je dois fuir ma ville et ses recoins (savoir à quoi ressemble demain) ☵ Capucine

je dois
fuir
ma ville et ses recoins
savoir à quoi ressemble
demain

Il faut
r
e
s
p
i
r
e
r
doucement, tout doucement, inspirer par le nez et expirer par la bouche, respirer comme si l’oxygène manquait, respirer comme si on avait oublié comment les poumons fonctionnaient.
Il faut. Respirer.
Respire, Janvi.
Tant que tu respires, tout va bien.
Tout va bien.
Tout va bien.
Tout va bien.

Tout
va

bien.

Il y avait eu les doutes, les tous premiers.
Ceux qu’on a chassé d’un que des idiots ici quand on avait vu des dates étranges sur les dossiers de l’hôpital. Des dates qui allaient dans le futur. Des dates qui ne correspondaient pas à celle du jour. Que des idiots, que des idiots, que des idiots qui ne savent même pas écrire une date correctement. (Elle n’avait pas corrigé les dates.)
Et puis, il y avait ce doute constant.
La température. Le soleil. Il n’y a pas eu de neige, cet hiver, pour Janvi. Il n’y a eu que le soleil qui chauffe encore et encore et beaucoup trop fort et—
Et quand elle a demandé, on lui a dit que c’était normal.

C’est normal.
C’est normal.
C’est normal.
C’est normal.
(Elle se rend compte qu’il n’y a plus rien de normal.)
C’est normal.
C’est normal.
C’est normal.
(Il n’y a jamais rien eu de normal, dès le début.)
C’est normal.
C’est normal.
(Dès qu’elle a rouvert les yeux, dans ce qu’elle pensait être un mois de novembre dévasté, il n’y avait déjà rien de normal.)
C’est
n

o

r

m

a

l.

Elle a envie de hurler.
Il n’y a rien de normal.
Elle a envie de frapper.
Il n’y a rien de normal.
Elle a envie de tout arrêter.
Il n’y a rien de normal.

Elle a quatre mois de retard.
Quatre mois de vide.
Il n’y a rien de normal.

Rien.
Rien.

Rien.

Depuis qu’elle l’a appris, Janvi erre dans les rues de cette ville qu’elle semble redécouvrir. Comme si elle venait tout juste de se réveiller, à nouveau. À chaque visage qu’elle croise, elle demande quel jour on est. Beaucoup ne savent pas. Les autres lui offrent une réponse qu’elle n’apprécie pas. Qu’elle ne souhaite pas croire.
Elle ne veut pas y croire.
Elle ne veut pas y croire.
On lui ment.
C’est une blague.

Capucine.
Toi, tu ne lui mentiras pas, pas vrai ?
Elle s’est retrouvée devant chez toi sans même y faire attention.
Capucine.
Toi, elle peut te faire confiance, pas vrai ?
Tu n’as pas l’air d’être du genre à mentir juste pour faire mal. Juste pour blesser. Parce que Janvi a si mal en cet instant, bien plus mal que n’importe quand, bien plus mal que quand elle se battait. S’il te plaît, toi aussi, ne lui fais pas plus de mal.
Ne lui mens pas.
Ne lui mens pas.

Elle toque à la porte.
Impatiente.
Impatiente.
Ouvre, vite vite vite vite vite.
Elle a besoin de réponse. Elle a besoin de prouver que tout ça n’est qu’une énorme blague. Que cette autre Green est juste une idiote mal lunée. Que tous les autres qu’elle a croisé étaient des connards qui s’amusent à la faire flipper. Que l’hôpital n’est composé que d’une équipe de bras cassés. Que la météo est totalement normale.

Lorsqu’elle voit ton visage, elle ne prend même pas la peine de sourire. « Salut. »

Elle ne te demande pas si ça va.
Ce n’est pas ce qu’elle a envie de savoir, aujourd’hui.

« Tu peux me dire quel jour on est ? »

Question qu’elle a tant de fois posée, qu’elle ne fait plus aucun sens à présent.
Ne lui mens pas, Capucine.
Dis-lui.
Dis-lui qu’on est en avril.

S’il te plaît.
S’il te plaît.
S’il te plaît.

Résumé:

je dois fuir ma ville
et ses recoins ❀
(savoir à quoi
ressemble demain)
12 août ❀ feat nugget

l’habitation
était vide aujourd’hui
il n’y avait qu’elle - elle et tout plein de papiers
elle et des IMPORTANT des URGENT et plein d’autres papiers griffonnés
et au milieu celui avec lequel elle s’était réveillé - un message de batman qui disait qu’elle était partie explorer
c’est normal après tout c’est pour ça qu’elle avait été recrutée
c’est normal après tout c’est la vie qui depuis son retour a continué d’avancer
et ça fait déjà un moment que tout est redevenu comme avant de toute façon c’est
normal
même si elle vient de se réveiller et que le soleil est déjà bien levé - qu’elle n’a aucune idée de l’heure qu’il est ni de l’heure à laquelle elle s’est endormie (épuisée)
c’est
normal
d’avoir d’ouvertes toutes les fenêtres et la porte de sa chambre elle a juste besoin de respirer
c’est
normal
et ça va aller
et elle contemple un instant l’idée d’aller ouvrir les autres portes de la maison - mais sur son mur y’a ses papiers qui captent son attention
ses projets en cours - ceux pour les greens - les plus urgents
ils
ne seront pas gentils et compréhensifs pour toujours elle
doit se dépêcher arrêter de prendre du retard avant qu’ils
ne se rendent compte qu’elle n’a vraiment plus aucune utilité
(ça a toujours été le cas mais elle a toujours fait de son mieux pour le cacher)

alors il faut qu’elle s’y mette - il faut qu’elle travaille qu’elle finisse quelque chose - mais
quelqu’un
toque à la porte
quelqu’un toque à la porte
pourquoi
est-ce que quelqu’un toque à la porte ?
qui est-ce que ça pourrait être ? quelqu’un qui vient voir comment elle va ? quelqu’un qui vient voir comment elle travaille ? est-ce qu’elle a pris tant de retard que ça ?
(et si
c’était
autre chose ?
non non non lui ne toquait pas)

doucement elle s’approche de la porte les questions toujours plus nombreuses dans son cerveau agité mais elle laisse gagner la curiosité
ouvre la porte et - peut enfin à nouveau respirer
mais juste une expiration inspiration avant de réaliser que
ça n’a pas l’air d’aller
elle écoute la question sans trop la comprendre - elle voudrait presque lui demander
pourquoi est-ce que tu viens me la poser
(mais c’est nugget et au fond capucine sait
qu’après tout elle aussi elle est juste paumée)
elle n’ose pas non plus lui demander comment elle va - elle range son inquiétude dans un coin en cherchant la réponse à la question qui lui a été posée

