#InstaPhoto #Instachronique [PV : Leon/Mi Novembre-Terminé]

#InstaPhoto #Instachronique « I know of sin by the things momma prayed
I know of heaven by the line at its gate
I know of truth and America's way
So come drink the water if you want to be saved »

( Justin Cross → Drink The Water )
Et le jour était levé, sa lumière était blanche.
Dans la ville, elle jetait ses doigts glacés,
Et Bloody Mary, en ces lieux, prenait sa revanche.
L'Icare borgne, avait laissé ses traces, avait tué,
Les derniers espoirs forgés en l'avenir.
Pourtant ! Le futur deviendra le pire.
Un jour, ça ira mieux, tu retrouveras le chemin de la maison.
C'est bien ce que tu veux croire, petite mésange, toi et tes passions

Déchaînent la haine, la peine, le désir et les âmes. Mais voilà que le chaos ne perd pas son but de vue. Bloody Mary se déplace dans la ville, cette carcasse éventrée, laissée presque morte, où elle ne se sentirait jamais sereine. À chaque coin de rue, il craint de recroiser cette face défigurée. Oh... il avait déjà ressenti une peur pareille, autrefois, lorsqu'il avait fait sa première sortie en Drag Queen. Chantalle avait été si belle et pure en ce jour, grande et maquillée, délicate sous son maquillage. Elle avait cru les jolis mots, les belles paroles, les compliments. Elle s'était sentie bien, et sa confiance endormit, par les charmants sourires des garçons, elle n'avait pas vu le piège se renfermer sur elle. Et Chantalle, depuis ce jour, se refusait d'être leur proie ; elle était devenue le monstre.

Et le chaos, de son but, ne se déroge pas,
Il s'élance, avance dans la ville, un peu las,
Les nuits sont courtes, et son corps reste froid,
Voilà longtemps, que le chaos ne fait plus don de soi.

Et cela l'inquiète, d'habitude, Bloody Mary se remet vite. La fois de trop, peut-être ? Ou bien, cette chronique, dont elle a parsemé avec tant de soin son carnet, s'est transformée en manie. L'on dirait que chaque jour, une nouvelle idée germe. Ce recueil s'ajoute aux photos qu'elle prendra, elle a même spécialement marchandé pour recharger son téléphone, lorsque la centrale a donné de son électricité. Et elle n'ose pas, au fond, de le rallumer, et de contempler les souvenirs figés. De Fredda et de ses soeurs, de lui, de ses voyages, de ses robes et de ses maquillages. Ça fait mal, trop mal.

Néanmoins, voilà que Bloody Mary devant l'hôtel s'arrête. Bloody Mary vérifia que l'affreuse écharpe colorée restait bien contre son cou, il portait un large pull d'un marron foncé, qui de loin aurait pu s'apparenter à une robe, tant il nageait dedans. Son pantalon était déchiré aux genoux, des mitaines aux mains, il ne parvenait plus à faire tenir le rêve. Il était une barque à la dérive, qui s'éloigne de plus en plus du rivage ; bientôt, il ne pourra pas revenir. Il était au point de non-retour, peut-être voyait-il dans sa chronique, une dernière chance. Terrence était malheureux.

Dans tous les cas, une fois que Bloody Mary rentra dans le bâtiment, et qu'il sourit à tous, il fait planer l'illusion. Personne ne semble le connaître, et quelque part, cela le soulage. Pas d'Icare dans les parages, l'angoisse reste collée à la poitrine. Il se racle la gorge, puis il demande Leon, on lui a parlé de lui. Chez les pirates, lui a-t-on dit que Leon aimait fumer, et qu'il prenait des photos. En l'attendant, Bloody Mary se rangea dans un coin, son sac à dos à ses pieds, il attendit le photographe. Il prit son téléphone, il le ralluma enfin, après presque un an.

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Spoiler:

#InstaPhoto #InstaChronique

Ft. @Bloody Mary

Assis sur le lit de la chambre d’hôtel, il regarde en face de lui, son regard ambré plongé droit dans le panneau en liège du club photo, panneau en liège que l’on aura réussi à retrouver et à réquisitionner quelques mois plus tôt. Depuis la fin juillet que ce club a vu le jour et sur le panneau s’étale quelques petits papiers. Un avec le nom des membres - Capucine, Focus, Athena, Paparazzi dont le nom est désormais rayé. Un autre avec des dates de rencontre, des passées et des futures. Des objectifs, quelques sujets pour les prochaines rencontres, quelques réunions, quelques sorties de groupe - depuis la disparition de Batman, on évite de sortir seul dans les rues.

Et dans ses mains, il tient un dernier bout de papier, principal objectif de ce club photo : trouver comment développer leurs photos car tous travaillent avec du numériques, pas de polaroid ou d’analogique, et si jamais une imprimante photo était trouvé, encore faudrait-il réussir l’alimenter en électricité. La centrale n’est pas connue pour donner si gentiment sa précieuse énergie et Leon préfère recharger son appareil photo ou encore fournir l’hôpital en électricité.

Bonne conscience.
Probablement.

Et peut-être qu’en regardant assez intensément ce morceau de papier où sont écrit ces quelques mots - trouver comment développer les photos - Leon trouvera une solution. Comme par miracle. Mais en vérité, son esprit est totalement vide et infertile.

Mais on finit par interrompre ses pensées, celles qui finissaient fatalement par tourner en boucle autour de l’unique polaroid qu’il possède dans son carnet de souvenirs. Il relève les yeux et hausse les deux sourcils derrière le verre brisé de ses lunettes, alors qu’on lui annonce qu’il est demandé en bas. Il est vrai qu’il est surpris, car jamais personne ne le demande, il est à demi inconnu dans cette ville malgré ce petit club photo dont il est à l’origine ou encore ses quelques liens avec la Poste. Mais pourquoi pas, il annonce qu’il arrive sous peu alors que l’on repart et qu’à nouveau on le laisse seul ici.

Il se lève donc, et jette un dernier regard aux noms marqués des membres, surtout à celui rayé de Paparazzi. Il lâche un soupire amer, voilà des mois qu’il n’a pas vu le jeune homme. Il craint bien, qu’il ait comme d’autres disparu. Dernière moue et le voilà qui s’enfuit de cette chambre qui leur sert de QG, son appareil éternellement autour de son cou et son sac sur le dos dans lequel se trouve son objectif de deux kilogrammes. Il réajuste son nœud papillon à fleurs sur sa chemisette bleu nuit, à laquelle il rajoute un manteau en daim dans les tons bruns légèrement trop grand pour lui - rares sont les vêtements qu’il porte et qui ne sortent pas de sa valise qu’il aura retrouvé quelques jours après la tempête.

Il descend alors enfin les marches pour arriver dans le hall de l’hôtel. Aujourd’hui, il ne travaille pas pour la Poste ni même il ne fait de photos. Alors il est ici, coup de chance pour celui ou celle qui le cherche. On la lui pointe par ailleurs, la personne qui le demande et qui semble bien trop nager dans ses vêtements. Leon n’est pas le seul à avoir maigri en plus d’un an, parfois il l’oublierait presque.

- Salut, s’exclame-t-il déjà d’un ton un poil trop enthousiaste pour ceux qui restent bloqués ici. Il lui balance par ailleurs un salut vulcain, l’un de ses rares talents selon lui, à savoir écarter les doigts de la sorte. Apparemment, tu me cherches ?

Résumé:

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( Justin Cross → Drink The Water )
Bloody Mary garde le nez plongé sur son téléphone ; voilà presque un an qu'il ne l'avait pas allumé. Après la tempête, iel avait longtemps rivé les yeux sur l'écran, espérant au fond que le réseau allait revenir. Puis, iel avait laissé le téléphone se décharger, au fur et à mesure. Lorsqu'iel avait été incapable de le rallumer, iel l'avait abandonné au fond de sa voiture. Les photos, les messages, jusqu'aux icônes des applications, ça avait été douloureux d'y penser. Dedans, il se trouve toute une partie de son passé ; celui qu'il tente d'oublier, d'enfouir profondément. Le rêve, les paillettes, les filles, Dublin et Fredda. Les voyages, les aventures d'un soir, celles de quelques jours, ses clients. Les vêtements, le maquillage, et cette partie de lui qu'iel essaye d'effacer.

Et lorsque le photographe s'adresse à ellui, Bloody Mary met du temps avant de se redresser. Les boucles rousses tombent en travers de son regard délavé, dissimulent dans leurs courbes de flamme, la tristesse. Lorsqu'iel pose enfin son oeil sur Leon, iel sourit avec toute la lumière qui l'habite. Tout d'abord, Bloody Mary hoche la tête, iel range son téléphone portable dans la poche de son pantalon. Iel décolle son dos du mur, et iel avance vers Leon.

