idiot, la surprise imprimée sur les traits, la bouche ouverte dans une stupeur muette. Je me fends d'un rire désabusé – cette gamine est merveilleuse.
Impressionnant...
Encore ; parce que la gamine nous étonne – même moi, je crois que je serais incapable de retenir tous les noms qu'elle vient de citer ; ma culture dinosaure se limite à peu près aux deux, trois dessins animés que je regardais quand j'étais marmot, dans le salon de l'orphelinat.
Tu connais Huit ? – je l'ai prononcé à la française, par habitude, parce que c'est ce que je faisais toujours avant de connaître son prénom, la bonne blague, alors je corrige aussitôt. Pardon, Eight ? Celui qui travaille à l'hôpital ? C'est un ami à moi aussi.
Et le rictus s'étire quand on l'imagine écumer la salle de jeux délabrée pour y retrouver l'ombre d'un quelconque dinosaure – pour sûr, huit, t'y échapperas pas, à la petite remarque sur tes élans grand frère, la prochaine fois. t'as le cœur qui s'adoucit huit, méfie-toi, bientôt tu lui feras des tresses en chantant des comptines.
mon coude en appui sur le rocher sur lequel charlie s'est assise, mon regard s'écoule d'elle au monde qui nous entoure ; drôle de paysage pour discuter des diplodocus, quand même, faut bien l'avouer.
j'ai une guitare. je fais de la musique. et j'ai des kaléidoscopes. mais tu sais je m'ennuie pas, je suis pas tout seul, j'ai plein d'amis.
et j'espère que toi aussi.
et puis, avant qu'on ait le temps de quoique ce soit, le vide qui s'ouvre sous les pieds – le sourire s'efface et la plaie béante se rouvre au dedans. moi j'ai dansé ce matin, et plus rien d'autre n'est nécessaire à comprendre, plus de doute permis. j'espérais encore – que sa présence ici ne relève que du hasard, sait-on jamais, qu'elle soit une gamine intrépide habituée des fugues d'aventurière ; la vérité, elle est beaucoup plus tragique. putain d'arcadia bay.
j'ai dansé aussi.
on sourit, quand même – on balance les douleurs en dedans et on essaie d'oublier dans quelle drôle de tragédie on se trouve, pantins désarticulées sur la scène d'une pièce qu'on n'a pas répété. je n'ai pas appris mon texte, charlie me donne la réplique mais je réponds toujours à côté – pas de souffleur pour m'aiguiller.
je crois que tout le monde a dansé.
parce qu'on se souvient des yeux hagards, des visages ravagés, on lève la tête et il n'y a plus personne – à croire que toutes les âmes brisées s'en sont allées pleurer ailleurs, pleurer chez eux.
je préfère chanter, quand même – tu sais chanter toi ? c'est plus amusant avec des amis ça aussi.
surtout quand ils chantent un peu faux après trois verres de vin, et qu'on peut se moquer un peu d'eux.
Citation :
"c'est plus amusant avec des amis ça aussi." <<<< j'ai failli rajouter un "TITRE" en size 6px
T-rex
Bénie par Josiane
Fluffly marshmallow
Anya Forger (dessin de Mum♥♥♥) // Rue Penelope (IRL)
T-rex
Mar 5 Mai - 13:23
“ouite..” son mimétisme imparfait se suspend dans l’air, avant que la surprise heureuse n’éclaire son visage de nouveau. “Ah bon tu le connais ?? On pourrait aller le voir ensemble pour lui faire plaisir un jour !” Est-ce que c’était la tempête qui avait éteint tout sens commun de la plus élémentaire des prudences ? Pas totalement. Elle est simple T-rex, et mêler deux éléments qui se rejoignent d’eux-même, ça lui semble évident et bienvenu, et tant qu’une erreur ne lui enseignera pas à se montrer plus pondérée et patiente dans sa confiance, il en serait ainsi.. “Il faut vraiment que je lui montre Alcide en plus, il a apprit plein de tours super cools.” Elle a un rire d’aise plein de malice. “Je te montrerai aussi comme ça !” Elle oublie de préciser que c'est le fameux brachiosaure. Dommage qu’elle ne l’est pas emmené avec elle ce matin.
