Résumé:

Twahachtek, Benti.
J’espère pouvoir te revoir
Avant la fin.

La vie est indissociable de la mort, tout comme chaque chose a une fin. Tu as beau paraître, naïve avec ton enthousiasme à tout épreuve, tu n’as jamais douté de la fatalité de l’existence humaine. Et tu te souviens encore des prières de Hadja, chaque soir, tous ses proches disparus, morts tragiques et non désirées, morts inattendues et redoutées, morts prévenues et oubliées. Elle pouvait y passer des heures, à se remémorer les visages d’un autre temps, elle qui n’en avait plus vraiment. Et tu te souviens encore de sa voix à l’autre bout du fil, la fin de son existence qui s’accrochait à sa gorge, le souffle court qui fait grésiller le combiné. Chaque fois que tu as raccroché, le bip sonore te rappelait que c’était peut-être la dernière. ((Elle te manque))

On te croit innocente avec ta joie de vivre et tes couleurs rayonnantes. Mais chaque jour se teint d’une amertume, le corps d’une jeune maman endormie à jamais, son enfant faible dans les bras, tu as vu la vie quitter ses yeux et la mort te l’arracher sans remords. Et chaque fois que tu regardes ces graines de chevaliers courir dans ce misérable mais réconfortant château, tu as peur qu’une fois de plus, ils t’échappent pour de bon. Le destin en aura décidé ainsi, mais sa cruauté n’épargnera pas ton cœur meurtri. Alors quand le bruit de la canne d’Almace résonne dans les couloirs, ça te fait toujours quelque chose. Car même en voyant sa fin proche, tu aimerais qu’il reste encore un peu plus avec vous.

Il fallait dire que tu avais du mal avec les hommes d’âge mûre. Ces mêmes hommes qui te fixaient dans la rue, qui te suivaient jusqu’à ton hôtel en espérant conquérir ta vertu, qui n’avaient pour seul désir que de te voir nue. Car ton enveloppe charnelle n’est pour toi qu’un corps parmi tant d’autres, il peut également attiser les pensées déplacées des plus frustrés. Et chaque fois que tu voyais ces visages décorés de marques du temps, tu repensais à tous ceux qui t’avaient dévoré des yeux sans ménagement.

Pourtant, Almace ne te paraissait plus aussi menaçant. Tu arrivais maintenant à te tenir devant lui sans être crispée, parfois même à échanger quelques mots sans paraître gênée. Mais quand il t’aborde avec cet air grave, tu peines à rester sereine, redoutant ses réprimandes. Tu déglutis silencieusement avant de répondre, un sourire solaire qui étire délicatement tes lèvres. « Je t’écoute. Que se passe-t-il ? ». Et même avec sa mine affaiblie, il arrive encore à imposer son autorité. Autorité qui s’envole bien vite quand la raison de sa venue se dévoile. « Sérieux ? Mais … Je pensais qu’ils étaient bons, mes muffins aux cornichons ... ». Ta mine semble presque se décomposer. Pourquoi les enfants ne viennent-ils pas se plaindre à toi ? A la place, ils préfèrent se cacher sous les jupons d’Almace qui te semble objectivement un peu plus impressionnant que toi, il fallait l’avouer.

Ce dernier semble pourtant vouloir t’aider, tu lui emboîtes alors le pas. « Sérieux, tu ferais ça ? C’est trop gentil, merci ! ». Tu suis son rythme, des restes de peintures à peine effacées sur la joue, fredonnant un air de musique imaginaire. « On va faire quoi ? Des brownies ? Des cupcakes ? Oooh, des cookies ? Désolé, je suis trop excitée, j’ai jamais eu de cours de cuisine de ma vie, c’est la première fois ! ». Fallait dire que Hadja tenait à ses fourneaux et la vie à la Jack Kerouac rimait surtout avec Uber Eats.

Recap:

Résumé: