I'll do it anyway feat Cursed

Il y a quelque chose d'étrangement déconcertant lorsqu'on se retrouve à enfreindre les règles d'un groupe qui est censé ne pas en avoir. Depuis les disparitions de plus en plus nombreuses en ville il est très fortement recommandé de ne se déplacer qu'en groupe, et si le fait d'ignorer les ''recommandations'' des autres est monnaie courante chez Little Fang, quand il s'agit de faire de même avec celles de son propre groupe c'est plus compliqué.

Le problème c'est que le Pirate se voyait mal demander à ses camarades de l'accompagner sur le territoire des Chevaliers pour qu'il puisse donner un cadeau à son petit frère. Un petit frère dont certains ne connaissent de toute façon même pas l'existence. Sac sur le dos il se retrouve donc seul à marcher entre les immeubles abandonnés qui parsèment la route. Il profite de leurs ombres pour se faire relativement discret mais à cette heure il n'y a de toute façon pas grand monde pour le remarquer... enfin c'est ce qu'il croyait jusqu'à ce qu'il repère du coin de l’œil deux personnes venant dans sa direction au détour d'une rue. Il continue à marcher en gardant son regard fixé bien droit devant lui tout en insultant sa malchance silencieusement.


Mmh ? Une voix qui l'interpelle ? Non, non il n'a absolument rien entendu. Ses pas se font un peu plus rapides, ils ont bien d'autres trucs à faire non ?


Il retient un soupire de frustration et s'arrête finalement, affiche son plus beau sourire tout en passant une main nerveuse dans ses cheveux.


Son regard passe de l'un à l'autre de ses interlocuteurs, évalue la possible menace. C'est qu'il n'ont pas l'air très amicaux avec leurs tasers à la ceinture et la façon dont ils ont de le fixer – comme si lui ne faisait pas exactement la même chose.


Si il se pose la question c'est qu'il pourrait y avoir un doute, ils ne le sont donc pas eux, Chevaliers ? Il a entendu parler de patrouilles de Greens en ville mais c'est étrange qu'ils soient ici, et surtout qu'ils agissent comme si ils avaient une quelconque autorité hors de leur territoire. Et l'autre avec son ton condescendant il commence à légèrement irriter Little Fang.


Pourquoi tourner autour du pot après tout. Sourire toujours aux lèvres il se dit que au pire des cas il peut facilement s'échapper, il est habitué à faire la course avec des gens qui ont plus d'égo que de jambes.
 

Little Fang retient difficilement un rire en voyant la tronche que tirent les deux Greens face au nouveau venu. Il faut dire qu'il est sorti de nul part et qu'il en impose pas mal, il n'en fait qu'une bouchée. Son regard se pose sur les blasons sur sa veste. Un militaire ? Noah en a connu quelques uns, des clients de sa mère. La plupart étaient des nerveux, violents aussi. L'un d'eux lui a apprit des techniques assez fun avec un couteau par contre. C'est quand même étrange d'en voir un chez les Chevaliers, ils sont pas censé être pacifistes ?

Celui-là a l'air de tout sauf d'un pacifiste, il doit avoir de sacrés problèmes avec les deux gars qu'il vient de renvoyer vu qu'il a couvert Fang pour les emmerder. Ou peut-être qu'il aime pas les Greens en général ? Faut dire que ça craint vachement qu'ils se promènent tranquillement comme si c'était leur zone, ils ressortiraient pas vivant de celle des Pirates. C'est même étonnant qu'ils aient eu le droit de repartir, c'est certainement pas le gars qui lui fait face qui aurait eu un problème à s'en débarrasser, et Fang se dit qu'il a peut-être raté quelque chose. Bah, qu'est-ce qu'il en a à faire des histoires entre les Chevaliers et les Greens de toute façon ?


Ton amical pour essayer de le détendre, mais Noah ne se fait pas d'illusions il se doute bien qu'il a échangé un problème pour un autre, et le dernier a l'air un peu plus compliqué à semer. Mais bon, qui ne tente rien n'a rien comme on dit. Et Little Fang est le champion des idées stupides.


C'est dit tout en se dirigeant vers le château, et dans sa tête Little Fang se dit que oui, totalement, ça va passer.

