La photo est supprimée, il ne resta certainement bientôt aucune trace du passé. Des temps où Jupiter grandissait avec ceux qu’elle a apprécié, ceux qu’elle a aimé. Plus le temps passe, plus tous les précieux souvenirs semblent s’éloigner pour ne laisser qu’un large brouillard sans intérêt. Le présent n’offre pas de réelle opportunité et rien n’avance comme elle l’aimerait. Depuis de mois cela fait qu’elle se sent figée, qu’elle se sent inapte à correctement travailler ? Elle ne sait plus, elle ne sait pas… Ses songes sont plongés dans une profonde colère qu’elle s’inflige mais qui l’empêche d’avancer. Sa confiance, comme la popularité fut dévorée pour cette ville qu’elle désire fuir : à jamais.

L’homme a côté finit par sortir de ses pensées, et Jessie l’écoute pour en apprendre un plus son animal de compagnie. Elle l’observe avec toute sa sympathie. Elle aurait aimé posséder un animal aussi, mais comment aurait-il finit ? Peut-être que Jupiter aurait sentir qu’elle a de vrais amis, de vrais alliés, mais il n’y a plus qu’une boule amère quand elle a songe de nouveau à Rust, le chien qu’elle avait. C’est l’envie qui l’accable tandis que petit à petit la colère disparaît. Est ce au fond qu’une forme de jalousie qu’elle tente de cacher ?

- Elle est belle…

Les yeux bruns de Jessie se plissent dans la direction de l’animal.

J'veux un compagnon de route
Quelqu’un qu’en as rien à foutre
Qui peut tout gâcher d'un coup
Qui peut tout lâcher d'un coup

L’animal finit par se réveiller et la brune suit chacun de ses mouvements. La bête s’approche alors pour renifler la peau de Jupiter. Elle se laisse faire. Elle est patiente avec l'animal, puis écoute la proposition de son ami mâle. Une première main s’approche de la chienne pour caresser sa fourrure doucement, sans la brusquer. Cela fait longtemps qu’elle n’a pas donné d’affection à une bête. Pourtant, les enfants lui font bien la fête. Jessie ne comprend pas les sous-entendu dans la phrase de Léon, elle se laisse aller à partager un peu de tendresse, toujours à travers de doux gestes. Ses doigts enfoncés dans les poils finissent par remonter pour laisser l’animal un peu libre de faire ce qu’il lui plaît.

- J’avais un chien aussi. Vous avez de la chance de l’avoir aujourd’hui à vos côtés.

Qu’est ce qu’elle ne donnerait pas pour avoir un peu plus de passé ?

Jupiter se satisfait de ce court instant.
Ça fait combien de temps qu’elle n’a pas fait cela ?
Elle n’en sait rien, elle ne le sait pas.
L’animal semble chercher à manger du côté de Jupiter, mais elle n’a rien cette dernière. Au bout de quelques temps, l’animal lassé retourne aux côtés de son maître sous le regard bienveillant de la jeune chevalier. L’animal va se delecter du biscuit sortit tandis que Jessie se dit qu’elle aimerait bien mangé elle aussi. Combien de kilogrammes a t-elle perdue depuis son arrivée ? Est ce que ses performances ont été influencée par son alimentation ? Elle est certaine que oui, mais elle n’a pas les ressources nécessaires pour re hausser sa musculation.

- Heureusement qu’elle a été retrouvée à ce moment là. Le plus important est qu’elle soit entre de bonnes mains pour que quelqu’un réponde à ses besoins.

Les chiens sont comme les humains.
Dépendants de la grace des autres, de ce qu’ils donnent de leur coeur,
De ce qu’ils donnent de leurs mains.

- Nous sommes dans le même cas.

Jupiter se demande comment est Rust aujourd’hui. Est il encore en vie ? Est ce qu’il a vraiment vieillis ? Est ce le cas pour sa mère ? Pour son frère ? Pour son père ? Elle ne peut que se poser un tas de questions qui resteront sans réponse. Elle n’a pas envie d’explorer les hypothèses, elle n’a pas envie que dans les abysses de la tristesse elle ne songe. La mort est une hypothèse très probable qu’elle aimerait éviter. Il ne vaut mieux pas toujours chercher à rationaliser les fait : elle doit léviter.

