((24.09)) I know I'm gonna die of this. ((Poemo))

((I could drown myself in someone like you))

Tu es précieux.
Tu es précieux.
Tu es précieux.

Les silhouettes vont et viennent, les plaies succombent sous tes caresses chirurgicales, les bandes chatouilles le bout de tes phalanges, l’odeur du liquide inflammable qui pique tes narines à force d’inonder la pièce. Toujours les mêmes mouvements, les mêmes blessures à faire disparaître, elles s’accumulent, fatiguent les muscles mais fatiguent surtout ta patience en plastique. Ton sourire commence à te faire mal aux joues, la veine sur ta tempe gonfle encore un peu, le timbre de ta voix vacille à peine. Nemo, c’est un gentil garçon. Nemo, c’est un chic type. Nemo, c’est un mec adorable. ((Mais Berlioz fulmine dans son anémone.)). « Je me répète mais faut vraiment pas que tu forces sur ta cheville. Encore un écart et elle est foutue. Force pas trop. ». T’as envie de les secouer, les bâtisseurs empotés que Ant te ramène à la pelle, avec les mêmes soucis à régler, les mêmes recommandations. Comme si tu passais tout temps à hurler dans une flaque d’eau.

Ton soupire fait trembler les murs, tu respires l’air frais du mois de septembre en fouillant machinalement dans tes poches avant de te rappeler que les pauses nicotine étaient devenues un luxe que tu ne pouvais plus te permettre dans ce monde. Tes paumes glacées s’écrasent sur ton visage, maintiennent ton masque doré bien à sa place. ((Heureusement que t’es là.)). Tu l’entends encore entre tes oreilles et ça te fait rire tout seul. Silas. Poe. Peu importe son nom. Depuis votre dernière rencontre à l’hôpital, ses paroles tournaient en boucle dans ton esprit, comme une chanson rassurante qui rendaient tes nuits plus supportables. Et petit à petit, l’homme prenait la place de l’adolescent. Poe prenait la place de Silas. ((Tu ne sais pas quoi en penser.)). Et des gouttes commencent à s’écraser sur ton nez ...

(...)

Si la veille fut plombée par l’arrivée soudaine de la pluie, c’est avec un soleil dégagée que tu t’élance de bon matin hors du territoire des Greens. La sacoche bien serrée autour du buste, les mèches qui retombent inlassablement sur tes yeux, les bottes usées qui couinent, tu prends timidement le chemin vers la librairie de Bambie. L’habitude s’était installée, ton pauvre esprit de prince fragile avait toujours du mal à vagabonder seul hors des espaces que tu considérais comme des refuges. Et pourtant, cette fois, la ballade fut plus que surprenante. Des fleurs, partout, dans tous les coins, sous toutes les pierres, les couleurs te faisaient tourner la tête, tu ne savais même plus où poser les yeux. Curieusement, tu t’approches, les pupilles dilatées par la beauté de la plante avant qu’un son t’arrache à ta contemplation. ((Tu crois rêver.)). L’ironie est belle, elle t’assène de coups de coudes dans les côtes, t’arrache même un petit rire alors que ta voix vibre entre les pétales. « Poe ? ». Tu te redresses, quelques pas vous séparent, deux semaines depuis votre dernière entrevue. « Eh bien ? Tu me suis, maintenant ? ». Ce que tu es cruel, Nemo.