« Oui, on m'appelle Bloody Mary. »

Se présenta-t-il, Bloody Mary, un nom, une identité que l'on craint. Pourtant, de Leon, Bloody Mary n'exige simplement que l'enseignement. Iel l'observe, iel remarque le noeud papier, la chemise, en penchant la tête sur le côté. Bloody Mary comprend plus son style vestimentaire, que les allusions geeks. Si jamais on se mettait à lui parler de Star Trek, il n'y avait aucune chance pour que Bloody Mary sache ce que c'était. Donc, il dévisagea Leon, se demanda quelle mode c'était d'écarter ses doigts ainsi, et iel remua les siens en réponse. Un peu gêné, iel finit par se lancer après un moment de silence :

« Ouais... donc euh... tu fais de la photo, c'est ça ? »

C'était comme demander à Quaterback équipé jusqu'aux dents, s'il faisait du football américain. Bloody Mary se racla la gorge, iel rangea les mains dans ses poches, et iel regarda ailleurs, quelques secondes.

« Bref... j'crois que tu pourrais m'aider. »

Bloody Mary se pinça la lèvre inférieure, iel se pencha et attrapa son sac à dos. Iel n'est pas à l'aise, mais iel n'en montre rien, si ce n'était dans les évidences qu'il faisait flotter dans l'air. Bloody Mary sourit en coin, on reprend les vieilles habitudes.

Celles qui ont la vie dure, celles qui font survivre,
Malgré tout, Terrence garde une distance avec lui,
On ne sait jamais, iel ne se sent pas en sécurité ici.
Nulle part, c'est un fait, c'est quotidien, ivre
Des angoisses, il ne sait plus la dernière fois,
Où il s'est senti à l'aise, bien, dans un endroit.

A moins que... le souvenir du premier novembre ? Non. Ce n'est pas ça, ça ne peut pas être ça. L'esprit est confus, mais Terrence se reprend, et il attend. Il cherche à se faire une idée de l'homme qu'est Leon, le photographe au noeud papillon.

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Ft. @Bloody Mary

Oh, Bloody Mary, voilà un nom qui pourtant devrait lui parler mais en vérité Leon jamais n’en a entendu parler, ou peut-être qu’il a oublié, c’est également possible. Car si on ne lui a jamais rien fait, jamais parlé ou jamais rencontré, Leon oublie les noms et les visages, il n’a pas une si bonne mémoire et comme Bloody Mary n’a jamais été noté dans son carnet des visages, et bien il n’existe tout simplement dans l’esprit de Leon.

Il lâche d’ailleurs un rire, rire peut-être incontrôlé car la question le prend de court. Tu fais de la photo, avait-il demandé plus tôt et c’est pourquoi il a rit, Leon. Son appareil toujours trône autour de son cou, visible de tous tant l’engin est impressionnant. Et encore, son objectif de deux kilogrammes est toujours dans son sac à dos, invisible à la vue de tous.

- Oui, effectivement, oui, qu’il rigole de nouveau en montrant son appareil à Bloody Mary en face. Et enfin, son visage prend un air plus sérieux car la suite seulement arrive. Paraît-il que Leon pourrait l’aider, probablement quelque chose en rapport avec la photographie car sinon la question n’aurait pas été posée plus tôt. Hm ? En quoi ?

Tête penchée sur le côté, la curiosité commence à le bouffer lentement alors qu’il l’observe de son regard ambré et inquisiteur, il cherche à savoir qui il est et ce qu’il cherche bien que toujours soit collé sur sa face ce sourire léger et cet air enfantin. Il regarde ses vêtements et son expression, son téléphone et son sourire en coin, des regards rapides et observateur comme il l’est toujours.

Mais brusquement le voilà bousculé, quelqu’un qui rentre brutalement dans l’hôtel et eux, toujours dans le hall d’entrée, sont victimes du bruit et des passages en masse d’autre vagabonds. Nombreux sont ceux qui désormais dorment ici, alors que lui est allé se réfugier dans la poste de Georges. Et le voilà qui laisse enfin s’évanouir son sourire éternel, il s’entend marmonner quelques insultes, son accent anglais ressort brusquement bien jamais il ne soit entièrement caché mais dans ces moments, plus facilement on l’entend. Il marmonne, marmonne contre le passage et le bruit, lèvres pincées et yeux plissés sur celui qui plus tôt l’aura bousculé.

- Fait chier, celui-ci... qu’il balance dans sa barbe qui doucement repousse sur ses joues. Il renifle en lui lançant un dernier regard assassin avant de reporter son attention sur Bloody Mary, cligner des yeux derrière ses verres brisés. On va monter dans ma chambre, tu veux ?

Il balance ces mots sans arrière-pensée, parce qu’il n’est pas de ceux-là il est vrai. Et ce qu’il nomme sa chambre se trouve être en vérité le QG du club photo mais il ne fait pas attention à ses mots, d’autant qu’il lance à BM un léger clin d’œil coquin.

Résumé:

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( Justin Cross → Drink The Water )
Ah... Voilà que Bloody Mary est vexé·e,
Mais iel ne laisse qu'un regard agacé,
Face à l'évidence qu'iel a soulevé,
Pourtant ! C'était juste la gêne, la timidité.
(C'est ce que diront certains.)
(Bloody Mary gêné ? Ce n'est pas rien)

Bloody Mary haussa les sourcils, sans commenter, le rire du photographe, avant que son regard ne lae passe en détail. Iel se pose des questions, se demande quel problème iel peut poser. Rien d'anormal pour une fois ? Il pense, il sur-pense, interprêtre dans tous les sens, sans jamais tomber sur la vérité. Leon observe, seulement, curieux, sans doute par déformation professionnelle, par passion de capturer l'instant. Bloody Mary penche la tête sur le côté, iel fixe à son tour Leon, l’appareil, et ce qu’il semble cacher dans son sac. Il cherche les mots, l’on dirait soudain un enfant, qui n’ose pas parler de ses rêves à ses parents, qui juge déjà ses dessins trop laids, avant de les montrer. Iel se rapproche, considère un instant la différence de taille, avec un agacement qu’iel refoule aussitôt.

« J’aimerais apprendre à faire de la photographie. »

C’est tout ce que Bloody Mary annonce, mais iel recule aussitôt qu'on bouscule Leon. Il entend la remarque, lâche un « oi », en relevant un sourcil, puis en constatant l’accent du photographe. Iel sourit en coin, vaguement amusé·e, avant d’attendre la suite. Bloody Mary et sa façon tordue de voir les choses, Bloody Mary et la sensation permanente d’être un trophée ; iel aurait pu comprendre, si ce n’était le clin d’oeil étrange que Leon lui accorda.

« Ah eh bien... »

Souffla Bloody Mary, songeant qu’il avait là, un homme plus rapide encore que Rage. Iel suivit donc Leon, un peu pris aux dépourvus. Bon, iel avait rempli son sac en conséquence, mais iel ne s’était pas imaginé·e que Leon voudrait ça. Iel grimpa les marches à la suite de Leon, iel observa les gens passer dans l’hôtel, jusqu’à tomber devant la chambre de Leon. Il fit la moue, songeant que dormir dans un endroit chaud lui manquait. Bien plus maintenant, qu'iel avait (re)connu la chaleur d'un foyer, qu'à l'époque où iel parcourait les rues de Dublin à la recherche d'un lieu où dormir à l'abri du froid. Enfin, une fois dans la chambre de Leon, Bloody Mary défit son sweat.

« Je ne m’attendais pas ça, avoua Bloody Mary en passant ses doigts dans ses boucles rousses. D’habitude, j’ai un minimum de conversation avec... »

Avec ses clients, oui, c’était bel et bien le mot. Il gonfla la poitrine, iel trouva une place parfaite ; debout, près de la porte. Pour sa sécurité.

« Bref, quelles sont tes préférences du coup ? Je suis open sur pas mal de trucs. »

Sans parler encore de Safeword, Bloody Mary était en train de se faire des plans sur la comète, sans même se rendre compte de l’énorme quiproquo que Leon avait créé.

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Ft. @Bloody Mary

- Apprendre la photo ? demande Leon, un sourire dans la voix et sur les lèvres. Tu as frappé à la bonne porte, dans ce cas.

Il rigole et commence alors à se diriger vers le quartier général du club photo, monte les quelques marches qui les séparent des étages , toujours sans se rendre compte du quiproquo qui doucement se met en place entre deux, ses propres mots en étant la cause il est vrai. Mais il sifflote - insupportable - en grimpant les marches et en se retrouvant dans le dédale de couloirs de l’hôtel.

Ils arrivent dans la chambre, une vraie chambre il est vrai, il y a un lit et quoi s’asseoir, de quoi préparer les quelques réunion de club qui ont lieu entre ces murs, ce fameux panneau en liège empli de quelques bouts de papiers. Et il y a Leon, qui pose son sac sur le lit - on sent légèrement le poids qui le remplit quand il atterrit sur le matelas. Et durant ce temps, il écoute Bloody Mary exposer de ses préférences et parler de ses idées. Leon tire une moue intrigué, et en vérité pour l’instant, il ne le regarde pas, il préfère fouiller dans le fond de son sac pour déballer son impressionnant objectif.

