We are friends, remember ? ft. Nugget

We are friends, remember ?

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Little Fang se ballade en ville d'un pas léger et un sourire satisfait aux lèvres, après des semaines à devoir rester sur le territoire des Pirates il a enfin réussi à se soustraire à la vigilance de Burn. "Ne fais pas de vagues" qu'il avait dit, et Little Fang avait compris au début, y avait les recherches pour les otages et tout il fallait pas qu'il se fasse interroger ou quoi. Mais bon là ça fait une semaine que tout le monde est rentré dans son camp donc il peut bien sortir un peu non ? C'est qu'il commençait sérieusement à étouffer là-bas, en plus l'ambiance tendue qu'il y a dans la décharge en ce moment c'est vraiment pas fun. Alors que là il a l'impression de flotter, un peu plus et il sautillerait au lieu de marcher. Mais il est tout seul alors il le fait pas. A l'Happy Hour par contre... là il ne se retiendra plus, il doit bien y avoir des membres de son groupe qui y traînent, avec un peu de chance il tombera même sur des gens qui auront des trucs sympas à lui refiler.

« Oh ! »

Sourire transformé en expression de surprise alors qu'il croit reconnaître dans une passante une ancienne amie à lui. Ses jambes n'ont pas arrêté d'avancer vers le bowling pourtant ses pensées elles ne sont plus du tout tournées vers la piste, elles sont plutôt occupées à essayer de sonder la silhouette qui s'éloigne rapidement. L'espoir comme carburant Little Fang se décide finalement à changer de trajectoire et à suivre la silhouette. Il trottine derrière la jeune fille pour la rattraper et tapote son épaule d'une main nerveuse une fois à sa hauteur, il lance un « Janvi ? » d'une voix un peu tremblante si c'est pas elle ça va être vraiment gênant... Mais les yeux écarquillés il reconnaît ses traits, se fige un instant avant qu'un grand sourire vienne illuminer son visage.

« Janvi t'es vivante ! »

Il l'attire contre lui et la sert dans ses bras, pour vérifier qu'elle est bien là, qu'il n'hallucine pas. Il l'a soulève un peu, l'a fait tournoyé. Au passage il s'étonne de la soulever si facilement, se demande si elle a rétréci, se rend compte avec un rire que c'est lui qui a grandi. Après un moment il la dépose à terre et se détache d'elle à regret, en se rendant compte qu'il l'a serrait peut-être un peu trop fort. Malgré tout, le soulagement de la retrouver fait vite place à l'inquiétude de savoir comment elle a survécu jusque là. Il ne peut pas s'empêcher de la fixer.

« Ça va ? Tu t'en sors depuis la Tempête ? Tu es avec quelqu'un ? Tu as un endroit où dormir ? »

Les questions s'enchaînent sans qu'il reprenne son souffle, il la tient toujours par les épaules comme si il avait peur que si il la lâche elle disparaisse à nouveau. D'autres questions traversent son esprit -est-ce qu'il y en a d'autres du lycée qui ont survécus ? tu appartiens à un groupe ? est-ce que tu vas me détester si je te dis que je suis chez les pirates ?- mais il se force à les laisser de côté, ne voudrait pas la faire fuir. Pour l'instant il veut profiter de ces retrouvailles, il est juste heureux d'avoir Janvi devant lui, et l'ombre d'inquiétude qui était passée sur son visage est vite éclipsée par un sourire ravi. Elle se tient là, en chair et en os, vivante. Il se le répète tout en la fixant. Janvi est vivante.

Notes ■ Blblbl j'espère que ça te va ! Petite précision du coup, ça se passe à peu près 3 semaines après l'évent. Et aussi Noah était vachement plus réservé avant la Tempête et a très probablement jamais fait de câlin à Janvi avant aujourd'hui donc enjoy le changement de caractère x)

Résumé:

we are friends, remember?

Mauvais pressentiment.
Ça suinte sous la peau. Sous les paupières.
Mauvais pressentiment. La journée ne va pas bien finir.
Elle le sent, Janvi. Elle a souvent senti ces choses-là. L’impression de s’être levée du mauvais pied, l’impression qu’un malheur est sur le point d’arriver, l’impression de ne pas pouvoir souffler sinon ça viendra nous écraser. Mauvais pressentiment. L’angoisse qui n’a pas vraiment de point d’origine, qui est tout simplement là. Trouble depuis la tempête.
Mauvais pressentiment.
Mauvais pressentiment.
Elle a un mauvais pressentiment et ça la rend folle—

Peut-être est-ce rien. Juste elle qui se fait encore des films.
Peut-être est-ce tout. La ville qui n’a plus aucun sens. Les températures trop chaudes pour l’hiver. Cette foutue impression que tout est de sa faute.
Mauvais pressentiment. Ça lui colle à la peau. Elle n’arrive pas à s’en défaire.

Elle n’avait pas l’air décidée, Janvi, alors qu’elle traînait des pieds vers l’hôpital. Elle n’avait pas envie, aujourd’hui. L’air se faisait trop lourd pour elle. Elle qui s’obstinait encore à s’habiller chaudement. Stupide, Janvi, toujours aussi stupide et ça ne changera jamais.
La mauvais pressentiment remonte jusque dans sa gorge. Picotement dans les doigts. Elle déteste ça. Vivement que cette journée se termine aussi vite qu’elle a commencé. (Peut-être qu’elle devrait juste retourner dans ce qui lui sert de lit. On n’a pas besoin d’elle à l’hôpital, de toute manière, elle ne sert à rien, juste à se foutre dans les pattes des autres.)

Et puis.
Et puis, la main sur son épaule. Son prénom. Janvi sursaute, arrête de respirer, se retourne.
Ouvre la bouche. Observe les traits familiers. Plisse les yeux. Le cœur qui s’arrête.

C’est toi.
C’est toi, Noah.
C’est toi, le mauvais pressentiment.

Pourtant, elle a à peine le temps de reprendre son souffle que le monde tourne autour d’eux, elle ne comprend pas ce qu’il se passe jusqu’au moment où ses pieds retrouvent le sol. Elle fronce les sourcils. Réfléchit un instant.
Noah. Oui c’est ça, c’est Noah son prénom.
Mais.
Mais, il est qui, déjà ?
Attends un instant, Noah, ça va lui revenir. Elle aimerait pouvoir te sourire aussi, comme toi, mais elle a du mal. Du mal parce qu’elle a un peu oublié. Parce que sa mémoire est en vrac, en miettes. Et toi, tu as changé, alors ça n’aide pas.
Mais bout par bout, ça revient.

Et ça ne lui plaît pas, à Janvi—

Alors, elle recule d’un pas. Respire. « Ouais. J’suis vivante, » est tout ce qu’elle arrive à articuler.

Elle aimerait avoir l’air aussi soulagée que lui. Être aussi heureuse que lui. Le prendre dans ses bras aussi. Mais Noah n’est qu’un souvenir honteux de plus, n’est qu’une preuve de plus de celle qu’elle était, de celle qu’elle déteste autant qu’elle se déteste maintenant.
Et ça, elle n’en veut plus. Elle n’en veut plus. Tu peux partir.

Vous n’êtes plus amis, maintenant.
Elle a changé. Vous n’êtes plus amis—

Alors, Janvi se referme sur elle-même. Elle ignore ses questions. Ne veut pas y répondre. Va-t-en de sa vie tant que tu le peux encore. « Qu’est-ce que tu fous là ? »

Qu’est-ce que tu fous là ?
Pourquoi tu es là ?
Pourquoi ? Pourquoi tu ramènes tous ses souvenirs avec toi ?
Pourquoi.
Tu.
Es.
Là ?

(Est-ce une punition ? Une punition pour tout ce qu’elle a fait ? Cette ville stupide qui la nargue, qui lui montre qu’elle ne pourra jamais être celle qu’elle souhaite être ? Que son passé ne pourra jamais tomber dans l’oubli ?)

