hot n' cold ▬ wrath (terminé)

on ne peut pas dire qu'il est beaucoup sorti dernièrement, diamond.
les derniers jours ont été passés dans le confort de ce bon vieux charlie, trouvant prétextes sur prétextes pour éviter de voir qui que ce soit, de côtoyer qui que ce soit.
hormis bunny.
qui connaissait son secret, et surtout, qui l'avait expérimenté avec lui
(à son plus grand dam)
la situation avait déjà été suffisamment pénible à régler à deux — après sa crise d'hystérie et la remise en question de sa santé mentale, et comme il ne souhaitait pas que ça se reproduise de nouveau, il s'était enfermé dans le pick-up.
un peu dramatique comme solution, mais tout semblait être rentré dans l'ordre. : pas de nouvel incident, même au réveil. infiniment soulagé, il avait émergé de son cocon de métal et ce fut une grossière erreur de sa part de le faire en plein jour, plutôt que de fuir comme un rat.

maintenant qu'il avait fini son temper tantrum, comme on lui avait allègrement agité sous le nez,
(en même temps que la liste des personnes désignées pour watch over le feu de camp)
il était temps de se rendre utile
(ça ne lui faisait pas spécialement plaisir)
il se dit qu'il aurait dû rester emmitouflé dans ses couvertures, si ça pouvait lui éviter de passer une nuit à se faire chier en regardant un stupide feu. et puis, quitte à jouer les princesses, autant le faire jusqu'au bout, mais même en râlant pendant des heures, diamond n'a pas réussi à se défiler de la tâche qui lui est attribuée.
il s'était même appliqué à être encore plus désagréable en récupérant ce qui lui serait utile pour une merveilleuse veillée à la belle étoile en perspective, chapardant ce qu'il ne possédait pas à ceux qui avaient été de garde la veille.

c'est donc avec un air particulièrement grincheux qu'il se pose sur l'un des rochers du campement.
il ne se sent pas vraiment mieux, même après avoir envoyer valser toutes les bouteilles vides qui jonchaient le sol d'un coup de pied agacé — le bruit verre qui éclate avait été un maigre baume sur sa mauvaise humeur.
le seul point positif qu'il arrive à concéder, malgré toute sa mauvaise foi, c'est qu'il ne devrait pas pleuvoir et que le temps est plutôt doux, même pour le mois d'avril.
y'a son regard qui dérive finalement de la lumière projetée par les braises quand le bruit de pas de son compagnon d'infortune résonne en écho avec les craquements du bois qui brûle.

— si c'est pas mon petit wrath préféré !
diamond se targue de son sourire signature, quand il se retourne vers lui.
parce que même s'il préférerait être à des milliers de lieues d'ici, et surtout, dans le confort de son lit plutôt que sur la surface trop dure de la pierre, la présence du plus jeune suffit à l'amuser.
après tout, get a rise out of him est l'une de ses activités préférées, alors peut-être que la nuit n'est pas complètement ruinée.

y'a wrath qui lui renvoie son sourire, et ça le fait rire, lui, de cet éclat trop bruyant qui écorche les oreilles, alors qu'il rejette la tête vers l'arrière.
il préfère ricaner que se focaliser sur la mention de son absence, et surtout, sur les raisons de celle-ci. autant rire que pleurer, comme l'adage le dit.
et quand il reporte son attention sur l'autre, c'est le menton bien calé dans sa paume et le coude appuyé contre son genou — le rictus toujours bien en place.

— oooooh, ça me fait si plaisir que tu penses à moi comme ça !
même si ça concernait sa mort hypothétique, ça ne l'empêche pas de prendre un ton horriblement mielleux, digne des des divas éplorées qu'on trouvait dans les soaps américains qui passaient à la télé.
puis, le rôle lui sied bien.

— malheureusement pour toi, il en faut bien plus pour me tuer. donc j'ai bien peur que tu sois coincé avec moi un petit moment, mon coeur.
mais wrath l'ignore, récupérant une branche pour en faire un tisonnier et se concentre maintenant sur le feu. ça l'agace, lui tire une mine boudeuse et il refuse qu'on ne lui accorde plus d'attention.
dépliant les jambes, diamond se relève prestement, contourne les pierres et bûches transformées en sièges improvisés pour se laisser retomber sur celui qu'occupe le plus jeune sans plus de cérémonie.
il ne joue pas ses cartes d'un coup, laisse une certaine distance entre eux malgré l'envie lui faire une impression assez fidèle de la moule scotchée à son rocher.

— wraaaaaaath, tu vas pas m'ignorer toute la nuit, hein ?
c'est pleurniché avec sa meilleure voix de crécelle et couplé aux yeux de chien battu — il est on ne peut plus ravi que les flammes soient hautes et fortes. ça aurait été dommage que ses efforts soient ruinés par une pénombre trop persistante.