je- je sais pas trop, on doit être genre, le 20 à peu près ? fouille dans ses poches à la recherche de son téléphone pour lui dire la vérité ah j’ai du le laisser posé attend.
attend ? oui mais attendre plantée devant l’entrée c’est pas si sympa que ça enfin tu peux rentrer ! si tu veux. je vais chercher mon téléphone.
elle pourrait lui proposer un café aussi mais- ça n’est pas le moment de se laisser distraire et de se mettre à oublier
elle lui a posé une question et ça a l’air important alors il faut y mettre la priorité

le téléphone récupéré elle oublie pourtant un instant pourquoi elle voulait le regarder - ses yeux se perdent sur le pourcent de batterie restant (77, elle ne se rend plus compte mais elle a dû faire du vélo récemment)
avant de se souvenir - c’est vrai elle voulait regarder
la date du jour
le. … 12. août ?
elle n’y croit pas elle-même - cligne des yeux un instant ne se rend pas vraiment compte
elle pensait
être en juin ?
elle se fige un instant avant de regarder son application calendrier
tout les rappels qui ont été mis pour les jours qui ont précédés
y’a des jours de vide mais y’a pas de doute - le temps est bien passé
bien plus vite qu’elle n’a réussi à le remarquer.

petit résumé des familles :
❀ capu vient de se réveiller et elle st déjà en pls pck c juste un mode de vie chez elle à ce point
❀ elle entend toquer à la porte et le train de son cerveau l'envoie tout droit à panik city central tchou tchou
❀ mais ouf c nugget tt vas bien ah mais nn elle a pas l'air d'aller bien nugget alors tout va mal sûrement
❀ nuggs lui demande la date et elle est là "oh on doit être genre le 20 juin" ptdr pauvre enfant
❀ elle invite nugg à entrer pendant qu'elle va chercher son tel pour donner une réponse + précise
❀ elle réalise qu'on est en août et du coup son cerveau l'emmène à la frontière entre panik city central et pls ville ça va être fun comme tout ce rp dis moi donc

je dois
fuir
ma ville et ses recoins
savoir à quoi ressemble
demain

C’est le silence qui la dévore en entière, Janvi.
Elle qui est si bruyante. Elle qui ne supporte pas le vide des bruits qui se taisent.
Là, aucun mot ne lui vient. Elle te regarde, te fixe, Capucine, elle t’observe comme si elle pouvait voir la réponse dans tes yeux, comme si elle allait apparaître sur ton front. Elle te regarde, te fixe, Capucine, elle observe chacun de tes mouvements, crispée, tendue.

Les pas se font lourds lorsqu’elle entre dans ce qui est ton chez-toi.
La porte, elle la referme par simple automatisme sans même y faire attention.

C’est le silence dans la dévore en entière, Janvi.
Pourtant.
Dans sa tête.
Il.
Y.
A.
Tant.
De bruit.
Rien ne fait de sens.
Ça parle trop fort dans sa tête.
Elle n’arrive plus à se concentrer.
Elle n’arrive plus à se concentrer.
Il n’y a que toi, Capucine, et tes mouvements, qui captent son attention.
Pourtant si tu restais immobile, elle est sûre qu’elle ne pourrait plus te voir.

Et puis.
Et puis.
Et puis.

Capucine.
Capucine.
C
a
p
u
c
i
n
e
tu n’es pas une menteuse, pas vrai ?
Pourtant. Tu as les mêmes mots que les autres.
Tu as les mêmes mensonges que les autres.

« Tu mens. »

Tu mens, Capucine.
Nous ne sommes pas en août.
C’est faux.
C’est faux.

C’est
pas

vrai.

« Tu mens… »

Elle s’agite, Janvi.
Fouille dans son sac, frénétiquement.
Sort ce journal qu’elle a tant tenu, chaque jour, elle n’a raté aucune date, tout est bien écrit. Tu vois, Capucine, il y a même la date exacte de votre rencontre, sûrement, entre les pages couvertes d’écritures un peu bancales. Mais lorsqu’elle ouvre la dernière page.
Sur la dernière page.
Sur la dernière page, celle d’aujourd’hui, nous ne sommes pas le douze août.
Tu mens.
Tu mens.
Tu mens.

(Elle tremble, Janvi, si fort qu’elle est sûre d’entendre ses os claquer.)

« Pourquoi là y’a écrit qu’on est le cinq avril aujourd’hui, alors ? »

Elle.
Ne.
Peut.
Pas.
Y.
Croire.

« On est le cinq avril. »

Elle.
En.
Est.
Sûre.

« On ne peut pas être le douze août. »

S’il te plaît.
S’il te plaît.
Tu

es

forcément

celle

qui

ment.

S’il te plaît…

Et Janvi,
elle
perd

pied.

L’angoisse qui la bouffe en entier, vole sa respiration déjà incohérente, laisse le journal sur une table sans se soucier de ce qui s’y trouve déjà. Feuillette les pages. Tout lui semble pourtant si cohérent, les dates s’enchaînent, encore et encore, jusqu’à retourner aux premiers jours de novembre.
Gambit lui avait bien dit qu’on était en novembre pourtant…
Et Janvi n’a pas pu disparaître quatre mois parmi tous ses jours qu’elle a vécu ici…
On le lui aurait fait remarqué, non ? On le lui aurait dit, on lui aurait dit que ça fait longtemps qu’on l’a vue, on lui aurait dit qu’on s’est inquiété pour elle, on lui aurait dit qu’on a cherché après elle—

Non. Elle comprend, Janvi.
Elle aurait pu disparaître quatre mois, encore plus longtemps peut-être.
Et personne ne s’en serait soucié.
Personne.
Personne.
Personne.
Personne ne se soucie d’elle.
Personne.

Et toi, Capucine, tu te serais inquiétée ?
Janvi, elle n’arrive plus à penser. À respirer.
Elle attrape tes épaules.
Respire, Janvi.
R
e
s
p
i
r
e
si elle respire, tout va bien.

« Dis-moi la vérité. »

Elle dit, entre deux respirations.
Mais la vérité, Janvi, elle l’a déjà entendue.