Elle serre des poings. Serre des dents. « T'es tout seul ? T’es pas en train de lécher les bottes de l’autre grand con ? »

Elle cherche à faire mal, Janvi.
Pour que tu partes. Que tu disparaisses.
S’il te plaît, disparais. Elle ne peut plus supporter le passé. Elle ne peut plus se supporter. Et toi, tu lui rappelles tout ce qu’elle ne veut plus être.

Résumé:

We are friends, remember ?

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Noah ne comprend pas. Ses mains restées dans les airs une demi-seconde de trop lorsque Janvi s'en était libérée se réfugièrent dans les poches de son jean, comme pour s'empêcher de revenir à la charge. Il a remarqué le froncement de sourcil, le regard un peu trop long sur lui avant qu'elle ne parle enfin. Des paroles sèches qui ne veulent rien dire, qui ne répondent à rien, qui ne lui ressemblent pas. En tout cas pas avec lui, ils étaient censés être devenus amis. Est-ce qu'elle a menti pendant tout ce temps ? Est-ce qu'elle faisait juste semblant ? C'est sûrement ça, elle faisait semblant de le supporter pour mieux s'intégrer dans le groupe et maintenant que c'est la fin du monde il n'a plus d'utilité. Ou alors elle lui fait une blague, une caméra cachée sans électricité. Il retrouve le sourire, oui, ça lui plaît plus comme possibilité. Si elle veut jouer il peut aussi.

« Bah, j'me baladais et j'ai vu une meuf à l'air paumé alors je me suis dit que j'allais la faire chier. »

Ton moqueur mais enjoué, accompagné d'un clin d’œil pour l'aider à se dérider. Il lève les mains en l'air lorsqu'elle sert les siennes, avance vers elle. Est-ce qu'elle compte l'attaquer ? Noah ne comprend pas, elle n'a pas l'air de lui jouer un mauvais tour et pourtant il ne voit pas d'autre raison que celle-là pour la méfiance qu'elle lui montre. Ça l'inquiète ce changement, et si elle était tombé sur des personnes louches ? Il continue malgré tout le jeu, espère secrètement qu'elle finira par lui rire au nez en disant qu'elle l'a bien eut.

« J'suis jamais tout seul tu sais bien ! Regardes je t'ai même trouvé toi, ma partner in crime. »

Il passerait bien ses bras autour des épaules de Janvi mais vu comme ça elle a reculé la première fois ça risque de ne pas passer. Alors il se contente de faire les cent pas autour d'elle, pour la rendre nerveuse, la pousser à lui donner des informations. Mais pour ça il doit rester chill, alors il fait de grands gestes exagérés, s'amuse à imiter un de leurs profs d'avant, le petit vieux qui y voyait pas à deux mètres sans les loupes qu'il osait appeler des lunettes.

« Mais dites moi mademoiselle en parlant de grandes personnes, vous n'auriez pas gagné 5 millimètres depuis le temps ? Et on reste polie s'il-vous-plaît, le grand connard serait triste que vous le considéri- que vous le considér
-re-riez si peu. »

Il rit à son propre bug mental, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé en faisant un minimum d'effort pour les accords et ce genre de conneries, ça lui avait manqué un peu. C'est pas sûr que ce soit très juste ce qu'il a dit d'ailleurs. Bah, tant pis. Il jette un coup d’œil à Janvi mais détourne rapidement le regard, il ne sait pas si il veut voir son expression. Il soupire en s'éloignant de quelques pas pour aller se hisser sur un bout de muret. Non vraiment, il ne comprend pas comment ils en sont arrivés là.

« Bon, tu m'expliques c'qui s'passe ? Pourquoi t'es énervée là ? J'y suis pour rien moi si t'as eu des emmerdes ok ? »

Il ne le pense pas vraiment, il aurait pu la chercher, la protéger. Si il avait su... si il avait su qu'est-ce qu'il aurait fait ? Sûrement rien. Qu'est-ce qu'il aurait pu faire de toute façon, elle aurait jamais rejoint les Pirates elle. Ça le fait chier un peu Little Fang. Il n'a pas envie de se battre, il veut juste qu'ils soient comme avant. Elle a pas le droit d'être énervée contre lui, il était si heureux de la retrouver pourquoi est-ce qu'elle lui fait ça ?

Notes ■ Blblblbl désolée pour le délai du coup j'ai mis plus de temps que ce que je pensais, j'espère que ça t'ira du coup !

Résumé:

we are friends, remember?

Disparais.
Disparais.
Disparais.
Disparais.
Disparais parce que si tu es là, cette Janvi ne peut exister. Cette Janvi n’a plus aucun sens. Parce qu’elle ne peut être dans le même espace que toi, parce que ce n’est plus Janvi, la Janvi que tu connais, qui est en face de toi. Ce n’est plus elle.
Peut-être qu’elle n’a même plus le droit de s’appeler ainsi en face de toi. Peut-être qu’elle est bien Nugget et non cette idiote de Janvi qui ne fait que des erreurs.

Qui n’a jamais eu de chance.
Qui se reprend son passé sur le coin du nez.

Disparais.
Parce que vous n’êtes plus amis. Vous n’êtes plus rien. Elle ne veut plus de ça, elle ne veut plus jouer à ça, elle ne veut plus blesser et faire semblant que ça lui plaît. Elle ne veut plus, elle ne veut plus, elle ne veut plus.
Elle ne veut plus.
Elle.
Ne.
Veut plus.
Alors, tu dois disparaître, Noah.

Parce que tu vas être déçu.
Si déçu.

Et Janvi est bien plus terrorisée à l’idée de décevoir que de blesser.
Elle l’a toujours été. C’est pour ça que vous étiez amis, après tout, parce qu’il ne fallait décevoir personne. Mais quand elle était avec toi, Noah, elle n’avait plus peur de décevoir.
Peut-être que si elle s’en souvenait, ça irait mieux.
Peut-être que si elle s’en souvenait, elle ne serait pas aussi en colère, aussi effrayée à l’idée de te retrouver ici.
Peut-être que si elle s’en souvenait, elle serait si heureuse de te voir.

Mais peut-être que, même si elle s’en souvenait, ce ne serait même pas le cas.

Et ça l’énerve. De plus en plus, au fil des mots qu’il lâche, au fil des pas qu’il fait autour d’elle. Ça l’énerve et elle serre les poings si fort qu’elle a mal et elle doit respirer pour ne pas imploser parce qu’elle veut. Elle veut. Juste. Que tu. Partes.
Maintenant.
Tout de suite.
Disparais.

Alors, lorsqu’il se permet les familiarités, c’est sans se forcer que les mots sortent. « Ta gueule, » ferme-là, ferme-là, ferme-là. Ce sont ses mots qu’elle ne souhaite plus prononcer. Mais c’est la corde sensible qu’on écrase de tout son poids et ça ne plaît pas.

Elle ne rigole pas, elle.
Ce n’est pas drôle.
Ce n’est pas drôle, Noah.
Alors, lorsque tu lui poses la question, c’est immédiatement qu’elle démarre.

« Quoi ? Genre c’est pas de ta faute ? » elle le fixe mais elle n’arrive pas à discerner son expression au travers du bordel dans sa tête. « C’est de votre faute à tous ! J’ai jamais rien demandé à personne. »

Pourtant, elle s’est quand même laissée embarquer là-dedans.
Mais elle sait déjà que c’est aussi de sa faute. En grande partie. Elle le sait et elle se déteste déjà pour ça, plus que tout, plus que le reste. Parce que c’est elle, elle qui a tout fait, elle qui a écouté, elle qui a obéit.
Elle qui aurait pu se défendre mais qui ne l’a jamais fait.
C’est elle l’idiote.

Elle n’a pas à rejeter la faute sur toi. Mais c’est plus simple d’oublier qu’on se déteste pendant quelques secondes pour détester un autre. C’est plus simple parce qu’elle n’a jamais appris à pardonner mais plutôt à frapper.
Et c’est dur, pour elle, de s’aventurer dans ses chemins qu’elle ne connaît pas.

(Et elle ne se rend pas compte que Noah ne comprend peut-être pas de quoi elle parle…)

Janvi fait quelques pas vers lui. « C’est de votre faute si j’suis comme ça, si j’ai fait tout ça, » l’envie de le pousser de son muret se fait si forte, si forte, si forte. « J’sais même pas pourquoi j’te parle. T’façon, j’suis rien pour toi, pas vrai ? Avoue. »

Avoue.
Avoue.