- Mes préférences ? questionne-t-il car ce sont ces mots qui l’intriguent. Plutôt les tiennes, non ? C’est toi qui veut des cours, après tout. Il hausse les épaules, sort son objectif de son sac - mouvement assez vaniteux il est vrai parce que ce n’est que pour lui montrer qu’il le déballe. Personnellement, je travaille sur du numérique comme tu peux le voir mais je faisais de la photo polaroid avant, donc si jamais t’as ce genre de matos, je peux aussi t’apprendre à bosser là-dessus... Évidemment, je peux aussi m’adapter aux téléphones si jamais t’as que ça, certains peuvent faire de jolies photos si on sait s’en servir et puis on peut toujours jouer avec les filtres aussi... Bon, ça je suis pas forcément calé, je préfère bosser ma lumière et mon image moi-même en amont mais je sais que certains apprécient. Si jamais t’as un appareil argentique, déjà sache que tu tiens entre les mains une antiquité mais surtout je pourrais pas t’aider, j’ai jamais bossé avec ce genre d’appareil. Mais ce serait sacrément étonnant, ça quand même...

Il se retourne enfin vers Bloody Mary, qu’il fixe en haussant un sourcil, sans rien remarquer d’étrange. Puis il continue son spitch, son monologue assommant.

- Je fais de la photo animalière et de paysages, si jamais, précise-t-il. Ce sera peut-être important par rapport à ce que tu veux faire... D’ailleurs tu veux faire quoi ? Pourquoi tu veux apprendre la photo ?

En vérité, la réponse “parce que j’ai envie” lui suffirait amplement mais il y a de la curiosité maladive dans le fond de ses paroles, de ses mots, de ses gestes, de ses yeux.

Puis enfin le voilà qu’il remarque, le détail qui détonne dans la scène. Il fronce un moment les sourcils, sans vraiment comprendre le pourquoi du comment. Et pourtant, il commente.

- Bah mets-toi à l’aise.

Résumé:

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Bloody Mary ne voit pas le quiproquo, malgré le discours détaillé de Leon. C'est peut-être la fatigue, c'est sans doute son état mental, mais lui, il croit que Leon lui propose de coucher en échange des cours de photographies. Pourtant, iel n'a pas le souvenir de ça. Les pirates ne lui ont pas parlé de sa libido ni de ses préférences sexuelles. Alors iel se demande, comment l'autre lae perçoit. Leon n'a pas de regards particuliers, il n'a pas ce froncement caractère, de celles et ceux qui cherchant des réponses dans son physique. Peut-être s'est-il attardé sur sa maigreur, mais il n'est pas confus sur sa nature. Peut-être que c'est ça, qui l'attire, finalement, peut-être que sa proposition vient de là.

Leon s'enfonce dans ses explications,
Bloody Mary constate juste la passion,
Et dans son crâne, nage l'incompréhension.
Iel fini par conclure : qu'il veut des photos
De leurs ébats, une mise en scène, oh...

Bloody Mary cala son dos contre la porte, iel observe Leon d'un oeil critique, iel continue de fouiller dans son cerveau, la cause et l'effet qu'iel lui a donné ? Dans tous les cas, c'est mécaniquement qu'iel ouvre le sweat, dévoile un large t-shirt à manche longue, dans lequel iel flotte. Devant l'invitation de Leon, Bloody Mary se penche, et commence à enlever ses chaussures.

« Mh... je n'ai qu'un téléphone portable, la qualité est pourrie par contre, prévient la belle avec lassitude. Je tiens... euh... des chroniques ? »

C'est rare de percevoir de l'hésitation chez Bloody Mary. D'habitude, c'est les autres qu'elle fait bafouiller.

« Sur les trucs chelous qui se passent, précise-t-il alors, avant de pencher la tête sur le côté. »

Bloody Mary était en train d'enlever ses chaussettes, mais le regard un peu étrange de Leon l'alerte enfin. Gros silence alors, lae jouvenceaurelle le regarde, observe ensuite la chambre, et se fige sur place. L'on dirait un chat pris sur une mauvaise action, qui s'arrête, et croit que ne plus remuer une moustache, le rendra invisible. Bloody Mary plissa le front, et se remet à fixer Leon.
Grand moment de solitude,
Et c'est presque avec lassitude,
Qu'iel comprend enfin !
Et c'est gêné, qu'il vient
S'assurer que c'est bien ça :

« ... Tu n'étais pas en train de me proposer de coucher avec toi, en échange des cours de photos... ? »

On sent les trois petits points de suspension dans son ton, l'incompréhension dans ses yeux bleus. Bloody Mary remet vite ses chaussettes, ses chaussures, en bougonnant quelque chose en gaélique irlandais : « Tá mé i ndáiríre an leathcheann is measa... », suivi d'un plus classique :

« Gobshite.»

Désormais, les origines de Bloody Mary étaient aussi claires que l'accent de Leon. Si la rousseur avait été un premier indice — malgré le cliché —, la voix un peu traînante, la désinvolture dans son comportement, et enfin les paroles ! Tout cela levait le voile sur le doute.

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Spoiler:

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Ft. @Bloody Mary

A l’aise peut-être même un peu trop puisque Bloody Mary continue à retirer minutieusement ses vêtements sous le regard empli d’incompréhension de Leon. Dans ses souvenirs, il ne l’invitait pas à aller si loin alors il se gratte l’oreille droite, sourcils froncés sans vraiment capter ce qui est en train de se dérouler sous ses yeux, appareil et objectif toujours dans sa main gauche. Bloody Mary lui parle de son téléphone portable, qualité médiocre mais unique instrument de travail qu’il possède. Leon hausse les épaules à ces mots, en ces temps il ne faut pas vraiment faire la fine bouche, même s’il veut tenir des chroniques des évènements qui se passent désormais ici.

Ça l’intéresse en vérité, Leon.
Il est aussi journaliste, il est vrai.

Et pourtant, il laisse s’étaler le silence dans lequel ils s’embourbent tous-deux, Bloody Mary retire maintenant ses chaussettes après avoir enlevé ses chaussures. Leon le regarde, toujours sans rien dire, jusqu’à ce qu’enfin ses yeux se reposent sur lui.

Silence.
Malaise.

- ... Tu fais quoi là, en fait ? qu’il demande.

Nouveau silence.

Leon est sans-gêne peut-être mais à la réponse de Bloody Mary, il ne peut s’empêcher d’écarquiller légèrement ses pupilles car jamais cette idée ne lui aurait simplement traversé l’esprit. Coucher avec en échange de cours de photographie. Peut-être que s’il n’était pas marié, peut-être que s’il était à nouveau à l’époque de ses vingts ans où encore il lui arrivait de finir une nuit accompagné après une soirée bien arrosée, il n’aurait pas dit non à un peu de compagnie de la sorte.

Mais payer pour ça ?
Jamais.

- Non merci, répond-il alors au tac-au-tac, directement et toujours sans la moindre once de gêne. La prostitution, c’est pas ma cam’, désolé. Pis je suis marié en plus.

Il lui montre la jolie alliance qui orne son annulaire gauche au milieu de ses nombreux autres bijoux, alliance en or cuivré à l’aspect martelé. Sa compagne peut-être est encore à l’extérieur de la ville, peut-être même le croit-elle mort ? Mais lui, jamais il n’irait la tromper.

Et alors que s’étale encore le malaise et qu’il voit la gêne monter aux joues de Bloody Mary - il a haussé un sourcil en entendant son accent irlandais et son gaélique parfait sortir de ses lèvres - il décide tout simplement de passer à autre chose, de revenir au sujet qui l’intéresse le plus, Leon : la photographie.

- C’est quoi ton téléphone ? demande-t-il donc. Tu peux me le montrer ? Ou du moins l’appareil photo ?

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C'est que pour Bloody Mary,
Cela avait été le quotidien,
Et voilà que ce petit rien,
Fini par l'attendre, en elle — et lui.

Bloody Mary se pinça la lèvre inférieure, le malaise était tellement palpable qu'il aurait pu le voir gambader entre eux. Iel avisa l'alliance au doigt du photographe, ouvre la bouche pour répliquer que la barrière du mariage ne les a jamais arrêtés — surtout Charles. Néanmoins, iel se retient au dernier moment, puisque Terrence se sent rougir comme un adolescent de douze ans, qui vient de se faire reprendre en classe par sa professeure, alors qu'on regarde l'élu·e de son coeur — au cas où, la question serait posée, oui cela était déjà arrivé. Et elle s'appelait Moïra.

Bien heureusement pour eux, Leon passe à la suite. Bloody Mary remet ses chaussettes et ses chaussures, avec bien plus de rapidité qu'il ne les avait enlevés, gêné. Voilà bien longtemps qu'iel ne pensait pas ressentir de la honte à nouveau. C'était une chose dont iel s'était défait bien vite, dans la rue. Petit raclement de gorge, iel remet son écharpe correctement autour de son cou, et gratte au passage les plaques écarlates sur sa peau.

« Oui... attends. »

Bredouille la belle, en tirant son téléphone portable de sa poche. C'était un vieux modèle d'Apple, que Bloody Mary s'était payé — en partie — avec les premiers salaires que Fredda lui avait versés. L'on pouvait se demander comment il était parvenu à survivre — à Mary et à la tempête — toutes ces années, sans que l'écran soit rayé, sans qu'il finisse jeter ou fracasser dans ses élans dramatiques. Pour cause ! Terrence prenait plus soin de son smartphone que de ses relations avec les gens. Dedans, il y avait ses souvenirs les plus importants.

