* Crie in a cool way * [PV : Jupiter/Fin Mars 2021]

Jupiter suit la lumière… Elle sait où trouver ce qu’elle cherche. Elle a besoin de plonger dans l’ivresse. Les chevaliers l’attendent sûrement de ferme pieds, mais elle n’a pas l’envie de les voir la dévisager, elle n’a pas envie de se prendre la tête à écouter ceux qui ne font rien, pas même une blague pour lutter. Jessie a décidé de simplement s’amuser, de se laisser aller. Elle est encore bien jeune et la responsabilité de ses actes est trop dure à porter.

Plus loin, il y a ces odeurs, l’odeur de la plage que Jupiter aime tant. Cette odeur iodée qu’elle connaît bien lorsqu’elle longeait les rives de Seattle toujours bien accompagnée. Cette ville moderne et bien équipée qui n’a rien à voir avec
ce qu’est Arcadia : une vieille entité. Elle n’a jamais compris comment de si petites villes pouvaient subsister. Cependant, elle se contente de s’arrêter d’y penser, elle ne va plus penser à rien… C’est le meilleur à espérer, il n’y aura plus de lendemain.

Arrivée vers le feu, elle dépose ses deux sur une silhouette équipée de ses désirs, une bouteille pour soulever son empire. Ses lèvres arrivent à esquisser un étrange sourire devant la personne déjà bien alcoolisée qui tente d’approcher le vide d’un peu trop près. Jupiter ne va pas sauver cet individu… Elle ne sait pas à quoi il ou elle joue. Elle n’arrive pas à deviner, elle n’arrive pas à genrer, de dos. Elle laisse tomber sa veste à côté d’une roche. La brune n’a pas l’air de vouloir perdre son temps, et commence à parler fort : elle a l’habitude des soirées ou la musique est trop forte, on ne s’entend plus parler. Ici, c’est la mer qui chante pour brouiller les discussions et les propos déplacés.

- Toi là ! Descends de là.

Ses bras sont croisés contre sa poitrine tandis que la jeunesse dévisage son aînée… Certainement un plus âgé.e. Elle est devenue un peu autoritaire, Jupiter. Ca l’a frustrée, ça l’a énervée de se faire attrapée, de se dire qu’elle ne sera jamais écoutée. Les chevaliers, comme les greens n’ont que faire de jeunes adolescents, ils les traitent tous comme de simples enfants. Et Jessie n’est plus une enfant, elle sera bientôt une jeune femme bouffée par ses ressentiments. Il faut qu’elle râle, il faut qu’on l’entende parler. Il faut qu’on lui donne ce qu’elle attend et sans trop tarder.

- T’as pas de quoi boire ? Je cherche de l’alcool ou toute autre chose pour m’amuser. Tu pourras sauter si tu veux après…

Jupiter se moque bien de qui est cette personne. Elle n’est pas venue pour plaisanter, elle n’attend plus que le glas sonne. Alors elle lea dévisage. Ces derniers mois ont été assez compliqué et sa fierté en a pris un coup si bien qu’elle a du mal à comprendre dans un premier temps ce qu’il va se passer. La danseuse étoile a décidé de jouer les délicates, les belles fleurs qui sous le vent ondule et danse en rythme avec le chant de la marée.

Les danses, Jupiter en a connu. C’est ce qui a fait sa popularité. C’est ce qui a fait qu’elle s’est fait appréciée, avec le harcèlement, le chantage et les coups sournois organisés. Jessie dévisage ce corps qui lutte contre la gravité. Elle se moque bien de ce qu’il va arriver, seulement elle veut cette bouteille entre ses doigts, et la regarder si tremblante l’énerve, elle se fourvoie.

- Dépêche… J’ai pas que ça à faire de te voir danser. Des danseuses j’en ai vu la couleur pendant déjà des années. Si j’avais appelé un bouffon, j’aurai choisi un green pour m’amuser.

Quand l’inconnu parle de jeu… Jessie n’est pas sûre de comprendre où iel veut en venir. Il est vrai que cette personne n’a pas l’air d’avoir les mêmes délires. La jolie planète n’est plus aussi dangereuse que dans le passé, car elle n’a plus ses outils pour écraser. Elle a pris conscience depuis des mois que sa faiblesse est là… Et ça l’angoisse encore plus, personne n’est prêt à capituler, puisque chaque être a son système solaire indépendant, et Jupiter n’est pas l’étoile autour de laquelle tournée.

- J’ai pas que ça à faire…

Ses lèvres se mettent à souffler.
Elle suit la personne qui frôle à chaque seconde le danger et quand iel s’approche du vide un peu trop prêt, c’est elle qui est obligée de passer le pas. Non, elle ne veut pas protéger, elle ne veut pas aider, mais iel a ce qu’elle est venu chercher. Elle se jette face à ce corps inconnu pour l’aider et ce corps dans ses bras finit attrapé et stabilisé… Pendant peut-être un moment seulement.

Puis elle tend le bras pour attraper son du. Non, Jessie n’est pas venu pour sauver cette personne en danger. Elle n’est venu que pour sa propre personne, pour son propre intérêt. Et elle continue d’insister. Elle continue de s’énerver alors que son poignet noircit reste tendu vers cette personne à l’esprit dérangé.

- Putain… Donne moi ce que je veux.