« Avoue. »

Avoue.
Avoue, Noah.
Allez, avoue.

« Avoue. J’étais juste… un larbin de plus, » elle secoue la tête. « Vous faisiez tous semblant pour pas que j’me tire, t’sais maintenant c’est fini, y’a plus rien, plus de lycée, plus de gamins à emmerder, t’es plus obligé de faire semblant. »

Faire semblant de l’aimer.
Parce qu’elle en est persuadée, Janvi, que tout cet amour que ses amies avaient pour elle n’était qu’une façade pour mieux la contrôler. Mieux l’amadouer. Mieux la faire obéir.
Et le pire.
Le pire, c’est.
Que ça marchait.
Ça marchait si bien.

Et, alors, dans ses mots, ce ne sont pas tant les reproches qui résonnent.
Mais plutôt.
Aime moi.
Aime moi comme avant.
Mais tu ne pourras jamais. Alors, disparais.

Parce qu’elle n’est plus la Janvi que tu connaissais.
Parce qu’elle n’est plus la Janvi dont elle a oublié les contours et les gestes.
Et tu n’es plus le Noah dont elle a toujours du mal à s’en souvenir. S’arrêtant au peu de négatif dont elle arrive à se rappeler.

Résumé:

We are friends, remember ?

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Noah fait à peine attention à l'insulte qu'elle lui jette, trop habitué à les laisser glisser sur lui chez les Pirates. Ce qu'il remarque par contre c'est qu'elle ne répond toujours pas à sa question, et il s'apprête à s'énerver gentiment contre elle lorsqu'elle lui coupe l'herbe sous le pied avec un effet bulldozer. Sourire figé alors que ses yeux traduisent l'incompréhension dans laquelle ses mots le plongent. Pourquoi est-ce qu'elle s'énerve ? Est-ce qu'il est allé trop loin ? Mais de quoi elle parle ? Incapable de descendre du muret sur lequel il s'est perché sans difficulté il y a deux minutes, il lui semble maintenant beaucoup trop haut et le sol peu accueillant. Janvi lui semble si loin. Pourtant la prise de ses doigts se renforce alors que celle qu'il croyait connaître se rapproche, il se surprend à avoir peur d'elle.

« Que... quoi ? Je... »

Il a beau chercher un soupçon de malice sur le visage de Janvi son maigre espoir disparaît lorsqu'il y lit autre chose. Il ne peut plus croire à une blague, parce qu'elle est sérieuse, très sérieuse, et elle le hait. Tremblement des lèvres alors qu'il prend une inspiration. Il glisse le long du muret, doucement, prudemment. Presque surpris quand ses chaussures touchent le sol et qu'il ne s'effondre pas. Il se tourne vers Janvi, il doit lui dire ce qu'il pense mais il a tant de questions dans son esprit, ça s'embrouille.

« Je... je comprends pas. Je – »

Il n'y arrive pas, il avait une idée sur le bout de la langue, une phrase parfaite qui aurait tout arrangé. Il effleure ses lèvres du bout des doigts. Encore sèches, foutu baumes introuvable. La phrase est bel et bien perdue, trop loin dans son esprit pour faire le chemin. Il scrute Janvi, cherche ses yeux. Il est perdu. Perdu.

« Je vais pas avouer quelque chose... quelque chose que j'ai pas pensé... » C'est difficile de mettre de l'ordre dans ses pensées, mais « Je croyais qu'on était amis... »

Comme un murmure. Au tremblement de sa voix on pourrait croire qu'il est au bord des larmes, pourtant ses yeux sont aussi secs que le sol qu'il fixe à nouveau. Perdu. Il sert les poings, amorce un pas vers elle puis change d'avis sans raison, recule de deux, détend ses mains. Il abandonne avant même d'avoir commencé Noah, il ne sait pas quoi faire. C'est trop dur, trop d'efforts. Il ne comprend pas pourquoi elle est énervée. Il n'arrive pas à l'être parce qu'il y a cette voix qui lui dit que c'est sa faute, ça doit forcément être de sa faute. Il revient à l'ombre du muret mais n'y monte pas, entortille machinalement la lanière de son sac autour du doigt et sert jusqu'à ce qu'il devienne rouge, jusqu'à ce que ça fasse assez mal pour qu'il puisse enfin respirer. Maigre sourire vers le sol à défaut d'elle, il perd pied et hésite à enfoncer le sien dans la pierre. Il imagine la douleur mais ce n'est pas ça qui l'arrête, non, ce qui l'arrête c'est un doute.

« Pourquoi j'aurais fait semblant... »

Question honnête posée à lui-même dans un murmure, il ne comprend pas. Il se retourne vers Janvi, bien plus calme, fait quelques pas dans sa direction. Peut-être – peut-être que c'est juste une erreur. Peut-être qu'elle a juste oublié ce qui les avait rapprochés.

« Dis pourquoi j'aurais fait semblant ? Si t'étais un larbin j'en étais un aussi. Est-ce que – » Est-ce que tu faisais semblant toi ? « Est-ce que tu penses que je serais devenu ami avec mon ancienne bully juste pour... pour quoi ? Honnêtement au début tout ce que je voulais c'était que tu me laisses tranquille, mais qu'est-ce que tu veux, on a fini par bien s'entendre. Enfin, je croyais... »

Notes ■ J'ai l'impression d'avoir prit 30 ans en utilisant l'expression « couper l'herbe sous le pied ». Et euh, désolé Nugget je te jure quand j'ai commencé à écrire je pensais pas que ça serait aussi drama... Ah et si quelque chose ne va pas dis le moi !

Résumé:

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Il y a.
Comme.
Une satisfaction.
Quand elle remarque ton air surpris, perdu, blessé.

Et puis, c’est le dégoût. Le dégoût d’elle-même tandis que ses pensées la rattrapent, l’écrasent, lui hurlent mais comment tu peux être heureuse qu’il se sente mal par ta faute. Par sa faute. Par sa faute.
C’est de sa faute.
C’est de sa faute, encore.
Peut-être qu’elle n’a pas changé, finalement. Peut-être qu’elle aime toujours autant blesser, frapper, appuyer où ça fait mal. Peut-être qu’elle est bien toujours Janvi et que ce n’est pas l’envie d’être une meilleure personne qui l’anime, mais bien l’envie de se venger.

Se venger du voile qu’on lui a placé devant les yeux.
Se venger de ses années à croire qu’on l’aimait alors que ce n’était qu’une illusion.
Alors qu’il n’y avait qu’elle pour être assez idiote pour y croire.

« Moi aussi je croyais qu’on était ami ! »

(Les mots qui sortent avant même qu’ils ne passent dans sa tête.
Trop rapides comme ses pensées.
Ça saute.
Ça saute.
Les pensées sautent et elle n’arrive plus à réfléchir.)

« Moi aussi je croyais… »

Elle respire, Janvi.
Ne pas pleurer.
Ne pas pleurer.
Pourtant, elle a tant envie. Encore plus lorsqu’il s’approche, lorsqu’il reprend, lorsque ses mots font encore plus mal que tout le reste. Parce qu’il a avoué. Il l’a avoué, pas vrai ?
Pas vrai ?
Pas vrai ?
Il l’a avoué, il l’a avoué, il l’a avoué.
Pourquoi, il dit, mais il prononce la réponse juste après.

Janvi sent sa gorge se serrer.
Non, ne pas pleurer. Ça va aller, elle le savait, de toute manière. Elle le savait depuis si longtemps, c’est seulement maintenant qu’elle a décidé d’arracher ce voile devant ses yeux. Et tout le monde lui répétera la même chose : tu as bien fait, tu as bien fait. Elle a bien fait. Elle n’a pas besoin de ses gens dans sa vie.

C’est comme quand on arrache un pansement.
Ça fait mal, mais pas longtemps.

