C'est l'amour à la plage, Et mes yeux dans tes yeux, Baisers et coquillages - 23/09/20/Terminé [PV : Jupiter]

Deux corps jeunes à la portée l'un de l'autre, mais que les flemmes de la pudeur cassent et gênent, ils ne feraient rien. Rien, aujourd'hui sûrement rien demain.
Jupiter levait les yeux en sentant progressivement son corps se réanimer, revivre à nouveau comme le phœnix. Les cendres de son corps gelés par le froid se rependaient pour qu'elle redevienne ce qu'elle avait toujours été. Maintenant qu'elle n'avait plus froid, elle se méfiait simplement, comme aujourd'hui, comme dans le temps. Jessie avait toujours été obligée d'écraser les autres pour réussir, d'avoir de la place pour grandir, mais ce soir, elle n'était plus qu'une simple jeune fille, renfermée sur elle même, à la cherche de chaleur, dans l'incompréhension, un vrai crève cœur.

Je ne pensais pas à la chair, je me concentrais uniquement sur la chaleur dans mon dos. Mes yeux était clos. Mes mains renfermées sur mon corps, j'étais comme momifiée. J'attendais l'autre rive, que l'énergie vienne me retrouver. Les garçons, comme lui, ne pouvaient pas tenter quoi que cela soit, et il le répétait... Encore et encore. Qu'il ne voulait pas de mon corps, qu'il ne me voulait pas, moi. Pas comme ci, pas comme ça. Il me repoussait. Toujours plus, toujours plus fort. Je vins soupirer, en ouvrant les yeux pour observer les entailles de la grotte qui respirait avec nous.

- T'as intérêt. Mais, franchement, je suis si pas à ton goût que ça ? Ou t'es en couple... Ou homosexuel ? Quelque chose comme ça ? En général, les garçons, vous êtes tous plutôt des voyeurs, ça vous obsède. Mais tu vas vraiment me dire que pas toi ?

Je ne comprenais pas, pourquoi... Alors je demandais pour m'assurer de la réalité. J'avais besoin de mettre des mots, des phrases. Il répondrait encore une fois, certainement à côté, comme il le faisait, pourtant je n'avais pas peur de rentrer dedans, d'appuyer. Je n'avais pas à grand chose à cacher de mon côté, si ce n'était le vide qui me bouffait. Un énorme trou noir dans mon cœur qui s'était formé, qui ne demandait qu'attention, amour, gestes tendres à m'apporter.

Il me parlait finalement de madame Blackwood. Une policière chez Green... Je me demandais, ce que moi je ferais plus tard, si jamais je changerai de poste, si jamais je retrouvais une vie normale. Est ce que j'irai rétablir l'ordre ? Certainement pas... Je n'aimais pas ça, j'aimais le mystère, les challenges, analyser dans la largeur, découvrir de nouvelles choses. J'avais la curiosité de voir le monde, d'aller vouloir aller plus loin que les horizons, d'aller toujours largement au delà des choses. Je n'aimerais pas être enfermée, dans les menottes d'un policier, à punir les autres pour leurs méfaits. Pas parce que je n'en aurai pas la force, mais simplement que mon envie serait ailleurs... Toujours ailleurs, toujours plus grande, toujours plus forte...

Puis il parlait de son père au passé... Il était certainement disparu, ou mort, à l'heure qu'il est.

- Je vois... Tu l'aimes bien, Calico ?

Il reniflait, et je me mis à soupirer. J’espérais vraiment qu'il n'était pas en train de pleurer...

- J'en sais rien. Focus et moi, c'est compliqué. Les cheerleader, ne sommes pas tendres entre nous, comme avec les autres. C'est une question de principe. Imagine, une seconde fille comme moi, avec moi... Sans totalement les mêmes intérets. Tu n'imagines pas à quel point c'est compliqué de travailler ensemble. Pourtant, nous avons l'esprit d'équipe qui nous aide à avancer. Mais clairement, c'est comme un politique, c'est trop compliqué, agressif.

Puis il me demandait, si je me sentais bien. Alors je hochais la tête en affirmant.

- Ça va. Il fait moins froid déjà. C'est agréable, le feu, après tout ce froid. Pourquoi tu me demandes ça ?

Ma gorge commençait à piquer, doucement mais sûrement. Il y avait une légère gêne, alors une de mes mains vint rejoindre mon cou, pour augmenter la température. Je ne lui rendais pas la question en retour, je me doutais que quoi que je demande, il sourirait. Alors j'abandonnais, déjà même l'idée avant de vraiment y songer. C'est le genre de punching-ball ball qui ne sait qu'encaisser, prendre mes crasses et les garder, sans jamais répondre. Il avalait et gardait pour lui ce qu'on lui faisait, ce qu'on lui disait.

Il ne parlait plus vraiment le garçon, comme s'il se mettait à vraiment réfléchir à songer à sa réponse. Il répondit gentiment qu'il ne savait pas une première fois. Une première fois. Hawk avait l'air un peu perdu, je ne pouvais voir son visage, mais ça s'entendait. Puis d'un coup, il ne savait pas, il ne savait plus. Jusqu'à ce que ça fasse mal, dans ma poitrine. Comme si tout à coup, il fallait endormir la douleur, le vide à l'endorphine. Je ne plaisais pas. Ce que j'avais conscience, c'était le fait que personne ne pouvait plaire à tout le monde, que nous étions deux atomes fait pour vivre séparément. J'étais l'eau, il était l'huile... Alors, je ne saisissais pourquoi, pourquoi à chaque fois que quelqu'un prononçait ce genre de mot là, ma gorge se serrait, ma poitrine me lançait. Je n'arrivais à accepter, de ne pas être assez bien, de ne pas plaire, de pas être assez grande pour voir les autres tourner autour de moi. Je n'étais pas le soleil, je n'étais que Jupiter, je n'avais que mes 79 lunes, et quelques satellites. Ce n'était jamais assez, jamais assez grand, assez gros, assez lumineux. J'enviais le soleil, qui n'avait besoin de tout cela pour être encore plus gros, plus fort, et plus heureux.

Le soleil attendu pour réchauffer les hommes,
Le soleil autour duquel tout le monde tourbillonne,
Le soleil qui ne dépend de personne,
Le soleil maître autour de ces différents atomes.