Elle penche ensuite la tête sur le côté pour signifier son intérêt, concentrée sur les réponses qu’il formule. Et puis, là, un mot compliqué ; kaléidoscope. Ça lui rappelle les sonorités de mots connus, elle cherche un peu dans sa mémoire si elle ne l’a jamais appris ou entendu quelque part. Mais non. Et la guitare il dit, et les amis ; ça semble chouette. Pas autant que regarder Alcide faire des tours de pistes, ou que jouer aux aventuriers avec Pissenlit ; mais chouette quand même. “Je connaissais pas de musicien avant !” déclare-t-elle en seule ponctuation aux propos, guillerette quant à la primeur de la chose.
Puis, sans vraiment la discerner pourtant, elle sent l’ombre qui passe sur le visage de ce nouvel ami, musicien s’il vous plaît. Elle fronce un peu les sourcils, penaude, parce qu’elle pressent en filigrane. Ils ont tous dansé, oui : et T-rex elle sait ce que ça veut dire mort, parce que Simon lui a expliqué, Simon lui a appris quand elle a posé les yeux une seconde de trop sur les corps bleus et froids tout enlacés et fracturés. Elle a apprit sans se souvenir, enfermant le sens profond de la réminiscence pénible dans une petite boîte déposée sans prévenance dans un coin sombre et reculé de son esprit. Douceur dans la douleur, des couleurs sur le déni ; c’est pour ça qu’elle se réjouit tant d’avoir dansé avec son papa, mort mais vivant, ce matin, dissociée à l’extrême d’une réalité insupportable. C’est pas si mal. Elle se contente d’un haussement d’épaule et note d’éviter d’en reparler.
Heureusement qu’il a poursuivi. “..chanter ?” elle paraît gênée soudain. C’est pas son rayon la musique, même danser elle le fait sur un rythme approximatif en s’agitant de manière anarchique. Mais ça la gêne moins. Alors que chanter, elle a jamais chanté ailleurs qu’en classe parce qu’on l’y forçait. Pas qu’elle aime pas, mais elle éprouve une pudeur étrange à faire entendre sa voix de cette façon là. “Euh, non pas trop.” répond-elle en se frottant l’arrière du crâne d’une main, une grimace de sourire embarrassé sur un minois qui tourne presque vermeil. Mais il en faut plus pour lui couper le sifflet. “Tu me fais écouter la guitare et comment tu chantes ? Et c’est quoi un kalédoscope ? C’est pour voir les étoiles ?” sans un regard pour le contexte, sans penser que sans guitare dans les parages ce serait difficile de répondre à sa requête. Elle est simple T-rex, elle se réjouit de rien, et elle réfléchit souvent après avoir parlé.
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Ven 29 Mai - 11:11
❝ — mauvaise onde.
( t-rex • jour de la pls )
Je ris, j'acquiesce et je lève les yeux au ciel – est-ce que je viens vraiment d'arranger une escale à l'hôpital avec une gamine de pas dix ans ? Je soupire en ricanant, désabusé de me laisser mener en bateau comme je le fais – mais je me dis, après tout, elle oubliera vite, pas vrai ? On a dans la tête trop de rêves et trop de projets à son âge, on n'a pas la place pour des adultes un peu gris ou pour des tragédies alors, elle me rayera vite de ses mémoires, non ?
Pas trop le temps d'en placer une – elle aligne plus de mots que quand j'ai descendu le verre de trop, mais j'aime bien, j'aime bien l'écouter quand elle découvre le monde, y'a un truc qui flingue un truc qui attendrit et on aimerait bien avoir ses yeux d'enfant et son cœur insouciant (même si c'est pour faire un peu semblant), j'aimerais bien savoir oublier comme tout autour est différent et comme on est seul parfois depuis, depuis, depuis.
Hm... J'ai pas ma guitare, là, tu sais...
Et je suis pas bien sûr que ce soit de bon ton, de ramener une mioche qui n'est pas la mienne dans un bar miteux et mal fréquenté.