Elle.
N’arrive pas.
À y croire…

Résumé:

je dois fuir ma ville
et ses recoins ❀
(savoir à quoi
ressemble demain)
12 août ❀ feat nugget

tu mens
tu mens qu’elle dit et oh comme capucine aimerait
tellement
le croire
c’est un mensonge c’est évident le
temps
ne passe pas
comme ça
pourtant
pourtant
pourtant
capucine
ne sait pas
(tu mens et capucine aimerait tellement
tellement
tellement
que toi tu dises la vérité)

et elle a peur capucine peur de ta réaction parce qu’elle
comprend
vous êtes un peu dans le même bateau elle et toi - le temps
le temps
le temps
ne vous attend pas

et elle regarde le journal sans trop le voir (mais elle ressent la panique dans les mouvements)
et elle écoute les paroles sans trop les entendre (mais la panique dans la voix est la première chose qu’elle réalise réellement)

et elle insiste janvi et
toujours capucine ne
comprend
pas

le
5 avril ?
c'est pas
possible
elle voudrait dire
pourtant
que
peut-être
mais
le
29 avril
on lui a dit et répété ça c'est imprégné dans son esprit sa mémoire le
29 avril comme une date entourée de rouge sur un calendrier
c'est le jour
où elle a commencé
à perdre pied
alors
le 5 avril
elle
voudrait tant pouvoir te dire janvi
que c'est peut être toi qui a raison
mais
le 5 avril
c'est pas possible.
si ils étaient le 5 avril
capucine ne
serait pas comme ça
elle pourrait dire
à peu près
quel jour on est
ne pas avoir
un doute énorme en lisant qu'ils sont en août ne pas avoir à se dire
oh ça fait que quelques semaines que je suis à nouveau là - quand bien même d'après son téléphone ça fait quelques mois
(elle sursaute quand on lui attrape les épaules
les yeux dans le vague ne voient plus rien capucine elle est
si loin)
elle voudrait te dire janvi que tu as raison
mais
je sais pas. je sais pas quel jour on est.
mais… mais c'est pas possible
on est pas le cinq avril.

je suis désolée.
je suis désolée
je suis désolée
qu’elle voudrait dire et répéter comme si
ça pouvait
tout réparer
mais elle n’y arrive pas - ça bloque dans sa gorge et capucine a
envie de pleurer
tu sais janvi elle aussi voudrait tant que ça ne soit pas la vérité
que le temps se soit arrêté - ou qu’il aie au moins ralenti pour la laisser le rattraper
et elle sait pas trop
pourquoi toi t’es perdue mais elle comprend
elle comprend si bien ce que ça fait et elle voudrait tant
que tu n’aie pas à la vivre aussi
cette sensation
d’exister en décalé
toi toi toi t’as rien fait pour le mériter
(c’est plus fort qu’elle capucine se met à pleurer)

le 5 avril
c’est une si bonne date pourtant
viens
viens
viens
s’il te plait
on remonte le temps.

petit résumé des familles :
❀ nugget : tu mens
capucine : ça se trouve oui je mens
❀ elle dissocie sévère pck panik puis bloque sur le 5 avril pck
bah
si y’a 1 truc dont elle est sûre c qu’elle s’est fait kidnapper fin avril donc
voilà

❀ panik level up (oui c’était encore possible apparement) quand nuggs lui attrape les épaules mais elle arrive à laisser échapper une sorte de phrase cohérente
❀ elle s’excuse pck évidement c sa faute si on est pas le 5 avril (?????)
❀ et puis elle se met à pleurer hein pck c pas un rp avec capucine dedans si elle se met pas à chialer au bout d’un moment

je dois
fuir
ma ville et ses recoins
savoir à quoi ressemble
demain

On n’est pas le cinq avril.
⠀⠀⠀On n’est pas le cinq avril.
⠀⠀⠀⠀⠀⠀On n’est pas le cinq avril.
Pourtant quand les yeux glissent à nouveau vers le carnet ouvert, c’est bien cette date-là qui est notée, noir sur blanc, sur le papier ligné. De novembre à avril.
Il n’y a pas un jour qui manque. Pas un seul.
Alors comment ça se fait, Capucine, qu’on ne soit pas accordé à la même date ? Que Janvi ne soit pas accordée à la même date ? Toi, tu n’es vraiment pas du genre à te foutre de sa gueule.
Pas vrai ?
Alors, comment ça se fait ?
Comment ça se fait ?
Comment.
Comment.
Comment.

À quel moment ?
À quel moment a-t-elle déraillé du véritable cours du temps ?
Au beau milieu ? À la fin ? Ou bien, au tout début, il y a déjà si longtemps ?
Tu ne sais pas, Capucine.
Ce n’est pas grave, tu sais, elle se dit Janvi qu’il est peut-être temps d’y croire, qu’il y a eu un problème quelque part, que c’est elle qui ne sait plus rien. Elle a tant oublié, Janvi, elle peut bien avoir oublié quatre mois de son existence, non ? (Mais ils seraient notés dans son journal. Mais il y aurait des traces de son passage dans les gravats. Dans les ruines.)

Capucine.
⠀⠀⠀Capucine.
⠀⠀⠀⠀⠀⠀Capucine.
Ne sois pas désolée.

Ne pleure pas.

Si tu pleures, Janvi va pleurer aussi.
Elle ne voulait pas te faire pleurer.

Elle ne voulait pas.

S’il te plaît. Tu vois, elle commence déjà à pleurer elle aussi. Il y a trop de bruit dans la tête et elle ne pense plus clairement, elle ne sait pas si elle pleure parce qu’elle s’est promis de ne plus jamais être la cause des larmes des autres ou bien parce qu’elle est réellement triste, paniquée. Elle ne comprend plus rien, Janvi.

Elle te lâche. S’assied.
(Elle ne sait même pas où. Elle ne fait pas attention. Elle pourrait s’asseoir par terre qu’elle ne s’en rendrait même pas compte. Elle doit juste se poser avant de tomber.)

« On est pas le cinq avril. D’accord. »

(Les mains qui passent sur les joues.
Dans les cheveux. Sur le visage. Sur le cou.
Mon Dieu. Que fait-on maintenant ?)
On n’est pas le cinq avril.
⠀⠀⠀On n’est pas le cinq avril.
⠀⠀⠀⠀⠀⠀On n’est pas le cinq avril.

D’un coup, ça semble évident.

« J’ai disparu quatre mois, Capucine. Et je m'en souviens même pas. J'ai disparu quatre mois. »

Comme si les prononcer aidait à s’en rendre compte, à réaliser la gravité de la situation.
Elle prend sa tête dans ses mains, Janvi, elle crise, elle lâche prise, elle se recroqueville sur elle-même et elle a l’impression que le monde chute tout autour d’elle et elle n’arrive pas à calmer les battements de son cœur, tout va trop vite tout va toujours trop vite trop vite
trop vite trop vite trop vite
⠀⠀⠀trop vite trop vite trop vite
⠀⠀⠀⠀⠀⠀trop vite trop vite trop vite
⠀⠀⠀⠀⠀⠀vite vite vite vite vite
ça tourne tout autour de sa tête rien n’a de sens et elle n’entend que les bruits des fissures dans l’être tout entier car on comprend à quel point c’est grave à quel point la tempête a tout balayé à quel point on nous a menti et les mains tremblent et le cœur tressaute et les joues sont mouillées et le ventre se tord et les frissons secouent le corps en entier et les poumons n’ont plus d’oxygène et la pièce est petite trop petite pour Janvi pourtant elle, elle n’est pas grande mais d’un coup elle étouffe elle étouffe elle étouffe et
et et et et et
et elle relève la tête.

Elle.
Inspire.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Elle.
Expire.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Elle.
Inspire.

Et elle.
Recommence.