Les mots s'enchaînaient, et le poids restaient collé au fond de ma gorge, comme une gêne, comme un tarre que je n'arrivais pas à retirer. Mes sourcils froncés inspiraient le manque de négociation, j'avais pris un revers dans ma grande estimation. Mon estime de moi, ne devait pas baisser pour un simple boutonneux, aux mots étranges... Ce n'était pas la norme. La norme. Ma respiration s'emballait subitement, pour que je souffle plus fort, marquant dans la caverne mon inconfort.

Jolie ? Jolie... Une honte pour elle, qui se surestime,
Adjectif donné en général à la gente féminine,
Mais jolie, ce n'est pas assez beau, ce n'est pas assez bien,
Ca creuse encore plus la faim, ce n'est jamais la fin.
Son égo se meurt, dans un lourd chagrin.

D'un autre côté, il me parlait des garçons de l'équipe de foot, et j'avais les mêmes, mais j'avais l'habitude, je l'acceptais. Je n'avais pas le choix de les côtoyer, pour la popularité, pour l'estime, parce que la hiérarchie sociale m'interdisait d'aller voir ailleurs...

- Je vois. Je vois... T'es bizarre toi... Pour un garçon pas homo'...

Je n'avais rien contre les rapports sexuels, contre les garçons, en soi. Je savais que je leur plaisais, quand ils parlaient mal de moi, comme d'une chienne, comme d'un objet, j'étais simplement un désir, un fantasme qu'ils voulaient réaliser. J'avais seulement peur, que des fois, ça déborde, alors que je ne voulais pas. Je ne le connaissais pas. Quant aux filles, je n'y faisais attention, puisque moi aussi, je les rabaissais. Je ne m'occupais pas de ce qu'elles faisaient au lit, sauf si c'était humiliant, sauf si pour elle, c'était risqué, c'était secret. Les traînées, les autres filles, les prudes, je n'en avais rien à faire, moi. Moi, les filles, je l'ai laissée se disputer avec moi, parce que j'étais souvent ce qu'elles enviaient, ce qu'elles redoutaient : une garce prête à les bouffer.

Les mots de ma bouche, ne sortaient étrangement pas. Inconsciemment, je me préparais à me venger, à piquer quand l'occasion se prêterait. Je rendais ce qu'on m'offrait, simplement, je jouais au miroir. L'occasion était bonne, pour se venger, tandis qu'avec mes bras je réveillais mes muscles, je venais longuement m'étirer, faisant claquer quelques nerfs un peu enroulés.

- Arrête de t'inquiéter pour moi. Je te l'ai déjà dit ? T'es con ou quoi ? Même pas foutu d'écouter ce que je dis déjà depuis des heures... Et ton sweat, j'le porterai pas, même si c'était le dernier vêtement qui traînait. T'as qu'à le porter toi. J'ai mes vêtements à moi.

Je passais mes doigts sur mes vêtements, sans me retourner, renfermée, directe, implacable. Ils n'étaient pas encore tous totalement sec, mais le crop top, si doux, si fin, était totalement chaud et sec. Alors bien que je n'aurai rien dessous, je m'en moquais. Mes bras vinrent s'ouvrir pour le mettre, et la chaleur venait se plaquer contre moi. Elle épousait doucement, tendrement mes formes, comme un corps à la dérive, comme la luxure, comme quelques chauds baisers. Je fermais les yeux me sentant totalement apaisée par la chaleur qui de nouveau me submergeait.

Il n'y avait qu'un pas qui me séparait de la chaleur, du froid, j'étais entre les deux, penchant, mordant impunément à la mauvaise foi. Dans un premier temps, je me sentais bien mieux, si bien que je sentais progressivement la fatigue me punir, comme si mon corps était rassuré, comme si mon corps me demandait d'accepter, d'enfin me laisser aller. Il acceptait, il l'a fermée. Il comprenait de son côté, je n'avais besoin d'insister, je n'avais besoin de crier, de forcer la voix. Je n'avais plus la force, de toute façon, de faire quoi que cela soit.

Ultime nuance, vue de l'intérieur. Je ne pouvais plus tenir mon dos droit. Mon ventre se mettait à crier, il était aux aboies. Je ne comptais plus le temps, je ne comptais plus les heures. En plus du froid, du manque de la chaleur, la fatigue me prenait, je n'avais plus à rien à digérer. Mon corps immobile, sans action, sans mouvement, sans sociabilité crevait pour la journée. Je n'avais pas eu ce qu'il fallait, pour m'épanouir, je ne faisais que détruire. Je n'avais personne à séduire, je n'avais pas besoin de me faire passer pour un ange, je n'avais pas besoin de faire comme les autres pour que tout en moi change. Je n'avais pas besoin de trouver de tendance à suivre pour être glamour, je n'avais besoin de chercher un moyen de recevoir de l'amour. Je n'avais plus rien à faire, plus d'actions à lancer, plus de plans à monter, plus d'hypothèses à poster. Pas de secrets à grailler, juste à rabaisser seul un pauvre garçon, mou, moche, et moins que médiocre. Pas de manière de faire respirer cet ego qui se mettait à saturer. J'avais besoin de sociabilité, mon quota d’introversion était atteint, j'avais besoin des autres parce que j'étais vide.

- Pourquoi à ton avis ? Elle n'était pas heureuse avec lui ? Peut-être que d'une manière ou d'une autre, elle n'était pas épanouie avec lui, qu'il était un frein. Dis comme ça, on dirait qu'il était un poids pour cette femme. Tu devrais faire attention à tes mots, tu sais c'est vite interprété.

Il s'excusait. Encore, encore une fois. Il ne s'arrêtait pas. Il m'énervait. Encore une fois, je me mettais à soupirer.

- Arrête de t'excuser. Crétin...

Puis le silence, pendant quelques secondes, quelques minutes, quelques temps. Je ne le savais, j'étais comme perdue, nous n'avions pas de montre, d'horloges, il n'y avait que la lune pour m'aider. Pourtant, celle-ci ne voulait m'aiguillait, car je n'avais les connaissances pour me convaincre.