Alors que l’autre se croit dans une comédie en chanson, Jupiter n’a faire de ces belles paroles, de ces grands gestes, de cet être brûlant les limites de la raison. Repoussée elle reste sur ses gardes et dévisage lae porteur de la bouteille. Comme un ours mal lêché, comme une guêpe attirée par l’odeur du sucre, elle ne peut s’empêcher de regarder ce qu’il lui revient de droit. Après cette dure journée, elle considère qu’elle peut se faire du bien parce que plus personne n’entend ce qu’elle a à dire, plus personne n’entend sa voix.

Si elle savait, Jupiter, qu’elle peut encore changer les choses.
Faudrait-il seulement qu’elle arrive à comprendre la marque sur son poignet,
Qu’elle prend encore comme une sorte de maladie de peau, un cancer, une ecchymose.

Jupiter continue de croiser les bras. De cet énergumène, elle ne s’approchera pas. Elle écoute à moitié ses conseils, comme s’iel en avait quelque chose à carrer, de l’attitude de la jeune pirate à l’air contrarié. La politesse ? Ca ne sert à rien. Quand elle a été polie avec Calico, ce sont les cauchemars qu’elle a eu droit. C’est la foudre qui a frappé leurs deux minois pour faire couler des larmes et pour faire venir le grand froid.

Les gens… Ne le méritent pas. Il ne mérite pas que je sois bonne avec eux. A chaque fois que je le suis, ils ne le voient pas, ils ne veulent pas de moi. Si je peux pas être aimée pour mes qualités, alors je préfère être remarquée pour ma déviance et ma façon à les repousser.

- J’ai pas à être polie avec n’importe qui. J’ai été assez souple comme ça jusqu’à aujourd’hui. Et je ne chouine pas… J’ordonne.

Quand à la pichenette sur son front, Jupiter finit par grimacer et reculer pour pousser cette main aux longs doigts fins et blancs. Si l’autre s’amuse beaucoup, le visage de la jeunesse est grimaçant. Elle continue de croiser les bras et serrer les points contre son buste, elle est fermée. C’est qu’elle aime tenir tête, le chevalier.

Puis finalement, l’autre s’éloigne vers la rambarde, mais Jupiter n’a pas suivie… Elle est trop éloignée… Elle l’observe et à peine à t’iel eu le temps de compter que l’ancienne cheerleader se met à courir, cependant il est déjà trop tard pour la rattraper. Alors pendant un quart de seconde elle se penche pour regarder le vide et s’éloigne de nouveau de cet objet… Finalement brisé. Qu’est ce qu’elle aimerait avoir un pouvoir, comme les autres, pour jouer, se venger… Mais elle n’a pas conscience de ses propres secrets, de cette marque noire qui n’a pas assez grossie pour qu’elle ait conscience de ce qu’il peut se passer…

- Putain… Fais chier.

Jessie a le dos tourné, elle préfère regarder autre chose que la personne qui a ruiné le début de sa soirée. Son spectacle qu’elle a trouvé sans intérêt n’est rien d’autre qu’une personne en plus qu’elle ne voudra plus croiser. Ses sourcils se froncent vraiment pour exprimer un sentiment que la brune et ses longs cheveux bruns pense ne jamais assez calfeutrer… Mais sur cette planète gronde des orages, des tempêtes bien trop grande pour elle. Aujourd’hui, en plus des autres jours de l’année, elle l’a vraiment en travers. Elle ne fera pas la même connerie qu’avec Calico, elle n’abandonnera pas cette fois, pour protéger son propre univers.

Elle souffle et se retourne pour regarder avec mépris la personne qui gâche sa nuit. Elle détache sa veste de son dos pour l’attacher à sa taille. Il commence à faire chaud, surtout à cause de l’ambiance, qui aurait cru qu’il ne caille ? C’est la cage abdominale travaillée qui s’étend à moitié sous un crop-top que les greens auraient considérés comme trop court.

Encore une fois, elle lui souffle quelques mots d’amour.

- J’arrêterai d’insulter les gens, quand ils sauront m’écouter. Il n’y a que comme ça que les paroles arrivent à rentrer dans les caboches écervelées. Le jour où on me prendra au sérieux, peut-être que j’arrêterai de m’en prendre à la première personne venue. Mais de toute façon, vous ne vous gênez pas non plus… Pour gâcher la vie des autres.

Jupiter se prend des rafales. Il y a au moins quelqu’un pour lui dire ce qu’elle vaut, ce qu’elle ne veut pas entendre, tout ce qui lui semble faux. Alors elle repousse tout, elle jette les propos un par un pas. La trahison ne fait pas parti des choses qu’elle apprécie, mais elle n’a jamais fait confiance en personne. L’abandon ne fait pas partie des éléments qui la rend bonne, mais les autres sont toujours en dent de scie. Il est plus simple de remarquer les défauts des autres, plutôt que d’assumer ses erreurs. Il est plus simple de voir ce qui ne plaît pas, les irrégularités, que de voir que les gens sont parfois là pour aider. Ce n’est pas la première fois qu’elle a peur.

A la première phrase. Elle sursaute… Elle n’a pas de réponse précise à cette première question. Alors elle qui a l’habitude de rebondir n’en est pas capable. Il y a des chevaliers, et ceux à qui elle crie simplement, sans discernement… Mais ils ne font qu’entendre des jérémiades d’adolescents.

A quoi bon lutter ? Il ne faut pas se laisser humiliée.