Des filles à Georges, des soirées à Dublin,
De la scène, des paillettes, des robes et des rêves,
Où Chantalle s'élançait encore, jusqu'à la fin,
Jusqu'à sentir ses membres trembler de fatigue, sans trêve.
Le spectacle doit continuer.

Bloody Mary finit par se rapprocher de Leon, le corps crispé, et lui montre le contenu des photos. La qualité est bancale, malgré les idées de grandeur, malgré les voyages qu'elle a faits. Les photos qu'il montre ne sont pas compromettantes, il s'agit surtout de la ville avant de la tempête, lorsqu'il était arrivé deux semaines avant qu'elle ne vienne tout ravager. Des paysages, et des visages inconnus ou (trop) connus, de foule, de gens dont iel a partagé les instants avant de s'envoler, de se dissiper comme un rêve au petit matin. Dans le lot, on voit celles où Terrence a pris son temps — l'angle est plus souligné, la lumière souvent artificielle plus réfléchie —, de celles prises à la volée. L'esprit est créatif, sensible, mais chaotique, sans enseignement, qui peut déborder dans tous les sens. Bref, ses photos sont à son image ; la qualité de l'appareil est datée, les selfies connaissent la surenchère de filtres — pour dissimuler —, et les photos plus spontanées ou qui ne lae concernent pas contrastent fortement.

« Voilà... j'en prend plus depuis la tempête. »

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Spoiler:

INTERVENTION POUVOIR LEON

Ce sont des petites bouts de vie, qu’on te montre là, Leon.
Des photos sur un écran de portable qui a vu le temps passer.

Des photos, oui.

Pourtant, Leon, quand tu les regardes— les photos, elles semblent s’animer, sous tes yeux. Uniquement sous tes yeux à toi. Tu les vois bouger, juste deux petites secondes, c’est si rapide que tu te demandes si tu ne l’as pas imaginé. Mais Bloody Mary te montre une autre photo.
Ça recommence.
Iel t'en montre une autre encore.
Et ça recommence.
Encore et encore et encore.
À chacune des photos, c'est comme si tu voyais une vidéo si courte et si brève, qui reboucle, inlassablement.

Cependant Leon, tu es bien sûr et certain que ce sont des photos et non des vidéos que Bloody Mary te montre…

#InstaPhoto #InstaChronique

Ft. @Bloody Mary

Un vieil I-Phone légèrement daté, et il sourit Leon en songeant à son propre téléphone aujourd’hui entre les mains d’un adolescent bricoleur, un vieux Blackberry, si vieux qu’il possède encore un clavier qwerty en plus de son écran tactile coulissant. Certains en rigolent encore mais Leon l’apprécie son vieux téléphone, d’autant qu’il se doute que ce dernier contient des souvenirs, certains qui ne sont présentement plus dans son esprit malade, cachés quelque part dans le fond de sa mémoire.

Il regarde d’un oeil critique les quelques photographies que Boody Mary lui montre, quelques photos de la ville avant la tempête, rien de trop intime ou de trop personnel. Il y a une photo du super marché encore debout lorsque se lève le soleil, celle d’un petit chien bâtard dans la nuit - Leon sourit, amusé - ou encore l’intérieur d’une brasserie. Et pourtant quelque chose cloche sur ces photographies, Leon le voit, Leon le sent.

Les phares d’une voiture s’allume sur la photo du supermarché.
Des gens passent derrière la vitre de la brasserie.
Le chien tourne la tête vers l’objectif avant de détourner les yeux en réponse à un bruit.

Il cligne des yeux, Leon, sans vraiment y croire, sur le point de signaler qu’il a demandé à voir les photographies et non pas les vidéos mais il se retient au dernier moment. Parce que quelque chose dans le fond de son esprit lui souffle que ce sont bien des photographies. Il laisse ses mots en suspend, regarde à nouveau les photos s’animer sous ses yeux, le chien à nouveau le regarde un court instant avant de détourner les yeux, puis ça reboucle, encore et encore.

Le silence commence à s’étaler.
Et ça commence à se voir sur son visage.
Que quelque chose ne va pas.

- Eurm... commence-t-il. Ça va, niveau qualité, j’ai vu pire... Pis on se contente ce qu’on a, à ce stade...

Nouveau regard sur les photos, ça bouge encore. Et il y a comme une intuition légère, une force étrangère qui le pousse à aller fouiller dans son carnet de visages, la photo polaroid qu’il y garde précieusement. Mais seul un spasme dans son bras trahit ses pensées.

Résumé:

#InstaPhoto #Instachronique « I know of sin by the things momma prayed
I know of heaven by the line at its gate
I know of truth and America's way
So come drink the water if you want to be saved »

( Justin Cross → Drink The Water )
Ah Leon, si tu savais, comment ton silence,
Est ce qui alerte le plus les insécurités de Terrence.
Jugé, c'est ainsi que bien malgré lui, Bloody Mary
Sent les mots gardés dans ta gorge, et iel sourit,
Cherchant une terrible validation sociale,
Dont tu serais, en quelque sorte, le vassale.

Et Terrence se crispe, la situation lui échappe, c'est ce qu'il voit. Leon semble être pris dans quelque chose, alors que pour une fois, il a fait attention à être normal. Il se mouille les lèvres, l'interroge, et se persuade qu'il remet en cause ses qualités — la photo ne fait pas partie de ses arts. Alors... quand Leon brise son mutisme, semblant s'attarder sur le chien pris dans les rues de la ville, il recule d'un pas aussi. Dans le silence, il ne sait pas se tailler sa personnalité sur-mesure. Cependant, dans ce silence, le langage non verbal de Leon dévoile son trouble.

Bloody Mary referme ses doigts sur le téléphone, la dernière photo, il s'agit d'une rousse que l'on a prise de dos. Des cheveux de feu, aussi brillant que les siens, mais sans les boucles et pas aussi longs. Le corps dissimulé sous une épaisse couette, elle est tournée vers ses pensées. Dans sa nuque, des grains de beauté et des taches de rousseur s'éparpillent sur les épaules, glissent sur les omoplates, en autant de constellations infernales perdues dans un cosmos immaculé. Si Leon regarde, et voit l'image s'animer, on peut voir ses délicates épaules se secouer, comme quelqu'un qui se retient de rire.

Quelques secondes avant que la boucle ne se referme,
Ses cheveux roulent, on la voit sur le point de se retourner,
Un début de sourire au coin des lèvres maquillées,
Mais Bloody Mary se rend compte, et c'est d'une main ferme,

Qu'il cache de nouveau son téléphone portable dans sa poche. Il regarde Leon, sans émotion, analyse la situation, critique. Il penche la tête sur le côté, ah... ça il le voit ! Il est remué, derrière ses lunettes au verre brisé. Il se racle la gorge, il roule des épaules et se tient plus droit, Bloody Mary demande alors :

« Quelque chose ne va pas ? »

Peut-être que Leon veut le jeter dehors, et qu'il ne trouve pas les bons mots. Peut-être que Bloody Mary le dégoûte, ou peut-être ne fait-il pas le lien entre elle — et lui. Ou bien, c'est autre chose qui pour une fois, ne concerne pas le mal qu'iel fait autour de lui. Il se tient le dos contre le mur, dans un endroit sûr, où aucune attaque ne viendra percer par derrière l'une de ses omoplates.

« Tu veux que je m'en aille ? »

Demande-t-il, d'un ton et d'une voix neutre, ni vraiment féminine, ni vraiment masculine. Il plisse le front, et détaille le photographe, sa méfiance est réveillée. Si seulement, iel savait ! Encore une fois, il a été confronté au surnaturel de cette ville — qu'iel maudit encore.

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Ft. @Bloody Mary

C’est une force étrangère qui le pousse. A aller voir son polaroid caché dans son carnet non loin. Comme si un morceau de lui était caché également entre ces pages. C’est presque irrésistible. Pire que la curiosité qui souvent le pousse à des actions irréfléchies. Pire que ces envies passagères de tout voir et tout comprendre. Comme s’il avait besoin de l’avoir entre ses mains, tout contre lui. Et voir leurs visages s’animer sous ses yeux, se mouvoir, sourire et rire en silence.

Encore.
Et encore.
Et encore.

Mais une dernière image s’anime sous son regard. Un dos à demi-dénudé, constellé de tâches de rousseur et de grains de beauté, où coulent une chevelure d’un roux vif. Un moment, les épaules se secouent lentement mais distinctement à ses yeux, et le visage se retourne avec sur le coin de ses lèvres maquillées le début d’un sourire amusé. Et à nouveau l’image revient à son point de départ, trois secondes voire peut-être deux avant qu’elle ne reboucle une nouvelle fois. Ça ne s’arrête pas, pas pour le moment. Leon secoué un court moment, car toujours ses pensées sont tournées vers sa photo polaroid où s’anime une femme aux longs cheveux cuivrés - pas aussi roux il est vrai - et aux tâches de rousseur qui s’étalent sur ses traits, son visage, ses épaules et son dos. Leon le sait.

Il garde des souvenirs.
De son corps mais aussi de son rire.

