apocalyptiques alliances (⁂) luci & sweetie (end)

La mise est juste. Tout ce qui l’intéresse, c’est cette pauvre ferraille plus épave encore que lui. Peut-être Luci y retrouverait-il des similitudes ?
Pourquoi poserait-t-il de telles questions, sinon, sachant qu’à priori, il n’y connait pas grand-chose en mécanique automobile ? Peut-être parce que c’est un faux-fuyant. Après tout, même cette bagnole en décomposition a plus de potentiel que lui. Sweetie n’est, quant à lui, qu’un bolide fonçant sans frein.
C’est donc de ça que tu as peur : La vitesse, celle qui emporte tout et qui ne fait attention à rien.



Et il brûle toutes les étapes implantaient. Il se fiche clairement de ces questions. Il se fiche en fait même de pourquoi ça peut intéresser Luci. Sa réponse est sélectionnée de telle manière à provoquer ; dans les deux sens, c’est autant une attaque qu’une réclamation à une réaction.
Si Sweetie a, effectivement, décidé de paraître le moins manifeste cette fois, ça ne l’empêche pas de vouloir, en guise de compensation, d’exploser le barrage construit par son opposant.
Il semble faire le fier devant cette attitude placide. Probablement que Lukas développe aussi cette attitude, dans cet échange, pour se sentir supérieur. Un certain syllogisme tout compte fait illogique puisque Sweetie a décidé d’abandonner sa suprématie tout à l’heure, se sentant honteux avec. Décidément, il ne retient vraiment aucune leçon. Il ne retient rien des autres.



Il ne retient rien mais devine plutôt des autres. Peut-être se trompe-t-il mais son esprit de déduction et son désintéressement combinés le conduisent à penser que si l’échange est si compliqué, c’est qu’il doit quand même détenir quelque chose que Luci désire. La bague et plus.
Auquel cas, il l’aurait déjà dégagé parce qu’il n’a même pas apporter des miettes de pain en monnaie d’échange.

C’est rare, les fois où Lukas peine à dissimuler sa colère. Mais c’est peut-être la seule chose qu’il trouve pour se défaire de cette boucle sans fin. Il se demande même s’il ne devrait tout simplement pas y mettre fin mais qui d’autre pour lui fournir des pièces ? Qui d’autre pour acheter cette fichue bague, surtout ?
Il pourrait simplement abandonner cette alliance, ne plus avoir affaire à lui. Mais quel entêtement chez cet homme qui n’a toujours pas réussi à savoir ce que Luci veut, hormis une gamelle.

Selon lui, Luci est un animal connu mais si pusillanime qu’il est difficile de comprendre pourquoi il en reste accrocher au sujet primaire ; le dépannage. Il rejette toute aide et semble vouloir offrir son aide… Non plus pour une bouchée de pain mais maintenant pour rien. Est-ce qu’il se rend simplement compte dans quel monde il vit, maintenant ? Comment fait-il encore pour survivre ?



Il aurait presque roulé des yeux. Il se répète. C’est vraiment infini. Tout comme les problèmes qu’il énumère sur ses doigts.



De toute façon, t’es pas garagiste, t’y connais rien. Je vais pas faire ma fine bouche. Tout ce que je veux…

Comment fait-il pour encore croire à cette utopie que les gens vont être honnêtes avec lui ? Le listing est trop vite donné, trop succinct, en fait. La voiture de Sweetie n’est qu’une épave après la Tempête. Il a déjà esquivé plusieurs accidents avec. La voiture n’est qu’un poids qu’on mériterait de jeter à la mer ; accompagné de cette fichue bague. Là est la véritable raison de sa venue. La voiture est juste une excuse. Avec les pièces, elle pourrait seulement probablement être réparée mais ce n’est pas sûr. La seule chose à arranger, c’est l’abandon de la bague. Il n’arrive pas à s’en défaire. C’est bien trop difficile.
Il est obligé d’y accoler un prix (la réparation impossible de sa voiture, donc) pour que s’en séparer ne soit ni vain, ni épineux. Pourtant, elle s’accroche à lui de manière vénéneuse.
Il n’avouera jamais que le réel intérêt qu’il gagne dans cet échange, c’est se défaire de cet attachement cauchemardesque. C’est sa faiblesse, pourquoi il avouerait ses sentiments ?

En échange de peu, tu peux juste accepter cette bague, non ? Tu t’en fous des sentiments dedans, tu la connais pas, comme on ne se connaît pas.
Si tu veux tant secourir les gens ou même me secourir, accepte juste ça.

