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finis les beaux étés (luci)

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Jeu 6 Aoû - 17:40

if there is a way to pay back this cost it is out of my hands and firmly in god's


il a juste à longer les falaises et descendre le long chemin qui mène à la mer ; on entend les baleines de loin, leur chant est porté par le vent et il n'a qu'à suivre le clair trajet que l'iode fait du rivage à ses mains. en bon pèlerin qui profite de la marche, steve relève la tête et regarde un de ces lents et monumentaux oiseaux décrire une courbe dans le ciel, élever puis redescendre ses nageoires, pour revenir dans la même position. ça le rend triste - comme tout le monde, mais il trouve quelque chose d'apaisant dans la presqu'immobilité des gargantuas ; ça le rend un peu poète.
il sourit un peu tristement en s'arrêtant pour mieux les regarder. c'est la fin d'après-midi et bientôt les baleines baigneront dans la lumière dorée - il n'y a personne autour.

il arrive finalement sur la plage-même et le sable craque sèchement sous ses semelles. steve pousse un petit soupir satisfait qui soulève lourdement ses épaules, l'air de dire, ça c'est fait, alors qu'il a encore toute la rive à longer pour atteindre la vallée des paradoxes. c'est qu'il n'a pas envie de se meurtrir à se recueillir sur la plage ; préférant souvent jouer la nonchalance et pousser des petits soupirs satisfaits pour les choses qui le dépassent - il y en a beaucoup, mais, je veux dire, des baleines volantes. il ne s'y habitue pas.

il commence à marcher à grand pas en regardant la mer ; l'air est étonnamment lourd ici, la torpeur des jours d'été n'est pas encore tombée.
il marche quelques minutes à peine avant de voir qu'il y a quelqu'un plus loin sur la plage.

steve ne se pose pas de questions - après tout c'est une jolie heure pour aller flâner ou pleurer, après tout lui aussi est là -, il se redresse un peu en se rapprochant et cherche, en plissant l'œil, à voir si il le reconnaît. il n'y a sur la rive que le bruit des vagues et des lentes motions aériennes, et les pas réguliers de steve, qui se rapproche rapidement du promeneur.

il le voit d'abord de dos et s'autorise à faire quelques pas de côté pour mieux l'observer.

il s'apprête à se présenter, évidemment, mais il reconnaît alors la forme du visage, du nez et la couleur des yeux, le profil et le hoodie. il a un vertige et -

- luci ?

il a parlé sans réfléchir, il le sait car sa voix est toute brisée d'émotion et il sent ses jambes le lâcher ; il n'a pas envie de pleurer mais il y a soudain un grand vide qui se rouvre en bas de son cœur, qu'il croyait bien pansé mêmes aux malheurs béants - au-dessus d'eux une baleine gémit et un premier rayon de soleil mourant perce les nuages pour se poser sur le menton de luci. il a l'impression de rêver.

il ne sait pas si il doit se rapprocher ou non alors il reste à quelques mètres de lui. il ne le quitte pas du regard, il a peur qu'il disparaisse s'il le fait - il répète plus doucement pour ne pas l'effrayer et bien ancrer son nom sur le sien, en courbant un peu la nuque : luci ? c'est moi, mais son prénom ne vient pas, il est terrifié que luci l'ait oublié et que leurs beaux étés aussi se soient noyés dans l'océan.