Alors ça le chamboule peut-être, de voir sous ses yeux écarquillés s’animer ces quelques détails similaires. Mais la photo s’enfuit de son regard, il redresse les yeux et enfin remarque que le silence pèse. Il ne dit rien, il ne fait rien pour essayer de l’apaiser comme il l’a fait plus tôt, premier malaise passé et rapidement remplacé par un second encore plus incompréhensible. Pourtant il essaye Leon. Sans y parvenir.

Quelque chose ne va pas ? demande-t-il.
Bloody Mary en face de lui.

- Non, répond Leon. Mensonge qu’il parvient à peine à dissimuler derrière ces mots faussés. Non, tout va bien.

Nouveau silence.
Nouvelle question.
S'il souhaite que Bloody Mary parte ?

- Bah pourquoi ?

La voilà sa réponse pas vraiment réfléchie, l’esprit est bien trop parasité pour réussir à correctement penser mais Leon n’est pas idiot et possède l’œil des détails. Car il a bien vu que c’était Bloody Mary sur la photo, aux traits plus féminins qu’ici et maintenant.

De cela, Leon ne s’en préoccupe pas en vérité.
Mais comment l’autre aurait pu le deviner, il est vrai ?

Il capte à retardement peut-être, le pourquoi de cette question et la méfiance qu’il voit dans ses gestes. Leon lui aussi parfois pointé du doigt pour avoir fait un baiser à un autre homme, moqué pour les quelques touches de maquillage qu’il mettait sur ses traits afin d’effacer artificiellement les imperfections de son visage, regardé de travers à cause de sa carnation plus foncée dans une Angleterre bien blanche de peau. Oh oui, lui-aussi a vécu ce genre de méfiance, adepte du laisser couler en refoulant cette rage sourde qui résonnait dans le creux de son estomac.

- Non, je. Euh, en fait c’est... Comment expliquer ? Que sous ses yeux les photographies s’animent comme s’il vivant dans un film Harry Potter ? Et que c'est pour cette raison qu'il est perturbé ? Mais finalement, il n'y parvient pas et se décide à donner l’explication la plus simple : Je dois être fatigué.

Mais au fond, ce pourquoi lâché sur le ton de l’insouciance exprimait clairement le fond de sa pensée.

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( Justin Cross → Drink The Water )
Les mensonges, Leon, la mésange les voient,
Pas moins qu'un songe, l'ange constate, toutefois,
Que ton tempérament change, tu n'es plus pareil.
Est-ce à cause d'elle ? À cause de lui ? Son oeil veille,
Epie la moindre réaction, surveille toutes tes actions.

Et son dos, resté collé au mur, se tend au cas où. Oh... ce n'est pas toi, ce n'est pas de ta faute, si Bloody Mary se méfie. Mais iel a gardé, le mauve sur la peau, la nuance de roi des coups qui lui ont été portés. La douleur refoulée au plus profond de ses entrailles, et qui crie, pourtant sur sa carnation de poupée. Les plaques d'eczéma rongent son cou, le creux de ses bras, mais ça, tu ne les verras pas. Oh non. Tu ne peux que constater la lourdeur dans ses épaules, le bout de ses doigts qui se met à trembler, et l'angoisse qui gonfle en tumeur dans ses tripes.

Ses bras qui se croisent sur sa poitrine, ses ongles qui s'enfoncent dans ses paumes. Sa mâchoire se contracte, et ses pupilles de poupées délavées — brisées — se rétractent sur le photographe. Elle avait oublié cette maudite photo, elle ne se souvient même plus de qui l'a prise. Et ça lui rappelle, tous les mots soufflés par Icare, les maux creusés au fond de ses entrailles, qui brûlent et lui retournent l'estomac.

Et la question, naïve, lui tire un froncement de sourcils. Voilà que Bloody Mary lance, d'une voix glaciale :

« Je te dégoûte ? »

C'est plus un constat qu'une question, c'est parce que c'est ça, non ? C'est ainsi que Bloody Mary le croit. Iel se persuade plus qu'il ne voit, il n'est pas en mesure de comprendre. Pour une fois, il réfléchit beaucoup trop, et manque la vérité. Il réfléchit tellement, qu'il imagine une situation qu'il ne vit pas. Fait de Leon, l'un de ces mauvais augures auquel il s'est habitué. Auquel il a survécu. Encore. Et encore.

Bloody Mary inspire, il ne doit rien montrer. Ni le bout des doigts qui tremblent, ni les angoisses qui se soulèvent sous sa peau. Il se tient plus droit, il redresse le menton, et princier, il examine Leon de ses iris clairs. Son attitude change radicalement, il tempère les peurs, dissimule la crainte, et retrouve sa prestance un peu méprisante.

On sauve les apparences,
On se reprend, Terrence.
Bloody Mary à Leon sourit,
Et retrouve son charme.

Il bat des cils, il attend, il continue d'observer. Son trouble se dissipe vite, mais il constate la fébrilité dans la voix, les gestes. Il considère les mouvements, les regards, Leon avait été sympathique jusque-là, mais à présent, l'on dirait une autre personne — peut-il penser cela, alors qu'il vient juste de le rencontrer ? Oui, fossé est trop soudain. Alors Bloody Mary exige :

« Dis-moi ce qu'il se passe ? »

Rassure les insécurités, pitié, ne lui dis pas que c'est « ça ».

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Ft. @Bloody Mary

La fatigue. Peut-être.
Il voudrait bien.
S’en persuader.

Et pourtant. Pourtant il sait que ce n’est pas là l’explication qu’il voudrait. Dans le fond de sa poitrine, il ressent encore le besoin de fouiller. Sa photographie. Encore. Toujours. Il déglutit, en fixant Bloody Mary. Il voit, de ses yeux ambrés, le stress monter, les mains trembler. Et il s’en veut, soudainement, de sa question stupide. Il n’a pas réfléchit, il n’a pas réussi à penser. Si ce n’est à son polaroid.

Alors il se bouffe les lèvres.
Nouvelle question.
Si Bloody Mary le dégoûte ?

- Non.

Une réponse immédiate, spontanée, comme plus tôt. Mais là non plus, il n’a pas eu besoin de réfléchir. C’est ainsi, Leon ne se préoccupe pas de ce genre de choses, ce n’est pas cela qui l’intéresse chez les gens. C’est bien d’autres choses, bien d’autres détails, bien d’autres éléments.

Et il voudrait bien, Leon.
Expliquer. Ce qui ne va pas.
Ce qui le perturbe.
Mais il serait pris pour un fou.

Pourtant, Bloody Mary le demande, après s’être finalement repris, nouveau sourire, nouvelle pose. Feinte, il semblerait aux yeux de Leon. Car il semblerait que lui-aussi porte un masque sur ses traits. Un masque qu’il a laissé tomber un court instant, avant de se reprendre. Devant le regard de Leon, et il voit les détails, Leon. Il voit les détails des choses, des images, des paysages, des gens. Mais il ne dit mot.

Il voudrait bien.
Mais il n’y parvient pas.

- Rien.

Voix blanche, ses oreilles sifflent. Et il se sent lui-aussi sur le point de flancher, perturbé et épuisé, son regard se voile, il faut qu’il s’assoit. Il s’en va se saisir le crâne, serrer dans son poing ses cheveux noirs, souffler peut-être aussi, évacuer. Rien ne va, rien ne va plus. Le stress lui vrille l’esprit, la fatigue le fait trembler.

Et finalement.
Il s’écroule.

L’obscurité l’envahit, son corps se tend, il ne se sent même pas chuter pour dire vrai, inconscient avant même de toucher le sol. Il se contracte, ne respire plus, quelques secondes à peine, une éternité selon lui. Les yeux révulsés, il ne voit plus rien, juste du noir et l’intérieur de son esprit. Maintenant, les secousses traversent ses membres, c’est long, terriblement long, plus d’une minute entière de convulsion. Puis tout s’arrête, aussi soudainement que tout a commencé. Il recommence à respirer, souffle long et bruyant, ouvre ses yeux fatigué. La douleur lui traverse le corps, voilà seulement qu’il remarque qu’il est au sol. Il s’est bouffé la langue, cogné la tête, aucune force dans ses bras et encore moins dans ses jambes. Il jette un regard circulaire autour de lui, la chambre d’hôtel et la personne à ses côtés.

Une crise d’épilepsie, voilà ce qui guettait.
Depuis août, il n’en avait fait.

- Tu... Tu ressembles à ma femme... Le voilà qui avoue, une partie du problème. Sa voix est rauque, sa langue est pâteuse, les mots peinent à sortir de ses lèvres. Et les photo bougent... Je comprends rien à ce qu’il se passe.

Oh, ce qu’il voudrait dormir.
Une centaine d’année si possible.

Et il remarque seulement, dans le fond de son esprit brouillé, qu’au niveau de l’aine son pantalon colle à ses cuisses. Il déglutit ce sentiment de honte qui lui tombe brusquement dessus.

- Merde...

Il parvient à bouger son bras.
Pour masquer son regard.

