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comes and goes (in waves) — SOLO

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Sam 13 Fév - 15:28
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LIGHT&MOTIONS
Trois cartons de pizza, ouverts, éventrés, vidés. Une canette de boisson énergisante gisant sur le flanc, trois autres debout à ses côtés. Plus loin, les doigts d’un garçon aux cheveux bleus tapotaient maladroitement les cordes d’une guitare accoustique dans une tentative de tapping discutable. La nuit avait englouti les alentours de son obscurité, et une dizaine de jeunes avaient profité de cette apparente solitude pour bâtir un camp de fortune à l’orée d’une forêt dépareillée par les bipèdes.
Allongé contre une buche massive, Lucjuzs observait ses amis. Le trop plein de substances ingurgitées avait forcé son corps à épouser la solidité rassurante du bois. Ils avaient tous profités de la dernière victoire de Corvin en championnat pour organiser un séjour ailleurs tous ensemble, probablement un des derniers avant leurs examens. Leur ailleurs n’était pas éloigné de leur ville, mais l’obscurité et l’impression de solitude suffisaient à leur donner l’impression qu’ils étaient seuls au monde.
Lucjusz appréciait cette sensation. La terre tournait encore autour de lui, mais il ressentait un sentiment de sérénité et il soufflait par le nez un rire muet à chaque fois que quelqu’un inventait une nouvelle acrobatie —pour certains, l’acrobatie était verbale ou mentale, alors qu’ils se lançaient dans des débats et des conversations dont Lucjusz ne retenait que quelques mots. Son regard se posa sur Corvin, qui riait à côté d’une fille aux longs cheveux noirs. Il aurait voulu se lever pour s’installer à leurs côtés mais son corps lui sembla trop lourd, si bien qu’il ne put qu’être témoin de la scène. Corvin avait un bras autour des épaules de la fille. Lucjusz ne la connaissait pas très bien, elle lui avait été présentée la veille uniquement et il avait accepté sa présence avec eux comme il le faisait tout le temps. Il observait les doigts de Corvin, sertis de bagues argentées, se refermer sur l’épaule de la brune. Une douleur familière creusa son estomac. Le brun était gentil avec tout le monde. Ses lèvres découvraient ses dents blanches en un sourire chaleureux dès que quelqu’un lui adressait la parole, et Lucjusz savait que tout le monde prenait cette chaleur pour une marque d’attention, d’affection. Ils avaient tort, parce qu’il savait que les yeux de Corvin se posaient sur lui lorsque personne ne regardait. Sa gorge nouée, il tenta de se redresser. Gestes fébriles, regard qui se perd comme s’il n’arrivait à s’accrocher nulle part.

