| | Sam 1 Aoû - 12:41
❝ delight in disorder • feat. lollipop. 
Cela devait faire quelques semaines maintenant.
Quelques semaines que j’avais arrêté de compter les jours.
Les jours passés depuis le premier de cette apocalypse nous ayant tous frappés.
Et celle-ci avait frappé sans prévenir, emportant tout sur son passage, détruisant tout ce qui était sur sa route. Et les rares survivants dont je faisais manifestement partie ont chacun eu une attitude différente à la suite de ses événements. Certains ont cherché leurs proches disparus, d’autres profitèrent de la situation, d’autres s’organisèrent pour survivre. Moi ? J’avais cherché à fuir, évidemment. Qu’est-ce que j’étais censée foutre ici ? Rien. Je n’étais qu’une pauvre petite touriste italienne, en plein road trip sur la côte ouest ; vivant à fond son premier voyage en Amérique.
Mauvais endroit au mauvais moment donc.
Et le pire dans tout ça ? Impossible de se barrer. Pendant les premières semaines, j’ai erré, sans but précis, je cherchais juste à m’enfuir. Et quand je me suis rendu compte, au même titre que les autres, que la fuite était impossible, ma première réaction fut le seum, évidemment. Puis je suis passée par tous les états. Et maintenant… je survis du mieux que je le peux, profitant du moindre confort que l’on pouvait m’octroyer. Quelques petits services rendus par-ci, par-là pour améliorer ma qualité de vie. J'étais sans doute la parfaite représentation de la vagabonde.
Je n’étais pas censée rester ici.
Mais je n’ai pas eu d’autre choix. Alors plutôt que de sombrer dans le désespoir, ma vieille amie ; j’ai fait en sorte de continuer à vivre. Maintenant eh bien… il y avait des jours avec, et des jours sans comme on dit. Aujourd’hui j’eus dans l’idée de traîner là où je n’avais encore jamais foutu les pieds. Sans pouvoir compter sur le GPS de mon téléphone à la faible batterie, j’avais emprunté une carte à une connaissance et… je visitais.
Je ne saurais dire ce qui m’a amené ici. Une sorte de curiosité morbide peut-être ? Aucune idée. Je pourrais bien vous sortir l’excuse de la musicienne fantasque qui appréciait la beauté du désordre qu’elle avait sous les yeux… mais ça faisait trop clicher à mon goût. Et puis… à quoi bon rechercher l’inspiration quand on ne pouvait pas s’exprimer sur le seul instrument que l’on maitrisait ? Et quant au violon que je trimballais toujours avec moi dans son étui… je n’ai jamais voulu en jouer, ni même essayer. Il ne m’était pas destiné d’une part et puis… à mon sens, il n’y avait qu’une personne qui méritait de jouer sur celui-ci.
Et elle n’était pas là.
Et ça… c’était la pire des sensations.
Ressentir le vide de son absence… pourquoi maintenant ? Je n’en savais rien.
Mais cela faisait mal. Très mal.
─ Huh… qu’est-ce que je fous ici putain ? On peut me le dire ?! NON BIEN ÉVIDEMMENT ! ARCADIA BAY DE MERDE ! QUELQU’UN PEUT ME SORTIR DE CE MERDIER ?! NON BIEN ÉVIDEMMENT ! Les hurlements m’irritaient la gorge… mais putain, ça faisait aussi un bien fou.
Se défouler. Hurler à pleins poumons.
Et peu importe si l’on m’entendait.
Faudrait déjà comprendre l’italien avant toute chose.
Il y avait quelque chose de cathartique ; hurler de cette façon dans sa langue natale.
Comme ci l’espace de quelques secondes, tout avait disparu autour de moi.
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