Il sent son regard dans son dos et se demande combien de temps va durer la comédie, si il lui laisse trop d'avance il pourrait le regretter. Mais il n'a le temps de faire que quelques pas avant que sa main l'arrête. Et il ne peut pas s'empêcher de sursauter. Il avait beau si attendre, il ne l'a pas pour autant entendu se rapprocher et ça le fait légèrement flipper. Un soupir s'échappe tandis qu'il se retourne et s'apprête à lui dire que c'est quand même assez rude de lui donner de faux espoir, jusqu'à ce qu'il tombe sur ses yeux. Des yeux gris. Et ça lui fait bizarre à Little Fang de tomber sur des yeux aussi beaux, mais des yeux de tueur. Sourcil arqué, sourire moqueur.


Il faut bien qu'il lui montre qu'il n'est pas intimidé, alors il garde le sourire, même s'il n'apprécie pas forcément l'ordre. Et sa main. Qui le sert. C'est bon il a compris, Pas bouger , pas besoin de la laisser là. Il décide qu'il ne détournera pas le regard, qu'il n'aime pas celui qui lui fait face.


Il comble le silence Little Fang, essaie de gagner du temps pour se décider sur un mensonge crédible - il ne ment pas sur l'envie qu'il a de savoir d'où vient son surnom pour autant, et il a presque un doute sur sa théorie de la sorcière.


Il a beau avoir un ton désinvolte ça ne lui plaît vraiment pas cette main plantée sur son épaule, la pression que Cursed pose sur lui. Parce que lui il sait qu'il n'est pas un Vagabond, et il n'aime pas franchement que les Pirates n'aient même pas été mentionnés dans sa proposition. C'est pas hyper rassurant.


(quand il ne tombe pas sur des patrouilles qui l'empêchent de faire ce qu'il veut) (mais t'as entendu, tout seul, y a que les vagabonds qui sont tout seul)


Ok, il se fout peut-être un peu trop de sa gueule, c'est même plus subtil là. Mais il ne peut pas s'en empêcher, le gars le rend encore plus nerveux qu'il ne l'était déjà. Ça fait un moment. Qu'il n'a pas vu son frère.

Il retient un soupire Little Fang. C'est toujours la même chose, il parle et personne ne répond. Qu'est-ce que ça peut bien lui faire à Cursed le nom de sa ''raison familiale'', la sorcière c'est une discussion beaucoup plus intéressante. Oh il ne croit pas une seconde à sa théorie – mais en même temps il y a des baleines dans le ciel alors pourquoi pas ? Mais le militaire pourrait quand même faire semblant que ça l'intéresse un minimum, les gens n'ont vraiment aucune imagination.

Pour la peine il ne répondra pas. Enfin, la vérité c'est qu'il ne peut pas lui répondre, parce qu'il ne sait pas comment elles se font appeler ici de toute façon. Il ne sait pas si elles ont surnoms ou si elles ont garder leurs noms et prénoms. Il ne sait même pas où elles habitent d'ailleurs, mais il préfère se perdre plutôt que de l'avouer à Cursed. C'est qu'il se contentait de les regarder de loin jusque là, pendant qu'elles étaient en ville, sans jamais s'approcher – ça fait un peu stalker quand il y pense. Il prend une fois à gauche, deux fois à droite, avec la confiance d'un enfant qui refuse d'avoir tort. Et puis, avec un peu de chance il tombera sur l'une des deux ?

Ou alors.
Avec encore un peu plus de chance.
Il ne tombera sur aucune des deux et Cursed le laissera partir quand même.

C'est qu'il n'avait pas prévu d'avoir un chien de garde derrière lui Little Fang, il comptait juste trouver l'endroit où le couple habitait et déposer son cadeau devant leur porte puis s'enfuir. Et il ne veut pas faire plus que ça, il ne veut pas leur parler, il ne veut pas le voir. Mais il ne veut pas aller où que ce soit avec le militaire non plus.

Il n'aurait jamais dû venir.