« T’as… t’as pas genre… un stylo ? »

Ce n’est pas un stylo qui va réussir à apaiser les maux.
Non. Elle est sûre que rien n’y arrivera.
Et pour la première fois.
Pour la première fois depuis si longtemps.
Janvi veut.
Rentrer à la maison.
Janvi elle veut.
Elle veut, plus que tout.
Les bras.
De papa.

Résumé:

je dois fuir ma ville
et ses recoins ❀
(savoir à quoi
ressemble demain)
12 août ❀ feat nugget

on est pas le cinq avril
on est pas le cinq avril
cette vérité résonne en boucle - dans la pièce ou dans sa tête capucine ne
saurait dire
tout se mélange tout se confond ses sens son cerveau
sont
embrumés par la panique la réalisation que
le temps n’attend pas le temps n’attend personne
et dans un instant de lucidité on se souvient
que nugget est là
(qu’elle ne mérite pas ça)
et qu’elle parle nugget - on l’entend à peine ça bourdonne dans les oreilles
on est
le douze août
le douze août
le douze août déjà
et
j’ai disparu quatre mois
capucine
ne
comprend
pas
essaye de regarder nugget mais sa vision est bien trop brouillée - alors elle s'essuie les yeux puis les joues (tellement mouillées capucine n’avait même pas réalisé
s’être mise à pleurer)
la vision un peu éclaircie même si le reste est toujours autant embrouillé (((on est le douze août on est le douze août capucine dit c’est
quand
que t’arriveras à nouveau à suivre le cours du temps ?)))
elle la voit maintenant nugget et elle a l’air
si
petite
elle a l’air tellement petite et ça lui brise le coeur à capucine
elle
ne
mérite pas ça
elle ne mérite pas elle ne mérite pas pourquoi est-ce qu’elle doit vivre ça ?
elle a disparu quatre mois et capucine ne sait pas trop ce que ça veut dire comment l'interpréter
c’est peut-être encore un de ces mystères à élucider qui sait mais son esprit est loin bien loin de toute ces questions de toutes ces idées
tout ce qu’elle comprend c’est que nugget est perdue
et
que nugget s’est mise à pleurer
et elle devrait pas pleurer nugget elle devrait pas subir ça y’a déjà bien trop de trucs à côté qui ne vont pas
et elle voudrait l’aider capucine faire plus que simplement rester
plantée
là
((à pleurer))

t’as pas genre… un stylo ?
ça la sort de sa torpeur
même si elle
ne
comprend pas tout de suite
un
stylo ?
pourquoi
un stylo ?
mais capucine n’a pas
la présence d’esprit ou l’indécence qui sait de poser la question
des stylos
elle en a plein capucine
de toutes les couleurs de tous les décors récupérés de chez elle ou des ruines
c’est comme pour les cahiers ça fait toujours
tellement de bien
d’écrire avec une esthétique particulière pour un mood particulier
alors aujourd’hui encore elle continue à les collectionner
et elle se dirige vers son bureau pour en récupérer toute une poignée
(comme ça nugget pourra choisir)
(((comme ça peut-être que ça va l’aider)))
retourne vers nugget et
déplace quelques papiers du lit pour s’asseoir à côté d’elle
nugget elle-même est assise sur des papiers mais
c’est pas très grave
capucine voudrait seulement pouvoir l’aider

(((((elle voudrait la prendre dans ses bras pour la rassurer la consoler
mais
elle
n'ose pas)))))

t-tiens… prend ce que tu veux. (la voix encore tremblante par les larmes qui n’ont pas cessé de couler) si t’as besoin de papier, sers toi aussi.
elle ne sait même plus ce qu’elle a noté sur tout ces papiers étalés sur le lit - sûrement
des projets inachevés
des pensées avortées
des ébauches illisibles d’idées jamais continuées
elle écrit beaucoup capucine mais au final ça ne lui sert
presque jamais

mais elle ose espérer
que pour nugget ça a une véritable utilité
parce que capucine
elle veut juste l’aider.

petit résumé des familles :
❀ blablabla capucine dissocie rien de nouveau de ce côté là
❀ nugget : t'as pas un stylo ?
capucine : !!!!!!! j'ai plein de stylos !! y'en a des roses ! des bleus !! des à motifs de fleur !!! des qui écrivent violet !!!!
(et sûrement aussi dans le tas qu'elle lui a donné, des qui écrivent pas du tout )
❀ g tiré au dé pour savoir où nugg s'était assise vu que t'as laissé ça libre, du coup : elle est assise sur le lit de capu, qui est lui-même tapissé de papiers divers et variés
❀ capu lui propose d'ailleurs de se servir des papiers qu'elle veut si besoin, pck du coup mm elle se souvient pas ce qu'il y a noté sur les papiers qui trainent jpp

je dois
fuir
ma ville et ses recoins
savoir à quoi ressemble
demain

Elle ne sait plus, Janvi.
Elle ne comprend plus ce qu’il se passe, elle ne comprend plus sa vie.
Elle ne l’a jamais compris.

Tout ce qu’elle a fait, c’est suivre des soi-disant amies.
Sans se poser de questions. Sans émettre d’objections.
Alors quand elle se retrouve seule, si seule, pendant si longtemps, quand il n’y a personne pour lui dicter quoi que ce soit, pour lui expliquer, pour lui donner des ordres— Janvi fait
n’importe quoi.

Elle se demande—
si elles étaient toujours là
si elles étaient pas dans la morgue et si elles étaient toujours avec moi

Maddie, Willow,
M— Me— Meryl,
A—… Ap… ? April,
et et et
et— Mon Dieu, j’ai oublié le prénom de la dernière

mais si elles étaient toujours là
est-ce que, Capucine, je serai là chez toi
à pleurer parce que la vie ne veut plus de moi ?

Est-ce que ça irait mieux ?
Est-ce qu’elle rigolerait comme si de rien n’était, est-ce qu’on vivrait de l’insouciance dans ses lieux ?

Est-ce que Janvi aurait disparu ?
Ou est-ce que, l’une d’elles, l’une de ses amies l’aurait sauvé à temps ?
Est-ce que quelque chose aurait changé, dans son esprit confus ?

Ou bien, serait-ce comme maintenant ?

Janvi, elle prend un stylo au hasard, aujourd’hui, elle s’en fiche de la couleur de l’encre ou du plastique ou des décorations. Elle attrape son journal, raye les dates, écrit 12/08 à la place du 05/04 de ce matin, puis elle va à reculons, et elle recommence pour tous les jours sans exception.
Elle ne.
Comprend pas.
Elle ne comprend pas elle ne comprend pas elle ne comprend pas.

« Comment c’est possible ? » elle dit, sans vraiment s’adresser à toi, ou bien peut-être qu’elle souhaite une réelle réponse que tu n’as pas.

(Les larmes tâchent l’encre qui couvre les pages du carnet— simples listes des tâches effectuées, dénuées de tout sentiment, juste pour essayer de garder un semblant de mémoire.)

