Voyage au centre d'Arcadia Bay [Ft. Body][03/2021]

Quand elle apprit qu'il fallait voyager dans le centre d'Arcadia, Body n'en est pas revenue. Il y avait dans ce regard habituellement froid une petite étincelle qui été née. Son corps était encore en vie. Elle pouvait donc avancer, marcher, user de ce dernier pour s'enfoncer dans les entrailles de la terre promise. Celle qu'elle aimait, l'amoureuse qu'elle a vu du jour au lendemain changé, comme si cette dernière l'avait trompée, lui avait cachée une seconde vie. Longtemps Body a regretté trop de temps de s'être endormie, elle a temps de temps à rattraper que courir jamais ne suffirait à lui redonner les mois où elle n’a pu être en vie.

Alors, elle prit un sac à dos usé qu’elle avait pu récolter. Elle y mit des feuilles de papier, quelques autres supports pour éviter potentiellement les problèmes d’humidité. Il y avait aussi parmi les affaires celles qu’on a l’habitude de trouver dans un sac pour une expédition un peu osée. Des cordes, un harnais, un casque, une lampe, de quoi noter aussi… La passion lui avait toujours réussit. Body n’allait pas se contenir, peu importe la distance à remonter. Parmi le tas d’affaire, une trousse de secours à moitié vidée ferait l’affaire. La femme n’avait pas grand-chose pour s’expédier dans les sous-sols, dans les moultes cavités, néanmoins, elle se disait que Scarf aurait de quoi compléter la collection d’objets utiles qu’elle a accumulé.

Body pensait déjà aux découvertes qu’ils trouveraient. Elle avait conscience que dans tous les sols en général sont des nids qui grouillent de chemins en tout genre, mais depuis la tempête, que pouvait-il se casser dans les méandres de la cité ? Ces histoires de paranormal, ce n’était pas ça qui l’attisait. C’est de découvrir les évolutions, de poser sa contribution. C’était une expérience nouvelle, presque angoissante et enivrante. Peut-être qu’il n’y verrait rien d’autres qu’un puit sans fond, que leur voix qui raisonnent dans l’écho de la terre à l’unisson, peut-être qu’ils verraient rien d’autre qu’un trou dans lequel elle se confond.

Body sait se confondre, Edison dans les transports pouvait si facilement face aux attentes se fondre.

Elle se dirige vers le second aventurier, se couvrant toujours de cette écharpe, comme s’il a quelque chose à cacher. Cependant, vu l’état actuel de sa peau, de son corps, elle n’avait rien à lui reprocher. Ce n’était pas les cicatrices qui cartographient sa peau qu’elle souhaitait mettre dehors. Alors qu’elle marche vers l’homme de la situation, elle attend que ce dernier passe à l’action. Ce n’était pas de la passivité, seulement un moment de communication marqué par la complexité.

- Bonjour Scarf.

Elle répond sur un ton neutre, alors que la curiosité attise déjà ses yeux amoureux. Edison se demande ce qu’il y aura dans chacun de ses creux. Elle passe une main dans son sac pour vérifier une énième fois pour imiter son camarade. Il y a tout ce qu’elle désirait, mais l’obsession, encore et encore oblige à vérifier. Il fallait pour faire pour éviter cette chronique anxiété, l’angoisse qu’elle peut accumuler. Quand tout est à sa place, seulement, elle se met à souffler. Son corps lui dit qu’elle peut se soulager. Cette sensation est si agréable qu’elle peut encore et encore recommencer, mais la voix de l’autre vagabond la sort de cette pulsion incontrôlée.  

- Je suis toujours prête à découvrir comment cette ville à évoluer. C’est vrai que dans tous les sols il y a de quoi découvrir des secrets… Mais depuis la tempête quelles sont toutes les possibilités que le gouffre peut-il avoir emmagasiner ? J’espère que nous découvrirons de nouvelles évolutions, des traces peut-être d’une ancienne civilisation…

Edison n’avait pas toujours été une grande bavarde, tout dépendait de la personne avec qui elle parlait. Et bien qu’elle appréciait la présence de Scarf, c’est la passion qui parlait, c’est l’envie d’avoir encore des histoires à compter, de nouvelles lignes à tracer, de ne jamais pouvoir conclure ce qu’elle s’est donnée à dessiner.

- Et toi Scarf ? N’as tu pas peur des dangers que nous pourrions rencontrer ?

La mort, Body y avait pensé. Cependant, à part ses cartes elle n’avait plus grand-chose à donner que son corps à la science, déjà martelé par un premier accident. Elle ne considèrerait pas une chute comme un problème immense. Ce n’est qu’une parmi tant d’autre expérience… Ce n’est qu’une savante de la cartographie, c’était bien son seul moyen de prendre un peu plus goût à la vie.