C'est pas difficile un sourire. Il sourit bien Little Fang, malgré la main sur son épaule puis dans son dos toute à l'heure, malgré l'envie de plus en plus pressante qu'il a de balancer son poing dans la gueule de Cursed. Et il se doute bien que lui non plus il ne sourit pas parce qu'il est heureux. Ils font juste semblant.

Inspire. Expire. Ça le fait chier de penser comme ça. Il s'arrête de marcher et se retourne vers Cursed, autant en finir.


Et puis si il ne les connaît pas, si il pense qu'il ment, il se fera juste casser la gueule.
Ça l'arrangerait bien si il pouvait tomber dans un coma bien profond.

Il était pas obligé de le pousser, mais Little Fang se laisse faire.

Il a
l'habitude.

Et il attend la suite. Mais elle n'arrive pas, il n'y a que des mots. Pourtant il est sûr que Cursed pense qu'il ment – même si c'est faux. Alors il ne comprend pas pourquoi rien ne se passe, il attend – n'importe quoi. Lui aussi regarde les alentours, se demande ce que l'autre peut bien craindre à s'agiter comme ça. Des Greens ? Un groupe de Pirates qui débarquerait pour l'attaquer ? La nervosité du militaire n'aide pas vraiment Little Fang à se détendre. Il peine à savoir quoi dire, ne sait pas que ce l'autre veut entendre.


C'est presque un murmure, la faute à sa gorge serrée. Pour autant, il ne détourne pas le regard, garde un sourire – hésitant – affiché sur son visage. Il est habitué à ce qu'on le sous-estime pour son âge, mais c'est souvent plus un avantage qu'autre chose dans ce genre de situation. C'est presque sûr que Cursed aurait été beaucoup moins patient si il avait été un peu plus âgé. Il voit bien ses hésitations, peut-être qu'il peut en profiter. Il détourne le regard, soupire.


Il passe une main dans ses cheveux, laisse sa nervosité prendre le dessus.


Il souffle du nez, il pensait vraiment qu'il n'y aurait personne, cette partie est vraie. Mais il sait ce que Cursed veut maintenant, loin de la guerre il n'a plus rien à protéger. Alors Little Fang va lui donner quelqu'un à sauver. Quelqu'un de faible qui pourra satisfaire son complexe de supériorité.


Il n'est pas sûr, passe sa langue sur des lèvres sèches. C'est risqué.


Il l'a déclaré très rapidement, une manière de dire ça passe ou ça casse.


Et sa voix se brise, ses yeux se remplissent de larmes. Il joue nerveusement avec ses doigts, laisse son regard fixé dessus.


Et pendant un instant il laisse ses larmes couler, avant de les essuyer rageusement avec ses manches. Parce qu'il n'y a rien de plus faux que de laisser ses larmes inonder nos joues quand il y a quelqu'un à côté, c'est toujours volontaire. Et si il joue la comédie, autant la jouer à fond.

Comme quoi, un mensonge facile à croire passe mieux qu'une vérité qui ne plaît pas. Il laisse presque un sourire moqueur s'échapper Little Fang, mais il se reprend très vite, c'est que ça n'irait pas très bien avec son rôle. Mais quand même c'est trop simple, il en serait presque désolé pour Cursed. Ouais, ou pas. Après tout c'est bien lui qui l'a poussé au mensonge. C'est de sa faute à lui si il a été trompé.

Il amorce un pas en arrière, fronce les sourcils face aux paroles du soldat qui se rapproche. Comment est-ce qu'il peut lui dire que ça va aller ? Il ne voit pas à quel point celui qui se trouve devant lui est désespéré ? Celui qui pleure, celui que Little Fang joue certainement un peu trop bien.
Et il prend le paquet de mouchoirs, se demande comment sa main peut bouger alors que son cerveau lui est paralysé. Il passe un mouchoir sur ses yeux éteints, fatigués d'avoir pleuré. Fatigués de pleurer encore. Parce qu'une fois que les larmes coulent elles ne s'arrêtent plus chez Noah, même si c'était censé être un mensonge. Même si ça le frustre et que ça ne l'amuse plus du tout de jouer aussi bien la comédie.