— t'es vraiment nul.
c'est soupiré avec un désarroi feint, alors que l'autre se met à fredonner du mozart, toujours bien concentré sur son entreprise — le but lui échappe, mais ça semble l'amuser. enfin, jusqu'à ce que le bout du bâton prenne feu et qu'il se sectionne du reste, consumé par les braises.
flammes, un, brindille, zéro.

il le laisse bouder quelques minutes,
(c'est amusant de le voir mariner dans l'appréhension)
puis quitte finalement son perchoir pour se relever,
(c'est qu'il est prévisible, diamond)
lui faisant finalement face, avant de littéralement se poser sur lui avec tout le naturel du monde et sans aucune once d'hésitation.
il sait très bien que wrath risquait de juste le pousser au sol pour le dégager — ce ne serait pas la première fois, alors il passe un bras autour de son cou pour lui rendre la tâche un peu plus difficile, sa main libre lui tapotant la joue.

— bonne chance pour m'ignorer maintenant.
y'a de nouveau son sourire à cent méga-watts qui lui fend le visage, bien trop satisfait de lui-même et déjà en train de compter les secondes avant que ça se termine en wrestling match entre eux pour l'éjecter de ses genoux.
oh, il ne s'attend pas à gagner, pas contre lui, ou qui ce soit vraiment, mais si ça peut passer le temps... il en ajoute même une couche, quand il envahit un peu plus son espace personnel en se placardant contre lui.

— c'est qu't'en es presque confortable, c'est complètement faux, l'angle dans lequel il se trouve n'accommode absolument pas son confort, dommage que tu sois aussi... tendu.
considérant la situation, c'est plus que compréhensible, mais diamond s'en bat les reins, il n'y a que son amusement qui l'importe.
difficile de croire que d'eux deux, c'était lui le plus âgé.

— me contre- excuse-moi ? lourd ?
il est positivement indigné, alors que l'autre le dégage et que sa rencontre avec le sol est plus dure qu'initialement prévue.
diamond connaît parfaitement l'effet qu'il a sur lui, ainsi que tout son potentiel horripilant et désagréable — ça ne l'empêche pas de se vexer à sa remarque.
ripostant au coup de pied d'une claque sans réel mordant sur son tibia, il lui lance une oeillade agacée, les lèvres pincées en une mine boudeuse.

— si t'étais pas d'aussi mauvaise foi, me supporter ? on en parle de ta tronche constipée qui fait fuir quatre-vingt-dix-neuf pourcent des gens ? on arriverait probablement à s'entendre, sweetheart.
en se relevant, il époussette ses vêtements de la saleté qui s'y est accrochée, les sourcils froncés alors que le dégoût est gravé sur son visage.
avec la lumière que le feu offre, il inspecte du mieux qu'il peut l'état de ses pantalons et ne retourne s'asseoir sur le rocher qu'il avait précédemment choisi que lorsqu'il est satisfait de leur état.
puis, dans son immense bonté, il ne lui accorde plus un mot. c'est ce qu'il souhaite, non ? qu'on le laisse tranquille ? stupide killjoy.

il est bien satisfait de s'en tenir au silence si ce n'était pas des voix qui résonnent.
ça a de quoi le creep out, d'autant plus que l'air semble se refroidir et que wrath souligne qu'il va commencer à pleuvoir.
il soupire, hautement irrité, parce que ce serait bien sa veine qu'une averse se décide à éclater alors qu'il n'a absolument pas prévu de traîner un imperméable avec lui. surtout qu'il n'y avait pas de nuages à l'horizon, quand il est parti de la décharge- puis putain, j'suis pas miss météo
et y'a les murmures qui continuent.

diamond se retourne brusquement, jette un coup d'oeil aux alentours drapés dans les ombres que les flammes n'arrivent pas à chasser.
il cherche à discerner une silhouette, mais rien ne lui saute aux yeux et ça le fait grincer des dents. franchement, il allait taper un scandale dès son retour à la décharge, parce que les pranks idiots, il n'en a pas besoin, là tout de suite.
y'a finalement une goutte qui lui tombe sur le nez et il a envie de h u r l e r.

— ok, vous êtes vraiment TRÈS drôles les gars, il hausse le ton, la colère difficilement contenue si vous comptiez vous joindre à nous, fallait le dire plus tôt.

il ouvre la bouche, puis la referme, s'efforce de réfléchir alors que les voix s'intensifient dans son crâne. c'est qu'il ne sait pas ce qui se passe, lui aussi, prostré sur son rocher et frigorifié par la pluie qui tombe désormais à grosses gouttes.
diamond aimerait bien lui répondre, lui rétorquer que c'est pas une blague, qu'il n'y est pour rien, mais aucun son ne s'extirpe d'entre ses lèvres.
il a envie de se lever, de décamper,
(il entend wrath par-dessus les échos)
mais il est trop terrifié
(le voit pour ce qu'il, un gamin)
et figé sur place.

c'est qu'il n'arrive plus à aligner une pensée cohérente, toutes ses tentatives se perdent dans la cacophonie de rires et de cris, ça lui fait fermer les yeux alors qu'il presse ses mains à son visage — contre ses tempes, contre ses paupières.
il a envie de hurler, lui aussi, de se joindre à eux.
peut-être qu'il l'a fait, quand il remarque que sa gorge brûle, il en sait rien.
et derrière tous les bruits qui sont en train de l'assaillir, il entend les craquements du feu.
le feu.

c'est bête, que ce soit le moment de clarté qui le sort de sa torpeur, qui le force à se focaliser sur les flammes qui sont en train de perdre du terrain face à la pluie.
à se concentrer sur celles-ci, il en vient à étouffer le reste.