« C’est juste pas possible, c’est… fin… je veux dire… comment… »

Je l’aurais vu dans le miroir.
On change beaucoup en quatre mois, non ?

Elle quitte les dates du regard, obsessionnelles, pour t’observer, Capucine. « Genre… si j’ai disparu, pendant quatre mois… pourquoi je m’en souviens pas ? Pourquoi c’est pas écrit là ? J’ai tout écrit… tous les jours… depuis no… novembre ? » (elle n’est pas sûre— c’est vrai qu’il faisait déjà si beau, si ensoleillé, la première fois qu’elle s’est rendue à l’hôpital). « Et pourquoi, pourquoi tous les gens que j’ai rencontré, ils me l’ont pas dit… »

Pourquoi.
⠀⠀Pourquoi.
⠀⠀⠀⠀Pourquoi.

« Je veux dire j’allais presque tous les jours à l’hôpital, si d’un coup, je viens plus pendant quatre mois, on me l’aurait dit, non ? On m’aurait fait une remarque… »

Elle te le dit à toi, Capucine, comme si tu avais les réponses à ses questions, comme si tu avais la solution.
Mais Janvi, elle sait très bien, qu’elle ne trouvera rien.
Que toi, tu n’y es pour rien.

Elle reprend le carnet, au tout début.
Au mois
de novembre.
La toute première date.
Les toutes premières actions.

— j’ai cherché après mon chat
— je suis allée à l’hôpital

Elle pose son doigt, sur la date. 04/11. « On m’a dit… on m’a dit qu’on était en novembre, c’est quelqu’un qui me l’a dit, ce jour-là… je m’en souviens. »

Elle a un doute sur le jour, Janvi— mais ce ne sont que quelques jours de doute et pas quatre mois.

« Tu penses que c’est possible, toi ? »

Elle ne sait pas réellement ce qu’elle te demande, là.
Si c’est possible d’avoir disparu quatre mois.
Ou si c’est possible d’être en novembre à cette date-là.

Elle ne sait plus, Janvi. Elle ne sait plus ce qu’elle veut savoir.
Elle ne sait plus.
Elle ne sait plus.
Elle ne saura jamais.

Résumé:

je dois fuir ma ville
et ses recoins ❀
(savoir à quoi
ressemble demain)
12 août ❀ feat nugget

et ça fait mal
ça fait mal de voir nugget comme ça- on voudrait tant
la prendre dans ses bras
maison n’ose pas -- et on ne
peut pas
on ne peut pas parce qu’elle a besoin
de temps
c’est ironique vraiment - d’avoir besoin de temps pour comprendre
à quel point on en a perdu
pourquoi on l’a perdu
pourquoi ?
pourquoi est-ce que, elle, ne s’en souvient pas ?
capucine elle elle comprend, pourquoi elle passe à côté
pourquoi en un clignement des yeux il y a déjà de longues minutes qui se sont écoulées
elle comprend qu’elle n’a jamais été à sa place qu’elle a toujours
été
de trop ou pas assez
et c’est sûrement normal c’est sûrement normal c’est sûrement mérité
mais nugget
nugget
elle n’a rien fait rien fait d’autre que son mieux capucine le sait c’est une évidence nugget
ne devrait pas pleurer

mais capucine ne sait pas comment l’aider
ne le peut pas (elle en est persuadée)
se contente de la regarder au travers ses propres larmes qui ne cessent de couler
comment c’est possible ?
la question ne lui est pas destinée elle le sait et
c’est tant mieux dans un sens car elle n’en a
aucune idée
c’est un mystère - sûrement un de ces mystères capables de piquer sa curiosité
mais pourrait-elle vraiment prétendre enquêter sur ce sujet ?
elle n’est
que capucine après tout
déjà difficilement capable de terminer dans les temps des projets concrets

pourtant elle l’écoute attentivement
écoute ses pourquois sans connaître les comment
et elle a raison nugget ça n’a
pas réellement de sens
et elle refuse de croire capucine
que nugget aurait pu disparaître des mois sans que personne ne dise rien
il y a forcément quelqu’un qui l’aurait vue, à qui elle aurait manqué, qui à son retour aurait célébré
(pourtant il lui manque bien quatre mois
alors quoi qu’il en soit
elle a bien disparu sans que personne ne l’aie remarqué)
alors peut-être
qu’elle a disparu avant l'hôpital, avant novembre ?
mais
mais
il y a gambit à l'hôpital, est-ce que gambit lui aurait menti ?
tu penses que c’est possible, toi ?

je…
pourquoi est-ce que gambit n’aurait rien dit ?
je ne sais pas.
pour la préserver ? gambit, gambit elle sait toujours ce qu’elle fait
ils t’auraient dit…
c’est obligé, par des temps pareils quelqu’un se serait inquiété
c’est impossible que personne ne l’ai remarqué
sauf si…
… c’était avant novembre…
c’est murmuré juste pour elle-même - mais ça
a du sens
qui t’a donné la date ?
parce qu’en y réfléchissant, capucine est restée à l’hôpital un long moment
elle ne sait plus trop combien de temps c’est vrai mais
si nugget avait été là aussi elle l’aurait remarquée
c’est obligé - et si pas elle alors quelqu’un d’autre c’est
obligé
capucine refuse d’accepter que et le temps et les gens puissent simplement
lui passer à côté

petit résumé des familles :
❀ elle trouve la façon dont la vie traite nugget hyper injuste et voudrait trop la consoler mais s'en pense incapable
❀ en vrai cette histoire pique sa curiosité de OUF mais encore, trop déprimée pr se penser capable d'aider (par contre elle a enfin arrêté de pleurer )
❀ elle y réfléchit quand même, et part sur la bonne voie en vrai en se insinuant que nug a pu disparaitre avant novembre, simplement pck capu refuse catégoriquement d'accepter la possibilité que personne a remarqué l'absence de nugget

je dois
fuir
ma ville et ses recoins
savoir à quoi ressemble
demain

Les dates.
Étalées sous ses yeux.
Fausses.

Fausses fausses fausses.

Il n’y a rien de vrai dans ses pages. Aucune date n’est à sa place. Mais à partir de quand ? À partir de quand a-t-elle disparu ?
Le quatre novembre est-il vrai, ou n’est-il qu’un mensonge, lui aussi ? Pourquoi personne ne l’a remarqué ? Surtout elle ? Comment peut-on

être aussi
aveugle.

Comment.
Comment.
Comment.
Comment.

Ça n’a aucun sens.

Pas vrai, Capucine ?

Ça ne fait aucune sens oh tu ne le montres pas mais tu dois trouver qu’elle est bien étrange, Janvi, tu dois trouver qu’elle raconte n’importe quoi et que ses mots ne veulent rien dire, qu’elle n’est qu’une folle folle folle qui perd la boule parce que

c’est la seule raison ?