Le paquet se retrouve dans sa poche, par réflexe. Et il ne peut pas s'empêcher de rire en entendant la question de Cursed, tandis que les larmes reprennent de plus belle. Little Fang reprend le dessus un instant, juste le temps de se dire qu'il pourrait lui répondre que oui, il a déjà mangé une fois dans sa vie. Juste pour un petit peu de sarcasme. Mais il regrette déjà son rire, se dit que Cursed n'apprécierait sûrement pas la blague. Alors il cache son visage en se mouchant, pour éviter son regard le temps de trouver quelque chose qui pourrait réparer sa bourde.


Et il rit à nouveau, avant de laisser son visage faner vers une expression plus terne, tandis que ses yeux font un va-et-vient entre Cursed, les alentours et le sol. Il détourne finalement le regard avant d'avouer –


Il hausse les épaules en disant ça, par réflexe. C'est assez vague comme réponse, mais il faut dire qu'il est un peu déréglé Little Fang, si le soleil ne se levait pas il aurait pu croire que c'était minuit. Alors la dernière fois qu'il a mangé... il ne se souvient pas vraiment de quand c'était, et encore moins de la dernière fois qu'il a eu un vrai repas. Son regard se pose sur Cursed une nouvelle fois, un peu intrigué, un peu inquiet. Le soldat a le regard moins glaciale, son ton est beaucoup plus calme ; il prend son rôle de sauveur un peu trop à cœur, ça va être difficile de se débarrasser de lui à ce rythme là. Et voilà qu'il reprend son discours, ses mensonges.

« on va trouver une solution » ; et Noah se demande si il doit faire semblant d'y croire.
« tu es le bienvenu » ; mais il ne l'était pas avant, c'est ses mensonges qui ont ouvert les portes.
« c'est un choix qui n'appartient qu'à toi » ; celui-là c'est le plus beau, il n'a pas l'impression d'avoir eu beaucoup de choix jusque là avec Cursed sur le dos.

Et ils vont où exactement ? Chez lui ?

Il ne dit rien Noah, se contente de suivre la direction indiquée. La gorge serrée il n'est plus aussi bavard. Y a zéro chance qu'il rentre chez le soldat. Zéro. Sa voix a beau s'être adoucie Little Fang ne va pas tomber dans le panneau, il sait bien que c'est juste pour endormir sa méfiance, pour mieux le rabaisser dès qu'il se relâchera. Alors il reste sur ses gardes, observe du coin de l’œil chaque changement chez Cursed persuadé qu'à un moment ou à un autre il va se rendre compte de son mensonge et se venger.

Les mains dans les poches Noah tord le paquet de mouchoir qu'il vient tout juste de recevoir, par peur de trembler si il relâche la pression ne serait-ce qu'un instant. Ils ont beau croiser quelques Chevaliers il ne sent pas en sécurité pour autant, sa mâchoire reste crispée il ne décroche pas un mot de tout le chemin. Pourtant, lorsqu'ils arrivent dans un endroit qui semble public et que Cursed fait son numéro il souffle du nez et un léger sourire fait son apparition tandis qu'il hoche la tête. Il se racle la gorge avant de répondre, pour s'assurer que sa voix porte bien.


Les mains toujours dans les poches il parcourt la pièce du regard, il n'y a personne aux alentours mais au moins Cursed ne l'a pas emmener chez lui. Il doit juste faire en sorte que ça ne soit pas qu'un arrêt sur la route. Il prend donc les devants et s’assoit à une table sans vraiment laisser de choix au soldat, ça serait bizarre qu'il lui dise de se lever maintenant non ? Bon, qu'est-ce qu'il est censé faire maintenant ? C'est bien beau de ne pas s'être fait arrêté, mais il faudrait qu'il trouve une solution pour que Cursed le laisse repartir chez les Pirates sans qu'il se rende compte qu'il lui a menti.