— wra- WRATH, il s'est approché, tire la manche du plus jeune pour le ramener à lui, Y'A PERSONNE- y'a personne, okay ?
il se veut rassurant, s'efforce d'endosser le rôle de l'ainé, parce que c'est ce que la situation exige de lui — diamond n'a rien d'un adulte responsable et n'a jamais brillé par sa maturité, mais cette fois, juste cette fois, il peut bien faire un effort.
✚✚✚

il fixe l'arrangement bancal d'un oeil critique, trempé jusqu'aux os et les doigts crispés sur le couteau qu'il avait utilisé pour retirer l'écorce des bûches qui n'avaient pas encore été touchées par la pluie.
ça avait suffit à fournir un peu de combustible au feu agonisant, après qu'ils aient détruit ce qui devait lui servir de sac de couchage pour l'utiliser comme bâche de fortune,
(c'est pas des voix creepy qui parlent à l'intérieur de sa tête qui allaient l'empêcher de se plaindre)
ça protégeait les flammes du mauvais temps,
(et dieu seul sait qu'il allait se plaindre pour les jours, non, les s e m a i n e s à venir)

diamond s'agenouille près de wrath, à moitié couvert par leur abri improvisé.
il n'a jamais autant regretté son existence qu'à ce moment précis, alors s'il s'appuie contre l'autre, il espère seulement qu'il ne va pas le bousculer de nouveau — il doute arriver à se maintenir droit, tellement le froid et la fatigue arrivent à bout de l'adrénaline et la stupide détermination qui avaient réussit à le faire tenir jusque-là.
puis y'a le vacarme qui n'a jamais vraiment cessé qui bourdonne encore dans son esprit, et pas que le sien, vu la tête qu'il tire.

— j'aimais bien les rires en boites des sitcoms, mais j'vais t'avouer que là, j'crois que je vais câbler.
il tente l'humour, esquisse un faible sourire, à des années-lumières de ceux qu'il lui adresse d'ordinaire. c'est tout ce qui lui reste, il a épuisé toute son énergie à faire en sorte que les voix se taisent en se concentrant à la tâche — s'appliquant à faire de même pour son compagnon d'infortune quand il avait l'air trop hagard.

— hey wrath, j'espère que je peux compter sur toi si j'en viens à tuer quelqu'un quand on revient à la maison ?

(écoutez, j'suis pas fort au niveau des ellipses, mais franchement, flemme de faire 2000 mots pour expliquer le raisonnement, alors magie magie- bear with me yall, mon unique braincell (pcq wrath dort mtn) allait par survivre. 'k thx)

c'est qu'il aimerait rire des mots de wrath, faire comme s'ils ne l'atteignaient pas et rejeter ses muscles qui se crispent sur le froid et pas le fait qu'il venait d'insulter ce qu'il considérait réellement sa maison.
mais diamond n'a pas le force de se battre avec lui.
se contente d'un mmh fort éloquent, presque imperceptible avec la pluie qui tombe contre le sac de couchage, le vent qui souffle sur les falaises et les voix qui se mêlent dans une cacophonie désagréable.

et pourtant, cette fois-ci, ça devient de plus en plus net.
elles ne sont plus superposées, par milliers, il arrive à discerner des bribes claires et son attention se focalise sur celles-ci — l'agitation de son compagnon d'infortune est ignorée à leur profit.
ce qu'il avance
qu'est-ce que qui avance ?
nombreux, identifier
ça rigole, et lui, il fronce les sourcils, à la fois perplexe et apeuré.
il préférait les rires désincarnés que les paroles de- peu importe de qui elles provenaient.
parce qu'elles ne lui rappellent que la situation actuelle ; une solution pour une ville en ruine, au bord du gouffre et plongée dans le chaos ?
c'est déjà le cas
c'est déjà le cas
c'est déjà le cas

tout aussi soudainement qu'elles étaient apparues, elles se taisent.
il n'y a plus que le crépitement du feu, l'averse, les vagues et wrath qui s'énerve et ça en est trop pour lui.
diamond lève une main, la pose contre la bouche du plus jeune pour le faire taire, juste une seconde.

— oublie. pour le moment, oublie tout ça. on en parlera demain.
sa voix est étrangement calme, contraste avec celle de l'autre, bien qu'il soit aussi terrifié que lui — il est seulement bon acteur.
ça va aller, ça va aller, ça va aller.