Il n’y a pas d’autres raisons que la folie pour expliquer ce trou ?
Pourquoi tu ne lui dis pas clairement qu’elle est folle ?
C’est évident.

Si évident.

Il y a les picotements au bout des doigts. Les frissons dans la nuque. Un peu d’étoiles dans les yeux, au travers du flou des larmes. Un peu de sel sur la langue.

Elle tremble, Janvi.

Elle chasse les larmes du dos de sa main, pour regarder la première page, la toute première page.

« Euh… c’était une infirmière… » elle se frotte le front, puis la nuque, puis les doigts, agitée. Un instant pour réfléchir. « Elle s’appelait… Gambit, je crois. Un truc du genre. »

C’est ça, non ?

Tout s’embrouille.

(Elle serre le stylo entre ses doigts.) « C’est elle, elle m’a dit qu’on était en novembre… fin c’est moi qui lui ai demandé et elle a juste confirmé… »

Mais quand elle y repense—

c’est vrai qu’il faisait trop chaud pour un mois de novembre et que la nature commençait déjà à accueillir le printemps et qu’il y avait ce

malaise

si grand malaise

quand elle lui a dit qu’on était bien en novembre.
Janvi aurait dû le voir. Elle aurait dû le remarquer. Dès le début.

(Elle renifle.) « Mais, euh… si elle m’a menti, alors là, » elle montre le quatre novembre, « on était déjà en… en, euh, » elle compte les mois sur sa main, « mars ? En mars ? »

Un coup de stylo et le 11 devient un 03.

Est-ce que c’est ça ?

Ou bien, est-ce autre chose ? Que s’est-il passé, exactement ? Où est passé novembre décembre janvier et février. Où sont passés ses mois-là ?

« J’me souviens pas de la tempête, je me souviens de rien… le plus loin que je me souvienne, c’est ici, » elle montre encore la page du quatre ~~novembre~~ mars.

Et si la tempête n’était jamais passée chez elle ?
Et si la tempête, au contraire, était passée bien trop fort ?

Et si…
et si elle était

morte morte morte morte morte ?

Non, son cœur bat encore, elle se sent, il bat si fort, rien qu’à cette pensée.
Elle ne peut pas…

Elle ne peut pas être morte ?
Sinon, comment se tiendrait-elle à tes côtés ?

Comment…

« Ça n’a aucun sens… »

Elle murmure finalement. Pose le carnet et le crayon. Prend sa tête entre ses mains.

« Le phare il vole dans le ciel, et les baleines aussi, et moi je disparais pendant quatre mois, je sais pas comment. Ça a même pas l’air surprenant, en fait… »

Peut-être est-ce ça le pire.

Résumé:

je dois fuir ma ville
et ses recoins ❀
(savoir à quoi
ressemble demain)
12 août ❀ feat nugget

gambit
c’est bien gambit qui lui a répondu c’est bien
faith
qui lui a dit
novembre
alors ça devrait être vrai ça devrait être vrai pourtant
elle a juste confirmé
elle a juste confirmé alors alors alors
elle a menti pour la protéger ?
pour la préserver
de la réalisation
qu’elle a disparu
quatre mois
et maintenant c’est capucine qui la regarde le réaliser et elle aimerait tant pouvoir faire quelque chose pour l’apaiser
elle ne peut que la regarder se décomposer et ça fait
mal
mal
mal
de la voir comme ça
elle ne mérite pas d’être dans cet état là
quatre mois
comment est-ce que ça peut arriver ?
en vérité capucine ne saurait pas trop dire non plus ce qu’elle a fait, ces quatre derniers mois
mais
elle reste vaguement persuadée que d’autres personnes pourraient répondre pour elle à cette question
même si elle ne s’en souvient pas
elle sait qu’elle était là
mais nugget
comment
ça a pu lui arriver ?

ça n’a aucun sens
c’est bien vrai et
c’est vrai également que le paranormal est de plus en plus fréquent
alors
ça n’a pas l’air surprenant.

ça n’est pas surprenant ?

ça devrait
être surprenant
il ne faut pas juste l’accepter et le mettre de côté il faudrait
en parler et enquêter (et surtout capucine devrait le noter avant de risquer d’oublier)
mais
ça n’est pas le moment - les réponses peuvent attendre nugget
est la priorité
même si
capucine ne sait pas
comment l’aider

timidement elle pose sa main dans son dos
(n’ose pas la prendre dans ses bras
mais elle aimerait tellement pouvoir
la réconforter)
je suis contente que tu sois là maintenant.
je
je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais…
ça va aller - elle n’ose pas le dire
mais
elle espère sincèrement que c’est la vérité.

petit résumé des familles :
❀ mtnt capu est sûre, nugget a disparu en novembre (mais pk ????? faudrait peut-être enquêter) (spoiler elle a vrmnt envie d'enquêter mais elle va juste oublier jui dsl)
❀ elle est aussi sûre qu'elle ne saurait pas consoler nugget en vrai mdr MAIS elle tente qd mm des petits mots réconfortants écoute

(en vrai de vrai g écrit ce rp hier et g oublié d'écrire le résumé, et là il est 3h du mat jui éclatée et je me souviens plus ce qu'il se passe en détail ?????? mais voilà c les grandes lignes jpp g fait un vrai résumé pour une fois)

je dois
fuir
ma ville et ses recoins
savoir à quoi ressemble
demain

Est-ce qu’on peut mourir et revenir à la vie, des mois plus tard, comme si rien n’était arrivé ? Ce n’est pas possible, pas vrai ? Ce n’est pas possible.
Mais qu’est-ce qui n’est pas possible, dans cette ville, exactement ?
Qu’est-ce qui n’est pas possible alors que le phare vole dans le ciel, que la plage est recouverte de dessins étranges, qu’on retourne en arrière lorsqu’on touche les murs invisibles qui nous enferment ?

Qu’est-ce qui n’est pas possible ?

Tout est possible.

Si les baleines volent dans le ciel, alors

alors alors

alors les filles peuvent mourir et revenir à la vie.

Ce serait

l⠀o⠀g⠀i⠀q⠀u⠀e.

Ce serait

p⠀⠀o⠀⠀s⠀⠀s⠀⠀i⠀⠀b⠀⠀l⠀⠀e.

Janvi est
morte morte morte enterrée peut-être incinérée ou même juste en train de pourrir sur la maison écroulée.

Elle regarde ses mains.

Les cicatrices claires qui parcourent la peau.
Ses fantômes de blessures qui parsèment ses bras et ses jambes.
Les brûlures de ce premier novembre qui n’existe plus dans sa tête.

C’est évident ?

Elle est morte c’est évident ?

Elle

doit trouver son corps.