- Qu'est ce que j't'ai dit Hawk ? Arrête de t'excuser. Tu faisais quoi d'ailleurs ? Tu t'endors ?... Tu peux te retourner, si t'es habillé. Et dormir. Je n'en ai pas envie... Quant à moi, je veux juste partir d'ici, mais je pense que cela ne sera possible qu'à l'aube.

Mes doigts fins venaient passer sous mes yeux, proches des cernes qui s'étaient dessinées. Elles étaient larges, et le sommeil voulait m'emporter. Pourtant, je n'avais pas l'envie de vraiment dormir, je ne voulais que quitter ces lieux, repartir, retrouver les mains qui m'avaient accueillies, retrouver le foyer qui m'avait acceptée, comme un vautour, comme un monstre, comme une harpie. Sans le savoir, sans voir que j'avais un cœur aussi froid, aussi vide, aussi noir.

Tu ne vas pas bien.
Qu'est ce qu'il en savait, si j'allai bien ou pas ? Alors que la mer en moi était calme et reposée. Chacun de ses mots à la suite, de nouveau la réveillaient. Les vagues voguaient, virevoltaient, fracassaient les bateaux des souvenirs brutaux, des mal être généraux. Qui était-il pour juger ? Qui était-il lui ? A part ce garçon boutonneux qui se noyait dans les excuses, dans un état médiocre, dans une laideur que je ne saurai nommée. Non, clairement, il n'avait rien à me dire, puisque s'il fallait recommencer, pour le punir, je l'aurai fait.

- Je suis fatiguée. Si tu veux on peut recommencer. Demain je peux même t'en faire avaler.

Un large sourire se dessinait sur mon visage, et mes paupières se plissaient. S'il tentait de sympathiser, c'était raté. Il m'avait plus énervée qu'autre chose, moi qui depuis un moment m'était calmée, qui était vide, qui ne pouvait exister. Il était temps de réveiller de nouveau harcèlement qu'il quémandait. Je plissais mon visage qui n'avait pas supporté, je plissais les émotions que je ressentais. Alors je ne bougeais, je le fixais, avec dédain, avec mépris, puisqu'il cherchait vraiment à revoir cette partie.

Soudain, il me demandait de venir contre lui. Et je me mis à cracher :

- Ah tu crois vraiment que j'ai envie de venir contre toi ? Ca va pas ? Je ne fais pas la fière. Je n'ai pas envie de contact, pas avec toi. Je ne te connais pas. Je n'ai pas besoin de sentir ça. Ca t'as pas suffit quand je suis tombée sur toi ? Ca aussi on peut recommencer si tu veux. Ou peut-être que ma main dans la figure suffirait certainement à te réchauffer, à raviver ta mémoire. Qu'est ce qu'il te faut Hawk pour comprendre ?

Allumée, j'étais comme le feu. Le phœnix, la colère, de mes propres blessures je me protégeais.  Fusiller l'autre de violence, de négligence, de colère. J'étais un pyromane en liberté qui a la moindre parcelle de verdure, se mettait à tout brûler. Incendier l'incendie, il avait balancé l'huile et j'avais pris feu. Une bombe à retardement que la fatigue avait fait percuté avant qu'il ne soit longtemps.

De mon côté, je laissais mon corps au sol sur la veste. Je pris mon sac et posa ma tête sur ce dernier pour m'en faire un pseudo oreiller. Bien que je ne comptais dormir avec l'enervement qui montait, voir l'autre gentiment se tenir allongé me donner l'envie de faire de même pour me reposer.

- Tu sais quoi, Hawk ferme la franchement...

Un garçon comme toi rêverait d'une fille comme toi, mais ce n'est pas le cas.
Pas le cas. Pas vouloir.  Pas de rêve. Pas désirée. Pas de regard ni d'attention à apporter.
Ma cage thoracique s'emballait, mon cœur aussi, et je voulais exploser. Je ne voulais pas continuer. Il fallait qu'il la ferme, pendant un moment pendant quelques secondes, parce que chaque phrase qui s'additionnaient ne m'aider à me détendre, à oublier.

- Qu'est ce que ça peut me foutre ? Tu crois que tu la mérites pas, ta piqûre de rappel ? Tu joues à quoi là ? T'en  veux encore ?  C'est ça ? J'ai l'impression que tu en demandes toujours plus. La journée t'as pas suffi... Qu'est ce que tu cherches là ? Oh et puis tu sais quoi... T'as raison. Quelqu'un d'autre mériterait ta place. Va te faire foutre.

La jeune fille s'était tournée, dos au feu, dos à lui. Elle ne regardait plus que le noir, en face d'elle et laissait la colère qu'elle ne pouvait trop encaisser laisser émaner les mots qui naturellement sortaient. C'était ce qu'elle aurait pu dire à son petit frère trop agité, trop collant, trop tout. C'est aussi ce qu'elle aurait pu dire parce qu'elle ne pouvait plus encaisser ce que l'autre disait, qu'elle n'avait pas l'énergie pour se lancer dans la violence. Elle soufflait fort, Jupiter, tout à terre. Chevalier, ou mort combattant de guerre. Un vide à terre, un ventre ouvert, les les cheveux tombant en arrière. Elle se retenait Jupiter, de continuer, de pas faire trop machine arrière. Elle venait mordre ses lèvres, avec ce goût mièvre, ce silence, qu'elle laissait plonger, ses flammes qui derrière elle, comme sa colère, la consumaient.

Les muscles dans le dos de la jeune fille s’attellent. Les nerfs se mettent à craquer autour de la musculature travaillée. Elle est tendue, elle va sûrement craquer. Laisse tomber, laisse tomber, elle te le fera payer. Elle n'avait pas la conscience pour oublier. Personne pour la consoler, personne à qui parler. Ça commence à peser. Personne pour l'élever, personne pour la supporter. La brune commence à se ronger, à ronger son gros ego, trop lourd pour elle. Il pèse sur ses épaules, il pèse sur son corps, et malgré l'esthète qu'elle s'est taillée, Jupiter ne plus peu plus le porter, ne plus supporter. Alors elle avale les mots, les phrases, les faits. Elle ne le regarde pas, pas même une fois, sinon elle aurait des envies meurtrières.

