[FB - Mi Octobre] Spleen et Nicotine [Pv : Sweetie/Terminé]

Et lorsque les éclats de verre fusent, sa surprise explose. Tout naturellement, il se retourne vers la première vite qu’on brise, dans un sursaut tel qu’il en perd la page de son livre et lui manquerait également de lui faire avaler sa sucette encore dans la bouche. Bien évidemment, le casseur ne s’arrête pas à cet unique carreau et comment un terrible désastre sur l’ensemble de la voiture dont il a décidé de faire sa victime. Faisant le bon tour de cette carcasse, Sweetie le suit également de ses yeux désabusés, si bien qu’il finit par rapidement s’en lasser ; particulièrement quand le pied de biche se coince dans l’un des rétros.
Ça aurait pu être intéressant, si ce n’était pas une voiture vouée à ne plus être utilisée.  Et lorsqu’il revient vers le brun, l’air meurtrier, il n’y ressent aucunement le danger pour autant. Il pense à de l’intimidation, peut-être, mais pas plus. Ce numéro le laisse vraiment pantois. L’évolution ne l’emballe pas non plus. Il ne reprend pas son livre pour autant. Ça pourrait être le signe d’une faiblesse qu’il ne veut pas laisser croire et darde un regard stupidement nonchalant, faisant encore rouler le bonbon sur sa langue, avec un son agaçant mais pas autant que son attitude.



Il dépose ce simple constat comme si rien ne l’étonne, rien n’est anormal. Mais il juge bien Bloody Mary comme une personne dérangée, pour autant perdre patience. À ce jeu, Sweetie a déjà gagné. C’est une victoire qui ne le fera certainement pas abandonner sa position bien trop affermie : L’autre finit par zipper l’horrible veste qu’il portait tout à l’heure. Lukas ne pense pas avoir totalement perdu. Au compteur, il a beaucoup de victoires, notamment le fait d’avoir contenu le plus sa colère, avoir tenu le plus longtemps ici, s’être montré conciliant puis au moins neutre, et il en passe.
Il a peut-être perdu une bataille, ceci dit, qui donne à la sucette encore en bouche, un goût plutôt acide.



Au-delà des remontrances, le ton de Sweetie n’est pas dur et colérique mais en tout cas, impartial. Il y a bien une erreur que fait Bloody Mary, c’est penser qu’il est capable de revenir la bouche en cœur pour réclamer ce dont il a besoin : cette énième victoire. 

Ça en serait presque triste, l’insouciance dont il fait preuve. Or, Lukas s’arrête à l’image pathétique. Et alors ? Il se dit qu’il lui a expliqué une bonne dizaine de fois, il ne va pas s’épuiser à lui répéter les conséquences des blessures.
Les conséquences : ce mot reste constamment attaché à cette personne dont il préfère même oublier le nom alors pourquoi en est-il venu à reproduire attitude ? À vrai dire, pas totalement. Il reste surtout fidèle à lui-même et l’estropié touche, en retour, ses points sensibles. Du moins, faudrait-il qu’il s’en rende compte.



Le reproche a fait mal, son ton aussi, prend encore moins de rondeur puisque c’est encore possible. C’est probablement une des raisons, devine-t-il, pourquoi Bloody Mary s’échappe réellement, vers l’autre voiture, encore en bon état, devant son champ de vision. Il s’abandonne rapidement à l’alcool. Aussi victime de l’addiction, il comprend très bien pourquoi il s’en emplit le gosier. Il le fait lui-même beaucoup trop pour oublier un tas de choses qui se sont mal déroulées hier, puis même dans la journée. Comprenant cette résignation, il se voit obligé de le suivre mais il ne se poste pas en face et maintient la distance qu’ils ont créé durant ces quelques minutes, en posant le dos contre une des portières arrière, bras croisés. Il ne va pas se mettre à le brosser dans le sens du poil, même maintenant qu’il soit devenu plus docile.