La vision de la petite bête sans défense réveilla des instincts maternels, et Daria s’accroupit à côté du blond pour l’aider. Daria était probablement son amie la plus proche, c’est ce que Lucjusz aurait pu dire si toutes ses pensées n’étaient pas monopolisées par son affection envers Corvin. Il oubliait de qualifier, d’apprécier le reste de ses relations. Il la trouvait pourtant jolie. Au contraire de Lucjusz, dont les traits durs contrastaient avec sa naïveté et cette sorte d’innocence qui l’enfermaient dans son monde, Daria avait des traits doux, presque enfantins. Elle observait les autres de grands yeux ronds, mais s’exprimait avec une voix rauque, un peu brute, qui semblait pénétrer au plus profond du coeur de chacun, avec des conseils avisés et des remarques attentives.
— Eh, viens avec moi, faut que tu boives un peu d’eau.
Elle tenta d’accaparer son attention alors qu’il tournait déjà la tête vers Corvin, posa une main sur sa joue pour le forcer à la regarder elle. Si Lucjusz avait été un peu plus sobre, un peu plus lucide, il aurait probablement compris que Daria lisait en lui comme elle lisait en Corvin ; elle savait que tout n’était qu’un château de cartes, que la seule personne qui tentait de le maintenir debout était Lucjusz tandis que Corvin soufflait dessus par inadvertance, comme si le château avait été invisible —il l’était probablement pour lui.
Ils avaient quitté le groupe bruyant pour s’asseoir à côté d’une petite rivière. On entendait encore les éclats de voix un peu plus loin, mais elles étaient cette fois repoussées par l’écoulement de l’eau. Daria avait apporté une gourde d’eau froide, qui gela les doigts du garçon alors qu’il engloutit plusieurs gorgées d’eau. Elle l’observe du coin de l’oeil, comme si elle n’osait pas tout à fait tourner la tête vers lui. Elle semblait nerveuse, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Lucjusz était juste assez lucide pour sentir que quelque chose n’allait pas, il fronça les sourcils, trébucha sur ses mots comme si sa langue avait été nouée.
— Tu p- v- pa-… oh, putain. Tu vas pas bien ?
Sa tête était lourde et il finit par laisser son dos tomber avec légéreté contre le sol. Une pierre lui rentrait dans le dos mais il ne trouva pas le courage de se relever. Les lèvres pâles de Daria restèrent collées un moment, ses doigts se glissèrent sur la main de Lucjusz. Habituellement, il aurait retiré sa main, mais il n’en fit rien. Le malaise emplit le haut de son torse et il se redressa maladroitement, son regard noisette se fit plus insistant envers son amie. Elle prit une grande inspiration, Lucjusz crut que les mots suivraient, mais un soupire les remplaça finalement. Le silence écrasait le coeur du garçon, il libéra sa main et tira lentement sur la manche de Daria, comme si le geste actionnerait quelque chose. Les mots libérés.
— Corvin m’a dit… qu’il partait aux Etats-Unis après le lycée. Il m’a dit de pas te dire, mais je trouvais ça vraiment naze de sa part.
Il n’avait pas besoin d’être sobre pour comprendre la gravité de ces mots. Trois secondes s’écoulèrent dans un silence déchirant, et le coin de ses lèvres s’abaissa en soubresaut ridicules. Il n’était pas trop sûr de savoir pourquoi il pleurait autant, si c’était parce que Corvin n’avait rien voulu lui dire —ne voulait-il pas l’inquiéter ?— ou si c’est parce qu’il avait décidé de partir loin de lui. Il tenta de se faire taire en plantant ses dents dans sa lèvre inférieur mais des sanglots hideux s’échappaient de sa bouche sans qu’il ne puisse les contrôler. Daria renifla à côté de lui dans une vaine tentative de refouler sa tristesse face à la détresse de son ami, glissa sa main froide dans la nuque du garçon comme si elle avait besoin de ce contact physique pour se donner l’impression d’être assez présente pour lui. Elle savait pourtant que ça ne suffirait pas, et il lui suffisait de voir les larmes de Lucjusz s’écraser sur des pierres par terre pour en être certaine. Elle se risqua à quelques mots, les mots risqués, dangereux, les mots qui détruisent, que Lucjusz refusait de laisser entrer dans ses oreilles.
— Il t’aime pas, Luz.

La pierre avait été jetée par terre, à quelques mètres de Daria. Il l’avait jeté, espérant ainsi lui faire comprendre qu’elle parlait trop. Ils n’avaient pas entendu les mots doux, ils n’avaient pas vu la main de Corvin se glisser dans les cheveux de Lucjusz affectueusement six mois de celà. Il aurait voulu crier sur Daria, lui dire de se taire, qu’elle n’en savait rien, qu’ils ne savaient rien. Qu’ils étaient jaloux, parce que Corvin l’avait choisi lui. Il l’avait déjà dit, mais cette fois les mots ne sortaient pas. Corvin avait décidé de l’abandonner en silence. Il se leva, son bomber lui tombait des épaules et il la rabattit correctement dans un geste rageur. Il manqua de s’étaler de tout son long alors qu’il trébucha sur une pierre, cherchant à s’éloigner de la rivière. Son coeur semblait un peu trop lourd, un peu trop vide à la fois, c’était une sensation qu’il ressentait souvent, mais cette fois la réalité des faits donnait un peu trop de poids à la douleur qui monopolisait tous ses sens. Ses oreilles bourdonnaient. Un poing désespéré s’écrasa contre le tronc d’un arbre, l’écorce lui entra dans la peau mais son esprit n’était pas assez présent pour penser qu’il avait mal. Il avait déjà mal, partout. Les larmes brouillaient sa vue, il voyait l’éclat du feu  de camp plus loin dans une tâche lumineuse mais n’avait pas envie d’y retourner.. Pour la première fois, la pensée de Corvin lui inspira de la colère. Il était plus en colère de savoir qu’ils allaient être séparés que de savoir qu’il avait voulu lui cacher. La tempête en lui l’empêchait de réfléchir à quoi que ce soit. Les mêmes mots parasitaient ses pensées. Il passa une main dans ses cheveux pour les rabattre en arrière, des petits cheveux collaient à son visage humide. Retrouver son souffle. Penser objectivement. Corvin ne l’aurait pas abandonné de cette façon, il avait probablement eu peur de sa réaction. Corvin ne l’aurait pas abandonné. Les autres avaient tort. Corvin l’aimait.
La pensée l’apaisa. Il en parlerait à Corvin, plus tard, plus loin, quand personne ne tenterait de leur mettre des bâtons dans les roues.
Faniahh/Lala/Cyalana


 
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