Ses dents se crispent et crissent d’inassouvissement.

Ce n’est pas dur à ravaler, ce mécontentement, il a l’habitude d’être agacé des gens. Ses lèvres jouent la neutralité et le masque parfait. De plus, il n’a qu’à tourner le dos pour faire semblant d’être d’accord. Il va le faire. Le seul indice qu’il peut peut-être donner sur son insatiabilité, c’est peut-être le fait qu’il se prépare justement à partir. Non il n’a rien à faire ici. Le lieu le hante et ce type bien gentil a des conditions capricieuses à son goût.



C’est plus dur à avaler, en revanche, de se défaire d’une bague à un prix aussi modique. Il y est allé decrescendo, dans la réduction de son prix, et il doit encore y repenser, presque. Alors l’argent qu’il a dépensé là-dedans, ça ne vaut même plus qu’un seul clou ?
Après avoir ramassé et rangé ses munitions et pistolet sans avoir équipé ce dernier des premières, il libère tout de même sa poche de l’alliance et la contemple. Pourtant elle a toutes les qualités pour être bien vendue. Luci l’a même appréciée à son juste prix.
Son poing se referme autour du bijou. L’alliage n’est pas réduit en miettes. La seule chose broyée, finalement, c’est peut-être les fiançailles. Aussi misérables étaient-elles avec ce manque d’amour, ça ne vaudrait même pas la moitié de ce que Luci lui a proposé.



Même si son commentaire est tourné sous la forme d’une blague, il ne rit pas. Il serait même presque trop sérieux, comme de toute manière, il a décidé d’exclure les émotions de la conversation (du moins, en partie et dans la limite de ses compétences).
Évidemment, Luci ne pense pas forcément à l’amour passé, taillé dans cette alliance mais autant de détours pessimistes et de caprices non exaucés ne font arriver Lukas qu’à cette seule conclusion.

Qui sait, peut-être que Luci n’en voit même pas un centime, dans cette bague. Peut-être ne veut-il même pas l’acheter. Peut-être ne veut-il même pas se la voir offrir.
De toute manière, la relation entre Sweetie et Bushbaby n’est qu’un cliché : Une rose. Elle est belle, comme l’a pu voir Luci mais à s’y frotter, c’est épineux.

D’une chiquenaude, la bague est propulsée dans les airs et est à nouveau lancé dans les airs, vers le ferrailleur, sauf qu’elle atterrit bien évidemment, à ses pieds. Le manque de précision ? Non, c’est juste que cet anneau ne vaut décidément rien.

Un cadeau est un cadeau, on n’est pas censés le rendre. C’est malpoli. Encore plus si on déguise ça en un tour de passe-passe. Sweetie n’est pas dupe. Du moins, il pense depuis le début savoir ce qu’il se cache derrière ce faciès et tout le reste. Il pense que le marché est invalide pour se voir retourner sa bague. Mais il fait toujours fausse route.
Ce que vient de lui délivrer Luci, c’est encore plus malpoli que ce qu’il pensait.

Néanmoins, il donne une chance à cette impolitesse, ses jambes pliés et le dos courbé pour arrêter la route tortueuse de l’alliance sur le plancher. Même si elle n’en reçoit aucune bosse, il imagine qu’elle a mal. Par cette récupération, il tente de lui arrêter ses souffrances. Après tout, c’est peut-être en la confiant à un ferrailleur qu’il se dit qu’elle ne peut qu’être sûre et entre de bonnes mains.
Entre ses grands doigts, cette bague semble pourtant plus en désir de protection que Lukas, en revanche, ne peut apporter. Ça ne serait pas sa bague alors qu’elle y ressemble tant ? Analyse succincte donc et réflexion courte, il n’y a pas tant de séparations à Arcadia, de nos jours.
Brusquement, son visage se redresse, empli de beaucoup trop d’émotions. Pas celles qu’il contenait par promesse à Luci, d’être désormais impartial, mais une accumulation.