- Ça fait longtemps que je cherche une solution à ça. Je suis enquêtrice du surnaturel et j’ai l’impression que ça fait une dizaine d’année que je suis là, et qu’on avance pas mon équipe et moi. Si ça arrive un jour, j’me promets… De ne plus attendre qu’il revienne. Je me promets qu’il y a forcément une solution et que je vais la trouver.

Depuis qu’elle est arrivée, il est vrai qu’elle pense bien moins à son père. Qu’il soit ici ou pas, elle s’est rendue compte qu’elle n’a pas grand-chose à lui prouver, parce que même ici il n’aurait cherché à l’aimer l’aider. Il aurait vécu sa vie heureuse certainement au sein des greens, parce que ce sont des tricheurs, et qu’ils lui donnent des hauts de le cœur.

- De quoi ? De chien ? Oh Rust était un Golden Retreiver Roux. Je devrai avoir une photo sur mon téléphone quand il sera chargé…

Elle est fière de son animal, et quand elle y repense, elle sourit et soupire en repensant au passé. A toutes ces belles années où elle se dit que personne n'a jamais assez profité.

Jupiter n’a pas compris qu’elle était le sujet de la question.
Elle n’y voit pas même l’objet, ni la raison.
Seuls des échos de ces histoires de marques lui sont revenus, mais elle n’est sûre de rien.
La sienne est tellement petite qu’elle n’y voit rien d’autre qu’un problème de peau, qu’un grain.

Et c’est le moment de dévoiler qui se cache sous l’armure du chevalier. Sous cette image de jeune fille un peu pommée, sur la jolie gamine au côté effronté.

- J’espère que c’est encore possible… Je ne me suis pas présentée. Jupiter, enquêtrice du surnaturel des chevaliers. Je suis engagée pour trouver un moyen de se tirer d’ici… Si jamais vous vu savez des choses, je serai ravie d’en savoir plus.

Comment ça pas le chien ? Jupiter n’y comprend rien. Elle ne voit pas de quoi il parle tout bas. Sa marque, pour elle, a toujours été une maladie, ou quelque chose comme ça. Alors que la marque dévore sa peau à chaque utilisation, à chaque manque de gestion d’émotion. Elle va bientôt savoir la vérité… Elle va bientôt savoir qu’elle aussi est maudite, impliquée dans des histoires qu’elle ne connaît. Et comme personne ne lui émet le fait que Bones fut marqué, elle… Elle ne peut pas deviner ? Les chevaliers ne lui racontent pas leurs mésaventures, ce qui l’empêche de correctement travailler. Ce sentiment d’isolation ne fait que croître au sein même du groupe qu’elle a rejoint. Si on ne l’aide pas, elle ne pourra jamais en voir la fin. Comment pourra t-elle ouvrir la porte de demain ?


Ses yeux se dirigent sur la marque… Et là, les questions fusent dans sa tête, entre ses lèvres. Ses sourcils se froncent dans la direction de Léon : encore quelque chose que personne ne lui dit. Qu’attend t-on pour l’aider ? Quand est ce que les secrets se perceront ? Quand est ce que les non dit ce s'ouvriront ? A quoi bon travailler, quand on ne l’aide pas à résoudre ses questions ?

Il y a un silence… Presque pesant, tandis que ses doigts viennent la caresser doucement. Sa main se referme alors sur elle même et Jessie se met à pester intérieurement. Comment si les autres n’étaient pas au courant… Son poing se referme brutalement au dessus de la marque.

- Mais certaines personnes ne sont pas marquées et en ont… Est ce que tu es sûr de ce que tu avances à ce sujet ? Tu en as une aussi c’est ça ? Tu… Tu peux me la montrer ?

Elle ne peut pas s’en empêcher. Il faut qu’elle sache. Elle aussi… Elle a cette mystérieuse tâche.

- J’ai déjà rencontré plusieurs personnes avec des « dons ». Ils ne sont pas tous marqués… Et si j’ai un don, comme tu le dis. Je ne sais pas ce que c’est… Et le tiens, c’est quoi ?

Le vouvoiement s'en est allé... Tout simplement parce que ça l'a fait peut-être un peu paniquer...


Est ce que le policier green serait marqué ?
Est ce que Calico l’est ?
Pissenlit n’a rien de tel sur la peau, à moins qu’elle soit bien cachée.
Et qui d’autre qu’elle connaît peut se venter d’avoir ça marqué sur la peau ? Est ce seulement un pouvoir ? Ou quelque de plus gros ?

Jupiter soupire.