Les sourcils froncés, c’est dans sa posture qu’elle commence à montrer qu’elle ne veut pas se laisser écrasée.

- Pourquoi je m’intéresserai aux autres ? Ils sont seulement des outils et la plupart n’en valent même pas la peine. Et puis… Je vais avoir 19 ans bientôt. Si je t’entends, sachant que t’as pas l’air bien plus âgé.e, j’ai pas de raison de t’écouter. Mes paroles seraient aussi insipides que les tiennes.

C’est cela la vraie question. Pourquoi ? Pourquoi regarder les autres quand il y a moi. Cet être isolé, tributaire des autres sans avoir la force de trouver le moyen d’éviter de souffrir.

Jupiter se sent en danger. Le pilier sur lequel elle est perchée est secoué, guidée vers la falaise de force, elle ne comprend pas pourquoi iel parle de son père et se met à vraiment lae dévisager. C’est quoi son problème ? La brune ne veut pas y aller, elle trouve de plus en plus cet être dangereux, elle veut s’en méfier, et même temps difficile de ne pas rester pour sa fierté. Son égo est tiraillé, cette journée a été un immondice total et iel n’est que le fruit d’une addition de mauvaises sensations trop fortes pour le chevalier qui une fosis

- Mais tu joues à quoi là ?! Dégage.

Proche de la falaise, elle repousse fermement la personne aux cheveux de feu pour se maintenir à distance. Non, elle en a marre de ces chants, de ses danses. Cet individu prend tout à la légère, ce qui rend de plus en plus Jupiter amer. Elle est un peu déstabilisée. Il n’y a que de rares personnes qui osent vraiment s’imposer et l’écraser. Ce sont les Calico, les Hawk et les Phaner. Ce sont ceux qu’elle trouve les plus coincés, et ici, ce n’est pas le cas. Elle ne pas jouer sur ça. Perturbée par les propos tranchants de l’autre, elle a du mal à analyser, elle a du mal à faire ses pirouettes habituelles qui ont fait applaudir tant d’américains, qui ont fait baver les garçons les plus simples à baiser.

- Je ne crois pas avoir demandée une psychothérapie… Et encore moins à quelqu’un qui a l’air aussi perdu que les religieux.

Jessie avale sa salive et finalement s’éloigne de ce vide qui ne la rassure pas. Pendant quelle recule doucement, elle ne lache pas des yeux le démon turbulent.

- Ils brassent de l’air et ont des propos totalement incohérents. J’ai même pas pu finir le lycée, et j’ai assez remarqué les contradictions… J’ai pas envie de leur faire confiance. J’ai pas envie de me confier. Ils sont tous pareil, à tendre la main, et quand on chute… Ils te laissent crever au fond du ravin.

Quelques pas en arrière, peu assurés.

- Alors non. J’sauterai pas. J’te ferai pas se plaisir là. Non, j’en suis pas capable, j’ai pas envie de me laisser mourir et de finir écrasée comme la bouteille…

Puis, maintenant elle a trouvé un point d’appui assez fort elle revient doucement pour attaquer. Jupiter respire plus fort.

- J’suis pas une danseuse étoile dans ton genre…

Perso, les étoiles, je préfère les avaler, les écraser.

- J’ai pas besoin de ça pour briller. Mais j’comprends pas, c’est quoi ton intérêt ? Qu’est ce que tu gagnes à me faire chier ?

Jupiter est fatiguée… Si la journée n’avait pas été aussi compliquée. C’est ce qu’elle se dit pour se rassurer, mais si elle n’a pas les mots, elle ne sait pas comment elle pourrait réagir. Elle qui voulait tout oublier, elle qui voulait passer à autre chose. Elle ne fait qu’y repenser. Ce rejet, cet échec, et la frustration la noie. Ses muscles se tendent de long en large, et sa mâchoire se serre. Elle cherche à comprendre ce qu’elle n’a pas l’habitude de voir, pour peut-être apprendre à moins se méprendre.

- Hein ?

Les bras de Jupiter sont de plus en plus contractés vers sa poitrine, parce que l’autre a compris quelque chose à propos de la jeune fille. Et derrière ses jolies cabrioles, ses grands gestes, et les pétales rouuges, ce sont les épines qui se déguisent et entichent la poitrine de notre chevalier. Elle qui d’habitude a toujours quelque chose à dire, n’arrive pas à trouver ses mots. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle n’aime ni cette insolence, ni qu’on la prenne de haut.

- Tais toi.

Les mots sont secs et tâchés par l’amertume. Le visage de Jessie se referme peu à peu. Ca fait mal, mais elle n’a pas les mots pour le dire. Avouer que l’on est blessé, ce n’est pas si simple qu’il n’y paraît. Pourtant, elle n’est pas allée bien loin. Cette personne s’en prend vraiment à elle pour un rien. Ses limites n’étaient pas celles que l’adolescente espérait. Alors, elle serre plus fort ses doigts et ses mains. L’une d’entre elle vient se réfugier dans ses cheveux, tandis que l’autre finit par saisir son coude pour le resserrer.

Tais toi.

Personne n’est prête à l’écouter. Personne n’est prête à la suivre, même ses idées ne sont pas mauvaises, même si elle ne veut pas mettre mal à l’aise. Elle veut seulement être regardée, écoutée, suivie. Et ce qu’elle entend ne lui laisse aucun moment de répie. Chaque parole est un glaive qui s’enfonce un peu plus entre ses seins. Pourtant, elle n’a pas la force d’avoir du chagrin. Alors, elle soupire seulement pour inspirer plus d’air et tenter de se calmer, pour ne pas exploser.