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Non, ce n'était pas cela, ce n'était pas « elle ». Bloody Mary ferma un instant les yeux, il inspire, il expire, et lorsqu'il les rouvre, il voit les premiers signes. Il n'a le temps de faire qu'un pas qu'il voit Leon s'écrouler d'abord. Il y a les premières secondes de flottement, celles où elle regarde l'homme étendu à ses pieds. Elle recule d'un pas, elle se tient la tête (les souvenirs remontent).

(Ils remontent, alors qu'elle avait tout fait pour les oublier.)

(Ils remontent, tandis que son coeur se serre, et que son souffle se coupe.)
(Ils l'assomment, la rendent fébrile, tandis que Chantalle se dit : non.)
(Ce n'est pas pareil, il n'a pas l'air comme eux. Ce n'est pas de ta faute, attention !)
(Si tu ne fais rien, ça le deviendra, si tu ne fais rien, il sera en danger.)
(Tu ne l'as pas senti contre toi, le corps qui convulse, les yeux gros comme des loupes.)
(C'est dans ta tête, Chantalle, Terrence, Bloody Mary — qu'importe le nom que tu portes).

Quelques secondes de flottements, le stress descend brusquement. Le cerveau casse le fil de ses pensées ; Bloody Mary passe en mode automatique. D'abord, elle fait un pas, puis un autre, vers le corps étendu qui continue de convulser. Ses mains ont arrêté de trembler, son glacial pragmatisme reprend le dessus. C'est ce qui l'a tant de fois sauvé, c'est ce qui lui a permis de ramener son agresseur à l'hôpital. Et reprendre sa vie, comme si le mauve sur sa peau n'était jamais arrivé.

D'abord, Bloody Mary enlève tout ce qui se trouve à proximité. Elle ne touche pas Leon, elle éloigne ce qu'elle peut, afin de lui éviter de se blesser. Si le lit est trop proche, elle le pousse, laisse ses membres bouger dans tous les sens. Elle songe :

On dirait, un pantin désarticulé
Qui est en train de danser.
Un corps aux membres un peu raides.
Et elle accepte de lui porter son aide.

Une fois que les dangers sont éloignés, elle parvient à lui enlever ses lunettes, et elle tente désespérément de desserrer ses vêtements. Elle retire son affreux noeud papillon, elle défait les boutons de la chemise, la ceinture. Et là, elle reprend ses distances, elle ne sait simplement pas ce qu'elle doit faire. Alors... elle attend, elle inspire, et elle enlève sa veste. Quand Leon reprend ses esprits, et se remet à parler, Bloody Mary est à côté.

Iel le fixe, hoche la tête, avant de hausser un sourcil. Elle ressemble à sa femme, et les photos bougent. Ahahahahaha.

(Dans ta tête, c'est un rire froid, désabusé. Tu penses : encore ?)

Bloody Mary inspire, il se frotte les yeux, et quand Leon peste, il avise son pantalon. Il ne dit rien, il ne juge pas - il a été dans des états pires que ça. Après tout, Bloody Mary est du genre à vomir aux pieds de la femme de sa vie.

Bloody Mary lui tend la main :

« On verra ça après, piscín. Pour l'instant, tu peux te relever ? Viens. »

C'était un ordre, pourtant, Bloody Mary attendait que Leon glisse ses doigts dans les siens. Ses yeux ne le quittaient pas, ils ne jugeaient pas, ils observaient. Son coeur battait vite dans sa poitrine, frappant ses tempes. La tension finirait par retomber, pour l'instant ? Ce n'était pas important.

« Tu as des médicaments à prendre quand ça arrive ? J'ai pas l'habitude de gérer les crises de ce genre, comme s'il y en avait d'autres ? Oui. Dis moi ce que je dois faire. Tu te sens comment ? »

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Ft. @Bloody Mary

Il garde les yeux fermés. Un moment. Un long moment resté dans le noir, oublier ce qui se passe autour, les meubles ont été déplacés, ses vêtements ont été desserrés mais il ne parvient à le remarquer. Il garde l’esprit dans le flou, yeux fermés alors qu’il renifle et qu’il grogne de temps à autre, toujours cette honte dans le fond du ventre et cette déprime qui lui tombe dessus comme une pierre. Il redresse juste vaguement le bras et les yeux lorsqu’on s’adresse à lui, il peine à reconnaître la voix et l’accent, il voudrait juste rester seul et dormir ici-même, par terre.

Il est tellement fatigué.
Et ses membres sont lourds.
Tellement lourds.

Il saisit le poignée tendu, lourdement mais sans parvenir à serre le poing autour, alors son bras retombe sur le sol une première fois avant de parvenir à réellement le saisir. Oh, il essaye bien de se relever comme demande, mais il n’y parvient. Juste à se mettre assis. Lamentablement sur le bord du lit.

Des médicaments ?
Il n’y en a plus, des médicaments.

- Non... souffle-t-il de sa voix encore trop rauque. Pas de médicaments... Il y en a presque pas, des médicaments... Il se saisit à nouveau le crâne, plisse les yeux et souffle profondément. J’ai mal partout.... J’ai... Putain, la dernière fois c’était en août...

Il fait rouler son cou sur ses épaules, entend sa nuque craquer avant qu’il ne pose son crâne contre le matelas du lit. A nouveau il ferme les yeux. Dormir. Encore. Dix ans. Il souffle, parfaitement incapable de se relever, rester assis lui tend déjà le bas du dos et les cuisses. Des courbatures dans tous les membres et ça va durer des jours. Il le sait. Parfaitement.

Il veut se changer aussi.
Il a toujours une honte terrible dans l'estomac.
Mais il ne parvient pas à se remettre debout.

- Déjà les baleines volent... Il a rouvert des yeux fatigués, fixe le plafond. Et maintenant les photos bougent... Mais pourquoi je m’étonne, cette ville entière est bizarre... Il lance un regard à Bloody Mary, équivoque : il déteste cette ville. Faire des chroniques, c’est ça que tu disais? J’suis plus sûr... Mémoire en vrac, encore plus suite à sa crise. J’ai des photo des baleines dans mon appareil si tu veux...

Il se frotte le nez, pointe son boîtier posé sur le lit au côté de son impressionnant objectif. Il y a bien d’autres photographies dans son appareil, la plupart sont réussis car il économise de la place dans sa carte mémoire alors il supprime la plupart des clichés ratés - une grande majorité il est vrai - bien qu’il en garde quelques unes qu’il considère tout simplement comme marrantes.

- Je suis désolé... marmonne-t-il alors soudainement. Pour la crise... Je suis désolé... C’est pas super comme première rencontre. Rire froid, au fond de lui il veut toujours regarder son polaroid. Je suis fatigué...

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« Oui... Je... Bloody Mary soupira, elle ferme les yeux et se reprend : je voulais dire, est-ce que tu as une marche à suivre quand ça arrive ? »

Bloody Mary tente un sourire, rassurant. C'est qu'il en a vu, des belles-de-nuit tomber depuis la scène. Des fleurs gangrénées par les crises les angoisses souvent, et elle-même n'en était pas à l'abri. Il s'accroupit face à Leon, le fixe de ses yeux clairs, et ne commente pas son pantalon humide — il songe juste à quel point, cela doit être désagréable. Le bout de ses doigts a cessé de trembler, et les mains jointes devant ellui, iel examine le panel d'expressions sur son visage. Iel voit le désespoir, la fatigue qui lui accapare les épaules. Pour l'instant, si Leon n'en émet pas la volonté, Bloody Mary ne le force pas à se relever.

Et il s'excuse, Leon, comme un enfant
Et elle n'est plus confuse, elle attend,
Calme, les mots s'usent et se dérèglent,
L’anxiété fuse, c'est comme un aigle.

Et Bloody Mary secoue la tête, un peu, ses boucles de feu dansent sur ses yeux. Il se redresse, il dépose ses affaires, puis il inspecte la chambre. Il a défait sa veste, il a remonté les manches — pas trop haut, on risquait de voir l'eczéma dans le creux des bras.

« Ne t'en fais pas, lance Terrence avec un sourire plein de charme, c'est l'effet que je fais la première fois. Et après, on s'y habitue. »

Remarque pleine d'égo, si ce n'était la douceur des yeux, qui dit : ce n'est pas grave, ne t'en fais pas. Iel avale sa salive, iel regarde son sac, et se demande ce qu'il doit faire. Donner de l'eau ? Il se passe la main sur le front, et tout simplement, il reprend :

« Cette ville est dingue, et ce n'est pas tes photos que je veux, c'est apprendre à en faire. Et j'irais... voir... par moi-même tout ça, iel hausse les épaules, puis iel se rapproche de Leon. T'en fais pas pour l'instant, on en parlera plus tard. »

Sage décision que le diable prend là. Leon est fragilisé, il n'est pas en état, et cela ne sert rien de forcer. Iel se mouille les lèvres, iel inspire, et expire, cherche à recouvrer son pragmatisme glacial. Iel rajoute alors après un moment de silence :

« Tu n'es pas ma première fois, une poignée de seconde, un rire mutin et grave, elle cherche à détendre l'atmosphère alourdie. J'ai vu un gamin capable de changer la taille de ses mains, j'ai vu cette fleur cheloue, et une meuf qui a changé d'apparence. »

Et pour Terrence, qui préfère vivre dans le déni, cela veut tout dire ! Le fantastique est tout près d'ellui, à chaque recoin, à guetter un moment d'inattention. Ah ! Iel finira par songer qu'on la maudit, et que c'est lui qui attire tous ces phénomènes. Pour l'instant, on y est pas, et le déni reste là.