Je n'avais plus la force, plus les mots. Je n'avais juste plus l'envie de rester ici. Je n'avais plus la mentalité pour accepter, sans vouloir lui arracher son visage qui avait déjà morflé. Alors, je n'avais qu'une chose à faire, l'abandonner. Je le pensais : je ne suis d'aucune utilité dans cette aventure, autant le laisser. Nous n'étions pas même du même monde, alors autant me laisser à mon sort, puisqu'il le sous entendait. Je me moquais bien de ce qu'il pouvait potentiellement m'arriver à présent. La détermination m'aiderait à avancer.

Je vais exploser.

Jessie Reid, la capitaine de l'équipe de Cheerleader a encore menacé des filles de l'équipe.
Mademoiselle Reid a défié ses camarades dans un jeu absurde pour ensuite les dénoncer.
Reid ne promet rien, Reid écrase sur son chemin. Reid ne fait pas demi-tour.

Se faire abandonner, Jupiter a toujours su ce que ça faisait. Se faire abandonner, était difficile. Et pourtant, elle avait toujours eu des facilités à jeter, à laisser tomber derrière elle. Si l'obstacle ne pouvait être détruit, si le chemin ne s'ouvrait pas, c'est que la solution n'était pas là... Sans un mot, sans un regard. La jeune fille aux cheveux noirs reprit son sac, ainsi que ses affaires. Sur son visage, plus rien, pas même une once de fierté, plus que le vide, elle n'avait pas même la volonté de le chercher, de se nourrir de quoi que cela soit. S'en était trop, si bien qu'elle était déchaînée, et quand les blessures sont trop éparses, Jupiter, la grande ne peut s'empêcher. Elle doit bouger, et malgré sa fatigue, la colère, comme un mort-vivant la fait se lever. Elle avance, Jupiter, elle en a fait tournoyer des êtres à ses côtés. Alors, elle se dit simplement, qu'elle doit partir, d'ici, de cette caverne, d'Arcadia. Jupiter, sait marcher, sait se tuer, sait être déterminée. Quand elle commence quelque chose, difficile de l'arrêter. Levée, dressée, comme un piquet. Elle sent ses épaules tirer, par la fatigue, par la nervosité. Aucune fois, elle ne se retournera et juste laisse le bon de ses pas. Laisse le son de son avancée. Elle s'enfonce dans la noirceur, oubliée.

[Encore des jours, des jours à virer, à suivre les frontière de cette ville. Je ne pouvais partir, enfermée, je ne pouvais partir, piégée. Et pourtant, je continuais, je continuais. Je le voulais, voir le soleil à Seattle, voir ma mère qui pour moi comptait... Plus de force, plus de quoi manger, je voulais juste m'évader, malgré les cris, malgré la fatigue, malgré les mêmes cadavres que je croisais sur mon chemin. Je me tuais, je m'achevais, ma charge mentale baissait, ma santé mentale suivait. Les doigts dans les cheveux, j'avais l'envie de me les arracher, jusqu'à tomber au sol, je cédais à la rage, à la pression, à ce carnage.]

Des pas vaguement désarticulés. Elle laissait ses doigts sur les parois la diriger. Peu importe la noirceur, peu importe le froid. Bouger. C'est tout ce qu'il y avait. Exagération, fugues et liberté. Elle avait besoin d'oublier, le mal, par le mal, de consommer, de se faire consumer. D'avaler, quelque chose, une découverte, une avancée. Elle avait besoin, si bien qu'elle ne pensait plus qu'à marcher.



Vide. Vide. Vide. Le vide rongeait ma gorge, me donnait l'envie de vomir, de gerber. Je passais la main sur ma gorge irritée qui se mettait à me serrer. Je n'étais pas à ma place, j'avais besoin de reconnaissance, de puissance. J'avais perdu le contrôle, mais je m'en moquais. Je ne pensais pas à cet attardé, seulement ces mots piqués, taillés dans ma poitrine une sensation inadaptée. Faire front, je ne devais pas tomber, je ne devais pas glisser, je sentais que le sol était de plus en plus flaqueux, mouillé. Le bruit de mes pas dans l'eau raisonnait. Il n'y avait plus que ça, et moi. Seule, comme quand le bus s'est fait écrasé, comme dans les autres se sont fait oubliés. J'étais seule, l'unique lumière qui pouvait encore compter.

Je baissais les yeux, mais rien ne venait, aucune émotions, que les murmures de mon crâne qui me disaient que ce n'était pas grave. Qu'il ne voyait pas ma valeur, que moi aussi j'avais droit aux honneurs, à la chaleur. Pourtant, une autre partie ne savait plus quoi faire, qui écouter. Je n'en avais pas conscience, mais je n'avais aucune personnalité, je ne savais ce dont j'avais envie à partir d'ici. Je serrais la mâchoire, je serrais les dents. Mes poings avaient l'envie de frapper contre les paroies, mais cela ne ferait rien à part me blesser. J'avais envie de faire payer. Je n'attendais plus d'excuse, je ne les croirais pas. J'étais devenu la partie la plus sombre de moi, la face sombre de Jupiter. L'impulsive, la colérique, celle qui exagère, qui part au quart de tour, qui fait des mauvaises manières. Celle qui prend et qui jette bêtement, celle qui n'arrive pas à exprimer une once de sentiment. J'étais devenu un être inconscient capable de me saouler, capable de prendre ce qui passerait sous la main, à avaler pour me sentir exister. Ce n'était plus de la faim, mais de la gourmandise, de la voracité, de l'envie, de la frustration à combler. Tout était trop. Trop. Grand à ma portée.

Hawk n'était qu'un météore, je pensais qu'il s'écraserait en se désintégrant avant d'arriver à ma portée, cependant il m'a touchée. Et la fatigue m'a emportée, ma santé mentale a suivit avec le vent, tout se met à s'envoler.

Mais t'es hors de mon cœur, hors de ma vue. Je me laisse tomber au sol, à genoux. Les mains dans ma chevelure me rassurent un peu, et je respire. Fort, encore. Encore une fois. Comme ce jour là. Cependant, je sais qu'aucun Knight ne viendrait m'aider cette fois.

