Whoa-oa-oa I don’t want you back, I want you back.
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Il est 7h du matin. Le soleil frappe en rose et or sur les plaines d’Ásgard. Elle grille sous le soleil Riley, tel un petit pain suédois brioché. Accroupie dans l’herbe fraiche, les cheveux et le cœur en bataille, les lunettes de soleil embuées par le thermos de café qu’elle tient d’une main ferme et dure. Mercredi 22 Avril est une journée de repos pour l’équipe d’exploration. Pour Riley, cela signifie journée de recherche. Elle s’est levée tôt, les poings serrés de détermination. D’abord, elle va se rendre à la place des souvenirs. Ensuite ce sont les chevaliers – vérifier les nouveaux rescapés – et puis l’hôpital. C’est méthodique, c’est routinier. Elle s’assiéra au comptoir du Happy Hour en fin de matinée, à attendre qu’on prononce le nom d’Arsène – Lust maintenant – au milieu des potins du jour. Elle passera l’après-midi à parcourir Arcadia, à interpeller des inconnus avec la photo de Rowan. Elle se rendra sur les lieux où l’on vient de trouver les derniers survivants qu’elle aura interrogés chez les Knights. Parce qu’ils continuent d’affluer, comme sortis de nulle part, et que cela n’a aucun sens. Parce que Rowan n’est pas là, et que cela non plus n’a aucun sens.
C’est méthodique, et soudain, ça n’est plus routinier. Il est 7h du matin quand son talkie grésillant se met à chanter et le monde, le monde ne sait pas qui lui donner. Qui ? Riley n’a besoin de personne, c’est personne qui a besoin de Riley – de Batman – n’est-ce pas ? Elle prend soin. Elle protège. Elle n’a que ça. Qui ? Elle n’a pas besoin de voir Arsène ou Rowan. Ils sont avec elle à chaque minute, chaque jour. Ils ne la quittent jamais. Jamais vraiment. Ce dont elle a besoin c’est un putain de tardis, et I’m definitely a mad man with a box. Ce dont elle a besoin c’est d’y retourner, juste une minute plus tôt. Elle le tirerait à l’intérieur en riant trop fort, et « look look Dad, it’s bigger on the inside », et… Et elle n’a pas de tardis. Tout ce qu’elle a c’est prendre soin des gens, protéger. Ce dont elle a besoin Riley, c’est que quelqu’un prenne soin d’elle pour changer. Et le monde, le monde sait soudain qui lui donner. Elle. Elle, qui la hante les soirs d’expédition, lorsqu’à défaut de s’endormir elle somnole au coin du feu à écouter les blagues pourries de Crow qui veille et prétend la croire quand « ‘drank too much coffee, ‘is all. ». She can’t help me go to sleep. She’s only here to terrorize. Elle, qui la poursuit lorsqu’elle court à s’en étouffer au lieu de marcher comme tout le monde. I’m not tryna keep my feet. I’m stumbling over my door. Running keeps my mind released. Elle, qu’elle ne veut plus jamais voir, mais qu’elle crève de retrouver. I don’t want you back, I want you back. Whoa-oa-oa. I can’t do that, I can’t do that. Elle, qu’elle a abandonnée en hurlant alors qu’Elle se tendait dans sa direction en vain. She follows me my soul on fire. Elle, qui lui enlace soudain les épaules et la tire un peu sur le côté…. La main de son père. Ils restent là, assis l’un contre l’autre, à griller comme des petits pains suédois briochés. Il est 7h03 du matin, 40 secondes. Riley n’ose pas attraper cette main sur son épaule. 50 secondes. La tiédeur de son père se retire, se lève et sa main attrape le thermos qu’elle tient toujours. Elle n’a que le temps d’attraper son sac-à-dos de l’autre, le talkie dedans chante chante chante. Il la tire et le monde s’efface dans une trainée flou. 54 secondes. Ils courent à s’en étouffer, le thermos comme un relai qu’il ne lui abandonne pas. 56 secondes. Le talkie meurt, et Riley continue de courir. Elle ne fuit plus la main de son père, elle la poursuit jusqu’à en mourir et le thermos toujours tendu loin, loin devant. Elle ne s’arrête pas de courir même une fois arrivée à Glass Fragment. All I can do is lie. And hope for the best it is.
Follow me into the dark (solo) (mercredi 22 avril)