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Sam 8 Aoû - 19:18
soft blue skies
le soir je tourne le dos aux plus brillantes étoiles
j'ai d'autres objets célestes à observer
ils flottent, là-haut, là-bas ; à quelle altitude ? est-ce qu'ils dépassent les hauteurs des avions, est-ce qu'ils voient les ballons d'hélium qu'on lâche sans faire exprès, est-ce qu'ils sont dans une autre couche de l'atmosphère ?
ces colosses de l'air
je pense qu'ils dansent pareils qu'importe où ils se trouvent, habitués à se mouvoir dans toutes les dimensions
pas réduit à l'horizontalité d'une surface dont on voit toujours l'horizon
(et parfois, on veut s'en libérer
alors on attache des poids avant de plonger pour aller voir les abysses
alors on attache des ailes avant de plonger pour aller voir le soleil)
je me demande : est-ce que parfois elles arrêtent ? est-ce qu'elles flottent même quand elles cessent de nager ? est-ce que parfois elles viennent s'appuyer sur notre plancher ? et quand, ultimement, leurs os deviennent trop vieux, et que leurs nageoires sont fatiguées, et que leurs esprits sont millénaires, viennent-elles dire adieu en regardant leur foyer depuis chez nous ?
j'aimerais bien les voir de plus près mais la vérité c'est que ce n'est qu'une sombre envie égoïste
je sais que je devrais trouver ça étrange mais il y a bien d'autres choses qui me dérangent
alors --alors laissons-les
ces baleines qui ne font de mal à personne
(ces baleines là-haut qui ont tant d'impact ici-bas
elles ne font pas de mal mais qu'est-ce qu'elles font réfléchir oh elles donnent de la légèreté aux pensées qu'elles font germer et on se demande oh vraiment est-ce si important)
j'ai du sable sur les mains
des restes de quand je le creusais spontanément
j'ai du sable sur mes vêtements
des traînées de quand je me suis assis pour regarder
il commence à faire tard et je ne sais pas où aller
si je devais désigner un foyer, je dirais l'océan mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne
alors j'ai mis ma capuche pour que le vent arrête de souffler des idées déplacées
mais c'est pas une nouvelle tempête qui m'a appelé
c'est pas un orage c'est pas un ouragan c'est pas une tornade c'est pas un alizé c'est pas du tonnerre ni des éclairs c'est même pas vraiment clair
c'est comme --comme si on tenait à quelque chose mais qu'on avait laissé tombé en se disant que ça serait mieux sans comprendre tout l'impact que ça avait oh c'est comme si on trouvait sur le sol des petites pièces de notre vase préféré et que même si on est décidé à le réparé les fleurs sont déjà desséchées ah c'est comme entendre des sirènes sans trop savoir si elles viennent de la marée ou des pompiers
quand je me retourne,
je m'aveugle
j'ai les yeux qui brûlent, quelle horreur
coincé là à continuer de m'enflammer
je ne sais pas quel astre je déteste le plus
celui dont j'ai besoin ou celui qui fait briller les larmes aux coins de mes pupilles ?
bien sûr que c'est toi
seulement toi
toi et encore
toi
tu sais j'ai tout fait pour croire que tu n'existais pas
j'ai conscience du déni qui existe dans ma tête et j'essaie de
enfin, j'ai réussi, je crois, à
l'extirper de ma pensée
mais je ne sais pas, toi, où tu en es, qu'est-ce que tu en dis
est-ce que tu crois la même chose ?
j'ai la gorge sèche
si sèche
de mots que je ne veux pas lâcher
d'une culpabilité que je n'ai pas envie de te donner mais
je ne veux pas mentir
ni empêcher ton repentir
alors je me laisse ah, juste un peu de temps
juste cinq minutes
juste le temps de retrouver un peu de ces étés qu'on voulait illimités
juste assez pour me rapprocher
j'ai les doigts qui s'accrochent à mes manches qui les triturent qui les torturent oh qu'est-ce que tu vas dire de toutes ces choses sur ma face (mes bleus mes égratignures mes cernes mes manques de joie et toute la fatigue du monde ; de tout ce qui m'a quitté et que tu aimais tant ah non refuse de penser juste un peu juste le temps que je prends pour essayer de revenir en arrière, s'il te plaît s'il te plaît)
et j'ai
je suis désolé mais j'ai terriblement besoin de te prendre dans mes bras
ça brûle aussi
mais maintenant mes yeux sont fermés alors qu'importe si tes feux d'enfer s'enflamment de plus belle
mais maintenant mes yeux sont fermés alors qu'importe si mon corps est empalé sur son bûcher
c'est comme
avant
la douceur dans nos étreintes
de l'hésitation dans la forme
mes mains dans ton dos et mon nez sur ton épaule
tu sens l'été (ceux qui sont beaux pleins de tranquillité de sérénité oh si tu savais tout ce que je donnerai pour y retourner mais la vérité c'est
qu'on ne le mérite pas
plus jamais)
steve
comme pour te rappeler à cette identité
te dire que là, maintenant, on n'est plus ici
laisse-moi doucement dire
adieu
à ces étés que je préférais pluvieux
ceux où ça avait plus de sens d'être deux.