Elle serre des poings, enfonce les ongles dans ses paumes. « Tu vois, même toi tu le dis, tu l’avoues, j’ai même pas besoin de répondre, » la voix qui part dans les aiguës. Qui tremble de plus en plus. « Tu le dis, que c’était juste pour que j’te laisse tranquille. C’était juste pour obtenir quelque chose. »

C’était juste pour qu’elle ne s’en prenne plus à toi.
C’était juste pour alimenter cette illusion.
Ça n’a jamais été parce que tu as réellement apprécié sa compagnie.
Jamais, jamais, jamais.

« Alors t’as plus besoin de faire semblant, maintenant. J’te ferai plus rien. J’ai plus envie. C’est plus moi, ça. Ça m’amuse plus. »

Elle secoue la tête.
Et c’est un sourire peiné qu’elle force. Moqueur. Narquois.

« T’as raison, j’ai grandi. Dans ma tête. J’ai grandi dans ma tête. Tu devrais p’têt prendre exemple. »

Les mots sont si mauvais. Ils rabaissent.
Elle qui s’était pourtant promis que ce ton-là n’existerait plus jamais.
Elle qui s’était pourtant promis qu’elle ne chercherait plus à blesser.

Tu sais, Noah, elle est désolée. Mais elle est obligée.
Après tout, tu ne l’aimes pas, n’est-ce pas ?

Résumé:

We are friends, remember ?

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Amis. Ils étaient amis, elle le dit elle-même. Alors pourquoi est-ce que a changé ? C'est le monde autour qui s'est effondré Janvi, pas nous.

« C'est pas... »

C'est pas ce qu'il voulait dire, pas ce qu'elle était censée comprendre. Il n'a rien avoué du tout. Ou est-ce qu'il a avoué ? Il ne se souvient déjà plus ce qu'il a dit. Qu'est-ce qu'il a fait ? Il ne comprend pas ses mots, ça va trop vite pour lui. Le sang qui bat trop fort dans ses tempes, la gorge qui se sert. Il se perd, tente de se raccrocher comme il peut.

« Je... J'ai obtenu quelque chose ? »

Il ne sait pas, ne comprend pas. Il se demande si il lui a volé quelque chose, mais non il ne l'a pas vu depuis la Tempête. Il ne faisait pas ça avant si ? Oh, peut-être bien que si. Mais pas à elle, pas à elle.

« Je t'ai rien volé... »

Attends. Non. Ça ne veut rien dire ça. Elle ne parlait pas de ça si ? Est-ce qu'elle parlait de ça ? Non sûrement pas. Il s'est encore perdu, doit retrouver le fil de ses pensées. Les yeux qui cherchent une réponse frénétiquement.

« J'ai rien obtenu... » C'est ça. « J'ai rien obtenu. » Voix plus assurée, sourcils froncés. mais les bras toujours noués autour de lui-même, les yeux toujours fixés sur le sol « J'ai jamais fait semblant non plus, c'est n'importe quoi ce que tu dis ! Et puis moi j'ai rien avoué du tout ! » Il s'énerverait presque, et puis il se souvient, oui, voilà, inspirer puis expirer, lentement. L'étranglement dans sa gorge se calme un peu, juste assez pour ne pas pleurer. « Et puis toi... toi ça t'as jamais amusée... C'est pour ça qu'on est devenus amis. »

Il lève les yeux vers elle, un sourire sur les lèvres comme pour encourager le sien. Il aimerait tant qu'elle le lui renvoie, comme avant. Mais si grandir c'est ne plus savoir sourire alors il préfère rester comme il est, en attendant l'arc-en-ciel il couvre ses yeux et bouche ses oreilles pendant l'orage. Et c'est plus facile, moins d'efforts – pas les mêmes. Un léger rire sort de sa gorge quand il se rend compte qu'elle reprend ses mots, incapable de blesser sans utiliser les mots des autres. Ça a quelque chose de rassurant, elle a beau dire qu'elle a changé elle reste la même.

« Et genre c'est toi l'exemple à suivre ? Bah vas-y alors montres moi, je te suis. »

Il ne rigole qu'à moitié Little Fang. Parfois, quand il fait l'effort de réfléchir, il se voit lui-même et il a du mal à comprendre ce qu'il fout là. Dans ces moments là il se trouve faible, il a l'impression d'être redevenu un enfant qui a besoin qu'on le protège. Mais ces moments là ne durent jamais longtemps, et il se retrouve de nouveau en point de vue interne hermétique au reste.

« Vas-y je t'échange de la maturité contre des centimètres ! »

Il recommence, couvre les yeux, bouche les oreilles ; le sourire au coin des lèvres en attendant l'arc-en-ciel.

Peut-être,
peut-être bien que le monde ne s'est pas effondré seul.

Notes ■ Nugget elle comprend de travers, Little Fang il comprend juste pas, on va arriver à en faire quelque chose de ces deux là ?
Blblblbl mais du coup vraiment désolé pour le retard, avec le travail + les amis qui déménagent je me suis un peu laissé dépasser :ded:

Résumé:

we are friends, remember?

Après tout, vous n’étiez jamais réellement amis, n’est-ce pas ?
Alors, ce n’est pas très grave, si on fait un peu mal. Ce n’est pas très grave, si on repousse. Ce n’est pas ce qu’elle veut, au fond, Janvi, de ne plus se laisser marcher sur les pieds ? De s’imposer ? D’arrêter de faire le petit chien-chien bien obéissant ?
Et même si pour ça, elle doit se détester encore plus. Ça vaut le coup. Ça vaut le coup. Et elle apprendra à s’aimer plus tard, ça se n’est pas grave. Ce n’est pas important pour le moment.

L’important, c’est de te faire partir.

Et tu.
Ne.
Comprends.
Rien.
Comment faire.
Comment faire.
Comment fait pour que tu comprennes ? Ce n’est pas compliqué, pourtant, Noah, tu pourrais faire un effort. Tu pourrais faire l’effort qu’elle refuse de faire.

Et puis.
Il dit c’est pour ça. C’est pour ça. C’est pour quoi, Noah ? Comment tu sais ça ?
Elle. Ne se souvient. Pas. Te l’avoir dit.
Elle ne se souvient pas.
Elle ne se souvient pas…

(Elle comprend, Janvi.
Qu’elle a peut-être un peu trop oublié à ton sujet.
Qu’elle n’a peut-être pas la même image que toi.)

Et pourquoi est-ce que tu rigoles ? Qu’y a-t-il se si drôle, Noah ? Il n’y a rien de drôle, à l’instant, il n’y a rien du tout qui devrait te faire rire. Tu n’as peut-être pas l’air de réellement comprendre ce qu’il se passe. Tu n’as pas l’air de t’en rendre compte. Tu n’as pas l’air de saisir l’ampleur de la situation.
(Mais c’est toi, toi, toi, Janvi, qui ne comprend pas.)
Et toi aussi, tu appuies où ça fait mal. Toi aussi, tu te moques. C’est vrai, on était dans le même bateau, pas vrai ? La douleur, ça nous connaît, qu’on soit ceux qui l’offrent ou ceux qui la reçoivent. On la connaît sur le bout des doigts alors, finalement, ça ne l’étonne pas.

Mais elle a trop mal, Janvi.
Et ça fait longtemps que sa peine, n’est devenu rien d’autre qu’une colère qu’elle ne sait plus contrôler. Une colère si grande contre elle-même. Et parfois, c’est trop, alors elle doit en donner un peu à d’autre. Elle doit en donner un peu à toi.
(Peut-être qu’elle en est désolée.)

Alors, c’est en grandes enjambées qu’elle se rapproche de toi. « T’as pas l’air de comprendre. Si j’étais toi, j’ferai pas le malin, Noah, » (le prénom sonne presque comme une insulte.)

Elle s’arrête à ta hauteur, agrippe le col de ton haut et tire avec tout sa force dessus. Les dents serrées. Les ongles qui s’enfoncent dans le tissu. Plonge son regard dans le tien. Se retient d’aller plus loin. Elle ne doit pas, elle ne doit pas, elle n’a plus le droit d’être comme ça.
Elle n’a plus le droit.