Combien sont-ils ? C’est une future à la sorcière, comme elle s’en doutait ? Est-ce que les gens vont commencer à la rechercher ? Sont-ils en danger ? Est ce que c’est une sorte de maladie ? Est ce vraiment lié aux pouvoirs ? Est ce qu’il y a à travers elle un peu d’espoir ? Cela ressemble à une étrange malédiction… Et dans sa tête fusent trop de questions. Elles entrent sans frapper… Elles sont furieuses et ne partiront pas tant que les réponses n’auront pas été délivrées.

- J’ai croisé plusieurs personnes avec des pouvoirs. Deux greens dont une personne qui n’avait pas connaissance de l’existence des marques…  Donc j’imagine qu’elle n’est pas touchée.

Calico...


- Parmi mon groupe, il y a aussi une personne qui l’utilise beaucoup sans s’en cacher et sa peau n’a rien de particulier. Est-ce-que c’est vraiment lié ? Je pensais que c’était une nouvelle maladie…

Ses mains passent dans ses cheveux longs et noirs et glissent en arrière. Le visage de Jupiter prend un air stricte, un peu sévère. Elle observe la peau, l’épaule jusqu’à voir quelque chose qui ressemble à ce qu’elle possède, ce n’est pas plus beau. Elle avance son poignet devant elle pour comparer et c’est à l’identique le même problème : est ce qu’il y a un remède ? Où peuvent-ils trouver de l’aide ? Les solutions semblent lointaines, bohèmes.

Quand elle écoute les propos de cet homme qu’elle ne connaît qu’à peine… La réalité lui semble veine, et elle en veut un peu trop. Cependant, elle ne peut pas croire ce qu’elle ne veut voir. C’est pour ça que l’idée de son propre pouvoir lui semble aussi dés illusoire.


- Est ce que c’est possible de tester avec une photo prise sur mon téléphone ?… Quand il sera un peu plus chargé.

Ses doigts viennent soulever l’appareil qui contient ses souvenirs et potentiellement des pistes à explorer.


Au fond, la planète dans son système solaire se sent trompée…
Combien de gens gardent ça sur leur peau, en secret ?
Elle devrait la cacher, elle devrait la planquer,
Elle ne devrait plus montrer au grain jour,
Qu’Arcadia Bay lui joue de sales tours.
Elle ne veut pas être accusée de quelque chose qu’elle ne peut contrôler,
Elle ne veut pas avoir à fuir parce qu’elle est simplement marquée.
Si Léon dit vrai…
Qu’est ce que la marque a de particulier ?
Elle n’a que peu grossie depuis son arrivée.

- Est ce que vous aussi, elle grossit ? Elle a très peu grossit depuis que je l’ai eu…

Jupiter a tant de questions à poser, tant d’inquiétudes nouvelles à porter. La pression monte et elle se met un peu à transpirer. Les angoisses arrivent et ne comptent plus l’abandonner. Ce n’est pas quelque chose de flatteur, dont elle peut se venter, mais un secret qui peut la pousser à mettre son égo de côté. Il faut dire qu’elle est bien contrariée à cette idée. Ses sourcils se froncent encore.

Il est temps Jupiter de voir au-delà des morts.

Qu’est ce que ça veut dire ?
Doit-elle l’arracher ? La faire partir ?
Elle doit se mettre à chercher qui sont les autres.
Pour les avertir du pires.
Pour qu’ils s’entraident, pour s’en sortir.

- C’est ça… Je suppose que si nous sommes deux. D’autres personnes, d’autres groupes doivent être concernés. Je me demande qui… Si jamais tu trouves quelqu’un, tu peux me contacter. Ou même, si tu vois des choses étranges et que tu souhaites en parler. Je serai ravie d’avoir des témoignages.

Jessie ne force en rien les gens, mais elle aimerait que les chevaliers aient l’audace, le courage d’enfin venir lui en parler. Personne ne se tue dans les couloirs pour aller raconter ses histoires. Personne ne se foule à sa porte, personne n’a prit la main qu’elle s’évertue de tendre. Jessie continue pourtant d’attendre.

- C’est noté.

Léon, Léon de la poste.
Elle saura à qui écrire potentiellement si elle en apprend plus sur cette histoires.
Elle saura à qui écrire potentiellement, si la marque dévore un peu plus sa peau de noir.