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Mar 11 Aoû - 0:07

if there is a way to pay back this cost it is out of my hands and firmly in god's


le prénom tombe empyréen et il se sent tout tremblant contre la mer -  il referme précautionneusement ses bras autour de ses épaules, en mettant mille précautions à ne pas lui faire mal ou à ne pas le serrer trop fort, il le fait comme il y a huit mois - avec en plus les mouvements mécaniques de celui qui ne veut pas casser davantage et chérit les morceaux brisés.

il se passe quelques secondes où ils écoutent leurs respirations par-delà les épaules ; et où steve revoit le soleil bleui qui l'a pris dans ses bras

qu'est-ce qui t'es arrivé - il le dit doucement et sans le nous, sa voix se brise à la fin de la phrase - il veut effacer toutes les traces bleues qu'il y a sur luci du mieux qu'il peut, chasser le froid et la tristesse et l'amertume et l'ombre de la mort à grands coup de vacances d'été. sa main remonte contre sa nuque jusqu'à ses cheveux qu'il déplace entre ses doigts, il a envie d'embrasser son front et ses joues mais il s'empêche de bouger, il ne fait que caresser ses cheveux et récolter les grains de sable que le vent y a logé. immédiatement il se rappelle de la sensation de ses cheveux contre sa joue, de la taille de luci lorsqu'il le serre contre lui, de là où son nez se pose contre son épaule. il y a une infinie tendresse jusqu'à dans la façon dont il se penche un peu vers lui, pour sentir tout le malheur que luci porte tout seul et que l'on ne peut pas simplement jeter à la mer. il écoute à côté d'eux les remous tranquilles des vagues, et les baleines, et il se dit - que c'est fini les beaux étés et qu'il n'y a que des fantômes des anciens jours désormais. c'est l'été aujourd'hui ! mais le monde est délavé et ils auraient dû mourir tous les deux - steve resserre un peu son étreinte pour s'assurer que luci est bien là, il est bien là, ça lui donne envie de pleurer

je suis tellement désolé

il prend une grande inspiration pleine de larmes - j'ai tellement, tellement pensé à toi comme aux astres assassinés par la Tempête - il ne s'était pas résolu à consulter le registre des morts, qui ne sera jamais complet de toute manière, à quoi ça lui servirait ? il aurait encore préféré, en cherchant des survivants, te retrouver lui-même enseveli sous un mur effondré - constater lui-même de la mort des idylles plutôt que de la lire en petits caractères dans le hall de l'hôpital. mais dans le fantôme de l'été il t'a retrouvé, luci - il se met à pleurer.


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Mer 12 Aoû - 23:01
in your arms
c'est pas grave, tu sais ?
on n'a pas à faire semblant d'être des rois qui ont encore la tête sur leurs épaules,
pas guillotinés par tous les coups du sort qui nous harcèlent
je n'ai jamais rêvé d'une vie simple,
parce qu'alors, quel intérêt ? j'ai toujours voulu aider tout améliorer permettre à ceux qui veulent de ne pas avoir besoin de penser oh l'égalité partout et le respect et ne pas s'inquiéter à l'idée de ne pas s'en sortir
changer tout plein de manières de penser
non, je n'ai jamais rêvé d'une vie simple
sauf quand j'étais entre tes bras.
regarde :
besoin de rien de plus, nos souffles au rythme des vagues, attirés par la lune puis portés par la gravité, franchement ---pourquoi est-ce qu'on arrêterait ?
pourquoi est-ce qu'on se mettrait à parler ?
pourquoi on rendrait tout ça réel ?
je crois que je ne t'ai pas cherché parce que je me disais que c'était mieux de se dire que c'était un songe
une chimère oh un mirage
je me cache derrière ça, je me dis oh, ce n'est pas moi
pas moi pas moi pas ma faute
et à chaque fois que j'y pense (tout le temps) ça revient comme le plus violent des élastiques (mon cœur) ça claque et tu sais je crois que c'est un peu comme ceux qui aiment la violence pour se rappeler qu'ils sont vivants qu'ils contrôlent encore ça dans leurs vies quand tout est un ouragan sans aucun sens
garçon-rêve
tu as bien changé, mais je crois que c'est surtout dans ma tête
et si tu veux savoir ce qu'il m'est arrivé, la réponse est bien simple :

toi.