« Comment tu sais ? Comment tu sais que ça m’a jamais amusé ? » la voix se fait tremblante, le cœur tambourinant. C’est peut-être tout ce qu’elle a réellement retenu de tes mots, parce que ça lui semble trop étrange. Parce que c’était son petit secret. « Qui te l’a dit ? Qui ? T’étais pas censé le savoir. »

Qui ?
Qui ?
Qui ?
Tu ne devrais pas savoir, Noah.
Tu ne devrais pas savoir…

« Si t’es venu là juste pour me faire chier, tu peux dégager. Je joue plus à ce genre de jeux, moi. »

Mais pourtant.
Pourtant.
Janvi a du mal à s’en détacher, de tout ça. Tu sais, on l’a si bien façonnée. Regarde-là, le tissu serré dans son poing ; Janvi ne veut plus de ça. Elle ne veut plus de ça.

S’il te plaît.
(Elle voudrait tout mettre sur ton dos. Dire que tout est de ta faute.
Mais elle sait, au fond, que c’est de sa faute à elle, et elle uniquement.)

Résumé & HRP:

We are friends, remember ?

▼

Le poing prêt à frapper, Little Fang a attrapé le poignet de Janvi instinctivement lorsqu'elle a agrippé son col. Et il a serré un peu trop fort, comme toute à l'heure, quand il pensait l'avoir retrouvée. Ça ne lui ressemble pas d'être si tendu, il a réagit presque instantanément. Mais ces trois semaines à ne traîner qu'avec les pirates ont eu raison de sa tolérance à recevoir des coups sans les rendre. Il n'a arrêté son poing que parce qu'elle s'est stoppée aussi, il se sent coupable rien qu'à cette pensée. Les yeux rivés dans les siens Noah se force à desserrer sa prise, il ouvre les paumes et baisse les bras.

« Je veux pas me battre Janvi. »

Si elle avait continuer son geste, qui sait ce qui serait arrivé ? Mais elle s'est arrêtée et il n'y a que ça qui compte pour le moment. Elle s'est arrêtée. Il ne fait pas le malin Noah, contrairement à ce qu'elle pense il est juste perdu, cherche à trouver des réponses dans les yeux de l'autre mais il n'y trouve que d'autres questions. Comment il sait ? Il ne comprend pas pourquoi elle lui demande ça, c'est pourtant évident elle devrait le savoir.

« Tu ne sais pas qui me l'a dit ? »

Mais c'est elle qui lui a dit, ça ne fait aucun sens il y a quelque chose qui ne va pas. Quelque chose d'autre qu'un simple changement de caractère de sa part. Elle n'a pas fait que ''grandir dans sa tête'', il a dû se passer quelque chose, est-ce qu'elle a prit un coup ? Il doit réfléchir mais c'est compliqué, elle dit que ce n'est pas un jeu mais Little Fang il n'y a que quand il joue qu'il se concentre. Il faut que ce soit amusant pour que ça l'intéresse. Et là... là c'est tout sauf amusant, il ne sourit même plus il est trop perdu, trop pensif.

Mais il est
Inquiet.

Alors il fait un effort, se concentre. Il remarque les vêtements trop chauds, se souvient de la façon dont elle l'a défiguré avant d'avoir l'air de le reconnaître. Si elle ne l'avait pas appelé par son prénom juste avant il aurait même douté qu'elle s'en souvienne. Elle a perdu la mémoire, une partie au moins, il n'y a que ça comme explication. Le regard de Noah se perd dans les traits de son amie, elle a tiré sur son col et l'a rapproché alors il en profite mais il ne trouve aucune cicatrice qui pourrait lui donner un indice. Pourtant il ne peut pas s'empêcher d'être sûr que la perte de mémoire est la seule explication possible. Il le faut, elle ne peut pas lui avoir simplement tourné le dos.

« C'est toi qui me l'as dit que tu n'aimais pas harceler les gens. Mais tu t'en souviens pas j'me trompe ? »

Pourtant elle se souvient de lui, au moins un peu. Elle l'a reconnu non ? Ce qu'il ne sait pas c'est quels souvenirs sont restés et lesquels sont partis, il veut comprendre pourquoi elle le regarde avec tant de haine dans les yeux. Qu'est-ce qu'il lui a dit, qu'est-ce qu'il a fait au début pour qu'ils deviennent amis ? Il n'arrive pas à s'en souvenir, il aimerait tant retrouver les mots qu'il avait utilisé, qu'ils repartent du début.

« Je joue pas non plus tu sais... » Et c'est difficile pour lui de ne pas jouer, de rester concentré. « Dis tu te souviens du cinéma ? On arrivait toujours à rentrer en douce dans les salles pour regarder des films au lieu de traîner en ville avec les autres. »

Dis lui que tu t'en souviens Janvi, dis lui que tu n'a pas oublié les bons moments. Regardes, il sourit.

« Et sinon... tu veux bien lâcher mon t-shirt ? T'es en train de le déformer là. »

Notes ■ C'est un miracle il a compris qu'elle avait perdu la mémoire :shine:

Résumé:

we are friends, remember?

Il a des gestes amorcés.
Ceux qui ne seront jamais terminés.
Ton poing et le sien. On se regarde dans les yeux, dans l’électricité qui s’est immiscée.
(Envie de tout envoyer valser dans une gerbe d’étincelles.)
Et les questions sont toujours là, Noah, bien réelles.
Pourquoi Janvi saurait qui te l’a dit ? Pourquoi quelqu’un te l’aurait dit ? Ça n’a pas de sens, Noah, les secrets ne peuvent exister si on les prononce et si ça, ce n’était plus un secret, alors… alors… que s’est-il passé, Noah ?
Qu’est-ce que tu sais réellement, toi ?

Et lorsque tu réponds.
Ce sont les doigts qui se resserrent autour du col.
On se sent trembler, les pieds bien ancrés sur le sol.
Mais on a subitement peur de tomber, on s’accroche, on se tient droite, on serre les dents alors que finalement, ça se confirme. Les peurs. L’angoisse. Non, non, non.

Elle a encore oublié.
Elle t’a oublié.

Ce n’est pas vrai.
Ce n’est pas vrai.
Il y a tant de morceaux qui se sont effacés, là, au creux de la mémoire.
Il y a toute la pellicule qui s’est arrachée, tandis qu’elle doit tout rassembler et réparer dans le noir.

Qu’est-ce qu’on a oublié de toi, Noah, exactement ?
Quels souvenirs ? Quelles paroles ? Quels sentiments à ton égard a-t-on laissés tomber, arrachés, envolés avec les vents violents ?

« Non… »

La voix s’est faite murmure.
La prise toujours plus dure.

Mais je ne suis jamais allée au cinéma.
J’avais pas l’argent pour ça.
Peut-être que c’est pour ça qu’on y était entré en douce…

C’est par automatisme qu’elle lâche ton t-shirt, alors qu’elle a l’impression que ses jambes sont faites de mousse.
Qu’elle pourrait s’effondrer.
Qu’elle pourrait s’éparpiller.
Elle a peur, Janvi.

Elle a peur, elle a peur, elle a peur.

« Je me souviens pas. »

(Pourtant, le sentiment est familier.
Il y a comme une impression de déjà-vu. Comme si elle y était.
Comme si c’était vrai.
Ce que tu dis, Noah, c’est la vérité ?
S’il te plaît.
S’il te plaît, ne lui mens pas. C’est la vérité ?
Janvi, elle a tout oublié.)

« Je ne me souviens pas… »

Elle répète.
Comme si elle.
Avait peur que tu n’ais pas entendu, la première fois.

« Noah, je ne me souviens pas… »

(Elle respire, Janvi.
Un peu trop fort.
Ça soulève tout le corps.
Elle sent l’angoisse qui remonte, glacée, dans les doigts et le dos, dans tous les plis.)

Noah, bientôt, tu deviens flou.
Parce que ce sont les larmes, chaudes, qui s’enfuient des yeux pour rouler sur les joues.
Elle ne se souvient pas.
Elle ne se souvient pas.
Elle ne se souvient pas.