- La mienne avance bien plus lentement j’imagine… Elle a à peine bouger depuis que je l’ai… Si j’écoute ton hypothèse, ça voudrait dire que si j’ai un pouvoir, il ne s’est pas beaucoup déclenché depuis que je l’ai.

Elle essaie de se souvenir du jour où elle l’a eu, mais elle ne souvient pas de quelque chose en particulier. Elle était blessée, a eu cette discussion avec ce compatissant infirmier. Elle ne souvient plus vraiment ce dont-ils ont parlé si ce n’est que les raisons pour lesquelles il travaillait son hypocrites, mensongères. Après cette discussion, il lui a été impossible de quitter le sable pendant un bon moment tellement que la fatigue la dévorait… Mais elle n’avait jamais fait le lien. Est ce la blessure à son genou qui l’a déclenchée ? Est ce le souvenir de la mer ? Où est ce la discussion ? Ça pourrait être tout et n’importe quoi. Jessie se sent aveugle : elle ne voit pas. Ça fait longtemps et ça fait des mois, qu’elle ne supporte plus ce monde éprouvant.

Elle s’en veut de ne pas avoir approfondie, de ne pas avoir plus cherché.
Elle s’en veut d’avoir été si mal, de s’être effondrée.

- Je crois… Que j’ai été fatiguée le jour où elle est apparue. Mais je ne suis plus trop sûre. C’était il y a des mois…

Le regard de Jessie est un peu perdu : elle se sent un peu déçue, attristée car elle n’a pas les réponses à ses questions. Elle n’a pas la connaissance suffisante, et se sent toucher le fond.

Les autres fois, Jupiter n’a pas fait attention.
Le déni toujours à l’unisson.
Les déplaisirs à foison.
Et le mal-être comme moteur en nouvelle gestion.

Quelque chose en particulier. Dans ses paroles, Jupiter trace les faits écoulés.

- Il me semble que c’était en mars. Je suis allée à la plage pour retourner dans une grotte que l’on avait découverte avec un green… Il y a encore des mois avant. Bien sûr, bien que je sois musclée… Je me suis blessée et j’ai voulu rentrer chez moi. Je dois encore avoir la cicatrice au niveau du genou.

Il y avait la douleur, la difficulté de marcher, le stress.
Oh Jupiter était bien énervée.

- Un type, sûrement un green, infirmier il me semble est venu insister pour que je me soigne. C’était un peu virulent mais ça c’est calmé avec le temps. On a terminé sur un accord.

Toute la discussion a été un peu oubliée,
Un souvenir presque effacé, gommé,
Par les vagues, aucun intérêt.

- Il… Il mangeait une pomme qu’il a rangé ensuite proprement. Comme si elle ne lui plaisait plus, alors que finalement, il se ventait comme un paon avant. Né-… Némo ? Je ne suis pas sûre, je ne veux pas dire de bêtise.

Jessie a crié, elle n’a pas supporté qu’il insiste trop sur sa santé, sur lui même alors qu’elle souffrait. Elle ne demandait pas grand-chose, juste être écoutée.
Comme par magie, comme si les paroles avaient influencé, ses goûts, sont jugement.
La jeune fille ne voit rien de bien clair pourtant.

- Puis quelques temps après ça j’ai senti une lourde fatigue et je suis restée des heures sur la plage avant de rentrer. J’avais vraiment besoin de me reposer… C’était bizarre… Mais entre toutes les chose les choses étrange de cette maudite ville…

Elle se met à rigoler sans jamais terminé sa phrase. C’est absurde. Tout est trop absurde. Comme si cette journée avait scellé en elle un pouvoir qu’elle ne saurait pas reconnaître ni contrôler. Elle ne se souvient pas de tout Jupiter. Cette journée n’avait été qu’un calvaire.

Puis la jeune fille allume son téléphone encore branché… Il est de plus en plus lent, de plus en plus usé. Des fois, l’écran change un peu de couleur selon les pixels utilisés. La batterie est de moins en moins fiable et ça devient une plaie. Il n’y a pas de quoi la changer, il n’y a pas de quoi transférer les données vers un autre téléphone ou un autre objet et c’est bien dommage, en effet.

- Attends, je vais chercher ça.

Sur son téléphone, elle va dans le répertoire approprié : la caméra.
On ne compte plus les selfies, les photos du paysage de Seattle suivis de ceux d’Arcadia. Elle cherche alors quelque chose dont elle est sûre de se souvenir. Elle sélectionne donc une photographie sur son  téléphone et la tend à Léon.