La proximité n’est pas la seule à avoir chuté. Il ne faut pas se voiler la face : comment peuvent-ils se considérer comme amis désormais ? Le rappel de cette rétrogradation est quelque peu violent, sans qu’il ne s’en rende compte, suçotant encore le bonbon à la fraise innocemment, qui lui divertit la bouche pour ne pas immerger un litre de whisky, lui aussi, dans son organisme.

À cette description, il n’arrive pas à assimiler ce qu’il veut sous-entendre par là. C’est dire, en réalité, s’il veut vraiment le comprendre, ce tableau aussi sombre qu’ambigu, qu’on lui dépeint. D’un sourcil interrogateur, il montre, cette fois, qu’il ne voit vraiment pas où l’homme meurtri veut en venir, ce qui motive sans doute la démonstration qu’il lui dessert. Instinctivement, ses pas reculent. Il a beau être tactile, bien sûr qu’il se doit de mettre de la distance, comme tout le monde.
La vitesse de retrait s’accélère, même, lorsque des mots délétères ricochent dans son oreille. À ce genre d’attitude, un stop s’impose. Ses mains en avant comme un bouclier, le brun reste pour autant ferme dans sa position, le dos bien droit.



Il n’est pas sûr que Bloody Mary ait voulu tenter quelque chose de lascif, surtout au vu du contexte, mais il préfère y glisser un avertissement ambigu dans cette phrase. Mais dans cette remarque, Sweetie cherche bien évidemment à se démarquer de l’association qui est faite. Il n’est pas les autres. Et surtout, il ne fait absolument pas le rapprochement entre les répulsions physiques de Bloody Mary et son obligation à devoir le soigner. C’est illogique et borné comme il est, si ça ne s’emboîte pas, il ne cherche pas réellement à comprendre mais plutôt à poser les conclusions assez vite.



Il peut tout à fait comprendre qu’on ne fasse pas facilement confiance à quelqu’un. Or, lui qui a redoublé d’efforts, au départ, pour se montrer le plus précautionneux, pourquoi ce n’est pas reconnu ? Bien qu’effectivement, il accomplisse ces actes héroïques dans son intérêt, c’est aussi dans l’intérêt de son binôme.



Il s’apprêtait à faire un pacte avec cette arme comme défense mais au vu de l’attitude insensée de tout à l’heure, il n’est pas serein et risquerait de se prendre un coup pour très peu. Mais quelque part, ce deal masochiste pourrait sans doute renforcer leur confiance en l’un et l’autre, sans qu’ils ne comprennent vraiment l’égoïsme et la sensibilité de chacun. Alors Sweetie s’apprêtre à faire un test : reprendre et remettre, en mains propres, l’arme au criminel, prêt à éviter un potentiel coup, néamoins.

Même avec ce genre de compromis, ça ne se passe pas comme il le voudrait. On se rebelle, on ne l’écoute pas à en hurler des ricanements atroces aux oreilles. Franchement désabusé, ce n’est pas l’alcool qui se déverse sur les plaies de l’autre qui l’impressionne. Il ne sourcille pas mais se dégoûte à assister à cette vision, à en grimacer.



Pour éteindre cette affreuse vision et ce commentaire bien trop franc, il se frappe le front, déçu des attitudes respectives de chacun. (Pas pour longtemps). Sa main passe sur son arête du nez, faisant mine de réfléchir mais il est clairement lassé de trouver des solutions pour bien s’entendre avec cet ignoble personnage. Son apparence et sa manière d’être portent à croire qu’il se considère comme différent mais aux yeux de Lukas, il n’est plus qu’un énième déchet chez les pirates. Il ne pourra définitivement pas s’entendre avec les pirates, comme il l’a pourtant promis à Ant, en échange de plus de clémence. Il en a vraiment assez.



Peut-être que l’aspect robotique du trentenaire n’était finalement que pour dissimuler la colère qu’il éprouve constamment. Dans l’intimité et devant autant de foutage de gueule, il ne hausse pas le ton mais commet son plus grand déballage qui n’est absolument pas fidèle à son surnom ; davantage à ce regard haut qu’il maintient constamment — qu’importe la hauteur de ses opposants. Oui, Bloody Mary, tu viens de devenir une personne qu’il ne peut plus supporter.