Exclu, pointé du doigt, méprisé, moqué… Un échantillon d’impressions qu’il finit par ressentir et qui traverse son cœur en une kyrielle d’émotions allant de la tristesse à la rage. Et il ne sait à qui déverser toutes ces larmes brûlantes de rage.
À sa fiancée, parce que même séparés, il n’a jamais ressenti qu’elle ne l’aimait plus. Sauf à cet instant. Pourtant, c’était un peu ce qu’il méritait. Calico lui avait parlé des conséquences, il fallait bien qu’il s’attende à ce que ça retombe un jour.
Ou alors fallait-il en vouloir à Luci qui mettait tout ça au goût amer du jour ? Cette farce ne le faisait clairement pas rire. S’il a déjà éteint son sourire quelques minutes plus, tôt, il venait de clairement le propulser ailleurs. Ce n’est pas une aide aux yeux de la personne forte qu’il est mais peut-être cela aidera les gens à voir que Sweetie n’est pas aussi peu sentimental. Ça ne lui fait aucunement plaisir.



Il passe un bras sous ses paupières pour chasser le peu de gouttes qui ont mouillé le parquet. C’est bien la première fois qu’il s’excuse auprès du jeune homme, même après lui avoir pointer un flingue près du crâne, il ne l’a pas fait. Mais est-ce que sont vraiment des excuses destinées à Luci ?



En quelque sorte mais aussi un mot pour une tonne d’excuses à l’égard de son apparence inébranlable. Il s’est dérobé et continue de le faire, la tête affaissée et plus qu’honteuse d’être aussi impuissant face à des anneaux aussi ridicules et leur histoire. Enfin si on peut y accoler une histoire.



Il ne sait pas ce qu’il s’est déroulé entre lui et Bushbaby et préfère ne pas l’apprendre. Déjà cette simple vérité lui provoque un coup de surprise si sanglant que, lâche comme il est, il n’ose pas connaître d’entailles plus profondes. Il vaut mieux tout taire. Il mieux tout enterrer.
Il l’a déjà fait pour elle, peut-être pour lui aussi ? Luci est désigné fossoyeur de la relation, c’est la seule condition que Sweetie demande en échange de la bague. Ensuite, il arrêtera de marchander.

Ça lui a déjà bien arraché la gorge, ne serait qu’une seule fois, de s’excuser.
Ça lui a arraché de lamentables larmes de le faire donc il ne le refera pas.
Il n’est certainement pas assez généreux pour accorder, ne serait-ce, qu’un regard que Luci lui réclame, alors encore moins un pardon. Son regard dirigé vers le bas, il l’ignore, à la fois honteux et, paradoxalement, au-dessus de cela.
En réalité, Sweetie n’aime affreusement pas être autant pris en pitié mais il ne peut pas blâmer l’autre : Le spectacle pitoyable qu’il vient de lui offrir ne peut provoquer que compassion et conséquente consolation. Il procède de la même manière, avec les gens qu’il prend justement en pitié. Mais c’est bien la première fois qu’il en est victime. Oui, victime, car il se rend compte que c’est tout sauf agréable. Ça le fait travailler donc il réagit instinctivement et se rétracte, se repoussant brusquement de l’enclos chaleureux que Luci venait de créer entre eux.



Ce sont de nombreuses promesses rompues en ces quelques secondes.
Il s’est juré de ne plus faire intervenir la moindre émotion au cours de cet échange et le voilà qu’il pleurait sa rage pour obtenir, encore, de l’attention. Il ne sait pas tenir en place, comme un enfant, et masque toutes ses bêtises, pour les réparer, sous un attendrissant sourire. Mais tout le monde n’aime pas les enfants. Tout le monde ne pense pas qu’ils sont toujours francs.

Luci t’a déjà bien percé comme tu n’arrêtes pas de t’agiter mais tu es bien trop concentré à faire le beau (ou à le redevenir) que tu ne sais rien de lui, en fin de compte. Après tout, est-ce que ça t’intéresse, si tes conditions sont remplies ?

Un idiot fini. Tout ce qui compte, c’est lui. Mais ça lui apporterait bien des préjudices, de ne pas connaître son interlocuteur. Heureusement que Luci est une personne, finalement, bienveillante, ou bien il y laisserait passer quelque chose. Enfin, n’est-ce pas déjà le cas, avec toutes les occasions qu’il a laissé filer ? Toutes les occasions de pouvoir être un vrai humain capable de dialoguer plutôt que juste proposer des marchés en toc. Après tout, tout ce que Luci semble demander, ce n’est que la civilité.
Et c’est une chose qu’ironiquement, Sweetie réclamait hypocritement durant les premières secondes de leur rencontre. Maintenant, il s’apprêterait à fuir à l’anglaise, sans la moindre politesse, le regard fuyant, une fois son souhait exaucé.