Tais toi.

Parce que si les mots ne viennent pas, Jupiter ne veut pas passer le pas. Elle a peur, vraiment, pour la première fois.

Tais toi.

Non, Jupiter ne vient pas montrer qu’elle n’est plus une enfant… Elle veut simplement oublier ses tourments. Cependant, elle n’a plus mots à donner, parce qu’elle a compris que chaque fois qu’elle donne un mot, c’est avec ce dernier qu’elle se fait enfoncer. Jusqu’à présent, pousser les autres à bout l’a bien aidée, mais ce n’est pas cela qui la sauvera, quand il y a des gens comme toi.

Tais toi.

Quand elle entend le mot princesse discount… Jupiter secoue sa tête de gauche à droite. Elle ne sent pas prête à lutter. Alors quelque chose le fera à sa place. Son visage est froid, entièrement composé de glace. Elle laisse le silence glisser sur ses lèvres.

- C’est bon ? T’as terminé ?

Encore une fois quelques secondes de silence avant qu’elle achève.

- Tu vois… [Comme c’est agréable le silence. Qu’est-ce-que j’aime quand tu la fermes.] Tu peux continuer s’il te plaît ?

Jupiter ne le sait pas, mais elle vient simplement d'influencer le débat. Le silence de BM sera agréable pour tout ceux qui ont entendu, tout ceux qui ont écouté. Il n'y a plus besoin de faire la sourde oreille, l'autre démon a gagné. Seulement, Jupiter peut enfin se reposer. Et bientôt la marque noire mangera encore quelques millimètres de son poignet, sans qu'elle ne fasse le lien, elle ne le découvrira sûrement qu'à tête reposée.

Jupiter a apprécié le doux silence.
C’est son seul moment de repentance.
La douceur d’une délivrance.
Pourtant, ce n’est pas aussi grisant que s’enivrer d’assurance.

La main de Jupiter continue de jouer avec ses mèches de cheveux. Cette tignasse noire ondule sous les mouvements qu’elle ordonne avec le même refrain. Sous cette ombre, la marque noire dévore un peu plus la pâleur de sa peau. Son poignet de quelques millimètres est encore un peu adsorbé. Jessie ne peut le voir, ne peut l’escompter. Seulement, encore une fois de plus elle se sent fatiguée. Ses yeux lui réclament un somme soudain qu’elle n’attendait, du repos, ou s’asseoir encore sur le sableux terrain. Jupiter n’ayant pas la force de bouger vient s’asseoir sur le sac à côté de son qu’elle avait posé.

La plage est un lieu maudit, ce n’est pas la première fois qu’elle ressent un tel niveau de fatigue… Et pourtant, il y a eu d’autres moments plus souples, où rien ne s’était passé comme cela. Elle pense à la première fois, aux marques sur le sol, elle se sent malchanceuse, mais ne comprend pas l’origine de cela. L’autre à côté continue ses cabrioles, ses grands gestes… Mais Jessie a arrêté de regarder. Elle écoute à moitié, un instant le regard penché vers la mer. Dans sa gorge, elle retient tant de paroles amères, sévères. Et tout continue de rester à l’intérieur, jusqu’à ce que de nouveau elle se remette à crier quand les chevaliers lui feront la morale. A toute à l’heure la rancœur. Si elle ne peut s’énerver maintenant, leur sort leur sera fatal.

La comparaison avec un goret, lui a fait seulement haussé les sourcils.

Pardon ?

Jessie ne sait pas si c’est le beau discours de l’autre, ou simplement la fatigue à laquelle elle cède, mais elle n’a pas la force de lutter. Ce n’est pas la première fois, la peur l’empêche souvent d’avancer, alors que c’est seulement le premier pas à donner qui compte pour continuer d’évoluer. Ce n’est seulement qu’aux dernières paroles que Jupiter emploie la sincérité.

C’est la seule façon que j’ai trouvé pour qu’on se retourne et me regarder.
Et finalement… Au fond, ça a un peu marché.

Jupiter a de beaux conseils à appliqués. Jupiter a de l’attention. Jupiter est regardée. Elle s’en nourrit, elle a mal mais ça lui convient. Au fond, c’est mieux que rien ?

- On est tous égoïste et ingrats.

En particulier moi.

- La première personne qui nous tend la main, on la repousse souvent le jouir même, ou le lendemain.

La première fois que Jupiter a bien agit dans cette ville  minable, pour aider, elle s’est faite repoussée. Elle n’a plus envie d’apporter son aide. Sa seule contribution est certainement de garder les secrets des chevaliers. Alors le dos dans le vide, ce sont ses œillades qui restent raides.

- Agir ?… Naturellement ? Je ne suis pas sûre de comprendre où tu veux en venir…

Jessie a une idée des faits… Mais elle ne sait pas ce que c’est que de pas agir sans intérêt. Toutes ses paroles, tous ses mouvements ont un but, une orientation. Tout est là pour la compensation… Tout est là pour l’admiration. L’admiration de soi, qu’on est incapable de s’offrir.