« Ne t'excuse pas, j'en ai vu d'autre, lâche Bloody Mary. Là, t'as besoin de repos mon grand. Si tu as besoin de moi, je peux rester, si tu veux que je parte ? Tu peux me le dire aussi, c'est toi qui vois. »

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Ft. @Bloody Mary

Une marche à suivre ?
Quelle marche à suivre ?

- J’en sais rien moi, en vrai... Il geint d’un air désespéré, Leon. J’en sais rien, généralement je dors deux jours d’affilé sans rien faire, je me gave de cachets pour les maux de crâne et les courbatures à tel point que j’ai l’air totalement défoncé...

Il renifle, l’air toujours aussi déprimé et désespéré. Ça pourrait presque déteindre sur quiconque se trouve autour de lui, depuis qu’il s’est assis, il n’a pas plus bougé, membres et paupières lourds, la fatigue se lit dans tout son corps et tous ses gestes, même le rire qui sort de ses lèvres semble être épuisé et respire l’abattement. Ouais, on s’habitue, qu’il marmonne mais au fond de lui, il pense encore aux photos qui bougent.

Vont-elles bouger toute sa vie ?
Va-t-il s’y habitué un jour ?
Il veut toujours, regarder son polaroid.

- Oh je te proposais pour... Il cherche un instant ses mots, réfléchit. ... pour que tu puisses voir, c’est tout.

Il hausse les épaules, se frotte le nez.
Les yeux toujours posés sur son entrejambe.
C’est gênant. C’est honteux. Il veut se cacher.

Et Bloody Mary parle, d’un gamin qui change la taille de ses membres, d’une fille qui modifie son apparence, alors lui qui voit bouger des photographies, ce n’est pas si étonnant ni très impressionnant finalement. Et iel parle d’une fleur, une fleur chelou qui dit. Et Leon soupire.

- Oh, la fleur... Il marmonne, souffle. Je l’aime bien, cette fleur.

Il l’aime bien la fleur.
Encore il plonge.
Dans son désespoir.

- Je veux rentrer chez moi, fait-il alors, mais même lui ignore s’il parle de son chez-lui en Angleterre ou de la poste où il vit désormais depuis quelques mois. Mais finalement, il doit rester réaliste, pragmatique. La poste... Je vis à la poste près du bowling... Je veux me changer aussi, je... Nouveaux reniflements. Putain.

Et il essaye de se relever, les jambes toujours lourdes comme du plomb et tremblantes comme un faon, d’ailleurs il ne parvient pas à se remettre debout. Juste il parvient à se soulever, sa main sur le matelas du lit. Fatigué. Épuisé.

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Bloody Mary a ce sourire, plein de nostalgie
C'est le pire, celui-ci, avec sa mélancolie,
C'est comme une trace, que l'on efface
D'un geste, laisse une crevasse, et rêvasse
La mésange, un instant, avant de se reprendre.

Se bourrer de médocs, avoir l'air défoncer. Oh. Elle sourit un peu plus, sans dévoiler ses dents, de cette humeur pleine de rancoeur. Elle sait, voilà tout. Et bien souvent, elle n'a pas eu l'air que défoncer. Elle se rapproche alors, d'un pas silencieux, et ses yeux avisent Leon, son état. Il a besoin de toi. Et c'est lourd à porter, les gens, sur ses épaules si frêles. Pourtant, Bloody Mary ne juge pas, elle constate, juste.

« Je la déteste, au début, je la trouvais jolie. »

Le mauve de la fleur s'était retrouvé sur la blancheur de sa peau, nuance de roi ; ses couleurs favorites. Bloody Mary hausse les épaules, et ne veut pas dévoiler ce que pour lui, il s'est passé. Il ferme les yeux, il inspire, puis il reprend :

« Tu n'es pas en état, piscín, on verra ça plus tard. »

Et quand Leon, plein de honte, regarde son pantalon, Bloody Mary fait rouler ses pupilles de poupée délavées vers le plafond. Il hausse les épaules, il se penche et lui représente sa main. Il ne force pas, mais si Leon préfère le lit au sol, il le comprendra. Et pour le rassurer, il raconte :

« T'en fais pas pour ça, si tu veux savoir, quand j'avais dix-huit ans, j'ai voulu déclarer ma flamme à la femme dont j'étais amoureux (tu le croyais, Terry), et au final ? J'ai vomi à ses pieds. C'est elle qui a ramassé. »

Et Leon, il parle de ce désir, de rentrer chez lui. Là aussi, il croit pouvoir leurrer Bloody Mary ? Oh. Lui, ici, ou ailleurs, ça n'a pas d'importance. Le foyer qui devait le protéger l'avait jeté, et il s'en était allé de The Georges — et tout ça pour quoi ? Alors, c'est avec une pointe d'amertume dans sa voix fluette qu'il dit d'un sourire triste :

« Tout le monde le veut. »

Et pourtant, il ne remet pas en cause ce que Leon ressent, avec lui, elle se fait la bonne fée. Il se racle la gorge, puis il soupire :

« Si j'avais mes affaires avec moi, je pourrais te donner un pantalon à ta taille, si tu veux, je peux aller le chercher, et tu te reposes pendant ce temps. T'en as besoin, et je serais pas long. »

Les vêtements volés, l'air de rien, après les nuits passées à être ce qu'ils — elles — voulaient qu'iel soit. C'était un peu sa récompense, c'était pour répondre à ce besoin de porter, les étoffes, enlever cette impression que l'intérieur de son corps démange. Elle ne veut pas songer aux photos, mais elle sait qu'elle devra en parler, dans son carnet. Bloody Mary attend, un mot, un refus, mais ses yeux ne quittent pas Leon. Ils sont pleins d'assurance, et respirent cette force, parfois un peu frivole de Marie la Sanglante, de Marie la bonne fée.

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Spoiler:

INTERVENTION POUVOIR LEON

C'est la fatigue qui t'anime, Leon, les pensées en vrac et les vêtements qui te gênent. Cependant, si tu t'étais changé, si tu l'avais fait face à un miroir ou que tu aurais assez tourné la tête, tu l'aurais remarqué.
La tâche sombre qui est apparue sur ton épaule.

• Tu n'es pas obligé de la remarquer tout de suite. Mais lorsque ce sera le cas, tu auras beau frotter, la marque ne disparaîtra pas.

#InstaPhoto #InstaChronique

Ft. @Bloody Mary

Le fleur.
Leon l’aime bien la fleur.
Il la garde chez-lui, à ses côtés.

Mais il ne dit rien, il hausse les épaules et ferme les yeux alors que la voix de Bloody Mary résonne encore dans ses oreilles. Et il veut dormir, tellement dormir. Mais il lâche tout de même un sourire, léger sourire amusé qui perce sur ses lèvres alors qu’il écoute sa petite anecdotes. Oh, il voudrait bien lui en raconter en retour, Leon, mais aucune ne vient dans son esprit. Oh il pourrait parler de la fois où lui-aussi a vomi dans les toilettes d’une boîte de nuit et que son petit-ami de l’époque lui a tenu les cheveux en arrière. Ou de la fois où il a voulu repeindre la future chambre de sa fille à naître, jusqu’à ce que sa compagne le retrouve complètement déchiré aux vapeurs de peinture car il avait tout simplement oublié d’ouvrir une fenêtre.

Mais il ne peut pas, Leon.
Il ne s’en souvient pas.

Alors il ne dire rien non plus, hoche la tête lorsque Bloody Mary lui propose d’aller lui chercher un pantalon propre. Il hoche la tête en essayant à nouveau de se relever. Il veut s’allonger, la tête toujours et encore en vrac et le corps douloureux. Il n’y parvient, ou juste à peine, à peine debout sur ses jambes tremblotantes et il finit par s’écrouler sur le matelas avec un air lamentable.

Son esprit tourne derrière ses paupières closes.
Et il s’endort. Soudainement. Brusquement.
Sans prévenir.

Oh il ne la voit pas, cette marque sombre qui apparaît dans le creux de son épaule gauche, non loin de son cou et de sa nuque. Parce qu’il est habillé, parce qu’il porte encore son long manteau sur le dos et parce qu’il faudrait qu’il puisse tourner la tête dans le reflet d’un miroir pour la voir.

Il se réveille un peu plus tard.
Toujours allongé dans le lite de l’hôtel.

Il se frotte les yeux et le crâne, à demi-perdu et encore endormi, le corps toujours endolori et les pensées en vrac. Il marmonne légèrement en protégeant ses yeux de la lumière. C’est comme s’il avait dormi six ans.

- Hm... Il tourne vaguement les yeux autour de lui, observe la chambre et les alentours. J’ai dormi longtemps ?