Jupiter ne tient pas de promesse.
Jupiter n’est pas du genre à s’attacher aux mots, aux phrases, aux sens.
Elle est bourrée de mauvaises manières, de maladresse.
Quand elle parle, il y a des chances pour qu’elle oublie, pour qu’elle change d’avis.
Alors oui, si elle était partie, c’est qu’elle n’avait plus envie.
Plus envie de cette fausse chaleur, de ces faux semblants.
Son égo piqué de tous les côtés, c’était bien moins marrant.
Quand la fatigue la pointe du vas, elle n’a su quoi faire,
A part quitter les lieu, pour s’abattre à terre.

Il n’y avait pas de bruit, pas de voix, pas de fracas. Il n’y avait rien d’autre que ce long chemin de croix, que je m’infligeais. Je crois qu’ici, j’étais bien. Il faisait froid, mais il n’y avait que la seule personne qui me méritait. Moi. La seule personne qui aujourd’hui me connaissait un minimum pour savoir qu’après tout, je faisais tout pour la popularité, tout pour la gloire, sans avoir regardé quel enfant souffrant était à la source de ma personnalité. Cependant, maintenant que j’étais seule, je revoyais mon père, et ma mère, et mon frère, et puis moi. Jessie Reid, la jeune fille qui n’a pas manqué de quoi que ce soit, à part de l’amour d’un père, à part de la considération d’une mère, à part la complicité d’un frère. Peut-être que c’était le fait de chercher de l’attention, qui m’avait poussée avancer vers la quête du pouvoir. Peut-être simplement que c’était là où j’avais plongé mon espoir. Pourtant, sur le moment même, je n’entravais rien. Je restais là, placide pour quelques temps dans la pénombre, sans me soucier de quoi que se soit.

Ma chérie, tu sais bien que papa est parti avec une autre famille… Il nous pait ce qu’il faut, c’est déjà ça.

C’était ma vie d’avant, se faire entretenir par quelqu’un qui ne me parlait plus, qui ne m’aimait pas, qui faisait comme si je n’existais pas.

Un fantôme hantait ma vie, aujourd’hui, je me demandais s’il se souciait bien de savoir si oui ou non j’étais en vie…

Puis il y avait les gens comme Hawk, qui jugeait, qui ne savait rien, qui ne comprenait rien. Qui n’avait rien vu à part la souffrance et les coups. Je n’avais pas à me laisser juger, je le savais. J’aurai peut-être du directement riposter, mais je me suis emportée. Je ne regrettais pas mon coup d’état, j’étais bien là. Pendant quelques instant, avec le vide que j’avais créé.

Le noir, uniquement le noir.

Tout autour était noir, sale, froid.

Je ne voyais que moi et m’enfermais dans ma large veste, comme pour me réchauffer. Je cherchais seulement le confort.

Je n’étais pas son amie, je n’étais rien. Pourtant, j’entendais des bruits de pas dans mon dos, et je savais qu’il serait déjà là. Encore et encore. Il se plongeait dans les excuses, mais je les prenais pas. Je m’en moquais, je ne parlais pas. Le son raisonnait dans la gorge de la caverne, humide et délabrée.

Désolée. Je ne l’étais pas moi même. Je n’avais rien à faire de ce garçon.
Il m’avait peut-être aidé, mais il m’avait négligée, moi.
Je ne savais pas quelles étaient toutes les règles qui régissaient Arcadia, mais je n’en voulais pas.
Je préférais la facilité, les règles établies aux lycée, qui me plaçait en haut des échelons.
Jessie Reid faisait peur.
Jupiter a mal au cœur.

Mal, il s’était fait mal. Je n’avais plus besoin de violence puis se punissait. J’étais en quelques sortes soulagée, qu’il se fracasse contre le sol. Et je ne parlais pas. Pas une seule fois, un mot ne sortait de mes lèvres. Est ce que je tenais à le faire culpabiliser ? Certainement, mais je n’en avais aucune conscience, si jamais c’était le cas. Je ne tenais pas mes promesses, pas avec une personne qui au sérieux ne me prenait pas...

Il ne voulait pas, mais il l’a fait. Moi j’aimais dire les choses, mais aucun mot ne sortait. Je ne bougeais plus, je ne parlais plus. J’étais comme mon père. J’hantais les lieux, sans rien dire, sans nouvelle, sans rien faire… Ses mots partaient de ma mémoire et serait certainement rapidement oublié, parce qu’il nétait rien, à côté de moi. Qui avait réussit ? Aujourd’hui, à Arcadia, pas moi. Cependant, une chose est sûre, je ne prenais toujours ma revanche.

Pas de mot.
Pas de réponse.
Juste son brouhaha.
Plus de Jupiter, plus de moi.

Plus de Jupiter,
Juste un ventre à Terre.
Pas de retour en arrière.
Fumait le feu et le fer.
Brûlaient les bonnes manières.

Paroles, paroles, paroles. Que des mots. Que des phrases. Je ne crois pas en les autres. Ils sont instables, comme lui, comme moi. Ils cherchent à tout détruire, à tout réduire. Non, il n’y a rien. Rien d’autre de pire que les humains. Ils changent, en fonction du cours du vent, de la foudre, du soleil, du temps. Lui, il avait changé sa façon de penser en quelques secondes, la fatigue l’avait libéré, mais j’avais encore des choses que lui ne pouvaient imaginer. J’avais rien que la force, la force d’agir tandis que lui à la moindre de mes actions suivait. Bêtement, simplement. Facile à mener par le bout du nez. Un petit animal, si facilement dressé. Un chien, comme j’aimais l’appeler.

J’avais décidé, de ne pas répondre.

Encore et encore.

Pas de réponse.

La même danse de mots, dans le silence.

Le garçon, me déposait un de ses congénères, un animal en papier. Un chat. Je ne comprenais pas ce que je devais faire de ça. Une partie de mon esprit me disait de le jeter, l’autre de le détruire, et la dernière me soufflait de ne rien faire, de continué cette forme d’agressivité bien plus violente pour lui que je ne l’aurai imagé. Le passif agressif, a réutilisé. Bien que je n’avais pas trop conscience de ce que je faisais. Je me laissais simplement aller…

Pas de réponse.

Il reniflait.

Pas de réponse. Pas de chaleur, pas de feu. Juste le noir. Nous étions mieux, dans le noir. De plus, je ne boudais pas. Je nous testais, lui et moi. J’essayais de nouvelles choses, en m’adaptant aux petites raclures de la société.  