Il pourrait lui dire qu'il doit absolument retourner prendre des affaires à la décharge. Ses doigts attrapent un cookie. Mais si il dit ça peut-être qu'il va vouloir l'accompagner ? Il l'a joué un peu trop victime tout à l'heure le héros le laissera pas aller en territoire ennemi seul... Le cookie est dur alors  il laisse les bouchées qu'il prend fondre un moment sur sa langue. Peut-être que s'il lui dit qu'il peut espionner les Pirates pour lui ça l'intéressera ? Ou même les Greens, il n'a pas l'air de beaucoup les aimer. Il reprend un cookie. Ça ne marchera jamais... il n'a pas de raison de rester chez les Pirates si il espionne les Greens c'est débile. Ses yeux se portent sur l'anneau au doigt de Cursed. Une vague d'anxiété teintée de tristesse passe sur lui, deux émotions qu'il a l'habitude de ressentir mais qui pour ce moment ne sont pas les siennes. Il porte son regard sur la tempête qui habite les yeux du soldat. Une voix d'enfant murmure dans son oreille, et il peut pas s'empêcher de répéter.


La bouche encore ouverte il cligne plusieurs fois des yeux, perdu par les mots qui viennent de franchir ses lèvres. Par réflexe il pense à se retourner, mais il sait qu'il n'y aura personne derrière lui, la voix qui lui murmure à l'oreille n'a jamais de forme. Ses yeux restent donc plantés dans ceux de Cursed. Merde, il a fallu que ça arrive maintenant.


Et merde et merde et merde. Et sa voix qui se tord.


Il va y aller. Mais impossible de finir sa phrase. Et vu que ses mots lui échappent c'est ses gestes qui prendront la relève, il se relève brusquement – grimace au bruit de la chaise qui crisse sur le sol – et commence à marcher rapidement vers la porte. Il faut qu'il se casse de là. Et vite. Avant que Cursed ne se reprenne et qu'il lui pose des questions auxquelles il ne peut pas répondre. Parce qu'il ne maîtrise pas la voix dans sa tête, et qu'il ne sait pas, lui, si elle est vraiment en vie, peu importe qui elle est.

Arrêté (si facilement) dans sa course, les yeux fixés sur le sol, Noah a la gorge serrée. Si il pouvait expliquer au soldat ce que c'était il le ferait. Mais il ne sait pas, il ne sait pas, il ne sait pas. Et il ne le contrôle pas ce truc. Cette voix. Et oui ça vient de lui, mais en fait non. Il n'a pas envie d'en parler il veut juste partir, s'enfuir.


Il relève les yeux sur Cursed. Cursed qui ne bouge pas, Cursed qui bloque la sortie, Cursed qui le piège (encore). Son surnom fait sens maintenant, c'est impossible de s'en débarrasser. Alors ce sont des yeux emplis de haine – de peur – qui répondent à la question posée. Et il ne pense pas un seul instant qu'elle est étrange cette question, il n'entend pas le trouble dans sa voix. Il n'entend que sa propre peur Little Fang, son propre cœur qui bat beaucoup trop vite. Peur de Cursed certes, mais aussi peur de cette voix qu'il connaît sans la reconnaître et qui l'oblige à répéter ce qu'elle dit sans rien lui expliquer.

Il recule de quelques pas, regarde nerveusement les alentours. Personne. Ça ne devrait pas le surprendre vu que Cursed bloque la seule entrée mais son anxiété augmente encore, les poings serrés il tente comme il peut de se contenir pour ne pas foncer sur le soldat. Il sait, au fond, qu'il n'a presque aucune chance de passer par la force. Mais il veut partir. Il veut juste partir. Tout son corps se tend pour fuir mais à cet instant fuir c'est attaquer et comment est-ce qu'il est censé attaquer celui qu'il veut fuir ? Et sa respiration qui refuse de se calmer. Ses tempes qui n'arrêtent pas de pulser, rendent sa vision floue. Il s'efforce à garder un semblant de contrôle mais ses poings tremblants racontent une autre histoire.


(pathétique)

Un rire lui échappe. C'est si frustrant. Devoir demander la permission. Comme si il était encore au lycée. Et Cursed est toujours devant la sortie. Et merde. Il n'y est plus au lycée alors pourquoi est-ce qu'il continue ? Il n'y a plus de règles alors pourquoi est-ce qu'il s'acharne ? C'est pour ça qu'il est allé chez les Pirates, pour ne plus avoir à obéir.
Il n'est pas censé être libre ?

laisses moi passer
laisses moi passer
laisses moi passer
et si tu me laisses pas passer alors –


Il n'essaie pas de pousser le soldat mais choisit de l'attaquer. Il se jette le poing en avant, vise le nez. Et l'espace d'un instant il peut respirer, pendant juste un instant il oublie qu'il a peur.