Marre de tous ces foutus pirates. Marre de devoir obéir aux greens. Quand bien même il fait plus d’efforts qu’auparavant, c’est maintenant mal regardé, la gentillesse dans ce monde de dingues ? Tant pis si ça envoie tout valser. Il craque la sucette qu’il a sous la dent.



Mains dans les poches, il hausse les épaules. Il s’en contrefiche. Il ne doit plus rien à ce type, lui, il lui doit bien des faveurs. Il ne les réclamera pas. Plus revanchard que ça, il préfère le laisser mariner dans d’éventuels remords. Si bien sûr, un connard pareil peut vraiment en avoir. Un tel déchet qu’avant de tourner les talons, il crache le bâton qu’il a entre les dents aux pieds de cette poubelle.

L’embrayage déjà bien actionné, pourquoi pousser encore ? On ne sait faire que ça, le dégager de son chemin alors que lui multiplie les efforts, sans cesse. Ce n’est jamais reconnu. Qu’on le repousse maintenant, ça ne le fait que reculer d’un ou deux centimètres. Endurci et têtu, il n’a aucune remise en question. Il ne sait jamais mis dans la tête d’un autre car pour lui, c’est impossible. Quelle est cette expression impossible ?

La doxa dira que c’est de l’égoïsme mais finalement, dans toute cette riche éducation, Lukas n’a jamais appris à se mettre à la place d’un autre. Il en est tout bonnement incapable parce qu’il est déjà encagé dans ses propres soucis, primordiaux à ses yeux. Il n’a pas besoin des problèmes des autres.
Il veut bien les réparer, pas les partager. Parce que pour son manque d’empathie, Bloody Mary n’est pas quelqu’un à comprendre mais à réparer.



Ce n’est pas les blessures psychologiques qu’il a voulues traitées. Sweetie ne fait uniquement attention qu’aux apparences. Les apparences sauvent et n’en disent pas trop.



Alors pourquoi est-ce que Bloody Mary pense le connaître alors qu’il n’a jamais osé rien lui révéler, en retour ? Ils ne sont certainement pas confidents. D’un regard de haut en bas sur la personne accoudée sur la voiture, il la dévisage sans ménagement. Avant de pouvoir le connaître, faudrait-il que l’autre ait pu en dévoiler au moins un peu. Et si on se lançait dans ce jeu d’insinuations ?
Il l’aura cherché. Il n’a peut-être pas répondu aux questions parce qu’il avait des hypothèses là-dessus qui ne méritait pas d’être dévoilées. On lui en donne maintenant l’occasion.



Tu te comportes comme une garce, pourquoi avec moi ? Avec les autres aussi, j’imagine. Je ne suis en rien le coupable. Je n’ai pas fauté. Je n’ai pas besoin d’autant culpabiliser. Je n’en ai plus besoin.

À ses yeux sous le bord des larmes, son corps réagit avec secours, faisant un pas en avant. Puis il recule. C’est du passé. Il ne doit jamais céder aux caprices. Ce caprice, durant la Tempête, lui a bien appris de ne plus céder.
Bloody Mary ne sera pas une extension d’elle. Il garde le sourire mauvais et les mains dans les proches, signe d’un nouveau pacte qui ne serait pas serré d’une poigne, donc.



Je ne me lancerai dans plus aucun jeu avec toi. Serrant les dents et les poings, il fait volte-face et décide simplement de s’en aller, laissant peut-être encore de blessures qu’il n’y en a.
Lukas ne sait pas réparer. Il tente mais n’y arrive pas, le fait beaucoup trop maladroitement. Il essaye de s’infiltrer, qu’importe les défenses. Malgré son esprit de défi, il reste le plus lâche des hommes. Et ça en résulte en tous ces coups que personne n’a demandé, même pas lui.
Mais il sert tout et ne culpabilisera plus, sur quoique ce soit.