Sur la photographie, un souvenir caché.
Ou peut-être un peu de normalité, d’humanité.
C’était une photo à un concert…
On ne voit pas la chanteuse.
Elle sait bien sûr qui se cache derrière, Jupiter.
Normalement, il devrait pouvoir deviner que c’est une brune, aux longs cheveux attachés,
Puisque l’artiste n’est pas une autre personne qu’Ariana Grande.
Même s’il ne la connaît pas, il pourrait potentiellement en faire une description physique.

Cela semble mener à rien de raconter cette histoire.
Tout est flou, ancré comme cette marque dans le noir.
Si Jupiter est une planète, il Arcadia est un trou noir,
Qui dévorera tout sur son passage, qui ne fait pas bon ménage.

Elle craint les représailles, elle craint que tout s’en aille. Alors, elle doit trouver la solution avant que tout dégénère, avant que tout la prenne par surprise par derrière. Il est difficile de savoir à quoi s’attendre, mais il faut être prêt à tout moment à se défendre. Ils ont encore tous les deux tant à apprendre. La brune lui rend son sourire, elle a confiance, en elle. Un peu plus que ces derniers mois, ça lui fait du bien d’avancer, elle se sent un peu moins seule dans ce grand trou à rat. Elle voit qu’elle n’est pas seule à chercher la nouvelle route : une nouvelle voie.

Quand à la photo, ses pupilles le fixe, elle a l’air dubitative pensant quelques secondes.

Jessie écoute sa version, et lève ses sourcils d’un air presque moqueur.

- Bah alors ? On reconnaît même pas Ariana Grande ? C’est pas de ta génération… J’en ai peut-être trop demandé, mais ouais c’était son concert.

Puis la brune peut constater cette fatigue qui lui vient parfois, qu’elle n’arrive pas à décrire, qu’elle a du mal à comprendre à chaque fois. Sa main se serre contre ses propres doigts.

Elle lui demande alors sans vraiment y songer : c’est de la curiosité, un objet d’étude qu’elle doit examiner.

- Comment tu te sens ? Fatigué ?

Jupiter se dit qu’elle aussi… Doit avoir quelque chose comme ça, mais elle ne comprend pas, toujours pas, pourquoi certains n’ont pas de marque, de fatigue comme ça. Qu’est ce qu’ils ont de particulier si ce n’est cette envie de liberté ? Si ce n’est cette envie de tout quitter ? Cela ne fait pas d’eux des êtres particuliers, bien que Jessie ait eu tendance à largement se surestimer.

- J’ai aussi cette sensation de fatigue soudaine des fois… Mais j’ai toujours résumé ça à des déficits alimentaires… C’est quand même cool comme pouvoir. Comme enquêteur, tu pourrais faire fureur. Heureusement que les greens n’ont pas découvert ton secret, sinon ils auraient sûrement tout fait pour te garder à leurs côtés…

Elle est contente, au fond, que pour une fois la confiance lui soit accorder. Jessie n’est qu’une adolescente, mais quelqu’un lui donne son secret et c’est un peu plus de responsabilité : elle pourra un peu plus s’épanouir même si tous ces tourments vont la hanter, même si elle n’a pas de réponse. Elle fait un pas en avant qui la fait bien plus reculer. Combien de secrets cache cette ville derrière son air esseulée ?

Avec Léon, elle est détendue, elle se sent à l'aise, elle n'a rien à prouver.
Elle est juste enquêtrice qui cherche à se rassurer.

Jupiter cherche à savoir quand elle a été fatiguée… Soudainement. Lui vient aussi en tête le premier avril, mais il y avait tant de choses hasardeuses que ce n’est pas ça sûrement. Elle se souvient surtout qu’elle a cru mourir, du tunnel sous-terre, de l’espoir d’entendre son téléphone sonné et des fameux sables-mouvants. Si elle a un pouvoir, elle a peut-être pu l’utiliser là-bas, mais ça peut-être du au stress, à n’importe quoi. Alors simplement, Jessie n’y croit pas. Toutes leurs actions ont été inversée, leurs paroles étaient contradictoires avec ce qu’ils faisaient… Bref, de cet évènement, il n’y a rien à espérer.

- Tant mieux, c’est déjà ça.