Mais –

Il n'aurait jamais dû venir.

Son bras emprisonné, il relève l'autre par réflexe pour se protéger. Mais le coup ne vient pas. Alors c'est l’incompréhension qui vient s'inscrire sur son visage, très vite dissimulé derrière un masque de méfiance. Parce qu'il ne se méfie pas vraiment Little Fang, il a bien compris que Cursed ne voulait pas le blesser, et ça avant qu'il ne le dise. Il l'a senti dans sa prise, l'a lu dans son regard. Et il ne comprend pas pourquoi il est si patient, ça le frustre. C'est qu'il voulait lui faire du mal lui, il voulait que le soldat soit son ennemi – qu'il justifie sa peur et puis sa colère en bonus.

Il ne lève pas les mains Little Fang, mais il suit le mouvement du soldat et recule lui aussi de quelques pas. Se laisse un espace pour respirer, oblige sa mâchoire crispée à se détendre. C'est que ça fatigue les situations comme ça, surtout quand on a plus l'habitude de fuir les coups que de les initier. Malheureusement les paroles de Cursed ne l'aident pas vraiment à se détendre, lui rappellent de mauvais souvenirs. Oui, il sait ce qu'il s'est passé en avril dernier. Il n'arrête pas d'y penser. Au lion blanc, à la petite fille. Et à Acid. Acid couvert de sang. Acid qui ne se réveille pas. Les images de cette nuit tournent en boucle, il revoit ce qu'il a fait, ce qu'il aurait pu faire.

La respiration tremblante il s'éloigne un peu plus de Cursed pour trouver appuie sur une table. Un semblant de calme retrouvé il écoute le reste du discours du soldat. Il ne l'aurait pas prit pour un causeur, mais il faut croire qu'il s'est trompé vu qu'il commence à lui raconter sa vie. Et si Little Fang s'empêche plusieurs fois d'interrompre son ramassis de conneries son regard traduit bien le fond de sa pensée. Il en a rien à foutre de qui il était à 14 ans, si il a vraiment été à sa place à cet âge là alors il devrait comprendre pourquoi lui bloquer la sortie est un comportement de connard. Et il peut expliquer comment lui dire qu'il se bagarrait souvent et mordait des flics est censé le rassurer ?

Il y a sa voix aussi. Si douce qu'il se laisserait presque avoir. Rassurante. Mais il se redresse, quitte le regard de Cursed pour se diriger vers la table quittée plus tôt. Il tapote la surface un instant, hésitant. C'est que la voix lui a parlé ici, ça pourrait recommen – stupide. Il s’assoit, prend un cookie. Un long soupire le quitte. Un reste de stress se voit encore par sa jambe qui tremble, mais il semble avoir retrouvé son calme (au moins en surface). Il se rend compte qu'il a paniqué, il n'est pas encore sûr que c'était pour rien, mais ce qui est sûr c'est qu'il ne va aller loin comme ça. Pour autant il n'a aucune confiance en Cursed, il voit les failles derrières ses paroles rassurantes.


Il hausse un sourcil, comme si l'insolence dans son ton ne suffisait pas à traduire le mépris qu'il a pour le soldat. C'est qu'il n'y croit pas Little Fang. On l'a laissé tomber trop de fois pour qu'il baisse sa garde si facilement. Et il ne voit en Cursed qu'un mec qui aime beaucoup trop avoir tout sous contrôle mais qui n'a au final aucun plan, le genre de personne qui fonce avec toute la confiance au monde pour se retrouver dans un mur. Il concentre son regard sur ses mains, en songeant que ça ne l'avance pas à grand chose de fixer le soldat avec tant de haine dans les yeux.


Honnêtement il fume rarement – du tabac en tout cas – mais là il prendrait n'importe quoi pour se calmer pour de bon, et il se dit qu'il vaut mieux qu'il demande une clope plutôt qu'il sorte l'alcool spécial Pirates qu'il a dans son sac.