Il me menaçait ensuite de faire tout ce que je ne voulais pas. Me donner son sweat, me prendre dans ses bras. Je ne bougeais pas. Je me disais, qu’il respecterait mes consignes. Pourtant, il continua. Il continua jusqu’à le faire. Jusqu’à déposer son vêtement contre moi, jusqu’à toucher mes cheveux, jusqu’à me coller contre lui. Il savait que je ne le voulais pas, que je n’aimerais pas ça. Alors je n’avais pas d’autre choix, puisqu’il n’y avait que la violence qui entrait dans son crâne.

Il était chaud. Il avait chaud. Je ne savais pas. Je me contentais de ne pas lui exploser ma main dans la figure, tandis que sa respiration s’emballait. Il faisait chaud. Trop chaud pour que je ne reste piégée, trop chaud pour que j’enferme entre des bras. Trop chaud, pour que je le laisse faire bêtement tout ça, alors que lui et moi, ne nous connaissions pas. Qu’il avait osé jouer les minables pour mieux m’affubler.

Ses bras se mettent à bouger. Dans le plus grand des silences, ils viennent prendre le sweat pour le faire tomber. Juste un silence, puis un soupir avant que la jeune fille ne saisisses ses poignets. Deux mains fermement accrochées, elle était venue l’écraser au sol. Le plaquer. Hawk était devenue une vulgaire proie qu’elle venait d’immobiliser. Un animal sans défense, dont le corps ne pouvait subsister. Tout à l’heure, c’est  ce qu’il avait demandé. Alors étrangement, elle ne se gênait plus. Elle avait refusé plusieurs fois, il n’avait pas écouté. Elle se contentait seulement de venir sur lui, au dessus. Ses yeux dans le noir ne pouvaient pas vraiment distinguer toutes les atrocités de son visage. Le bassin de Jupiter, venait écraser le sien. L’obstacle, elle se mettait à le détruire, parce si tout ce qu’il avait dit sur les filles avant été vrai, il n’oserait plus rien faire, serait dans défense, et resterait immobile. Puis ce fut au tour de son souffle de venir écraser son visage, de venir encore une fois écraser ce qu’il restait de lui. Avant de laisser tomber, une goûte. De l’eau salée. Ce n’était pas la caverne qui récupérait l’eau de mer, mais bien l’œil de Jupiter qui la trahissait sans qu’elle ne le veuille. Elle vint se mordre les lèvres, sans arrêter d’imposer ses yeux froids, sans le lâcher, sans arrêter de serrer ses avant bras.  

Elle ne bougeait plus.

Pas de réponse.

Dans son sommeil, avant le réveil. Son corps se mettait à s'agiter, tandis que les rêves aux souvenirs se mélangeaient. Quelques notes sucrées, d'autres acides se notaient sur le visage de la demoiselle, qui bougeait dans son sommeil. La belle au bois dormant tournait, tournait sur son lit froid et inconfortable. Pourtant, rien ne sortait de ses lèvres, elle était juste en train de rêver, sans se souvenir de quoi dans la matinée, comme beaucoup d'entre les vivants, elle oublierait. Jupiter oubliait pour elle avait fait mal, qu'elle avait blessé. Elle s'en moquait si facilement, que pour les garçons comme Hawk s'en était fatiguant.

Mon corps était lourd... J'ouvrais les paupières doucement, pour regarder le plafond. Un ensemble de trou formés dans la roche. Je n'étais toujours pas chez moi malheureusement... Je ne savais pas si l'autre garçon était encore là. Cependant, mon corps avait besoin d'étirements. Alors, prenant mes aises, mes mains aux pouces usés par la grimpe venaient se rejoindre pour venir tirer sur les muscles, sur les avants-bras, les bras, et les épaules. De l'autre côté de mon corps, les jambes allaient vers le bas pour finalement se laisser lourdement. Je n'avais pas la grace d'un chat. Je laissais retomber ma tête sur le pseudo oreiller, inconfortable, m'empêchant de profiter.

Je tournais la tête, pour voir que l'autre était resté... Et qu'il avait laissé, son truc orange. Je le pris et me levais doucement. Quelques pas vers lui, je ne disais rien, après cette étrange soirée, après les mots que nous avions prononcés. Pour l'instant, il n'y avait pas le besoin de parler. Une main vide devant le visage, je vins bailler, mon corps sortant de son exile, devant la créature fébrile. Je marchais. Mes yeux entrouverts, je le regardais. Je secouais mes cheveux, leur offrait un air décoiffé. J'avais l'impression d'avoir bu, ou clairement de ne pas avoir assez dormi. Ma nuque me faisait mal et je venais grimacer.

Ce n'était pas moi qui râlait et bien mon corps qui ne remerciait pour les émotions et les muscles vérouillés. Je n'allai pas trop pouvoir explorer aujourd'hui. J'envisagisais donc de me reposer, pourtant tout n'allait pas se passer comme je l'avais prévu. Je n'avais encore rien vu...

Devant Hawk, mon bras se tendit, et ma main, mon bras déposa le sweat sur lui, sur son épaule. Tandis que le tas de muscle s'affala contre la parois de la caverne, mes yeux jetèrent un coup d’œil dehors. Le soleil se réveillait, et l'eau était partie s'endormir, pour une durée déjà déterminée... Un étrange sourire venait sur mon visage, je me sentais un peu soulagée. Nous allons pouvoir quitter cette caverne pour nos respectives contrées.

- L'eau est finalement partie... Tu te sens de partir ? Je crois que j'ai besoin encore de quelques minutes pour être quant à moi, de ne pas tomber. Tu as dormi ?

Non, je crois que je n'avais pas envie de me retrouver avec le corps d'un inconnu sur les bras, pas maintenant, pas déjà. Encore une fois, je passais la main devant mes lèvres ouvertement pour bailler. Pourtant je n'allai pas lui montrer un zeste d'inquiétude à son sujet. Je restais neutre, voguais dans la neutralité.

- Vivement que l'on rentre...