Elle n’est qu’un fantôme, une pâle copie, une coquille vide.
Son cœur bat mécaniquement, c’est une illusion, juste une illusion, elle est morte morte ~~morte~~ Capucine tu parles à une morte ce n’est pas possible autrement elle est morte comme le reste de sa famille elle est morte et elle l’a mérité cette réalité est un mensonge sa vie est un mensonge tout est un mensonge dis Capucine est-ce que tu as remarqué qu’elle est morte ou est-ce que tu fais semblant pour ne pas la bousculer comme l’infirmière ?
Dis Capucine est-ce que c’est possible d’être un fantôme avec le cœur qui fait mal et les fourmis dans le bout des doigts ?

Dis Capucine, est-ce que ce n’était pas un rêve tout du long ?
Est-ce un purgatoire ?

Êtes-vous tous morts ?

morte morte morte morte morte morte morte MORTE morte morte morte morte morte morte morte morte morte morte morte morte morte morte morte morte morte MORTE MORTE MORTE MORTE—————— Capucine—

Elle te regarde d’un air absent.

Capucine.

Personne n’a jamais été heureux qu’elle soit là. Personne. Et regarde, elle t’a dérangé, elle t’a fait pleurer, elle t’a même insulté de menteuse, pourquoi tu es heureuse qu’elle soit là ? Pourquoi ? Ça n’a pas de sens— mais rien n’a de sens à Arcadia.

« C’est… c’est arrivé c’est tout, je… est-ce que… ça sert à quelque chose d’essayer de trouver pourquoi ? » c’est vrai, est-ce que ça sert à quelque chose ?

La vérité est trop cruelle.
Elle est morte, c’est tout. Il n’y a pas besoin de voir plus loin.

Pourquoi la vie lui a-t-elle donné une deuxième chance ?
Elle ne la mérite pas.

Elle aurait dû rester MORTE et ne jamais revenir à la vie.

Et tout le monde aurait été heureux.

(Elle renifle.) « Dis… dis la vérité, tu crois que je suis morte ? C’est… c’est pas un rêve, hein ? »

Dis, Capucine.
Si tu es heureuse qu’elle soit là, alors ce n’est qu’un rêve. Personne ne veut d’elle. Personne.

(Dis, tu crois qu’elle a eu le droit à des funérailles ?)

Résumé:

je dois fuir ma ville
et ses recoins ❀
(savoir à quoi
ressemble demain)
12 août ❀ feat nugget

est-ce que
c’est utile
de répondre aux pourquoi ?
oui
⠀⠀oui
⠀⠀⠀⠀oui
qu’elle devrait répondre sans hésiter
parce que
c’est toujours comme ça qu’elle a fonctionné
elle est
une spirit hunter
parce qu’elle est pleine de curiosité
parce qu’il y a toujours
une réponse
aux questions même les plus étranges qu’on puisse se poser
c’est
obligé
tout
a
un sens
⠀⠀⠀⠀même quand il défie les lois de la réalité
alors oui
bien sûr
que ça a une utilité
qu’il faut
chercher enquêter
même si ça sera certainement
difficile à trouver
il faut une réponse à ce pourquoi
comme ça nugget pourra continuer à avancer

mais

elle ne
répond
pas

parce que capucine
capucine elle-même a déjà trop de pourquoi
dont la réponse n’a jamais été trouvée
capucine capucine
ça fait
⠀⠀des mois
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀qu’elle n’avance pas

(elle l’entend renifler et ça la sort de ses pensées)
elle aimerait tant
ne plus jamais
voir nugget pleurer
sa main toujours dans son dos se sert un peu contre son haut
(mais
capucine
ne saurait rien faire de plus
elle en est persuadée)
ce n’est pas un rêve.
ce n’est pas un rêve c’est tout ce qu’elle peut affirmer
le reste
le reste
elle n’en a
pas la moindre idée
mais
tu es en vie.
elle veut vraiment y croire - parce que
les esprits
c’est intangible pas vrai ?
même si on peut
les voir et les entendre on ne peut pas
les toucher, si ?
est-ce qu’ils pourraient vraiment
à ce point continuer à exister ?
dans un sens
d’une manière ou d’une autre… tu es vraiment là.
doucement lâche son haut et glisse sa main sur son épaule
une façon sans le dire de rajouter
je suis là avec toi.

petit résumé des familles :
❀ capucine est tjrs aussi duper dans la vie mais elle sent la détresse de nugg et vraiment ça lui brise le coeur
❀ elle est à deux doigts de lui faire un câlin (elle m'énerve elle ose pas è_é) mais elle se contente d'un petit squeeze sur l'épaule on va dire c déjà ça
❀ "t'es bien là je te promet sinon ça voudrait dire que jui pas vraiment là non plus........... ........... nn c bon ça suffit un peu les crises existentielles dans ce rp"

je dois
fuir
ma ville et ses recoins
savoir à quoi ressemble
demain

C’est

horrible comme sensation.

L’angoisse coule le long de son dos.

Elle a l’impression que ses mains se liquéfient.
Qu’elle est coincée dans un rêve sans fin. Sans pouvoir se réveiller.
Qu’elle n’est qu’un dessin sur une page trop blanche.
Qu’elle est coincée entre deux cases d’une bande dessinée.
Que sa vie n’est qu’un film qui se joue en boucle.
Qu’elle n’est pas

vivante,

que la réalité
n’est pas réelle.

C’est horrible.

C’est horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible horrible et elle étouffe elle ne sent plus l’oxygène dans ses poumons et la tête tourne un peu.
Elle tourne les pages de son journal, comme pour s’y raccrocher, sentir le papier sous ses doigts, sentir les coins, entendre le papier.

Se raccrocher dans la réalité.

Ta main qui se serre dans son dos.
Une ancre dans cette mer trop sombre trop trouble trop agitée.

Ce n’est pas un rêve.
Ce n’est pas un rêve.

Elle est en vie.
Elle est en vie.

Capucine, tu n’es pas une menteuse.
Tu lui dis la vérité depuis le début. Alors Janvi, elle a envie de te croire.
Pourtant tout se trouble dans ses yeux, tout semble n’avoir que deux dimensions, ses mains ne sont pas les siennes et tout se fait trop lourd sur ses épaules. Pourtant elle a encore du mal à se raccorder à la réalité.

(Pourtant les larmes se sont calmées.
Et la respiration s’est adoucie.

Elle tremble, si fort.)

Ta main sur son épaule. Nugget reste immobile.
Ne sait pas quoi faire.
Ne sait plus bouger.

Elle ne peut que
respirer respirer respirer.

Apprécier le battement de son cœur dans ses tympans.

(Elle se recroqueville, Janvi. Serre les bras autour de son corps.
Baisse les yeux.

Respire respire respire.)

Elle a pris une inspiration. « OK. D’accord. Oui, d’accord… »

Laisse couler le regard sur les mains, les cicatrices.

Elle est en vie.
Elle est en vie.
Elle est en vie.

Elle doit s’en convaincre.