mais je suis un lâche et mon dégoût ne bout que dans mon estomac à côté de l'acide et de tous les mensonges dont je m'abreuve
mais là
juste là
j'ai si envie
d'une vie simple
où tu pourrais continuer
à enrouler mes cheveux dans tes doigts
et on resterait comme ça tous les longs jours d'été
et ceux d'automne après eux, et ceux d'hiver, et ceux du printemps
et encore, encore, encore
j'ai peur
de bouger
j'ai l'impression que si je me déplace, si je respire trop fort, si j'arrête de te serrer comme ça, tu t'en ira tu réagira trop fort alors que j'ai besoin de toute ta douceur
j'en ai besoin
je suis égoïste, tu sais ?
parce que je me prépare à y mettre le feu --comme si
comme si personne d'autre n'a le droit d'y avoir accès
comme si elle était mienne à posséder à diriger à décider
comme si on s'était promis les cieux et que j'avais renié mon Dieu.
moi aussi, je suis désolé si tu savais
si désolé de tout ce qu'on a fait
mes yeux ont craqués, ils laissent déverser leurs cascades salées
peut-être qu'elles emporteront quelques mots avec elles -loin de moi, et surtout loin loin loin de toi
alors je ris quand tu dis ça
juste une petite esclaffade, un hoquet de joie qui a voyagé un saut dans le temps
vraiment ?
je sais ce que je devrais dire
je sais ce que je pense
je sais que les deux sont vrais ah la thèse et son antithèse et pourquoi est-ce qu'on en est là oh Seigneur vous avez raison
le Malin est si tentant.
pardonnez-moi
d'avoir le sang de votre Fils sur les doigts
lui qui s'est sacrifié pour tous nos pêchés.
je sais que je devrais dire
moi aussi et
c'est vrai
mais peut-être pas comme tu l'entends
probablement pas comme tu as pensé à moi
j'ai mal au corps
partout, partout
je crois que ça vient de ton étreinte.




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Mer 19 Aoû - 21:33

if there is a way to pay back this cost it is out of my hands and firmly in god's


son malheur bute contre le coin gonflé de son cœur où il a rangé son amour pour luci - il déborde lentement à la mesure de leurs respirations, lourdes et rapides comme des vagues de tempête. alors comme ça lui aussi, lui aussi il a pensé à lui…

steve relève un peu la tête en pensant comme il se l’imaginait - dans les landes grises de son esprit autrefois plein de soleil ; est-ce que lui aussi s’était délavé avec le temps ou est-ce qu’au contraire, luci le voyait maintenant comme un ersatz du soleil qui brillait fort dans le coin des yeux. il se désolait sincèrement de l’innocent chagrin qui le faisant trembler tout contre lui, aussi il desserra ses bras, avec une précotité maladroite, et les ramena sur ses avant-bras. il n’était pas très bon amoureux finalement - c’était allé si vite !-, et il avait du mal à laisser les choses aller, vous voyez, il l’a fait si longtemps. il bute et bute et bute sur le regard-mer de luci et se permet de lever une main lente pour cueillir ses larmes sur ses doigts. dans sa tête résonne le chant des baleines comme la mesure de la valse, un, deux, trois temps.

il ne sait pas danser. il ne se rend pas encore compte le garçon-rêve - du dieu qu’il a trahi et de l’ombre qui coule lentement sur vos visages prostrés loin de sa lumière. il ne voit que toi et un instant ça lui fait oublier sa terreur toute verte de peur - non, il ne comprend pas.

tu as pas à être désolé, il lui invente volontiers des excuses bricolées avec le vent et la tempête ; ah non, tu n’as pas à être désolé luci ! c’est difficile de se remettre debout avec les bourrasques du cœur et l’infinie tristesse de la fin du monde, ce n’est pas grave. il appuie un peu ses mains contre les bras de l'autre pour l’encrer un peu plus sur cette plage et dans la réalité, ses réponses lui donnent l'air d'un vieux songe qui dit bêtement, je suis désolé, vraiment, moi aussi.