Les morts doucement, comme la lumière revenaient. Pourtant, je ne regardais la bête à mes côtés. Bien que de nous deux, je devais être le monstre assoiffée, le prince en monstre transformé. Je me mordais les lèvres, ferait tout pour une douche, pour manger, pour m'allonger un peu. De plus, je devais changer mes habits, je devais changer mon esthète, après l'eau, l'odeur probable de la mer : la peste.

Pas dormi, pas de sommeil pour le naïf, pas de sommeil pour l’attendrit. Non, il n’avait pas reprit d’énergie. Il était fort probable, que l’un de nous deux, ou même nous deux nous fassions mal dans la descente aux enfers. Un enfer aux formes étranges… Les dessins avaient changé de forme avec l’altitude, comme si la part était différente du tout… J’aurai bien aimé prendre une photo, cependant, il n’y avait pas mon téléphone pour m’aiguiller, et j’allai mettre du temps pour trouver un moyen de le recharger. Dommage, mais je n’avais pas envie d’enquête, je voulais rentrer, retirer le sable et le sel de mon corps tiraillé par la fatigue. Au fond, il me faisait de la peine, je crois. Ou il m’inspirait de la pitié, je ne savais pas. C’était une sensation étrange, alors que je le regardais, comme un pré mortem, comme un roi déchu, n’ayant connu sa reine.

- Je vois…

Encaisser, sourire. C’est tout ce qu’il faisait. C’est comme ça que je résumais la vie des petits nerd’ qui ne suivaient les normes de la société. Peu importe, cependant, ce qu’il ferait, sur l’échelle, il resterait certainement souvent moquer, souvent négligé. Si seulement, il faisait un peu attention à lui, si seulement, il s’écoutait, il n’aurait pas à supporter sa propre négligence.

- Tu n’es pas obligé. Je vais prendre la tête des expéditions de toute façon. Laisse moi guider. Dans tous les cas, je ne t’aurai pas laissé passer le cap chez nous. C’est comme ça…

Je me devais de reprendre la route, mon chemin, ma voie, qu’il vienne ou pas. Je n’aimais pas trop dépendre des autres, pas pour ce genre de choses, pas pour cela. Il fallait que je domine, que je gère, que je prenne les choses en main, au moins une fois… Le garçon, alla de son côté effacer, ces traces, tout ce qu’il avait pu faire tandis que je m’étirais encore, préparant à la descente mon corps. Nous n’avions rien que la force de nos muscles, de nos bras et nos jambes fatigués. Nous n’avions que nos esprits qui rimaient avec vague à l’âme, qui n’avait plus la lueur d’une flemme.


Il allait descendre, alors du haut de la caverne, je l’observais. Finalement, je me disais que je n’étais pas la seule personne à vouloir prendre les initiatives dans la vie. Il avait un point commun avec moi, il était aussi déterminé. Pourtant, nous n’avions les mêmes centres d’intérêts. Lui s’occuper des autres, tandis que je voulais seulement me dépasser, aller plus loin… Je pensais qu’il allait y arriver, bien qu’hésitant, il semblait bien parti. Néanmoins, le garçon glissa le long de la falaise, avant que je grimace légèrement voyant la coulée de sang, la marque rouge qui marquait ce potentiel douloureux moment. Je n’étais pas réveillée, pas totalement, et n’avais pas envie que la douleur me bouffe également.

- Bon… Décale toi, j’arrive aussi.

Criais-je du haut du sommet. Je mettais la dite veste autour de ma taille. Je me baissais, prenant la falaise à contrepied. Les premières minutes, mon corps gérait… Il était bien accroché. Une première feinte quand je ne trouvais plus de point d’appui pour descendre me gênait. Je baissais un peu les yeux pour poser quelque part l’un de mes pieds, mais mon poids me fit céder, mes muscles encore un peu noués de la veille, me tiraient et se mirent à me lâcher si bien que contre la falaise, mon bras et ma jambe vinrent se heurter, vinrent se frotter contre la roche sur une distance équivalente à ma taille. Un râle s’échappa de mes lèvres avant que je me rattrape, avant que je ne me laisse totalement tomber. Je fermais les yeux quelques secondes, tandis que mon cœur dans ma poitrine s’emballait.

Tout allait bien. La douleur m’avait toujours aidé à avancer. Je fermais les yeux, pendant quelques secondes et soupirait. Sans parler, je finis doucement de me laisser descendre, de me laisser tomber pour sauter sur mes deux pieds.

Une fois sur le sol, je regardais le sang dégouliner de mon pantalon maintenant déchiré. Mon genou avait pris la majorité des dégâts. Je le faisais tourner pour regarder, mais ce n’était rien, pas grand-chose pour moi. La douleur physique, avec le sport, je m’y étais habituée. Je n’allai pas râler. Mon bras quand à lui, comme l’avant bras, comme la main, pissait aussi de ce liquide étrangement reluisant. Cela n’avait rien de fascinant.

Une fois que j’avais pris la peine de lire sur mon corps les blessures. Je jetais un dernier regard à cette caverne. Puis me racla la gorge, sans perdre haleine.

- Perdons pas de temps. Si tu veux vraiment me suivre, suis moi. Même si, tu devrais rentrer dans ton état. Et s’il te plaît. Arrête de t’excuser.

Je haussais les épaules. Secouant mes cheveux séchés par le sel, et commençant à quitter les lieux, sachant que l’autre ne pouvait assurer les milles merveilles. Nous étions dans un sale état, mais je savais que pour rentrer, j’étais la seule qui pouvait réellement assurer.

Terres désolées de sens que je ne comprenais, avec ou sans lui, j'allai les quitter. Je les avais marqué, de mon sang, moi aussi, d'une certaine manière j'avais dessiné. J'avais fait mon acte significatif de la journée... Un sacrifice pour plus tard, un mauvais espoir, pour plus tard, un handicap quand il sera l'heure des orages.

Le garçon, à mes côtés... Il souriait bizarrement. Hawk était devenu étrange soudainement. Il souriait plus que d'habitude et je me mettais à froncer les sourcils en accélérant légèrement le rythme, en titubant. Pour son étrangeté, je n'avais pas le temps, pour le mystère qu'il était, je pensais vraiment que j'avais envie d'ignorer la source, et tout ce que cela comptait. Alors qu'il me disait de me désinfecter, je levais soudainement les yeux au ciel.