Noah ne reste jamais fâché très longtemps, et son air fermé s'envole dès que Cursed met le briquet au centre de la table. Il retient un rire, mais ça le fait beaucoup penser aux traités de paix dans Lucky Luke alors c'est difficile de rester impassible. Un sourire au coin des lèvres il récupère le briquet et une clope, l'allume. Il enterre la hache de guerre
pour le moment.

Il repose le paquet vers le centre de la table mais garde le briquet, le fait tourner entre ses doigts distraitement alors qu'il écoute les paroles de Cursed. Un sourire amusé s'affiche sur son visage, il en a entendu parlé de la prison des Chevaliers, il paraît que l'un des ''gardes'' parle beaucoup trop et que c'est pas si horrible que ça. Lui il s'est toujours dit que c'était bizarre comme lieu pour une prison. Il se retient de lui dire que si il y a de la musique dans sa boîte de nuit il veut bien y aller, mais sa prudence prend le dessus. C'est qu'on ne sait jamais, le soldat pourrait le prendre au mot.


Little Fang fait la moue, les punitions c'est pour les enfants qu'il se dit, et touché dans son orgueil il ne se rend pas compte qu'il agit comme tel. Il tourne la tête vers la sortie. Il est censé le prendre comment si c'est pas une punition ? Une pensée le traverse et il rit –


Et il
regrette
instantanément.


Est-ce que ça a marché ? Il a réussi à lui faire oublier l'histoire du kidnapping ? Il l'espère, en tout cas. Il espère aussi que Cursed ne va pas lui poser de questions sur le Nouvel An... Il hoche la tête face à sa proposition, il s'en fiche si Cursed l'accompagne, tant qu'il peut partir. Puis son sourire se fige. Ah. Oui. C'est vrai. Il évite son regard, garde les yeux fixés sur le briquet qui tourne et tourne et tourne entre ses doigts. Il a envie de l'allumer.


Par où commencer ? Lui dire qu'il n'a aucune idée de si elle est vivante, cette personne qu'il ne connaît pas ? Il regard l'alliance du soldat, puis lui directement. Le soldat qui prétend être si détendu que c'en est frustrant. Toujours le briquet qui tourne.

Il s'est renfermé sur lui-même Little Fang, le temps que Cursed a prit pour digérer sa réponse lui en a laissé juste assez pour se laisser hypnotiser par le tournoiement du briquet entre ses doigts. Il est plus calme maintenant. Coupé de Cursed, de sa respiration, de ses mains sur la table. Oh ça ne durera pas très longtemps, il suffit que le soldat revienne à la charge pour que sa main trésaille. Mais pas au point de lui faire lâcher le briquet. Il répond avec une voix absente, comme s'il n'était pas concerné.

(la gorge serrée)


En réalité Noah ne sait pas vraiment comment décrire ce qu'il lui arrive, il a plus essayé de faire abstraction de son pouvoir que de le comprendre. Il ne se rend pas compte que plus il est stressé et plus la voix lui murmure des phrases réconfortantes, par pour lui-même mais pour d'autres. Comme pour compenser sa nervosité. Il ressent un certain soulagement lorsqu'il délivre ces murmures aux personnes à qui elles sont destinées, comme si en leur disant il se déchargeait un peu de sa peine à lui. Mais bien souvent il ne peut pas répondre aux questions qu'on lui pose juste après l'intervention de son pouvoir, et les réactions à ce manque de réponse ne sont pas toujours amicales, ou compréhensives.


Oh oui il a essayé Little Fang, il a enfoncé ses ongles jusqu'au sang pour s'empêcher de parler, il a serrer sa mâchoire à en trembler. Une fois il a crû que ça avait marcher sur un Pirate, il n'avait rien dit malgré la douleur qui le tiraillait. Mais les murmures ne le lâchaient, se faisaient de plus en plus présents à chaque fois qu'il se rapprochait. Au final il avait craqué au bout de quelques heures, il n'arrêtait pas de le croiser c'est comme si ses pas le menaient jusqu'à lui.