Jessie plisse les yeux… Ne pas agir naturellement ? Cela voudrait dire aller à l’encontre de ce qu’elle est pour les autres. L’idée n’a pas l’air de la convaincre. Dans ses pensées… Elle chipote. Faire semblant ? Faire semblant de quoi ? D’être gentille, d’être sympa ? Comme pour obtenir les bonnes graces des autres au lycée et une fois la confiance gagnée, pour les écraser. Et en même temps, elle s’est enfermée dans un sarcophage de fierté, une armure impénétrable dont elle n’arrive plus à se passer, qui la pousser à crier, à garder la tête haute et à être fière de qui elle est. Après tout, de ce qu’elle en sait, c’est sûrement la seule à avoir survécu. Elle n’a pas suivi le troupeau dans le bus, trop occupée à prendre un selfie potable pour les réseaux, puisque dans la vie d’autrefois tout était superflu.

- C’est vrai. Mais j’ai pas envie de donner aux autres ce qu’ils peuvent reprendre. C’est ça le problème… Tout n’est qu’un jeu de bons échanges, de bons procédés…

Jusqu’à ce que son aîné emploie le terme sucer des queues, ou Jessie finit par lever ses yeux vers les cieux.

- Ouais… Je vois ce que tu veux dire. A la fin, on finit par faire des choses qu’on aurait pas fait en temps normal. C’est tellement dégradant.

Jessie pense à ce garçon qu’elle a insulté de plusieurs noms, et qui l’a aidée. Oh, elle ne l’aurait pas trouvé à son goût en réalité, mais les temps sont durs, et elle a finit par craquer. Cependant, elle a oublié toutes les choses qu’elle a pu lui dire, toutes les phrases pré-faites qu’elle s’entête à répéter. Les garçons comme lui ne peuvent pas s’intéresser à une fille comme elle, elle est trop bien pour lui… Ce qui la plonge en réalité dans un réel ennui dans les désirs crapuleux dans la tête fourmillent. Elle oublie Jessie, tout ce qu’elle a pu faire, loin de la réalité, perchée sur sa grande planète Jupiter. Elle n’arrive plus à redescendre sur Terre, piégée autour de ses satellites, dans ses petites galères. Elle n’aperçoit pas que quand elle passe, elle laisse un goût amer, que les gens restent en colère.

- On m’appelle Jupiter.

Ses sourcils se froncent face à la scène… Quelle absurdité. Jessie ne sait pas jauger les actions de l’autre qui vacille entre le fait d’aider les autres et la violence des phrases employées.

- Si c’est si gentiment demandé…

Quand Bloody Mary lui parle d’un gros… Jessie ne voit pas de qui iel veut parler. Elle sourit simplement d’un air moqueur face à l’anecdote.

- C’est bien fait pour lui. Il voulait quoi ?… Sérieux. Les gens sont complètement aliénés.

Et c’est reparti pour un tour. Même fatiguée, elle arrive encore à parler, à se plaindre sans jamais cesser.

- Et je parle surtout des greens, j’en peux plus. Ils sont insupportables et si coincés… Ils croient tous en Dieu, mais on dirait que c’est que quand ça les arrange. Mais ce n’est pas ça le pire, le pire c’est que Phaner me gêne dans mon travail, à me coller au cul des policiers. Et comment dire… J’ai pas l’envie de collaborer. Donc on est obligé de faire des conneries pour leur faire comprendre que ça serait mieux de cesser.

Elle passe une main dans ses cheveux longs et continue à cracher son venin.

- Son excuse, c’est que soit disant on est incapable de se protéger… Et moi j’ai que 19 ans… Personne ne me prendra jamais au sérieux. Jamais. Et si c’était que ça… Je veux trouver un moyen de nous sortir d’Arcadia, mais seule j’avance pas. Ca me fatigue...

Jupiter ne comprend pas trop pourquoi l’autre individu claque des doigts dans un rythme… Mais  bien entendu ça ne l’arrête pas. Elle est endiablée comme jamais, parce que sa rage ne l’arrête pas là.  Maintenant, elle est privée du territoire greens, du moins, elle y sera surveillée au cas où elle tente de leur faire de nouveau faux-bon. Ce n’est pas dans ses plans, elle ne voit que la mer à l’horizon…

Et là, tout est clair. Elle est entièrement d’accord. Elle se contente de hocher la tête de nombreuses fois et lève ses yeux et ses bras vers le ciel. Enfin quelqu’un qui a une bonne et vraie raison. Le reste des individus, ceux qui croient en eux, ont forcément tord. Personne ne peut se protéger du surnaturel, car s’il est fuit, il viendra les attraper. Les ombres viennent toujours dévorer la lumière quand celle-ci tourne le dos.

- Je suis totalement d’accord, je ne peux plus me les blairer.

N’est ce pas Calico ? A vouloir protéger Jupiter, elle a finit par être dans un lieu seule, au milieu des ombres et du danger. C’est bien la preuve de cette mauvaise réalité… Et Moth qui y croit dur comme fer, Jessie songe bien que pour elle, cette population à Arcadia est un réel enfer. Les chevaliers n’ont pas besoin  d’eux pour se sauver, après tout, ce ne sont que des belles paroles. Chaque personne au fond est seule face à cette ville devenue folle.

- Ouais… Bah c’est pas un cadeau.

Jupiter ne s’attend pas à ce qu’il va suivre mais quand iel emploie sa prochaine histoire, elle fronce soudainement les sourcils. Sur son visage, sa bonté ne tient plus qu’à un fil. Elle est dégoutée. C’est l’alterte qu’elle affirme en serrant ses mains alors qu’elle se relève, pour se rasseoir avec cette étrange fatigue sur le dos.