(Une respiration. Tremblante.) « Désolée, je… je savais pas, je, je pensais que… qu’on… qu’on avait pas… »

Elle ne sait pas ce qu’elle veut dire, Janvi.
Ses pensées n’ont plus de sens, tu sais. Et pour gérer l’angoisse, on ne lui a jamais appris.

« J’ai oublié… »

J’ai oublié.
J’ai oublié.
J’ai oublié.
Mais qu’est-ce que j’ai oublié de toi, exactement ?
Qu’est-ce qui était faux et qu’est-ce qui était vrai ? Qu’est-ce qu’elle a inventé, pour combler les vides de la mémoire, et quels étaient les vrais souvenirs qu’on n’a pas su chérir correctement ?
Noah. J’ai oublié.

Résumé:

We are friends, remember ?

▼

C'est sa respiration qui se coupe quand elle serre un peu plus sa prise, ses mains qui tressaillent mais s'empêchent d'aller plus loin. Il doit rester calme. Faire semblant qu'il sait ce qu'il fait, faire semblant qu'il ne s'effondre pas autant qu'elle. Alors il se ressaisit, va pour prendre sa main mais se retient au dernier moment. Pause, encore. Est-ce qu'il a le droit ? Il ne sait pas, il n'a aucune idée de ce qu'il peut et ne peut pas faire. Il passe une main dans ses cheveux, nerveux.

« Ok... ok il faut que tu t'assois. »

Lui aussi, surtout lui peut-être. Il s'assoit donc à l'ombre du muret, et commence à fouiller dans son sac à la recherche d'un tissu quelconque pour sécher les larmes de son amie. Seulement, il n'a que des t-shirts et il se voit mal lui en tendre. Il repère bien la boîte dans laquelle il a quelques joints mais il n'est pas sûr que ce soit son délire maintenant... Reste sa gourde, remplie d'eau, enfin il espère. Il la tend vers Janvi.

« Désolé, j'ai que ça... »

Il reste un moment sans rien dire Noah, attend qu'elle se calme. Vu de l'extérieur il semble patient, mais en réalité il est empli d'un cocktail dangereux d'émotions principalement menées par la peur. Et il se demande comment il peut resté assis si calmement alors que la seule chose qu'il a envie de faire c'est de courir et ne jamais se retourner. Le problème, le seule problème vraiment, c'est Janvi. Il ne peut pas -et il voudrait bien- il ne peut pas la laisser comme ça. Mais c'est si difficile de se concentrer, de ne pas fuir face au problème.

« Et donc qu'es- »

Les mots s'étranglent dans sa gorge, ''qu'est ce que t'as oublié'', quelle question conne, elle est censée le savoir comment ? Un idiot, c'est un idiot. Elle a si peur, il l'a lu dans ses yeux. Probablement qu'elle a envie de tout sauf de penser à ça, mais lui, lui il veut savoir. Les yeux fixés sur le sol il n'ose pas la regarder, il ne peut pas s'empêcher de se demander si elle ne faisait juste pas semblant d'être amie avec lui au lycée. Il a bien compris qu'elle a oublié certaines choses, mais peut-être que c'est parce qu'elle les regrettait, peut-être qu'il a faux sur toute la ligne et qu'il lui fait croire qu'elle l'aimait avant. Et si il était en train de la manipuler, de lui faire croire qu'ils étaient amis ?

Elle dit qu'elle a oublié, mais elle l'a reconnu. Alors quels sont les souvenirs qui ont été effacés et quels sont ceux qui sont restés ? Elle a l'air si désolée, et c'est de sa faute à lui vraiment, il aurait dû la laisser tranquille quand elle l'a rejeté. Il aurait dû savoir, mieux faire. Il l'a faite pleurer. Il aimerait la rassurer Noah, lui dire que tout ira bien, qu'ils vont trouver les souvenirs qui lui manquent et que tout redeviendra comme avant. Mais vraiment il sait bien que c'est un mensonge. Que ça ne peut pas être comme avant, tout simplement parce qu'ils ne sont plus les mêmes. Il espère juste que si leur amitié était un mensonge avant, et même si ce n'en était pas un, il espère qu'ils peuvent être amis maintenant, ou le redevenir. Parce que lui il se souvient de celui qu'il était avec elle. Et c'était tellement plus simple que maintenant, il ne se prenait pas la tête. C'était une parenthèse, un refuge presque. Il sourit tristement, se demande si Janvi en a un de refuge.
Si peut-être il pourrait le (re)devenir.

« Peu importe. Tu sais, c'est pas grave si tu te souviens pas de moi. Tu as dis que tu avais changé, moi aussi même si tu penses pas la même chose apparemment. » Son sourire se fait plus rieur. « Peut-être qu'on peut essayer de devenir amis maintenant. » Il tend la main vers elle, fixe son regard dans le sien, inspire profondément. « Mon prénom c'est Noah, mais maintenant on m'appelle Little Fang. Et toi, tu t'appelles comment ? »

Viens on recommence.

Notes ■ Je crois que j'ai battu un record de retard... mais bon, j'espère que la réponse te va quand même facepalm

Résumé:

we are friends, remember?

Il y a un peu trop de bruit, dans la tête. Elle ne sait plus quoi penser, Janvi, elle a juste l’impression d’être aveugle, de s’être trompée sur toute la ligne, et puis

la honte

toute la honte de t’avoir oublié.

De s’être énervée, si fort, contre toi alors que c’était elle qui avait tort depuis le début. Alors que alors que alors que—
alors que peut-être tu n’es plus comme elle le pense. Avant même la tempête. Alors que tu étais peut-être bien plus proche qu’elle en est convaincue. Pourquoi. Pourquoi est-ce que ça lui arrive à elle ?

(Au fond, elle sait très bien pourquoi.

Elle le mérite, après tout.

Elle le mérite tout ce malheur.)

Les mains qui frottent les yeux (avec toute cette haine contre elle-même), Janvi te suit jusqu’au muret, elle s’assied à l’ombre, elle refuse ta gourde car elle n’est même pas sûre de pouvoir avaler quoi que ce soit. La respiration est chaotique

les larmes acides

et elle enfonce ses ongles dans sa peau pour rester sur terre.
Le cœur bat trop fort et.
Janvi.

Se déteste. Tellement.

Est-ce tout ce qu’elle sait faire ? Détruire tout ce qu’il y a autour d’elle ?
Ses mains ne connaissent pas la douceur— juste la violence avec laquelle elle t’a presque attaqué, juste la haine qu’elle avait à ton égard parce qu’elle ne se souvient pas.
Elle ne se souvient pas de tout ce que vous avez vécu, tous les deux.

Et elle se hait pour ça.

(Avec une inspiration— elle tente de faire taire les larmes.
Elle n’a pas le droit de pleurer alors que c’est de sa faute. Elle n’a pas le droit d’être triste alors que c’est elle encore qui fout tout en l’air. Elle n’a pas le droit. Elle n’aura jamais le droit.)

Peu importe, tu dis.
C’est pas grave, tu dis.
Elle pense tout le contraire.

Si tu savais

comme elle se

déteste.

(Parfois,
parfois elle se demande. Si elle n’a pas fait exprès de tout oublier.
Juste pour se dire— qu’elle n’était pas si sale que ça. Mais elle sait que ce ne sont que des mensonges.)

Janvi avise ta main, silencieuse un trop long moment. « Euh… Janvi. Mais maintenant on m’appelle Nugget… » elle serre ta main avec un faible sourire, avant d’essuyer ses joues. « Tu, euh, tu fais quoi toi ici ? Je… j’veux dire, maintenant, en général. Moi j’fais un peu n’importe quoi pour n’importe qui mais j’suis plus souvent à l’hôpital… j’aide les gens quoi… »

Elle observe ses propres mains recouvertes de cicatrices.
On oubliera le passé, ensemble, Noah. On l’oubliera, tout les deux. Elle n’en veut plus, de toute manière, Janvi. Elle ne veut plus de ce passé. Finalement— finalement, n’est-ce pas plus mal d’avoir tout oublié ?
N’est-ce pas plus mal, pour recommencer à zéro, pour être une fille nouvelle, pour effacer et tout recommencer sur une toile immaculée ?
Arrêter de se détester autant ? C’est à cause de tout ce qu’elle a fait qu’elle— ne se supporte pas.
Et puis, on pourra tout reconstruire ensemble, Noah.
Désolée. Elle l’est, vraiment.