Il regarde Cursed un instant, puis la bague à son doigt. Est-ce que la voix est venue avant ou après qu'il regarde la bague tout à l'heure ? Il ne se souvient plus. La curiosité a toujours été un trait important chez lui, et il pense un instant à toutes les questions qu'il aurait pu se poser sur son pouvoir, maintenant qu'une chose extraordinaire lui arrive. Mais en réalité Little Fang a toujours été plus curieux des autres que de lui-même, il est plus facile selon de fouiller dans la vie des autres que de le faire dans la sienne. Alors il prend les questions qu'il se pose sur son pouvoir et les ranges loin, très loin dans son esprit.


Il ne veut pas rester ici Little Fang, mais il ne fait pas mine de se lever. Il est fatigué. Si Cursed ne lui faisait pas si peur peut-être qu'il poserait sa tête sur la table et qu'il se ferait une petite sieste. Mais il est hors de question qu'il laisse tomber ses défenses devant lui, alors il se contente de fixer la table en attendant la réponse du soldat. Sagement, docilement.

Il est juste fatigué.

Little Fang avance, les mains dans les poches il joue distraitement avec le briquet subtilisé. Sa clope, elle, s'est finie assez rapidement. Il n'en reste plus qu'un cadavre qui pend de ses lèvres sèches. Quand Cursed lui parle il ralentit, se met à côté de lui à défaut de se mettre à sa hauteur. Si ils commencent une conversation autant qu'il n'est pas l'impression d'avoir un flingue planté sur lui à chaque instant.


Et puis, c'est pas comme si il avait vraiment eu le choix. C'était soit se confier soit... Il reste silencieux un instant, les sourcils légèrement froncés. Puis un mince sourire amusé fait son chemin sur ses lèvres, tandis que ses pensées sombres sont remplacées par une plus amusante.


Lui, il trouve qu'ils se ressemblent. Le soldat et le président. Ils font tout les deux semblant de vouloir sauver le monde, alors qu'en réalité tout ce qu'ils font c'est se créer des ennemis à éliminer. Ça lui semble ironique à Little Fang, cette hostilité. Il se demande si c'est juste à cause des patrouilles dans son territoire que Cursed ne l'aime pas, peut-être qu'il connaît d'autres gens avec un pouvoir, peut-être qu'il en a un, lui. Ou peut-être qu'il en a juste marre d'obéir aux ordres. Si c'est ça c'est dommage qu'il n'aime pas les Pirates, il aurait pu en faire un potable.


Il quitte ses poches, fait des guillemets au dernier mot avec ses doigts. Pour lui, les Chevaliers se laissent trop faire et ils vont finir par se faire bouffer. Et ça, ça ne l'arrange, il a son frère ici et si il a déjà du mal à le laisser aux Chevaliers l'imaginer au soin et à la morale des Greens le fait tiquer. Peut-être qu'il devrait le récupérer au final... Enfin, avec celui-là dans les parages ça risque d'être compliqué. C'est dangereux d'avoir quelqu'un comme ça autour d'enfants vraiment, il faut croire qu'ils sont en manque d'adultes dans ce groupe.

Enfin arrivés en extérieur Little Fang en profite pour écraser sa cigarette sur le gravier, et pour respirer au passage. Il ne se sent plus autant piéger maintenant qu'il n'y a plus que des murs autour d'eux. Une envie de partir sans demander son reste lui prend mais il se retient, c'est qu'ils sont encore bien enfoncés dans le territoire des Chevaliers et qu'il préfère ne pas être idiot là tout de suite. Si il court il se fera rattrapé, et il devra encore donner des justifications qu'il n'a pas, inventer des mensonges pour couvrir une vérité à laquelle il refuse de se confronter.

Alors il continue à marcher aux côtés de Cursed en lui laissant dicter le rythme. Il préfère ne plus parler pour l'instant, il se contente d'observer les alentours tranquillement. Chaque fois qu'ils croisent des bâtiments qui lui semblent habités il sent une vague de stress l'envahir et repartir aussitôt qu'ils s'éloignent. C'est qu'il a peur de tomber sur les Tuckers maintenant, elles ne l'ont vu que deux ou trois fois et il a bien changé entre temps mais c'est possible qu'elles le reconnaissent s'il les croises. Et là il aurait bien du mal à se justifier devant le soldat.

Malgré tout il ne peut pas s'empêcher d'épier leur présence, surtout celle de Seth.