Résumé:

#InstaPhoto #Instachronique « I know of sin by the things momma prayed
I know of heaven by the line at its gate
I know of truth and America's way
So come drink the water if you want to be saved »

( Justin Cross → Drink The Water )
Bloody Mary regarde Leon, iel va pour l'aider à se rétablir sur le matelas. Toutefois, dès que son corps s'écroule, il voit sa poitrine se baisser, se gonfler, et le voilà parti pour le pays des rêves. Et iel le fixe, surpris, un peu déboussolé·e avant de rouler des yeux. Iel ne s'était pas attendu à ce que Leon arrive à s'endormir — peut-être parce qu'iel ne ferme pas vraiment l'oeil. Alors iel s'assure que c'est bien du sommeil du juste, dont Leon s'est épris, avant de le couvrir. Elle reprend son sac, et sur la table de chevet, elle laisse un petit mot : tu t'es endormi, je vais chercher le pantalon.

Ni plus, ni moins, Bloody Mary s'en va.
Sans demander son reste, et son pas
Se veut aussi silencieux que celui d'un chat.

Quand Bloody Mary retrouve le froid de l'hiver, dehors, les mains dans les poches, il songe combien la décharge lui semble ridicule. Pourquoi s'entêter à dormir dans des voitures, alors que des maisons sont vides ? Oh... il suffirait de les rafistoler, non ? Ah... c'était sans compter cette proportion à la destruction dont les pirates se vantent — ils prennent, ils ne bâtissent rien. Scarf n'a pas tort.

Alors quand Bloody Mary retrouve sa voiture, les boucles rousses dansent sous ses yeux, iel pense avec cynisme que c'est le dernier hiver des siens. En vérité, Bloody Mary n'a pas le foi ; iel ne croit pas que les prières qu'il formulera seront entendues. Et lorsqu'iel voit combien ils sont occupés à boire, plutôt que d'affronter la réalité, iel se dit qu'ils finiront par crever d'une cirrhose avant lui.

Et voilà que Marie la Sanglante s'en retourne,
À l'hôtel, elle concède à sa bonté, de faire une ristourne.

Elle frappe à la porte, puis elle l'ouvre, et elle constate que Leon est réveillé. Un petit sourire, il se veut rassurant — il n'est ni méchant, ni cruel. Il rentre dans la chambre, puis il taquine Leon avec le reste de bienveillance :

« Alors Belle-au-Bois-Dormant, tu t'es réveillé un peu trop tôt pour le retour de ton prince. Et je n'en sais rien, je perds la notion du temps. »

Bloody Mary se rapprocha, il déposa le sac sur le matelas. Il tendit à Leon un pantalon, un simple jeans, un caleçon, et des lingettes dont elle se servait autrefois pour se démaquiller avec une bouteille d'eau. Iel ne sait pas s'il y a l'eau courante ici, dans tous les cas, Terrence a improvisé avec les moyens du bord.

« Je vais attendre dans le couloir, si tu as besoin de mon aide, appelle-moi. On se retrouvera une prochaine fois pour les cours particuliers, et si tu veux retourner à la poste, je peux t'accompagner. »

Bloody Mary sourit, et Bloody Mary le quitte. Elle tient sa promesse, et elle ne reste pas loin. Elle s'adosse au mur dans le couloir, et lève la tête vers le plafond.

Les photos bougent.

Pff...
Elle refuse d'y croire, mais elle consent que dans le carnet, ça ferait une bonne histoire.

:copyright:️ 2981 12289 0

Spoiler:

#InstaPhoto #InstaChronique

Ft. Pseudo

Il a l’air bien ailleurs, Leon, alors qu’il regarde vaguement autour de lui. Cette petite sieste rapide aura été certes reposante mais il sait bien que c’est loin d’être suffisant et qu’il va rester dans cet état second encore un jour ou deux. C’est toujours ainsi lorsqu’il fait des crises, c’est toujours ainsi lorsqu’il s’écroule. Apparemment, c’est normal, c’est ce que lui ont dit quelques médecins bien des mois plus tôt, première épilepsie deux ou trois semaines après la tempête.

Il regarde Bloody Mary.
Il ne parvient qu’à sourire.
C’est déjà ça.

- Oh des vêtements... qu’il fait en voyant les fringues qu’iel dépose sur le lit, à ses pieds. Il est un peu perdu, il est vrai, car sa mémoire a des fuites et il avait tout simplement oublié ce qu’on lui avait proposé plus tôt. Ils vont pas être trop gr- ?

Et la porte se ferme.
Il n’a pas entendu la fin de la phrase.

Tant pis, songe-t-il, c’est déjà ça. Alors il se lève, toujours un poil tremblotant et endolori des membres, et il fixe la porte - il ne la ferme jamais, Capucine n’aime pas les espaces clos. Puis doucement il reporte son attention sur les vêtements gracieusement prêtés, un pantalon et un caleçon pour changer les siens qui sont souillés. Il se frotte le nez, toujours cette honte dans le fond du bide que l’on ait pu le voir ainsi. Mais tant pis, on ne peut pas revenir en arrière - ce serait si pratique, il est vrai. Alors il se change et rapidement se nettoie, lentement et sans se presser, d’une main tremblante car c’est qu’il est encore bien trop courbaturé, chaque mouvement le fait souffrir et chaque geste lui donne bien de la peine.

Le pantalon est bien trop long pour lui, ça le ferait presque rire mais il lâche tout de même un sourire amusé à cette vue, celle de ses pieds perdus dans le bas des jambes. Au moins, la taille lui semble bien, après tout les deux sont plutôt minces dans le style asperge ou allumette.

Une fois à peu près propre - il a retroussé les pattes du pantalon pour ne pas marcher dessus - il se décide à aller voir ce qui le hantait depuis tout à l’heure : sa photographie polaroid, seule qu’il possède de développée dans cette ville, celle qui semble l’appeler depuis que sur le portable de Bloody Mary, les photos ont commencé à s’animer. Il la retrouve dans son carnet de visages, à l’arrière les marques et annotations commencent à dater. Il n’a toujours pas retrouvé leurs prénoms, seuls leurs surnoms résonnent dans son esprit. Il a bien cette étrange crainte dans le fond de sa poitrine, celle qu’il n’ait fait que rêver ces minutes passées, celle que rien ne bougent, celle qu’il ne pourra retrouver un bout de sa vie d’avant, un bout de sa famille, de sa femme et de sa fille.

Et pourtant.
Sous ses yeux la photo s’anime.

Sa compagne s’installe à ses côtés, sourire éclatant sur les traits qui dévoile ses dents du bonheurs et ses fossettes marquées, son air lumineux et rêveur à la fois. Leon prend la pose quant à lui, momentanément sérieux alors que s’agite les lèvres de sa femme qui lui demande de poser le temps qu’elle puisse prendre le cliché. Entre eux-deux se tient leur fille, aux yeux de Leon elle ressemble à Nanor avec son regard vert d’eau et les traits de son visage, aux yeux de Nanor elle ressemble à Leon avec sa peau mate et ses cheveux noirs. Il se dit un instant qu’elle a dû grandir depuis. Mais soudainement, Leon saisit les hanches de sa compagne et lui colle un rapide baiser sur la joue, Nanor lâche un rire et Mimi se retourne vers eux de son air curieux. Et la photographie reboucle. Une fois ou deux.

Puis tout s’arrête.
Redevient immobile.

Leon fronce les sourcils, intrigué par ce soudain arrêt mais c’est probablement pour le mieux cette fois. Il aurait pu se perdre des heures durant dans les mouvements de ce cliché, à contempler les restes de sa vie passé. Alors il redresse les yeux, essuie son nez et son regard humide. Et le voilà qui enfin sort de cette chambre d’hôtel, il a toujours dans les mains son polaroid, dans ses bras ses vêtements souillés, et dans son dos son sac et ses trésors de photographes.

Il range la photo dans la poche de sa veste.
C’est déjà bien assez.

- Je vais me rentrer, la poste est pas si loin... annonce-t-il donc d’une voix où se peint encore la fatigue et une pointe de tristesse, tremblotante dans le fond comme s’il ne faisait que de se retenir. Et il remet son masque, difficilement sur ses traits, alors qu’il lance à Bloody Mary un sourire feint et artificiel. Je devrais survivre jusque là et... Merci pour les fringues, même si ça doit marrant de me voir avec un pantalon cinq fois trop long.

Un rire.
Il soulève une jambe pour la lui montrer.
Geste périlleux par son état.

- Si tu veux, tu pourras passer dans les jours qui suivent, pour qu’on parle de ces cours de photo, fait-il alors. Je devrais pas trop bouger normalement, pendant un moment, ce sera facile de m’y trouver.

Et puis Georges l’a déjà vu dans cet état, il est vrai.
Ce n’est pas la première fois qu’il rentrera ainsi.
Avec sa tête désespérée et son air fatigué.
A dormir deux jours d’affilé.

Résumé:

» [FDR - 24/12] Buried by christmas [PV : Leon et Scarf/Terminé]
» Dimanche 1er Novembre
» [Flashback novembre 2019] After the Storm • Ft. Bouclier
» [FLASHBACK NOVEMBRE 2019] Je lui ai montré mes brûlures, et la lune s'est moquée de moi // Bouclier
» dog paw prints – leon