Quand l'homme lui fait la première boutade, elle ne peut s'empêcher de lui renvoyer la balle, comme une vieille et ancienne camarade.

- Ah parce que des baleines volantes qui nagent en chantant dans le ciel, c'est vrai que c'est très rependu...

Ses lèvres se tordent sur le côté face à son propre humour. Edison se satisfait qu'aucun des deux n'ait l'air vraiment stressé. Du moins, si ce dernier existait, il retomberait immédiatement, son poids étant trop peu lourd. Ils n'ont certainement pas à le porter, se soumet-elle à penser.

Face à sa question sur le danger, l'homme en question n'a vraiment rien à se reprocher. Edison devait avouer qu'il porte la raison accrocher à sa bouche. Peu de blabla, il raisonne convenablement, il fait mouche. La femme quant à elle secoue sa tête pour acquiescer face à ses propos qu'elle conçoit comme une réalité. Body n'avait rien de particulier, mais son corps au moins aurait servi en mémoire des temps passé. Néanmoins, elle n'avait prévenu personne qu'elle partait. Cela serait une disparition de plus à compter. La femme ne se considérait comme une grosse perte, elle sait par avance que quelqu'un reprendra son travail, peut-être en moins optimisé, mais elle sait qu'il y a encore des désespérés assez fou pour s'y plonger.

Puis, son crâne s'arrête de bouger.
La paix, elle l'a déjà eu pendant des mois.

Alors ses lèvres froides ajoutent à ses propos, quelques phrasées, quelques mots.

- J'ai déjà faillit mourir une fois. Suite à ça, je suis restée inanimée pendant des mois. Je crois que je n'ai plus rien à attendre de particulier dans la vie, si ce n'est simplement que je ne peux plus rester inerte et passive dans un lit. Ici, j'ai ma place, et je peux participer à quelque chose de saint, pour moi même et cette société. Alors, je suis prête, peu importe le danger. Je veux soutenir et aider.

L'humanité d'Edison faisait surface. Elle n'avait pas la peur au ventre. Elle sait qu'en bas, aucune machine véhiculée n' allait l'attendre. La femme se moquait bien de savoir ce qu'il allait arriver. Ses bras se dressèrent pour s'étirer, puis elle prit la peine de répondre à la seconde amusante phrase de son allié, son sourire pinçant sous son nez.

- Et la seule chose qui peut me faire peur et de remonter dans un véhicule motorisé, je ne pense pas qu'un chauffeur masqué de taxi va nous attendre dans les tréfonds d'Arcadia. Même si je dois bien avouer que les pirates sont pleins de prouesses parfois, ils sont trop demeurés pour créer un réseau sous la cité.

Elle vit trois pas en s'avançant vers la crevasse avant de se retourner vers Scarf et lui annoncer.

- Allons y pour le rhume, même si le rhum aurait été plus apprécié.

Après tout, lui était bien mieux protéger avec son écharpe épaisse.

Lorsque l'homme sort une lame blanche de sa manche, Body le laisse passer. Elle ne sourcille pas, et cela ne la dérange pas, au contraire : il est plus agréable de rester en sécurité. Ce n'est pas elle qui allait à l'encontre de ses paroles, elle n'avait aucune raison de le défier. Après tout, Edison, n'a pas de don spécial, elle n'est pas plus musclée que la majorité de la population, elle n'a pas de quoi faire tomber un bataillon. Alors, elle accepte simplement, sans poser de question. La femme ne se sent pas particulièrement plus à l'aise que cela soit à l'arrière ou à l'avant. Tant qu'elle peut gagner un peu plus de temps... Le reste ne lui importe peu. Alors, elle sort un support et de quoi gratter sur ce dernier. Accroché au support qui n'est qu'une planche à découper, il est possible de trouver un compas, une petite règle à moitié cassée, un vieux rapporteur échangé avec les petits chevaliers, ainsi que de quoi noter. Une fois l'équipement sortit et glissé sous ses doigts, elle était prête à défier les profondeurs arcadiennes pour ancrer définitivement les environs.

Edison n'est pas la seule à avouer le passé, à le décrire, à l'ouvrir. Elle sait que ce n'est pas évident, qu'elle n'est pas la plus à pleurer. Elle sait ce que ça fait que de se sentir comme personne dans une telle unité. Quand tout Arcadia, quand les communautés se sont inscrites, laissant sa personne de côté... Alors quand il ose un peu s'ouvrir, Body ne referme pas le livre. Ses yeux se contentent de lire la page ouverte, sans pour autant en chercher plus, sans pour autant tout dévorer. Ce n'est qu'une question d'intimité, ce n'est qu'une question de respect... Il n'y a plus l'humour qui lèche ses lèvres, seulement sur son minois cet air un peu mièvre. Puis une fois seulement qu'il a totalement terminé, sans aucun jugement, elle se permet de dicter quelques mots, un peu désarticulés.