- Pardon ? Il t’a quoi ?! Mais c’est un fossile ce type ? Il n’a pas peur de draguer les personnes jeunes… C’est un gros porc ou quoi ?

Elle se sent révoltée par ce vieux boomer, comme elle tend à l’appeler. Qu’est ce qu’elle aurait aimé les voir vomir, les voir se faire dessus à la queue, mais il a tout arrêté. Qu’est ce qu’elle aurait aimé rire perchée sur une branche devant la queue vers les toilettes qui se seraient formées. Le vieillard n’est bon qu’à poser son dévolu sur la jeunesse. Jessie quant à elle est énervée. Raison de plus pour les détester, raison de plus pour les rejeter, raison de plus les écraser. Il est hors de question de faire confiance à un peuple qui croit en un vieux Dandy.

Les hommes… Ce sont des profiteurs, des manipulateurs. Il y en a des bons malgré tout, elle le croit, enfin, elle se suffit à ce qu’elle voit. Son père est parti. Les garçons avec qui elle est sortie ne sont plus là aujourd’hui. Son petit frère, la canaille est injoignable d’ici. Les hommes chevaliers ont parfois du mal à comprendre sa complexité. Et les garçons ne sont âges sont souvent des bêtas attardés.

- J’en sais rien… Ils sont quand même pas trop moches pour certains. C’est la seule chose que je retiendrai d’eux niveau utilité avec un côté malin quand il s’agit de sauvegarder leurs intérêts.

Elle hausse les épaules pour finalement avouer qu’elle même ne peut se tenir face à un joli physique. La superficialité de la jeunesse est un de leur plus gros tord, une énorme qui tique. Elle les affaiblie, les rend faible, pour leur pomper ce qui pourrait former de belles alliances, s’ils savaient ouvrir les yeux, s’ils avaient apprendre à communiquer au-delà des codes qu’on leur a donné.

Jupiter ne voit pas les choses comme Bloody Mary parce qu’elle n’a pas les mêmes expériences dans la vie. Elle n’est qu’une planète isolée qui a arrêté de suivre sa trajectoire autour du soleil pour laquelle elle a été crée. Elle s’engouffre dans des voies pour devenir un trou noir et tout avaler. Avaler la réalité, avaler les défauts qu’elle crée, avaler tout ce dont pourquoi elle ne peut pas agir. Elle n’est plus maîtresse de rien, si ce n’est le désordre qu’elle commet en insultant tous ceux qui passent à sa proximité. Elle n’est que traîtresse de son propre destin en sabotant ses relations, à chaque bonne chose elle arrive à mettre les freins. Combien de temps lui faudra t elle pour comprendre que si elle veut que les choses bougent, elle doit reprendre les choses en main ? Qu’elle ne doit pas blesser ce qui caresse le bout de ses mains ?

Alors comment
Comment se prendre au jeu
Quand on n'est pas pris au sérieux?

C'est moi qu'on abandonne
Qu'on laisse sur le pavé
Seule avec ma couronne
Sur le pavé
Est elle vraiment ratée
Cette nouvelle, nouvelle épopée?
C'était si beau sur le papier

Encore une fois, Jupiter n’aime pas entendre cela. Depuis son arrivée, les amourettes avec les garçons n’ont jamais trop été. Arcadia Gay a fait d’elle un larbin de plus, mais elle ne cesse pas de les apprécier de vouloir enfoncer ses ongles tentaculaires dans les dos qu’ils s’entichent à muscler. Non, elles ne veut pas renoncer encore un instant à ces corps d’Apollon parce que ça reste beau un garçon. Comme le reste de la galaxie, la dévoreuse d’étoile veut les avaler, les consommer sans modération, mais elle n’a plus trop l’impression que ses projets riment avec luxure et attraction. Ou peut-être que si, mais c’est les filles qui s’additionnent à ses ambitions, qui la mettent dans la confusion. Elle n’a qu’un exemple en tête et évite de l’admettre.

- Pourtant, les femmes sont capable de fonctionner de la même manière… Je crois ? Enfin, on parle de quelle domination là ?

Non parce que c’est flou. Les seuls garçons avec Jupiter est sortie étaient ceux du lycée. Soit ils sont morts, soit dans les études supérieures et elle ne sait pas ce qu’ils sont devenus depuis qu’ils sont parti de ces jeunes années. Ses relations avec eux étaient contentées de baisers et caresses dans les vestiaires, de baiser dans leurs voitures, à l’arrière, et de se promener avec comme un artifice entre populaires. Il n’y avait jamais rien de profond, pas même les discussions, ou peut-être l’amicalité qu’elle échangeait avec ces derniers. Il y avait de la complicité, mais peut-on parler d’amour de son côté ? Elle n’est pas si triste que cela, plus attachée à l’idée que ces personnes la suivaient, la soutenaient. C’est peut-être ça qu’il lui manque dans ses relations : avoir l’impression que son influence n’est pas laissée à l’abandon.


- Les femmes ?… Je pense pas que c’est fait pour moi.