il réfléchit en essuyant ses propres larmes - il ne sait pas trop faire les réunions sincères, c'est vrai, mais les amours coupables il connaît bien - alors la lueur violette que luci a sur les mains et le creux des joues, il la connaît car il avait la même, avant, lorsqu'il le regardait de loin. maintenant qu'il le voit tout enveloppé de cette tristesse de parme il trouve ça très pénible ces vraiment, moi aussi, alors il dit sans réfléchir :

qu'est-ce qu'on va faire ensemble

et il se trouve tout-de-suite peu convaincant avec il courbe un peu le cou, s'éclaircit la gorge et repasse une main sur sa joue mouillée :

enfin je veux dire, on va pas vraiment pouvoir faire comme avant, pas vrai ?

pas vrai ? il espère qu'il le contredise mais sa mine lui arrache un soubresaut comme on accueille l'arrivée de l'hiver.


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Mer 26 Aoû - 23:03
under the same sun
me dit pas que je suis cassé
je le sais et je voudrais qu'on me dise que c'est pas vrai
tu sais, comme avant
on savait
on savait qu'il y avait des choses qui n'allaient pas chez nous
on savait mais on a fait comme si c'était normal comme si tous ces gens aux maquillages colorés avaient raison comme si on avait pas un truc qui tournait pas rond comme si c'était si mal de vouloir nous réparer
j'aurais dû dire que j'avais
du malin en moi j'aurais dû
y aller de mon propre chef et
tout nettoyer
rien de tout ça ne serait arrivé
tu le sais, non ?
c'est nos crevasses qui ont tout catalysé
tu n'as jamais été soleil ; toi tu étais lac
à ne jamais savoir ce qu'il se passe la surface,
à devoir plonger tout entier pour pouvoir explorer,
à lancer des cailloux pour avoir un aperçu de tes courroux.
non, arrête, t'en vas pas
pas de suite
j'arrive pas à te détester dans mon esprit alors comment est-ce que je pourrais
le dire ?
mais si c'est pas toi alors c'est m--
reste, laisse-moi dans tes bras
j'ai plus nul part où aller, plus aucun café qui m'attend
pas de canapé pré-chauffé et la télé jamais écoutée
j'ai plus d'yeux à regarder j'ai même plus de tupperware à mettre au micro-ondes
pas de créneaux à respecter pas d'enfants à épauler et tous les autres gens, ils ne veulent pas être aidés
j'ai nul part où aller
mais le bout de tes empreintes qui glissent, ils me disent ah, si, regarde
t'as tout ton esprit à fouiller
et ça me terrifie parce que je sais que c'est pas ce que t'as dit je sais que t'as rien dit je fais des conclusions qui n'ont aucun sens mais tout ça c'est parce que je suis plus contre toi
parce que tu réponds aussi des trucs automatiques et
parce que tu les crois et que tu les penses mais réfléchis, steve, s'il-te-plaît, juste un instant
parce que ça envahit ma gorge on dirait une attaque au gaz et toute l'eau cherche un moyen de s'échapper de mon coeur tout desséché
moi je t'ai pas lâché
alors ne le fais pas
t'as pas le droit
pas après tout ce que j'ai sacrif-- tout ce qu'on a fait.
c'est pas toi
c'est nous
c'est moi, surtout
mes griffes ancrées dans ton épaule, dans ton dos, dans ta nuque
mes mâchoires qui t'ont arraché tes saints esprits
mes instincts de prédateur
et en un instant,
je me déteste tellement de t'avoir fait prisonnier
je jongle entre les culpabilités ; c'est toi puis c'est nous puis c'est moi puis c'est
le monde entier
puis c'est Lui là-haut puis c'est l'Autre en-bas
qu'est-ce qu'on est sensé en faire ? de toutes ces choses qui se battent mais qui n'ont aucun sens
et là, devant toi, je crois que je suis nébuleuse
cadavre d'un soleil qui s'est effondré,
fatigué
alors je dis
tu voudrais faire quoi ?
c'est ta dernière chance de me sauver du trou noir




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