- J'ai rien sous la main, et on verra ça quand je serais rentrée. Si j'ai le temps, en tout cas, les formes n'ont pas changé. Et tu dis ça, mais t'es dans un pire état que moi...

Un regard saupoudré de jugement, mais ce n'était pas bien. Je constatais seulement la vérité. Le mec s'était arraché les ongles, il avait les cheveux gras, dans un sale état. De plus, on aurait dit qu'il commençait à tomber malade. A ce propos, devais-je parler de ma gorge qui me démangeait ? Je sais que dans les yeux qui suivraient, je me mettrais à tousser, mais ça partirait... Je ne devais pas m'inquiéter.

- Beaucoup de choses étranges se passent... Si tu savais toutes les rumeurs qu'on me rapporte à longueur de journée... Et peut-être qu'aujourd'hui encore, quand je vais rentrer, un truc atroce se sera passé... Je vais devoir aller sur le terrain pour interroger les autres, et risquer quelque chose. Mais bon... C'est la vie que j'ai choisi au sein des Knights. Je veux nous sortir de là, peu importe le prix, pour éviter qu'on termine encore avec des morts sur le dos, ou simplement qu'on puisse retrouver la vie de tous les jours, les choses qui ont pu compter pour nous. Je ne suis d'ici. J'aimerais retourner chez moi. Si ça existe encore, chez moi. Et ça, on ne le saura qu'en cherchant ce qu'il se passe vraiment et ce qui cloche ici.

Le sérieux était venu dans le ton de ma voix. J'imposais soudainement un sérieux, que je ne montrais pas. Jupiter battait en moi, j'étais déterminée, j'étais prête à tout, à tout écraser pour trouver la faille qui nous ramènerait. Mes mains sur elles même se fermaient, et malgré la douleur, ma tête ne se baissait, la grimace ne venait. Mes yeux bruns se posaient dans ceux du garçon, curieuse de savoir ce qu'il s'était vraiment passé. Pourquoi cette personne nous avait quitté ? Qu'est ce qui l'avait tué ? J'espère qu'un jour je rencontrerai la source de notre prison pour nous en délivrer, nous les malheureux, les enfermés, ceux qui avaient les poignets enchaînés à leurs passés.

- Je n'ai pas le choix. Quand j'ai des responsabilités, c'est comme ça. C'est avec, ou sans moi. Tu as pu le remarquer. Je fais acte de présence, ou je ne suis qu'une âme dans l'errance.

Un sourire amusé vint sur mes lèvres, alors que mon minois se jouait un peu de la veille, me moquant bien de tout cela. C'était un petit jeu que je m'amusais à faire, appuyer encore une dernière fois sur nos merveilleux exploits, pourtant je n'en parlerai pas, pas une seconde de plus. D'ailleurs mes mains venaient maintenant se laisser tomber. Je laissais la pression que j'exerçais s'arrêter pour de nouveau recommencer à saigner.

Humide, ma peau dans le sang baignait. Cela ne m'empêcher de rester perspicace, d'avancer, pour quitter la plage, pour quitter cette maudite marée. Je ne savais pas pourquoi je lui disais tout ça, peut-être parce que ce sujet là me réveillait, parce qu'il m'animait toujours, parce que je voyais le soleil briller devant moi, et éblouie, je n'avais pas envie de le laisser me dominer.

- Enfin... Je sais même pas pourquoi je te dis tout ça. Qu'est ce que ça peut bien faire à un garçon comme toi... Les ambitions d'une fille comme moi.

Puisque mon monde n'était plus que ruines, j'essayais de reconstruire un château pour la reine que j'avais été. Cependant, difficile de recréer quoi que cela soit, avec un monde qui venait de s'effondrer.

Je ne m’en faisais pas vraiment pour lui.

Et ce n’est pas parce que j’étais une fille, que je n’avais pas le droit à la liberté. J’étais assez forte, pour pouvoir seule rentrer. J’étais assez grande, et peu m’importer le danger. La preuve en était les différentes plaies sur mon corps. Je ne réfléchissais pas toujours, je me laissais faire, j’improvisais. J’étais bien une Knight, me laissant emporter par ma bataille. Il fallait toujours que je suive le courant, que je m’en aille.

- C’est pas un peu sexiste… De croire que parce que je suis une femme, je ne peux marcher seule ?

Je continuais d’avancer, laissant le long de mes bras, le sang coulé. Le chevalier n’avait pas toujours une armure adéquate pour se protéger de toutes les attaques. En effet, si les plus gros coups ne pouvaient la traverser, l’armure se mettait à couler avec les larmes et l’eau salé. L’armure de muscles, de mots difficiles à digérer, ne pouvaient pas supporter l’on trouve les impasses. Lorsque les failles étaient montrées au grand jour, que l’on savait où appuyer, la violence pouvait subvenir de tous les côtés. Je me devais  de partir, de m’oublier, de ne pas laisser la personnalité vide, seule, me parler. Me poser des questions. Je ne devais pas céder au manque de confession. Alors j’oubliais seulement… Tout. Je m’occupais l’esprit avec parcimonie.

Plaisir ? Pourquoi plaisir ? Je n’entravais rien… Seulement mon interne et potentiel chagrin.

Jupiter ne dit rien. Comme si elle n’avait pas entendu. C’est déjà ce qu’elle faisait. S’aider elle, et les autres à travers ses actions. Offrir toute sa volonté, son cœur, sa détermination.  Elle n’avait pas d’autres choix, pas d’autres horizons…

Une fois sortie de cette plage il parlait de bien commun, mais je considérais que c’est ce que je faisais au quotidien. Je ne voyais pas en quoi je ne le faisais pas déjà. Je voulais tous nous sortir de là. Je voulais que les oiseaux sur la plage puisse aussi nous quitter, que les normes soient retrouvées.

Une fois des pas, posés, encore et encore.
Il était temps pour les deux jeunes gens de se séparer.
Jupiter ne pensait pas qu’ils se retrouveraient.
Elle le laissa à la frontière du territoire des chevaliers avant de rentrer chez elle.
Elle ne savait ce qu’il se passerait encore durant cette longue journée chargée.
Que devant Lust, cette fois-ci elle serait plus fragile qu’en aparté.