Jupiter oublie que Lust est passée par là, rien qu’un temps restreint, mais qu’elle avait bien sûr foi en ses… Ses seins, ou du moins ce qu’il existe, probablement rien. Et pourtant, elle en a vu, toucher, frôler, porter, des corps féminins, mais jamais dans le sens si taquin qu’emploie le démon roux. Peut-être parce que voir sa sexualité de près, ça fait trop peur, c’est trop flou.

- Quoi que c’est peut-être mieux que le type qui préfère triturer des feuilles plutôt que des filles…

C’est flou… Tout est flou.
Ses pensées ont passé trop de temps à bouillir,
Et son corps n’a plus tendance à se pervertir,
Alors que les idées se profilent à contre coup.

Jupiter se souvient de sa discussion avec Fawn, de ces histoires d’amoureuses et sous le couteau de ses pensées, elle n’arrive pas encore totalement s’imaginer dans les bras d’une femme. Ce n’est pas ce que quémande son âme. En quête d’appréciation et d’affection, elle est un peu dans l’amalgame. Elle ne ressent pas encore la passion, la fureur sur sa peau. Arcadia Gay n’est pas le monde qu’elle espère, il est loin d’être le plus beau. Si bien qu’elle oublie ses désirs, son ça, tout reste enfouie.

Pluton n’est plus présent dans son système solaire pour éveiller ses pulsions cachées, les plus sombres de sa personnalité : son système solaire fait d’elle la seule planète sans qu’elle n’arrive à briller pour sa propre personne. Et dans les chansons de Bloody Mary, elle y trouve une sensation monotone. Comme si tout ce qu’iel disait était vrai, était là, c’était un fait. Cependant, elle ne pouvait pas l’accepter, et elle n’y arrive toujours pas.

Mais au fond, elle a l’envie de chanter aussi, de danser. Alors pendant quelques instant elle relâche un peu la crainte qui lui tordait la poitrine pour se mettre à faire quelques pas sur les paroles violentes du diable roux. Sur celle qui attire la fougue des jeunes violents, de ce qu’on considère comme fous. Et puis elle répond à la fameuse question, elle hésite à utiliser l’honnêteté, mais détourne en rond ce qui paraissait être un carré.

- J’en sais rien… Je crois que c’est arrivé une fois parce que c’était cette personne là. Mais… Je n’ai pas eu envie de nouveau avec aucune autre fille de mon age. Alors… Je ne sais pas.

Quand le démon s’approche dangereusement de Jupiter, elle ne bouge pas et laisse ses grandes pattes l’approcher. Pourtant, ça ne semble pas vraiment l’intéresser. Est ce son humeur qui joue ? Sa sexualité ? Ou simplement le fait qu’elle n’a pas d’appétit pour cette personne en particulier ? Elle n’arrive pas à mettre de mots ici. Jessie ne sait pas ce qu’elle veut, tout est flou, tout est terne dans ses pensées parce que c’est le passé qui l’entrave quand elle essaie d’avancer. Peut-être parce qu’elle pense aussi que si elle est ainsi, elle ne sera peut-être pas appréciée. L’authenticité n’est que factice pour les superficielles et celles qui faisaient des stories dans les wc pendant que la tempête frappait les bus des jeunes sportifs décédés.

Elle n’a pas de réponse Jupiter, parce qu’elle n’arrive pas à définir son attirance pour la féminité. Alors, elle se sent un peu dépourvue, elle frôle un peu plus la soit disant chasteté .

- C’est pas plutôt l’inverse d’après les gens ?

Puis elle se met à rire face à la phrase de l’être de feu. Elle ne prend pas ça bien au sérieux, parce qu’elle n’a personne en vue, parce qu’elle a noircit sa vue. D’où elle est, dans sa galaxie, elle ressemble plus à trou noir qui grossit qu’à la belle planète en extension. Ce n’est pas faute d’avoir essayer de grandir, de réveiller les passions.

Jupiter ne comprend pas pourquoi l’autre s’attache à foncer dans le vide,
Faut-il fuir l’insipide ? Faut-il marqué le temps d’une chute rapide ?
Cette fois-ci, le chevalier ne s’inquiète pas,
Elle reste un peu plus loin, ne guette pas qu’iel tombe plus bas.
Ce n’est pas à elle de décider, qui doit vivre, qui doit tomber,
Et peut-être que le malaise est trop grand dans son être pour qu’elle ne veuille trop bouger.
Danser est une libération, il est facile de suivre les pas, mais la sauverait-on si elle tombait ?
Qui l’aimerait encore si elle était en bas,
Personne, elle ne manquerait certainement pas.


Les yeux bruns de Jupiter observe le corps qui va, qui vient, qui vogue dans l’espace. Un instant, elle se demande pourquoi les gens sont prêts à faire ce genre de chose, son sang se glace. Elle ne pourrait pas y arriver, elle ne peut pas même y songer. Ce n’est pas sa manière de vivre, d’exister, que de frôler la mort. Elle ne veut seulement que se sortir de cette ville, de ce mauvais sort. Sa tête va de droite à gauche, qu'est ce qu'elle fait là ? A causer de ça avec une énergumène ? A errer avec cette étrange hyène ? Elle était venue pour oublier, pour se délecter de la boisson : pas pour répondre à des questions.

Et pourquoi ils doivent discuter de ça déjà ?
Jupiter ne sait pas vraiment pourquoi.
Ses mains referment tandis que sa gorge n’arrive pas à avaler la boule qui y reste coincée.
Sa mère et elle n’ont jamais parlée de ça, quand elle reviendra, est ce que ça changera ?
Est ce qu’elle aurait mal réagit, ou est ce seulement la faute de Arcadia ?
Le déni est encore trop grand, il reste planté là, comme seul réponse à ses « choix ».