« Ça, euh… ça te dérange pas si je reste un peu ici ? »

Parce qu’elle n’est pas sûre de pouvoir se lever et marcher.
Parce qu’elle n’est pas sûre de vouloir rester seule pour le restant de la journée.

Ah, pardon, si elle te gêne. Pardon vraiment.
Elle est fatiguée.

Fatiguée d’elle-même.

Résumé:

je dois fuir ma ville
et ses recoins ❀
(savoir à quoi
ressemble demain)
12 août ❀ feat nugget

elle est
si petite janvi - trop petite elle
devrait se tenir fièrement ; briller
étinceler
elle en a tant les capacités
(elle ne devrait pas
être comme capucine elle
ne devrait pas être si fragile si brisée
((elle mérite
tellement mieux))
⠀⠀((elle mérite de
⠀⠀⠀briller
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀briller
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀briller))
et capucine attend
parce qu’elle sait
elle sait
à quel point
c’est difficile
de vivre ⠀⠀⠀⠀⠀sans se sentir réellement exister
et elle attend (voudrait la serrer dans ses bras)
mais elle attend
et puis janvi inspire et capucine respire (elle aussi)
⠀⠀((elle emphatise tant qu’elle s’oublie))
et puis janvi demande si elle peut rester ici
et
capucine
ne réagit pas tout de suite (un peu trop déconnectée) mais elle sourit
bien sûr.
bien sûr qu’elle dit avant de réaliser
que l’endroit n’est pas vraiment en état d’avoir une invitée
qu’elle devrait lui faire un peu de place (il ne faudrait pas l’étouffer)
alors elle se lève (se force à rester calme il n’y a
pas de raisons de paniquer)
il faut juste un peu s’organiser ; ramasser les papiers qui trainent sur le lit et les stylos qu’on vient d’y poser
(ne pas oublier
de respirer)
tu- tu peux t’allonger si tu veux. ou si tu veux à boire, ou à manger, je peux t’apporter !
elle doit sûrement (certainement) encore avoir des rations qu’elle n’a pas mangées
qu-quoi que ce soit. je suis là.
elle est là
pour aujourd’hui, et pour demain peut-être aussi
et pour après encore elle l’espère - mais elle sait qu’on ne sait jamais
ce que nous réserve la vie.

petit résumé des familles :
❀ capu trop contente que nugg veuille rester en vrai ça veut dire qu'elle peut essayer de prendre soin d'elle !!!! mm si elle sait pas du tt faire
❀ légère panique pck ohlla c le bordel 1 peu dans la pièce qd mm c pas digne de recevoir une invitée ça en fait

je dois
fuir
ma ville et ses recoins
savoir à quoi ressemble
demain

Elle ne veut plus y penser.
Elle ne veut plus y penser, Janvi. À son cadavre qui doit être probablement quelque part dans cette ville, déposé là par la tempête et cette carcasse n’est plus la sienne. Une réincarnation, peut-être ? Les fantômes d’Arcadia Bay sont-ils différents des fantômes que l’on pense connaître ?
Non, elle ne doit plus y penser.
⠀⠀⠀⠀⠀Il ne faut pas. Y penser.
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀Il faut se vider la tête.
Se concentrer sur sa respiration ou peu importe ce qu’il se passe dans son corps.

Juste se concentrer sur autre chose.

Au fond de la tête,
⠀⠀⠀du brouillard de ses pensées, Janvi elle a des souvenirs qui remontent un peu.
Des angoisses qui prennent alors qu’on était si petite.
Assise en haut des escaliers à essayer de ne pas écouter la télévision.

Des angoisses qui n’ont pas de sens.
Qui viennent de nulle part.
Qu’on oublie rapidement.
Qu’on cache dans la lumière jaune du couloir.

Parfois, elle se souvient, des bras qui serrent fort fort fort.
Elle ne se souvient pas du visage.
Elle se souvient de son imagination trop grande.

Des peurs d’enfant.

Des peurs qui sont pourtant trop grandes.

Au point de ne plus savoir respirer.

Janvi pensait
⠀⠀⠀que ses angoisses s’étaient réveillées avec la tempête.
Elle ne se souvient pas avoir la sensation d’étouffer au collège ou au lycée. Elle ne se souvient pas de ses peurs lorsqu’elle était entourée de ses amies. Elle ne se souvient pas de ses crises d’angoisse même lorsque que beau-papa s’énervait.
Elle pensait juste— que c’était un effet secondaire du traumatisme laissé par la tempête.
Malgré tout ce que la tempête a sauvé pour elle.

Mais Janvi se rend compte

que c’est un problème

qui date depuis bien plus longtemps.

Depuis si longtemps.
⠀⠀⠀Comment ne l’a-t-elle pas remarqué avant ?

Et pourquoi se laisse-t-elle bouffer par ça, maintenant.

Maintenant qu’elle est enfin libre.

Capucine, tu penses que c’est normal ? Tu penses que ce serait cette liberté qui lui fait si peur en réalité ? Elle ne sait pas Janvi, elle ne sait plus rien, en fait elle ne sait même pas pourquoi elle y pense maintenant. Oublier son cadavre qui gît dans un coin en se faisant peur avec d’autres angoisses, n’est-ce pas idiot.

Elle est rassurée lorsque tu acceptes.
Janvi— a l’impression de devenir folle et elle

n’a nulle part où aller.

Elle ne veut pas retourner à l’hôpital.
Elle ne veut pas passer sa journée toute seule dans sa cabane dans l’arbre.
Elle ne veut essayer de trouver une connaissance pirate qui a une voiture.

Elle n’a nulle part où aller, dans cette ville.

Pardon, elle ne peut que rester ici.

« Merci. Je crois… je crois que je vais essayer de dormir un peu. Je suis fatiguée… »

Et elle ne veut plus penser. Elle ne veut juste plus penser.
En fait, elle ne sait même pas si elle serait capable de s’endormir. Mais elle n’est capable de rien d’autre.

Elle te regarde sans te regarder, quand tu ramasses les papiers et les crayons et puis elle s’allonge simplement dans ton lit. L’impression d’être de trop, l’impression de prendre tellement de place, l’impression de te gêner malgré tout ce que tu as dit.

« Pardon, je voulais pas te déranger, je crois que..., » elle ne sait pas, elle ne sait pas ce qu’elle veut dire, tout se brouille—, « enfin, je suis désolée… c’est, c’est pas agréable ce qu’il vient d’se passer et je, je, je… je voulais pas t’embêter. »

Elle prend trop de place.

« Pardon. »

Elle répète, sans savoir quoi ajouter, sans savoir comment s’exprimer.

« Tu pars pas, hein ? »

(Elle ne te regarde pas.)

Résumé:

» savoir rester impassible aux appels de la ville ☵ Focus
» c'est pas demain la veille que j'maudirais le soleil ⚡ pollywog
» [END] Fuir le temps - Ft. Blackbear
» fuir l'ennui juste un instant ☵ Mojito
» si je dois tomber, que ma chute soit lente // ocho