Mais vous restez amis.

Qu’elle l’ait oublié ou non.

« Euh, pourquoi ils t’appellent comme ça ? »

Ne parlons plus de ce qu’il vient de se passer.
Ne parlons plus de notre passé.

Ouvrons les yeux dans le présent, Little Fang, et construisons-nous un futur agréable.

Soyons amis, de nouveau.

(Elle se tord les doigts, ravale les larmes, respire respire respire respire—
il suffit juste de respirer.)

« Moi c’était le nom de mon chat et j’l’ai cherché après la tempête… » (elle ferme les yeux un instant, elle ne veut pas se souvenir du jour où elle a retrouvé— sa carcasse—), « et comme je demandais à tout le monde s’ils avaient pas vu un chat qui s’appelle Nugget, bah j’sais pas… ça les a saoulé j’crois. Et maintenant ils m’appellent comme ça. »

C’est marrant, non ?

Résumé:

We are friends, remember ?

▼

Il remarque les ongles qui s'enfoncent dans sa peau et se retient de lui attraper les mains pour qu'elle arrête de se faire du mal. Il n'a pas le droit de faire semblant qu'il ne sait pas que parfois on a besoin de se détester, et qu'il vaut mieux saigner que sauter du toit d'un immeuble. Ça serait hypocrite de l'arrêter, alors qu'il veut faire la même chose.

Mais il est rassuré quand Janvi prend sa main, qu'elle ne le laisse pas seul. Nugget ? Ça le fait rire ce surnom. Elle lui demande ce qu'il fait et c'est le blanc dans sa tête, parce que son occupation principale vraiment c'est de se mettre dans la merde. Alors qu'elle, elle aide les gens. Son regard se perd dans la direction de l'hôpital, et pour un court moment son sourire s'efface. Il n'aime pas l'hôpital Noah, ça lui rappelle de mauvais souvenirs. Mais lorsqu'il se retourne vers Nugget son sourire revient. Il se demande si elle a oublié ça aussi.

« Mmh... je m'occupe des stocks de mon groupe. Je range les trucs que les autres ramènent tu vois ? Enfin, la plupart du temps je traîne juste en ville, avec ''l'autre grand con'' parfois, mais souvent seul parce qu'il est occupé. »

Petit clin d’œil en parlant de Jason, il n'aime pas voir ses yeux se remplir de larmes. Nugget... Oui c'est amusant comme surnom, c'est juste dommage que ça lui rappelle un animal mort. Il n'aurait pas aimé Little Fang. Ça aurait été trop douloureux. Mais il doit se concentrer sur le positif, il ne veut pas faire fuir le sourire déjà bien discret de Janvi.

« Moi c'est pour mon sourire ! » Et il sourit bien grand, montre ses canines. « T'as vu elles sont bien aiguisées hein ? »

Un rire presque enfantin s'échappe de sa gorge. Bien loin de la vraie raison pour laquelle il a ce surnom, loin du goût du sang dans sa bouche. Mais un petit mensonge ne peut pas faire de mal n'est-ce pas ? Il se voit mal dire à Janvi qu'il a mordu un mec jusqu'au sang avec l'envie de le tuer alors qu'il ne se souvient même plus de la raison de son pétage de plomb. Il laisse le silence s'installer tranquillement, fouille dans son sac et y trouve quelques barres de céréale. Il en tend une à Janvi et croque dans la sienne, un peu molle mais ça passe.

« T'es dans un groupe, du coup ? Tu t'en sors ? »

Noah ne peut pas s'empêcher de s'inquiéter, mais il ne veut pas non plus la harceler de questions. C'est qu'il a toujours peur qu'elle réagisse comme tout à l'heure et qu'elle le repousse, il ne sait pas vraiment comment agir. Alors il lui laisse le temps répondre, va pour prendre une gorgée d'eau – et s'étouffe un peu.

« Merde c'est pas de l'eau ! »

Il tousse Noah, il ne s'attendait pas à tomber sur de la vodka. Sa voix est un peu rauque alors il se racle la gorge tout en fixant la gourde entre ses doigts. Il fronce les sourcils, il est à presque sûr qu'il l'a remplie d'eau... ça veut dire que quelqu'un d'autre voulait l'emmerder. 50/50 c'est soit Mercy soit Onyx, ou peut-être les deux ensemble, ces connards là. Il va falloir qu'il trouve un moyen de se venger, il sourit rien qu'à imaginer leurs têtes.

« Moi je suis chez les Pirates, j'ai suivi Jason là bas... Tu sais je crois que t'as raison, j'ai pas trop grandi dans ma tête. » Il hausse les épaules, reprend une gorgée de vodka. « Mais je sais pas si je veux changer, les gens que je croise et qui ont changé, ils ne savent plus sourire. » Ses yeux regardent dans le vide, mais il se reprend et souri à nouveau. « Mais pas toi hein ! T'as un joli sourire toi ! »

Mais il regarde droit devant lui, et toi tu es à côté.

Notes ■ C'était censé être vachement plus joyeux que ça je sais pas ce qui s'est passé :cry:

Résumé:

we are friends, remember?

Le soleil tape fort sur les débris de verre.
Renvoient les éclats dans ses yeux. Janvi ne sait plus voir. Elle ne sait plus regarder.
Elle n’ose pas croiser ton regard— de peur de ce qu’elle y verrait dedans. Du rejet, du dégoût, de la haine peut-être ? Elle en a peur mais au fond,

elle aimerait qu’on la haïsse comme elle se déteste.

Elle aimerait qu’on le lui répète des centaines de fois que personne ne l’aime, elle aimerait se battre à nouveau et perdre parce qu’elle est juste faible lorsqu’elle est seule.
Elle aimerait juste rester

seule

et goûter à l’enfer qu’elle a fait subir.

Qu’elle t’a fait subir, à toi aussi.

Pourquoi êtes-vous tous prêts à lui pardonner ?
Elle ne le mérite pas. Détestez-la, plutôt, ce serait bien plus simple.

Faites la crever une bonne fois pour toutes, qu’on l’oublie, qu’on l’écrase. Qu’on se moque d’elle.

(Mais il ne faut plus y penser.

Oublier le passé. Parlons du présent, parlons du futur. Conjuguons nos verbes à d’autres temps.)

Elle n’ose pas te dire qu’elle trouve que tes dents ne sont pas si aiguisées que ça. Mais Janvi n’a jamais trouvé de logique à tous ses surnoms. Comme le sien,

comme ceux des autres

et comme le tien aussi.

(Elle renifle un peu.) « Euh, non, j’suis pas dans un groupe, » aucun d’entre eux ne voudront de moi. « Au début j’voulais aller chez les Greens mais j’connais personne là-bas alors ça m’a fait flipper et ils ont l’air super chiants. »

Maintenant— Janvi ne souhaite que trouver un endroit où personne ne la connaît.
Les Greens, peut-être que ce n’était pas une si mauvaise idée que ça. Mais Janvi est trop sale, trop mauvaise pour eux. Ils semblent si immaculés qu’elle n’oserait tacher leur image.
Elle est pourtant si obéissante

(mais trop sauvage).

(Janvi elle— a comme un petit sourire quand tu t’étouffes avec ta gourde.)

Tu sais, elle mentirait, si elle te disait qu’elle est étonnée de te savoir au sein des pirates. Elle se dit que si vous vous étiez retrouvés plus tôt, si elle n’avait pas voulu donner un coup de main à l’hôpital, si elle n’avait pas eu envie d’effacer ses erreurs passées
(si elles étaient toutes encore vivantes),
peut-être qu’elle aurait pu te suivre, là-bas.
Maintenant, ils représentent tout ce qu’elle déteste. Tout ce qu’elle ne veut plus être.

Elle les hait, tous.

(Mais elle veut bien faire une exception pour toi.)

(Elle détourne le regard, lorsque tu parles de son sourire. Elle trouve, elle, qu’il n’a rien de beau.)