- Et si jamais c’était vraiment que ça ? Une expérience d’une fois ? C’est pas vraiment un choix de toute façon. C'était juste la colère et la frustration.

En réalité, les propos de l’alcolisé.e sont plus clairs qu’il n’y paraît. Peut-être parce que c’est son expérience qui parle alors que Jupiter n’est pas allée plus loin qu’elle l’aurait espérée. Elle ne sait même pas si elle aime vraiment, sincèrement, ou si ce n’est pas qu’une expérience pour passé le temps, si ce n’est pas que du sexe pour combler un vide un peu trop pesant. Ses lèvres se pincent. Elle se sent frustrée de ne pas avoir de réponse claire à donner. Enfermée dans une frustration qu’elle ne peut pas gérer. Qu'est ce que ça peut faire ?

Il faut tout faire taire
Il faut te taire.


- Le problème est le même ! J’y peux rien si pour l’instant, ils m’ont attirée à chaque fois. C’est pas qu’une question d’assumer, c'est une question que même s'ils sont lourds ils ont des aspects que j'ai envie d'exploiter ! Et j’ai pas besoin de ça pour provoquer les prudes, j’ai juste à leur crier dessus et ça suffit à ce qu’ils se fassent dessus quitte à me faire temporairement renvoyée de leur petite forêt.

Jessie semble agacée, les yeux plissés, elle passe une main sous son menton et émet son hypothèse étrange, la théorie sordide de certains jeunes qui ne veulent pas s’accepter. C'est si dur à accepter ? Lui faudrait-il plus de temps pour constater que le diable à raison ? Qu'il faut arrêter de se poser des questions pour passer à l'action.

Jupiter crie sur les autres pour avancer, mais elle n'est pas capable de le faire quand il s'agit de sa sexualité.

- Après, je sais pas si c’est ce que je cherche ou pas… J’ai surtout l’impression qu’à Arcadia tout le monde passe par là. Tout le monde est gay ou le deviendra…

Cacher derrière ses œillères, il est difficile d’accepter quelque chose qui enserre sans avoir de modèle, sans avoir de représentation, sans avoir d’idée que ce n’est pas forcément une simple élucubration. Si Bloody Mary savait que ce n’était certainement pas qu’une expérience, pour l’instant la brune se cachait derrière cette luminescence.  Comme une lumière, elle l’aveuglait pour l’empêcher d’explorer que certains nommeraient des péchés. Ce n’est pas la religion qui fait vraiment peur au chevalier, mais bien d’autres répercussions. Déjà que le sentiment d’être aimé est parti depuis un moment, l’aimerait on avec authenticité si d’autres savaient qu’elle pourrait s’enticher d’homme comme de jeunes femmes.

Et bien que la jeunesse d’Arcadia va et vrille au-delà des standards.
A la première phrase de Bloody Mary, Jupiter grimace. Des sentiments pour une rouquine insatiable au caractère trempé et dépendante des autres comme elle l’est… Elle ne sait pas juger de la qualité de cette expérience quelque peu compliquée. Aujourd’hui, les choses ont changé et bien qu’elle ne sache pas si elle est encore en vie, elle se contente d’oublier comme si rien ne s’était passé dans ses entrailles.

Pas de souvenirs, pas de failles.
Jupiter veut rester de taille.

Jessie n’aime pas les propos de l’autre, certainement parce que raisonne un peu de vérité.

- Non... Je n’ai pas peur. C’est juste que c’est arrivé qu’une fois et j’vois pas pourquoi je ressentirai ça une seconde fois.

La fois de trop ?

Si Jessie ment, c’est certainement pour y réfléchir, pour se laisser du temps. Si de nouveau, ça arrive, elle pourra de nouveau y songer, mais la personne en face à l’air bien décidée. Ses lèvres se pressent l’une contre l’autre fermement, et ses yeux ne lâchent pas les jambes de la rousse dans le vide qui gesticulent habilement.

- Pourtant, j’ai jamais vu autant de gay, mais j’avoue que j’y ai jamais fait  attention avant ici. J’suis de Seattle et ça n'a rien à voir.

Des seconds rôles de la télévision ?
Jessie ne veut pas être un second rôle.
Il y a dans son cœur déjà  assez de poudre à canon.

Jessie ne sent pas vraiment aimée comme elle l’avait été et maintenant il faudrait assumer quelque chose qui la rendrait plus détestable, plus oubliable. Elle, elle veut briller, elle veut être au sommet. Et c’est encore des paroles bien amères qui frappent ses propres pensées. Saurat-elle se faire appréciée pour ce qu’elle est ? Pour qui elle est ? Ou faudra t-il faire comme l’a souligné le diable jour et cacher son authenticité, couper sa parole et son semblant de liberté.

Elle se sent partagée, Jessie.
Bouffée par d’intérieures intempéries.

- Je sais. Je n’ai rien contre ça…

Les yeux de Jupiter dévient un peu vers l’horizon pendant quelques secondes. Elle semble un peu plus perdue qu’a l’arrivée, et elle s’inonde de questionnement à son sujet. Des mois de doutes ne vont pas tarder à commencer, des mois de conflit interne seront nés.