[FdR - LIBRE] Il était une fois, tandis que l'espoir réchauffait le mois de décembre

La première chose que Mylendra n'avait jamais su faire était de faire sa curiosité. En ce mois de décembre mordant, celle-ci évidemment poussée en ce mois de décembre à participer à la Fête du Renouveau comme bénévole et Mylendra avait trépigné d'impatience jusqu'au jour J. On l'avait assignée à l'aide dans un kiosque gourmand et elle avait immédiatement accepté, excitée à l'idée de pouvoir donner de ses mains pour la communauté. Mais le temps de la pratique venu, elle s'était confrontée à un détail à côté duquel sa hâte l'avait totalement fait passer.
La seconde chose que Mylendra n'avait jamais su faire était de cuisiner.
Un détail.
Il n'avait suffit que de quelques heures pour que la douce jeune femme qui cuisinait avec elle ne perde son sang froid et lui demande avec agacement de quitter le kiosque sous les regards étonnés et désolés des passants. L'oiseau avait préféré s'enfuir un moment pour sécher ses larmes mais, aussi honteuse et idiote avait elle pu se sentir, l'idée de laisser passer sa chance de donner d'elle pour cet évènement n'avait jamais effleuré son esprit. Ainsi, elle était partie trouver un des responsables de la fête, lui avait expliqué la situation et avait demandé sa permission d'organiser son propre atelier pour se rattraper. Malgré les doutes émis par celui-ci quand au timing de cet idée, elle s'était saisie de toute sa motivation et était parvenue à le convaincre de lui attribuer des crénaux et un emplacement pour tenter sa chance.
Deux jours, une expédition en forêt et une nuit blanche plus tard, elle arrivait en compagnie de Capucine sur le lieu de l'évènement, chargée du matériel nécessaire à son petit projet. Le jour se levait à peine et le froid brulait ses yeux mal réveillés, mais elle brulait d'impatience de pouvoir ouvrir son atelier au public. Grâce à l'aide de la brunette, une heure et demi suffirent à mettre en place l'intégralité du stand. Sur deux tables de fortunes s'étalaient de petits contenants remplis de breloques en tout genres. On disposait de boutons de vêtements, de morceaux de laine, de corde et de tissu récupérés ça et là ainsi que de feuilles de papier et crayons, de fleurs, brindilles et morceaux de bois séchés au coin du feu toute la nuit, de cailloux et pierres brillantes trouvées dans la fôret. Sur une planche était écrit en couleurs "Atelier : Comment fabriquer un Donneur d'Espoir avec nos petites trouvailles". Alors que l'endroit commençait à se remplir d'habitants venus profiter d'un moment de détente de bon matin, Mylendra se plaça devant l'atelier et le fixa quelques secondes avec un sourire aux lèvres, comme pour photographier le tableau dans son esprit. Elle se tourna vers Capucine et saisit ses mains dans un élan de bonheur :

"Mille mercis ! Tout ça, c'est entièrement grâce à toi. Je ne m'en serais jamais sortie sans ton aide, je ne sais pas comment t'exprimer ma gratitude."

Elle avait croisé la jeune femme par hasard la veille, alors qu'elle rentrait de son expédition en ville, un peu paniquée, pour repartir en exploration dans la forêt et trouver des éléments de la nature à faire sécher. En apprenant la situation, celle-ci avait accepté de l'accompagner dans son aventure en forêt, et Mylendra lui avait offert son lit pour la nuit lorsqu'elle l'avait suivie chez elle pour l'aider à prendre soin des trouvailles. Elle lâcha ses mains et lui sourit de plus belle en riant:

"Je te libère de cette épreuve maintenant. Mais si tu veux repasser plus tard, n'hésite surtout pas ! Ça me ferait très plaisir de te revoir."

Et elle laissa finalement Capucine s'échapper vers ses occupations, pour se retrouver seule dans son petit emplacement. Un sourire solaire toujours pendu au visage, elle s'installa sur l'une des tables un peu bancales et se mit à la confection de petits Donneurs d'Espoirs à ajouter à la collection exposée à côté d'elle. Certains ressemblaient à de petites poupées de bois et de tissu, d'autres à des portes-clefs de fortune ou à des baguettes de sourciers colorées ; elle mettait un point d'honneur à toujours en faire pour tous les goûts. Elle répétait souvent que "par les temps qui courent, il est d'une importance grandiose que chacun puisse se sentir accepté et aimé". Elle souhaitait que chacun puisse trouver son compte à son atelier et repartir avec un peu plus de douceur dans le cœur.

Il ne fallut qu'une dizaine de minutes pour voir les premiers intéressés par le stand pointer le bout de leur nez autour des tables de fortune. Mylendra éprouvait beaucoup de joie à l'idée de les accueillir, et plus encore à celle de pouvoir les aider dans leur confection ; aussi, elle n'hésitait pas à régulièrement mettre ses ouvrages de côté pour observer les trésors que petits et grands s'amusaient à fabriquer à côté d'elle. Elle s'approchait, jetait un oeil par dessus l'épaule d'un enfant et l'aidait à assembler ses perles, tendait un regard vers un adulte et lui expliquait comment passer du fil dans une aiguille facilement, puis retournait à sa chaise pour se replonger dans la réalisation d'une petite poupée de bois.
Et recommençait.
Les passants ne se pressaient pas à sa porte, mais les quelques assises à disposition des curieux se remplissaient assez facilement pour occuper ses pensées constamment.
Alors que son regard s'attardait de nouveau sur les petites mains s'agitant autour des tables, une voix l'extirpa de son observation et ses yeux dérivèrent machinalement jusqu'à son porteur ; il s'agissait d'un adolescent. Ses cheveux roux semblaient se faire la guerre, ses yeux pétillaient de curiosité et ses lèvres arboraient un sourire radieux, que la sorcière lui rendit chaleureusement.

"Bonjour !"

Elle le regarda déchiffrer l'une des pancartes du stand, acquiesça en riant doucement.

"C'est un peu ça ! Un Donneur d'Espoir est un petit objet à confectionner toi-même. Pendant sa création, il faut te remplir l'esprit de tout ce que tu aimes et de tous tes bons souvenirs, afin de lui insuffler cet espoir. Ainsi, si un jour tu as le cafard, ou si tu as l'impression que le monde est contre toi, ton Donneur d'Espoir pourra te rendre toutes les bonnes énergies qu'il a emmagasiné !"

Elle saisit un petit papillon fait de pierre et de tissu qui dormait sur la table pour illustrer ses propos :

"Ça marche un peu comme le Déluminateur d'Albus Dumbledore, tu vois, mais avec l'Espoir plutôt que la lumière !"

L'oiseau esquissa un autre sourire ; l'espoir et la lumière étaient finalement si semblables. Elle désigna une chaise au jeune homme en répondant à sa seconde question d'un air amusé.

"Je serais bien triste chacun utilise ses propres objets alors que j'ai passé tant de temps à trouver ceux-ci !" et son son air s'adoucit encore un peu plus "Bien sûr, si tu as des choses auxquelles tu tiens, que tu préfère utiliser, tu en as le droit. Mais si tu n'as rien, tu peux te servir sur cette table."

Il n'était pas la première personne à lui poser la question, et cette pensée attrista intérieurement la sorcière. Était-ce vraiment si absurde, d'aimer faire le plaisir d'autrui dans rien demander en retour ?
Elle ajouta gentiment en reprenant sa poupée de bois et sa cordelette :

"C'est un peu mon cadeau de Noël, pour tous les curieux comme toi !"