Elle ne réjouit pas vraiment. En réalité, elle a une peur incarné qui se met à grandir. Toutes ces informations, que va t-elle en faire ? Elle ne sait pas si elle en parlera. Les chevaliers, les groupes commencent à la saouler. En fait, c’est ça qui les ralenti à trouver la sortie. Si chacun partageait, peut-être qu’ils n’auraient pas besoin d’avoir des secrets. Cependant, tandis que certains tentent de fuir, d’autres se plaisent dans cette nouvelle cité, et c’est ce qu’il pose un souci. La compétition, elle l’apprécie. Cependant, entre groupe il y a trop de querelles, de conflits.

- Ça m’embête un peu de dire ça… Mais je suis d’accord aujourd’hui. Quand je suis arrivée, je pensais pas comme ça. J’ai juste cherché une équipe, une famille. J’adore toujours le challenge, la rivalité, mais aujourd’hui, je vois que les gens qui sont prêts à s’entraider et à tendre la main, ne sont pas forcément ceux que je pensais.

Elle ne citera pas les noms mais dans ses pensées ils sont ancrés. Elle ne parlera pas de vous, elle est trop fière pour vous dénommer, pour vous lister comme des héros, des guerriers, ce qu’elle a prétendu être à son arrivée. Trop fière, trop colérique, elle s’est laissée bouffer par son orgueil.

- J’ai de plus en plus l’impression que les groupes ne font que de me freiner. Je suis chevalier, et je traîne avec un pirate pour enquêter… C’est un peu un comble. Ce n’est même plus une question d’idéalisme… C’est… Politique ?

Jessie commence à se demander, si elle devrait partir, les quitter…
L’idée l’intéresse comme elle lui déplaît. Elle a l’affection des enfants, elle se plaît un peu dans ce monde où elle se sent libre, et pourtant… Elle ne peut pas se délivrée de ces situations où les autres ont plus de pouvoir qu’elle ne le voudrait. La jeune fille ne sent pas pourtant vraiment considérée, elle n’a pas la confiance qu’elle mériterait. Même Calico ne veut pas lui accorder, alors qu’au fur et à mesure que le temps passe, les informations comment à couler de leurs sources.

Elle est marquée.
Hypothétiquement, elle est probablement armée d’un pouvoir.


Elle soupire et passe ses mains dans les cheveux, fatiguée d’un monde qui la dépasse. Elle remet son téléphone à brancher,

- A moins que ça dépende de l’intérêt de chacun… J’en sais rien.

- J’ai arrêté de vouloirs écouter leurs conneries. Ils me saoulent à décider pour tous de ce qu’on doit faire ou pas, surtout que certaines personne se soumettent à d’autres. C’est pas mon genre à moi… C’est épuisant de les regarder faire leurs grands discours, sachant que tout le monde derrière subi. J’en ai marre de leur fausse bienveillance, de leur merci, de leur hypocrisie.

La grande gueule se montre un peu plus. Elle ne fait pas des éloges de Phaner, de Bones ou d’Arthur. Jupiter ne dépend que d’elle même et il suffirait qu’elle ait le pouvoir pour qu’elle mette en place ses propres choix. Seulement, personne ne veut l’écouter : personne n’entend au loin sa voix. Rien que d’en parler, son expression faciale s’est mise à changer. Elle semble en colère, contrariée. Jessie n’a pas aimé le discours de Phaner, les ordres de Calico ou cette façon qu’on les chevaliers de s’avouer vaincu face à de grands mots.

Elle veut retourner à sa vie d’avant, ne plus avoir le sentiment de perdre du temps.

- Mon intérêt est de me barrer d’ici. Alors, si, moi ça me fait avancer.

C’est certainement la chose qui la maintient encore en vie.
Elle est grisée par cette envie.

Combien sont-ils ? A être marqué ?
Combien sont ils ? A vouloir se casser ?
A t-elle assez de doigts pour les compter ?
Est-elle assez ouverte pour les écouter ?

Jupiter voulait travailler en groupe. Seulement, personne ne lui fait confiance, ne veut suivre son influence. Ils ne sont donc pas signes de suivre sa troupe. Leon a raison, s’ils ne veulent pas faire l’effort de chercher, de venir. Ils ne leur restent plus que le choix de se laisser crever dans ce trou pommé.

- Je suis bien d’accord. Si je peux les prévenir, je le ferai… Sinon, je les laisserai ici. Ca semble bien leur convenir après tout…

Qui est prêt à réellement l’aider ?
Elle n’a pas l’impression que ça soit les chevaliers.