Mais... la prochaine fois, si tu veux. Quand on ira voir Rom–Eight.
Elle oubliera, je me répète – elle oubliera donc ça n'engage pas à grand chose, dans le fond.
Et je te ramènerai un kaléidoscope. Pour voir les étoiles c'est un télescope. Un kaléidoscope, c'est marrant, ça fait voir plein de couleurs. Un peu comme quand tu te frottes les yeux, mais encore plus joli.
Je sais pas pourquoi, ça m'a toujours fasciné – peut-être parce que ça me faisait délirer quand j'étais gosse puis que ça s'est pas arrangé quand y'a deux-trois substances qui se sont mêlées aux contemplations. J'ai jamais cherché comment ça fonctionne, jamais voulu comprendre leur mécanisme – j'aime pas décortiquer les jolies choses un peu folles, ça les rend banales, trop mécaniques et moins magiques. Ça me plaît moins quand faut rationaliser.
Euh par contre, tu parlais d'Al... euh, Alice ? Non, euh, Alcide ? C'est qui ? Un chien ?
Première idée qui me passe par la tête – parce qu'il n'y a bien qu'aux clebs qu'on apprend des tours, pas vrai ?
Et puis pour la peine je veux bien chanter mais que si tu chantes avec moi. T'aimes quoi comme chansons ?
T-rex
Bénie par Josiane
Fluffly marshmallow
Anya Forger (dessin de Mum♥♥♥) // Rue Penelope (IRL)
T-rex
Dim 30 Aoû - 15:57
Mauvèse onde
C'était avec papa et mon ami romeo, le 22 avril
“Aaaah !” répond-elle alors qu’il évoque un équivalent ; puis, ni une ni deux, la voilà qui joint les paupières et se les frotte vigoureusement des deux mains. Elle garde les yeux clos quelques secondes en tentant de discerner des étoiles colorées, puis les rouvre avec précaution. Elle cligne des yeux dans le vague, très appliquée, tandis qu’il questionne sur Alcide, ce qui ne manque pas de lui arracher un large sourire.
“Han mais, non !” elle pouffe de rire devant l’improbable de la proposition. “C’est pas un chien ! Alcide c’est mon brachiosaure. C’est comme un diplodocus si tu veux, tu sais avec un looooong cou, mais c’est pas pareil quand même. Enfin lui c’est un brachiosaure tout minus hein parce que un vrai c’est vraiment trop gros.” Éclat discret au coin des yeux et des lèvres. “Et Alcide il est vraiment mieux de toute façon parce qu’il sait courir tout seul et super vite et même il peut mordre les pirates si je lui demande j’suis sûre.” L’information - la vraie - noyée sous une avalanche de superlatifs infantiles comme si l’évidence n’avait pas besoin d’être établie réellement.
L’ultime question de Roméo pourtant la laisse un moment sans voix et la départit des paillettes de malice qui habillaient ses pommettes rieuses une seconde plus tôt. Le contraste est saisissant, en un éclair, elle se découvre une pudeur soudaine mais délicate à se dévoiler au travers d’une chanson et le sentiment est désagréable autant qu’il lui semble inhabituel. Sa moue change, transite en grimace tandis que ses yeux vont et viennent à la recherche de quelque chose à répondre. Ils arrêtent finalement leur course quand son minois se fige et se verrouille, bouche arrondie - mais close, et serrée. Le sang doit lui monter la tête car ses oreilles s’échauffent dangereusement en trop peu de temps. Elle inspire longuement derrière ses joues carmines et se contente finalement de répondre : “Euh... Je sais pas j’écoute pas trop la musique en vrai, et je sais pas trop chanter je crois.” Elle fronce les sourcils en contractant tous les muscles de son front avant de déglutir avec effort. La vérité c’est qu’elle ne connaît que des comptines savamment répétée la nuit tombée et qu’aucune ne lui semble indiquée dans un moment pareil.
Spoiler:
je suis si désolée j'ai écrit la réponse le mois dernier mais j'étais pas sur de moi alors j'ai bcp attendu pour la poster ;_;...............