« C’est chiant de changer, » elle marmonne en passant une main dans ses cheveux. « Les gens ils attendent pleins de trucs de toi alors que t’es juste paumé. Y’en a pleins qui retournent leur veste et d’autres qui comprennent pas. Tout est devenu trop sérieux ici, les gens sont relous. »

Pourtant, Janvi, elle veut tant changer. Elle a déjà changé, tu sais.
Est-ce que tu lui en veux pour ça ? Est-ce qu’elle doit arrêter, revenir en arrière ?

Elle soupire. « J’veux pas grandir, putain. » Grandir, pour quoi ? Pour finir alcoolique sur le canapé sans même un regard à une fille qui n’est pas la sienne ?

(Un peu mal à l’aise.)

« C’est comment chez les pirates ? »

Peut-être qu’il n’y a qu’eux, qui pourront dresser cet animal qu’elle est.

Résumé:

We are friends, remember ?

▼

Little Fang prend quelques gorgées de vodka régulièrement, distraitement. Comme s'il buvait du thé, il teste la chaleur, se brûle les lèvres et la langue au passage. Il est perdu dans ses pensées – c'est comme s'il pouvait sentir l'odeur de l’hôpital à nouveau.

Les mains qui tremblent. La gorge qui se sert.

Et c'est à peine s'il entend Janvi – Nugget maintenant, il devrait s'en souvenir – il se contente de hocher la tête et d'un léger sourire amusé quand elle fait la remarque sur les Greens. Il attend sagement la suite, qu'elle lui dise qu'elle est avec des amis à elle, des gens en qui elle a confiance. Mais rien ne vient. Alors Little Fang essaie de se concentrer à nouveau, sert un peu plus la gourde entre ses doigts. Et lorsqu'il relâche son étreinte, il respire à nouveau.

« …Mais du coup, t'es toute seule ? »

Sa voix sonne plus rauque qu'il l'aurait voulu. Il fronce les sourcils, le regard inquiet. Parce que c'est dangereux d'être seul.e, les connards sont pas tous morts dans la Tempête, elle devrait le savoir. et ses pensées divaguent à nouveau, il se demande si son père est encore en vie (espère que non). Il tente de rencontrer ses yeux mais elle s'est détournée. Alors il l'observe un instant passer une main dans ses cheveux, croit y reconnaître un signe de malaise – reprend une gorgée.

« Bah ! Les gens ont toujours été relous, tu devrais les envoyer se faire foutre plus souvent ! »

Bien sûr, il y en aura toujours des comme lui pour continuer à l'emmerder alors qu'elle essaye de s'en débarrasser. elle aurait été mieux sans lui.

« Moi non plus j'veux pas grandir... mais bon, c'est pas comme si on avait le choix.
Tout à l'heure, tu m'as dis que tu avais grandi, t'en avais l'air plutôt fière. »

Est-ce que c'était un mensonge Janvi ? Il comprendrait Noah, il ment souvent pour pas grand chose. C'est difficile de dire la vérité quand tu ne sais pas ce que tu penses, quand tu changes d'avis selon les personnes avec qui tu parles.
Ou est-ce que le mensonge, c'est qu'elle ne veut pas grandir ? ne veut pas changer ?

Il ne veut pas que Janvi change lui, il veut qu'elle soit toujours Janvi. Il a menti, il ne veut pas de Nugget, il veut Janvi et puis le lycée et il ne veut plus jamais aller à l’hôpital et il – reprend une gorgée, arrête de penser. Décidément, il a du mal à sourire aujourd'hui. Les paroles de Nugget résonnent un peu trop dans sa tête, parce qu'il sait au fond que lui n'a pas changé pour le mieux.

« Chez les pirates hein ? »

C'est difficile d'expliquer ce qu'il pense des pirates. Il faut dire qu'il ne s'était jamais posé la question avant, il se contente d'être l'un des leurs, il s'y sent bien. Son regard va vers le bowling.

« C'est juste, les gens avec qui je vis... y en a qui sont sympas, d'autres de vrais connards. Comme un peu partout, tu connais. Mais au moins je m'ennuie pas ! Et puis, on sait que j'aurais jamais pu être tout seul. J'ai déjà fait c'est pas pour moi ! » Il rit, sans joie – est-ce qu'elle s'en souvient ? « Oh ! J'ai une idée ! Ça te dit de venir au bowling ? Comme ça j'pourrais t'en présenter certains ? »

Il ne veut plus penser à l’hôpital, il ne sait plus si il veut grandir ou pas Noah, mais c'est sûr qu'il y a des choses qu'il aurait bien aimé oublier. Il sourit à nouveau – reprend une gorgée.

Notes ■ Okaaaaay j'ai l'impression que c'est un peu messy comme rp. Mais la tête de Fang est un sacré bordel :complot:

Résumé:

we are friends, remember?

Est-ce qu’elle est toute seule.
En voilà, une question. Elle ne saurait même pas y répondre.
Est-ce qu’elle est toute seule ? Janvi ne se sent entourée que lorsqu’elle met les pieds à l’hôpital, en de dehors de ça, il n’y a personne qui vient la voir.

Personne qui s’inquiète pour elle.

Parfois, il y a ce chevalier qui vient mais elle s’en méfie toujours. Il ne compte pas vraiment.
Elle sait que ceux qui travaillent à l’hôpital avec elle, ils doivent la détester.
Autant Eight que Diva.

Ils doivent tous être heureux lorsqu’elle repart.

Elle se pense seule, Janvi, si seule.

Elle n’a aucun ami, ce ne sont que des personnes avec qui elle parle de temps en temps, des gens à qui donner des coups de main, mais ça s’arrête là.

Pourtant— pourtant, voilà qu’elle ment. « Nan, j’reste avec des gens, souvent. »

Pas plus de détails. Pas plus de mots. C’est tout. Ce n’est pas vraiment un mensonge, c’est vrai.
Mais Janvi se sent seule avec les autres, voilà tout.

Tu as l’air de boire beaucoup, Noah. Janvi fait semblant de ne rien voir.
Parfois, c’est bien, de se conforter dans ses addictions. D’oublier le monde autour de nous et de se laisser tomber dans les facilités. C’est bien plus simple que d’affronter les problèmes et les peurs.

De s’affronter soi-même.

Alors elle ferme les yeux, sur ça. N’ose pas demander quelques gorgées aussi.

« Ouais non mais c’était juste pour me la péter, » elle roule des yeux, Janvi, prise à son propre jeu. C’était juste pour te blesser.

C’était juste qu’elle n’a pas vraiment grandi mais c’est vrai qu’elle a changé.
Si elle n’avait pas changé, alors elle t’aurait accueilli avec joie et elle t’aurait serré si fort dans ses bras. Mais de Janvi finalement— que reste-t-il ? Existe-t-elle toujours ?
Il ne reste que sa

colère

(maintenant dirigée vers elle-même).

C’est finalement avec surprise qu’elle te regarde.

« Hein ? Genre, tout de suite ? »

Elle n’aime pas les pirates, Janvi. Elle les déteste.
Elle veut les éviter, plus que tout. Mais Janvi, maintenant, elle vit pour plaire aux autres, elle vit pour qu’on l’aime, elle vit pour être ce qu’on attend d’elle. Alors rien que pour toi, Little Fang, elle veut bien faire semblant d’apprécier leur compagnie.

De faire semblant de les admirer.

De faire semblant de vouloir devenir comme eux.

Chaotiques.
Destructeurs.
Bruyants.

—Libres.

Alors elle hausse les épaules. « Ouais si tu veux. J’vais pas super souvent au bowling, en plus. Le mec qui le tient me fait un peu flipper. C’est là que tu allais ? »

Elle peut bien abandonner l’hôpital un moment, Janvi.
Ce n’est pas comme s’ils remarqueraient son absence, de toute manière.

Résumé:

» Remember to let her into your heart ♣ mandrille (UC)
» beautiful people won't remember you honey ✚ slash (fb)
» i've got friends on the other side || Salem
» [24/09] I Was Feeling Down, I Found a Nice Witch and We're Friends - Hummingbird
» Nugget ⇄ Bambi