- La mort n'est pas un concours, c'est juste un ensemble de circonstances... Je ne suis pas là pour comparer l'incomparable... Chaque expérience est unique, quelle soit volontaire ou pas.

Edison n'est pas sûre de comprendre, mais ce jardin intime est trop flou pour qu'elle n'ose y pénétrer. Cela se fait main dans la main, car il est difficile de ne pas se noyer dans son passé. Si elle doit découvrir la vérité, elle préfère que ce soit l'homme qui la fasse progressivement couler. ¨Plonger dans l'eau épaisse et illisible de la mer de mots, lui parait être un trop lointain saut.

Sans attendre éternellement, Edison se met à le suivre. Dans son sac, il y a une lampe frontale qu'elle n'a encore équipée, encore des ressources, quelques vivres...
Ce n'est que les premiers pas, le chemin trace tout droit. Elle se dépêche de la sortir pour l'enfiler sur le sommet de sa tête. Il n'est pas raisonnable d'utiliser les piles à mauvais escient, cependant, ici c'était bien plus intelligent.

- J'avais oublié de m'équiper. Il restait quelques lueurs derrière moi. J'ai l'habitude de travailler seule, il ne faut pas s'en faire pour moi.

Puis ses yeux se plissèrent sur les côtés tandis que ses oeillades ignore l'homme pour suivre le sombre chemin.

- Quelque chose ne va pas ? Il faut me le dire, si je peux aider...

Body se contente de poser yeux dorés sur l'homme qui ramasse un vieux journal. Il n'a pas l'air bien usé, La femme aux cheveux noirs le voit revenir avec l'ensemble du papier. Elle se demande bien ce qu'il va lui dire, ce qu'il va lui montrer. A vrai dire, elle ne s'attend à rien de particulier, elle ne s'attend pas à rencontrer la trouvaille à quelques pas, ici bas. Alors Edison se contente de faire ce qu'elle a toujours fait, elle se contente d'aider, de sustenter son corps de la seule manière qu'elle a trouvé.

Edison les mains pleines ne peut pas vraiment prendre le journal. Alors, la femme vient déposer son corps à côté de l'homme, elle exécute sans se poser de question. Elle met les ordres à exécution. Elle n'a pas le besoin de refuser, de dire non. La lumière collée à son front suit son regard et se colle au feuilles de papier. Sans réfléchir, Edison se met à décrire ce qu'elle voit, à haute voix.

C'est... En mars 2021. Plus précisément aujourd'hui. Il y a une nouvelle enquête à la centrale électrique... Mais Scarf...

Body tire une étrange tête. Elle n'est pas sûre d'avoir bien lu. Elle repose un coup d’œil et cherche des détails. Était-ce une blague ? Un mauvais sort ? Quelque chose du genre ? Bien que les deux aventuriers étaient friands de boutades, ils n'auraient pas pu en faire une aussi délicates. Du moins, Edison se doutaient qu'aucun des deux n'en était la source ingrate. Sa main passe derrière son crâne, elle se gratte fortement, avec l'envie spontanée de s’arracher les cheveux. Cependant, elle ne passe à l'action. Edison lui pose alors simplement une question.

- Penses-tu que nous devrions vérifier si c'est vrai ? Ce papier peut simplement être une blague dans le but de nous piéger. Je veux dire, nous sommes chez les chevaliers... Néanmoins, des enfants ou des adultes sans machine n'auraient pas la capacité de faire quelque chose d'aussi précis et parfait. Sinon... C'est encore un de ces phénomènes paranormaux... Cependant, nous ne pouvons encore prouver la véracité de ces faits.

Edison pose les diverses hypothèses, elle n'est sûre de rien. Elle n'a pas l'air de paniquer, mais à l'intérieur, un flot d'angoisse monte dans son esprit. Elle a besoin de se rassurer, comme si elle avait l'impression d'être dans une caméra cachée. Elle tourne sa tête dans chacun des côtés, mais il n'y a rien, rien d'autres que les deux aventuriers. Alors sa main glisse sur la feuille de papier sur son support. La femme se met à prendre quelques notes, elle voit bien que Scarf dans agitation n'y arrive pas, presque, il saute. Body n'est pas très douée, elle ne saurait le rassurer, au fond de ce corps totalement paniquée. Ses sourcils sont froncés... Elle plisse son nez, et à côté de sa carte retranscrit ce qu'il y a marqué.

- Je ne sais pas quoi en penser. Nous devrions le garder.